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LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…) – HOMÉ LIE
14 septembre, 2015http://www.homelies.fr/homelie,,1020.html
LA CROIX GLORIEUSE (LES RELIQUES DE LA VRAIE CROIX…)
MERCREDI 14 SEPTEMBRE 2005
FAMILLE DE SAINT JOSEPH
Les reliques de la vraie croix auraient été retrouvées par Sainte Hélène (249-329), mère de l’empereur Constantin, lors d’un pèlerinage en Palestine, qu’elle aurait entrepris en 326. Voici comment Saint Ambroise rapporte sa découverte : « Elle commença par visiter les lieux saints ; l’Esprit lui souffla de chercher le bois de la croix. Elle s’approcha du Golgotha et dit : “Voici le lieu du combat ; où est la victoire ? Je cherche l’étendard du salut et ne le vois pas”. Elle creuse donc le sol, en rejette au loin les décombres. Voici qu’elle trouve pêle-mêle trois gibets sur lesquels la ruine s’était abattue et que l’ennemi avait cachés. Mais le triomphe du Christ peut-il rester dans l’oubli ? Troublée, Hélène hésite, elle hésite comme une femme. Mue par l’Esprit Saint, elle se rappelle alors que deux larrons furent crucifiés avec le Seigneur. Elle cherche donc la croix du milieu. Mais, peut-être, dans la chute, ont-elles été confondues et interverties ? Elle revient à la lecture de l’Evangile et voit que la croix du milieu portait l’inscription : “Jésus de Nazareth, Roi des Juifs”. Par là fut terminée la démonstration de la vérité et, grâce au titre, fut reconnue la croix du salut ». La Sainte impératrice aurait par la même occasion retrouvé les clous par lesquels Notre-Seigneur avait été attaché. Sainte Hélène fit construire une basilique englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre ; elle fit également ériger celles du Mont des Oliviers et de Bethléem.
Pour le trentième anniversaire de son avènement, le 13 septembre 335, l’empereur Constantin invita à Jérusalem les Pères, pour y célébrer la dédicace de la Basilique du Saint Sépulcre. Le lendemain, le dimanche 14, l’évêque de Jérusalem montra pour la première fois la Sainte Croix aux fidèles. Sur l’ordre de Constantin, une célébration annuelle fut décrétée au 14 septembre, portant le nom d’« Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » en raison de son rite principal, qui consistait dans l’ostension solennelle d’une relique de la vraie croix. Le bois de la croix découverte sur le Golgotha fut partagé en trois parts, conservées à Jérusalem, Constantinople et Rome.
Ce bref rappel ne prétend pas garantir l’historicité des faits rapportés dans leurs détails, mais se veut un témoignage de la dévotion que le peuple de Dieu a toujours porté à l’instrument de supplice de son Seigneur et Sauveur. La fête de la Croix glorieuse nous invite en effet à revenir à cette réalité : Dieu a aimé le monde, jusqu’au sacrifice de son Fils. Dans sa Lettre encyclique sur la miséricorde divine, Jean-Paul II soulignait : « Dans la passion et la mort du Christ, c’est-à-dire dans le fait que le Père n’a pas épargné son Fils, mais “l’a fait péché pour nous”, s’exprime la justice absolue ; car le Christ subit la passion et la croix à cause des péchés de l’humanité. Il y a vraiment là une surabondance de justice, puisque les péchés de l’homme se trouvent “compensés” par le sacrifice de l’Homme-Dieu. Toutefois cette justice divine révélée dans la croix du Christ est à la mesure de Dieu, parce qu’elle naît de l’amour et s’accomplit dans l’amour, en portant des fruits de salut. Croire dans le Fils crucifié signifie donc croire que l’amour est présent dans le monde, et que cet amour est plus puissant que les maux de toutes sortes dans lesquels l’homme, l’humanité et le monde sont plongés. Croire en un tel amour signifie croire dans la miséricorde » (n°7).
L’« exaltation » de la Sainte Croix n’est pas sans rappeler l’évangile de ce jour : Jésus sur la croix est « élevé » de terre comme le serpent de bronze au désert, « afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ». La croix nous confronte simultanément à l’horreur du péché qui conduit à la mort, et à la démesure de l’amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour nous, lui « qui n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu, mais qui s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (1ère lect.).
