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TÉMOIGNAGE DE TADEUSZ SOBOLEWICZ * PRONONCÉ LORS D’UNE CÉRÉMONIE DU SOUVENIR LE 30 SEPTEMBRE 2011 À AUSCHWITZ-BIRKENAU.
26 janvier, 2016http://nonahitler.cidem.org/documents/Temoignage_de_Tadeusz_Sobolewicz.pdf
TÉMOIGNAGE DE TADEUSZ SOBOLEWICZ * PRONONCÉ LORS D’UNE CÉRÉMONIE DU SOUVENIR LE 30 SEPTEMBRE 2011 À AUSCHWITZ-BIRKENAU.
* Acteur et auteur polonais, survivant des camps de concentration nazis Mesdames, Messieurs
C’était il ya 70 ans précisément, quand, lié par un fil barbelé à un autre prisonnier, je fus transporté au KL Auschwitz. J’avais 17 ans à peine, de nombreux comme moi subirent le même sort. J’avais été jugé prisonnier politique à cause de mon appartenance à l’Alliance pour la lutte armée. C’était l’année 1941, en novembre. Le KL Auschwitz était encore en construction, et nous devions participer aux travaux de son extension. Je reçu le numéro 23053. « L’accueil » nous fut donné par le chef du camp, un certain Fritzsch, qui, par la bouche de son interprète, nous annonça, à nous nouveaux arrivants, qu’il ne restait, pour les juifs qui se trouvaient parmi nous, qu’une quinzaine de jours à vivre, pour les prêtres un mois, et pour les autres 3 mois tout au plus. Et qu’après, la seule voie de sortiede cet endroit était à travers les fours crématoires. Je pris conscience que c’était une sentence de mort qu’il venait de prononcer. Une fois le SS parti, on commença à nous frapper et à nous donner des ordres abrutissants : « Enlevez vos bonnets ! Remet tez vos bonnets ! Garde à vous ! Allongez-vous ! Accroupissez vous ! Les mains en l’air ! Sautez ! ». Ceux qui étaient incapables d’exécuter correctement les ordres étaient tirés du rang et battus. Certains furent même étouffés par un bâton serré au tour du cou. Dans les jours qui suivirent, je fus affecté à un chantier où je devais transporter des sacs de ciment des wagons de fret au dépôt. Cela faisait à peu près 30 mètres, parcourus en courant sous les bâtons pressants des Kapos et des SS. JE pensais que je ne tiendrais pas le coup, mais la peur d’êtr e matraqué et de perdre la vie me donnait la force de continuer ce travail exténuant. Celui qui trébuchait ou laissait un sac glisser par terre était battu jusqu’à l’évanouissement. Les cris incessants, les coups infligés et les gémissements des gens tués demanière bestiale par les nazis sadiques et par les kapos, pouvaient briser même le s plus forts. La faim tordait les boyaux. Des cas de cannibalisme apparurent. Je continuais à résister, malgré la perpétuelle menace de mort. Il fallait à tout prix éviter de s’exposer. Après, nos sabots en bois furent échangés contre des sabots en cuir. Je fus affecté à l’extraction de gravier et de sable du fonds de la rivière Sola. Dans cette équipe de travail, encerclée par les SS, je fus témoin de scènes où ces derniers enlevaient les bonnets des détenus qui n’arrivaient pas à travailler assez vite, les jetaient en dehors de la ligne de garde, et demandaient ensuite de les rapporter et de se présenter. Une fois que le prisonnier avait traversé la ligne de garde, un SS lui tirait dans le dos et le tuait. Cela s’appelait : « tué pendant une tentative d’évasion ». En récompense, le SS recevait 2 ou 3 jours de congés. Je pourrais citer un grand nombre d’exemples de ce type, mais pourquoi ? Pourquoi rouvrir les blessures cicatrisées ? Non… Nous évoquons ces évènements pour que cela ne se reproduise plus jamais. Ce qui fut mon sort, et le sort de mes coprisonniers, était inimaginable, inhumain et atroce. Je contractai le typhus. Après 10 jours dans un éta d’inconscience provoqué par une fièvre jaune, je pesais 34 kg. Lorsque j’eus, peu à peu, récupéré mes forces dansl’hôpital du camp, je fus désigné pour évacuer les corps de mes collègues décédés.Ensuite, grâce à ma connaissance de l’allemand, je fus employé comme écrivain à Birkenau où, à partir de la moitié de l’année 1942, furent déportés des milliers de citoyens d’origine juive, venus des divers territoires conquis d’Europe. Je