Archive pour le 4 septembre, 2015

« il fait entendre les sourds et parler les muets »

4 septembre, 2015

http://www.odigitria.it/vangelo/2009/XXIII-Domenica/XXIII-Domenica.htm

Livre d’Isaïe 35, 4-7a – COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT,

4 septembre, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 6 SEPTEMBRE 2015

PREMIERE LECTURE – Livre d’Isaïe 35, 4-7a

4 Dites aux gens qui s’affolent :
« Prenez courage, ne craignez pas.
Voici votre Dieu :
c’est la vengeance qui vient,
la revanche de Dieu.
Il vient lui-même
et va vous sauver. »
5 Alors s’ouvriront les yeux des aveugles
et les oreilles des sourds.
6 Alors le boiteux bondira comme un cerf
et la bouche du muet criera de joie.
L’eau jaillira dans le désert,
des torrents dans les terres arides.
7 Le pays torride se changera en lac ;
la terre de la soif, en eaux jaillissantes.

LA VENGEANCE DE DIEU : IL VA NOUS SAUVER
A l’écoute de ce texte, deux mots nous ont surpris, peut-être, ou même choqués : la vengeance de Dieu et la revanche de Dieu : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu ». Disons-le tout de suite, ils n’ont pas du tout le même sens ici que dans notre langage courant du vingt-et-unième siècle !
Pour les comprendre, il faut les replacer dans leur contexte : je vous lis la phrase en entier : « Prenez courage, ne craignez pas : Voici votre Dieu, c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver » ; ce qui veut dire que la revanche de Dieu, c’est de nous sauver. Pour bien faire, il faudrait écrire : « Voici la revanche de Dieu : (« deux points ») il vient lui-même et va vous sauver » ;
on devrait même dire « voici la revanche de Dieu : (« deux points ») il vient lui-même pour vous sauver ».
Et tout le reste du texte, ce sont des promesses : promesses de guérison, de rétablissement pour les aveugles, les sourds, les muets, les boiteux… « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds, alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. »
Promesses, surtout, de retour au pays pour les exilés : les versets suivants que nous ne lisons pas ce dimanche viennent éclairer le contexte : « Ils reviendront, les captifs rachetés (c’est-à-dire « libérés ») par le SEIGNEUR, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront. » Effectivement, quand Isaïe prononce ces paroles, le peuple d’Israël est en exil à Babylone, après avoir vécu les atrocités du siège de Jérusalem par les armées de Nabuchodonosor.
Cinquante années d’exil, de quoi perdre courage. Ce n’est pas par hasard qu’Isaïe leur dit « Dites aux gens qui s’affolent : Prenez courage, ne craignez pas ».
Cinquante ans pendant lesquels on a rêvé de ce retour, sans oser y croire. Et voilà que le prophète annonce le retour au pays, il dit « Dieu va vous sauver », c’est-à-dire « vous libérer ». Pour rentrer au pays, le chemin le plus direct entre Babylone et Jérusalem traverse le désert d’Arabie ; mais cette traversée du désert, Isaïe la décrit comme une marche triomphale dans un véritable Paradis :
le désert se réjouira, le pays aride exultera et criera de joie, il « jubilera » dit même le texte hébreu dans les versets qui précèdent le passage que nous lisons aujourd’hui ; ici, il insiste : « L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif, en eaux jaillissantes. » ! Il faut entendre la résonance de telles paroles dans un pays de sécheresse et de soif !
Et c’est cela la vengeance de Dieu ! Les assoiffés seront désaltérés ; mieux encore, les humiliés pourront relever la tête ! « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. »
C’est donc un sens extrêmement positif du mot « vengeance » ; pour l’homme de la Bible, il est bien clair que Dieu ne se venge pas de nous, il ne prend pas sa revanche contre nous, mais contre le mal qui nous atteint, qui nous abîme ; sa revanche c’est de nous rendre notre dignité. C’est cela la gloire de Dieu.

