Archive pour septembre, 2015

BENOÎT XVI – LE PSAUME 3

17 septembre, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110907.html

BENOÎT XVI – LE PSAUME 3

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 7 septembre 2011

Chers frères et sœurs,

Nous reprenons aujourd’hui les audiences place Saint-Pierre et, à l’«école de la prière» que nous vivons ensemble en ces catéchèses du mercredi, je voudrais commencer à méditer sur certains psaumes qui, comme je le disais au mois de juin dernier, forment le «livre de prière» par excellence. Le premier Psaume sur lequel je m’arrête est un Psaume de lamentation et de supplication empreint d’une profonde confiance, dans lequel la certitude de la présence de Dieu fonde la prière qui jaillit d’une situation de difficulté extrême dans laquelle se trouve l’orant. Il s’agit du psaume 3, rapporté par la tradition juive à David au moment où il fuit son fils Absalom (cf. v. 1): il s’agit de l’un des épisodes les plus dramatiques et douloureux de la vie du roi, lorsque son fils usurpe son trône royal et le contraint à quitter Jérusalem pour sauver sa vie (cf. 2 S 15sq). La situation de danger et d’angoisse ressentie par David est donc l’arrière-plan de cette prière et aide à la comprendre, en se présentant comme la situation typique dans laquelle un tel Psaume peut être récité. Dans le cri du Psalmiste, chaque homme peut reconnaître ces sentiments de douleur, d’amertume et dans le même temps de confiance en Dieu qui, selon le récit biblique, avaient accompagné la fuite de David de sa ville.
Le Psaume commence par une invocation au Seigneur: «Seigneur, qu’ils sont nombreux mes oppresseurs, nombreux ceux qui se lèvent contre moi, nombreux ceux qui disent de mon âme: “Point de salut pour elle en son Dieu!”» (vv. 2-3).
La description que fait l’orant de sa situation est donc marquée par des tons fortement dramatiques. Par trois fois, on répète l’idée de multitude — «nombreux» — qui, dans le texte original, est exprimée à travers la même racine hébraïque, de façon à souligner encore plus l’immensité du danger, de façon répétitive, presque martelante. Cette insistance sur le nombre et la multitude des ennemis sert à exprimer la perception, de la part du Psalmiste, de la disproportion absolue qui existe entre lui et ses persécuteurs, une disproportion qui justifie et fonde l’urgence de sa demande d’aide: les oppresseurs sont nombreux, ils prennent le dessus, tandis que l’orant est seul et sans défense, à la merci de ses agresseurs. Et pourtant, le premier mot que le Psalmiste prononce est: «Seigneur»; son cri commence par l’invocation à Dieu. Une multitude s’approche et s’insurge contre lui, engendrant une peur qu’amplifie la menace, la faisant apparaître encore plus grande et terrifiante; mais l’orant ne se laisse pas vaincre par cette vision de mort, il maintient fermement sa relation avec le Dieu de la vie et s’adresse tout d’abord à Lui pour rechercher de l’aide. Mais les ennemis tentent également de briser ce lien avec Dieu et de briser la foi de leur victime. Ils insinuent que le Seigneur ne peut intervenir, et affirment que pas même Dieu ne peut le sauver. L’agression n’est donc pas seulement physique, mais touche la dimension spirituelle: «Le Seigneur ne peut le sauver» — disent-ils, — le noyau central de l’âme du Psalmiste doit être frappé. C’est l’extrême tentation à laquelle le croyant est soumis, c’est la tentation de perdre la foi, la confiance dans la proximité de Dieu. Le juste surmonte la dernière épreuve, reste ferme dans la foi et dans la certitude de la vérité et dans la pleine confiance en Dieu, et précisément ainsi, trouve la vie et la vérité. Il me semble qu’ici, le Psaume nous touche très personnellement: dans de nombreux problèmes, nous sommes tentés de penser que sans doute, même Dieu ne me sauve pas, ne me connaît pas, n’en a peut-être pas la possibilité; la tentation contre la foi est l’ultime agression de l’ennemi, et c’est à cela que nous devons résister, ainsi nous trouvons Dieu et nous trouvons la vie.
L’orant de notre Psaume est donc appelé à répondre par la foi aux attaques des impies: les ennemis — comme je l’ai dit — nient que Dieu puisse l’aider, et lui, en revanche, l’invoque, l’appelle par son nom, «Seigneur», et ensuite s’adresse à Lui en un tutoiement emphatique, qui exprime un rapport stable, solide, et qui contient en soi la certitude de la réponse divine: «Mais toi, Seigneur, mon bouclier, ma gloire tu tiens haute ma tête. A pleine voix je crie vers le Seigneur; il me répond de sa montagne sainte» (vv. 4-5).
La vision des ennemis disparaît à présent, ils n’ont pas vaincu car celui qui croit en Dieu est sûr que Dieu est son ami: il reste seulement le «Tu» de Dieu; aux «nombreux» s’oppose à présent une seule personne, mais beaucoup plus grande et puissante que beaucoup d’adversaires. Le Seigneur est aide, défense, salut; comme un bouclier, il protège celui qui se confie à Lui, et il lui fait relever la tête, dans le geste de triomphe et de victoire. L’homme n’est plus seul, ses ennemis ne sont pas imbattables comme ils semblaient, car le Seigneur écoute le cri de l’opprimé et répond du lieu de sa présence, de sa montagne sainte. L’homme crie, dans l’angoisse, dans le danger, dans la douleur; l’homme demande de l’aide, et Dieu répond. Ce mélange du cri humain et de la réponse divine est la dialectique de la prière et la clef de lecture de toute l’histoire du salut. Le cri exprime le besoin d’aide et fait appel à la fidélité de l’autre; crier signifie poser un geste de foi dans la proximité et dans la disponibilité à l’écoute de Dieu. La prière exprime la certitude d’une présence divine déjà éprouvée et à laquelle on croit, qui dans la réponse salvifique de Dieu se manifeste en plénitude. Cela est important: que dans notre prière soit importante, présente, la certitude de la présence de Dieu. Ainsi, le Psalmiste, qui se sent assiégé par la mort, confesse sa foi dans le Dieu de la vie qui, comme un bouclier, l’enveloppe d’une protection invulnérable; celui qui pensait être désormais perdu peut relever la tête, car le Seigneur le sauve; l’orant, menacé et raillé, est dans la gloire, car Dieu est sa gloire.
La réponse divine qui accueille la prière donne au Psalmiste une sécurité totale; la peur aussi est finie, et le cri s’apaise dans la paix, dans une profonde tranquillité intérieure: «Et moi, je me couche et je dors; je m’éveille: le Seigneur est mon soutien. Je ne crains pas ce peuple nombreux qui me cerne et s’avance contre moi» (vv. 6-7).
L’orant, bien qu’au milieu du danger et de la bataille, peut s’endormir tranquille, dans une attitude sans équivoque d’abandon confiant. Autour de lui, ses adversaires montent leurs campements, l’assiègent, ils sont nombreux, ils se dressent contre lui, se moquent de lui et tentent de le faire tomber, mais lui en revanche se couche et dort tranquille et serein, certain de la présence de Dieu. Et à son réveil, il trouve encore Dieu à côté de lui, comme un gardien qui ne dort pas (cf. Ps 121, 3-4), qui le soutient, le tient par la main, ne l’abandonne jamais. La peur de la mort est vaincue par la présence de Celui qui ne meurt pas. Et précisément la nuit, peuplée de craintes ataviques, la nuit douloureuse de la solitude et de l’attente angoissée, se transforme à présent: ce qui évoque la mort devient présence de l’Eternel.
A l’aspect visible de l’assaut ennemi, massif, imposant, s’oppose l’invisible présence de Dieu, avec toute son invincible puissance. Et c’est à Lui que de nouveau le Psalmiste, après ses expressions de confiance, adresse sa prière: «Lève-toi, Seigneur! Sauve-moi, mon Dieu!» (v. 8a). Les agresseurs «se levaient» (cf. v. 2) contre leur victime. En revanche, celui qui «se lèvera», c’est le Seigneur, et il les abattra. Dieu le sauvera, en répondant à son cri. C’est pourquoi le Psaume se conclut avec la vision de la libération du danger qui tue et de la tentation qui peut faire périr. Après la demande adressée au Seigneur de se lever pour le sauver, l’orant décrit la victoire divine: les ennemis qui, avec leur injuste et cruelle oppression, sont le symbole de tout ce qui s’oppose à Dieu et à son plan de salut, sont vaincus. Frappés à la bouche, ils ne pourront plus agresser avec leur violence destructrice et ils ne pourront plus insinuer le mal du doute dans la présence et dans l’action de Dieu: leur parole insensée et blasphème sera définitivement démentie et réduite au silence par l’intervention salvifique du Seigneur (cf. v. 8bc). Ainsi, le Psalmiste peut conclure sa prière avec une phrase aux connotations liturgiques qui célèbre, dans la gratitude et dans la louange, le Dieu de la vie: «Du Seigneur, le salut! Sur ton peuple, ta bénédiction!» (v. 9).
Chers frères et sœurs, le Psaume 3 nous a présenté une supplique pleine de confiance et de réconfort. En priant ce Psaume, nous pouvons faire nôtres les sentiments du Psalmiste, figure du juste persécuté qui trouve en Jésus son accomplissement. Dans la douleur, dans le danger, dans l’amertume de l’incompréhension et de l’offense, les paroles du Psaume ouvrent notre cœur à la certitude réconfortante de la foi. Dieu est toujours proche — même dans les difficultés, dans les problèmes, dans les ténèbres de la vie — il écoute, il répond et il sauve à sa façon. Mais il faut savoir reconnaître sa présence et accepter ses voies, comme David dans sa fugue humiliante de son fils Absalom, comme le juste persécuté dans le Livre de la Sagesse et, en dernier et jusqu’au bout, comme le Seigneur Jésus sur le Golgotha. Et lorsque, aux yeux des impies, Dieu semble ne pas intervenir et que le Fils meurt, c’est précisément alors que se manifeste, pour tous les croyants, la vraie gloire et la réalisation définitive du salut. Que le Seigneur nous donne foi, qu’il vienne en aide à notre faiblesse et qu’il nous rende capable de croire et de prier à chaque angoisse, dans les nuits douloureuses du doute et dans les longs jours de douleur, en nous abandonnant avec confiance à Lui, qui est notre «bouclier» et notre «gloire». Merci.

