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TÉMOIGNAGE DE TADEUSZ SOBOLEWICZ * PRONONCÉ LORS D’UNE CÉRÉMONIE DU SOUVENIR LE 30 SEPTEMBRE 2011 À AUSCHWITZ-BIRKENAU.

26 janvier, 2016

http://nonahitler.cidem.org/documents/Temoignage_de_Tadeusz_Sobolewicz.pdf

TÉMOIGNAGE DE TADEUSZ SOBOLEWICZ * PRONONCÉ LORS D’UNE CÉRÉMONIE DU SOUVENIR LE 30 SEPTEMBRE 2011 À AUSCHWITZ-BIRKENAU.

* Acteur et auteur polonais, survivant des camps de concentration nazis Mesdames, Messieurs

C’était il ya 70 ans précisément, quand, lié par un fil barbelé à un autre prisonnier, je fus transporté au KL Auschwitz. J’avais 17 ans à peine, de nombreux comme moi subirent le même sort. J’avais été jugé prisonnier politique à cause de mon appartenance à l’Alliance pour la lutte armée. C’était l’année 1941, en novembre. Le KL Auschwitz était encore en construction, et nous devions participer aux travaux de son extension. Je reçu le numéro 23053. « L’accueil » nous fut donné par le chef du camp, un certain Fritzsch, qui, par la bouche de son interprète, nous annonça, à nous nouveaux arrivants, qu’il ne restait, pour les juifs qui se trouvaient parmi nous, qu’une quinzaine de jours à vivre, pour les prêtres un mois, et pour les autres 3 mois tout au plus. Et qu’après, la seule voie de sortiede cet endroit était à travers les fours crématoires. Je pris conscience que c’était une sentence de mort qu’il venait de prononcer. Une fois le SS parti, on commença à nous frapper et à nous donner des ordres abrutissants : « Enlevez vos bonnets ! Remet tez vos bonnets ! Garde à vous ! Allongez-vous ! Accroupissez vous ! Les mains en l’air ! Sautez ! ». Ceux qui étaient incapables d’exécuter correctement les ordres étaient tirés du rang et battus. Certains furent même étouffés par un bâton serré au tour du cou. Dans les jours qui suivirent, je fus affecté à un chantier où je devais transporter des sacs de ciment des wagons de fret au dépôt. Cela faisait à peu près 30 mètres, parcourus en courant sous les bâtons pressants des Kapos et des SS. JE pensais que je ne tiendrais pas le coup, mais la peur d’êtr e matraqué et de perdre la vie me donnait la force de continuer ce travail exténuant. Celui qui trébuchait ou laissait un sac glisser par terre était battu jusqu’à l’évanouissement. Les cris incessants, les coups infligés et les gémissements des gens tués demanière bestiale par les nazis sadiques et par les kapos, pouvaient briser même le s plus forts. La faim tordait les boyaux. Des cas de cannibalisme apparurent. Je continuais à résister, malgré la perpétuelle menace de mort. Il fallait à tout prix éviter de s’exposer. Après, nos sabots en bois furent échangés contre des sabots en cuir. Je fus affecté à l’extraction de gravier et de sable du fonds de la rivière Sola. Dans cette équipe de travail, encerclée par les SS, je fus témoin de scènes où ces derniers enlevaient les bonnets des détenus qui n’arrivaient pas à travailler assez vite, les jetaient en dehors de la ligne de garde, et demandaient ensuite de les rapporter et de se présenter. Une fois que le prisonnier avait traversé la ligne de garde, un SS lui tirait dans le dos et le tuait. Cela s’appelait : « tué pendant une tentative d’évasion ». En récompense, le SS recevait 2 ou 3 jours de congés. Je pourrais citer un grand nombre d’exemples de ce type, mais pourquoi ? Pourquoi rouvrir les blessures cicatrisées ? Non… Nous évoquons ces évènements pour que cela ne se reproduise plus jamais. Ce qui fut mon sort, et le sort de mes coprisonniers, était inimaginable, inhumain et atroce. Je contractai le typhus. Après 10 jours dans un éta d’inconscience provoqué par une fièvre jaune, je pesais 34 kg. Lorsque j’eus, peu à peu, récupéré mes forces dansl’hôpital du camp, je fus désigné pour évacuer les corps de mes collègues décédés.Ensuite, grâce à ma connaissance de l’allemand, je fus employé comme écrivain à Birkenau où, à partir de la moitié de l’année 1942, furent déportés des milliers de citoyens d’origine juive, venus des divers territoires conquis d’Europe. Je les vis de mes propres yeux : des femmes, des enfants, des handicapés, tous menés vers les chambres à gaz, opérant à cette époque- là, d’une manière provisoire. Une fois, lors de l’enregistrement des hommes sains et forts, qui étaient sélectionnés pour le travail, un Juif néerlandais me jeta une boîte dans laquelle je trouvais une montredorée. Je n’avais pas le droit de porter de montre. Je la donnai donc à un détenue, plus âgé que moi, qui réussit à arranger mon déplacement dans la cuisine du camp. Malgré un travail exténuant, mes conditions de vie à Auschwitz s’améliorèrent considérablement. Je n’avais plus faim, je pouvais alors aider les autres. C’était mon obligation morale. Je m’engageai dans l’action d’aide aux collègues résidant dans l’hôpital du camp. La solidarité dans la lutte pour la survie n’était ni sûre ni facile. D’ailleurs, au KL Auschwitz, la lutte existait, malgré la terreur, les persécutions et les fusillades. C’était une lutte sans arme sans armes, une lutte pour préserver son humanité et sa dignité humaine. Parmi ceux qui luttèrent, on peut citer le capitaine de cavalerie, Witold Pilecki, fondateur, dès 1940 d’une organisation militaire ; ou Saint Maximilien Kolbe, qui échangea sa vie contre celle d’un autre prisonnier ; ou encore Maria Stromberger, une infirmière allemande, qui, malgré les risques qu’elle courait, apportait des médicaments aux malades. On se souvient aussi de la révolte dans la compagnie carcérale, en 1942, et du soulèvement des prisonniers juifs du Sonderkommando, qui préférèrent mourir d’une balleplutôt que d’aider les nazis allemands à gazer et à incinérer les autres. Ces exemples sont nombreux… L’histoire du camp d’Auschwitz constitue un exemple de lutte contre une terreur inhumaine, contre un abrutissement de l’Homme. Depuis des années, l’ancien KL Auschwitz ne cesse de nous avertir et de nous rappeler : « Plus jamais ». Malheureusement, il existe encore dans le monde des systèmes et des forces du mal, qui sont une menace pour l’humanité. Les attaques terroristes en sont un exemple. Chaque année, dans ce lieu, le peuple polonais et le peuple juif, qui ont tant souffert ici, rendent hommage aux personnes assassinées. Les Roms maintiennent la même tradition. Ici, parmi les cen dres des incinérés, se trouvent les cendres de mon père et de milliers d’innocents, représentants d’un grand nombre de peuples du monde. Il faut impérativement éradiquer de la vie humaine la haine, le racisme et la xénophobie. Sinon, une autre nouvelle hécatombe du crime pourrait se reproduire. Ici, à Birkenau, les traces de ce temps passé nous imposent, à nous les gens du présent, de répéter le message de mémoire et d’avertissement, et d’agir ensemble, au-delà de tous les clivages, en faveur de la construction de la paix.

