Archive pour janvier, 2016

SAINTE AGNÈS DE ROME

21 janvier, 2016

SAINTE AGNÈS DE ROME  dans images sacrée agnes.2

http://www.wiumlie.no/2013/12-31/

SAINTE AGNÈS DE ROME – MARTYRE (? V. 304)

21 janvier, 2016

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/471/Sainte-Agnes-de-Rome.html

SAINTE AGNÈS DE ROME – MARTYRE (? V. 304)

Il est certain qu’il y eut à Rome vers cette date, une fillette de treize ans qui mourut volontairement pour la foi en Jésus-Christ. La nouvelle s’en répandit très vite chez les chrétiens de l’Empire. On s’indigna de la cruauté des bourreaux, on s’apitoya sur la jeune victime, dont le nom se perdit au fur et mesure que la distance était lointaine de Rome. Et comme on ne savait pas exactement son nom, elle est devenue Agnès(*). Sainte Agnès de Rome, mosaïque Elle devint un personnage légendaire, chacun imaginant le comment de sa mort. En Occident, on transmit la tradition qu’elle eut la tête coupée; en Orient, on dit qu’elle aurait été enfermée dans un lupanar où personne n’osa la toucher avant d’être brûlée vive. Quoi qu’il en soit des détails de son martyre, gardons présent à notre mémoire comme un exemple, ce fait historique qu’une jeune romaine de treize ans n’hésita pas à sacrifier la vie terrestre qui s’ouvrait à elle, pour se donner à la vie du Dieu qu’elle adorait. Saint Ambroise, évêque de Milan, dira d’elle qu’elle sût donner au Christ un double témoignage : celui de sa chasteté et celui de sa foi. (de virginitate. II. 5 à 9) Illustration: Mosaïque de la basilique. (*)Agnë, est un adjectif grec, le latin a ajouté le s. En 300 après JC le peuple parlait encore grec à Rome, où vivaient bien des étrangers. Agnê veut dire « pur », « net », « intègre » de corps et d’âme, donc pure, chaste. Saint Ambroise nous a transmis son martyre, 70 ans après, De Virginibus, Livre I, Chapitre 2, et il explique bien ce rapprochement: Agnès, pure de corps et d’âme a pu offrir à Dieu sa promesse de virginité et le sacrifice de sa vie qu’elle a accepté. (d’autres sources indiquent qui donne sa vie comme l’agneau de Dieu, d’où son nom d’Agnès) Catacombes de Sainte-Agnès: la célèbre et très jeune martyre romaine, fut ensevelie dans cette catacombe, sur le versant gauche de la Via Nomentana… Le catacombe di S. Agnese (site en italien) Selon la tradition en la fête de sainte Agnès le Pape a béni ce matin, 21 janvier, les agneaux dont la laine servira à tisser les palliums, que les nouveaux Archevêques métropolitains recevront le 29 juin prochain, en la solennité des apôtres Pierre et Paul. Le pallium est un ornement porté par dessus la chasuble, qui symbolise l’union privilégiée d’un pasteur, à la tête d’une région ecclésiastique, avec le Souverain Pontife. Les agneaux, symbole de sainte Agnès, sont élevés par les trappistes de l’abbaye des Trois Fontaines, et les palliums tissés par les religieuses de Ste Cécile au Transtévère. (VIS) Mémoire de sainte Agnès, vierge et martyre. Au début du IVe siècle, encore jeune fille, elle offrit à Rome le témoignage suprême de la foi et consacra par le martyre la marque de sa chasteté; car elle triompha tout ensemble et de son jeune âge et du tyran, elle acquit l’admiration générale des peuples et emporta une gloire encore plus grande auprès de Dieu. Elle fut mise au tombeau en ce jour sur la voie Nomentane.

Martyrologe romain A moi aussi, Dieu veuille m’accorder de ne condamner personne et de ne pas prétendre que je suis seul à être sauvé. Je préfère mourir plutôt que de sentir ma conscience tourmentée pour avoir trahi ma foi en Dieu, en quelque façon que ce soit. Saint Maxime le Confesseur, que les Eglises d’Orient fêtent aujourd’hui

HILAIRE DE POITIERS – (« NOMBREUX SONT LES CHEMINS DU SEIGNEUR… »)

21 janvier, 2016

http://peresdeleglise.free.fr/textes.htm

HILAIRE DE POITIERS – (« NOMBREUX SONT LES CHEMINS DU SEIGNEUR… »)

