Archive pour le 10 décembre, 2015
NOTRE-DAME DE GUADALUPE – LES APPARITIONS ET LE MIRACLE 12.12. (M.O)
10 décembre, 2015http://www.sancta.org/nican_f.html
NOTRE-DAME DE GUADALUPE – LES APPARITIONS ET LE MIRACLE 12.12. (M.O)
Nican MopohuaRose Tout récit sur les apparitions de Notre Dame de Guadalupe est inspiré du Nican Mopohua, ou Huei Tlamahuitzoltica, écrit en Hahuatl, la langue Aztèque, par l’écrivain Indien Antonio Valeriano autour de la moitié du XVIe siècle. Malheureusement l’origine de son ouvrage n’a jamais été connu. Une première copie fut publiée en Nahuatl par Luis Lasso de la Vega en 1649. Une copie de la couverture est ci-contre.
Voici la traduction française du récit:
Dix ans après la prise de Mexico, la guerre prit fin et la paix régna parmi le peuple; de cette façon la foi commença à éclore, le discernement du vrai Dieu pour qui nous vivons. En ce temps là, en l’année quinze cent trente et un, dans les premiers jours du mois de décembre, vivait un pauvre Indien appelé Juan Diego, connu comme étant un natif de Cuautitlan. A certains égards, , il appartenait spirituellement à Tlatilolco.
PREMIERE APPARITION Un samedi, tout juste avant l’aube, il était en route pour le culte divin et pour ses propres affaires. Lorsqu’il arriva au pied de la colline connu sous le nom de Tepeyacac, le jour parut et il entendit chanter sur la colline, comme un chant de différents beaux oiseaux. Occasionellement la voix des chanteurs s’arrêtait et il semblait que l’écho répondit. Le chant, très doux et délicieux, était plus beau que celui du coyoltotol, du tzintizcan et d’autres beaux oiseaux. Juan Diego s’arrêta pour voir et se dit à lui-même “Par chance, suis-je digne de ce que j’entends? Peut-être suis-je en train de rêver? Suis-je réveillé? Où suis-je? Peux-être suis-je dans ce paradis terrestre dont nous parlaient nos ancêtres? Peut-être suis-je maintenant au ciel?” Il regardait vers l’est, vers le haut de la colline d’où venait ce précieux chant céleste; puis, subitement le chant s’arrêta et le silence régna. Il entendit alors une voix venant de la colline qui lui disait “Juanito, Juan Dieguito” Il s’aventura alors vers l’endroit où on l’appelait. Il n’était pas le moindrement effrayé; au contraire, il jubilait. Il grimpa alors la colline pour voir d’où on l’appelait. Quand il atteignit le sommet il vit une Dame qui s’y tenait debout et qui lui dit de s’avancer. S’approchant d’elle, il s’émerveilla de sa grandeur surhumaine; ses vêtements brillaient comme le soleil; la falaise sur laquelle reposaient ses pieds étincelait de lumière comme entourée d’un bracelet de pierres précieuses, et la terre resplendissait comme un arc en ciel. Les mezquites, nopales et autres mauvaises herbes qui poussent à cet endroit, paraissaient comme des émeraudes, leurs feuillages comme des turquoises, leurs branches et leurs épines brillaient comme de l’or. Il s’inclina devant elle et entendit sa parole, douce et courtoise, comme quelqu’un qui vous charme et vous enchante profondément. Elle lui dit : “Juanito, le plus humble de mes fils, où vas-tu?” Il lui répondit “Madame et enfant, Je dois atteindre ton “église à Mexico, Tlatilolco, afin de poursuivre les choses divines qui nous sont enseignées et données par nos prêtres et nos délégués et Notre Seigneur. Elle lui parla alors ainsi: “Sache et comprends bien, le plus humble de mes fils, que je suis la toujours vierge Sainte Marie, Mère du Vrai Dieu pour qui nous existons, du Créateur de toutes choses, Seigneur du ciel et de la terre. J’aimerais qu’une église soit érigée ici, rapidement, afin que je puisse vous montrer et vous donner mon amour, ma compassion, mon aide et ma protection, parce que je suis votre mère miséricordieuse, à vous, à tous les habitants de cette terre et à tous ceux qui m’aiment, m’invoquent et ont confiance en moi. J’écoute leurs lamentations et je remédie à leurs misères, leurs détresses et leurs peines. Afin d’accomplir ce qu’exige ma clémence , va au palais de l’évêque de Mexico et tu lui diras que je manifeste un grand désir qu’ici, sur cette plaine, une église soit construite en mon honneur; tu lui raconteras dans les moindres détails tout ce que tu as vu et admiré et ce que tu as entendu. Sois assuré que je te serai extrêmement reconnaissante et que je te récompenserai, parce que je te rendrai heureux et digne de récompense pour les efforts et la fatigue que tu vas endurer pour cette mission. Voilà, tu as entendu mes instructions, mon humble fils, va et fais tous tes efforts.” A cet instant, il s’inclina devant elle et dit “ Madame, Je vais obéir à tes instructions; maintenant je dois te quitter, moi, ton humble serviteur: Il descendit alors afin de s’acquitter de sa tâche et prit l’allée qui mène tout droit à Mexico.