J’espère qu’après tant d’effort déjà fournis, le temps est maintenant venu d’achever le projet du Tertre de la Mémoire et de la paix à Oswiecim. Aujourd’hui, 70 ans après l’établissement de l’usine de la mort, portant le nom de KL Auschwitz-Birkenau, nous devons construire un symbole durable à la mémoire de tous ceux qui y périrent. En outre, nous devons commémorer le sacrifice de toutes les victimes qui périrent durant les guerres mondiales. C’est notre obligation morale, c’est ce que notre époque demande. De la même manière que l’Europe a besoin de solidarité, elle a besoin d’éterniser la mémoire ! Nous devons nous unir pour construire un Monde dans lequel les Hommes peuvent vivre et s’épanouiren paix. Je me présente aujourd’hui devant vous, moi le survivant et l’ancien prisonnier de « l’enfer »du KL Auschwitz. Je prononce ces mots en mon nom et au nom de mes co-prisonniers. Ceux qui ont survécu se préparent à s’en aller. C’est donc dans vos mains que repose l’avenir du monde. Merci. Tadeusz Sobolewicz- ancien prisonnier au KL Auschwitz, numéro 23053 Discours pour la réunion avec les participants du Congrès du CCRE, organisée auprès du Monument du Martyre des nations, à l’ancien KL Auschwits II-Birkenau, le 30 septembre 2011.

BENOÎT XVI – TIMOTHÉE ET TITE, LES PLUS PROCHES COLLABORATEURS DE PAUL

26 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20061213.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 13 décembre 2006

TIMOTHÉE ET TITE, LES PLUS PROCHES COLLABORATEURS DE PAUL

Chers frères et soeurs,

Après avoir longuement parlé du grand Apôtre Paul, nous prenons aujourd’hui en considération ses deux collaborateurs les plus proches:  Timothée et Tite. C’est à eux que sont adressées trois Lettres traditionnellement attribuées à Paul, dont deux sont destinées à Timothée et une à Tite. Timothée est un nom grec et signifie « qui honore Dieu ». Alors que dans les Actes, Luc le mentionne six fois, dans ses Lettres, Paul fait référence à lui au moins à dix-sept reprises (on le trouve en plus une fois dans la Lettre aux Hébreux). On en déduit qu’il jouissait d’une grande considération aux yeux de Paul, même si Luc ne considère pas utile de nous raconter tout ce qui le concerne. En effet, l’Apôtre le chargea de missions importantes et vit en lui comme un alter ego, ainsi qu’il ressort du grand éloge qu’il en fait dans la Lettre aux Philippiens:  « Je n’ai en effet personne d’autre (isópsychon) qui partage véritablement avec moi le souci de ce qui vous concerne » (2, 20). Timothée était né à Lystres (environ 200 km au nord-ouest de Tarse) d’une mère juive et d’un père païen (cf. Ac 16, 1). Le fait que sa mère ait contracté un mariage mixte et n’ait pas fait circoncire son fils laisse penser que Timothée a grandi dans une famille qui n’était pas strictement observante, même s’il est dit qu’il connaissait l’Ecriture dès l’enfance (cf. 2 Tm 3, 15). Le nom de sa mère, Eunikè, est parvenu jusqu’à nous,  ainsi que le nom de sa grand-mère, Loïs (cf. 2 Tm 1, 5). Lorsque Paul passa par Lystres au début du deuxième voyage missionnaire,  il  choisit  Timothée comme compagnon, car « à Lystres et à Iconium, il était estimé des frères » (Ac 16, 2), mais il le fit circoncire « pour tenir compte des juifs de la région » (Ac 16, 3). Avec Paul et Silas, Timothée traverse l’Asie mineure jusqu’à Troas, d’où il passe en Macédoine. Nous sommes en outre informés qu’à Philippes, où Paul et Silas furent visés par l’accusation de troubler l’ordre public et furent emprisonnés pour s’être opposés à l’exploitation d’une jeune fille comme voyante de la part de plusieurs individus sans scrupules (cf. Ac 16, 16-40), Timothée fut épargné. Ensuite, lorsque Paul fut contraint de poursuivre jusqu’à Athènes, Timothée le rejoignit dans cette ville et, de là, il fut envoyé à la jeune Eglise de Thessalonique pour avoir de ses nouvelles et pour la confirmer dans la foi (cf. 1 Th 3, 1-2). Il retrouva ensuite l’Apôtre à Corinthe, lui apportant de bonnes nouvelles sur les Thessaloniciens et collaborant avec lui à l’évangélisation de cette ville (cf. 2 Co 1, 19). Nous retrouvons Timothée à Ephèse au cours du troisième voyage missionnaire de Paul. C’est probablement de là que l’Apôtre écrivit à Philémon et aux Philippiens, et dans ces deux lettres, Timothée apparaît comme le co-expéditeur (cf. Phm 1; Ph 1, 1). D’Ephèse, Paul l’envoya en Macédoine avec un certain Eraste (cf. Ac 19, 22) et, ensuite, également à Corinthe, avec la tâche d’y apporter une lettre, dans laquelle il recommandait aux Corinthiens de lui faire bon accueil (cf. 1 Co 4, 17; 16, 10-11). Nous le retrouvons encore comme co-expéditeur de la deuxième Lettre aux Corinthiens, et quand, de Corinthe, Paul écrit la Lettre aux Romains, il y unit, avec ceux des autres, les saluts de Timothée (cf. Rm 16, 21). De Corinthe, le disciple repartit pour rejoindre Troas sur la rive asiatique de la Mer Egée et y attendre l’Apôtre qui se dirigeait vers Jérusalem, en conclusion de son troisième voyage missionnaire (cf. Ac 20, 4). A partir de ce moment, les sources antiques ne nous réservent plus qu’une brève référence à la biographie de Timothée, dans la Lettre aux Hébreux où on lit:  « Sachez que notre frère Timothée est libéré. J’irai vous voir avec lui s’il vient assez vite » (13, 23). En conclusion, nous pouvons dire que la figure de Timothée est présentée comme celle d’un pasteur de grand relief. Selon l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, écrite postérieurement, Timothée fut le premier Evêque d’Ephèse (cf. 3, 4). Plusieurs de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie, dans la cathédrale de Termoli, dans le Molise, provenant de Constantinople. Quant à la figure de Tite, dont le nom est d’origine latine, nous savons qu’il était grec de naissance, c’est-à-dire païen (cf. Gal 2, 3). Paul le conduisit avec lui à Jérusalem pour participer au Concile apostolique, dans lequel fut solennellement acceptée la prédication de l’Evangile aux païens, sans les contraintes de la loi mosaïque. Dans la Lettre qui lui est adressée, l’Apôtre fait son éloge, le définissant comme son « véritable enfant selon la foi qui nous est commune » (Tt 1, 4). Après le départ de Timothée de Corinthe, Paul y envoya Tite avec la tâche de reconduire cette communauté indocile à l’obéissance. Tite ramena la paix entre l’Eglise de Corinthe et l’Apôtre, qui écrivit à celle-ci en ces termes:  « Pourtant, le Dieu qui réconforte les humbles nous a réconfortés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais par le réconfort qu’il avait trouvé chez vous:  il nous a fait part de votre grand désir de nous revoir, de votre désolation, de votre amour ardent pour moi… En plus de ce réconfort, nous nous sommes réjouis encore bien davantage à voir la joie de Tite:  son esprit a été pleinement tranquillisé par vous tous » (2 Co 7, 6-7.13). Tite fut ensuite envoyé encore une fois à Corinthe par Paul – qui le qualifie comme « mon compagnon et mon collaborateur » (2 Co 8, 23) – pour y organiser la conclusion des collectes en faveur des chrétiens de Jérusalem (cf. 2 Co 8, 6). Des nouvelles supplémentaires provenant des Lettres pastorales le qualifient d’Evêque de Crète (cf. Tt 1, 5), d’où sur l’invitation de Paul, il rejoint l’Apôtre à Nicopolis en Epire (cf. Tt 3, 12). Il se rendit ensuite également en Dalmatie (cf. 2 Tm 4, 10). Nous ne possédons pas d’autres informations sur les déplacements successifs de Tite et sur sa mort. En conclusion, si nous considérons de manière unitaire les deux figures de Timothée et de Tite, nous nous rendons compte de plusieurs données très significatives. La plus importante est que Paul s’appuya sur des collaborateurs dans l’accomplissement de ses missions. Il reste certainement l’Apôtre par antonomase, fondateur et pasteur de nombreuses Eglises. Il apparaît toutefois évident qu’il ne faisait pas tout tout  seul,  mais qu’il s’appuyait sur des personnes de confiance  qui  partageaient ses peines et ses responsabilités. Une autre observation concerne la disponibilité de ces collaborateurs. Les sources concernant Timothée et Tite mettent bien en lumière leur promptitude à assumer des charges diverses, consistant souvent à représenter Paul également en des occasions difficiles. En un mot, ils nous enseignent à servir l’Evangile avec générosité, sachant que cela comporte également un service à l’Eglise elle-même. Recueillons enfin la recommandation que l’Apôtre Paul fait à Tite, dans la lettre qui lui est adressée:  « Voilà une parole sûre, et je veux que tu t’en portes garant, afin que ceux qui ont mis leur foi en Dieu s’efforcent d’être au premier rang pour faire le bien » (Tt 3, 8). A travers notre engagement concret, nous devons et nous pouvons découvrir la vérité de ces paroles, et, précisément en ce temps de l’Avent, être nous aussi riches de bonnes oeuvres et ouvrir ainsi les portes du monde au Christ, notre Sauveur.