Avant de prier l’Angélus depuis Castelgandolfo, ce 11 septembre, Benoît XVI rappelait que « dans l’Année consacrée à l’Eucharistie, la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix prend une signification particulière : elle nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit la Célébration Eucharistique et le Mystère de la Croix. Chaque Messe en effet rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ ». L’Eucharistie nous rappelle quotidiennement que notre salut jaillit de ce mystérieux échange, dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort des coupables que nous sommes, pour nous donner gratuitement part à sa vie divine. Aussi était-il juste et bon que celui qui par son sacrifice a réconcilié le ciel et la terre, fût « élevé au dessus de tout et reçoive le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux et que toute langue proclame : “Jésus Christ est le Seigneur”, pour la gloire de Dieu le Père ».
« Seigneur, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, nous te rendons gloire et nous t’offrons notre action de grâce toujours et en tout lieu, car tu as attaché au bois de la croix le salut du genre humain, pour que la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort, et que l’ennemi, victorieux par le bois, fût lui-même vaincu sur le bois, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Aussi nous te supplions humblement : que cette communion au mémorial du Sacrifice rédempteur nous purifie de nos fautes et nous donne part à la gloire de la résurrection de celui qui nous a fait revivre par le bois de sa croix. »
DOM GUÉRANGER – LE XIV SEPTEMBRE. L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.
14 septembre, 2015http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/pentecote/pentecote05/020.htm
DOM GUÉRANGER – LE XIV SEPTEMBRE. L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX.
Par vous la Croix sainte est honorée et adorée dans toute la terre (1). » Ainsi, au lendemain du jour où fut vengée à Ephèse la divine maternité, Cyrille d’Alexandrie saluait Notre-Dame. L’éternelle Sagesse a voulu que l’Octave de la naissance de Marie n’eût pas de plus bel ornement que celui qu’elle reçoit aujourd’hui de cette fête du triomphe de la Croix. C’est qu’en effet, la Croix est l’étendard de ces milices de Dieu dont Marie est la Reine; c’est par la Croix qu’elle brise la tête du serpent maudit, et remporte contre l’erreur et les ennemis du nom chrétien tant de victoires.
Tu vaincras par ce signe. Les siècles où Satan avait eu loisir d’essayer contre l’Eglise l’épreuve des tortures, touchaient à leur fin ; par l’édit de Sardique rendant aux chrétiens la liberté, Galère mourant venait d’avouer l’impuissance de l’enfer. Au Christ maintenant de prendre l’offensive ; à sa Croix de revendiquer l’empire. L’année 311 incline vers son terme. Au pied des Alpes, une armée romaine s’apprête à passer des Gaules en Italie; provoqué par Maxence, son rival politique, Constantin qui la commande ne songe qu’à venger son injure. Mais ses soldats, sans le savoir plus que leur chef, sont d’ores et déjà dévolus au vrai Dieu des batailles : le Fils du Très-Haut,
1. Cyrill. Al. Hom. IV, Ephesi habita.
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devenu comme homme au sein de Marie Roi de ce monde, va se révéler à son premier lieutenant et du même coup montrer à sa première armée l’étendard qui doit la guider à l’ennemi. Au-dessus des légions, dans un ciel sans nuage, la Croix proscrite trois siècles a soudain resplendi; les yeux de tous la voient, faisant du soleil qui penche vers l’horizon son piédestal, avec ces mots en traits de feu qui l’entourent : IN HOC VINCE, Par cela sois vainqueur ! Quelques mois plus tard, 27 octobre 312, du haut des sept collines tous les faux dieux dans la stupeur contemplaient, débouchant sur la voie Flaminienne, au delà du pont Milvius, le labarum au monogramme sacré devenu l’enseigne des armées de l’empire, en attendant la décisive bataille qui, le lendemain, ouvrait au Christ seul Dieu, à jamais Roi, les portes de la Ville éternelle.
« Salut, ô Croix, redoutable aux ennemis, boulevard de l’Eglise, force des princes; salut dans ton triomphe ! La terre cachait encore le bois sacré, et il se montrait dans le ciel, annonçant la victoire ; et un empereur, devenu chrétien, l’arrachait aux entrailles de la terre (1). » Ainsi dès hier chantait l’Eglise grecque, préludant aux joies de ce jour ; c’est pour l’Orient, qui ne connaît pas notre fête spéciale du trois Mai, tout l’objet de la solennité présente, à savoir : la défaite des idoles par le signe du salut manifesté à Constantin et à son armée, la découverte de la sainte Croix quelques années après dans la citerne du Golgotha.