DEUXIEME APPARITION Ayant pénétré dans la ville,il se rendit directement et sans délais, au palais épiscopal ou venait d’être nommé un nouveau prélat, le Père Juan de Zumarraga, un Religieux Franciscain. A son arrivée, il essaya de le voir; il plaida auprès des serviteurs afin qu’ils annoncent sa visite, et après une longue attente il fut informé que l’évêque avait ordonné de le faire entrer. En entrant, il s’inclina et s’agenouillant devant l’évêque il lui transmit le message de la Dame du ciel. Il lui raconta aussi tout ce qu’il avait admiré, vu et entendu. Après avoir écouté son bavardage et son message l’évêque trouva cela incroyable; il lui dit alors:” Tu repartiras, mon fils et je t’écouterai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et refléchirai sur les voeux et les désirs pour lesquels tu es venu.” Il s’en alla et paraissait triste car le message n’avait pas été accompli sous toutes ses formes. Il rentra le même jour. Il revint directement au haut de la colline et rencontra la Dame du ciel qui l’attendait à la même place où il l’avait vue la première fois. La voyant, il se prosterna devant elle et lui dit “Madame, la plus petite de mes filles, mon Enfant, j’a été là où tu m’as envoyé afin de me conformer à tes instructions. Avec beaucoup de difficultés j’ai pénétré dans le bureau du prélat. Je l’ai vu et lui a fait part de ton message, comme tu me l’avais commandé. Il m’a reçu bienveillamment et m’a écouté attentivement mais sa réponse laissait entendre qu’il ne me croyait pas. Il m’a dit “Tu reviendras et je t’entendrai à mon gré. Je reprendrai tout depuis le début et réfléchirai sur le voeu et le désir qui t’ont amené.” J’ai parfaitement compris de par la façon dont il m’a répondu qu’il pensait que ton désir d’avoir une église qui te soit consacrée est une invention de ma part, et que ce n’est pas ton ordre, aussi je te supplie fortement, Madame, de confier l’accomplissement de ton message à quelqu’un d’important , de connu qui inspire le respect et l’estime, afin qu’on le croie; parce que je ne suis rien, je suis une petite ficelle, une minuscule échelle, une queue, une feuille et toi, mon Enfant la plus petite de mes enfants, ma Dame, tu m’as envoyé à une place que je ne fréquente jamais ni ne m’y repose. Je t’en prie , pardonne moi ce grand desagrément et ne sois pas irritée, Madame. La Vierge Marie répondit:” Ecoute, ô le moindre de mes fils, tu dois comprendre que j’ai de nombreux serviteurs et messagers à qui je peux confier l’accomplissement de mon message et l’excécution de mon désir, mais c’est toi précisémenet que je sollicite et demande de m’aider afin que par ta médiation mon voeu soit accompli. Je t’implore ardemment, toi le moindre de mes fils, et avec fermeté je t’ordonne d’aller demain voir l’évêque. Tu y vas en mon nom et tu lui fais connaitre mon voeu intégral selon lequel je lui demande de commencer la construction d’une église. Et dis-lui aussi que c’est Moi, en personne, la toujours-vierge, Sainte Marie, Mère de Dieu qui t’ai envoyé” Juan Diego répondit: “Madame, mon Enfant, je ne veux pas te faire de la peine. Joyeusement et de plein gré j’obéirai à tes instructions. Sous aucune condition je ne manquerai de le faire; j’irai accomplir ton désir car non seulemnt le chemin est pénible mais peut-être que je ne serai pas écouté avec plaisir, ou si on m’écoute on ne me croira peut-être pas. Demain après-midi, au coucher du soleil, je reviendrai te porter la réponse de ton message au prélat. Je prends maintenant congé de toi, le plus petite de mes enfants, mon Enfant et Madame. Repose-toi entre-temps” Il s’en alla se reposer chez lui.
TROISIEME APPARITION Le jour suivant, il quitta la maison avant l’aube, et prit le chemin de Tlatilolco, afin d’être instruit des choses divines et d’être présent à l’appel, après quoi il irait voir le prélat. Vers dix heures, rapidement, après avoir assisté à la Messe et avoir inscrit sa présence, il s’en alla quand la foule se fut dispersée. Sur l’heure JuanDiego se rendit au palais de l’évêque. A peine fut-il arrivé qu’il essaya ardemment de voir l’évêque. Après encore beaucoup de difficultés il parvint à le voir. Il s’agenouilla à ses pieds. Il s’attrista et pleura pendant qu’il exposait les instructions de la Dame du ciel demandant à Dieu de lui accorder qu’on croie à son message et au voeu de l’Immaculée pour qu’un temple soit construit là où Elle le voulait. L’évêque, afin de se rassurer, lui posa beaucoup de questions, lui demandant où il l’avait vue et comment elle était. Il décrivit le tout à la perfection à l’évêque. Malgré les explications précises de son apparence et de tout ce qu’il avait vu et admiré, qui en soi indiquait qu’elle était la toujours-vierge Sainte Mère du Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ, il ne lui accorda néanmoins aucun crédit lui disant que pour sa requête il lui fallait faire ce qui lui était demandé mais de plus qu’un signe était nécessaire afin qu’il puisse croire qu’il était vraiment envoyé par une Dame du ciel. Juan Diego dit alors à l’évêque “Monseigneur,écoutez! Quel doit être le signe que vous demandez? Car j’irai le demander à la Dame du ciel qui m’a envoyé vers vous.” L’évêque voyant qu’il acceptait sans aucun doute et ne se rétractait pas, le renvoya. Il ordonna immédiatement à quelques personnes de son entourage, en qui il pouvait avoir confiance, de le suivre et de surveiller où il allait, qui il voyait et avec qui il parlait. Ceux qui le suivirent le perdirent de vue alors qu’ils traversaient la ravine près du pont de Tepeyac. Ils cherchèrent partout mais ne purent le retrouver. Ils revinrent donc non seulement parce qu’ils étaient fatigués mais aussi parce que leurs desseins avaient été déjoués, et cela les avait mis en colère. Et c’est ce qu’ils racontèrent à l’évêque. Pour l’influençer afin qu’il ne crut pas en Juan Diego, ils dirent à l’évêque que Juan Diego le trompait et inventait ce qu’il racontait ou qu’il avait seulement rêvé ce qu’il racontait et demandait. Finalement ils s’arrangèrent pour que, si jamais il retournait, il fût retenu et durement puni afin qu’ il cessât de mentir et de tromper. Entre temps, Juan Diego était avec la Bienheureuse Vierge lui rapportant la réponse de Monseigneur l’évêque. La Dame, après l’avoir écouté, lui dit:”Très bien, mon petit, tu repartiras la-bas demain, afin de porter à l’évêque le signe qu’il a demandé. Avec cela il te croira et dans son regard il n’y aura ni doute ni soupçon. Et sache, mon petit, que je te récompenserai pour ta sollicitude, tes efforts et ta fatigue à mon égard. Je t’attendrai ici demain.”