Conversion of St Paul; from Santa Maria in Traspontina (Rome), (I adjusted the image; the fresco is on a curved ceiling)

25 janvier, 2016

Conversion of St Paul; from Santa Maria in Traspontina (Rome), (I adjusted the image; the fresco is on a curved ceiling) dans images sacrée ConvStPaul_modified2
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LE RETOURNEMENT DE PAUL SUR LE CHEMIN DE DAMAS

25 janvier, 2016

http://www.croire.com/Definitions/Bible/Saint-Paul/Le-retournement-de-Paul-sur-le-chemin-de-Damas

LE RETOURNEMENT DE PAUL SUR LE CHEMIN DE DAMAS

28 JUIN 2008 – 29 JUIN 2009

Comme toute conversion, celle de Paul sur le chemin de Damas résiste à toutes les explications. Paul lui-même nous offre quelques clés pour s’approcher du mystère. Par le P. Marchadour, bibliste.

Paul est alors un jeune homme d’à peu près 35 ans. Né dans la diaspora, il a vécu dans un environnement culturel hellénistique, tout en étant fortement protégé dans son identité juive. Comme sa famille, il appartient à la tradition pharisienne, ce mouvement spirituel laïc né au IIe siècle avant Jésus en Israël. Ici le livre des Actes et les lettres concordent : « Je suis pharisien, fils de pharisien », dit Paul (Actes 23,6). Dans sa lettre aux Philippiens il se présente fièrement : « circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu fils d’Hébreux ; pour la loi pharisien » (Philippiens 3,5). Il a même été élevé « selon la tendance la plus stricte de la religion, en pharisien » (Actes 26,5-15).

Un fou de Dieu Saul a été formé pour pratiquer et faire respecter la tradition pharisienne, en particulier dans toutes les exigences de la Loi. C’est son zèle pour la Torah qui explique son hostilité contre les disciples de Jésus. et la « persécution » qu’il mène contre l’Église (Actes 22,4; 26,11; Galates 1,13 ; Philippiens 3,6). Quel genre d’intervention musclée pouvait-il se permettre alors que Rome avait le monopole des arrestations, des incarcérations et des exécutions ? À moins que ce soit un genre de  lynchage populaire, commis hors légalité, comme ce fut le cas pour Étienne (Actes 7,57-58). Par contre le comportement de Paul montre qu’il avait des informations assez précises sur le mouvement de Jésus pour en mesurer la dangerosité pour l’avenir du judaïsme auquel il croyait. Est-ce le rôle revendiqué par Jésus qui l’inquiète, ou bien est-il scandalisé par les disciples juifs de Jésus, qui rejettent les exigences de la Torah avec ses 613 commandements ? Un tel renoncement aux fondements de toute sa vie croyante lui est insupportable.