DOUCE ÉDUCATION À LA JOIE DE L’ÉVANGILE

17 septembre, 2015

http://www.patristique.org/Douce-education-a-la-joie-de-l.html

DOUCE ÉDUCATION À LA JOIE DE L’ÉVANGILE

par Luc Fritz

Depuis la résurrection du Seigneur, les chrétiens se transmettent la joie pascale, de génération en génération. Ils connaissent cette joie et pourtant peinent parfois à la qualifier et à exprimer leur sentiment. Face à cette difficulté, ils peuvent s’appuyer sur certaines homélies de Grégoire de Nysse pour traduire ce qui les habite.
Nous sommes aux alentours des années 380. À cette époque, la célébration de la fête de Pâques connaît des évolutions significatives. De fait, jusqu’au milieu du quatrième siècle, les chrétiens fêtaient la victoire pascale durant toute une semaine, sans distinguer la célébration de la Résurrection proprement dite, de celles de l’Ascension et de la Pentecôte. S’instaure alors progressivement un cycle liturgique qui différencie la résurrection du Seigneur, sa montée auprès du Père et l’envoi de l’Esprit Saint. Ces distinctions permettent d’aborder le thème de la joie pascale sous des angles différents, en fonction de la grâce propre à chaque fête.
Dans ses homélies, Grégoire de Nysse déploie sa méditation sur la joie pascale le plus souvent à partir d’un verset du psaume qui a été chanté au cours de la liturgie car le psautier tout entier est louange à Dieu, action de grâce, et donc source de joie, même s’il comporte aussi des supplications et des demandes de pardon.
À l’occasion de la fête de Pâque, Grégoire médite le passage suivant : « louez le Seigneur, toutes les nations ; glorifiez-le, tous les peuples » (Ps 116, 1). Il invite ses auditeurs à la fête car le Créateur n’a pas abandonné sa créature pécheresse. Au contraire, il la recrée par la mort et la résurrection de Jésus, manifestant ainsi et sa toute-puissance créatrice et son amour de l’humanité. L’allégresse pascale résulte de la contemplation du Créateur qui ne s’arrête pas sur un échec et de l’extrême sollicitude du Sauveur : « De même que ceux qui voient quelqu’un de faible emporté par le torrent et qui, tout en sachant qu’ils risquent eux aussi d’être roulés dans la boue du torrent et blessés par les pierres charriées par le courant, n’hésitent pas à s’y précipiter par sympathie pour la personne en danger, de même aussi notre Sauveur, dans son amour des hommes, a supporté de son propre gré l’arrogance et le mépris, afin de sauver celui qui a été trompé et s’est ainsi perdu. »
Lors de la fête de l’Ascension, Grégoire propose aux chrétiens un parcours qui conduit à une joie toujours plus intense. Il compose son homélie en deux parties commentant respectivement les Psaumes 22 et 23. Il y définit le rapport entre ces deux psaumes comme un accroissement de joie. Le premier décrit la joie de l’initiation baptismale qui ouvre le croyant à la connaissance de Dieu. Le baptisé est comparé à une brebis conduite par le bon Pasteur vers les pâturages célestes. Le second appelle « l’âme à une joie plus grande et plus accomplie encore. » Dans une lecture chrétienne de ce pasume, cette joie magnifique s’épanouit en découvrant que le salut de Dieu n’est pas réservé au baptisé, mais ouvert à la création tout entière. L’ascension et l’allégresse spirituelles du chrétien consistent ainsi en une ouverture du cœur toujours plus grande, en une largesse de vue qui n’exclut absolument rien du salut.
Son homélie sur la Pentecôte manifeste puissamment la tendresse de Dieu à l’égard de l’humanité. Si le Seigneur de la création a pris soin de se révéler progressivement aux hommes, les détournant d’abord du polythéisme, leur révélant ensuite son Fils, leur donnant enfin l’Esprit Saint, « la nourriture parfaite de notre nature », c’est pour que le genre humain puisse s’accoutumer à la majesté, au grand amour de la divinité. Il précise que la fête de la Pentecôte célèbre la perfection du don de Dieu et c’est pourquoi il convient à l’assemblée chrétienne de ne pas rejeter l’Esprit Saint et de répondre avec empressement à l’invitation du prophète David : « Venez, crions de joie pour le Seigneur ! » (Ps 94).
L’Évangile est douce éducation à la joie. Celle qui y est promise est comme tramée par la croix, mémoire de ce que la joie véritable – celle que personne ne saurait ravir (Jn 16, 22) -, reste marquée par la traversée de l’épreuve. Cette joie résulte de la victoire de la croix. Elle est cette victoire, car elle n’est pas atteinte par la tristesse du péché.
La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la joie de l’homme, c’est de découvrir Dieu. Cette découverte passe nécessairement, mais pas uniquement, par la célébration du mystère de la foi.

Sources :

Article paru dans Points de repère, n° 221, décembre 2007-janvier 2008, p. 21-22.

Sant’Anna et Maria enfant

16 septembre, 2015

Sant'Anna et Maria enfant dans images sacrée stannbvm
https://frjeromeosjv.wordpress.com/2015/09/15/carissimi-todays-mass-octave-day-of-the-nativity-of-our-lady-2/

L’HISTOIRE DU ROSAIRE

16 septembre, 2015

http://rosaire.org/pelerinage-du-rosaire/l-histoire-du-rosaire

L’HISTOIRE DU ROSAIRE

Dans l’Evangile de saint Jean, Jésus sur la croix donne Marie comme Mère au disciple qu’il aimait (Jn 19, 26) et après l’Ascension on voit les disciples réunis autour de Marie pour prier (cf. Ac 1, 12-14). C’est donc assez naturellement que les chrétiens ont recouru à l’intercession de la Vierge.
Ainsi, dès le IIIème siècle, les chrétiens commencent à s’adresser à la Vierge en reprenant la salutation de Gabriel : Je vous salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. Plus tard, au IXème siècle, on ajoute à ces paroles l’exclamation d’Elisabeth lors de la Visitation : Bénie êtes-vous et béni le fruit de votre sein ! et on ajoute le nom de Marie dans cette courte prière qui est comme un premier condensé d’évangile puisque chacune de ses paroles en provient ! Nous reprenons les mots des autres comme pour nous plonger dans l’évangile, dans les Paroles de Vie que Dieu nous y donne….
st doLorsque saint Dominique, au XIIIème siècle prie la Vierge Marie qu’il aime tant, il récite cette simple formule. Seul s’y est ajouté le prénom de Jésus parfois suivi d’une clausule qui sert de support de méditation. Les clausules sont de petites phrases qui explicitent la manière dont Jésus était présent dans les Joies et les Douleurs de Marie, les ancêtres de nos mystères. Ces derniers vont se structurer au XVème siècle grâce à un moine chartreux qui s’appelait lui aussi Dominique et qui rédige 15 clausules pour 15 mystères de la vie de Notre-Dame avec le Sauveur : le Rosaire est né.
À la fin du XVe siècle, apparaît la formule «Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pécheurs». C’est notre réponse aux paroles de l’évangile, c’est notre manière de parler qui prolonge les paroles évangéliques.
L’ange disait : Je vous salue, comblée de grâce… nous disons : Sainte Marie…
Elisabeth disait : Le fruit de vos entrailles est béni…. nous disons : Mère de Dieu…
Par le chapelet, notre prière rejoint l’évangile ! Et cette prière devient la prière du peuple chrétien, une prière encouragée par l’Eglise… En 1572 le pape Pie V, ancien dominicain, officialise la liste des quinze mystères. Il ne sera pas le seul pape, loin de là, à promouvoir cette belle prière : Léon XIII lui consacra pas moins de douze encycliques et Jean-Paul II, promulgua, dans sa lettre apostolique sur le Rosaire qui instituait les mystères lumineux, une année du Rosaire en 2002-2003.

Le saviez-vous ?
dsc_1785En 1571, le Pape Pie V, dominicain, institue comme fête de Notre-Dame du Rosaire le 7 octobre, en action de grâce pour la victoire de la marine chrétienne sur la marine turque lors la bataille de Lépante. Cette victoire est considérée comme un miracle obtenu par la prière du Rosaire dans laquelle toute la chrétienté s’est impliquée à sa demande. C’est en souvenir de cette bataille que nous pouvons compter, lors du pèlerinage du Rosaire à Lourdes, sur la présence de représentants de la Marine française !

PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE -26. COMMUNAUTÉ (DE LA PRÉSENTATION EN ITALIEN)

16 septembre, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2015/documents/papa-francesco_20150909_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 9 septembre 2015

LA FAMILLE -26. COMMUNAUTÉ (DE LA PRÉSENTATION EN ITALIEN)

Chers frères et sœurs, bonjour !

Je voudrais aujourd’hui arrêter notre attention sur le lien entre la famille et la communauté chrétienne. C’est un lien, pour ainsi dire, « naturel », car l’Église est une famille spirituelle et la famille est une petite Église (cf. Lumen gentium, n. 9).
La communauté chrétienne est la maison de ceux qui croient en Jésus comme source de la fraternité entre tous les hommes. L’Église marche au milieu des peuples, dans l’histoire des hommes et des femmes, des pères et des mères, des fils et des filles : c’est l’histoire qui compte pour le Seigneur. Les grands événements des puissances de ce monde sont écrits dans les livres d’histoire et restent là. Mais l’histoire des liens d’affections humains s’écrit directement dans le cœur de Dieu ; et c’est l’histoire qui demeure pour l’éternité. Tel est le lieu de la vie et de la foi. La famille est le lieu de notre initiation — irremplaçable, indélébile — à cette histoire. À cette histoire de vie en plénitude, qui finira dans la contemplation de Dieu pour toute l’éternité au Ciel, mais qui commence en famille ! C’est pour cela que la famille est si importante.
Le Fils de Dieu apprit l’histoire humaine par cette voie, et il la parcourut jusqu’au bout (cf. He 2, 18 ; 5, 8). Il est beau de recommencer à contempler Jésus et les signes de ce lien: Il naquit dans une famille et c’est là qu’« il apprit le monde » : une échoppe, quatre maisons, une petit village de rien du tout. Pourtant, en vivant pendant trente ans cette expérience, Jésus assimila la condition humaine, l’accueillant dans sa communion avec le Père et dans sa mission apostolique elle-même. Ensuite, quand il quitta Nazareth et qu’il commença sa vie publique, Jésus forma autour de lui une communauté, une « assemblée », c’est-à-dire une convocation de personnes. Cela est la signification du mot « église ».
Dans les Évangiles, l’assemblée de Jésus a la forme d’une famille accueillante, non d’une secte exclusive, fermée: on y trouve Pierre et Jean, mais aussi l’affamé et l’assoiffé, l’étranger et le persécuté, la pécheresse et le publicain, les pharisiens et les foules. Et Jésus ne cesse d’accueillir et de parler avec tous, même avec celui qui ne s’attend plus à rencontrer Dieu dans sa vie. C’est une leçon forte pour l’Église ! Les disciples eux-mêmes sont choisis pour prendre soin de cette assemblée, de cette famille des hôtes de Dieu.
Pour que cette réalité de l’assemblée de Jésus soit vivante aujourd’hui, il est indispensable de raviver l’alliance entre la famille et la communauté chrétienne. Nous pourrions dire que la famille et la paroisse sont les deux lieux dans lesquels se réalise cette communion d’amour qui trouve sa source ultime en Dieu lui-même. Une Église vraiment selon l’Évangile ne peut avoir que la forme d’une maison accueillante, avec les portes ouvertes, toujours. Les églises, les paroisses, les institutions qui ont les portes fermées ne doivent pas s’appeler églises, elles doivent s’appeler musées !
Et aujourd’hui, cela est une alliance cruciale. « Contre les “centres de pouvoir” idéologiques, financiers et politiques, nous plaçons nos espérances dans ces centres de l’amour évangélisateurs, riches de chaleur humaine, fondés sur la solidarité et la participation » (Conseil pontifical pour la famille, Les enseignements de J.M. Bergoglio – Le Pape François sur la famille et sur la vie 1999-2014, lev 2014, 189), et également sur le pardon entre nous.
Renforcer le lien entre famille et communauté chrétienne est aujourd’hui indispensable et urgent. Assurément, il y a besoin d’une foi généreuse pour retrouver l’intelligence et le courage de renouveler cette alliance. Parfois, les familles n’acceptent pas, en disant qu’elles ne sont pas à la hauteur : « Père, nous sommes une famille pauvre et aussi un peu éclatée », « nous n’en sommes pas capables », « nous avons déjà tellement de problèmes à la maison », « nous n’avons pas les forces ! ». C’est vrai. Mais personne n’est digne, personne n’est à la hauteur, personne n’a les forces ! Sans la grâce de Dieu, nous ne pourrions rien faire. Tout nous est donné ; donné gratuitement ! Et le Seigneur n’arrive jamais dans une nouvelle famille sans faire quelque miracle. Rappelons-nous de celui qu’il fit aux noces de Cana ! Oui, le Seigneur, si nous nous remettons entre ses mains, nous fait accomplir des miracles — mais des miracles de tous les jours ! — quand le Seigneur est là, dans cette famille.
Naturellement, la communauté chrétienne doit elle aussi participer. Par exemple, chercher à dépasser des attitudes trop directives et trop fonctionnelles, favoriser le dialogue interpersonnel et la connaissance et l’estime réciproque. Que les familles prennent l’initiative et sentent la responsabilité d’apporter leurs dons précieux pour la communauté. Nous devons tous être conscients que la foi chrétienne se joue sur le terrain ouvert de la vie partagée avec tous, la famille et la paroisse doivent accomplir le miracle d’une vie plus communautaire pour la société entière.
À Cana, se trouvait la Mère de Jésus, la « mère du bon conseil ». Ecoutons ses paroles : « Faites ce qu’il vous dira » (cf. Jn 2, 5). Chères familles, chères communautés paroissiales, laissons-nous inspirer par cette Mère, faisons tout ce que Jésus nous dira et nous nous trouverons face au miracle, au miracle de chaque jour ! Merci.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier le Séminaire Saint-Joseph de Bordeaux, accompagné du Cardinal Jean-Pierre Ricard – qu’il soit le bienvenu – , et toutes les familles venues de Suisse et de France.
Chères familles, vous êtes indispensables à la vie de nos paroisses. Je vous invite à vous y engager généreusement, et à faire vivre aux plus jeunes l’expérience de l’amour de Dieu, de la charité fraternelle et de l’accueil de l’autre.

Que Dieu vous bénisse et vous garde !

Notre-Dame des Douleurs –

15 septembre, 2015

Notre-Dame des Douleurs -  dans images sacrée img_2014112620301538

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ENZO BIANCHI: LES ENJEUX DE LA LECTIO DIVINA AUJOURD’HUI

15 septembre, 2015

http://orthodoxeurope.org/page/11/2/4.aspx

ENZO BIANCHI: LES ENJEUX DE LA LECTIO DIVINA AUJOURD’HUI

Enzo Bianchi, biographie:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Enzo_Bianchi

«Il n’y a pas de doute que (le) primat de la sainteté et de la prière n’est concevable qu’à partir d’une écoute renouvelée de la Parole de Dieu. (…) Il est nécessaire, en particulier, que l’écoute de la Parole devienne une rencontre vitale, selon l’antique et toujours actuelle tradition de la lectio divina permettant de puiser dans le texte biblique la parole vivante qui interpelle, qui oriente, qui façonne l’existence [1] .» Par ces mots, pour la toute première fois, une lettre apostolique adressée à l’ensemble des fidèles indique la lectio divina comme une pratique féconde pour la vie spirituelle de tous les chrétiens. Cette invitation forte de Jean Paul II arrive de manière particulièrement opportune en ce commencement du troisième millénaire. En effet, nous sommes aujourd’hui en mesure de constater la place centrale que l’Écriture a retrouvée dans la vie de l’Église catholique et de l’apprécier.
Après des siècles de désaffection, nous assistons depuis quelques décennies à une redécouverte de la Bible de la part des croyants catholiques, qui n’avaient plus de contact direct avec elle et qui, par conséquent, n’avaient pas la possibilité d’en faire l’aliment quotidien de leur vie de foi et de leur témoignage dans le monde. L’Église catholique continuait, certes, à vivre de la «Parole de Dieu», surtout dans la liturgie, mais ce n’était plus une Parole de Dieu écoutée, célébrée, méditée, conservée dans le cœur de telle manière qu’elle nourrisse la foi des personnes et des groupes.
Replacée aujourd’hui au centre de la vie ecclésiale, la Bible réactive un processus resté statique et même atrophié pendant des siècles: à travers la fréquentation assidue des Écritures, le chrétien alimente sa foi, peut discerner quelle est sa place parmi les autres hommes, et surtout se plonge dans ce processus d’epignosis , de pleine connaissance du Christ, et donc du mystère de Dieu, qui le conduit à une foi de croyant adulte (téleios , parfait). Aujourd’hui, la prédication, en particulier dans le cadre de la liturgie, se nourrit des Saintes Écritures et fait résonner la Parole de Dieu dans la communauté chrétienne. Oui, la Parole de Dieu poursuit sa course, comme le souhaite l’Apôtre: «Priez, afin que la Parole du Seigneur accomplisse sa course» (2Th 3,1). Sans risque de se tromper, on peut déceler actuellement une demande, une faim, un désir profond de la Parole de Dieu, surtout dans les pays latins.
Je suis convaincu que parmi tous les fruits du Concile Vatican II, le plus évident fut précisément cette restitution de la Parole de Dieu au peuple de Dieu [2] . Cependant, à presque quarante ans de le fin du Concile, il y a encore d’importants objectifs à atteindre. Et avant tout, il est nécessaire de prendre pleinement conscience de ce qu’implique la fréquentation assidue des Écritures. Dans le présent article, je ne puis que soulever quelques points, que j’ai déjà traités par ailleurs dans plusieurs publications [3] .