QUATRIEME APPARITION C’est le jour suivant, un lundi, que Juan Diego devait porter un signe pour qu’on le croie, mais il n’y revint pas parce que, en rentrant chez lui, son oncle, Juan Bernardo, était tombé malade et son état était grave. Il appela d’abord un docteur qui l’aida mais c’était trop tard, son état s’empirait. A la tombée de la nuit son oncle lui demanda d’aller à l’aube à Tlatilolco et de ramener un prêtre pour le préparer et entendre sa confession car il était certain qu’il allait mourir et qu’il ne se lèverait plus ni ne guérirait. Le mardi, avant l’aube, Juan Diego partit de sa maison pour Tlatilolco pour ramener un prêtre et comme il s’approchait de la route qui rejoint la pente qui mène au sommet de la colline de Tepeyac, vers l’ouest, et où il avait l’habitude de traverser la route, il se dit “ Si je continue ce chemin, la Dame va sûrement me voir, et je pourrais être retenu afin que je puisse porter le signe au prélat comme convenu; mais notre premier souci est d’aller rapidement appeler un prêtre car mon oncle l’attend certainement” il fit donc le tour de la colline afin qu’il ne puisse être vu par elle qui voit bien partout. Il la vit descendre du haut de la colline et regarder vers là où ils s’étaient . rencontrés précédemment. Elle s’approcha de lui au bas de la colline et lui dit” “Qu’y a-t-il, le moindre de mes fils? Où vas-tu?” Etait-il affligé ou honteux ou effrayé? Il s’inclina devant elle. Il la salua, disant:” Mon Enfant, la plus tendre de mes filles, Madame, que Dieu veuille que tu sois satisfaite. Comment vas-tu ce matin? Est-ce que ta santé est bonne, Madame et mon Enfant? Je vais te faire de la peine. Sache, mon enfant, qu’un des tes serviteurs , mon oncle, est très malade, Il a attrapé la peste et est sur le point de mourir. Je dois me hâter vers ta maison à Mexico afin d’appeler un de tes prêtres, aimé de Dieu, pour qu’il entende sa confession et lui donne l’absolution car, depuis notre naissance, nous sommes venus au monde pour nous préserver des oeuvres de la mort. Mais si je pars, je reviendrai ici rapidement afin d’aller porter ton message. Madame, mon Enfant, pardonne moi, sois patiente avec moi pour le moment. Je ne te decevrai pas, la plus petite des mes filles. Demain je viendrai en toute hâte. Après avoir écouté les paroles de Juan Diego, la Très Sainte Vierge répondit: ”Ecoute moi et comprends bien, le moindre de mes fils, rien ne doit t’effrayer ou te peiner. Que ton coeur ne soit pas troublé. N’aies pas peur de cette maladie, ni d’aucune autre maladie ou angoisse. Ne suis-je pas là, moi qui suis ta Mère? N’es-tu pas sous ma protection? Ne suis-je pas ta santé? Ne reposes-tu pas heureux en mon sein? Que desires-tu de plus? Ne sois pas malheureux ou troublé par quoi que ce soit. Ne sois affligé pas la maladie de ton oncle, il n’en mourra pas. Sois assuré qu’il est maintenant guéri”. (Et à ce moment son oncle fut guéri comme il devait l’apprendre par la suite) Quand Juan Diego entendit ces mots de la Dame du ciel, il était grandement consolé. Il était heureux. Il la supplia de l’excuser afin qu’il aille voir l’évêque et lui porter le signe ou la preuve afin qu’on le croie. La Dame du ciel lui ordonna de grimper au haut de la colline où ils s’étaient précédemment rencontrés. Elle lui dit: « Grimpe, ô le moindre de mes fils , jusqu’au haut de la colline; là où tu m’as vue et où je t’ai donné des instructions, tu verras différentes fleurs. Coupe les, cueille les, rassembles les et puis viens les porter devant moi.” Juan Diego grimpa sur la colline immédiatement, et comme il atteignait le sommet il fut stupéfait; de voir qu’une telle variété de merveilleux rosiers de Castille étaient en floraison bien avant la saison où les roses devraient bourgeonner car hors de saison elles gèleraient. Elles étaient parfumées et recouvertes des gouttes de rosée de la nuit qui ressemblaient à des perles précieuses. Il commença immédiatement à les cueillir. Il les assembla et les plaça dans son tilma. Le haut de la colline n’était pas une place où pourrait fleurir n’importe quelle fleur car il y avait beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites. Occasionellement de l’herbe poussait mais c’était au mois de décembre quand la végétation n’était pas gelée. Il descendit la colline immédiatement et porta les différentes roses qu’il avait cueillies à la Dame du ciel qui, en les voyant les prit entre ses mains et les plaça à nouveau dans son tilma, lui disant : « ô toi, le moindre de mes fils , cette variété de roses est une preuve et un signe que tu porteras à l’évêque. Tu lui diras en mon nom qu’il y verra là mon voeu et qu’il doit s’y conformer. Tu es mon ambassadeur, le plus digne de ma confiance. Je te l’ordonne rigoureusement de ne déplier ton manteau qu’en présence de l’évêque et de lui montrer ce que tu portes. Tu lui raconteras bien tout; tu lui diras que je t’ai ordonné de grimper au haut de la colline et de cueillir les fleurs; et aussi tout ce que tu as vu et admiré afin que tu puisses persuader le prélat d’accorder son soutien à ma demande qu’une église soit construite.” Après les conseils de la Dame du ciel, il prit le chemin qui mène directement à Mexico, heureux et sûr du succès, portant avec beaucoup de précaution le contenu de son tilma afin que rien ne s’échappe de ses mains et s’enivrant du parfum de cette variété de belles fleurs.
