Archive pour le 3 février, 2016
TAIZÉ 2006 – QUE SIGNIFIE « ACCUEILLIR LE RÈGNE DE DIEU COMME UN ENFANT » ?
3 février, 2016http://www.taize.fr/fr_article3261.html
TAIZÉ 2006 – QUE SIGNIFIE « ACCUEILLIR LE RÈGNE DE DIEU COMME UN ENFANT » ?
Un jour, des gens amènent à Jésus des enfants pour qu’il les bénisse. Les disciples s’y opposent. Jésus se fâche et leur enjoint de laisser les enfants venir à lui. Puis il leur dit : « Quiconque n’accueille pas le règne de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera certainement pas » (Marc 10,13-16). Il est utile de se rappeler que, plus tôt, c’est à ces mêmes disciples que Jésus avait dit : « Le mystère du règne de Dieu vous a été donné » (Marc 4,11). À cause du règne de Dieu, ils ont tout quitté pour suivre Jésus. Ils cherchent la présence de Dieu, ils veulent faire partie de son règne. Mais voilà que Jésus les avertit qu’en repoussant les enfants, ils sont justement en train de se fermer la seule porte d’entrée dans ce royaume de Dieu tant désiré ! Mais que signifie « accueillir le règne de Dieu comme un enfant » ? On comprend en général : « accueillir le règne de Dieu comme un enfant l’accueille ». Cela correspond à une parole de Jésus en Matthieu : « Si vous ne retournez pas et ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le règne des cieux » (Matthieu 18,3). Un enfant fait confiance sans réfléchir. Il ne peut pas vivre sans faire confiance à ceux qui l’entourent. Sa confiance n’a rien d’une vertu, elle est une réalité vitale. Pour rencontrer Dieu, le meilleur dont nous disposons, c’est notre cœur d’enfant qui est spontanément ouvert, ose demander simplement, veut être aimé. Mais on peut aussi bien comprendre : « accueillir le règne de Dieu comme on accueille un enfant ». Car le verbe « accueillir » a en général le sens concret d’« accueillir quelqu’un », comme on peut le constater quelques versets plus tôt où Jésus parle d’« accueillir un enfant » (Marc 9,37). Dans ce cas, c’est à l’accueil d’un enfant que Jésus compare l’accueil de la présence de Dieu. Il y a une connivence secrète entre le règne de Dieu et un enfant. Accueillir un enfant, c’est accueillir une promesse. Un enfant croît et se développe. C’est ainsi que le règne de Dieu n’est jamais sur terre une réalité achevée, mais une promesse, une dynamique et une croissance inachevée. Et les enfants sont imprévisibles. Dans le récit d’Evangile, ils arrivent quand ils arrivent, et de toute évidence ce n’est pas au bon moment selon les disciples. Mais Jésus insiste qu’il faut les accueillir puisqu’ils sont là. C’est ainsi qu’il nous faut accueillir la présence de Dieu quand elle se présente, que ce soit au bon ou au mauvais moment. Il faut jouer le jeu. Accueillir le règne de Dieu comme on accueille un enfant, c’est veiller et prier pour l’accueillir quand il vient, toujours à l’improviste, à temps ou à contretemps. Pourquoi Jésus a-t-il montré une attention si particulière aux enfants ? Un jour, les douze apôtres discutent pour savoir qui est le plus grand (Marc 9,33-37). Jésus, qui a deviné leurs réflexions, leur dit une parole déroutante qui bouleverse et ébranle leurs catégories : « Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous ». À sa parole, il joint le geste. Il va chercher un enfant. Est-ce un enfant qu’il trouve abandonné au coin d’une rue de Capharnaüm ? Il l’amène, le « place au milieu » de cette réunion de futurs responsables de l’Eglise et leur dit : « Quiconque accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, c’est moi qu’il accueille ». Jésus s’identifie à l’enfant qu’il vient de prendre dans ses bras. Il affirme que c’est « un enfant comme celui-ci » qui le représente le mieux, à tel point qu’accueillir un tel enfant revient à l’accueillir lui-même, lui, le Christ. Peu avant, Jésus avait dit cette parole énigmatique : « Le fils de l’homme est livré aux mains des hommes » (Marc 9,31). « Le fils de l’homme », c’est lui-même, et ce sont en même temps tous les fils d’homme, c’est-à-dire tous les humains. Le mot de Jésus peut se comprendre : « les humains sont livrés au pouvoir de leurs semblables ». C’est en particulier lors de l’arrestation et des mauvais traitements infligés à Jésus que se vérifiera une fois de plus que les hommes font n’importe quoi avec leurs semblables qui sont sans défense. Que Jésus se reconnaisse dans l’enfant qu’il est allé chercher, n’est alors pas étonnant, car, si souvent, les enfants aussi sont livrés sans défense à ceux qui ont pouvoir sur eux. Jésus a montré une attention si particulière aux enfants car il veut, parmi les siens, une attention prioritaire pour les démunis. Jusqu’à la fin des temps, ils seront ses représentants sur la terre. Ce qu’on leur fera, c’est à lui, le Christ, qu’on le fera (Matthieu 25,40). Les « plus petits de ses frères », ceux qui comptent peu et que l’on traite comme on veut car ils n’ont ni pouvoir ni prestige, sont le chemin, le passage obligé, pour vivre en communion avec lui. Si Jésus a placé un enfant au milieu de ses disciples réunis, c’est aussi afin qu’eux-mêmes acceptent d’être des petits. Il le leur explique, dans l’enseignement qui suit : « Quiconque vous donne à boire un verre d’eau au nom de ce que vous êtes de Christ, amen, je vous le dis qu’il ne perd pas sa récompense » (Marc 9,41). Allant sur les chemins pour annoncer le règne de Dieu, les apôtres seront aussi « livrés aux mains des hommes ». Ils ne sauront jamais à l’avance comment ils seront accueillis. Mais même pour ceux qui les accueilleront avec un simple verre d’eau fraîche, sans même les prendre très au sérieux, ils auront été porteurs d’une présence de Dieu.
