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DISCOURS DU PAPE PAUL VI AUX MEMBRES DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

18 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/paul-vi/fr/speeches/1970/documents/hf_p-vi_spe_19700418_accademia-scienze.html

(traduction des sous-titres avec Google, étaient en italien même dans le texte français)

DISCOURS DU PAPE PAUL VI AUX MEMBRES DE L’ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES

Samedi 18 avril 1970

Excellences et chers Messieurs, Nous vous remercions de tout coeur des sentiments si délicats que le Révérend Père O’Connell vient de Nous exprimer au nom des ses illustres collègues. C’est toujours une joie pour Nous, vous le savez, d’accueillir les membres de notre Académie Pontificale des Sciences, en présence du Corps Diplomatique et de personnalités distinguées, et aussi une certaine émotion de voir réunis des représentants aussi qualifiés de tout l’univers, véritable Sénat de savants, à la pointe de la recherche scientifique et de la réflexion qu’elle suscite dans l’esprit humain. Le thème de vos travaux, consacrés aux «noyaux des galaxies», n’en est-il pas le signe éclatant?

UNITÀ DELLO SPIRITO UMANO (UNITÉ DE L’ÉSPRIT HUMAIN) 1. Votre Session plénière marque un temps fort dans la vie de l’Académie, et Nous Nous en réjouissons. Car cette institution, qui a pu connaître un certain ralentissement d’activité au cours de ces dernières années, demeure hautement significative: elle peut apporter à notre monde un concours appréciable par la compétence et l’universalité de son témoignage, et fournir aussi à la réflexion des croyants une base solide pour un dialogue fructueux avec la pensée scientifique. Que de chemin parcouru depuis la fondation de l’Académie des «Lincei» en 1603, sa restauration par Pie IX, son élargissement sous Léon XIII, et surtout sa reconstitution par les soins éclairés de notre grand prédécesseur Pie XI, avec le Motu proprio du 28 octobre 1936 In multis solaciis, sous la forme de l’Académie pontificale des sciences, constituée de soixante-dix Académiciens pontificaux, «veluti doctorum hominum Senatus, seu « scientificus Senatus », . . . ad scientiarum progressionem fovendam», sous la présidence du regretté Père Agostino Gemelli (Cfr. A.A.S. 28 (1936), pp. 423 et 424). D’illustres savants n’ont cessé d’honorer l’Académie de leur présence et de leurs travaux, et Nous avions Nous-même, hier, la joie d’adjoindre à ce Cénacle choisi douze nouveaux membres, qui permettent de mieux représenter l’ensemble des maîtres qui cultivent les disciplines scientifiques avec succès à travers le monde. Vos études de sciences mathématiques et expérimentales, menées avec la liberté qui convient à la culture, ont certainement apporté leur contribution au progrès de la science pure et préparé le progrès des sciences appliquées. Mais un tel développement n’appellet-il pas aujourd’hui d’autres prolongements? Tout en continuant les recherches qui sont les vôtres dans une spécialité dont l’importance ne cesse de croitre – les expériences des voyages spatiaux, dont nous avons suivi la plus récente ces jours derniers avec angoisse et, à la fin, avec joie et admiration émues, le démontrent suffisamment -, ne serait-il pas désirable et opportun de promouvoir, en d’autres Académies, d’autres disciplines, essentielles elles aussi à l’esprit humain, telles que les lettres et les arts, la philosophie, le droit, l’histoire, l’économie, la sociologie et les sciences humaines qui marquent si profondément les hommes de notre temps? Nous aimons ce matin vous confier cette pensée que Nous méditons depuis longtemps déjà, et qui, dans notre esprit, est plus qu’un rêve: un véritable désir qu’il Nous plairait de réaliser.

LA CHIESA INCORAGGIA L’INDAGINE SULL’UNIVERSO (L’ÉGLISE ENCOURAGE L’ENQUÊTE SUR L’UNIVERS) 2. La nature même de votre travail Nous amène à souligner deux principes dont vous êtes déjà bien convaincus, que votre propre expérience, Nous pourrions dire: votre personnalité, atteste tous les jours. C’est que le savoir humain, si développé qu’il soit, n’est pas, et ne saurait être en opposition avec celui de la foi: «Scientia, quae vera rerum cognitio sit, numquam christianae fidei veritatibus repugnat» (In multis solaciis, A.A.S. 28 (1936), p. 421). Bien plus, l’un et l’autre peuvent être intégrés dans l’unité de l’esprit humain, tout en gardant leur autonomie propre, comme l’enseigne le premier Concile du Vatican: «Fides et ratio . . . opem quoque sibi mutuam ferunt» (H. DENZINGER-A. SCHÖNMETZER, Enchiridion symbolorum, definitionum et declarationum de rebur fidei et morum; 34e éd., Fribourg en Brisgau 1967, n. 3019 (1799)). Qu’on Nous entende bien en effet. Selon la Constitution pastorale Gaudium et spes, qui «reprend à son compte l’enseignement du premier Concile du Vatican», l’Eglise «affirme l’autonomie légitime de la culture et particulièrement celle des sciences», avec «leurs principes et leur propre méthode en leurs domaines respectifs» (Gaudium et spes, 59, § 3). Mais ces disciplines, qui peuvent si bien «contribuer à ouvrir la famille humaine aux plus nobles valeurs du vrai, du bien et du beau, et à une vue des choses ayant valeur universelle» (Ibid. 57, § 3), peuvent aussi préparer l’homme à reconnaître et accueillir la vérité en sa plénitude, pourvu qu’elles ne considèrent pas «à tort les méthodes de recherche qui leur sont propres comme règle suprême pour la découverte de toute vérité» (Ibid. § 5). C’est le même Dieu qui a créé le monde avec ses lois que vous scrutez – «toutes choses dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles» (Col. 1, 16) – et qui se révèle aux hommes et leur apporte le salut en Jésus-Christ. C’est le même esprit humain qui est apte à scruter les secrets de la création et à «dominer la terre» (Cfr. Gen. 1, 28), et en même temps à reconnaître et à accueillir, « sous l’impulsion de la grâce», le don que Dieu lui fait de Lui-même: «le Verbe de Dieu qui, avant de se faire chair pour tout sauver et récapituler en lui, était déjà dans le monde» comme la «vraie lumière qui éclaire tout homme» (Io. 1, 9-10. Cfr. Gaudium et spes, 57, § 4). Comment l’Eglise n’encouragerait-elle pas l’investigation, la découverte et la conquête de cet univers qui, dans sa merveilleuse et admirable richesse, nous conduit, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, vers l’invisible qui est la source du visible? (Cfr. Rom. 1, 20)