LE MIRACLE DE L’IMAGE Quand il arriva au palais épiscopal, le majordome vint à sa rencontre ainsi que d’autres serviteurs du prélat..Il les supplia de dire à l’évêque qu’il voulait le voir, mais personne ne voulait le faire, ils faisaient semblant de ne pas l’entendre, probablemenet parce qu’il était trop tôt ou parce qu’ils le connaisaient comme étant un importun et qu’il les harcelait; de plus, leurs collègues leur avaient raconté qu’ils l’avaient perdu de vue quand ils l’avaient suivi. Il attendit longtemps. Quand ils virent qu’il avait attendu longtemps debout, abattu, ne faisant rien, attendant d’ête appelé et paraissant avoir quelquechose dans son tilma, ils s’approchèrent de lui afin de savoir ce qu’il portait. Juan Diego voyant qu’il ne pouvait cacher ce qu’il portait et sachant qu’il serait molesté, bousculé, lacéré, ouvrit un peu son tilma là où se trouvaient les fleurs. En voyant cette variété de roses de Castille hors saison, ils furent complètement stupéfaits parce qu’elles étaient si fraiches, en pleine floraison, si parfumées et si belles. Ils essayèrent de s’en emparer et de tirer quelques unes mais ne réussirent à aucune des trois fois qu’ils osèrent le faire. Ils ne réussirent pas parce qu’à chaque fois qu’ils essayaient de les prendre, ils ne purent voir les fleurs réelles. A la place elles paraissaient peintes, imprimées ou cousues sur la toile. Ils allèrent alors dire à l’évêque ce qu’ils avaient vu l’informant que l’Indien qui était venu à plusieurs reprises voulait le voir et qu’il avait sûrement une raison pour l’avoir attendu avec anxiété si lontemps et être si désireux de le voir. En entendant cela l’évêque comprit qu’il avait apporté la preuve pour confimer ses dires afin qu’il se conformât à la requête de l’Indien. Il ordonna de le faire entrer immédiatement. Dès son entrée Juan Diego s’agenouilla devant lui comme à l’accoutumée et raconta à nouveau ce qu’il avait vu et admiré ainsi que le message. Il lui dit” Monseigneur, j’ai fait ce que tu as commandé, je suis allé dire à mon Ama, ma Dame du ciel, Sainte Marie, précieuse mère de Dieu que tu as demandé un signe et une preuve afin que tu puisses croire qu’il faut construire une église là où elle l’a demandé; je lui ai aussi dit que je t’avais donné ma parole que je rapporterais un signe et une preuve de son désir comme tu l’as demandé. Elle se montra condescendante et agréa à ta requête . Tôt ce matin elle m’a envoyé te voir à nouveau; je lui demandais une fois encore le signe afin que tu puisses me croire et elle me dit qu’elle me le donnerait et elle s’y conforma. Elle m’envoya au haut de la colline, là où j’avais l’habitude de la voir, pour cueillir une variété de roses de Castille. Après les avoir cueillies je les lui ai portées, elle les a prises de sa main et les a placées dans mon vêtement afin que je te les porte et te les donne en personne. Même si je savais que le haut de la colline n’était pas un endroit où pousseraient des fleurs car il y a beaucoup de rochers, de ronces, d’épines, de nopales et de mezquites, j’avais encore des doutes. Quand je me suis approché du haut de la colline, je vis que j’étais au paradis où il y avait une variété d’exquises roses de Castille, couvertes de brillante rosée et je les ai cueillies immédiatement. Elle m’a dit que je devais te les porter et je me suis exécuté afin que tu puisses voir en elles le signe que tu m’a demandé et te conformer à son voeu; aussi et mon message soient crédibles. Voilà. Reçois les.” Il déplia son vêtement blanc où il avait mis les fleurs et quand toutes les différentes variétés de roses de Castille tombèrent à terre apparut soudain le dessin de la précieuse Image de la toujours vierge Sainte Marie, Mère de Dieu, comme on la voit aujourd’hui dans l’église de Tepeyac, nommé Guadalupe. Quand l’évêque vit l’image, lui et tous ceux présents tombèrent à genoux. On l’admira beaucoup. Ils se levèrent pour la voir, ils tremblèrent et, avec tristesse, ils démontrèrent qu’ils la contemplaient avec leur coeur et leur esprit. L’évêque, avec des larmes de tristesse, pria et implora son pardon pour n’avoir pas accompli son voeu et sa requête. Quand il se releva, il détacha du cou de Juan Diego le vêtement sur lequel apparaissait l’Image de la Dame du ciel. Il le prit et le plaça dans sa chapelle. Juan Diego demeura un jour supplémentaire à l’évêché à la requête de l’évêque. Le jour suivant l’évêque lui dit: Montre nous où la Dame du ciel désire qu’une église soit construite” Et il invita immédiatement tous ceux présents à s’y rendre.
APPARITION A JUAN BERNARDINO Après que Juan Diego eut montré l’endroit où la dame du ciel voulait que son église soit construite, il demanda la permission de prendre congé. Il voulait rentrer chez lui pour voir son oncle Juan Bernardino qui était gravement malade quand il l’avait quitté pour aller à Tlatilolco appeler un prêtre afin d’entendre sa confession et lui donner l’absolution. La Dame du ciel lui avait dit que son oncle était guéri. Mais ils ne le laissèrent pas partir seul et l’accompagnèrent jusqu’à chez lui. Comme ils arrivèrent, ils virent que son oncle était heureux et en bonne santé. Il était très stupéfait de voir son neveu ainsi accompagné et honoré, et demandait la raison d’un tel honneur. Son neveu répondit que lorsqu’il partit chercher le prêtre pour entendre sa confession et lui donner l’absolution, la Dame du ciel lui apparut à Tepeyac lui disant de ne pas être triste, que son oncle allait bien, ce qui l’a consolé . Elle l’a envoyé à Mexico voir l’évêque afin que ce dernier lui construise une maison à Tepeyac. L’oncle témoigna de ce que c’était vrai qu’à cette occasion il fut guéri et qu’il l’avait vue de la même manière que son neveu, apprenant d’Elle qu’elle l’avait envoyé à Mexico pour voir l’évêque. La Dame lui dit aussi que, lorsqu’il irait voir l’évêque, il devrait lui révéler ce qu’il avait vu et lui expliquer de quelle façon Elle l’avait guéri miraculeusement et qu’Elle voulait être appelée La toujours vierge Sainte Marie de Guadalupe et que son image bénie soit aussi ainsi connue Juan Bernardino fut conduit en la présence de l’évêque afin qu’il l’en informe et lui donne un témoignage; son neveu et lui furent les invités de l’évêque chez lui jusqu’à ce que l’église consacrée à la Reine de Tepeyac soit construite là où Juan Diego l’avait vue. L’évêque transféra l’image sacrée de la belle dame du ciel de sa chapelle privée à l’église principale afin que tout le peuple puisse voir l’image bénie et l’admirer . La cité tout entière était sous le coup d’une grande émotion. Tous vinrent la voir , admirer l’image pieuse et prier. Ils s’émerveillèrent de son apparition dans ce divin miracle car aucune personne humaine de ce monde n’avait peint cette image précieuse.