L’irruption du Christ Et voici que son combat, qu’il croit sincèrement conforme au projet de son Dieu, est remis en question radicalement à la suite de l’irruption de Jésus dans sa vie, à la fois fracassante et discrète. Fracassante : c’est la triple version qu’en donnent les Actes des Apôtres (Ac 9 ; 22 ; 26). L’homme plein de certitudes sur son Dieu, se fait renverser sur le chemin de Damas. Ses yeux de chair se ferment pour s’ouvrir devant le révélateur qu’il combattait : Il tombe à terre, est aveuglé par la lumière de Dieu : « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? Je suis Jésus que tu persécutes ». C’est tellement bouleversant que Luc n’hésite pas à nous le raconter trois fois. L’un des éléments les plus solides de ces trois récits, est le rôle d’Ananie, le premier chrétien qui a introduit dans l’Église Saül le converti. Le même Paul manifeste une grande pudeur dans son courrier. De ce qui est survenu sur le chemin de Damas, il ne parle que lorsqu’il y est contraint, pour se défendre contre les attaques. Il en parle en des termes allusifs : « Il m’est aussi apparu, à moi l’avorton. (1 Corinthiens 15, 8)? N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur ? (1 Corinthiens 9,1). Dieu a jugé bon de révéler en moi son fils (Galates 1,15) ?J’ai été saisi moi-même par le Christ Jésus? » (Philippiens 3,12). C’est par ces images que Paul le converti tente de rendre compte de l’expérience indicible qui fut la sienne.

Père Alain Marchadour, bibliste – Prions en Église, août 2008

LA CONVERSION DE PAUL RACONTÉE PAR L’AUTEUR DES ACTES DES APÔTRES

25 janvier, 2016

http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1516.html  

LA CONVERSION DE PAUL RACONTÉE PAR L’AUTEUR DES ACTES DES APÔTRES

Dans le livre des Actes des Apôtres il y a trois récits de la conversion de Paul. Le premier (Ac 9) est fait par le narrateur, les deux autres (Ac 22 et 26) par Paul lui-même. Ces trois récits relatent la même intervention de Dieu sur le chemin de Damas, mais comportent un certain nombre de divergences. Que disent ces trois récits ? Leur répétition montre tout d’abord l’importance que l’auteur accorde à la conversion de Paul. Leurs divergences sont autant de clins d’oeils adressés au lecteur et d’invitations à en chercher le sens. Avec son génie de conteur, Luc nous invite à entrer progressivement dans le mystère de la conversion de Paul.

À l’approche de Damas Le premier récit de conversion (Ac 9) relate l’aller-retour de Saul (le nom de Paul au début du récit) de Jérusalem à Damas. Mandaté par le grand prêtre, Saul arrive devant Damas en persécuteur sanguinaire. Mais, aux portes de la ville le Seigneur l’attend. Le lieu a une certaine importance. Il est en effet un endroit symbolique, un lieu de passage mais aussi de jugement. Les rois grecs, quand ils visitaient leur royaume, s’arrêtaient aux portes des villes pour écouter les doléances de leurs sujets et leur rendre justice. Ce n’est pas pour rien que, dans l’œuvre de Luc, beaucoup de choses se passent aux portes des villes. Jésus ressuscite un jeune homme aux portes de Naïn, il guérit un aveugle aux portes de Jéricho, il pleure sur Jérusalem à l’approche de la ville… L’épisode de la porte de Damas est bien une scène de jugement. Saul en effet rencontre le Seigneur, qui est à la fois le juge et la victime et qui lui demande des comptes. L’interrogatoire est bref et la sentence immédiate. Elle révèle la vraie nature du persécuteur : il est aveugle. Cependant elle n’écrase pas le condamné. Elle le relève au contraire et lui indique le chemin de la conversion. Saul doit faire confiance à une communauté : « On te dira ce que tu dois faire ». Les témoins de la scène ne voient personne mais entendent la voix. Saul, lui, a-t-il vu le ressuscité ? Pour le moment nous ne le savons pas. Terrassé par le Seigneur et aveuglé par sa lumière, Saul entre maintenant dans la ville, conduit par la main de ses compagnons. Il en sortira ballotté dans un panier le long des remparts de la ville.

Il est l’instrument choisi La deuxième intervention divine se passe chez un disciple de Jésus, Ananie, à qui le Seigneur communique son projet sur Saul : « Cet homme est l’instrument que je me suis choisi pour répondre de mon Nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites. » Nous lecteurs, nous assistons à cette scène et nous savons maintenant à quoi Saul est destiné. Mais comment Saul va-t-il le savoir ? Par Ananie, en principe, qui devrait logiquement lui communiquer le message divin. Mais Ananie ne le fait pas. Observons bien ce qui se passe. Ananie va trouver Saul dans la maison de Judas. Il lui impose les mains et le guérit, mais il ne transmet pas le message reçu. Nous sommes donc dans une situation étrange : les lecteurs savent quelque chose que le héros principal de cette histoire ignore. Cet effet littéraire n’est pas gratuit. Il montre que Saul n’est pas une simple marionnette entre les mains de Dieu. Ce dernier a un projet sur Saul, mais il ne lui impose pas. Il lui laisse du temps pour qu’il le découvre par lui-même

Il a vu le Seigneur Saul se rend maintenant à Jérusalem. Il quitte le groupe de disciples qui l’ont accueilli pour la première fois pour rencontrer le groupe des apôtres. Une boucle est bouclée. Paul est revenu à son point de départ, mais il ne fréquente plus les mêmes personnes. De l’entourage du grand prêtre, il est passé dans le cercle des chrétiens. Quand il se présente à Jérusalem Barnabas dit aux apôtres que Saul « a vu le Seigneur qui lui a parlé ». Le narrateur de cette histoire s’efface donc devant un membre de la communauté chrétienne et lui laisse le soin d’interpréter l’événement du chemin de Damas et de révéler aux apôtres, et aussi à nous les lecteurs, que Saul a bien vu le Seigneur ressuscité. Les apparitions du Seigneur ne sont pas d’abord un fait observable par un historien. Ils sont d’abord l’objet d’un témoignage de croyant.

Mettez-moi Saul à part pour une œuvre Au chapitre 13 des Actes, Saul est à Antioche. L’Esprit Saint demande à la communauté de le mettre à part, avec Barnabé, pour « une œuvre » qu’il ne définit pas. Nous avons le même phénomène littéraire que plus haut. Nous, lecteurs, savons à quoi Saul est destiné, mais Saul ne le sait toujours pas. Il va donc de synagogue en synagogue annoncer Jésus ressuscité. Devant l’opposition des Juifs, il décide de se tourner vers les païens. Apparemment il a décidé cela par lui-même, en accord avec Barnabas. Il a enfin découvert ce à quoi il était destiné. L’Esprit Saint lui a laissé le temps. Au retour de mission il rend compte à la communauté de « l’œuvre » qu’il vient d’accomplir : « Ouvrir aux païens les portes de la foi » (Ac 14,27). Sous la forme du récit Luc vient de nous montrer comment Dieu avait un projet sur Paul mais n’a pas tiré les ficelles. Il l’a laissé trouver par lui-même son chemin. Initiative humaine et plan de Dieu peuvent faire bon ménage.