les vis de mes propres yeux : des femmes, des enfants, des handicapés, tous menés vers les chambres à gaz, opérant à cette époque- là, d’une manière provisoire. Une fois, lors de l’enregistrement des hommes sains et forts, qui étaient sélectionnés pour le travail, un Juif néerlandais me jeta une boîte dans laquelle je trouvais une montredorée. Je n’avais pas le droit de porter de montre. Je la donnai donc à un détenue, plus âgé que moi, qui réussit à arranger mon déplacement dans la cuisine du camp. Malgré un travail exténuant, mes conditions de vie à Auschwitz s’améliorèrent considérablement. Je n’avais plus faim, je pouvais alors aider les autres. C’était mon obligation morale. Je m’engageai dans l’action d’aide aux collègues résidant dans l’hôpital du camp. La solidarité dans la lutte pour la survie n’était ni sûre ni facile. D’ailleurs, au KL Auschwitz, la lutte existait, malgré la terreur, les persécutions et les fusillades. C’était une lutte sans arme sans armes, une lutte pour préserver son humanité et sa dignité humaine. Parmi ceux qui luttèrent, on peut citer le capitaine de cavalerie, Witold Pilecki, fondateur, dès 1940 d’une organisation militaire ; ou Saint Maximilien Kolbe, qui échangea sa vie contre celle d’un autre prisonnier ; ou encore Maria Stromberger, une infirmière allemande, qui, malgré les risques qu’elle courait, apportait des médicaments aux malades. On se souvient aussi de la révolte dans la compagnie carcérale, en 1942, et du soulèvement des prisonniers juifs du Sonderkommando, qui préférèrent mourir d’une balleplutôt que d’aider les nazis allemands à gazer et à incinérer les autres. Ces exemples sont nombreux… L’histoire du camp d’Auschwitz constitue un exemple de lutte contre une terreur inhumaine, contre un abrutissement de l’Homme. Depuis des années, l’ancien KL Auschwitz ne cesse de nous avertir et de nous rappeler : « Plus jamais ». Malheureusement, il existe encore dans le monde des systèmes et des forces du mal, qui sont une menace pour l’humanité. Les attaques terroristes en sont un exemple. Chaque année, dans ce lieu, le peuple polonais et le peuple juif, qui ont tant souffert ici, rendent hommage aux personnes assassinées. Les Roms maintiennent la même tradition. Ici, parmi les cen dres des incinérés, se trouvent les cendres de mon père et de milliers d’innocents, représentants d’un grand nombre de peuples du monde. Il faut impérativement éradiquer de la vie humaine la haine, le racisme et la xénophobie. Sinon, une autre nouvelle hécatombe du crime pourrait se reproduire. Ici, à Birkenau, les traces de ce temps passé nous imposent, à nous les gens du présent, de répéter le message de mémoire et d’avertissement, et d’agir ensemble, au-delà de tous les clivages, en faveur de la construction de la paix.
J’espère qu’après tant d’effort déjà fournis, le temps est maintenant venu d’achever le projet du Tertre de la Mémoire et de la paix à Oswiecim. Aujourd’hui, 70 ans après l’établissement de l’usine de la mort, portant le nom de KL Auschwitz-Birkenau, nous devons construire un symbole durable à la mémoire de tous ceux qui y périrent. En outre, nous devons commémorer le sacrifice de toutes les victimes qui périrent durant les guerres mondiales. C’est notre obligation morale, c’est ce que notre époque demande. De la même manière que l’Europe a besoin de solidarité, elle a besoin d’éterniser la mémoire ! Nous devons nous unir pour construire un Monde dans lequel les Hommes peuvent vivre et s’épanouiren paix. Je me présente aujourd’hui devant vous, moi le survivant et l’ancien prisonnier de « l’enfer »du KL Auschwitz. Je prononce ces mots en mon nom et au nom de mes co-prisonniers. Ceux qui ont survécu se préparent à s’en aller. C’est donc dans vos mains que repose l’avenir du monde. Merci. Tadeusz Sobolewicz- ancien prisonnier au KL Auschwitz, numéro 23053 Discours pour la réunion avec les participants du Congrès du CCRE, organisée auprès du Monument du Martyre des nations, à l’ancien KL Auschwits II-Birkenau, le 30 septembre 2011.