SAINT JEAN CHRYSOSTOME – HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APOTRE : NOUS SAVONS QUE TOUT TOURNE A BIEN A CEUX QUI AIMENT DIEU…
10 décembre, 2015http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/chrysostome/tome4/homelie/homelie006.htm
SAINT JEAN CHRYSOSTOME – HOMÉLIE SUR CETTE PAROLE DE L’APOTRE : NOUS SAVONS QUE TOUT TOURNE A BIEN A CEUX QUI AIMENT DIEU ; ET AUSSI SUR LA PATIENCE ET L’AVANTAGE DES TRIBULATIONS. AVERTISSEMENT.
L’exorde de cette homélie est tout à fait semblable à celui du sermon sur le débiteur des dix mille talents; dans l’un comme dans Vautre, Chrysostome se félicite de ce qu’après une longue maladie, il lui est donné de se retrouver et de s’entretenir de nouveau, comme au retour d’un long voyage, avec cette assemblée dont il est aimé, et qu’il aime à son tour d’une égale affection. De là, certains savants tirent cette conclusion que l’homélie sur le débiteur des dix mille talents ayant été prononcée certainement à Antioche, en 387, celle-ci le fut probablement à Constantinople. Car, disent-ils, il n’aurait pas fait deux fois le même exorde dans la même ville; mais, après s’être rétabli d’une maladie étant à Antioche, il s’y servit d’abord de ce début; et ensuite, étant à Constantinople, après un autre retour à la santé, il commença ce discours-ci de la même manière, devant des auditeurs dont pas un n’avait entendu l’autre. Cet argument ne semble pas tout à fait invraisemblable; pourtant comme Chrysostome a été souvent malade à Antioche, comme on le voit par plusieurs de ses discours, et que d’ailleurs il avait coutume, après un intervalle de quelques années, de répéter dans la même ville d’Antioche, non-seulement des exordes, mais des sermons tout entiers, qu’il remaniait et qu’il modifiait un peu, comme nous l’avons déjà vu souvent, rien n’empêche qu’il ne se soit servi quelques années plus tard, également à Antioche, du même début qu’en 387. Ce discours a donc pu être prononcé, soit dans l’une de ces villes, soit dans l’autre, et il est assez difficile de se déterminer entre les deux. ANALYSE. Tendresse de Chrysostome pour ses auditeurs. — La charité est une dette qu’on ne peut jamais payer. — Les chrétiens patients dans les persécutions. — Efficacité des paroles de l’Apôtre. — Ingratitude des Macédoniens envers les apôtres. — Pourquoi saint Paul chassa le démon qui forçait la servante à reconnaître la mission des apôtres. — Ferveur et délivrance de Paul et de Silas. — De l’efficacité du chant des hymnes : pourquoi Paul et Silas s’y livrèrent au milieu de la nuit. — L’affliction nous rend attentifs et vigilants. — En fait de choses spirituelles, il. ne faut jamais différer. — Pourquoi Dieu permet les tentations. 1. Je me sens aujourd’hui comme si je ne m’étais pas rendu au milieu de vous depuis longtemps. Car bien que je ne fusse retenu à la maison que par ma mauvaise santé, je me trouvais comme exilé bien loin de votre amour. En effet, lorsque l’on aime véritablement et qu’on ne peut se trouver avec celui qu’on aime, on a beau habiter la même ville, on n’est pas moins affecté que si l’on vivait dans un autre pays. C’est là ce que savent tous ceux qui savent aimer. Pardonnez-nous donc, je vous en prie; car ce n’est pas la négligence qui a causé cette séparation; c’était le silence de la maladie. Et d’une part, je sais que vous vous réjouissez tous à présent de notre retour à la santé; et de mon côté, je me réjouis aussi, non pas seulement de l’avoir recouvrée, mais encore de ce qu’il m’est donné de revoir vos visages qui me faisaient faute, et de jouir de l’amour selon Dieu que vous me portez. La plupart des hommes, revenus à la santé, ne pensent qu’à se faire apporter du vin, à remplir leurs verres, à boire frais: pour moi, votre compagnie m’est plus agréable que toutes les réjouissances, et (110) elle est pour moi et la condition de ma santé, et la source de ma joie. Eh bien! donc, puisque par la grâce de Dieu nous nous sommes retrouvés mutuellement, il faut que nous vous payions la dette de la charité, si une telle dette se peut jamais payer. C’est qu’en effet, elle est la seule des obligations qui ne connaisse point d »e terme; plus on s’en acquitte, plus elle se prolonge, et si en fait d’argent nous donnons des éloges à ceux qui ne doivent rien, ici nous félicitons ceux qui doivent beaucoup. C’est pourquoi saint Paul, le docteur des nations, a écrit cette parole : Ne soyez redevables de rien à personne, excepté de la charité mutuelle (Rom. XIII, 8), voulant que notas nous acquittions sans cesse de cette obligation, tout en continuant d’y être tenus, et que jamais nous ne soyons affranchis de cette dette jusqu’au jour où nous le serons de la vie présente elle-même. Si donc une dette pécuniaire est un poids et une gêne, c’est, au contraire, une chose blâmable de ne pas devoir toujours la dette de la charité. Et pour preuve, écoutez avec quelle sagesse cet admirable docteur amène ce conseil. Il commence par dire : Ne soyez redevables de rien à personne; puis il ajoute : excepté de la charité mutuelle. Il veut que nous acquittions toutes nos autres dettes ici-bas, mais il entend que pour cette dernière il n’y ait jamais d’extinction possible. En effet, c’est elle surtout qui forme et discipline notre vie. Eh bien ! donc, puisque nous connaissons tout le profit à retirer de cette dette, puisque nous savons qu’on ne fait que l’augmenter en s’en acquittant, efforçons-nous aujourd’hui, nous aussi, de tout notre pouvoir, de payer celle que nous avons contractée envers vous, non par nonchalance ni ingratitude, mais par l’effet du mauvais état de notre santé; acquittons- nous, en adressant quelques paroles à votre charité, et, en prenant pour sujet de cet entretien l’Apôtre lui-même , ce merveilleux docteur du monde, mettons, sous vos yeux, et méditons à fond ce qu’il disait aujourd’hui en écrivant aux Romains; servons ainsi à votre charité le festin spirituel que nous avons été longtemps sans vous offrir. Quelles. sont