Parole et Eucharistie
La connexion étroite entre Parole et Eucharistie, qui trouve ses racines dans le témoignage des Écritures, qui est attestée par les Pères de l’Église depuis Ignace d’Antioche, qui est confirmée par les auteurs cisterciens et victorins au Moyen Age [4] , a été solennellement réaffirmée dans plusieurs documents du Concile Vatican II (SC 48.51.56; DV 21.26; AG 6.15; PO 18; PC 6). Des expressions comme Corpus Christi intellegitur etiam Scriptura Dei [5] , Corpus Christi puto Evangelium [6] , ou celles, peut-être moins connues, comme: «Se nourrir de la chair et du sang du Christ non seulement dans le mystère de l’autel, mais aussi dans la lecture des Écritures» [7] , ou bien: «Le pain du Christ et sa chair sont la Parole de Dieu» [8] , ces expressions, attestées et répétées de différentes manières par la grande tradition catholique, sont reprises aujourd’hui par la catéchèse. Et pourtant, il subsiste encore une sorte de timidité à affirmer qu’entre l’Écriture et l’Eucharistie il y a un rapport intrinsèque, une périchorèse . Trop souvent encore, la Parole n’est comprise que comme une simple introduction à la célébration du sacrement. On ne lui reconnaît pas la capacité de réaliser l’alliance: faire entrer le croyant dans une relation vivifiante avec Dieu. Dans une certaine mesure, l’idée persiste que c’est le sacrement qui donne la grâce, tandis que la Parole biblique donne un enseignement ou explique le sacrement.
Dans la réception de la Constitution Dei Verbum , cela me semble être un point crucial qui mérite d’être approfondi. La réception de ce document restera en effet partielle et incomplète aussi longtemps que, du point de vue théologique, spirituel et liturgique, on n’aura pas exploré à fond l’étroite connexion entre Parole et Eucharistie. La Parole doit être englobée dans l’économie sacramentelle, jusqu’à être comprise elle-même comme un sacrement, c’est-à-dire comme une transmission de force et de grâce, et non pas seulement comme un moyen de communiquer des vérités, des enseignements ou des préceptes moraux. Il s’agit donc de faire mûrir la conscience chrétienne jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de saisir le caractère sacramentel de l’Écriture. Lorsque, par l’épiclèse, la Parole de Dieu devient tangible, elle provoque une rencontre entre l’auditeur et Dieu, débouchant ainsi sur une célébration de l’alliance [9] .

La lecture assidue de l’Écriture
Si l’Écriture a retrouvé, dans les grandes lignes, une place centrale dans certains domaines de la vie ecclésiale (liturgie, pastorale, catéchèse), il faut bien reconnaître que c’est loin d’être le cas dans la vie personnelle des fidèles catholiques qui ne pratiquent pas une lecture quotidienne et zélée des Écritures. Certes, il y des prêtres, des religieux, des laïcs qui sont davantage sensibilisés à la Bible parce que mieux préparés culturellement; il y a des mouvements d’Église dont la spiritualité s’appuie pleinement sur la lecture biblique; mais la plus grande partie des fidèles n’a aucun contact personnel avec l’Écriture Sainte. Même si la Bible se trouve dans chaque famille, elle n’est bien souvent qu’un élément décoratif et il est plutôt rare qu’elle soit utilisée pour prier ou pour écouter la Parole de Dieu. On observe même une certaine méfiance à l’égard d’une lecture assidue de la Bible, considérée comme une pratique étrangère à la tradition catholique. En outre, elle est entravée par le manque de formation des prêtres qui, de ce fait, font preuve de peu d’empressement pour inviter les fidèles à cette lecture et surtout ne peuvent pas leur donner une initiation véritablement suffisante.
Et pourtant, une lecture personnelle de la Bible est particulièrement bienvenue dans le cadre de la société actuelle pluraliste, diversifiée, multi-religieuse et multi-culturelle, où les chrétiens ne forment plus un ensemble cohérent et où leur situation de diaspora apparaît de plus en plus évidente. Pour que la foi ait un enracinement solide et profond, il faut la fréquentation permanente de cette source vive de vie spirituelle. Un peu partout, on enregistre une baisse de fréquentation de la messe quotidienne, voire sa disparition pure et simple. Le chrétien doit donc trouver un aliment pour sa foi dans l’écoute directe de l’Écriture. La vie communautaire n’est plus assez intense pour permettre au chrétien de façonner sa foi et l’aider à la vivre dans le monde. C’est donc la Parole de Dieu dans l’Écriture Sainte qui lui permettra de se nourrir spirituellement, de trouver les règles de conduite, de discerner les signes des temps et de prier.
Je voudrais dire ici quelques mots concernant les jeunes générations, qui vivent aujourd’hui une crise de leur vie spirituelle dans l’Église catholique. La pastorale est en effet confrontée à une diminution de la vie spirituelle. La codification institutionnelle de la foi et la réduction de l’Évangile à des principes moraux ont fait naître l’idée que la vie chrétienne consistait en un vague engagement social et en un style de vie altruiste, fondé sur des valeurs comme l’honnêteté, la tolérance, la générosité, davantage que dans une relation personnelle avec Dieu par l’intermédiaire du Christ. Le Dieu chrétien, au lieu d’être Celui qu’a révélé Jésus Christ et que l’on connaît à travers les Écritures, est réduit à une espèce de symbole chargé d’exprimer l’altruisme des relations. Les instances ecclésiales ne semblent plus être capables d’initier à la vie intérieure. Bien plus que par une croissance dans la foi et dans la sainteté, elles semblent intéressées par la pastorale de la charité, en faveur de laquelle elles investissent beaucoup d’argent et dépensent beaucoup d’énergie.
Pourquoi beaucoup de jeunes, dans leur recherche de spiritualité, de méditation et de contemplation, se tournent-ils vers l’Orient orthodoxe et même vers l’Extrême-Orient? N’est-ce pas, entre autres, à cause du manquement de notre Église? Quels moyens sont proposés, concrètement, pour l’écoute et la méditation de l’Écriture, à une génération qui comprend la prière beaucoup plus comme une méditation que comme un discours fait à Dieu? C’est là un point crucial dans la transmission de la foi aux générations futures. Le judaïsme nous a montré comment la foi peut survivre dans la diaspora grâce à la fréquentation personnelle et assidue de l’Écriture et grâce à la sanctification du sabbat qui lui est liée. Dans une intervention mémorable au Conseil des Conférences épiscopales européennes, le cardinal Ratzinger a souligné avec force que, de nos jours également, le sensus fidei grandit par la fréquentation assidue de l’Écriture. Citons une de ses paroles: «Je suis persuadé que la lectio divina est un élément fondamental dans la formation du sensus fidei et par conséquent notre tâche la plus importante [10] .»

«Divina eloquia cum legente crescunt»

Quand la Parole de Dieu résonne dans une communauté, elle suscite, renouvelle et soutient la fides ex auditu (Rm 10,17). Elle cherche aussi à conduire les auditeurs à l’obéissance de la foi (oboeditio fidei : Rm 1,5), grâce à la puissance de l’Esprit Saint qui accompagne toujours la Parole et entraîne les croyants dans une croissance spirituelle. La Parole du Seigneur édifie donc la communauté en édifiant chaque fidèle. Nous pourrions même dire avec Luc que «la Parole de Dieu croît tandis que le nombre des croyants augmente considérablement» (Ac 6,7) ou que la Parole de Dieu croît dans la mesure où elle se répand: «La Parole de Dieu croissait et se multipliait» (Ac 12,24). La croissance de la communauté signifie le croissance de la Parole, parce que la communauté est le fruit de la Parole efficace de Dieu, mais aussi le lieu où cette Parole est vécue. S’il est vrai que Scripturae faciunt christianos [11] , il est également vrai que divina eloquia cum legente crescunt [12] , ce qui veut dire que la Parole de Dieu croît par la lecture qui en est faite en Église et trouve son explication vivante par la vie même de l’Église. Nous connaissons bien les paroles de Grégoire le Grand: «Bien des passages de la sainte Écriture que je n’arrivais pas à comprendre seul, je les ai compris en me mettant en face de mes frères (coram fratribus meis positus intellexi )… Et je me suis aperçu que l’intelligence m’en était donnée grâce à eux [13] .»
Pour cette raison, la fréquentation assidue des Écritures, en particulier sous la forme de la lectio divina , doit être une occupation à la fois personnelle et collective, dans les paroisses et les groupes chrétiens, et non pas seulement, comme c’est le cas habituellement, dans les communautés religieuses. Que l’on pense à la signification profonde que pourrait avoir une lectio divina qui préparerait la célébration eucharistique du dimanche et qui ferait de l’homélie l’aboutissement de cet acte de lecture! Il est donc important et souhaitable que se répande la pratique de la lectio divina communautaire, aujourd’hui trop rare. Un plus grand effort est nécessaire en ce domaine: il faut avoir le courage d’instaurer de nouvelles manières de faire, susceptibles de produire des fruits.
La communauté, du reste, est inséparable de l’Écriture, car le livre, sans la communauté, n’est rien; mais la communauté sans le livre ne peut pas subsister; c’est en lui qu’elle trouve son identité et sa vocation. Il est impossible de s’en tenir au principe de la sola Scriptura , et la raison en est l’Église. Liber et speculum : par cette formule, Bernard de Clairvaux définit la communauté comme miroir du livre et le livre comme miroir de la communauté [14] .