I NUCLEI DELLE GALASSIE (LES NOYAUX DES GALAXIES) 3. Mais le thème que vous venez d’aborder – «Les noyaux des galaxies» – mérite une attention particulière. Notre imagination se trouve confondue et nous laisse remplis de stupeur, comme débordés, écrasés presque par l’immensité des perspectives entrevues, «ce silence des espaces infinis» cher à Pascal. Nous suivons avec un profond respect et un grand intérêt votre patient travail d’observation, de coordination d’expériences, de formulation d’hypothèses scientifiques sur la genèse ou l’évolution des mondes astraux. Est-ce à dire que la pensée humaine épuise toutes ses possibilités au niveau de ces investigations? Derrière elles, il y a le problème de l’être même de ce cosmos, de cet univers: la question de son existence. Vous demeurez, en effet, dans l’observation expérimentale scientifique, d’ordre mathématique et cosmologique. Mais qu’est-ce qui empêche de reconnaître à l’esprit, sur le terrain philosophique, la possibilité de remonter au principe transcendant, au Créateur, «causa subsistendi et ratio intelligendi et ordo vivendi»? (S. AUG., De Civ. Dei, 1. VIII, C. IV) Trop souvent aujourd’hui, on doute de ce pouvoir. «Plus la science, perfectionnant ses méthodes, assujettit le monde à l’homme, plus, en revanche, l’être, qui ne se laisse pas assujettir, se dérobe . . . vient alors la tentation de l’agnosticisme» (P. HENRI DE LUBAC, Sur les chemins de Dieu, Paris, Aubier 1956, p. 84). Mais on ne saurait s’en tenir à pareille attitude. «L’intelligence ne peut absolument pas abdiquer; elle ne peut renoncer à sa loi formelle, qui est de juger, c’est-à-dire toujours d’affirmer» (Ibid.). C’est pour l’esprit humain comme un «besoin irrépressible de posséder en chaque moment de son aventure temporelle et en chaque état de ses connaissances une idée explicative de l’ensemble des choses» (PIERRE-HENRI SIMON, Questions aux savants, Paris, Seuil 1969, p. 41). On parle souvent de la «mort de Dieu»; mais ne serait-ce pas plutôt la mort de l’homme et de sa pensée en sa forme supérieure? Sans ce recours à Dieu, source de l’Etre, en effet, elle semble s’engloutir dans l’opacité et l’incompréhensibilité des choses, l’ignorance d’une unité qui y préside, et d’une finalité d’un ordre mystérieux qui en sont inséparables, l’amenant à trouver une absurdité qui n’est que dans sa propre démarche. Peut-être êtes-vous mieux préservés que d’autres contre ce qu’il faut bien appeler une véritable maladie de l’esprit, vous qui scrutez objectivement les sciences de la nature, de l’astrophysique, de la physique? (Cfr. C. TRESMONTANT, Comment se pose aujourd’hui le problème de l’existence de Dieu, Paris, Seuil 1966, p. 349) Car l’intelligence, par son mouvement même, si elle n’en reste à l’écorce de la réalité, s’élève au niveau de sa cause transcendante, l’Absolu véritable, qui donne consistance à toute la création et d’abord à l’esprit humain, sans se confondre jamais avec eux. Comme on l’a dit si heureusement, l’intelligence est «nécessairement, en même temps qu’un pouvoir d’assimilation, un pouvoir de remontée . . Elle saisit en toutes réalités ce par quoi elles sont, c’est-à-dire sont ouvertes vers l’illumination de l’acte. Et ainsi, à juste titre, on peut dire qu’elle est le sens du divin, la faculté avide et habile à reconnaître les traces de Dieu» (Cf. CH. DE MORÉ-PONTGIBAUD, Du fini à l’infini. Introduction à l’étude de la connaissance de Dieu, Paris, Aubier 1957, p. 65).

BELLEZZA MISTERIOSA DELLA CREAZIONE (BEAUTÉ MYSTÉRIEUSE DE LA CRÉATION) Il y a là, il faut le redire, un développement naturel de la pensée, dans sa logique fondamentale, et non pas un saut indû comme le prétend une mentalité antimétaphysique abusivement qualifiée de scientifique. La vraie science, bien loin d’arrêter l’élan de la pensée, constitue un tremplin qui lui permet de s’élever, dans cet élan même, vers Celui qui lui fournit généreusement son aliment. Car «l’esprit lui-même est un chemin qui marche . . . On ne peut faire l’économie de Dieu» (R. P. HENRI DE LUBAC, op. cit., p. 78). Nous demeurons comme stupéfaits, disions-Nous, devant vos études sur les noyaux des galaxies. Le système solaire paraissait déjà si vaste et si mystérieux à nos devanciers! Mais nous ne sommes pas déconcertés pour autant, sachant que «Dieu préfère plutôt créer les êtres dans leurs germes pour les conduire ultérieurement à leur éclosion» (Card. CH. JOURNET, L’Eglise du Verbe incarné, t. 3, Essai de théologie de l’histoire du salut, Paris, Desclée de Brouwer 1969, p. 114). Le temps et l’espace, la matière et la forme peuvent se développer de façon démesurée, quasi indéfinie. Tout en écoutant votre enseignement, nous trouvons certitude dans notre foi. Et à notre esprit, à nous qui sommes à l’école de la foi, reviennent les paroles de la sainte Ecriture: «Dieu créa le ciel et la terre . . . Et Dieu vit q.ue cela était bon . . . Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et tout cela était très bon» (Gen. 1, 1, 21-31). Cette joie que Dieu a éprouvée devant ses créatures, comment ne l’aurions-nous pas, nous, pour notre Créateur? A notre tour nous contemplons cette beauté et cette bonté mystérieuses de la création: tous ces êtres nous crient, comme à saint Augustin: nous ne sommes pas Dieu, mais c’est lui qui nous a faits. «Ecce caelum et terra clamant quod facta sint» (S. AUG., Confess., 1. XI, c. 4, 6; PL 32, 811. Cfr. In Ioannem tract., 106, c. 17, 4; PL 35, 1910. Cfr. Sap. 13, 1 et 9). Et Lui, nous l’adorons! La rencontre avec Dieu s’opère devant la grandeur quasi illimitée de ses œuvres – n’est-ce pas une grâce d’y être initié? -, dans la joie, dans l’admiration, dans la prière, dans l’adoration de Celui qui « en répandant mille grâces . . . est passé à la hâte par ces forêts, et en les regardant . . . les a laissées revêtues de sa beauté» (Saint JEAN DE LA CROIX, Cantique Spirituel, strophe 5).

STRAORDINARIA IMPRESA SPAZIALE (EXTRAORDINAIRE ENTREPRISE SPATIALE) Au terme de cette contemplation des suprêmes réalités du cosmos dans leur rencontre avec les suprêmes vérités de l’esprit humain, Nous ne pouvons pas taire notre émotion, notre admiration, notre satisfaction, qui sont celles mêmes du monde entier, pour l’heureuse conclusion – oui, heureuse, très heureuse, même si le but principal n’a pas été atteint – du vol aventureux de l’Apol 13. Tous certainement vous avez suivi, avec appréhension puis avec joie, le déroulement de cette entreprise extraordinaire. Et vous aurez sans nul doute à cœur de saluer chaleureusement avec Nous les valeureux astronautes qui ont échappé aux périls de ce grand vol, et de rendre hommage à tous ceux qui, par leurs études, leur action, leur autorité, ont une fois de plus manifesté aux yeux du monde la puissance illimitée des sciences et de la technique moderne. Avec Nous aussi, vous ferez monter une hymne ardente de reconnaissance à Dieu, Créateur de l’univers et Père des hommes, qui par ces voies aussi veut être cherché et trouvé par l’homme, adoré et aimé par lui. Telles sont les pensées que Nous suggère, Excellences et chers Messieurs, cette rencontre qui Nous est très agréable. De tout cœur, Nous vous encourageons à poursuivre vos savants travaux, à les mettre en commun, de façon désintéressée, par delà les frontières, et à aider tous vos frères à répondre aux questions que la science ou plutôt ses applications ne cesseront de poser. Vous le pouvez, et le devez, à la lumière de la foi que vous portez en vous. C’est notre vœu le plus cher. Nous l’accompagnons à votre intention d’une large Bénédiction Apostolique.