ces paroles que nous avons lues? Il est nécessaire de vous le dire, afin que les ayant présentées à votre souvenir , vous saisissiez mieux ce que nous vous dirons. Nous savons, dit l’Apôtre, que tout tourne à bien à ceux qui aiment, Dieu. (Rom. VIII, 28. ) Quel est le but de cette entrée en matière? Car cette âme bienheureuse ne dit rien au hasard, ni en pure perte, mais elle applique toujours aux maux qui se présentent les remèdes spirituels qui leur conviennent. Quel est donc le sens de ses paroles? De nombreuses épreuves assiégeaient de toutes parts ceux qui s’avançaient alors dans la foi, les ruses de l’ennemi se succédaient incessamment, ses embûches étaient continuelles; ceux qui combattaient avec l’arme de la prédication n’avaient point de relâche : les uns étaient jetés en prison, d’autres en exil, on traînait les autres à mille abîmes divers; en conséquence, il agit comme un excellent général, qui , voyant son adversaire respirer la fureur, parcourt les rangs de ses soldats, relève partout leur courage, les fortifie, les prépare au combat, augmente leur audace, accroît leur désir d’en venir aux mains avec l’ennemi, les enhardit à ne pas craindre ses attaques, mais à se tenir en face, la fermeté dans le coeur pour le frapper, s’il est possible, au visage même, et ne point s’effrayer de lui résister. De même le bienheureux apôtre, cette âme d’une élévation toute céleste, voulant réveiller les pensées des fidèles,. et brûlant de relever leur âme en quelque sorte gisante à terre, commença par leur dire : Or nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Voyez-vous la prudence apostolique? Il n’a point dit : Je sais, mais : Nous savons; il les range eux-mêmes dans le nombre de ceux qui conviennent de ce qu’il dit, que tout tourne à bien à ceux qui, aiment Dieu. Considérez aussi l’exactitude du langage de l’Apôtre. Il n’a pas dit : Ceux qui aiment Dieu échappent aux maux, sont délivrés des épreuves; mais : Nous savons, c’est-à-dire, nous sommes assurés, nous avons la certitude; l’expérience nous a démontré: Nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. 2. Quelle force ne trouvez-vous pas dans cette courte expression : Tout tourne à bien ? En effet, n’allez pas me parler des avantages d’ici-bas, ne songez pas seulement au bien-être et à la sécurité, mais aussi à ce qui leur est tout opposé : à la prison, aux tribulations, aux embûches, aux, attaqués journalières, et alors vous verrez parfaitement la portée de cette parole. Et pour ne pas entraîner au loin votre charité, prenons, si vous le voulez bien, quelques petits faits parmi ce qui arriva au bienheureux apôtre, et vouas verrez la force de ce (111) langage. Alors que , parcourant toutes les contrées, semant la parole de piété; arrachant les épines, et se hâtant d’implanter la vérité dans l’âme de chacun , il fut arrivé dans une ville de Macédoine, comme nous le raconte saint Luc, l’auteur des Actes, il rencontra là une jeune servante qui, possédée d’un malin esprit, ne pouvait garder le silence, et qui , s’en allant de côté et d’autre, voulait proclamer partout les apôtres par la suggestion de ce démon. Saint Paul, parlant alors avec grande autorité, employant un langage impérieux, comme quelqu’un qui chasserait un vil malfaiteur, délivra cette femme du malin esprit : les habitants de cette ville auraient dû considérer dès lors les apôtres comme des bienfaiteurs, comme des sauveurs , et, cri échange d’un tel bienfait, les traiter avec toute espèce d’égards. Ils firent pourtant tout le contraire. Ecoutez comment on récompense les apôtres : Les maîtres de cette servante, dit saint Luc, voyant que l’espoir de leur trafic était perdu, s’emparèrent de Paul et de Silos, les traînèrent sur la place publique devant les magistrats, puis ils les menèrent aux préteurs, et leur ayant donné un grand nombre de coups , ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les garder soigneusement. (Act. XVI, 19, 23.) Voyez-vous l’excessive méchanceté des habitants de cette ville ? voyez-vous en même temps la patience et la fermeté des apôtres? Attendez un peu, et vous verrez aussi la miséricorde de Dieu. En effet, comme il est sage et fécond en ressources, il ne fait point cesser les maux tout d’abord et dès le début, mais, après que toutes les dispositions des adversaires ont pris de l’accroissement,après que la patience de ses athlètes a été prouvée par des faits, c’est alors que lui aussi montre à son tour son influence; afin que personne – ne puisse alléguer que si les serviteurs de Dieu courent ainsi aux dangers, c’est qu’ils se fient sur ce qu’ils n’auront rien de pénible à souffrir. C’est pour cela que dans les secrets de sa sagesse il laisse les uns devenir victimes des maux, et qu’il y soustrait les autres; il vent que l’exemple de tous vous instruise de son extrême miséricorde, il veut vous apprendre que lorsqu’il réserve à ses serviteurs de plus grandes récompenses, il permet souvent que leurs maux se prolongent. C’est ce qu’il a fait ici. Car après un tel miracle, après un si grand bienfait que celui par lequel ils se signalèrent en chassant cet esprit impudent, Dieu permit qu’ils fussent battus de verges et jetés en prison. C’est là surtout qu’apparut la puissance de Dieu. Aussi le saint Apôtre disait-il : Je me glorifierai donc le plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. Et un peu plus loin : Quand je suis faible, c’est alors que je suis puissant (II Cor. XII, 9, 10) ; il entend par faiblesse les tentations continuelles. Mais peut-être on se demandera ici pourquoi il a chassé un démon qui ne disait rien qui leur fût hostile, mais qui, au contraire, les faisait ouvertement connaître; car il y avait plusieurs jours qu’il criait: Ces hommes sont. les serviteurs du Dieu très-haut, qui vous annoncent le chemin du salut. (Act. XVI, 17.) Ne soyez point surpris, bien-aimé frère : ceci encore était l’effet de la prudence apostolique et de la grâce du Saint-Esprit. Car, bien qu’il