Deuxième récit de conversion Le deuxième récit de conversion (Ac 22) est fait par Paul lui-même dans le Temple de Jérusalem. Devant la foule juive, il raconte les événements du chemin de Damas. À part quelques variantes secondaires, Paul reprend les mêmes éléments que nous avons déjà entendus. Mais il apporte deux précisions. Ananie d’abord transmet le message à Paul qui doit être témoin du Christ « devant tous les hommes », donc également devant les païens. Et Paul raconte ensuite qu’il a eu une vision dans le Temple de Jérusalem au cours de laquelle le Seigneur lui a dit : « Va, c’est au loin, vers les nations païennes, que je vais, moi, t’envoyer . » Le lecteur apprend donc par la bouche de Paul des choses qu’il ne savait pas. Ainsi Paul n’a pas décidé par lui-même de passer aux païens. Il a été encouragé par le Seigneur en personne. Et cette vision s’est déroulée au Temple. On remarque la portée symbolique de ce lieu.

Troisième récit de conversion Alors qu’il est en captivité à Césarée, la ville païenne, Paul raconte une troisième fois sa conversion. Ses interlocuteurs sont des descendants d’Hérode le Grand ainsi que le gouverneur romain Festus. Il y a de nouvelles variantes. Cette fois-ci il n’est plus question de la cécité temporaire de Paul ni du rôle d’Ananie. Plus question non plus de l’extase du Temple. Mais Paul parle de la rencontre avec le Nom de Jésus. Paul qui combattait ce Nom par tous les moyens l’a rencontré sur sa route, en travers de son chemin. Le Seigneur a parlé à Paul et lui dit : « Je t’ai destiné à être serviteur et témoin de la vision où tu viens de me voir ….Je t’envoie vers le peuple et les nations païennes pour leur ouvrir les yeux, les détourner des ténèbres vers la lumière… afin qu’ils reçoivent le pardon des péchés et une part d’héritage avec les sanctifiés, par la foi en moi » (Ac 26,14-18). Maintenant tout est dit. Le narrateur du livre des Actes des Apôtres a laissé Paul faire lui-même le bilan de sa vie. La conversion et la vocation de l’ancien persécuteur forment un tout. Appartenant tout entier au Christ, il témoigne devant les Juifs et les païens. Ce que le Seigneur a annoncé à Ananie s’est accompli : « Cet homme est un instrument que je me suis choisi pour répondre de mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites » (Ac 9,15).

 

Conversione di San Paolo

24 janvier, 2016

Conversione di San Paolo dans images sacrée Legenda-Aurea-1470-British-Library

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BENOÎT XVI – LA CONVERSION DE PAUL (2008)

24 janvier, 2016

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2008/documents/hf_ben-xvi_aud_20080903.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 3 septembre 2008         