                        

LA VERITE, LA DEMONSTRATIONS, PASCAL PENSÉES, VÉRITÉ DU COEUR ETDE LA RAISON

18 janvier, 2016

http://laphiloduclos.over-blog.com/article-un-exemple-d-explication-de-texte-en-philosophie-pascal-pensees-verites-du-coeur-et-de-la-raison-114974439.html

LA VERITE, LA DEMONSTRATIONS, PASCAL PENSÉES, VÉRITÉ DU COEUR ETDE LA RAISON

Blaise Pascal (1623-1662)

  « Nous connaissons la vérité, non seulement par la raison, mais encore par le cœur ; c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes, et c’est en vain que le raisonnement qui n’y a point de part essaye de les combattre. Les pyrrhoniens qui n’ont que cela pour objet, y travaillent inutilement. Nous savons que nous ne rêvons point ; quelque impuissance où nous soyons de le prouver par raison, cette impuissance ne conclut autre chose que la faiblesse de notre raison, mais non point l’incertitude de toutes nos connaissances, comme ils le prétendent. Car la connaissance des premiers principes, comme qu’il y a espace, temps, mouvement, nombres, est aussi ferme qu’aucune de celles que nos raisonnements nous donnent. Et c’est sur ces connaissances du cœur et de l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie, et qu’elle y fonde tout son discours. Le cœur sent qu’il y a trois dimensions dans l’espace et que les nombres sont infinis ; et la raison démontre ensuite qu’il n’y a point deux nombres carrés dont l’un soit le double de l’autre. Les principes se sentent, les propositions se concluent ; et le tout avec certitude, quoique par différentes voies. Et il est aussi ridicule et inutile que la raison demande au cœur des preuves de ses premiers principes, pour vouloir y consentir, qu’il serait ridicule que le cœur demandât à la raison un sentiment de toutes les propositions qu’elle démontre, pour vouloir les recevoir. » La connaissance de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.   Nous avons pour habitude de dire qu’une affirmation est certaine seulement si elle a été démontrée, ce qui est une manière de faire dépendre la vérité de l’autorité exclusive de la raison. Mais est-ce que le vrai coïncide avec le démontrable ? Ou peut-il exister des vérités d’une autre nature, qui auraient cependant le même degré de certitude que les vérités rationnelles ? C’est ce à quoi réfléchit Blaise Pascal dans cet extrait de son œuvre, Les Pensées, dans lequel il réfute l’attitude de ceux qui ne croient qu’en la raison en montrant qu’elle n’est pas la seule source du vrai et qu’elle a besoin ce qu’il nomme le « cœur » pour développer ses raisonnement. En quoi peuvent bien toutefois consister des vérités qui ne relèvent pas de la raison ? Quelles sont-elles et pourquoi la raison en a-t-elle besoin ? D’autre part comment pouvons-nous être certains d’une vérité qui n’est pas fondée en raison ? Le « cœur » qu’invoque Pascal, est-il un critère auquel nous pouvons nous fier ? Enfin qu’est-ce finalement que la vérité si elle ne se limite pas à ce que nous apprend la raison ? * Pascal n’était pas que philosophe, c’était aussi un mathématicien de premier ordre qui excellait dans une science qui plus que toute autre est celle du raisonnement. Mais le philosophe savait que même les mathématiques ne sont ni suffisantes ni parfaites du point de vue de la vérité. C’est que la vérité -toute vérité- a deux sources dit Pascal, la raison bien entendu, mais aussi le cœur, auquel il attribue le rôle le plus important, celui de la connaissance des « premiers principes ». Ce qui le conduit –et sans doute est-ce là son intention finale- à rejeter l’attitude sceptique, celle des disciples du philosophe Pyrrhon d’Elis, qui, dit-il combattent ces principes par le raisonnement ; entendons : qui en nient l’existence parce qu’ils ne pas peuvent être démontrés rationnellement.  Cette attitude est vaine en effet s’il est vrai  que les prémisses de la connaissance relèvent d’une autre faculté et d’une autre démarche que celle de la raison. L’analyse de la connaissance montre que si la raison nous permet de lier synthétiquement nos pensées et de les conduire jusqu’à un résultat certain, elle doit néanmoins s’appuyer implicitement ou explicitement sur des données antérieures à ses premières démarches : c’est ce qu’on nomme un principe, une proposition première qui commande la possibilité et l’orientation d’un raisonnement (par exemple le principe de non-contradiction). Mais la raison est aussi réflexion, et comme telle mouvement vers l’inconditionné, recherche de ce qui est absolument premier dans l’ordre de l’être et du connaitre. C’est cela qu’évoque Pascal par l’expression les « premiers principes », qui fait référence aux divers fondements de la connaissance sur lesquels s’appuie le raisonnement dans les différentes sciences. Or l’établissement de ces principes ne relève pas de la raison, mais de cet autre pouvoir de connaissance que Pascal désigne sous l’expression imagée de « cœur ». Pour nous en convaincre Pascal prend pour exemple une des plus immédiates et triviales de ces vérités qui se passent de raison : la certitude absolue de la réalité de notre existence : « nous savons que nous ne rêvons pas », en effet ; rien n’est plus certain que l’évidence présente de notre existence, on ne saurait concevoir de vérité plus simple et plus absolue ; et pourtant la raison est totalement incapable de l’établir ; elle ne participe d’aucune manière à la conscience de cette vérité. Car, Pascal le sait bien, l’existence se montre, elle ne démontre pas ; c’est un fait qui se constate et qui ne peut pas être à la conclusion d’un raisonnement : la certitude de notre existence est intuitive, elle ne relève pas de la discursivité du raisonnement. La leçon s’impose, que Pascal administre aussitôt aux Pyrrhoniens : la raison a des limites et les vérités du cœur, qui ont leur source dans l’intuition, sont non seulement certaines mais aussi plus fondamentales que les vérités rationnelles. Si bien que l’attitude des sceptiques, et à travers eux du rationalisme athée, est insoutenable. Car Pascal ne se contente pas de montrer qu’il y deux sources de vérités aussi fiables l’une que l’autre et donc deux types distincts de vérité. Il affirme aussi que la valeur des vérités rationnelles dépend entièrement de la vérité de leurs principes posés