Parole et histoire
Il faut enfin parler du rapport entre la Parole de Dieu et l’histoire, et de la meilleure manière d’aborder ce problème. Pour comprendre correctement la lecture, il s’agit avant tout de repérer trois tentations.
1. La tentation fondamentaliste, qui prétend comprendre la Parole de Dieu sans la fatigue et la patience de l’étude biblique, sans le recours à l’analyse historico-critique et aux autres méthodes exégétiques, sans une herméneutique sous la conduite de l’Esprit. Il n’est pas inutile de rappeler ici le jugement porté par un document de la Commission biblique pontificale sur le fondamentalisme: «Le fondamentalisme invite, sans le dire, à une forme de suicide de la pensée [15] .»
2. La tentation spiritualiste, qui pense atteindre le message sans confrontation avec la lettre du texte, avec la dure écorce de la parole humaine. Il y a alors un grand risque de manipulation de la Parole de Dieu, de subjectivisme, de réduction du texte biblique à une dimension psychologique ou affective.
3. La tentation de s’en tenir à l’histoire, à l’analyse de ce qui est écrit, sans s’intéresser au message. Le risque, dans ce cas, est d’établir une coupure entre le lecture biblique et le problème du sens.
Ces tentations se manifestent surtout là où l’on ne tient pas compte des deux chemins pour toute lecture biblique: celui qui va de l’Écriture à la vie (cf. Lc 4,16-30) et celui qui va de la vie à l’Écriture (cf. Lc. 24,13-35). Le chemin qui va de l’Écriture à la vie est certainement celui que les communautés chrétiennes empruntent le plus, et à juste titre. Lui donner une primauté signifie que l’on reconnaît la seigneurie de la Parole de Dieu sur la communauté. La Parole inspire, suscite l’adhésion, provoque la foi. Il est pourtant nécessaire d’emprunter également l’autre chemin, qui demande une attention aux événements, une analyse des situations, pour y déceler un appel, un signe aussi bien dans l’espace que dans le temps. Ce chemin comporte certes le danger d’instrumentaliser la Parole de Dieu, d’en faire le support d’une pré-compréhension idéologique: dans ce cas, la Parole n’est plus le critère pour discerner les signes des temps, mais elle devient l’objet d’une interprétation tendancieuse. Pourtant, c’est un chemin qu’il est nécessaire de parcourir pour parvenir à un témoignage vivant de la foi dans le monde d’aujourd’hui.

Conclusion
J’ai énuméré ici certains des enjeux qui se présentent sur la route de la lecture assidue des Écritures et de la lectio divina . Mais il est certain que, malgré les difficultés et les problèmes, l’avenir de l’Église sera marqué par la pratique de plus en plus répandue de la lecture des Écritures. Si le second millénaire a été marqué par une sorte de mise en quarantaine de l’Écriture, les prochaines décennies, au début du troisième millénaire, continueront à être marquées par l’impulsion dynamique donnée par la Constitution Dei Verbum . C’est ce que requièrent la nouvelle situation de diaspora des chrétiens, la confrontation avec les autres religions, ainsi que le besoin de donner toujours davantage une forme méditative et réceptive à la prière.
En donnant une place accrue à la Parole de Dieu dans la vie de chaque chrétien comme dans la vie des communautés, on va à l’essentiel: on permet à la sequela sancti Evangelii de façonner toujours plus l’existence des croyants. La vie des chrétiens doit devenir une exégèse vivante de l’Écriture, de la Parole faite chair dans le monde et dans l’histoire, au milieu des hommes.
C’est ce que Jean Paul II, animé d’un regard prophétique, nous invite à faire: «Nous nourrir de la Parole, pour que nous soyons des “serviteurs de la Parole” dans notre mission d’évangélisation, c’est assurément une priorité pour l’Église au début du nouveau millénaire [16] .» Voilà bien l’enjeu décisif de la lectio divina aujourd’hui.

[1] Novo millennio ineunte 39, dans La documentation catholique 2240 (21 janvier 2001), p. 67-89.
[2] Cf. E. Bianchi, «Le caractère central de la Parole de Dieu», dans La réception de Vatican II , éd. par J.-P. Jossua et G. Ruggieri, Cerf, Paris 1985, p. 157-185.
[3] Cf. E. Bianchi, La lettura spirituale della Bibbia , Piemme, Casale Monferrato 1998; Id., L’essere povero come condizione essenziale per leggere la Bibbia , Qiqajon, Bose 1991; Id., Dall’ascolto della Parola alla preghiera liturgica , Qiqajon, Bose 1990; Id., «Lectio divina et vie monastique», dans La Vie spirituelle 714 (1995), p. 145-159.
[4] Cf. Y.M.-J. Congar, «Les deux formes du pain de vie dans l’évangile et dans la tradition», dans Parole de Dieu et sacerdoce. Mélanges Weber , Desclée, Paris-Tournai-Rome-New-York 1962, p. 21-58; E. Lipinski, «La Parole et le Pain», dans Id., Essais sur la révélation et la Bible , Cerf, Paris 1970, p. 65-90; W. Vogels, «La parole de Dieu comme nourriture», dans La Pâque du Christ, mystère de salut. Mélanges F.-X. Durwell , Cerf, Paris 1982, p. 33-50. Pour une perspective historico-théologique, cf. A. Milano, La Parola nell’Eucaristia , Dehoniane, Rome 1990.
[5] De unitate Ecclesiae conservanda , PL 117, 519A.
[6] Origène, In Ps . 147.
[7] Jérôme, Comm. in Eccles. 3,13.
[8] Références et citations dans E. Bianchi, La lettura spirituale della Bibbia , op. cit., p. 42-64.
[9] Sur le thème de l’efficacité et la puissance de la Parole, cf. I. de la Potterie, «L’efficacité de la Parole de Dieu», dans Lumen Vitae 10 (1955), p. 57-62; F.L. Moriarty, «Word as Power in the Ancient Near East», dans A Light unto My Past . Old Testament Studies in Honor of Jacob M. Myers , éd. par H.N. Bream, R.D. Heim, C.A. Moore, Temple University Press, Philadelphie 1974, p. 345-362; A.C. Thiselton, «The Supposed Power of Words in the Biblical Writings», dans Journal of Theological Studies 25 (1974), p. 283-299; F.E. Crowe, «The Power of Scriptures: An Attempt at Analysis», dans Word and Spirit. Essays in Honor of David Michael Stanley , éd. par J. Plevnik, Regis College Press, Willovrdale (Ontario) 1975, p. 323-347.
[10] Cité dans E. Bianchi, Ai presbiteri , Qiqajon, Bose 1999, p. 6.
[11] Ainsi J. Caillot paraphrasant Augustin: J. Caillot, L’évangile de la communication , Cerf, Paris 1989, p. 162.
[12] Grégoire le Grand, Hom. in Hiez. 17,8. Cf. P.C. Bori, L’interpretazione infinita. L’emeneutica cristiana antica e le sue trasformazioni , Il Mulino, Bologne 1987.
[13] Hom. in Hiez. 2,1.
[14] Cf. E. Bianchi, «La Parole construit la communauté», dans Collectanea Cisterciensia 4 (1998), p. 323-332. Sur le rapport entre écoute et communauté, cf. les observations intéressantes de G. Lafont, Dieu, le temps et l’être , Cerf, Paris 1986, p. 126 et passim.
[15] Commission Biblique Pontificale, L’interprétation de la Bible dans l’Église , dans La documentation catholique 2085 (2 janvier 1994), p. 27. Le document a été rendu public le 18 novembre 1993.
[16] Novo millennio ineunte 40, loc. cit.