ne dit rien qui leur fût hostile, il ne fallait point que le démon acquit par là un crédit qui l’eût mis à même, à d’autres égards, d’entraîner la croyance des simples voilà pourquoi saint Paul lui ferma la bouche et le chassa, ne voulant pas lui permettre de parler de choses dont il était indigne. Et, en agissant de la sorte, saint Paul suivait l’exemple de son Maître , car lorsque les démons venaient au-devant de Jésus, et lui disaient : Nous savons qui tu es, tu es le saint de Dieu (Luc, IV, 34), quoiqu’ils parlassent ainsi, Jésus les chassait. Et cela arrivait pour confondre les Juifs impudents qui voyaient tous les jours des miracles et une foule de prodiges, et qui refusaient de croire, tandis que les démons les avouaient, et confessaient Jésus pour le Fils de Dieu. 3. Mais passons à la suite de notre discours. Afin donc que vous appreniez que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu, il est nécessaire de vous lire toute cette histoire : elle vous apprendra comment, après les coups et la prison, toutes choses ont été, par la grâce de Dieu, changées en avantages pour eux. Voyons comment saint Luc nous le fait voir; il dit : Le geôlier ayant reçu cette recommandation, les jeta dans la prison la plus intérieure, et leur mit des entraves aux pieds. (Act. XVI, 24.) Voyez comme leurs maux se prolongent, afin que la patience des apôtres devienne plus éclatante, et en même temps pour que la puissance ineffable de Dieu acquière aux yeux de tous une grande évidence. Ecoutez encore ce qui suit. (112) Saint Luc ajoute: Au milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et louaient Dieu. (Ib. V, 25.) Voyez ces âmes. qui semblent avoir des ailes, ces esprits en éveil : ne passons point légèrement, mes frères bien-aimés, sur cette parole. Ce n’est pas au hasard ni pour indiquer seulement l’heure que saint Luc dit : Au milieu de la nuit; mais il veut nous montrer que pendant le temps où le sommeil enchaîne agréablement les autres hommes, et ferme leurs paupières. à l’heure où il est naturel que des personnes en proie à de nombreuses souffrances se laissent entraîner au sommeil, alors que de tous côtés le sommeil fait sentir son pouvoir absolu, c’est à cette heure que les apôtres priaient et louaient Dieu, donnant ainsi la plus grande preuve de leur amour envers lui. Car de même que si nous sommes affligés parles douleurs corporelles, nous recherchons la présence de nos proches, pour trouver dans leur conversation de quoi soulager la violence de notre mal ; ainsi les saints apôtres, embrasés d’amour pour leur Maître, et lui adressant les hymnes sacrés, ne sentaient même pas leurs douleurs; mais, tout entiers à leurs supplications, ils lui offraient cet admirable chant des hymnes : leur prison était devenue un temple, et elle était sanctifiée tout entière par les cantiques de ces bienheureux apôtres. C’était un spectacle merveilleux et admirable que ces hommes, dont les pieds étaient dans les entraves, mais dont la voix n’en avait aucune qui les empêchât de chanter les hymnes. C’est que. pour l’âme austère et vigilante, qui a pour Dieu une charité ardente, il n’est rien qui soit capable de la séparer de son Maître : Car, dit l’Ecriture, je suis le Dieu qui se rapproche, et non pas un Dieu qui se tient à distance (Jérém. XXIII, 23); et elle dit encore autre part : Tu parleras encore, que je dirai : Me voici. (Isaïe, LVIII, 9.) En effet, là où l’âme est en éveil, la pensée a des ailes et se dégage, pour ainsi dire, des liens du corps; elle prend son vol vers le Dieu qu’elle aime, et regarde avec dédain la-terre au-dessous d’elle s’élevant au-dessus des choses visibles, elle court vers Dieu : c’est ce qui est arrivé à nos saints apôtres. Voyez en effet la vertu soudaine des hymnes, et comment ces hommes, quoique en prison et les entraves aux pieds, quoique mêlés avec des imposteurs et des prisonniers, non-seulement n’éprouvèrent aucun dommage, mais encore n’en brillèrent que mieux, et éclairèrent par la lumière de leur propre vertu tous ceux qui étaient dans la prison. Car la voix de ces hymnes sacrés, pénétrant dans l’âme de chacun des prisonniers, la transformait, pour ainsi dire, et la corrigeait. En effet l’Apôtre ajoute : Aussitôt un grand tremblement de terre eut lieu : les fondements de la prison furent ébranlés, et à l’instant toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous furent défaits. (Act. XVI, 26.) Vous voyez la puissance des hymnes auprès de Dieu ! Non-seulement ceux qui les lui offraient obtinrent leur propre soulagement, mais ils furent cause aussi que les liens de tous se détachèrent : c’était pour montrer par des faits que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. En effet, voyez un peu quel tableau ! des coups, une prison, des entraves, la compagnie des prisonniers. Eh bien! tout cela est devenu un sujet d’avantages, une occasion de gloire, non pas pour les apôtres seulement, non pas seulement pour les autres qui étaient en prison, mais pour le geôlier lui-même. En effet, que lisons-nous? Le geôlier s’étant réveillé, et ayant vu que les portes de la prison étaient ouvertes, tira son épée et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient échappés. (Ibid. V, 27.) Considérez ici avec moi la miséricorde de Dieu, laquelle surpasse toute expression ! Pourquoi tout cela arrive-t-il vers minuit? Uniquement pour que l’affaire se passe sans tumulte et dans le calme, et pour assurer le salut du geôlier. Car lorsque le tremblement de terre fut arrivé, et que les portes se furent ouvertes, les liens de tous les prisonniers se détachèrent, et Dieu ne permit pas qu’aucun d’entre eux s’évadât. Remarquez encore ici avec moi un nouveau trait de la sagesse divine. Toutes les autres circonstances, je veux dire, le tremblement de terre, l’ouverture des portes, ont eu. lieu pour que tout le monde apprît par l’événement quels étaient ceux que renfermait alors la prison, et que ce n’étaient pas des hommes ordinaires, mais s’il