intuitivement, sentis par le cœur : ce qui est valable pour notre existence l’est d’autant plus dans le domaine des sciences ou de la philosophie, alors qu’on pourrait penser qu’elles sont des domaines réservés de la raison. Or tout au contraire « espace », « temps », « mouvements », « matière » sont présupposés dans tous les raisonnements de la physique, par exemple pour établir la loi de la quantité de mouvement (p = mV), ou celle de la chute des corps (1/2 gt²) ; ces principes sont premiers et antérieurs au raisonnement qui les met en œuvre ; ils ne sauraient donc en résulter ; mais ce sont pourtant eux qui les rendent possibles et sensés et qui en conditionnent la vérité : « c’est sur ces connaissances du cœur et de l’instinct qu’il faut que la raison s’appuie et qu’elle fonde tout son discours ». Il en va de même pour la plus rationnelle de nos sciences, les mathématiques dont les démonstrations ne seront possibles qu’à la suite de l’intuition des principes voire de la solution elle-même : « le cœur sent (…) que les nombres sont infinis ; et la raison démontre ensuite… ». Voilà qui non seulement légitime totalement les vérités du cœur, mais en affirme aussi la prééminence. On peut donc s’étonner un peu des propos qui suivent, dans lesquels Pascal semble se contenter de l’idée d’une équivalence et d’une complémentarité du cœur et de la raison, avec des rôles bien établis : à la raison la certitude démonstrative, au cœur celui des principes, chaque faculté régnant dans son domaine propre sans demander de compte à l’autre : cœur et raison ne seraient alors que différentes manières d’atteindre la vérité. Certes tout porte à le croire puisque l’auteur nous dit qu’il serait tout aussi ridicule que la raison exige des preuves pour donner crédit aux intuitions du cœur que le cœur exige qu’un sentiment de vérité accompagne les démarches déductives du raisonnement. Ce serait suffisant pour mettre à l’abri le domaine de la foi des redoutables demandes de preuves des sceptiques. Mais cela s’accorderait mal avec le propos qui a précédé : si les raisonnements sont précédés par l’intuition des principes, c’est bien le cœur d’abord, la raison ensuite : le cœur ou intuition est le foyer de l’expérience de la vérité, les raisonnements n’étant que la continuation, l’étirement de ces intuitions. Car il ne faut pas confondre la vérité, ou connaissance de ce qui est, et la certitude, qui n’est que le sentiment que ce qu’on énonce est vrai : démonter ce n’est rien d’autre que rendre manifeste une vérité déjà existante; la démonstration n’est pas constitutive de la vérité, elle se contente de la rendre visible aux yeux de tous. Les raisonnements ne sont donc aux yeux de Pascal que l’explicitation d’une vérité saisie dans un éclair que nous nous efforçons d’étendre afin pouvoir la contempler plus facilement et plus complètement ; comme s’ils n’étaient que l’écho lointain, étiré, d’une note pure qui venait d’être frappée… C’est alors faute d’acuité intellectuelle que nous avons recours aux raisonnements ; ils nous sont nécessaires parce que nous ne savons pas voir la vérité au premier regard. Autant dire que tous les hommes en ont besoin, le philosophe ou l’homme de foi constituant l’exception. Tout se passe donc comme si les démarches de la raison, qui établissent un rapport discursif, représentatif et intellectuel à la réalité reposaient sur un lien plus immédiat et d’un autre genre de notre être à la réalité : celui du cœur, c’est-à-dire, suivant les mots du texte (« instinct », « sentir », « sensible ») d’une saisie originaire de ce qui est, qui s’impose dans l’évidence. Bref, dans une forme d’expérience qui est de même nature que la foi. Ce qui signifie que la vérité n’est pas fondamentalement l’exactitude de la représentation, suivant la définition scolastique (adéquatio intellectus et rei) mais une expérience intuitive de ce qui est, antérieurement à toute représentation, donc à tout raisonnement : n’est-ce pas alors le « dieu sensible au cœur » cher à Pascal qui se cache dans les plis de l’expérience humaine de la vérité, et qui en constitue le fondement absolu et la justification totale de la foi ? Mais cette confiance ou foi dans la vérité de ce qui se présente à l’intuition, qui l’atteste, sinon la foi elle-même ? Cette circularité finale de l’argumentation pascalienne n’en définit-elle pas aussi la limite ? Car il faudra bien mettre un nom sur ce premier des principes, et traduire dans un discours recevable ce contact présumé avec l’être même des choses. Mais hors des procédures logiques du raisonnement, ou des contraintes de la démarche expérimentale, comment saurons-nous que l’expression de nos intuitions est bien adéquate à son objet ? Par la foi, dirait Pascal. Encore une fois, la foi est censée prouver la foi, ce qui est pure pétition de principe. C’est pourquoi lorsque Freud, par exemple, énonce qu’en matière de vérité « il n’est pas d’instance au-dessus de la raison » et qu’à ce titre nul ne peut faire argument de sa foi ou de ses expériences intimes, ne nous rappelle-t-il pas tout simplement les conditions élémentaires de ce qui peut se dire dans un souci de vérité? Les vérités du cœur, si elles sont présupposées dans le travail de la raison, devront demeurer muettes ! Quant à la foi religieuse, horizon ultime de la méditation pascalienne de la vérité, il lui reste la possibilité non de se dire, mais de se vivre. *Nous savons maintenant que l’identification de ce qui est vrai et de ce qui est démontrable n’est pas soutenable, ainsi que Pascal nous l’a montré. Il y a en effet des vérités indémontrables ou dont l’évidence rend inutile voire ridicule d’essayer de les prouver; nous avons aussi appris de lui que les raisonnements, quel qu’en soit l’objet, repose sur des principes qui ne peuvent être établis par leur moyen, la vérité de toute démonstration semblant alors reposer sur une expérience originaire dans laquelle l’être même des choses se révèle à nous. C’est à ce point toutefois que la position de Pascal doit être considérée avec prudence ; car s’il montre brillamment qu’aucune démarche rationnelle, ni en science ni en philosophie, ne peut s’auto-fonder, il n’est pas en mesure de justifier l’exactitude de l’expression des intuitions premières dont il fait dériver la connaissance.