PAPE FRANÇOIS – Mercredi 27 janvier 2016
3 février, 2016PAPE FRANÇOIS
(Il n’y a pas de traduction pour le mercredi précédent) -
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 27 janvier 2016
Chers frères et sœurs, bonjour !
Dans l’Écriture Sainte, la miséricorde de Dieu est présente au cours de toute l’histoire du peuple d’Israël. Avec sa miséricorde, le Seigneur accompagne le chemin des patriarches, il leur donne des enfants malgré leur condition de stérilité, il les conduit sur les sentiers de la grâce et de la réconciliation, comme le démontre l’histoire de Joseph et de ses frères (cf. Gn 37-50). Et je pense aux nombreux frères qui se sont éloignés au sein d’une famille et qui ne se parlent pas. Mais cette année de la miséricorde est une bonne occasion pour se retrouver, s’embrasser, se pardonner et oublier les mauvaises choses. Mais, comme nous le savons, en Égypte la vie devient dure pour le peuple. Et c’est précisément quand les Israélites sont sur le point de succomber que le Seigneur intervient et accomplit le salut. On lit dans le livre de l’Exode : « Au cours de cette longue période, le roi d’Égypte mourut. Les Israélites, gémissant de leur servitude, crièrent, et leur appel à l’aide monta vers Dieu, du fond de leur servitude. Dieu entendit leur gémissement ; Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob. Dieu vit les Israélites et Dieu connut… » (2, 23-25). La miséricorde ne peut rester indifférente face à la souffrance des opprimés, au cri de ceux qui sont soumis à la violence, réduits en esclavage, condamnés à mort. C’est une réalité douloureuse qui frappe chaque époque, y compris la nôtre, et qui fait que nous nous sentons souvent impuissants, tentés d’endurcir notre cœur et de penser à autre chose. Dieu, en revanche, « n’est pas indifférent » (Message pour la Journée mondiale de la paix 2016, n. 1), il ne détourne jamais le regard de la douleur humaine. Le Dieu de miséricorde répond et prend soin des pauvres, de ceux qui crient leur désespoir. Dieu écoute et intervient pour sauver, suscitant des hommes capables d’entendre le gémissement de la souffrance et d’œuvrer en faveur des opprimés. C’est ainsi que commence l’histoire de Moïse comme médiateur de la libération de son peuple. Il affronte le pharaon pour le convaincre de laisser partir Israël; et ensuite, il guidera le peuple à travers la mer Rouge et le désert, vers la liberté. Moïse, que la miséricorde divine a sauvé nouveau-né de la mort dans les eaux du Nil, devient le médiateur de cette même miséricorde, en permettant au peuple de naître à la liberté, sauvé des eaux de la mer Rouge. Et nous aussi, en cette année de la miséricorde, nous pouvons faire ce travail d’être des médiateurs de miséricorde à travers les œuvres de miséricorde pour rapprocher, apporter du soulagement, pour faire l’unité. Il est possible d’accomplir tant de bonnes choses. La miséricorde de Dieu agit toujours pour sauver. C’est tout le contraire de l’œuvre de ceux qui agissent toujours pour tuer: par exemple ceux qui font les guerres. Le Seigneur, à travers son serviteur Moïse, guide Israël dans le désert comme si c’était un enfant, il l’éduque à la foi et passe une alliance avec lui, créant un lien d’amour très fort, comme celui d’un père avec son fils et de l’époux avec son épouse. La miséricorde divine arrive jusque là. Dieu propose un rapport d’amour particulier, exclusif, privilégié. Quand il donne des instructions à Moïse à propos de l’alliance, il dit : « Maintenant, si vous écoutez ma foi et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour mon bien propre parmi tous les peuples, car toute la terre est à moi. je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, une nation sainte » (Ex 19, 5-6). Assurément, Dieu possède déjà toute la terre parce qu’il l’a créée ; mais le peuple devient pour Lui une possession différente, spéciale : sa « réserve d’or et d’argent » personnelle, comme celle que le roi David affirmait avoir donnée pour la construction du Temple. Et bien, c’est ainsi que nous devenons pour Dieu en accueillant son alliance et en nous laissant sauver par Lui. La miséricorde du Seigneur rend l’homme précieux, comme une richesse personnelle qui lui appartient, qu’il protège et dans laquelle il se complaît. Telles sont les merveilles de la miséricorde divine, qui parvient à son plein accomplissement dans le Seigneur Jésus, dans cette « alliance nouvelle et éternelle » consommée dans son sang, qui avec le pardon détruit notre péché et nous rend définitivement des enfants de Dieu (cf. 1 Jn 3, 1), des joyaux précieux entre les mains du Père bon et miséricordieux. Et si nous sommes des enfants de Dieu et que nous avons la possibilité de recevoir cet héritage — celui de la bonté et de la miséricorde — par rapport aux autres, demandons au Seigneur qu’en cette année de la miséricorde, nous aussi nous accomplissions des œuvres de miséricorde ; ouvrons notre cœur pour pavenir à tous à travers les œuvres de miséricorde, l’héritage miséricordieux que Dieu le Père a eu pour nous.