arriva que personne ne sortit, c’est afin que ceci ne devînt pas pour le geôlier une source de dangers. Pour vous en convaincre, écoutez comment, rien qu’au soupçon du fait, à la seule pensée de quelques évasions, il fit bon marché même de sa vie ! Saint Luc dit en effet : Ayant tiré son épée, il allait se tuer. Mais le bienheureux Paul, toujours attentif, toujours vigilant , arracha par ses paroles l’agneau de la. gueule du loup. Il s’écria : Ne te fais aucun mal! nous sommes tous ici. (Act. XVI, 28.) O comble d’humilité ! il ne conçut (113) aucun orgueil de ce qui venait de s’accomplir, il ne se révolta pas contre le geôlier, il ne se permit aucune expression de hauteur; mais il se comptait lui-même au nombre des prisonniers, des bourreaux, des malfaiteurs, en disant : Nous sommes tous ici. Vous venez de le voir usant de la plus grande humilité, et ne s’arrogeant rien de plus qu’aux malfaiteurs qui sont avec lui. Examinez enfin la conduite du bourreau : il ne s’adresse pas à saint Paul comme à quelqu’un des autres. Ayant pris courage et ayant demandé une lumière, il s’élança dans la chambre, et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas; puis les ayant reconduits dehors, il leur dit : Maîtres, que faut-il que je fasse pour être sauvé? (Ibid. V, 29, 30.) Voyez-vous que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu ? voyez-vous les stratagèmes du démon, et comment ils furent déjoués? Voyez-vous comme ses artifices manquèrent leur but ? Quand les apôtres eurent chassé l’esprit malin, Satan fit en sorte qu’on les jetât en prison, croyant empêcher par là le cours de leurs prédications. Mais voilà que cette prison est devenue pour eux l’occasion d’un nouveau bénéfice spirituel. 4. Ainsi donc, nous aussi, si nous sommes vigilants, non-seulement dans les moments de calme, mais encore dans les tribulations, nous pouvons trouver notre profit, et plus encore dans la tribulation que dans le calme. Car ce dernier état nous rend presque toujours plus négligents ; la tribulation au contraire nous dispose à la -vigilance, elle nous rend dignes aux yeux de Dieu de l’assistance d’en-haut , alors surtout que, par notre espérance en lui , nous faisons preuve de patience et de fermeté dans toutes les afflictions qui nous surviennent. Ne soyons donc pas chagrins, quand nous sommes éprouvés, mais au contraire réjouissons-nous ; car c’est l’occasion de notre gloire. C’est dans ce sens que saint Paul a dit : Nous savons que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Considérons aussi l’âme ardente de nos saints apôtres. Quand ils entendirent cette question du geôlier : Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? tardèrent-ils à répondre ? remirent-ils à plus tard? négligèrent-ils de l’instruire ? nullement. Et que lui dirent-ils ? Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et toute ta famille. (Ibid. V, 31.) Voyez la sollicitude apostolique. Ils ne se contentent pas du salut de lui seul, ils veulent aussi, grâce à lui, envelopper tous les siens dans les lacs de la religion , et infliger à Satan une blessure cruelle : Et le geôlier fut baptisé à l’instant, lui et tous les siens, et il fut ravi de joie, avec toute sa famille, d’avoir cru en Dieu. (Ibid. V, 33, 34) Cela nous apprend à ne jamais différer même d’un instant dans les affaires spirituelles, mais à considérer toujours comme favorable l’occasion qui se présente. Si en effet nos saints apôtres n’ont pas voulu différer alors qu’il était nuit, quelle excuse aurons-nous si dans les autres moments du jour nous laissons échapper des profits spirituels ? Vous avez vu cette prison devenant une église ? ce repaire de bourreaux transformé soudain en une maison de prière ; vous avez vu s’y accomplir la sainte initiation ? Voilà l’effet de la vigilance, c’est là ce que l’on gagne à ne jamais négliger les profits spirituels, mais à tirer parti de toutes les occasions pour réaliser d’aussi nobles bénéfices. Le saint apôtre a donc bien eu raison d’écrire : Que tout tourne à bien à ceux qui aiment Dieu. Et nous aussi, je vous y engage, ayons cette parole bien gravée dans notre âme, et n’entrons jamais en dépit, quand il nous arrive des afflictions dans cette vie, événements . maladies, ou autres circonstances fâcheuses ; armons-nous d’une grande sagesse pour résister à toutes les épreuves, sachant que si nous sommes vigilants, nous pouvons tirer parti de tout , et des épreuves plus que des consolations. Ne nous troublons jamais , songeant combien la patience est profitable , et n’ayons pas même de sentiments de haine contre ceux qui nous attirent nos épreuves. Car s’ils agissent de la sorte pour atteindre leur but particulier, notre Maître commun le permet, voulant par ce moyen nous faire trouver nos bénéfices spirituels, nous faire obtenir le salaire de notre patience. Si nous pouvons donc supporter avec reconnaissance ce qui nous est infligé, nous effacerons par là une grande partie de nos péchés. Et si le Seigneur, en voyant un tel trésor, le docteur des nations, tomber chaque jour dans les dangers, supportait qu’il en fût ainsi, non par insouciance de son athlète, mais parce qu’il lui préparait une plus longue lutte, pour lui accorder ensuite de plus brillantes couronnes, que pourrions-nous dire, nous autres, qui sommes couverts d’une foule de péchés, et qui, à cause de ces péchés, rencontrons maintes et maintes épreuves, afin (114) qu’ayant porté ici-bas la peine de nos fautes , nous soyons au moins jugés dignes d’un peu d’indulgence, et que nous puissions en ce jour terrible goûter les biens mystérieux ? Réfléchissons à tout cela , et résistons généreusement à toutes les afflictions, afin de recevoir du Dieu de miséricorde la récompense de notre patience , de pouvoir diminuer la multitude de nos péchés, et obtenir les biens éternels , par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire, puissance et honneur au Père, ainsi qu’au Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.