LA CONVERSION DE PAUL

Chers frères et sœurs,

La catéchèse d’aujourd’hui sera consacrée à l’expérience que saint Paul fit sur le chemin de Damas et donc sur ce que l’on appelle communément sa conversion. C’est précisément sur le chemin de Damas, au début des années 30 du i siècle, et après une période où il avait persécuté l’Eglise, qu’eut lieu le moment décisif de la vie de Paul. On a beaucoup écrit à son propos et naturellement de différents points de vue. Il est certain qu’un tournant eut lieu là, et même un renversement de perspective. Alors, de manière inattendue, il commença à considérer « perte » et « balayures » tout ce qui auparavant constituait pour lui l’idéal le plus élevé, presque la raison d’être de son existence (cf. Ph 3, 7-8). Que s’était-il passé? Nous avons à ce propos deux types de sources. Le premier type, le plus connu, est constitué par des récits dus à la plume de Luc, qui à trois reprises raconte l’événement dans les Actes des Apôtres (cf. 9, 1-19; 22, 3-21; 26, 4-23). Le lecteur moyen est peut-être tenté de trop s’arrêter sur certains détails, comme la lumière du ciel, la chute à terre, la voix qui appelle, la nouvelle condition de cécité, la guérison comme si des écailles lui étaient tombées des yeux et le jeûne. Mais tous ces détails se réfèrent au centre de l’événement:  le Christ ressuscité apparaît comme une lumière splendide et parle à Saul, il transforme  sa  pensée  et  sa  vie  elle-même. La splendeur du Ressuscité le rend aveugle:  il apparaît ainsi extérieurement ce qui était sa réalité intérieure, sa cécité à l’égard de la vérité, de la lumière qu’est le Christ. Et ensuite son « oui » définitif au Christ dans le baptême ouvre à nouveau ses yeux, le fait réellement voir. Dans l’Eglise antique le baptême était également appelé « illumination », car ce sacrement donne la lumière, fait voir réellement. Ce qui est ainsi indiqué théologiquement, se réalise également physiquement chez Paul:  guéri de sa cécité intérieure, il voit bien. Saint Paul a donc été transformé, non par une pensée, mais par un événement, par la présence irrésistible du Ressuscité, de laquelle il ne pourra jamais douter par la suite tant l’évidence de l’événement, de cette rencontre, avait été forte. Elle changea fondamentalement la vie de Paul; en ce sens on peut et on doit parler d’une conversion. Cette rencontre est le centre du récit de saint Luc, qui a sans doute utilisé un récit qui est probablement né dans la communauté de Damas. La couleur locale donnée par la présence d’Ananie et par les noms des rues, ainsi que du propriétaire de la maison dans laquelle Paul séjourna (cf. Ac 9, 11) le laisse penser. Le deuxième type de sources sur la conversion est constitué par les Lettres de saint Paul lui-même. Il n’a jamais parlé en détail de cet événement, je pense que c’est parce qu’il pouvait supposer que tous connaissaient l’essentiel de cette histoire, que tous savaient que de persécuteur il avait été transformé en apôtre fervent du Christ. Et cela avait  eu  lieu  non à la suite d’une réflexion personnelle, mais d’un événement fort, d’une rencontre avec le Ressuscité. Bien que ne mentionnant pas de détails, il mentionne plusieurs fois ce fait très important, c’est-à-dire que lui aussi est témoin de la résurrection de Jésus, de laquelle il a reçu directement de Jésus lui-même la révélation, avec la mission d’apôtre. Le texte le plus clair sur ce point se trouve dans son récit sur ce qui constitue le centre de l’histoire du salut:  la mort et la résurrection de Jésus et les apparitions aux témoins (cf. 1 Co 15). Avec les paroles de la très ancienne tradition, que lui aussi a reçues de l’Eglise de Jérusalem, il dit que Jésus mort crucifié, enseveli, ressuscité, apparut, après la résurrection, tous d’abord à Céphas, c’est-à-dire à Pierre, puis aux Douze, puis à cinq cents frères qui vivaient encore en grande partie à cette époque, puis à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et à ce récit reçu de la tradition, il ajoute:  « Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis » (1 Co 15, 8). Il fait ainsi comprendre que cela est le fondement de son apostolat et de sa nouvelle vie. Il existe également d’autres textes dans lesquels la même chose apparaît:  « Nous avons reçu par lui [Jésus] grâce et mission d’Apôtre » (cf. Rm 1, 5); et encore:  « N’ai-je pas vu Jésus notre Seigneur? » (1 Co 9, 1), des paroles avec lesquelles il fait allusion à une chose que tous savent. Et finalement le texte le plus diffusé peut être trouvé dans Ga 1, 15-17:  « Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient les Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie; de là, je suis revenu à Damas ». Dans cette « auto-apologie » il souligne de manière décidée qu’il est lui aussi un véritable témoin du Ressuscité, qu’il a une  mission  reçue  directement  du Ressuscité. Nous pouvons ainsi voir que les deux sources, les Actes des Apôtres et les Lettres de saint Paul, convergent et s’accordent sur un point fondamental:  le Ressuscité a parlé à Paul, il l’a appelé à l’apostolat, il a fait de lui un véritable apôtre, témoin de la résurrection, avec la charge spécifique d’annoncer l’Evangile aux païens, au monde gréco-romain. Et dans le même temps, Paul a appris que, malgré le caractère direct de sa relation avec le Ressuscité, il doit entrer dans la communion de l’Eglise, il doit se faire baptiser, il doit vivre en harmonie avec les autres apôtres. Ce n’est que dans cette communion avec tous qu’il pourra être un véritable apôtre, ainsi qu’il l’écrit explicitement dans la première Epître aux Corinthiens:  « Eux ou moi, voilà ce que nous prêchons. Et voilà ce que vous avez cru » (15, 11). Il n’y a qu’une seule annonce du Ressuscité car le Christ est un. Comme on peut le voir, dans tous ces passages Paul n’interprète jamais ce moment comme un fait de conversion. Pourquoi? Il y a beaucoup d’hypothèses, mais selon moi le motif était tout à fait évident. Ce tournant dans sa vie, cette transformation de tout son être ne fut pas le fruit d’un processus psychologique, d’une maturation ou d’une évolution intellectuelle et morale, mais il vint de l’extérieur:  ce ne fut pas le fruit de sa pensée, mais de la rencontre avec Jésus Christ. En ce sens, ce ne fut pas simplement une conversion, une maturation de son « moi », mais ce fut une mort et une résurrection pour lui-même:  il mourut à sa vie et naquit à une autre vie nouvelle avec le Christ ressuscité. D’aucune autre manière on ne peut expliquer ce renouveau de Paul. Toutes les analyses psychologiques ne peuvent pas éclairer et résoudre le problème. Seul l’événement, la rencontre forte avec le Christ, est la clé pour comprendre ce qui était arrivé; mort et résurrection, renouveau de la part de Celui qui s’était montré et avait parlé avec lui. En ce sens plus profond, nous pouvons et nous devons parler de conversion. Cette rencontre est un réel renouveau qui a changé tous ses paramètres. Maintenant il peut dire que ce qui auparavant était pour lui essentiel et fondamental, est devenu pour lui « balayures »; ce n’est plus un « gain », mais une perte, parce que désormais seul compte la vie dans le Christ. Nous ne devons toutefois pas penser que Paul ait été ainsi enfermé dans un événement aveugle. Le contraire est vrai, parce que le Christ ressuscité est la lumière de la vérité, la lumière de Dieu lui-même. Cela a élargi son cœur, l’a ouvert à tous. En cet instant il n’a pas perdu ce qu’il y avait de bon et de vrai dans sa vie, dans son héritage, mais il a compris de manière nouvelle la sagesse, la vérité, la profondeur de la loi et des prophètes, il se l’est réapproprié de manière nouvelle. Dans le même temps, sa raison s’est ouverte à la sagesse des païens; s’étant ouvert au Christ de tout son cœur, il est devenu capable d’un large dialogue avec tous, il est devenu capable de se faire tout pour tous. C’est ainsi qu’il pouvait réellement devenir l’apôtre des païens. Si l’on en revient à présent à nous-mêmes, nous nous demandons:  qu’est-ce que tout cela veut dire pour nous? Cela veut dire que pour nous aussi le christianisme n’est pas une nouvelle philosophie ou une nouvelle morale. Nous ne sommes chrétiens que si nous rencontrons le Christ. Assurément, il ne se montre pas à nous de manière irrésistible, lumineuse, comme il l’a fait avec Paul pour en faire l’apôtre de toutes les nations. Mais nous aussi nous pouvons rencontrer le Christ, dans la lecture de l’Ecriture Sainte, dans la prière, dans la vie liturgique de l’Eglise. Nous pouvons toucher le cœur du Christ et sentir qu’il touche le nôtre. C’est seulement dans cette relation personnelle avec le Christ, seulement dans cette rencontre avec le Ressuscité que nous devenons réellement chrétiens. Et ainsi s’ouvre notre raison, s’ouvre toute la sagesse du Christ et toute la richesse de la vérité. Prions donc le Seigneur de nous éclairer, de nous offrir dans notre monde de rencontrer sa présence:  et qu’ainsi il nous donne une foi vivace, un cœur ouvert, une grande charité pour tous, capable de renouveler le monde.

Luke 4:16-21 – Reading Isaiah in Nazareth

22 janvier, 2016

Luke 4:16-21 – Reading Isaiah in Nazareth dans images sacrée jesus-in-the-synagogue
http://readingacts.com/2012/09/21/luke-416-21-reading-isaiah-in-nazareth/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT – NÉHÉMIE 8, 2-4A. 5-6. 8-10

22 janvier, 2016

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, DIMANCHE 24 JANVIER 2016

3ÉME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

1ère lecture Psaume 2ème lecture Evangile

PREMIERE LECTURE – NÉHÉMIE 8, 2-4A. 5-6. 8-10

En ces jours là, 2 le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. 3 Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. 4 Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. 5 Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. 6 Alors Esdras bénit le SEIGNEUR, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le SEIGNEUR, le visage contre terre. 7b Les Lévites expliquaient la Loi au peuple, pendant que le peuple restait debout sur place. 8 Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre. 9 Néhémie, le gouverneur, Esdras, qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au SEIGNEUR votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. 10 Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du SEIGNEUR est votre rempart ! »