Noces de Cana

15 janvier, 2016

Noces de Cana dans images sacrée cana
http://www.jrdkirk.com/2010/07/01/wedding-in-cana/

PREMIERE LECTURE – Isaïe 62, 1-5 – COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT

15 janvier, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 17 JANVIER 2016

PREMIERE LECTURE – Isaïe 62, 1-5

1 Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. 2 Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau, que la bouche du SEIGNEUR dictera. 3 Tu seras une couronne brillante dans la main du SEIGNEUR, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. 4 On ne te dira plus « Délaissée ! », A ton pays, nul ne dira « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence ! » cette terre se nommera « L’épousée ». Car le SEIGNEUR t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Epousée ». 5 Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

Le prophète Isaïe ne manquait pas d’audace ! A deux reprises, dans ces quelques versets, il a employé le mot « désir » (au sens de désir amoureux) pour traduire les sentiments de Dieu à l’égard de son peuple. Les mots « ma préférée » et « préférence » sont trop faibles ; il faudrait traduire : On ne t’appellera plus « la délaissée », on n’appellera plus ta contrée « terre déserte », mais on te nommera « ma désirée » (littéralement mon désir est en toi), on nommera ta contrée « mon épouse », car le SEIGNEUR met en toi son désir et ta contrée aura un époux. Car ce que nous avons entendu ici est une véritable déclaration d’amour ! Un fiancé n’en dirait pas davantage à sa bien-aimée. Tu seras ma préférée, mon épouse… Tu seras belle comme une couronne, comme un diadème d’or entre mes mains… tu seras ma joie… Et pour cette déclaration, vous avez remarqué la beauté du vocabulaire, la poésie qui émane de ce texte. On y retrouve le parallélisme des phrases, si caractéristique des psaumes. « Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas / pour Sion je ne prendrai pas de repos… Tu seras une couronne resplendissante entre les doigts du SEIGNEUR / (tu seras) un diadème royal dans la main de ton Dieu… on te nommera « ma préférée » / on nommera ta contrée « mon épouse ». Cinq siècles avant Jésus-Christ, déjà, le prophète Isaïe allait donc jusque-là ! Car on pourrait vraiment appeler ce texte le « poème d’amour de Dieu ». Et Isaïe n’est pas le premier à avoir cette audace. Il est vrai qu’au tout début de la Révélation biblique, les premiers textes de l’Ancien Testament n’emploient pas du tout ce langage. Pourtant, si Dieu aime l’humanité d’un tel amour, c’était déjà vrai dès l’origine. Mais c’était l’humanité qui n’était pas prête à entendre. La Révélation de Dieu comme Epoux, tout comme celle de Dieu-Père n’a pu se faire qu’après des siècles d’histoire biblique. Au début de l’Alliance entre Dieu et son peuple, cette notion aurait été trop ambiguë. Les autres peuples ne concevaient que trop facilement leurs dieux à l’image des hommes et de leurs histoires de famille ; dans une première étape de la Révélation, il fallait donc déjà découvrir le Dieu tout-Autre que l’homme et entrer dans son Alliance. C’est le prophète Osée, au huitième siècle av.J.C., qui, le premier, a comparé le peuple d’Israël à une épouse ; et il traitait d’adultères les infidélités du peuple, c’est-à-dire ses retombées dans l’idolâtrie. A sa suite Jérémie, Ezéchiel, le deuxième Isaïe et le troisième Isaïe (celui que nous lisons aujourd’hui) ont développé ce thème des noces entre Dieu et son peuple ; et on retrouve chez eux tout le vocabulaire des fiançailles et des noces : les noms tendres, la robe nuptiale, la couronne de mariée, la fidélité, mais aussi la jalousie, l’adultère, les retrouvailles. En voici quelques extraits, par exemple chez Osée : « tu m’appelleras mon mari… je te fiancerai à moi pour toujours… dans l’amour, la tendresse, la fidélité. » (Os 2,18.21). Et chez le deuxième Isaïe « Ton époux sera ton Créateur… Répudie-t-on la femme de sa jeunesse ?… dans mon amour éternel, j’ai pitié de toi. » (Is 54, 5…8). Le texte le plus impressionnant sur ce sujet, c’est évidemment le Cantique des Cantiques : il se présente comme un long dialogue amoureux, composé de sept poèmes ; pour être franc, nulle part les deux amoureux ne sont identifiés ; mais les Juifs le comprennent comme une parabole de l’amour de Dieu pour l’humanité ; la preuve, c’est qu’ils le lisent tout spécialement pendant la célébration de la Pâque, qui est pour eux la grande fête de l’Alliance de Dieu avec son peuple, et, à travers son peuple, avec toute l’humanité. Pour revenir au texte d’aujourd’hui, l’un des passe-temps préférés, apparemment, du bien-aimé est de donner des noms nouveaux à sa bien-aimée. Vous savez l’importance du Nom dans les relations humaines : quelqu’un ou quelque chose que je ne sais pas nommer n’existe pas pour moi… Savoir nommer quelqu’un, c’est déjà le connaître ; et quand notre relation avec une personne s’approfondit, il n’est pas rare que nous éprouvions le besoin de lui donner un surnom, parfois connu de nous seuls. Dans la vie des couples, ou des familles, les diminutifs et les surnoms tiennent une grande place. Quand nous choisissons le prénom d’un enfant, par exemple, c’est très révélateur : nous faisons porter sur lui beaucoup d’espoirs ; souvent même, si on y regarde bien, c’est tout un programme. La Bible traduit cette expérience fondamentale de la vie humaine ; et le nom y a une très grande importance ; il dit le mystère de la personne, son être profond, sa vocation, sa mission : très souvent, on nous indique le sens du nom des personnages principaux. Par exemple, l’ange annonçant la naissance de Jésus précise aussitôt que ce nom veut dire : « Dieu sauve » ; c’est-à-dire que cet enfant qui porte ce nom-là sauvera l’humanité au nom de Dieu. Et parfois Dieu donne un nom nouveau à quelqu’un en même temps qu’il lui confie une mission nouvelle : Abram devient Abraham, Saraï devient Sara, Jacob devient Israël et Simon devient Pierre. Ici donc, c’est Dieu qui donne des noms nouveaux à Jérusalem : la « délaissée » devient la « Préférée », le pays de « désolation » devient « L’épousée » ; effectivement, le peuple juif pouvait avoir l’impression d’être délaissé par Dieu. Ce chapitre 62 d’Isaïe a été écrit dans le contexte du retour d’Exil. On est rentré de l’Exil (à Babylone) en 538 et le Temple n’a commencé à être reconstruit qu’en 521 : c’est dans ce délai que la morosité s’installe et l’impression de délaissement. Si Dieu s’occupait de nous, pense-t-on, les choses iraient mieux et plus vite (il nous arrive bien de dire exactement la même chose : « s’il y avait un Bon Dieu, ces choses-là n’arriveraient pas » …). C’est pour combattre cette désespérance qu’Isaïe, inspiré par Dieu, ose ce texte magnifique : non, Dieu n’a pas oublié son peuple et sa ville de prédilection ; et dans peu de temps cela se saura ! « Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu. »