« Nombreux sont les chemins du Seigneur, bien qu’il soit lui-même le chemin. Mais lorsqu’il parle de lui-même, il se nomme le chemin et il en montre la raison lorsqu’il dit : Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Il faut donc interroger beaucoup de chemins et nous devons en fouler beaucoup pour trouver le seul qui soit bon ; c’est-à-dire que nous trouverons l’unique chemin de la vie éternelle en traversant la doctrine de chemins nombreux. Car il y a des chemins dans la Loi, des chemins chez les prophètes, des chemins dans les évangiles, des chemins chez les Apôtres ; il y a aussi des chemins dans toutes les actions qui accomplissent les commandements, et c’est en les prenant que ceux qui marchent dans la crainte de Dieu trouvent le bonheur. » (Commentaire sur le Psaume 127, 3). « Le Seigneur dit : C’est ici mon repos à tout jamais et il choisit Sion pour le lieu de sa demeure. Mais Sion et son temple sont détruits. Où se tiendre le trône éternel de Dieu ? Où son repos à tout jamais ? Où sera son temple pour qu’il y habite ? L’Apôtre nous répond : le temple de Dieu, c’est vous ; en vous habite l’Esprit de Dieu. Voilà la maison et le temple de Dieu [...] Mais cette demeure, c’est Dieu qui l’édifie. Construite de main d’home, elle ne durerait pas, ni même si elle était fondée sur les doctrines humaines. Nos vains labeurs et nos inquiétudes ne suffisent pas à la protéger. Le Seigneur s’y prend bien autrement : il ne l’a pas fondée sur la terre ni sur les sables mouvants, mais elle repose sur les Prophètes et les Apôtres ; elle se construit sans cesse de pierres vivantes. Elle se développera jusqu’aux ultimes dimensions du corps du Christ. Sans cesse son édification se poursuit… » (Traité sur le Psaume 64, extrait cité in J.R. Boucher, 1994, Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes, Cerf, pp. 361-362). « Quelle est en nous l’action de l’Esprit ? Ecoutons les paroles du Seigneur lui-même : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter maintenant. Il vous est bon que je m’en aille, car si je m’en vais, je vous enverrai un avocat. » Il dit encore : « Je prierai le Père et il vous enverra l’Avocat pour qu’il soit avec vous à jamais, l’Esprit de vérité qui vous conduira à la vérité tout entière ; car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu’il entendra, il vous le dira, et il vous annoncera les choses à venir. » En ces mots nous sont révélés la volonté du donateur, ainsi que la nature et le rôle de celui qu’il nous donne. Car notre infirmité n’étant capable de connaître ni le Père ni le Fils, et difficile notre Foi en l’Incarnation de Dieu, le don de l’Esprit nous illumine, se faisant notre allié par son intercession. ? » (De Trinitate, XXXIII, in Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes de Jean-René Bouchet, Cerf, 1994, pp. 221-222). « Qui s’appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion, il ne chancelle pas, il est stable à jamais. Suivons l’Apôtre, suivons l’Evangile, suivons le Prophète. Appuyons-nous sur le Seigneur pour devenir conformes à son corps de gloire. Habitons maintenant l’Eglise, la Jérusalem de gloire. Habitons maintenant l’Eglise, la Jérusalem du ciel, afin d’être stables à jamais. Nous avons appris que cette maison doit être désirée et qu’elle est aimée par beaucoup ; l’Ecriture dit en effet : « Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie. » Allons dans la maison du Seigneur. Là est notre joie, là notre allégresse, car on nous a dit : allons dans la maison du Seigneur, Jérusalem, bâtie comme une ville, jusqu’à ce qu’y entre – comme dit l’Apôtre – la plénitude des gentils, et alors le reste d’Israël sera sauvé. Alors nous serons la cité de Dieu, la sainte Jérusalem où tout ensemble fait corps, par l’unité de la foi, par la communion de l’amour, par la concorde du vouloir et des oeuvres, par le don d’un sacrement unique en tous, selon ce qui est écrit : ils avaient un seul coeur et une seule âme dans le Seigneur. »(Traité sur le Psaume 64, cité in Lectionnaire pour les dimanches et pour les fêtes de Jean-René Bouchet, pp. 362-363). Qu’il est bon, qu’il est joyeux pour des frères d’habiter ensemble ! Il est bon et joyeux pour des frères d’habiter ensemble parce qu’en habitant le même lieu, ils forment un groupement d’Eglise ; on les appelle frères, parce qu’ils sont d’accord par la charité qui leur donne un seul vouloir. Nous savons que ce grand précepte s’est réalisé au début de la prédication des Apôtres, puisque nous pouvons lire : Tous ceux qui avaient adhéré à la foi avaient un seul coeur et une seule âme. Ainsi convenait-il au peuple de Dieu d’être des frères ayant un seul Père, de ne faire qu’un par un seul Esprit, de vivre unanimes dans une seule maison, d’être les membres d’un seul corps. » (Commentaire sur le Psaume 132) Le fleuve de Dieu regorge d’eau, c’est ainsi que tu apprêtes leur nourriture. Il n’y a pas de doute à avoir sur ce fleuve, car le Prophète dit aussi : L’élan du fleuve réjouit la cité de Dieu. Et le Seigneur lui-même dit, dans les Evangiles : Celui qui boit de l’eau que je lui donnerai, des fleuves d’eau vive couleront de son coeur, jaillissant en vie éternelle. Et encore : Celui qui croit en moi, comme dit l’Ecriture, des fleuves d’eau vive jailliront de son coeur. Jésus disait cela de l’Esprit Saint que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. Donc, ce fleuve de Dieu regorge d’eau. Car nous sommes inondés par les dons de l’Esprit Saint, et le fleuve de Dieu, regorgeant d’eau, se déverse en nous à partir de cette source de vie. » (Comment. sur le Ps 64, 14-15) « J’en ai conscience Père, Dieu tout-puissant : c’est à toi que je dois consacrer l’occupation principale de ma vie. Que toutes mes paroles et mes pensées s’entretiennent de toi. » (Prière d’Hilaire de Poitiers au commencement du Traité sur la Trinité). « Le ciel tout entier tient dans le paume de Dieu et la terre toute entière est enclose dans son poing. Or la parole de Dieu fait bien sûr toujours profit à l’intelligence d’un esprit religieux ; cependant elle contient encore plus de sens lorsqu’on l’examine au-dedans par la pensée qu’au moment où on la reçoit au dehors par l’ouïe . De fait le ciel enclos dans la paume de Dieu est en même temps son trône et la même terre qui tient dans son poing est l’escabeau de ses pieds. Cela ne permet pas de concevoir, sur le trône et l’escabeau, une apparence corporelle s’étalant dans l’attitude de quelqu’un d’assis, puisque ce qui est pour elle trône et escabeau, cette infinité puissante le prend dans sa paume et l’enclôt en son poing. Mais grâce à cela, on saurait que Dieu, au-dedans et au dehors, est toujours présent à l’origine des créatures, qu’il est à la fois transcendant et immanent, c’est-à-dire répandu autour de toutes choses et en elles. Tenir dans la paume et le poing manifesterait donc l’être puissant sur la nature extérieure ; le trône et l’escabeau montreraient les êtres extérieurs à lui subordonnés comme à l’être intérieur. Ces êtres extérieurs à lui, au-dedans desquels il réside, voici qu’à l’inverse, extérieur à eux, ce même Etre les enclôt, intérieurs à lui. C’est ainsi qu’il tient tout entier toutes choses et du dedans et du dehors : infini qu’il est, il n’est rien dont il soit absent et rien non plus qui ne soit en lui, qui est infini. (La Trinité 1, 6)

Notre Père

20 janvier, 2016

Notre Père dans images sacrée notre_pere

http://www.steloi.com/spip.php?article318

L’ALLIANCE JUIFS-CHRÉTIENS SELON JEAN-MARIE LUSTIGER

20 janvier, 2016

http://laregledujeu.org/2011/03/18/5166/l%E2%80%99alliance-juifs-chretiens-selon-jean-marie-lustiger/

L’ALLIANCE JUIFS-CHRÉTIENS SELON JEAN-MARIE LUSTIGER

A PROPOS D’ALLIANCE, LE LIVRE POSTHUME DE LUSTIGER.