A LA DECOUVERTE DU VRAI VISAGE DE DIEU
Mais il faut bien dire qu’on n’a pas toujours pensé comme cela ! Le texte d’Isaïe est assez tardif dans l’histoire biblique ; il a fallu tout un long chemin de révélation pour en arriver là. Au début de son histoire, le peuple de la Bible était comme tous les autres : il imaginait un Dieu à l’image de l’homme, un Dieu qui se venge comme les humains. Puis, au fur et à mesure de la Révélation, grâce à la prédication des prophètes, on a commencé à découvrir Dieu tel qu’il est, et non pas tel qu’on l’imaginait ; alors le mot « vengeance » est resté mais son sens a complètement changé ; nous avons déjà vu plusieurs fois dans la Bible ce phénomène de retournement complet du sens d’un mot : c’est le cas pour le sacrifice, par exemple, et aussi pour la crainte de Dieu.
Il a fallu bien des étapes et bien des siècles pour qu’on découvre le vrai visage de Dieu, un Dieu tout autre que nous et tout autre que ce que nous imaginons spontanément : « Ses pensées ne sont pas nos pensées et nos chemins ne sont pas ses chemins » (comme dit Isaïe : Is 55, 8)… un Dieu qui n’est qu’amour et miséricorde pour tous les hommes sans exception, même les méchants, un Dieu qui « ne veut pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18, 23). On a peu à peu découvert que l’expression « voici la revanche de Dieu : il vient lui-même et va vous sauver » signifie « Dieu vous aime plus que tout être au monde, et, quelle que soit l’humiliation physique ou morale que vous ayez subie, il vient pour vous libérer, pour vous relever.
Isaïe parlait de la libération des captifs de Babylone et de leur retour à Jérusalem ; mais l’humanité attend encore sa libération définitive de toute humiliation, de tout aveuglement, de toute surdité : ce sera l’oeuvre du Messie, les contemporains de Jésus le savaient bien. C’est pour cela que pour se présenter à la synagogue de Nazareth (Luc 4), Jésus a cité un autre passage tout à fait semblable d’Isaïe « Le SEIGNEUR m’a envoyé porter un joyeux message aux humiliés, guérir ceux qui ont le coeur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, annoncer les bienfaits du SEIGNEUR et le jour de la vengeance de notre Dieu. » (Is 61, 1-2). Et quand les disciples de Jean lui ont demandé « Es-tu celui qui doit venir ? » Jésus a simplement répondu : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » (Luc 7, 22)… La bonne nouvelle, c’est que Dieu nous relève et nous sauve.

 

HOMÉLIE DU 23ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

4 septembre, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU 23ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