HOMÉLIE 2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

15 janvier, 2016

http://www.homelies.fr/homelie,,4450.html

HOMÉLIE 2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

dimanche 17 janvier 2016

Famille de Saint Joseph

« Le troisième jour » : les noces de Cana se situent trois jours après l’appel des premiers disciples. Deux compagnons de Jean Baptiste ont suivi Jésus le premier jour ; l’un d’eux, André, a proposé à son frère Simon de les rejoindre. Le lendemain, second jour, Jésus appelle Philippe, qui à son tour invite Nathanaël. Le troisième jour, tous sont invités au mariage. Cette précision chronologique est bien sûr intentionnelle : il s’agit d’une allusion aux trois jours d’attente de la manifestation de la victoire du Ressuscité. Par ce procédé, l’évangéliste prévient le lecteur dès le premier verset du récit, que les événements de Cana sont à interpréter à la lumière du mystère pascal. Au cœur du récit, deux acteurs : Jésus et une femme, dont le nom n’est pas divulgué. Elle est désignée par le narrateur comme la « mère de Jésus », mais celui-ci l’interpelle sous le vocable de « femme ». Dans le symbolisme biblique, la « femme » représente le peuple sevré du vin de la sagesse ; elle ne peut qu’attendre l’initiative de Dieu qui lui rendra le bonheur. C’est elle, la « femme », qui intervient pour signaler que le vin manque, mais elle ne demande rien. Pourtant, la réponse de Jésus trahit qu’elle a déclenché quelque chose en lui. Sa réaction semble mettre en cause le lien mère-fils puisqu’il l’appelle par ce mystérieux vocable : « femme » ; il lui demande littéralement : « quoi entre toi et moi ? » Cette parole est probablement un cri d’émerveillement devant la complicité qui vient de s’instaurer avec celle qui fut jusque là sa mère selon la chair. Par sa demande en effet, elle vient de manifester son consentement à entrer dans une nouvelle mission, qui ne lui sera cependant pleinement dévoilée qu’au pied de la Croix. C’est à l’« Heure » de la Passion que se révèlera la véritable identité de « la femme », qui ne représentera plus alors le peuple de la première Alliance en attente de son Messie, mais l’humanité nouvelle, restaurée par l’effusion de l’Esprit, fruit du sacrifice pascal. C’est d’ailleurs la remarque de Marie qui suscite la première référence à cette « Heure » – thème central de l’Evangile. L’allusion de Jésus à cette mystérieuse échéance qu’il désigne comme sienne – « mon heure » – et dont il précise qu’elle n’est pas encore venue, prouve que tout son désir se porte vers ce jour où il réalisera le salut du monde à travers sa mort librement consentie. La mise en relation de la situation présente – la pénurie de vin – avec cet événement ultime, signifie que le don du vin nouveau dépend de cette Heure à laquelle il glorifiera le Père en révélant pleinement son amour pour nous. Le fait que cette Heure ne soit pas encore venue, loin de clore l’épisode, conduit tout au contraire Jésus à poser le premier des sept « signes » qui tout au long de l’Evangile, vont orienter nos regards vers l’événement qu’ils annoncent et dans lequel ils trouveront leur sens. Ce ne sera en effet qu’à l’Heure de leur accomplissement, que Jésus renoncera à faire des miracles. Si Marie conseille aux serviteurs de « faire tout ce que Jésus dira », c’est précisément parce qu’elle a compris que l’expression « mon heure n’est pas encore venue » n’est pas un refus, mais tout au contraire un consentement à agir et à poser un premier signe, puisque le temps de l’accomplissement n’est pas encore advenu. Jésus fait remplir d’eau des cuves destinées au rite de purification ; il n’utilise donc pas les amphores prévues pour contenir le vin des noces. Par le fait même, ces jarres mise à la disposition des convives pour qu’ils puissent accomplir une prescription rituelle de la première alliance, sont détournées de leur destination, puisqu’elles vont permettre non pas de se préparer au repas, mais de l’accompagner d’un excellent vin. En offrant celui-ci, Jésus prend la place de l’époux, qui selon la coutume, est supposé fournir le vin. Une noce nouvelle vient donc se substituer à celle qui était en cours et dont l’issue était compromise. Une noce dont le Christ est l’époux, et dans laquelle la « femme » fait figure d’épouse, puisque c’est elle qui porte le souci du bon déroulement du banquet. Tel est le premier signe : Jésus n’ouvre pas son ministère par un discours inaugural, mais par un geste symbolique : il donne à boire un vin supérieur, qu’il offre en surabondance ; ce vin rend obsolète les rites de purification de la Loi ancienne, et introduit dans la vraie joie. En préambule à la vie publique, l’évangéliste situe le récit des noces de Cana comme une annonce de ce que le Christ s’apprête à réaliser par tout son parcours, qui culminera dans le triduum pascal : descendant dans la mort, fruit du péché qui nous prive du vin de la joie, il ressuscitera le troisième jour, relevant en lui l’humanité déchue, pour l’introduire comme son Épouse dans les noces éternelles où coule en abondance le vin nouveau de l’Esprit. Ce jour-là se réalisera la prophétie d’Isaïe proclamée en première lecture : « Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune fille mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu ». Dans quelques instants le célébrant proclamera : « Heureux les invités au banquet des noces de l’Agneau » : puissions-nous exulter de joie en nous approchant de la Table ou le Christ Époux fait de son Eglise son Épouse éternelle, et puissions-nous lui rendre grâce en « chantant le chant nouveau » (Ps 95) des rachetés du Seigneur. Renouvelés dans « les dons variés de la grâce », nous aurons alors à cœur de « manifester l’Esprit en vue du bien de tous » les hommes de notre temps (2nd lect.), afin qu’ils puissent « croire en Jésus », et accueillir son salut en « bénissant son Nom » (Ps 95).

Père Joseph-Marie

Ephèse, la maison présumée de la Vierge Marie.

14 janvier, 2016

Ephèse, la maison présumée de la Vierge Marie. dans images sacrée

 