par Michaël de Saint-Cheron

18 MARS 2011

L’Alliance [1], ce livre posthume de Jean-Marie Lustiger, s’ouvre sur deux problématiques, celle de l’exergue d’abord : « Je le sais, je suis une provocation vivante qui oblige à s’interroger sur le christianisme historique du Messie. » Pourquoi la philosophie et la religion juives n’ont-elles pas provoqué des conversions ou des proximités de philosophes, de penseurs, comparables à celles exercées sur Bergson, Chestov, Simone Weil, Edith Stein, Lustiger, par le christianisme ? Pourquoi le destin de Lustiger n’a-t-il pas d’équivalent dans le monde juif ? La seconde problématique est celle de Paul de Tarse, que le cardinal juif ne pouvait pas ne pas reprendre en la questionnant avec son regard si spécifique quant à la réponse qu’il apportait. Pourquoi le peuple juif suscite-t-il la haine et le rejet de la part « des nations païennes et de leurs rois » ? En quoi et pourquoi la haine et la persécution à l’égard des Juifs touchent-elles aux fondements mêmes de l’Histoire sainte et du Salut, selon une lecture chrétienne mais aussi juive du monde ? La première partie du livre reprend parallèlement à son chapitre du Choix de Dieu sur sa conversion, son discours « Les Juifs et Nous Chrétiens », prononcé au lendemain de l’attentat de la rue Copernic (Paris, 1980). Ce « Nous chrétiens » employé ici, par Lustiger, renvoie inéluctablement à un autre texte dont je cite plusieurs lignes : « Ainsi donc, pour répondre à notre question : « Pourquoi Dieu s’est-il tu ? », la Torah nous invite à nous demander : « Pourquoi Dieu a-t-il été fidèle à l’alliance conclue avec Noé jusqu’à en faire payer le prix, insupportable, à son peuple ? » Je ne crois pas que nous ayons d’autre réponse que celle-ci : Ensemble, juifs, nous nous découvrons survivants de la Shoah, vivants [2]. » Ces paroles stupéfiantes, il les a prononcées le 26 avril 1995 à l’Université de Tel Aviv, lors du colloque sur la Shoah, « Le silence de Dieu ». Voilà une amphibologie percutante, passage de l’un à l’autre qui mérite la plus haute attention. Il faut comprendre que le cardinal Lustiger se voulait signe vivant dans les deux sens de la signifiance : Juif converti au regard des chrétiens, en particulier des catholiques et catholique d’appartenance juive, dont la mère (même s’il n’en parlait que fort rarement) fut victime de la barbarie nazie face aux Juifs. La question est donc double. À l’antisémitisme de tant de chrétiens à travers l’Histoire et à la question qui leur est posée par le destin juif, la Shoah et la création de l’État d’Israël, correspond celle qui touche le peuple juif en propre, qui « doit accepter d’être sans cesse jugé par le jugement dont il est le signe » (p. 16). Si en devenant chrétiens, les païens prennent sur eux la réalisation « encore en espérance [de] la promesse, faite à Israël, que les païens connaîtraient Dieu », les Juifs n’en sont pas pour autant quittes avec les chrétiens. La question est là encore double : si les chrétiens ne peuvent prétendre être le verus Israël, quel est leur statut de peuple de Dieu à côté de leurs frères juifs et acceptent-ils ce rôle de frères cadets, que Jean-Paul II avait le premier accepté au regard de toute l’Église, le jour où il traversa le Tibre pour se rendre à la grande Synagogue de Rome ? L’autre question est celle-ci : que sont les chrétiens pour les juifs croyants ? Des païens, des adorateurs du vrai Dieu, leurs frères cadets ? Et que font-ils de la personne de Jésus ? Ils n’y adhèrent pas certes, mais qu’est-il pour eux ? Depuis Jules Isaac et tant d’autres nobles juifs comme le grand-père d’Amos Oz, Jésus est parfois considéré comme la plus haute figure du peuple juif, pourtant les Juifs dans leur majorité ne peuvent le reconnaître comme Messie, ainsi que de Maïmonide à Rosenzweig et Levinas nos plus éminents penseurs et philosophes le réaffirmèrent. Elie Wiesel, lui, lors d’un dialogue mémorable avec le cardinal Lustiger, sur le plateau d’un certain Frédéric Mitterrand (« Du côté de chez Fred », Antenne 2, 7 septembre 1989), lui avait dit : « Tu n’es pas un païen pour moi. Tu es un homme de foi et je respecte ta foi. » Ce dialogue unique entre deux hommes d’exception, a été oublié dans ce volume de L’Alliance [3]. On peut le regretter. Moins que jamais donc les chrétiens comme les juifs ne peuvent faire l’économie de ces questions et, c’est là toute la force du livre du cardinal Lustiger que de nous obliger à les regarder de face et à y répondre au moins à titre individuel. Il est temps que les Églises reconnaissent également, ce qui est une évidence pour tant de chrétiens, que les « juifs sont auprès du Père depuis le Sinaï » et qu’ils n’ont aucun besoin de l’intercession de Jésus pour cela, ainsi que Franz Rosenzweig l’avait  écrit à la veille du premier conflit mondial. Portons attention aux cruciales questions théologiques, philosophiques  et humaines que lègue aux uns et aux autres, Jean-Marie Aron Lustiger, à  l’orée du XXIe siècle, qui verra s’éteindre non pas la mémoire juive, mais les derniers Témoins de la Shoah… Le cardinal portait en lui au plus haut degré de conscience la certitude qu’une nouvelle phase des relations judéo-chrétiennes s’ouvrait à nous, celle d’une mission commune. Cette mission, trop peu sans doute en ont une profonde conscience. De quoi s’agit-il ? D’une transmission du message éthique de la Bible selon lequel le visage humain porte sur lui la trace d’une transcendance et qu’il est inviolable. Pour le cardinal Lustiger il ne faisait pas de doute que juifs et chrétiens doivent témoigner pour et devant l’humanité d’une nouvelle approche – fût-elle agnostique ! – de l’unicité de l’homme.

[1] Presses de la Renaissance, 2010. [2] La Promesse, Parole et silence, 2002. [3] J’en avais, pour ma part, publié les extraits les plus saisissants dans mon Wiesel, ce méconnu (précédé de mes Entretiens avec Elie Wiesel), Parole et Silence, 2008.

LA SPÉCIFICITÉ DU DIALOGUE JUDÉO-CHRÉTIEN DANS LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX,

20 janvier, 2016

http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/208/article8.html

LA SPÉCIFICITÉ DU DIALOGUE JUDÉO-CHRÉTIEN DANS LE DIALOGUE INTERRELIGIEUX,

PAR FLORENCE TAUBMANN

Dans les cercles de l’Amitié judéo-chrétienne, la spécificité du dialogue judéo-chrétien relève de l’évidence. Jésus n’était-il pas juif ? Le christianisme ne vient-il pas du judaïsme ? Et depuis sa naissance en 1947 le travail de dialogue accompli par des juifs et des chrétiens n’accumule-t-il pas preuve sur preuve de cette spécificité ? Pourtant, il ne faudrait pas prendre pour une évidence ce qui relève en réalité d’un choix, d’un travail intellectuel et d’un approfondissement spirituel. En effet, si le dialogue judéo-chrétien est devenu très spécifique par rapport à d’autres dialogues interreligieux, c’est en raison d’un investissement dans ce dialogue, pour des raisons diverses et variées selon les personnes : raisons historiques, raisons religieuses, raisons familiales. Pour certains chrétiens, la découverte de la Shoah et le questionnement qu’elle a ouvert sur la responsabilité historique des chrétiens et théologique du christianisme ont joué un rôle majeur dans ce désir d’investissement dans le dialogue. Car après s’être porté à l’écoute de nombreux témoignages de la souffrance juive, ils n’ont pas voulu en rester à cette mémoire tragique, et ont désiré faire connaissance du judaïsme. Alors le dialogue judéo-chrétien est né d’une passion ou est devenu une passion ; passion qui parfois devient communicative, et parfois effraie, comme toute passion. En ce cas l’argument de raison consistant à invoquer la judéité de Jésus et l’enracinement biblique et historique du christianisme dans le judaïsme ne suffit pas à convaincre de la spécificité du dialogue judéo-chrétien qui ne veut pas en être convaincu, ou qui est persuadé du contraire. Et les réticences peuvent provenir, soit d’une difficulté à appréhender le judaïsme lui-même, soit plus largement d’une réticence à dialoguer avec les autres religions quelles qu’elles soient.

Différentes attitudes chrétiennes face aux autres religions Notre contexte multiculturel et le pluralisme religieux de nos sociétés peuvent faussement nous faire croire que l’ouverture à l’autre est devenue à la fois nécessaire et évidente. Or rien n’est moins vrai, et s’il ne veut pas rester dans le vœu pieux ou son propre carcan religieux, le chrétien doit s’interroger en profondeur sur le regard qu’il porte sur l’autre religion. Dans une conférence, donnée il y a plusieurs années, sur la relation du christianisme avec les autres religions, le professeur de théologie André Gounelle répartissait les attitudes chrétiennes devant les autres religions en quatre catégories. Il peut être intéressant de les rappeler aujourd’hui : la première attitude est celle de ceux qui sont par principe hostiles à tout dialogue de type religieux. Le christianisme ayant pour eux le monopole de la vérité, sur le plan religieux, seule la conversion est possible pour assurer le salut. Et il n’y a rien à recevoir des autres religions. Cette attitude correspond à la position traditionnelle des Églises ; aujourd’hui les choses ont changé, mais ce point de vue existe encore, et il n’est pas que celui des intégristes. Il concerne aussi bien le judaïsme que les autres religions et peut d’ailleurs s’accompagner d’une grande tolérance envers les personnes. On peut qualifier cette position d’exclusiviste. la deuxième catégorie n’oppose pas les religions à la foi chrétienne, mais elle les traite en auxiliaires, en instruments préparatoires pédagogiques. Les religions sont donc subordonnées à la foi chrétienne, car sans le savoir elles sont en attente du Christ, ou bien elles sont visitées par lui de manière invisible, l’idée étant que le christianisme seul offre la plénitude à ce qui reste inachevé chez les autres. Cette attitude peut être qualifiée d’impérialiste. la troisième catégorie considère que toutes les religions ont une valeur spirituelle propre et qu’elles révèlent toutes quelque chose de la réalité ultime. Il n’y a pas de monopole de la vérité. Mais cette attitude aboutit facilement, soit à une vision multiculturaliste qui génère un renoncement à l’universalisme, soit à une vision syncrétiste qui tend à la recherche d’une religion universelle. Cette attitude est relativiste. la dernière catégorie a une attitude pluraliste. Elle considère qu’il y a plusieurs révélations de Dieu, mais qu’elles ne sont pas sur le même plan et qu’il faut donc des critères, des normes pour les évaluer. Par exemple ce peut être la norme éthique. Et André Gounelle cite Albert Schweitzer pour qui la norme éthique valable pour toutes les religions était ce qui favorise la vie ou ce qui la détruit. Ou encore il évoque le théologien Paul Tillich, pour qui la religion générant le meilleur et le pire, le critère d’évaluation de toute religion peut être sa capacité d’autocritique et de réformation. Ce qu’il y a de fécond dans cette approche, c’est qu’elle ouvre le processus de dialogue interreligieux par ce travail commun d’élaboration de normes d’évaluation, au-delà duquel le dialogue est invité à se poursuivre. Le christianisme s’est vécu comme héritier du judaïsme, mais dans une perspective de dépassement. Jésus était juif et n’a jamais cessé de l’être, ses disciples également. Le christianisme s’est d’abord développé à l’intérieur du judaïsme.