BENOÎT XVI – TIMOTHÉE ET TITE, LES PLUS PROCHES COLLABORATEURS DE PAUL
26 janvier, 2016http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2006/documents/hf_ben-xvi_aud_20061213.html
BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 13 décembre 2006
TIMOTHÉE ET TITE, LES PLUS PROCHES COLLABORATEURS DE PAUL
Chers frères et soeurs,
Après avoir longuement parlé du grand Apôtre Paul, nous prenons aujourd’hui en considération ses deux collaborateurs les plus proches: Timothée et Tite. C’est à eux que sont adressées trois Lettres traditionnellement attribuées à Paul, dont deux sont destinées à Timothée et une à Tite. Timothée est un nom grec et signifie « qui honore Dieu ». Alors que dans les Actes, Luc le mentionne six fois, dans ses Lettres, Paul fait référence à lui au moins à dix-sept reprises (on le trouve en plus une fois dans la Lettre aux Hébreux). On en déduit qu’il jouissait d’une grande considération aux yeux de Paul, même si Luc ne considère pas utile de nous raconter tout ce qui le concerne. En effet, l’Apôtre le chargea de missions importantes et vit en lui comme un alter ego, ainsi qu’il ressort du grand éloge qu’il en fait dans la Lettre aux Philippiens: « Je n’ai en effet personne d’autre (isópsychon) qui partage véritablement avec moi le souci de ce qui vous concerne » (2, 20). Timothée était né à Lystres (environ 200 km au nord-ouest de Tarse) d’une mère juive et d’un père païen (cf. Ac 16, 1). Le fait que sa mère ait contracté un mariage mixte et n’ait pas fait circoncire son fils laisse penser que Timothée a grandi dans une famille qui n’était pas strictement observante, même s’il est dit qu’il connaissait l’Ecriture dès l’enfance (cf. 2 Tm 3, 15). Le nom de sa mère, Eunikè, est parvenu jusqu’à nous, ainsi que le nom de sa grand-mère, Loïs (cf. 2 Tm 1, 5). Lorsque Paul passa par Lystres au début du deuxième voyage missionnaire, il choisit Timothée comme compagnon, car « à Lystres et à Iconium, il était estimé des frères » (Ac 16, 2), mais il le fit circoncire « pour tenir compte des juifs de la région » (Ac 16, 3). Avec Paul et Silas, Timothée traverse l’Asie mineure jusqu’à Troas, d’où il passe en Macédoine. Nous sommes en outre informés qu’à Philippes, où Paul et Silas furent visés par l’accusation de troubler l’ordre public et furent emprisonnés pour s’être opposés à l’exploitation d’une jeune fille comme voyante de la part de plusieurs individus sans scrupules (cf. Ac 16, 16-40), Timothée fut épargné. Ensuite, lorsque Paul fut contraint de poursuivre jusqu’à Athènes, Timothée le rejoignit dans cette ville et, de là, il fut envoyé à la jeune Eglise de Thessalonique pour avoir de ses nouvelles et pour la confirmer dans la foi (cf. 1 Th 3, 1-2). Il retrouva ensuite l’Apôtre à Corinthe, lui apportant de bonnes nouvelles sur les Thessaloniciens et collaborant avec lui à l’évangélisation de cette ville (cf. 2 Co 1, 19). Nous retrouvons Timothée à Ephèse au cours du troisième voyage missionnaire de Paul. C’est probablement de là que l’Apôtre écrivit à Philémon et aux Philippiens, et dans ces deux lettres, Timothée apparaît comme le co-expéditeur (cf. Phm 1; Ph 1, 1). D’Ephèse, Paul l’envoya en Macédoine avec un certain Eraste (cf. Ac 19, 22) et, ensuite, également à Corinthe, avec la tâche d’y apporter une lettre, dans laquelle il recommandait aux Corinthiens de lui faire bon accueil (cf. 1 Co 4, 17; 16, 10-11). Nous le retrouvons encore comme co-expéditeur de la deuxième Lettre aux Corinthiens, et quand, de Corinthe, Paul écrit la Lettre aux Romains, il y unit, avec ceux des autres, les saluts de Timothée (cf. Rm 16, 21). De Corinthe, le disciple repartit pour rejoindre Troas sur la rive asiatique de la Mer Egée et y attendre l’Apôtre qui se dirigeait vers Jérusalem, en conclusion de son troisième voyage missionnaire (cf. Ac 20, 4). A partir de ce moment, les