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

14 janvier, 2016

http://www.interbible.org/interBible/source/rencontres/2013/ren_131113.html

LA FOI ET LE COMMANDEMENT DE L’AMOUR FRATERNEL

34 Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. 35 À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. (Jean 13, 34-35)
Nous voici parvenus au terme de l’Année de la foi et également de cette série de chroniques qui nous ont fait découvrir que la vie dans la foi repose sur l’expérience de la rencontre du Christ. Le pape émérite Benoît XVI, dans une homélie prononcée dans le cadre du Synode sur la Parole de Dieu (2008) disait que la fine fleur de la foi est l’amour de charité. C’est l’amour vécu qui donne à la foi sa crédibilité et son rayonnement au milieu du monde. On comprend pourquoi Jésus a fait de l’amour fraternel un commandement pour que nous fassions mémoire du don de sa vie par amour pour la multitude humaine.
La communauté chrétienne des origines nous livre d’abondants témoignages d’amour fraternel. Au-delà du partage de leurs ressources, l’amour fraternel est leur signe d’appartenance au Christ. Ils avaient un même amour les uns pour les autres comme ils avaient une même foi au Christ. L’amour fraternel est la manifestation de la joie de personnes qui ont accueilli le salut; c’est le reflet de la paix apportée par le Christ, lui qui a réconcilié tous les êtres humains avec Dieu en leur donnant de devenir enfants de Dieu. L’amour fraternel que les membres de la communauté chrétienne se témoignent les uns aux autres est une façon de dire à chacun qu’il a du prix comme il en a aux yeux de Dieu. Cette vérité demeure toujours aussi actuelle pour nous, chrétiens et chrétiennes du vingtième siècle, que pour ceux et celles du premier.
La valeur de l’amour fraternel tient au fait qu’il révèle l’amour que Jésus a eu pour tous les humains. Et c’est pour cette raison que Jésus nous en fait une obligation. Non pas une obligation qui vient de l’extérieur mais qui jaillit du plus profond de nous-mêmes à cause de notre foi et de notre amour pour Jésus. Se laisser conduire par cette loi intérieure est un signe de maturité chrétienne. Bien sûr que nous ne saurions aimer avec la même sainteté que Jésus. Toutefois, à la suite de Jésus et à cause de l’amour qu’il a eu pour nous et que nous avons pour lui, il nous est possible d’aimer avec la même qualité et avec le même empressement à servir nos frères et sœurs. L’amour que nous avons les uns pour les autres est la preuve de notre relation vivante avec le Christ.
Il faut bien reconnaître que Jésus se montre exigeant à l’égard des disciples que nous sommes. C’est à l’amour que nous avons les uns pour les autres que l’on reconnaîtra justement que nous sommes ses disciples. Cet amour fraternel porte des fruits de paix, de partage et de justice, de bonté, de patience et de pardon. C’est notre façon à nous de témoigner que le salut, apporté par Jésus à l’humanité, est toujours à l’œuvre et qu’il ne cesse de s’étendre dans le cœur des hommes et des femmes. La pratique du commandement de l’amour manifeste notre solidarité avec Jésus, notre fidélité, notre habitation dans le cœur de Dieu.
L’amour vécu par les chrétiens et les chrétiennes, à la manière de Jésus, a une fonction de révélation. En effet, c’est de cette manière que nous évoquons l’amour du Christ pour nous et que nous prolongeons également l’amour de Dieu qui s’est incarné en Jésus. Si Jésus nous a rendus capables de remplir une mission aussi élevée, c’est parce qu’il a fait de nous des amis auxquels il a révélé ce que Dieu porte en son cœur. N’est-ce pas un motif de fierté pour nous, chrétiens et chrétiennes, de vivre à notre tour de l’amour du Père qui a fait vivre Jésus ? N’est-ce pas un point d’honneur de fonder nos relations avec les autres sur le grand commandement de l’amour ? N’y a-t-il pas de meilleure fidélité au Christ que d’investir dans l’amour des autres ? Tel est l’avenir de l’aventure de la foi.

 

JEAN PAUL II – L’ENGAGEMENT POUR ÉVITER UNE CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE MAJEURE – LECTURE: PS 148, 1-5

14 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/audiences/2001/documents/hf_jp-ii_aud_20010117.html

JEAN PAUL II

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 17 janvier 2001

L’ENGAGEMENT POUR ÉVITER UNE CATASTROPHE ÉCOLOGIQUE MAJEURE  – LECTURE:  PS 148, 1-5

1. Dans l’hymne de louange, qui vient d’être proclamé ( Ps 148, 1-5), le Psalmiste convoque, en les appelant par leur nom, toutes les créatures. En haut, se trouvent les anges, le soleil, la lune, les étoiles et le ciel; sur la terre évoluent vingt-deux créatures, le même nombre que celui des lettres de l’alphabet hébraïque, pour indiquer la plénitude et la totalité. Le fidèle est comme « le pasteur de l’être », c’est-à-dire celui qui conduit tous les êtres à Dieu, les invitant à entonner un « alleluia » de louanges. Le Psaume nous introduit comme dans un temple cosmique qui a le ciel pour abside, les régions du monde pour nefs, et à l’intérieur duquel le choeur des créatures élève un chant vers Dieu. Cette vision pourrait être, d’un côté, la représentation d’un paradis perdu et, de l’autre, celle du paradis promis. Ce n’est pas un hasard si l’horizon d’un univers paradisiaque, qui est situé par la Genèse (c. 2) aux origines mêmes du monde, par Isaïe (c. 11) et par l’Apocalypse (cc. 21-22) est situé à la fin de l’histoire. On voit ainsi que l’harmonie de l’homme avec son prochain, avec la création et avec Dieu est le dessein poursuivi par le Créateur. Ce projet a été, et est, sans cesse bouleversé par le péché humain qui s’inspire d’un plan alternatif, présenté dans le livre même de la Genèse (cc. 3-11), dans lequel est décrite l’affirmation d’une tension progressive en conflit avec Dieu, avec son semblable et même avec la nature. 2. Le contraste entre les deux projets apparaît clairement dans la vocation à laquelle l’humanité, selon la Bible, est appelée et dans les conséquences provoquées par son infidélité à cet appel. La créature humaine reçoit pour mission de gouverner la création afin d’en développer toutes les potentialités. Il s’agit d’un pouvoir délégué par le Roi divin aux origines mêmes de la création, lorsque l’homme et la femme, qui sont à l’ »image de Dieu » (Gn 1, 27), reçoivent l’ordre d’être féconds, de se multiplier, de remplir la terre, de la soumettre et de dominer les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tout être vivant qui rampe sur terre (cf. Gn 1, 28). Saint Grégoire de Nysse, l’un des trois grands Pères de Cappadoce, commentait:  « Dieu a fait l’homme de telle sorte qu’il est apte au pouvoir royal sur la terre… L’homme a été créé à l’image de celui qui gouverne l’univers. Tout manifeste que, depuis l’origine, sa nature est marquée par la royauté… Il est l’image vivante qui participe à l’archétype par sa dignité » (De hominis opificio, 4:  PG 44, 136). 3. Toutefois, la seigneurie de l’homme n’est pas « absolue, mais c’est un ministère; elle est le reflet véritable de la seigneurie unique et infinie de Dieu. De ce fait, l’homme doit la vivre avec sagesse et amour, participant à la sagesse et à l’amour incommensurables de Dieu » (Evangelium vitae,       n. 52). Dans le langage biblique, « donner un nom » aux créatures (cf. Gn 2, 19-20) est le signe de cette mission de connaissance et de transformation de la réalité créée. Ce n’est pas la mission d’un patron absolu et sans appel, mais d’un ministre du Royaume de Dieu, appelé à poursuivre l’oeuvre du Créateur, une oeuvre de vie et de paix. Sa tâche, définie dans le Livre de la Sagesse, est celle de gouverner « le monde avec sainteté et justice » (Sg 9, 3). Malheureusement, si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine. A notre époque, en particulier, l’homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l’environnement de la planète, rendu l’air irrespirable, bouleversé les systèmes hydro-géologiques et atmosphériques,  désertifié  des  espaces verdoyants, accompli des formes d’industrialisation sauvage, en humiliant – pour utiliser une image de Dante Alighieri (Paradis XXII, 151) – ce « parterre » qui est la terre, notre demeure. 4. C’est pourquoi, il faut encourager et soutenir la « conversion écologique », qui au cours de ces dernières décennies a rendu l’humanité plus sen-sible à l’égard de la catastrophe vers laquelle elle s’acheminait. L’homme n’est plus le « ministre » du Créateur. En despote autonome, il est en train de comprendre qu’il doit finalement s’arrêter devant le gouffre. « Il faut saluer aussi positivement l’attention grandissante à la qualité de la vie, à l’écologie, que l’on rencontre surtout dans les sociétés au développement avancé, où les attentes des personnes sont à présent moins centrées sur les problèmes de la survie que sur la recherche d’une amélioration d’ensemble des conditions de vie » (Evangelium vitae, n. 27). Ce qui est en jeu n’est donc pas seulement une écologie « physique », attentive à sauvegarder l’habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie « humaine » qui rende plus digne l’existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur. 5. Dans cette harmonie retrouvée avec la nature et avec soi-même, les hommes et les femmes doivent recommencer à se promener dans le jardin de la création, en cherchant à faire en sorte que les biens de la terre soient disponibles pour tous et pas seulement pour certains privilégiés, précisément comme le suggérait le Jubilé biblique (cf. Lv 25, 8-13.23). Parmi ces merveilles, nous découvrons la voix du Créateur, transmise du ciel et de la terre, du jour et de la nuit:  un langage qui n’est « nulle voix qu’on puisse entendre », capable de franchir toutes les frontières (cf. Ps 19 [18], 2-5). Le Livre de la Sagesse, repris par Paul, célèbre cette présence de Dieu dans l’univers en rappelant que « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5; cf. Rm 1, 20). C’est ce que chante la tradition juive des Chassidim:  « Où que j’aille, Toi! Où que je m’arrête, Toi…, où que je me tourne, quoi que j’admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi » (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan 1979, p. 256).