L’attitude chrétienne face au judaïsme Ce rappel des attitudes chrétiennes face aux autres religions nous aide à découvrir la spécificité de la relation entre christianisme et judaïsme. Cette spécificité est liée à un paradoxe : le christianisme s’est vécu comme héritier du judaïsme, mais dans une perspective de dépassement. Jésus était juif et n’a jamais cessé de l’être, ses disciples également. Le christianisme s’est d’abord développé à l’intérieur du judaïsme. Après la mort de Jésus, les premiers païens à devenir chrétiens sont devenus en fait juifs-chrétiens, avant que leur nombre et les exigences de la loi juive ne mettent en question la nécessité de cette entrée dans le judaïsme pour devenir chrétien. Ce débat est notamment présenté au chapitre 15 du Livre des Actes des apôtres, à l’assemblée de Jérusalem que l’on situe vers l’an 5 1. C’est Paul, ancien pharisien converti au Christ, qui incarne ce tournant majeur où christianisme et judaïsme vont se séparer et bientôt s’opposer violemment. Même si le souci de Paul pour les non-juifs n’est pas en totale contradiction avec la préoccupation juive du sort des nations de la terre, sa prédication d’un Évangile universel fera de l’Église le nouvel Israël et de la Nouvelle Alliance l’accomplissement de l’Ancienne. Ceci fondera la théologie de la substitution. Par ailleurs dès sa naissance, le christianisme a mené une ardente polémique contre la loi juive en lui opposant la grâce : seule la foi en Jésus assure le salut. À la génération de Paul, cet exclusivisme est d’autant plus fort que l’on croit vivre la fin des temps et que l’on attend la parousie, c’est-à-dire le retour du Christ. Même si la perspective de Paul est l’invitation à la foi et non l’exclusion, il sème avec zèle les germes du futur exclusivisme chrétien, qui ne voit aucun salut hors du Christ. De plus, la rédaction des quatre évangiles, qui s’étale de l’an 70 à l’an 100, est profondément marquée par les conflits, de plus en plus aigus, qui opposent pagano-chrétiens, judéo-chrétiens et juifs. Entre les attaques contre les scribes, les pharisiens et les sadducéens, et la narration du procès de Jésus, les évangiles vont être parsemés des ingrédients propres à générer l’accusation des juifs qui restera séculaire comme peuple déicide. Et plus tard, certains Pères de l’Église enfermeront l’Ancien Testament dans un sens christocentrique, c’est-à-dire qu’ils l’interprèteront exclusivement comme annonce du Christ. Dès lors, dans l’histoire chrétienne, il n’y aura plus pour les juifs qu’une solution pour être sauvés : celle de se convertir. De siècle en siècle se transmettra un antijudaïsme alimenté par l’argumentation théologique et des décisions doctrinales et politiques discriminantes. Les juifs, rendus errants et misérables, seront présentés comme les témoins permanents de la malédiction de Dieu, leur sort relevant du châtiment divin pour n’avoir pas cru au Christ et l’avoir tué. Pascal écrit encore dans Les Pensées : « C’est une chose étonnante et digne d’une étrange attention, de voir ce peuple juif subsister depuis tant d’années, et de le voir toujours misérable : étant nécessaire pour la preuve de Jésus-Christ et qu’il subsiste pour le prouver, et qu’ils soit misérable, puisqu’ils l’ont crucifié : et quoiqu’il soit contraire d’être misérable et de subsister, il subsiste néanmoins toujours, malgré sa misère… » Cet antijudaïsme aura des répercussions sociales importantes en livrant régulièrement les juifs à la vindicte populaire dans les temps de crise ou de malheur, et ce dans presque tous les pays d’Europe. S’il faut donc distinguer antijudaïsme et antisémitisme, l’histoire empêche de les séparer, et même s’il a existé un antisémitisme avant et en dehors du christianisme, les thèses de l’antijudaïsme chrétien, « l’enseignement du mépris » comme l’a qualifié l’historien Jules Isaac, ont été un terreau nourricier de l’antisémitisme. Il note dans son livre Jésus et Israël que même la Réforme protestante, qui se caractérise pourtant par un retour à la Bible, et en particulier au texte hébreu de l’Ancien Testament, n’apporta pas de grand changement et continua de professer des thèses anti-juives.

De la repentance à la reconnaissance du judaïsme par le christianisme Sur le plan théologique, il faudra attendre que le choc de la Shoah agisse sur les consciences, pour que des positions officielles expriment un revirement à l’égard du judaïsme. La naissance de l’Amitié judéo-chrétienne en 1947 allait ouvrir une époque de connaissance mutuelle et de travail en commun, se donnant pour but de « travailler à réparer les iniquités dont les juifs et le judaïsme ont été victimes depuis des siècles, à en éviter le retour, et à combattre l’antisémitisme et l’antijudaïsme dans toutes leurs manifestations », tout en excluant « de son activité toute tendance au syncrétisme et toute espèce de prosélytisme » (article 2 des statuts). Pour l’Église catholique, le concile Vatican II allait inaugurer un changement radical dans ses relations avec le judaïsme. L’article IV du document Nostra Aetate, encore ambigu et insuffisant à bien des égards, franchissait cependant un pas immense en rompant avec les thèses séculaires de l’antijudaïsme et en reconnaissant au peuple juif une vocation toujours actuelle. Pour l’affirmer, il s’appuyait sur cette parole de Paul dans l’épître aux Romains 11,29 : « Les dons gratuits et l’appel de Dieu sont irrévocables. » Les implications de cette ouverture allaient être importantes : non seulement la préparation des consciences à la démarche de repentance vis-à-vis du peuple juif, mais aussi l’affirmation des racines juives du christianisme et du lien vivant et privilégié qu’il doit entretenir avec son « frère aîné ». Le Père Jean Dujardin, dans son livre L’Église catholique et le peuple juif 1, relate tout ce parcours accompli en présentant les documents officiels qui en témoignent. Mais d’autres implications se faisaient entrevoir dès le début, qui expliquent la réserve de beaucoup de catholiques et notamment des patriarches des Églises orientales : la mise en cause de l’antijudaïsme séculaire entraîne une mise en cause de la Tradition, qui, dans le catholicisme, est une des deux sources de la révélation, avec la Bible. Côté protestant, un grand travail a été également accompli depuis la fin de la seconde guerre mondiale dans les différents pays d’Europe. Entre 1996 et 2000, la communion ecclésiale de Leuenberg, qui réunit depuis 1973 les Églises luthériennes et réformées d’Europe, a élaboré un document Église et Israël 2, dans lequel sont reconnues « les interprétations fautives de certaines affirmations et traditions bibliques », responsables pour une grande part de la malveillance des chrétiens à l’égard du peuple d’Israël. Le chapitre 11 de l’épître aux Romains est également sollicité pour rappeler les racines juives du christianisme, la pérennité de l’élection du peuple juif, et encourager les uns et les autres à la connaissance mutuelle et au dialogue. De ce fait la relation au judaïsme ne peut être considérée comme relevant du seul rapport externe du christianisme avec les autres religions, mais comme nécessaire à la compréhension interne que l’Église a d’elle-même. Cette affirmation est essentielle et a des conséquences à la fois théologiques et ecclésiologiques majeures, car elle suggère qu’un christianisme qui voudrait effacer ou refouler son lien avec le judaïsme d’hier mais aussi d’aujourd’hui se trahirait lui-même.