L’ESPÉRANCE DANS L’ÉPREUVE (RM 5,5; EP 1,18-20) – FR. JEAN LÉVÊQUE, OCD

15 septembre, 2015

http://j.leveque-ocd.pagesperso-orange.fr/elpis.htm

L’ESPÉRANCE DANS L’ÉPREUVE (RM 5,5; EP 1,18-20)

FR. JEAN LÉVÊQUE, OCD

Pour introduire la deuxième année préparatoire au grand Jubilé de la rédemption, année « spécialement consacrée à l’Esprit Saint et à sa présence sanctificatrice à l’intérieur de la communauté des disciples du Christ », le pape Jean-Paul II écrivait: « Il importera de redécouvrir l’Esprit comme Celui qui construit le Royaume au cours de l’histoire et prépare sa pleine manifestation en Jésus Christ, en animant les hommes de l’intérieur et en faisant croître dans la vie des hommes les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps. Dans cette perspective eschatologique, les croyants seront appelés à redécouvrir la vertu théologale de l’espérance, dont ils ont ¢naguère entendu l’annonce dans la Parole de vérité, l’Évangile’ (Col 1,5) »( A l’approche du troisième millénaire, 44.46).
Pour mieux replacer le vécu de nos communautés sur cet axe d’un effort proposé à l’Église tout entière, méditons un court verset de saint Paul (Rm 5,5) qui unit étroitement les deux thèmes de l’Esprit et de l’espérance.
Saint Paul commence (v.1-4) par nous resituer dans notre existence réelle de croyants:

1 Ayant donc été justifiés par la foi,
nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ;
2 par lui nous avons accès à cette grâce où nous sommes établis,
et nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu.
3 Ce n’est pas tout: nous mettons aussi notre fierté dans les tribulations,
sachant que la tribulation produit la constance,
4 la constance la vertu-éprouvée,
la vertu-éprouvée l’espérance.
Ainsi déjà nous avons été justifiés: en réponse à notre foi, Dieu a fait de nous des justes, des croyants a-justés maintenant à son plan d’amour. Déjà nous sommes en paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus Christ: nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils (v.10). Déjà nous sommes établis dans la grâce, dans la faveur et l’amitié de Dieu; et déjà nous pouvons espérer la vie future, le salut final: nous sommes sauvés par la vie du Fils (v.10) et promis à la gloire de Dieu (v.2b).
Mais l’aujourd’hui du chrétien et de la communauté est fait également de « tribulations », c’est-à-dire de détresses, d’afflictions, et d’épreuves apostoliques. Dans l’Ancien Testament, le mot thlipsis, traduit ici par « tribulation », « désigne surtout les tribulations du peuple et des hommes pieux. Ainsi, dans les Psaumes, il vise les malheurs du juste (Ps 37,19; 50,15). Dans le judaïsme, les détresses sont un signe de la fin des temps (l’ère messianique ne s’instaure qu’après les douleurs de l’enfantement), la tribulation doit encore venir. Pour les chrétiens, elle est venue, l’ère eschatologique est déjà là: dans le Nouveau Testament, et spécialement chez Paul, le mot jour un grand rôle. La condition des fidèles, et surtout des apôtres, est de connaître la tribulation (cf. Ac 11,19; 17,5s; 2 Co 1,4s; Ph 4,14). C’est même une condition à laquelle les missionnaires et les fidèles ne peuvent échapper (Jn 16,33; Ac 14,22; 1 Th 3,3). À la tribulation s’attache, dans le Nouveau Testament, une note eschatologique perceptible en plusieurs textes (Mt 24,9-28; Ap 1,9; 7,14). Paul veut dire (ici en Rm 5) que le croyant ne met son orgueil ni dans les détresses considérées en elles-mêmes, ni dans les efforts qu’il ferait pour les surmonter; il place toute son assurance dans la grâce de Dieu qui se déploie précisément dans la faiblesse de l’homme (2 Co 12,9s) » (TOB 461c).
Notre espérance de la gloire de Dieu est donc à vivre dans la tribulation. Mais nous ne sommes pas sans appui: parce que nous sommes justifiés, réconciliés, admis à la gloire de Dieu, nous avons droit à une vraie fierté, dont saint Paul parle à trois reprises dans ce passage de Rm 5:
- au verset 11, il s’agira de notre « fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ »;
- au verset 2b, Paul se montre plus précis, et parle de « notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu ». C’est la fierté qui regarde l’avenir.
- au verset 3a, l’expression est paradoxale: il s’agit de notre fierté dans les tribulations. C’est la fierté pour aujourd’hui.
Dans la pensée de Paul, c’est donc bien notre fierté en Dieu qui doit demeurer au milieu des tribulations. Nous ne pouvons être fiers de nous, car par nous-mêmes, nous sommes « sans force » (v.6) pour assumer les détresses; mais nous nous appuyons sur la grâce et la faveur de Dieu, sur sa puissance qui se déploiera dans notre faiblesse (2 Co 12,9s), sur l’espérance que Dieu donne et la certitude de rejoindre sa gloire.
Nous découvrons alors un chemin qui va de la tribulation à l’espérance.
Notre foi, certes, se heurte à des contradictions, à des incompréhensions, à des handicaps. Le fossé se creuse parfois douloureusement entre ce que nous attendons et ce que nous devons affronter, entre ce que nous serons et notre condition actuelle. Mais selon Paul nous allons déjà de succès en succès. La première victoire du cro­yant, dans l’épreuve, sera la constance (hypomonè) : la force à souffrir, le courage pour tenir le choc; et la seconde sera une victoire sur l’usure, la dokimè, c’est-à-dire un test réussi dans la durée, une « vertu-éprouvée ». Et ces deux victoires au cœur de l’épreuve sont déjà la mise en œuvre de l’espérance, parce que tout au long de ce combat le croyant se voit contraint d’en appeler à la fidélité de Dieu.
Ainsi, c’est la même espérance chrétienne qui attend de Dieu la gloire pour l’au-delà et qui oriente l’aujourd’hui vers Dieu qui promet et qui tient ses promesses. Nous touchons là l’un des paradoxes du salut dans le Christ: le salut final, sous sa forme eschatologique, demeure objet d’espérance (Rm 8,24), mais il est sans cesse anticipé dans l’aujourd’hui du chrétien justifié. Notre foi chrétienne anticipe la gloire; la gloire illumine pour nous la vie quotidienne.
Notre espérance n’est donc pas détruite, mais renforcée par la tribulation. Elle se traduit déjà, dans l’aujourd’hui, par la constance; elle se « teste » au long de notre vie concrète.
Cette espérance, courageuse et victorieuse, ne saurait tromper ni mener à l’échec. Elle ne nous laissera jamais devant Dieu sans assurance; nul n’aura jamais à en rougir.
Pourquoi ne peut-elle décevoir? La réponse de Paul est surprenante:
v.5 « parce que l’amour de Dieu a été versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné ».
L’amour a été versé et demeure versé (ekkechutai): c’est le résultat durable d’une action passée. Mais qu’est-ce que Paul entend ici par « l’amour de Dieu »?
On pourrait comprendre: l’amour que nous avons pour Dieu. En ce cas l’Esprit Saint nous donne d’aimer Dieu; il atteste en nous que notre amour pour Dieu n’est pas vain. Puisque nous pouvons aimer Dieu, cela nous garantit l’espérance que nous mettons en lui.
Mais là n’est pas le vrai sens. En réalité Paul veut dire: « l’amour que Dieu a pour nous a été répandu dans nos cœurs ». Cela est déjà vrai au niveau de l’expérience intime: l’Esprit Saint fait grandir en nous la certitude que nous sommes aimés de Dieu, et cela rend notre espérance plus assurée: cet amour que Dieu nous porte garantit la fidélité à ses promesses. Cependant la phrase de Paul se vérifie également à un niveau plus fondamental, celui de la présence directe de l’Esprit Saint, antérieurement à notre certitude et indépendamment de la conscience que nous en prenons. En nous donnant le Saint-Esprit, selon le dessein de son amour, Dieu déjà commence d’accom­plir sa promesse. En l’Esprit qui nous habite, nous tenons déjà l’objet de notre espérance autant qu’il peut se faire ici-bas, et nous anticipons la possession de la gloire. En l’Esprit qui nous a été donné, notre espérance est déjà certaine; l’Esprit Saint garantit lui-même en nous l’amour que Dieu nous porte et la promesse qu’il nous fait.
L’Esprit Saint est donc un acompte sur la vie éternelle, comme Paul le dira en Ep 1,14: « Vous avez été marqués d’un sceau par l’Esprit promis, l’Esprit Saint, ces arrhes de notre héritage ».
Notre raison d’espérer, c’est que le Dieu d’amour agit déjà en nous par son Esprit; et à l’amour de Dieu, ainsi attesté et garanti par la présence active de l’Esprit Saint, « rien ne pourra jamais nous arracher » (Rm 8,35.39).
Cet amour que Dieu nous porte, l’Esprit Saint l’a versé « dans notre cœur ».
Le cœur (hb: leb; grec: kardia) est le terme le plus riche et le plus souple dont disposent l’Ancien Testament et l’ensemble de la Bible pour décrire l’intériorité de l’homme et spécialement du croyant. Le cœur se présente comme le concept le plus synthétique pour désigner le sujet de l’expérience spirituelle, et celui qui met le mieux en relief la prédominance de la volonté dans la psychologie biblique. À la fois conscience et mémoire, intuition et énergie, force de permanence et tension vers le but, à la fois réceptif, puisqu’il est le point de résonance de tous les affects, et créatif, puisqu’en lui les impressions et les idées se muent en décisions et en projets, le cœur est le tout de l’homme intérieur et le lieu privilégié du risque de la foi.
L’amour de Dieu pour nous saisit donc l’homme au plus intime de son être, au plus profond de son intelligen­ce, de sa volonté et de son affectivité, en ce centre qui n’est accessible qu’à Dieu et son Esprit (Rm 8,27). Dès lors cette agapè que Dieu nous porte va être pour nous objet de connaissance, d’expérience intérieure, d’attachement volontaire; et c’est toujours à cet amour de Dieu qu’il nous faut revenir pour trouver de nouveau, en pleine tribulation, la racine et la garantie de notre espérance, ainsi que nos raisons d’avancer vers la gloire promise.
Ces intuitions pauliniennes peuvent enrichir et illuminer comme de l’intérieur nos réflexions touchant le présent et l’avenir de nos communautés.
1. Il n’y a pas d’espérance véritable qui ne pointe, en définitive, vers la gloire de Dieu que nous aurons en partage. Toute espérance pour la prière, la mission ou la vie quotidienne de nos communautés est à replacer fidèlement sur l’horizon de la gloire, car cette gloire est le projet ultime de Dieu pour tous les hommes. L’horizon de la gloire, c’est celui que scrutent tous les croyants; et notre espérance carmélitaine n’est jamais séparable de l’espérance du Corps du Christ tout entier. « Nous mettons notre fierté dans l’espérance de la gloire de Dieu ».