ehyeh asher ehyeh | Le nom de Dieu

13 janvier, 2016

ehyeh asher ehyeh | Le nom de Dieu dans images sacrée 5242a196e5193e85fb6c058e54f223e0

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JUDAÏSME : ORIGINE & CULTURE

13 janvier, 2016

http://www.onelittleangel.com/sagesse/religion/judaisme.asp

JUDAÏSME : ORIGINE & CULTURE

Dans la culture du Livre, sens étymologique du mot «Bible», le Dieu juif est l’Éternel, tant de l’histoire que de la nature. Ses développements sont d’essentielles et vivantes artères. Modèle du Christianisme et de l’islam, le Judaïsme se distingue par l’absence de clergé hiérarchique. Interprètes des textes, les rabbins ne sont pas des représentants de Dieu, et leur fonction n’est pas sacrée, car pour les juifs la relation avec Dieu est directe.

Religion: croyances et fondements du Judaïsme Le Judaïsme fut la première religion à enseigner le monothéisme, croyance en un seul dieu transcendant, qu’exprime la prière récitée plusieurs fois par jour comme profession de foi, Shema Israël (premiers mots hébreux de la prière): «Écoute Israël! L’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est Un. Tu aimeras l’Éternel ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. Les paroles des commandements que je te donne aujourd’hui seront présentes à ton cœur; tu les répéteras à tes fils; tu les leur diras quand tu resteras chez toi et quand tu marcheras sur la route, quand tu seras debout; tu en feras un signe attaché à ta main, une marque placée entre tes yeux, tu les inscriras sur les montants de la porte de ta maison et à l’entrée de ta ville.» (Deutéronome VI, 4-9). Yahvé (qui signifie «il est» en hébreu) est le nom de Dieu le plus fréquent dans la Bible. Il s’écrit encore YHWH, forme consonantique imprononçable, car les Hébreux croyaient à l’interdiction de prononcer le nom sacré de Dieu. Ils évitaient aussi ce sacrilège en l’appelant Seigneur (Adonaï). Yahvé est plein de justice et de rigueur pour Israël, peuple élu de ses enfants.

Peuple élu et morale universelle Selon la Tradition, la grâce divine s’étend à tous les peuples, mais Dieu a conclu une alliance particulière avec les Hébreux. Ce fait religieux est tout à fait inédit, car jusqu’alors seule l’alliance entre égaux était concevable, c’est-à-dire entre hommes, et non entre les hommes et Dieu. Aussi la vertu religieuse par excellence pour les juifs est-elle la loyauté envers leur allié. Les Hébreux n’ont cependant pas été élus en fonction d’un privilège particulier; ils doivent apporter la parole divine à l’humanité par leur exemple. L’alliance n’est pas pour autant conclue entre Dieu et des individus isolés, mais avec la collectivité entière. Dieu est généreux et supporte le crime, la rébellion et la faute, mais il est d’autant plus sévère avec Israël, et la responsabilité est, à l’origine, collective.La croyance en la venue d’un Messie (nom signifiant «oint par le Seigneur» et traduit par «christ» en grec) est une source d’espoir pour les juifs: il établira l’ère de la justice et reconnaîtra les droits d’Israël. Mais, selon la croyance en une fin des temps, ce règne de Dieu sera précédé de temps tragiques et douloureux. C’est pourquoi les moments les plus dramatiques de l’histoire du peuple juif ont généralement avivé l’espoir messianique. Mais la foi juive n’a jamais été formulée en un dogme officiel, et ses fidèles ont une latitude considérable en matière de croyance, notamment quant au Messie, à l’attente de temps meilleurs et à l’immortalité.Le Judaïsme met en effet davantage l’accent sur la conduite que sur l’application précise d’un code religieux. Il est donc difficile de séparer le droit et la morale de la religion: toute faute est plus ou moins un péché. On comprend alors que les lois juives recouvrent tous les domaines de la vie. Le Judaïsme est une religion d’ici-bas. Yahvé règne, et non les rois, et Israël est parfois dénommé «royaume de prêtres». L’objectif est la justice et la paix sur Terre.

Les sources du Judaïsme: Le Livre de la Loi La principale source de la foi juive est la Bible hébraïque (l’Ancien Testament des chrétiens), qui se compose de 24 livres. La Torah («Loi»), ou Pentateuque, qui comprend les 5 premiers livres, est considérée comme la première révélation, éternellement valable, de Dieu et de sa Loi à l’humanité. Ce sont la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome.Là, en effet, se trouve le Décalogue (les dix commandements, Exode XX, 2-14), base morale de toutes les autres lois juives et de la morale chrétienne. Les commandements ont été dictés à Moïse sur le mont Sinaï. Ils furent gravés sur deux tables et conservés dans l’«arche d’Alliance» (arche signifie «boîte») jusqu’à la destruction du premier Temple de Jérusalem en 70 après J.-C. Aux deux tables correspondent deux séries de commandements. Sur celle de droite, car l’hébreu se lit de droite à gauche, figurent les devoirs de l’homme à l’égard de Dieu: le monothéisme, le rejet des images et des idoles, l’interdiction des faux serments, l’obligation du sabbat et le respect de son père et de sa mère, conçu ici comme un corollaire de l’amour de Dieu. Sur la table de gauche sont inscrits les devoirs de l’homme envers son prochain: le très célèbre interdit «Tu ne tueras pas», puis «Tu ne commettras pas d’adultère», et l’interdiction du vol, du faux témoignage et de la convoitise. Ces commandements constituent la Loi écrite, fondement du Judaïsme.Moïse reçut aussi un commentaire avec cette loi écrite, son complément indispensable: la loi orale. Transmise de génération en génération et sans cesse enrichie de nouvelles interprétations, cette loi vivante constitue l’âme vigilante d’Israël, toujours capable de faire face aux situations et aux questions inédites. Au cours des siècles, ces commentaires reçurent toutefois une certaine forme de cristallisation écrite; ce furent successivement la Mishna, le Talmud, puis les Commentaires et les Codes. Ainsi le Judaïsme n’a-t-il jamais cessé d’évoluer.

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