Devoirs du christianisme vis-à-vis du judaïsme et vis-à-vis de lui-même Tout en attendant les réponses du judaïsme à ce travail de réparation et de reconnaissance, le christianisme se doit de mener à bien le défi qu’il s’est lancé concernant sa relation nouvelle au judaïsme. Son premier devoir est d’ordre herméneutique et apologétique. Il s’agit de faire en sorte que les avancées théologiques réalisées par les groupes de chercheurs soient communiquées à la base et aient un impact sur les esprits. Ceci se fait à travers la formation, la catéchèse, l’enseignement biblique, la liturgie. C’est à ce niveau qu’il convient de rappeler un travail réalisé par une commission de l’Amitié judéo-chrétienne de France sur l’évangile de Jean : il s’agit d’une nouvelle traduction du mot « juif » dans l’évangile de Jean, visant à remettre en contexte ce qui apparaît souvent à la lecture comme une accusation sans appel des juifs en général 3. Et une nouvelle commission examine maintenant les liturgies chrétiennes et les lectionnaires, avec ce même souci d’analyse du rapport chrétien au judaïsme et de nouvelle pédagogie. Car c’est au niveau de la vie des Églises et des communautés que se situe l’épreuve de vérité. Y a-t-il un nouveau regard sur les juifs, sur le judaïsme, et en quoi le dialogue judéo-chrétien peut-il l’enrichir ? Cette question nous renvoie à deux autres questions : la formation des responsables d’enseignement et de prédication. Quels moyens se donnent les Églises pour assurer cette formation ? la baisse de fréquentation des Églises fait que de nombreuses personnes élevées dans le christianisme échappent aujourd’hui à son influence et à son enseignement. C’est ce que constate, avec beaucoup de justesse, Catherine Challier dans le livre écrit avec Marc Faessler Judaïsme et christianisme, l’écoute en partage : « La déchristianisation ne constitue-t-elle pas une donnée significative pour le dialogue entre un juif et un chrétien ? Des esprits qui ont reçu une culture religieuse chrétienne – ou juive d’ailleurs – dans leur enfance, puis s’en sont détachés afin de penser au diapason des valeurs du siècle, demeurent souvent peu disposés à chercher une pensée qui appelle à la vie et au dialogue derrière les préjugés dont ils restent héritiers sur leur Église ou sur le judaïsme 4. » Il y a donc aujourd’hui un énorme chantier à réaliser pour faire connaître les fruits du dialogue judéo-chrétien, mais il faut réaliser que cette communication doit se faire au-delà même des Églises chrétiennes, dans l’espace public. La télévision peut en être un outil performant, notamment le cadre des émissions religieuses du dimanche matin, qui sont très regardées par un public ne se rendant pas souvent aux offices, de même que sont écoutées les émissions religieuses sur France-Culture. Par ailleurs, l’Amitité judéo-chrétienne prépare pour l’automne prochain une semaine qui concentrera un certain nombre de rencontres et d’événements. Mais l’enjeu reste la sensibilisation de la jeunesse et la médiatisation auprès d’un large public. Un exemple dynamique a été donné par l’Amitié judéo-musulmane qui a su fêter joyeusement sa naissance il y a deux ans et organiser une sorte de tour de France. Mais le travail théologique doit également se poursuivre pour comprendre la vocation d’Israël et du judaïsme telle que celui-ci la conçoit. Jusqu’à présent, les travaux réalisés côté chrétien ont veillé à rendre justice au judaïsme mais aussi à ce que cet acte de justice ne touche pas vraiment au cœur de la révélation chrétienne. Or l’affirmation que la relation au judaïsme ne relève pas d’une relation extérieure mais affecte la compréhension que l’Église a d’elle-même conduit obligatoirement le christianisme à se repenser lui-même par rapport au judaïsme. Pour faire l’expérience de la vérité juive il ne suffit pas d’avoir abandonné les termes traditionnels et méprisants d’aveuglement et d’endurcissement. Il faut aller plus loin en remplaçant par exemple le mot « endurcissement » par « fidélité », et le mot « aveuglement » par « lucidité ». Il n’est de véritable dialogue judéo-chrétien qui n’interroge en profondeur la foi chrétienne, et qui ne comporte donc un risque pour elle. Le Cardinal Ratzinger, bien avant d’être pape, déclarait dans son livre L’Unique Alliance de Dieu et le pluralisme des religions : « La question demeure posée : la foi chrétienne, si on lui laisse sa gravité intérieure et sa dignité, est-elle apte, non seulement à tolérer le judaïsme mais, bien plus, à l’accepter dans sa mission historique ? Ou bien en est-elle incapable ? Peut-il y avoir une réconciliation réelle, sans abandon de la foi, ou toute réconciliation est-elle liée à un tel abandon 5 ? » Et le Cardinal dénonçait le piège qui consisterait à relativiser les grandes affirmations christologiques pour faciliter le dialogue ou éviter les questions fondamentales. Ceci dit, poser la vérité de la doctrine chrétienne en préalable permet-il d’opérer le renversement qui consiste à penser, non seulement le judaïsme par rapport au christianisme, mais également le christianisme par rapport au judaïsme ? Affirmer l’enracinement du christianisme dans le judaïsme relève d’un travail historique et exégétique nécessaire et prometteur. Mais cela ne suffit pas à rendre compte de la fraternité interne et de la complémentarité des vocations juive et chrétienne aujourd’hui. Nous ne pouvons rejouer de manière artificielle la scène primitive d’une sorte de judéo-christianisme retrouvé, et qui balaierait à la fois vingt siècles d’histoire et la simple question de la vérité en théologie. Autrement dit nous ne pouvons faire comme si nous étions les premiers chrétiens de l’histoire ou du mythe. Mais si nous acceptons pleinement la question théologique que le judaïsme nous pose sur la révélation chrétienne, nous faisons l’expérience d’une sorte de kénose 6 du christianisme, ou de nuit de la foi chrétienne, comme si nous ne savions plus rien du Christ. Cette proposition peut effrayer si l’on en saisit les conditions et l’enjeu, mais en même temps elle nous ramène au lieu d’humilité de la spiritualité chrétienne la plus profonde. Et n’est-ce pas là que le christianisme a aujourd’hui rendez-vous avec lui-même ? Dans son dialogue avec le judaïsme il s’agirait donc pour le christianisme d’interroger, dans une totale bonne foi, la non-conversion des juifs au christianisme, et la non-reconnaissance de Jésus comme Messie. Cette non-conversion et cette non-reconnaissance, au-delà des raisons historiques, sociologiques, religieuses, deviendraient un lieu théologique où le christianisme pourrait s’interroger lui-même et sur lui-même. Un lieu théologique où le christianisme, en faisant l’expérience de la vérité juive, ferait l’épreuve de sa propre vérité, laquelle ne relève pas des catégories logiques du vrai et du faux, mais de la fécondité symbolique, spirituelle et éthique. Mais pour faire l’expérience de la vérité juive il ne suffit pas d’avoir abandonné les termes traditionnels et méprisants d’aveuglement et d’endurcissement. Il faut aller plus loin en remplaçant par exemple le mot « endurcissement » par « fidélité », et le mot « aveuglement » par « lucidité ». En même temps qu’ils expriment le respect, ces deux mots font jaillir la grande question : quelle force de vérité, quelle promesse y avait-il à sauver, et à assurer, au point que pendant des siècles, à travers persécutions, exils, inquisition, extermination, cette fidélité juive perdure et maintienne vivants l’héritage et la transmission de la Parole du Dieu des Pères ? Le maître pharisien Gamaliel du Livre des Actes nous l’a enseigné, il ne peut être question seulement d’un trésor humain ethnographique ou religieux à sauvegarder, car ce qui vient des hommes disparaît avec le temps. Or l’enjeu de la fidélité juive est théologique : c’est le maintien de la vocation juive au milieu des nations et pour elles. Et cela peut s’exprimer justement en terme de lucidité – le contraire de l’aveuglement attribué à la synagogue. Mais de quelle lucidité s’agit-il ? La naissance de la foi chrétienne a été baignée de la lumière eschatologique d’un Christ ressuscité annonçant l’accomplissement final des temps. Loin d’être assignée aux questions de la cité politique et de l’histoire, l’Église primitive a eu pour mission de préparer l’avènement du Règne de Dieu. Les premiers chrétiens vivaient dans la perspective du Jour du Seigneur, c’est-à-dire d’un retour du Christ imminent. Les lettres de l’apôtre Paul en témoignent suffisamment : ils étaient en marche pour le Règne de Dieu, et non pour traverser l’histoire ou même la faire, comme ce fut finalement le cas pour le christianisme. Par rapport à cette vocation du christianisme qui doit témoigner de la lumière révélée dans le Christ, la vocation juive peut être comprise comme une vocation à la lucidité face au temps et à l’histoire. Alors la fidélité qui l’accompagne se présente comme fidélité au Dieu présent dans l’histoire, et imprimant sa marque dans le temps par le don de la Torah et du chabbat. C’est à entrer dans la compréhension de cette lucidité juive et de cette fidélité chabbatique que le chrétien est invité aujourd’hui. Cela signifie qu’il prête pleinement attention à ce que le dépassement déclaré de la loi par la grâce l’a conduit à méconnaître : à savoir l’intime et indestructible union entre la loi et la grâce. Mais s’il peut s’atteler à cette tâche, qui est comme l’apprentissage d’un autre regard, c’est en acceptant humblement que ce regard lui manque, et que tant qu’il lui manquera, il n’aura pas compris le judaïsme.