06/09/2015

Les lectures du jour

Ouvre-toi
Les textes bibliques que nous venons d’écouter pourraient se résumer en deux mots : « Ouvre-toi ». Et tout d’abord ouvre-toi à l’espérance. Parfois, nous avons l’impression que le mal l’emporte toujours, que l’homme est un éternel condamné à la souffrance et que demain sera pire qu’aujourd’hui. Or voilà qu’en ce jour, nous avons la réponse d’Isaïe dans la première lecture : « Prenez courage, ne craignez pas, voici votre Dieu ; c’est la vengeance qui vient, la revanche de votre Dieu. Il va vous sauver. »
Nous ne devons pas nous tromper sur le sens de ces paroles. Nous avons tendance à penser à la vengeance contre ceux qui nous ont fait du mal et nous disons que c’est « un plat qui se mange froid ». Ici, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Le prophète ne parle pas de la vengeance contre des hommes mais contre le mal. Il annonce la victoire de l’amour de Dieu contre le mal, la haine, la violence. C’est un encouragement pour ceux et celles qui ont vécu dans la peur. La revanche de Dieu c’est de supprimer le mal, c’est de faire en sorte que les aveugles voient et que les sourds entendent. La bonne nouvelle c’est cet amour infini de Dieu pour tous les hommes. C’est à cette espérance que nous devons nous ouvrir.
La lettre de saint Jacques (2ème lecture) nous apporte un éclairage nouveau sur cette bonne nouvelle : elle nous invite à réagir contre certaines attitudes contraires à l’Évangile. Nous parlons d’égalité et de fraternité, mais nous nous laissons aveugler par tout ce qui brille. Pendant ce temps, les pauvres sont bien laissés de côté. L’apôtre nous rappelle que nous ne devons pas faire de « différence entre nous ». Ce n’est pas l’argent ni la pauvreté qui font la valeur d’un homme mais la foi. La foi c’est l’accueil de Dieu dans toute notre vie. Il n’est contre personne. Si nous voulons être en communion avec lui, il nous faut être ouverts et accueillants pour tous, même s’ils sont différents. Cette mise au point de saint Jacques s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Il s’agit d’avoir le regard même de Dieu sur tous ceux et celles qui nous entourent.
Dans l’Évangile, nous trouvons Jésus en plein territoire païen. Il n’hésite pas à sortir des frontières d’Israël. C’est une manière de dire que la bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns mais au monde entier. Le voilà donc au milieu de tous ces gens qui n’ont pas d’oreille pour entendre la Parole de Dieu ni de bouche pour proclamer sa louange. Comme leurs idoles ils « ont une bouche et ne parlent pas… des oreilles et n’entendent pas. » (Psaume 113) Or voilà que l’Évangile nous donne une pitoyable illustration de ce monde païen : un sourd muet est amené à Jésus.
Jésus se met tout de suite au travail : imposer les mains ne suffit pas ; le mal est trop grand : il faut aller à l’écart, mettre les doigts dans les oreilles, toucher la langue, lever les yeux au ciel, soupirer et prier. Le mal est très fort. Jésus se bat contre lui ; ce n’est pas sans peine mais il finit par gagner. Les oreilles s’ouvrent, la langue se délie. A travers cet homme, Dieu donne aux païens une oreille pour entendre la Parole de Dieu et une bouche pour proclamer sa louange.
« Ouvre-toi ! » C’est aussi à chacun de nous que le Christ s’adresse en ce jour. Nous savons bien qu’il n’y a pas de pire sourd que celui qui ne veut pas se laisser toucher par les appels de Dieu et de ses frères. Ces sont nos fermetures, nos blocages qui entravent une vraie communication entre nous. « Ouvre-toi » nous dit le Seigneur. Ne reste pas enfermé sur tes soucis personnels ni sur tes relations habituelles, ni sur ton milieu social. Ouvre-toi à Dieu et aux autres. Ce n’est pas pour rien que notre pape François nous recommande d’aller jusqu’aux « périphéries ».
Depuis Pentecôte 2015, notre diocèse de Rodez est en période de synode. Une grande réflexion est lancée sur le thème « Pour que les hommes aient la vie, disciples et missionnaires ». C’est un vaste chantier qui durera deux ans. Des équipes se sont mises en route. Ce dimanche de rentrée est un jour de relance. Les équipes existantes sont appelées à continuer. D’autres sont invitées à se lancer. Tout le monde est invité. Profitons de cette chance pour prendre la parole.
En ce dimanche, accueillons cet appel à nous ouvrir à notre paroisse, à notre diocèse et au monde dans lequel nous vivons. Notre rôle de chrétiens baptisés et confirmés, c’est de bâtir avec Jésus des communions ouvertes et accueillantes aux autres. Soyons plus spécialement attentifs à tous les blessés de la vie, à ceux qui n’ont jamais la parole et que personne n’écoute. Ils ont la première place dans le cœur de Dieu.

En ce jour, nous faisons nôtre cette prière :
« Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour.
Je suis l’aveugle sur le chemin, guéris-moi, je veux te voir.

Fais que j’entende, Seigneur, tous mes frères qui crient vers moi.
A leur souffrance et à leurs appels, que mon cœur ne soit pas sourd. »

Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Homélies pour l’année B (Amédée Brunot) – Au service de la Parole (Bernard Prévost) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP. Bagot) – site ADAP Nouvelle Calédonie