Mais une autre solennité, dont la mémoire annuelle demeure fixée par le Ménologe au treize
1. Ap. Graec. Menae in profesto Exaltationis.
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Septembre, vint en l’année 335 compléter heureusement les souvenirs attachés à ce jour ; ce fut la dédicace des sanctuaires élevés par Constantin sur le Calvaire et le Saint Sépulcre, à la suite des découvertes sans prix qu’avait dirigées la sagace piété de sa mère sainte Hélène. Dans le siècle même de ces événements, une pieuse voyageuse, sainte Silvia, croit-on, la sœur de Rufin ministre de Théodose et d’Arcadius, atteste que l’anniversaire de cette dédicace se célébrait avec les honneurs des fêtes de Pâques et de l’Epiphanie; on y voyait un concours immense d’évêques et de clercs, de moines et de séculiers de tout sexe et de toute province : et la raison en est, dit-elle, que la Croix fut trouvée ce jour-là ; motif qui fit choisir ledit jour pour celui de la consécration primitive, afin qu’une même date réunît l’allégresse et de cette consécration et de ce souvenir (1).
Pour n’avoir point eu présent à la pensée ce voisinage immédiat de la Dédicace de l’Anastasie, ou Eglise de la Résurrection, précédant la fête de la sainte Croix, plusieurs n’ont pas compris le discours prononcé en cette fête, deux siècles et demi après Silvia, parle saint patriarche de Jérusalem, Sophronius : « C’est le jour de la Croix; qui ne tressaillirait ? c’est le triomphe de la Résurrection ; qui ne serait dans la joie ? Jadis, c’était la Croix qui marchait la première; maintenant, la Résurrection se fait l’introductrice de la Croix. Résurrection et Croix : trophées de notre salut (2) ! » Et le Pontife se complaisait à développer les instructions qui résultaient d’un pareil rapprochement.
1. Peregrinatio Silviae, in fine. — 2. Sophron. in Exaltat, venerandae Crucis.
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C’était, semble-t-il, le temps où l’affinité des deux grands mystères amenait en quelque manière notre Occident à les rapprocher de même sorte ; sans abandonner la mémoire de la Croix au présent jour, la piété des Eglises latines introduisait dans les splendeurs du Temps pascal une première fête de l’instrument du salut, détachant à cette fin du quatorze Septembre le souvenir de l’Invention du bois rédempteur. Par une heureuse compensation, la solennité présente voyait alors son caractère de triomphe puiser un éclat nouveau dans les événements contemporains qui font, ainsi qu’on va le voir, l’objet principal des lectures historiques de ce jour en la Liturgie Romaine.
Un siècle auparavant, saint Benoît fixait à cette date de l’année le point de départ de la carrière de pénitence connue sous le nom de Carême monastique (1), et qui s’étend jusqu’à l’ouverture de la période quadragésimale proprement dite, où l’armée entière des chrétiens rejoint les phalanges du cloître dans le labeur de l’abstinence et du jeûne. « La Croix se rappelle à notre souvenir : quel homme, dit saint Sophronius, ne se crucifiera pas lui-même? L’adorateur sincère du bois sacré est celui qui soutient son culte de ses œuvres (2). »
1. S. P. Benedict. Reg. XLI. — 2. Sophron. Ubi supra.
Lisons la Légende ci-dessus annoncée.
Sur la fin de l’empire de Phocas, Chosroès, roi des Perses, ayant occupé l’Egypte et l’Afrique, s’empara aussi de Jérusalem où il massacra des milliers de chrétiens. La Croix du Seigneur, dont sainte Hélène avait enrichi le Calvaire, fut par lui emportée en Perse. Héraclius cependant succédait à Phocas. Réduit aux dernières extrémités par les calamités de la guerre, il demandait la paix, sans pouvoir, aux plus dures conditions, l’obtenir de Chosroès qu’enflaient ses victoires. C’est pourquoi, s’absorbant dans le jeûne et la prière, il se tourne vers Dieu, implorant secours en son péril extrême ; avis lui est donné du ciel de rassembler des troupes; il les mène à l’ennemi, et défait trois généraux de Chosroès avec leurs armées.