Nous qui n’aimons pas les liturgies qui durent plus d’une heure, nous serions servis ! Debout depuis le lever du jour jusqu’à midi ! Tous comme un seul homme, hommes, femmes et enfants ! Et tout ce temps à écouter des lectures en hébreu, une langue qu’on ne comprend plus. Heureusement, le lecteur s’interrompt régulièrement pour laisser la place au traducteur qui redonne le texte en araméen, la langue de tout le monde à l’époque, à Jérusalem. Et le peuple n’a même pas l’air de trouver le temps long : au contraire tous ces gens pleurent d’émotion et ils chantent, ils acclament inlassablement « AMEN » en levant les mains. Esdras, le prêtre, et Néhémie, le gouverneur, peuvent être contents : ils ont gagné la partie ! La partie, l’enjeu si l’on veut, c’est de redonner une âme à ce peuple. Car, une fois de plus, il traverse une période difficile. Nous sommes à Jérusalem vers 450 av. J.C. L’Exil à Babylone est fini, le Temple de Jérusalem est enfin reconstruit, (même s’il est moins beau que celui de Salomon), la vie a repris. Vu de loin, on pourrait croire que tout est oublié. Et pourtant, le moral n’y est pas. Ce peuple semble avoir perdu cette espérance qui a toujours été sa caractéristique principale. La vérité, c’est qu’il y a des séquelles des drames du siècle précédent. On ne se remet pas si facilement d’une invasion, du saccage d’une ville… On en garde des cicatrices pendant plusieurs générations. Il y a les cicatrices de l’Exil lui-même et il y a les cicatrices du retour. Car, avec l’Exil à Babylone on avait tout perdu et le retour tant espéré n’a finalement pas été magique, nous l’avons vu souvent. Je n’y reviens pas. Le miracle, c’est que cette période fut terrible, oui, mais très féconde : car la foi d’Israël a survécu à cette épreuve. Non seulement ce peuple a gardé sa foi intacte pendant l’Exil au milieu de tous les dangers d’idolâtrie, mais il est resté un peuple et sa ferveur a grandi ; et cela grâce aux prêtres et aux prophètes qui ont accompli un travail pastoral inlassable. Ce fut par exemple une période intense de relecture et de méditation des Ecritures. Un de leurs objectifs, bien sûr, pendant les cinquante ans de l’Exil, c’était de tourner tous les espoirs vers le retour au pays. Du coup, la douche froide du retour n’en a été que plus dure. Car, du rêve à la réalité, il y a quelquefois un fossé… Le grand problème du retour, nous l’avons vu avec les textes d’Isaïe de la Fête de l’Epiphanie et du deuxième dimanche du temps ordinaire, c’est la difficulté de s’entendre : entre ceux qui reviennent au pays, pleins d’idéal et de projets et ceux qui se sont installés entre temps, ce n’est pas un fossé, c’est un abîme. Ce sont des païens, pour une part, qui ont occupé la place et leurs préoccupations sont à cent lieues des multiples exigences de la loi juive. Depuis le retour, le problème est autre. On sait que ce sont des païens, pour une part, qui se sont installés à Jérusalem pendant la déportation de ses habitants. Et leurs préoccupations sont à cent lieues des multiples exigences de la loi juive. On se souvient que la reconstruction du Temple s’est heurtée à leur hostilité, et les moins fervents de la communauté juive ont été bien souvent tentés par le relâchement ambiant. Ce qui inquiète les autorités, c’est ce relâchement religieux, justement ; et il ne cesse de s’aggraver à cause de très nombreux mariages entre Juifs et païens ; impossible de préserver la pureté et toutes les exigences de la foi dans ce cas. Alors Esdras, le prêtre, et Néhémie, le laïc, vont unir leurs efforts. Ils obtiennent tous les deux du maître du moment, le roi de Perse, Artaxerxès, une mission pour reconstruire les murailles de la ville et pleins pouvoirs pour reprendre en main ce peuple. Car on est sous domination perse, il ne faut pas l’oublier. Esdras et Néhémie vont donc tout faire pour redresser la situation : il faut relever ce peuple, lui redonner le moral. Car la communauté juive a d’autant plus besoin d’être soudée qu’elle est désormais quotidiennement en contact avec le paganisme ou l’indifférence religieuse. Or, dans l’histoire d’Israël l’unité du peuple s’est toujours faite au nom de l’Alliance avec Dieu ; les points forts de l’Alliance, ce sont toujours les mêmes : la Terre, la Ville Sainte, le Temple, et la Parole de Dieu. La Terre, nous y sommes ; la ville sainte, Jérusalem, Néhémie le gouverneur va en achever la reconstruction ; le Temple, lui, est déjà reconstruit ; reste la Parole : on va la proclamer au cours d’une gigantesque célébration en plein air. Tous les éléments sont réunis et on a soigné la mise en scène : c’est très important. La date elle-même a été choisie avec soin : on a repris la coutume des temps anciens, une grande fête à l’occasion de ce qui était alors la date du Nouvel An, « le premier jour du septième mois ». Et on a construit pour l’occasion une tribune en bois qui domine le peuple : c’est de là que le prêtre et les traducteurs font la proclamation. Quant à l’homélie, bien sûr, elle invite à la fête. Mangez, buvez, c’est un grand jour puisque c’est le jour de votre rassemblement autour de la Parole de Dieu. Le temps n’est plus aux larmes, fussent-elles d’émotion. Retenons la leçon : pour ressouder leur communauté, Esdras et Néhémie ne lui font pas la morale, ils lui proposent une fête autour de la parole de Dieu. Rien de tel pour revivifier le sens de la famille que de lui proposer régulièrement des réjouissances !