Chances offertes au christianisme par le dialogue judéo-chrétien Aujourd’hui, on peut penser que l’expérience de la vérité juive, ici traduite en termes de lucidité et de fidélité, offre au christianisme un lieu privilégié où il peut se ressaisir lui-même en revenant sur sa propre genèse et sa propre théologisation : comment est-on passé de la révélation chrétienne aux affirmations doctrinales, et comment aujourd’hui opérer une lecture inversée des affirmations doctrinales à la révélation ? Le vis-à-vis de la pensée midrachique – qui est commentaire et non systématisation – peut constituer un nouvel outil pour repenser, différemment, la relation d’interprétation aux Écritures et à la révélation. De plus le rôle de la tradition dans le judaïsme interroge forcément celui qu’elle a dans le catholicisme, et qu’elle n’a pas dans le protestantisme. Et ce dernier devrait se sentir encouragé à réexaminer les grands principes mis en avant par la Réforme, à savoir « l’Écriture seule, la Grâce seule au moyen de la Foi seule ». De principes libérateurs nés dans un contexte violemment polémique, ne sont-ils pas devenus parfois des dogmes qui nous enferment dans une vision restrictive de la vie de l’homme avec Dieu ? Entrer dans la compréhension chabbatique, rencontrer vraiment l’esprit de la Loi juive, pourrait nous permettre de découvrir « la loi de foi » comme l’a suggéré le Rabbin Rivon Krygier dans sa conférence du 5 juin 2006 à Montpellier : « Paul et Israël, du retranchement à la greffe ». Il y invitait juifs et chrétiens à « se dépêtrer de la doctrine unijambiste de la justification par la grâce seule ou par les œuvres seules, pour célébrer conjointement, avec Paul et Hillel, celle de la loi de foi. Dès lors, disait-il, l’Église pourrait se rattacher à une doctrine du salut “par le Christ seul”, comme la Synagogue au salut “par la Tora seule” sans se désavouer l’une l’autre puisque aussi bien, elles incluent en leur cœur, en dénominateur commun, l’impératif de l’amour et l’espérance de la délivrance, nourris de la conviction que nous sommes venus au monde, non pour y mourir mais pour y naître ». Alors il serait enfin possible, après tant de siècles, d’abandonner la logique de dissociation qu’exprime le mot « retranchement » pour s’atteler à la logique d’association pressentie dans le mot « greffe ». Enfin Paul le chrétien pourrait se réconcilier avec Paul le juif. feuille Florence Taubmann

Intervention à l’Assemblée générale de l’Association Judéo-Chrétienne de France, le 22 mai 2005

Illuminated parchment, Spain, circa AD 950–955, depicting the Fall of Man, cause of original sin

19 janvier, 2016

Illuminated parchment, Spain, circa AD 950–955, depicting the Fall of Man, cause of original sin dans images sacrée 800px-B_Escorial_18

https://en.wikipedia.org/wiki/Original_sin

BENOÎT XVI – 13 FÉVRIER 2013 – (SUR LES TENTATIONS)

19 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130213.html 

BENOÎT XVI – 13 FÉVRIER 2013 – (SUR LES TENTATIONS)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 13 février 2013