sources antiques ne nous réservent plus qu’une brève référence à la biographie de Timothée, dans la Lettre aux Hébreux où on lit: « Sachez que notre frère Timothée est libéré. J’irai vous voir avec lui s’il vient assez vite » (13, 23). En conclusion, nous pouvons dire que la figure de Timothée est présentée comme celle d’un pasteur de grand relief. Selon l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, écrite postérieurement, Timothée fut le premier Evêque d’Ephèse (cf. 3, 4). Plusieurs de ses reliques se trouvent depuis 1239 en Italie, dans la cathédrale de Termoli, dans le Molise, provenant de Constantinople. Quant à la figure de Tite, dont le nom est d’origine latine, nous savons qu’il était grec de naissance, c’est-à-dire païen (cf. Gal 2, 3). Paul le conduisit avec lui à Jérusalem pour participer au Concile apostolique, dans lequel fut solennellement acceptée la prédication de l’Evangile aux païens, sans les contraintes de la loi mosaïque. Dans la Lettre qui lui est adressée, l’Apôtre fait son éloge, le définissant comme son « véritable enfant selon la foi qui nous est commune » (Tt 1, 4). Après le départ de Timothée de Corinthe, Paul y envoya Tite avec la tâche de reconduire cette communauté indocile à l’obéissance. Tite ramena la paix entre l’Eglise de Corinthe et l’Apôtre, qui écrivit à celle-ci en ces termes: « Pourtant, le Dieu qui réconforte les humbles nous a réconfortés par la venue de Tite, et non seulement par sa venue, mais par le réconfort qu’il avait trouvé chez vous: il nous a fait part de votre grand désir de nous revoir, de votre désolation, de votre amour ardent pour moi… En plus de ce réconfort, nous nous sommes réjouis encore bien davantage à voir la joie de Tite: son esprit a été pleinement tranquillisé par vous tous » (2 Co 7, 6-7.13). Tite fut ensuite envoyé encore une fois à Corinthe par Paul – qui le qualifie comme « mon compagnon et mon collaborateur » (2 Co 8, 23) – pour y organiser la conclusion des collectes en faveur des chrétiens de Jérusalem (cf. 2 Co 8, 6). Des nouvelles supplémentaires provenant des Lettres pastorales le qualifient d’Evêque de Crète (cf. Tt 1, 5), d’où sur l’invitation de Paul, il rejoint l’Apôtre à Nicopolis en Epire (cf. Tt 3, 12). Il se rendit ensuite également en Dalmatie (cf. 2 Tm 4, 10). Nous ne possédons pas d’autres informations sur les déplacements successifs de Tite et sur sa mort. En conclusion, si nous considérons de manière unitaire les deux figures de Timothée et de Tite, nous nous rendons compte de plusieurs données très significatives. La plus importante est que Paul s’appuya sur des collaborateurs dans l’accomplissement de ses missions. Il reste certainement l’Apôtre par antonomase, fondateur et pasteur de nombreuses Eglises. Il apparaît toutefois évident qu’il ne faisait pas tout tout seul, mais qu’il s’appuyait sur des personnes de confiance qui partageaient ses peines et ses responsabilités. Une autre observation concerne la disponibilité de ces collaborateurs. Les sources concernant Timothée et Tite mettent bien en lumière leur promptitude à assumer des charges diverses, consistant souvent à représenter Paul également en des occasions difficiles. En un mot, ils nous enseignent à servir l’Evangile avec générosité, sachant que cela comporte également un service à l’Eglise elle-même. Recueillons enfin la recommandation que l’Apôtre Paul fait à Tite, dans la lettre qui lui est adressée: « Voilà une parole sûre, et je veux que tu t’en portes garant, afin que ceux qui ont mis leur foi en Dieu s’efforcent d’être au premier rang pour faire le bien » (Tt 3, 8). A travers notre engagement concret, nous devons et nous pouvons découvrir la vérité de ces paroles, et, précisément en ce temps de l’Avent, être nous aussi riches de bonnes oeuvres et ouvrir ainsi les portes du monde au Christ, notre Sauveur.