3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

22 janvier, 2016

http://www.homelies.fr/homelie,,4457.html

3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

dimanche 24 janvier 2016

Famille de Saint Joseph

Les commencements sont toujours des temps remarquables par leur richesse. Nous aimons à les évoquer parce nous pouvons reconnaître en eux l’essentiel de ce qui sera vécu ensuite. Il nous faut donc être particulièrement attentif aux textes d’aujourd’hui : ils marquent tous le commencement ou le renouveau d’une relation avec le Seigneur. La première lecture a une grande force évocatrice. Elle se situe à l’époque du retour de l’exil. Alors que le peuple a perdu tout ce qui faisait sa fierté et son identité, son roi, sa terre, son temple, le voici de retour dans Jérusalem détruite. Sous la direction de Néhémie, Israël entreprend la restauration de la cité sainte, et sous la conduite d’Esdras, le peuple élu redécouvre l’enracinement de sa foi. La Loi raconte le don de Dieu et tous doivent l’entendre. Ainsi, quand nous voyons la foule rassemblée, les hommes, les femmes, les enfants, nous découvrons que l’unité du peuple de Dieu se fait, dans un premier temps, autour de la célébration de la parole. En entendant la parole, en écoutant les explications que les lévites étaient chargés de donner, tous comprennent la grandeur du don de Dieu aux hommes. Ils découvrent leur identité, qui ils sont vraiment, pour eux-mêmes et pour le monde entier. Ils redécouvrent la bonté du Seigneur qui organise le monde pour le bonheur de ses enfants. La première lecture est ainsi une invitation renouvelée à donner toute sa place à la l’Ecriture dans notre vie spirituelle : la lire dans un dialogue personnel avec le Seigneur – bien entendu puisqu’elle est sa Parole dans laquelle il continue à nous parler –, la lire accompagnés par des maîtres qui ont l’expérience de la foi et qui sont entrés dans l’Ecriture Sainte – à l’exemple des longues explications données au peuple rassemblé –, la lire enfin au sein de la grande communauté de l’Eglise – car ces événements deviennent à nouveau présents dans la liturgie de l’Eglise, dans laquelle le Seigneur parle aussi avec nous. Finalement, si le sujet principal de l’Ecriture est le Seigneur lui-même, la communion de l’Eglise est son sujet vivant. Voilà qui suscite notre louange. Les préceptes du Seigneur sont bons ! Ils sont justes, ils sont équitables ! C’est pourquoi, uni dans l’assemblée de tous les croyants, nous avons chanté : « la loi du Seigneur est parfaite, qui redonne vie ». Nous avons souvent tendance à évaluer le monde selon nos propres critères, nous sommes prompts à montrer que nous savons mieux que le Bon Dieu ce que devrait être le cours des événements et la façon dont il devrait intervenir pour un monde meilleur… La prière du psaume nous redonne le sens des priorités. Réformer le monde, c’est d’abord nous réformer nous-mêmes en vivant de la vie de l’Eglise. Et pour cela, nous avons à prendre le temps de la contemplation et de la louange. Nous avons à redécouvrir sans cesse la grandeur du projet de Dieu, car seule la réalisation de son dessein sur le monde peut combler les cœurs. Ce dessein divin est effectivement plus grand que tout ce que nous pourrions imaginer par nous-mêmes. Le Seigneur veut faire de nous les membres de son corps. Comme jadis les lévites prenaient le temps, depuis l’aurore jusqu’au milieu du jour, pour expliquer la Parole de Dieu, nous avons pris le temps de bien entendre saint Paul nous expliquer comment comprendre l’unité de l’Église. Elle n’est pas seulement une organisation bien huilée, elle n’est pas une corporation qui a su traverser les siècles en apprenant à équilibrer ses différentes fonctions. D’abord et avant tout, l’Église n’existe que par le Christ, qui est son Seigneur et son Dieu. Et il a voulu qu’elle soit son corps. C’est parce qu’elle est le corps du Christ que l’Église est harmonieusement équilibrée dans ses ministères et ses charismes. Car elle ne tire pas son unité d’un organigramme, mais de l’action de l’Esprit Saint.

C’est ainsi que saint Paul nous rappelle que « tous, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps ». Cela ne veut pas dire que nous recevons le baptême dans le but de constituer un corps qui sera uni. Cela veut dire que par le baptême nous sommes rendus membres d’un seul corps. L’unité de ce corps est première, et de là vient l’harmonie de ses parties et de ses fonctions. Aussi nous faut-il rester vigilants à ne jamais entrer dans l’attitude stérile du pied et de l’oreille, pour reprendre les exemples de saint Paul. Il ne nous appartient pas de chercher à comparer les membres, et encore moins d’entretenir entre eux quelque rivalité. « Les décisions du Seigneurs sont justes, et vraiment équitables », avons-nous chanté. Il nous revient d’écouter, de chercher à comprendre, de nous renseigner auprès de ceux qui ont autorité, c’est-à-dire auprès de ceux qui ont reçu de Dieu le charisme de nous expliquer. Alors nous saurons qui nous sommes, quel membre nous sommes, pour nous et pour l’Église. Une vie nouvelle s’ouvrira à nous. L’évangile insiste en nous donnant à entendre deux récits de commencements. L’extrait que nous avons proclamé est en effet la compilation des premiers versets de l’évangile de saint Luc et de l’annonce, dans la synagogue de Nazareth, du début de la mission de Jésus. Nous le savons, saint Luc est communément présenté comme l’évangéliste le plus sensible à rapporter les événements tels qu’ils se sont vraiment passés. Il est alors important de remarquer qu’il explique avoir interrogé les « serviteurs de la Parole », c’est-à-dire ceux qui ont reçu le charisme de proclamer et d’expliquer la Bonne Nouvelle. De plus, il n’écrit pas son évangile dans le but premier de vérifier l’histoire, mais « pour que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus », écrit-il à Théophile. La démarche juste est donc de découvrir le dessein de Dieu pour s’y conformer. Nous disposons aussi d’un élément nouveau. Quand Jésus se lève dans la synagogue pour faire la lecture du livre d’Isaïe, pour proclamer la venue du messie qui délivre définitivement le peuple et inaugure le royaume de Dieu sur terre, Jésus annonce non seulement que l’attente du peuple est exaucée, mais surtout qu’il l’accomplit lui-même. Dans sa parole, Dieu agit réellement parmi les hommes. Si Jésus insiste sur l’ « aujourd’hui » de la promesse, c’est pour manifester que l’ère de grâce est inaugurée dans sa personne. La parole de grâce se confond avec sa présence, ce n’est plus au Livre de manifester la présence et l’action de Dieu : Jésus est la grâce qu’il apporte. Ainsi l’unité que nous désirons pour l’Église, l’unité pour laquelle Jésus prie le Père des Cieux, est une unité que Dieu a déjà donnée et que Jésus lui-même va réaliser. Les divisions qui subsistent entre les chrétiens sont donc le signe que nous n’avons pas accueilli le projet du Seigneur sur ses disciples, et que nous n’avons pas laissé le Seigneur la manifester. Notre attitude, qui compare et rivalise, a défiguré le visage de l’Église de Dieu. L’exigence à laquelle nous conduit cette semaine de prière, est l’exigence d’aller jusqu’au bout de l’expérience de la vérité. Prier le Père avec Jésus en disant « qu’ils soient un », c’est accepter de faire preuve d’une docilité à l’Esprit Saint qui permette à Jésus de se lever au milieu de notre assemblée et de proclamer : « Cette parole que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Nous allons maintenant rompre le pain de vie. Cette fraction nous rappellera bien entendu la souffrance intense de notre Seigneur que ce don de lui-même pour notre unité soit sujet de division. Mais qu’elle soit aussi le signe de l’urgence pour nous tous de se laisser embraser par l’Esprit de Vérité, afin que, dans nos vies, soit accueillie comme elle le mérite la seule grâce qui peut combler notre attente : Jésus-Christ en personne. Frère Dominique

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