Chers frères et sœurs,

Comme vous le savez, j’ai décidé – merci pour votre sympathie –, j’ai décidé de renoncer au ministère que le Seigneur m’a confié le 19 avril 2005. Je l’ai fait en pleine liberté pour le bien de l’Église, après avoir longuement prié et avoir examiné ma conscience devant Dieu, bien conscient de la gravité de cet acte, mais en même temps conscient de n’être plus en mesure d’accomplir le ministère pétrinien avec la force qu’il demande. La certitude que l’Église est du Christ me soutient et m’éclaire. Celui-ci ne cessera jamais de la guider et d’en prendre soin. Je vous remercie tous pour l’amour et la prière avec lesquels vous m’avez accompagné. Merci, j’ai senti presque physiquement au cours de ces jours qui ne sont pas faciles pour moi, la force de la prière que me donne l’amour de l’Église, votre prière. Continuez à prier pour moi, pour l’Église, pour le futur Pape. Le Seigneur nous guidera. Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, Mercredi des Cendres, nous commençons le temps liturgique du Carême, quarante jours qui nous préparent à la célébration de la Sainte Pâque ; il s’agit d’un temps d’engagement particulier dans notre chemin spirituel. Le nombre quarante apparaît à plusieurs reprises dans l’Écriture Sainte. En particulier, comme nous le savons, celui-ci rappelle les quarante ans au cours desquels le peuple d’Israël a effectué son pèlerinage dans le désert : une longue période de formation pour devenir le peuple de Dieu, mais également une longue période au cours de laquelle la tentation d’être infidèles à l’alliance avec le Seigneur était toujours présente. Quarante furent également les jours de chemin du prophète Élie pour atteindre le Mont de Dieu, l’Horeb ; ainsi que la période que Jésus passa dans le désert avant de commencer sa vie publique et où il fut tenté par le diable. Dans la catéchèse d’aujourd’hui, je voudrais m’arrêter précisément sur ce moment de la vie terrestre du Seigneur, que nous lirons dans l’Évangile de dimanche prochain. Avant tout, le désert, où Jésus se retire, est le lieu du silence, de la pauvreté, où l’homme est privé des appuis matériels et se trouve face aux interrogations fondamentales de l’existence, il est poussé à aller à l’essentiel et précisément pour cela, il lui est plus facile de rencontrer Dieu. Mais le désert est également le lieu de la mort, car là où il n’y a pas d’eau, il n’y a pas non plus de vie, et c’est le lieu de la solitude, dans lequel l’homme sent la tentation de façon plus intense. Jésus va dans le désert, et là, il subit la tentation de quitter la voie indiquée par le Père pour suivre d’autres voies plus faciles et qui appartiennent au monde (cf. Lc 4, 1-13). Ainsi, il se charge de nos tentations, porte avec Lui notre pauvreté, pour vaincre le malin et nous ouvrir la voie vers Dieu, le chemin de la conversion. Réfléchir sur les tentations auxquelles est soumis Jésus dans le désert est une invitation pour chacun de nous à répondre à une question fondamentale : qu’est-ce qui compte véritablement dans ma vie ? Dans la première tentation, le diable propose à Jésus de changer une pierre en pain pour apaiser sa faim. Jésus répond que l’homme vit également de pain, mais pas seulement de pain : sans une réponse à la faim de vérité, à la faim de Dieu, l’homme ne peut pas se sauver (cf. vv. 3-4). Dans la seconde tentation, le diable propose à Jésus la voie du pouvoir : il l’emmène plus haut et lui offre la domination du monde ; mais ce n’est pas la voie de Dieu : Jésus sait bien que ce n’est pas le pouvoir du monde qui sauve le monde, mais le pouvoir de la croix, de l’humilité, de l’amour (cf. vv. 5-8). Dans la troisième tentation, le diable propose à Jésus de se jeter du pinacle du Temple de Jérusalem et de se faire sauver par Dieu à travers ses anges, c’est-à-dire d’accomplir quelque chose de sensationnel pour mettre Dieu lui-même à l’épreuve ; mais la réponse est que Dieu n’est pas un objet auquel imposer nos conditions : c’est le Seigneur de tout (cf. vv. 9-12). Quel est le cœur des trois tentations que subit Jésus ? C’est la proposition d’instrumentaliser Dieu, de l’utiliser pour ses propres intérêts, pour sa propre gloire et pour son propre succès. Et donc, en substance, de prendre la place de Dieu, en l’éliminant de son existence et en le faisant sembler superflu. Chacun devrait alors se demander : quelle place a Dieu dans ma vie ? Est-ce lui le Seigneur ou bien est-ce moi ? Surmonter la tentation de soumettre Dieu à soi et à ses propres intérêts ou de le reléguer dans un coin et se convertir au juste ordre de priorité, donner à Dieu la première place, est un chemin que tout chrétien doit parcourir toujours à nouveau. « Se convertir », une invitation que nous écouterons à plusieurs reprises pendant le Carême, signifie suivre Jésus de manière à ce que son Évangile soit un guide concret de la vie ; cela signifie laisser Dieu nous transformer, cesser de penser que nous sommes les seuls artisans de notre existence ; cela signifie reconnaître que nous sommes des créatures, que nous dépendons de Dieu, de son amour, et que c’est seulement en « perdant » notre vie que nous pouvons la gagner en Lui. Cela exige d’effectuer nos choix à la lumière de la Parole de Dieu. Aujourd’hui, on ne peut plus être chrétiens simplement en conséquence du fait de vivre dans une société qui a des racines chrétiennes : même celui qui naît dans une famille chrétienne et qui est éduqué religieusement doit, chaque jour, renouveler le choix d’être chrétien, c’est-à-dire donner à Dieu la première place, face aux tentations que la culture sécularisée lui propose continuellement, face au jugement critique de beaucoup de contemporains. Les épreuves auxquelles la société actuelle soumet le chrétien, en effet, sont nombreuses, et touchent la vie personnelle et sociale. Il n’est pas facile d’être fidèles au mariage chrétien, de pratiquer la miséricorde dans la vie quotidienne, de laisser une place à la prière et au silence intérieur. Il n’est pas facile de s’opposer publiquement à des choix que beaucoup considèrent évidents, tels que l’avortement en cas de grossesse non-désirée, l’euthanasie en cas de maladies graves, ou la sélection des embryons pour prévenir des maladies héréditaires. La tentation de mettre de côté sa propre foi est toujours présente et la conversion devient une réponse à Dieu qui doit être confirmée à plusieurs reprises dans notre vie. On trouve des exemples et des encouragements dans les grandes conversions comme celle de saint Paul sur le chemin de Damas, ou de saint Augustin, mais même à notre époque d’éclipse du sens du sacré, la grâce de Dieu est à l’œuvre et accomplit des merveilles dans la vie d’un grand nombre de personnes. Le Seigneur ne se lasse pas de frapper à la porte de l’homme dans des milieux sociaux et culturels qui semblent engloutis par la sécularisation, comme ce fut le cas pour le Russe orthodoxe Paul Florensky. Après une éducation complètement agnostique, au point d’éprouver une véritable hostilité envers les enseignements religieux donnés à l’école, le scientifique Florensky s’exclame : « Non, on ne peut pas vivre sans Dieu ! », et change complètement sa vie, au point de se faire moine. Je pense aussi à la figure d’Etty Hillesum, une jeune Hollandaise d’origine juive qui mourra à Auschwitz. Initialement éloignée de Dieu, elle le découvre en regardant en profondeur à l’intérieur d’elle-même et elle écrit : « Un puits très profond est en moi. Et Dieu est dans ce puits. Parfois, j’arrive à le rejoindre, le plus souvent la pierre et le sable le recouvrent : alors Dieu est enterré. Il faut à nouveau le déterrer » (Journal, 97). Dans sa vie dispersée et inquiète, elle retrouve Dieu au beau milieu de la grande tragédie du XXe siècle, la Shoah. Cette jeune fille fragile et insatisfaite, transfigurée par la foi, se transforme en une femme pleine d’amour et de paix intérieure, capable d’affirmer : « Je vis constamment en intimité avec Dieu ». La capacité de s’opposer aux séductions idéologiques de son temps pour choisir la recherche de la vérité et s’ouvrir à la découverte de la foi est témoignée par une autre femme de notre temps, l’américaine Dorothy Day. Dans son autobiographie, elle confesse ouvertement qu’elle est tombée dans la tentation de tout résoudre avec la politique, en adhérant à la proposition marxiste : « Je voulais aller avec les manifestants, aller en prison, écrire, influencer les autres et laisser mon rêve au monde. Que d’ambition et que de recherche de moi-même y avait-il dans tout cela ! ». Le chemin vers la foi dans un milieu aussi sécularisé était particulièrement difficile, mais la Grâce agit quoi qu’il en soit, comme elle le souligne : « Il est certain que je sentis plus souvent le besoin d’aller à l’église, de m’agenouiller, d’incliner la tête en prière. Un instinct aveugle, pourrait-on dire, car je n’étais pas consciente de prier. Mais j’allais, je m’insérais dans l’atmosphère de la prière… ». Dieu l’a conduite à une adhésion consciente à l’Église, dans une vie consacrée aux déshérités.  À notre époque, on constate de nombreuses conversions entendues comme le retour de qui, après une éducation chrétienne peut-être superficielle, s’est éloigné pendant des années de la foi et redécouvre ensuite le Christ et son Évangile. Dans le Livre de l’Apocalypse nous lisons : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui ; je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi » (3, 20). Notre homme intérieur doit se préparer à être visité par Dieu, et c’est précisément pour cela qu’il ne doit pas se laisser envahir par les illusions, par les apparences, par les choses matérielles. En ce Temps de Carême, en l’Année de la foi, renouvelons notre engagement sur le chemin de la conversion, pour surmonter la tendance à nous refermer sur nous-mêmes et pour laisser, en revanche, de la place à Dieu, en regardant la réalité quotidienne avec ses yeux. Nous pourrions dire que l’alternative entre la fermeture sur notre égoïsme et l’ouverture à l’amour de Dieu et des autres correspond à l’alternative des tentations de Jésus: à savoir, l’alternative entre le pouvoir humain et l’amour de la Croix , entre une rédemption vue du seul point de vue du bien-être matériel et une rédemption comme œuvre de Dieu, auquel nous donnons la primauté dans l’existence. Se convertir signifie ne pas se refermer dans la recherche de son propre succès, de son propre prestige, de sa propre position, mais faire en sorte que chaque jour, dans les petites choses, la vérité, la foi en Dieu et l’amour deviennent la chose la plus imprtante.             