2. Les tribulations de nos communautés non seulement trouvent leur sens face à l’horizon de la gloire, mais sont très concrètement, pour nous, une invitation à l’espérance. Les épreuves appellent une confiance mise en Dieu seul. Chacune de nos détresses devient un point d’impact de la puissance de Dieu, qui se déploie dans notre faiblesse. « Nous mettons notre fierté également dans les tribulations ».
3. L’espérance de la gloire, loin de démobiliser les communautés, ranime les forces de chaque sœur pour préparer et hâter l’avènement définitif du Règne de Dieu; et cela prend place au quotidien dans le cœur de chacune et dans la communauté porteuse du charisme thérésien. L’Esprit Saint, animant de l’intérieur chaque sœur et chaque communauté, fait croître jour après jour « les germes du salut définitif qui adviendra à la fin des temps ».
4. Nous avons à réagir, personnellement et communautairement, contre les impressions négatives d’échec, d’illusion ou de déception. « L’espérance ne déçoit pas », elle ne trompe pas, ne débouche pas sur la tristesse ou sur la démission. Il nous faut donc consentir cette ascèse de la mémoire que saint Jean de la Croix met en rapport avec l’espérance, afin de ne rien laisser entrer en nous et dans l’espace communautaire qui puisse entamer la joie de servir et de louer. « Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, montera la garde à l’entrée de nos cœurs et de nos pensées dans le Christ Jésus » (Ph 4,7).
5. Pour revenir à des perspectives d’espérance, pour replacer tout notre vécu et tous nos projets sur l’horizon de la victoire et de la réussite de Dieu, il faut nous offrir à l’action de l’Esprit qui verse dans nos cœurs l’amour que Dieu nous porte en Jésus Christ. Toutes nos initiatives de dialogue et de charité constructive rejoindront alors l’amour de Dieu en acte dans nos vies et dans nos communautés. Et l’Esprit Saint sera lui-même le garant de notre espérance communautaire comme il est déjà le lien vivant entre les sœurs.
² Partons maintenant, pour compléter notre méditation, d’un deuxième texte paulinien, l’épître aux Éphésiens 1,17-19.
« Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de la gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation qui vus le fasse vraiment connaître! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (littéralement: « quelle est l’espérance de votre appel, l’espérance liée à votre appel »), quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force ».
Cette insistance sur une pénétration personnelle dans le mystère de Dieu est typique des dernières épîtres de Paul. Au début de son ministère, dans ses grandes épîtres, il réclamait de ses disciples la foi; mais cette foi était, à ses yeux, un engagement global de la personne envers le Christ. Dans les épîtres de la captivité, Paul se soucie davantage de la compréhension toujours nouvelle que chaque disciple doit avoir de Dieu et de son œuvre de salut; et cette entrée dans le mystère et le projet de Dieu se réalise grâce à une révélation: le Père de a gloire illumine lui-même les yeux de notre cœur.

² Partons maintenant, pour compléter notre méditation, d’un deuxième texte paulinien:

l’épître aux Ephésiens 1,18s.
« Daigne le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père de la Gloire, vous donner un esprit de sagesse et de révélation, qui vous le fasse vraiment connaître! Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous ouvre son appel » (littéralement: « quelle est l’espérance de votre appel, l’espérance liée à votre appel »), quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les saints et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revêt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force ».
Cette insistance sur une pénétration personnelle dans le mystère de Dieu est typique des dernières épîtres de Paul. Au début de son ministère, dans ses grandes épîtres, il réclamait de ses disciples la foi; mais cette foi était, à ses yeux, un engagement global de la personne envers le Christ. Dans les épîtres de la captivité, Paul se soucie davantage de la compréhen-sion toujours nouvelle que chaque disciple doit avoir de Dieu et de son œuvre de salut; et cette entrée dans le mystère et le projet de Dieu se réalise grâce à une révélation: le Père de la gloire illumine lui-même les yeux de notre cœur.
Le Dieu qui a dit au début du monde: « Que du sein des ténèbres brille la lumière » est celui qui a brillé dans nos cœurs, expliquait Paul en 2 Co 4,6; et cette lumière de Dieu en nous révèle « la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ ». D’après notre texte d’Ephésiens 1,18s, cette même lumière de Dieu qui illumine les yeux de notre cœur nous découvre trois choses:

- l’espérance qui nous est offerte,
- les trésors de gloire qui nous attendent,
- la puissance que Dieu a déployée en la personne du Christ.
Et les trois sont liées: l’objet à espérer, ce sont les trésors de gloire, et ces trésors de gloire nous viennent par la vigueur de la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts.
Touchant l’espérance au quotidien, il faut souligner le lien que Paul établit entre l’espérance et l’appel du Seigneur. Quand les yeux de notre cœur sont illuminés, nous découvrons « quelle est l’espérance de notre appel », et donc qu’une espérance vivante s’enracine dans notre vocation, que l’espérance nous renvoie toujours à notre vocation, et que notre vocation nous ren-voie toujours à l’espérance.
Ailleurs, dans le texte majeur de Rm 5,5, Paul affirmait à l’instant: « L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».
Ces textes de Paul, en prise directe sur le mystère de la vie chrétienne éclairent à la fois notre espérance personnelle et notre espérance ecclésiale ou communautaire.
Au niveau personnel, chacun est habité par un grand nombre d’espoirs à court et moyen termes: l’espoir de réussir telle tâche, de se voir confier telle réalisation, l’espoir d’occuper telle place dans l’estime ou l’affection des autres, ou de faire reconnaître ou prévaloir des convictions très chères. Mais ces espoirs sont souvent déçus, contrariés par les circonstances, gênés ou réduits à néant par les projets des autres.
L’espérance, elle, n’amène jamais de déception,
- parce qu’elle ne vise pas la réalisation d’un projet humain, mais l’accomplissement du projet de Dieu sur l’homme: la gloire, et pas moins que la gloire;
– parce qu’elle s’appuie, non pas sur les forces ou l’habileté des hommes, mais sur la puissance de Dieu, celle qu’il a déployée et qu’il déploie sans cesse en Jésus Christ,
– parce qu’elle grandit en nous en même temps que l’amour et accompagne la présence de l’Esprit,
– parce qu’elle s’enracine en nous aussi profond que l’appel reçu de Dieu, celui du baptême et celui du Carmel.
D’où vient, alors, que nous nous lassons d’espérer? Souvent, c’est parce que nous nous trompons d’espérance: nous espérons parce que nous avons des raisons humaines de faire confiance à l’avenir: nous voyons déjà des chemins, des moyens, des assurances. Mais « voir ce qu’on espère, ce n’est plus espérer » (Rm 8,24). La véritable espérance est espérance en Dieu, en la force et en l’amour du Dieu fidèle. Espérer, c’est « attendre avec constance » ce qui viendra de Dieu, même si Dieu le fait advenir à travers nos efforts de pensée et d’ac­tion.