Abattu par ces revers, et fuyant vers le Tigre qu’il s’apprête à passer, Chosroès associe au trône son fils Médarsès. Mais Siroès l’aîné, furieux de l’injure, dresse des embûches à son père et à son frère, les arrête dans leur fuite et les tue peu après ; ce qu’étant accompli, il obtint d’être reconnu roi par Héraclius, sous certaines clauses dont la première portait restitution de la Croix du Seigneur. Quatorze ans après qu’elle était tombée au pouvoir des Pères, la Croix fut donc reconquise ; Héraclius, venant à Jérusalem, la reporta en grande pompe sur ses propres épaules à la montagne où le Sauveur l’avait portée.
A cette occasion, eut lieu un insigne miracle bien digne de mémoire. Car Heraclius, couvert comme il l’était d’ornements d’or et de pierreries, ne put franchir la porte qui conduisait au Calvaire ; plus ses efforts pour avancer étaient grands, plus il semblait retenu sur place. D’où stupeur d’Héraclius et de la multitude. Mais l’évêque de Jérusalem, Zacharie , prenant la parole : Considérez, dit-il, empereur, que cette parure de triomphe, en portant la Croix, ne rappelle pas assez peut-être la pauvreté et l’humilité de Jésus-Christ. Heraclius alors, dépouillant ses habits luxueux, nu-pieds, et vêtu comme un homme du peuple, fit sans difficulté le reste de la route,et replaça la Croix au Calvaire, dans le même lieu d’où les Perses l’avaient enlevée. La fête de l’Exaltation de la sainte Croix, qui se célébrait tous les ans en ce jour, acquit dès lors un éclat nouveau, en mémoire de ce que cette Croix sainte fut de la sorte rétablie par Heraclius à l’endroit où on l’avait d’abord dressée pour le Sauveur.
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La victoire ainsi consignée dans les fastes de l’Eglise ne fut pas, ô Croix, votre dernier triomphe ; et les Perses non plus ne furent pas vos derniers ennemis. Dans le temps même de la défaite de ces adorateurs du feu, se levait le Croissant, signe nouveau du prince des enfers. Par la sublime loyauté du Dieu dont vous êtes l’étendard et qui, venu sur terre pour lutter comme nous, ne se dérobe devant nul ennemi, l’Islam aussi allait avoir licence d’essayer et d’user contre vous sa force : force du glaive, unie à la séduction des passions. Mais là encore, dans le secret des combats de Satan et de l’âme comme sur les champs de bataille éclairés du grand jour de l’histoire, le succès final était assuré à la faiblesse et à la folie du Calvaire.
Vous fûtes, ô Croix, le ralliement de notre Europe en ces expéditions sacrées qui empruntèrent de vous leur beau titre de Croisades, et portèrent si haut dans l’Orient infidèle le nom chrétien. Tandis qu’alors elles refoulaient au loin la dégradation et la ruine, elles préparaient pour plus tard à la conquête de continents nouveaux l’Occident resté par vous la tête des nations.
Campagnes immortelles dont les soldats, grâce à vos rayons, brillent aux premières pages du livre d’or de la noblesse des peuples. Aujourd’hui même, ces ordres nouveaux de chevalerie qui prétendent grouper en eux l’élite de l’humanité ne voient-ils pas en vous l’insigne le plus élevé du mérite et de l’honneur? Suite toujours du mystère de cette fête ; exaltation, jusqu’en nos temps amoindris, de la Croix sainte qui dans les siècles antérieurs était passée de l’enseigne des légions au sommet du diadème des empereurs et des rois.
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Il est vrai que sur la terre de France des hommes sont apparus, qui se donnent pour tache d’abattre le signe sacré partout où l’avaient honoré nos pères. Problème étrange que cette invasion des valets de Pilate au pays des croisés ; problème pourtant qui s’explique, aujourd’hui qu’on a surpris l’or juif soldant leurs exploits. Ceux-là, dit des Juifs saint Léon dans l’Office de ce jour, ceux-là, dans l’instrument du salut, ne peuvent voir que leur crime (1) ; et leur conscience troublée soudoie pour renverser la Croix sainte les mêmes hommes qu’ils payaient jadis pour la dresser.
Hommage encore, que la coalition de tels ennemis ! O Croix adorée, notre gloire, notre amour ici-bas, sauvez-nous quand vous apparaîtrez dans les cieux, au jour où le Fils de l’homme, assis dans sa majesté, jugera l’univers.
1. Homélie du III° Noct. de la fête, ex Léon. Serm. VIII de Pass.