GN 2-3 : LE RÉCIT DU JARDIN

19 janvier, 2016

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/195.html

GN 2-3 : LE RÉCIT DU JARDIN  – Le jour où le SEIGNEUR Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs…

Gn 2, 4 b Le jour où le SEIGNEUR Dieu fit la terre et le ciel, 5 il n’y avait encore sur la terre aucun arbuste des champs, et aucune herbe des champs n’avait encore germé, car le SEIGNEUR Dieu n’avait pas fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver le sol ; 6 mais un flux montait de la terre et irriguait toute la surface du sol. 7 Le SEIGNEUR Dieu modela l’homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l’haleine de vie, et l’homme devint un être vivant. 8 Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden, à l’orient, et il y plaça l’homme qu’il avait formé. 9 Le SEIGNEUR Dieu fit germer du sol tout arbre d’aspect attrayant et bon à manger, l’arbre de vie au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. 10 Un fleuve sortait d’Eden pour irriguer le jardin ; de là il se partageait pour former quatre bras. 11 L’un d’eux s’appelait Pishôn ; c’est lui qui entoure tout le pays de Hawila où se trouve l’or 12 – et l’or de ce pays est bon – ainsi que le bdellium et la pierre d’onyx. 13 Le deuxième fleuve s’appelait Guihôn; c’est lui qui entoure tout le pays de Koush. 14 Le troisième fleuve s’appelait Tigre; il coule à l’orient d’Assour. Le quatrième fleuve, c’était l’Euphrate. 15 Le SEIGNEUR Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour cultiver le sol et le garder. 16 Le SEIGNEUR Dieu prescrivit à l’homme: «Tu pourras manger de tout arbre du jardin, 17 mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais car, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir». 18 Le SEIGNEUR Dieu dit: «Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul. Je veux lui faire une aide qui lui soit accordée». 19 Le SEIGNEUR Dieu modela du sol toute bête des champs et tout oiseau du ciel qu’il amena à l’homme pour voir comment il les désignerait. Tout ce que désigna l’homme avait pour nom «être vivant»; 20 l’homme désigna par leur nom tout bétail, tout oiseau du ciel et toute bête des champs, mais pour lui-même, l’homme ne trouva pas l’aide qui lui soit accordée. 21 Le SEIGNEUR Dieu fit tomber dans une torpeur l’homme qui s’endormit; il prit l’une de ses côtes et referma les chairs à sa place. 22 Le SEIGNEUR Dieu transforma la côte qu’il avait prise à l’homme en une femme qu’il lui amena. 23 L’homme s’écria: «Voici cette fois l’os de mes os et la chair de ma chair, celle-ci, on l’appellera femme car c’est de l’homme qu’elle a été prise». 24 Aussi l’homme laisse-t-il son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviennent une seule chair. 25 Tous deux étaient nus, l’homme et sa femme, sans se faire mutuellement honte. Gn 3, 1 Or le serpent était la plus astucieuse de toutes les bêtes des champs que le SEIGNEUR Dieu avait faites. Il dit à la femme: «Vraiment! Dieu vous a dit: Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin 2 La femme répondit au serpent: «Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, 3 mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas afin de ne pas mourir». 4 Le serpent dit à la femme: «Non, vous ne mourrez pas, 5 mais Dieu sait que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux possédant la connaissance de ce qui est bon ou mauvais». 6 La femme vit que l’arbre était bon à manger, séduisant à regarder, précieux pour agir avec clairvoyance. Elle en prit un fruit dont elle mangea, elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en mangea. 7 Leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils surent qu’ils étaient nus. Ayant cousu des feuilles de figuier, ils s’en firent des pagnes. 8 Or ils entendirent la voix du SEIGNEUR Dieu qui se promenait dans le jardin au souffle du jour. L’homme et la femme se cachèrent devant le SEIGNEUR Dieu au milieu des arbres du jardin. 9 Le SEIGNEUR Dieu appela l’homme et lui dit : «Où es-tu»? 10 Il répondit: «J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur car j’étais nu, et je me suis caché». 11 – «Qui t’a révélé, dit-il, que tu étais nu? Est-ce que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais prescrit de ne pas manger»? 12 L’homme répondit : «La femme que tu as mise auprès de moi, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé». 13 Le SEIGNEUR Dieu dit à la femme: «Qu’as-tu fait là»! La femme répondit: «Le serpent m’a trompée et j’ai mangé». 14 Le SEIGNEUR Dieu dit au serpent: «Parce que tu as fait cela, tu seras maudit entre tous les bestiaux et toutes les bêtes des champs; tu marcheras sur ton ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. 15 Je mettrai l’hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci te meurtrira à la tête et toi, tu la meurtriras au talon». 16 Il dit à la femme: «Je ferai qu’enceinte, tu sois dans de grandes souffrances; c’est péniblement que tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera». 17 Il dit à Adam: «Parce que tu as écouté la voix de ta femme et que tu as mangé de l’arbre dont je t’avais formellement prescrit de ne pas manger, le sol sera maudit à cause de toi. C’est dans la peine que tu t’en nourriras tous les jours de ta vie, 18 il fera germer pour toi l’épine et le chardon et tu mangeras l’herbe des champs. 19 A la sueur de ton visage tu mangeras du pain jusqu’à ce que tu retournes au sol car c’est de lui que tu as été pris. Oui, tu es poussière et à la poussière tu retourneras». 20 L’homme appela sa femme du nom d’Eve – c’est-à-dire La Vivante, – car c’est elle qui a été la mère de tout vivant. 21 Le SEIGNEUR Dieu fit pour Adam et sa femme des tuniques de peau dont il les revêtit. 22 Le SEIGNEUR Dieu dit: «Voici que l’homme est devenu comme l’un de nous par la connaissance de ce qui est bon ou mauvais. Maintenant, qu’il ne tende pas la main pour prendre aussi de l’arbre de vie, en manger et vivre à jamais»! 23 Le SEIGNEUR Dieu l’expulsa du jardin d’Eden pour cultiver le sol d’où il avait été pris. 24 Ayant chassé l’homme, il posta les chérubins à l’orient du jardin d’Eden avec la flamme de l’épée foudroyante pour garder le chemin de l’arbre de vie.

 

Sweet creation Bible art journaling.

18 janvier, 2016

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