Quand nous sommes déroutés, déçus ou désabusés, c’est souvent que notre espérance n’est plus de niveau avec notre foi et notre amour, et qu’elle est retombée au niveau de l’espoir. Ce n’est plus alors l’espérance « ouverte par notre appel », ce ne sont plus « les yeux illuminés du cœur  » qui regardent l’avenir, ce n’est plus « la vigueur de la force de Dieu  » que nous laissons agir, et notre cœur guette d’autres richesses que « les trésors de gloire » enclos dans l’héritage de Dieu.
Le jour où, avec une joie venue d’en haut, nous avons répondu à l’appel, nous avons fait nôtre le projet de Dieu sur le monde, nous avons pris résolument la route de la gloire, qui ici-bas est la route de l’amour, et ce jour-là est née au creux de nous-mêmes une espérance très forte et très douce, celle-là même que Jésus nous propose de nouveau à chacune de nos conversions, à chacun de nos fiat, quand il vient « illuminer les yeux de notre cœur ».
En ce tournant du IIIème millénaire, nos communautés, comme l’Église tout entière, sont acculées à l’es­pérance. L’ampleur des problèmes est telle, si grand est le déséquilibre entre les besoins de l’évangélisation planétaire et les moyens disponibles, en hommes et en savoir, en techniques et en argent, que nous sommes contraints de nous tourner vers le Père de la gloire et vers « la puissance qu’il veut déployer en la personne du Christ ».
La rareté des vocations, qui touche de plein fouet tous nos diocèses, désécurise aussi nos monastères, et l’unique appui que nous ayons pour notre espérance est la consigne de Jésus: « Priez le maître de la moisson ». Dans beaucoup de secteurs d’activité ou de rayonnement, les communautés doivent restreindre les dispositifs et demander davantage encore à des moniales surchargées, et l’insécurité d’une grande partie du monde actuel s’insinue dans les cloîtres et dans les cœurs.
Mais les communautés, spécialement les communautés de contemplatives, doivent être exemplaires dans cette insécurité comme elles le sont pour la prière: elles doivent se situer résolument et joyeusement aux avant-postes de l’espérance. Plus que jamais, face aux mutations rapides de notre monde, les communautés doivent chanter l’espérance, célébrer l’espérance, offrir à Dieu, en même temps que le sacrifice de louange, l’holocauste de l’espérance. Cela passe, bien sûr, par l’attitude théologale de chacune, par une ascèse de la mémoire qui refuse les ruminations moroses, par une fidélité sans cesse renouvelée à la joie de Jésus, par le refus de s’installer ou d’alourdir la marche des autres. Mais le réflexe d’espérance doit marquer tout aussi profondément la dynamique communautaire, les tentatives de concertation, de planification, les efforts d’ouverture au réel et de conversion des cœurs.
Tous les grands moments de la vie communautaire doivent être des moments d’espérance où les sœurs s’ouvrent ensemble à la gloire en authentifiant leur chemin d’amour fraternel, où elles laissent Dieu illuminer les yeux de leur cœur, où elles s’offrent ensemble à la puissance du Ressuscité pour construire ensemble un temple spirituel, une maison de prière accueillante au monde que Dieu aime.
Les grandes fêtes liturgiques, les temps de retraite, les célébrations carmélitaines sont autant de jalons précieux pour une communauté qui se veut, au cœur de l’Église, croyante, aimante et espérante. Mais chaque sursaut de courage, dans le quotidien de la communauté, peut et doit constituer un grand moment d’espérance.
Une espérance enracinée dans une action de grâces, car ce que vous avez déjà réalisé ensemble, grâce à l’amour que l’Esprit a répandu dans vos cœurs a du prix aux yeux de Dieu, même si vous l’avez vécu pauvrement, avec un mélange de joies et de souffrances. C’est l’espérance qui vous a réunies; c’est l’espérance qui vous tiendra unies, en vous appelant à vous dépasser toutes. Ne cédez pas à la lassitude, ne regrettez pas d’avoir choisi l’Exode; ne laissez aucun accès à la tristesse, car Dieu aime celles qui donnent avec joie.
Cet acte d’espérance, même à votre insu, trouvera son écho dans tout l’Ordre. Tous les monastères ne sont pas appelés à vivre les mêmes sacrifices, mais tous sont conviés à une confiance courageuse devant l’avenir, et tous sont concernés directement par ce qui se vit et se cherche dans les communautés amies.
Pour chacune de vous, l’espérance s’enracine dans la rencontre de Jésus. A chacune il a parlé au cœur, à chacune il a montré le chemin de sa gloire, avec chacune il a fait alliance. Vous lui avez répondu avec le meilleur de vous-mêmes, ce meilleur qui n’apparaît pas toujours au regard des compagnes, mais qui reste gravé dans la mémoire du Seigneur. Pour mieux vivre l’Évangile, vous avez mis en commun votre amour de Jésus, vous avez noué en gerbe tous vos désirs missionnaires: continuez à marcher « sans vous laisser détourner de l’espérance », « toujours prêtes à rendre raison de l’espérance qui est en vous » et qui a grandi encore à la faveur de votre projet fraternel.
Au jour de votre engagement, vous avez fait un grand acte de confiance, qui portait la marque de l’Esprit de Dieu, et c’est ce même Esprit Saint qui continue à vivifier votre recherche commune, car lui seul peut vous donner force et lumière pour accueillir et être accueillie. La part qui vous revient, c’est de garder les réflexes spirituels des premiers jours. Il vous faut gar-der un cœur de pauvre, ouvert à la lumière qui vient de Dieu, au désir de Dieu, au plaisir de Dieu; il vous faut garder les mains ouvertes, pour recevoir le don de Dieu et pour donner, au nom de Jésus, le sourire, la paix et la joie; il vous faut chaque jour « choisir la vie » (Dt 30,19), choisir l’Exode et le passage pascal avec Jésus.
Vous poursuivez ensemble votre marche vers les eaux du salut, sur une route que chaque jour l’Esprit Saint vient ouvrir. Inlassablement vous tournez votre regard vers l’horizon de l’espérance, et vous vous aidez les unes les autres à mettre en Dieu toute votre assurance. Faites ensemble au Seigneur une totale confiance, pour aujourd’hui et pour demain, et remettez en-semble le passé à sa miséricorde, car chacune de vous, dans ce passé commun, a mis déjà beaucoup d’amour.
« Quel que soit le point déjà atteint, écrivait saint Paul, marchons toujours dans la même ligne » (Ph 3,16). C’est cette route de l’humilité, de la confiance, qu’il vous faut suivre ensemble, à l’exemple des saints et des saintes de votre Ordre.
« Réjouissez-vous dans le Seigneur, oui, réjouissez-vous. Que votre bienveillance rayonne et soit connue de tous. Le Seigneur est proche. N’entretenez aucun souci; mais en tout besoin recourez à l’oraison et à la prière, pénétrées d’action de grâces, pour présenter vos requêtes à Dieu. Alors la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, prendra sous sa garde vos cœurs et vos pensées, dans le Christ Jésus » (Ph 4,4-7).

L’EXALTATION DE LA SAINTE ET VIVIFIANTE CROIX

14 septembre, 2015

L’EXALTATION DE LA SAINTE ET VIVIFIANTE CROIX dans images sacrée La-croix-Louveciennes

http://www.sagesse-orthodoxe.fr/jaimerais-savoir/foi-et-tradition-orthodoxe/foi-de-leglise/lexaltation-de-la-sainte-et-vivifiante-croix-2014

LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…) – HOMÉ LIE

14 septembre, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,1020.html

LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…)

MERCREDI 14 SEPTEMBRE 2005

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

Les reliques de la vraie croix auraient été retrouvées par Sainte Hélène (249-329), mère de l’empereur Constantin, lors d’un pèlerinage en Palestine, qu’elle aurait entrepris en 326. Voici comment Saint Ambroise rapporte sa découverte : « Elle commença par visiter les lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : “Voici le lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas”. Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties ? Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix du milieu portait l’inscription : “Jésus de Nazareth, Roi des Juifs”. Par là fut terminée la démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut ». La Sainte impératrice aurait par la même occasion retrouvé les clous par lesquels Notre-Seigneur avait été attaché. Sainte Hélène fit construire une basilique englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre ; elle fit également ériger celles du Mont des Oliviers et de Bethléem.
Pour le trentième anniversaire de son avènement, le 13 septembre 335, l’empereur Constantin invita à Jérusalem les Pères, pour y célébrer la dédicace de la Basilique du Saint Sépulcre. Le lendemain, le dimanche 14, l’évêque de Jérusalem montra pour la première fois la Sainte Croix aux fidèles. Sur l’ordre de Constantin, une célébration annuelle fut décrétée au 14 septembre, portant le nom d’« Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » en raison de son rite principal, qui consistait dans l’ostension solennelle d’une relique de la vraie croix. Le bois de la croix découverte sur le Golgotha fut partagé en trois parts, conservées à Jérusalem, Constantinople et Rome.
Ce bref rappel ne prétend pas garantir l’historicité des faits rapportés dans leurs détails, mais se veut un témoignage de la dévotion que le peuple de Dieu a toujours porté à l’instrument de supplice de son Seigneur et Sauveur. La fête de la Croix glorieuse nous invite en effet à revenir à cette réalité : Dieu a aimé le monde, jusqu’au sacrifice de son Fils. Dans sa Lettre encyclique sur la miséricorde divine, Jean-Paul II soulignait : « Dans la passion et la mort du Christ, c’est-à-dire dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais “l’a fait péché pour nous”, s’exprime la justice absolue ; car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une surabondance de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent “compensés” par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice divine révélée dans la croix du Christ est à la mesure de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut. Croire dans le Fils crucifié signifie donc croire que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde » (n°7).
L’« exaltation » de la Sainte Croix n’est pas sans rappeler l’évangile de ce jour : Jésus sur la croix est « élevé » de terre comme le serpent de bronze au désert, « afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ». La croix nous confronte simultanément à l’horreur du péché qui conduit à la mort, et à la démesure de l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour nous, lui « qui n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais qui s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (1ère lect.).
Avant de prier l’Angélus depuis Castelgandolfo, ce 11 septembre, Benoît XVI rappelait que « dans l’Année consacrée à l’Eucharistie, la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix prend une signification particulière : elle nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit la Célébration Eucharistique et le Mystère de la Croix. Chaque Messe en effet rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ ». L’Eucharistie nous rappelle quotidiennement que notre salut jaillit de ce mystérieux échange, dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort des coupables que nous sommes, pour nous donner gratuitement part à sa vie divine. Aussi était-il juste et bon que celui qui par son sacrifice a réconcilié le ciel et la terre, fût « élevé au dessus de tout et reçoive le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame : “Jésus Christ est le Seigneur”, pour la gloire de Dieu le Père ».

« Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, nous te rendons gloire et nous t’offrons notre action de grâce toujours et en tout lieu, car tu as attaché au bois de la croix le salut du genre humain, pour que la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort, et que l’ennemi, victorieux par le bois, fût lui-même vaincu sur le bois, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Aussi nous te supplions humblement : que cette communion au mémorial du Sacrifice rédempteur nous purifie de nos fautes et nous donne part à la gloire de la résurrection de celui qui nous a fait revivre par le bois de sa croix. »

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