Archive pour août, 2015

BENOÎT XVI – CLAIRE D’ASSISE – 11 AOÛT

11 août, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100915.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 15 septembre 2010

CLAIRE D’ASSISE – 11 AOÛT

Chers frères et sœurs,

L’une des saintes les plus aimées est sans aucun doute sainte Claire d’Assise, qui vécut au XIIIe siècle, et qui fut contemporaine de saint François. Son témoignage nous montre combien l’Eglise tout entière possède une dette envers des femmes courageuses et riches de foi comme elle, capables d’apporter une impulsion décisive au renouveau de l’Eglise.
Qui était donc Claire d’Assise? Pour répondre à cette question, nous possédons des sources sûres: non seulement les anciennes biographies, comme celles de Thomas de Celano, mais également les Actes du procès de canonisation promu par le Pape quelques mois seulement après la mort de Claire et qui contiennent les témoignages de ceux qui vécurent à ses côtés pendant longtemps.
Née en 1193, Claire appartenait à une riche famille aristocratique. Elle renonça à la noblesse et à la richesse pour vivre dans l’humilité et la pauvreté, adoptant la forme de vie que François d’Assise proposait. Même si ses parents, comme cela arrivait alors, projetaient pour elle un mariage avec un personnage important, à 18 ans, Claire, à travers un geste audacieux inspiré par le profond désir de suivre le Christ et par son admiration pour François, quitta la maison paternelle et, en compagnie de son amie, Bona de Guelfuccio, rejoignit en secret les frères mineurs dans la petite église de la Portioncule. C’était le soir du dimanche des Rameaux de l’an 1211. Dans l’émotion générale, fut accompli un geste hautement symbolique: tandis que ses compagnons tenaient entre les mains des flambeaux allumés, François lui coupa les cheveux et Claire se vêtit d’un habit de pénitence en toile rêche. A partir de ce moment, elle devint l’épouse vierge du Christ, humble et pauvre, et se consacra entièrement à Lui. Comme Claire et ses compagnes, d’innombrables femmes au cours de l’histoire ont été fascinées par l’amour pour le Christ qui, dans la beauté de sa Personne divine, remplit leur cœur. Et l’Eglise tout entière, au moyen de la mystique vocation nuptiale des vierges consacrées, apparaît ce qu’elle sera pour toujours: l’Epouse belle et pure du Christ.
L’une des quatre lettres que Claire envoya à sainte Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui voulut suivre ses traces, parle du Christ, son bien-aimé Epoux, avec des expressions nuptiales qui peuvent étonner, mais qui sont émouvantes: «Alors que vous le touchez, vous devenez plus pure, alors que vous le recevez, vous êtes vierge. Son pouvoir est plus fort, sa générosité plus grande, son apparence plus belle, son amour plus suave et son charme plus exquis. Il vous serre déjà dans ses bras, lui qui a orné votre poitrine de pierres précieuses… lui qui a mis sur votre tête une couronne d’or arborant le signe de la sainteté» (Première Lettre: FF, 2862).
En particulier au début de son expérience religieuse, Claire trouva en François d’Assise non seulement un maître dont elle pouvait suivre les enseignements, mais également un ami fraternel. L’amitié entre ces deux saints constitue un très bel et important aspect. En effet, lorsque deux âmes pures et enflammées par le même amour pour le Christ se rencontrent, celles-ci tirent de leur amitié réciproque un encouragement très profond pour parcourir la voie de la perfection. L’amitié est l’un des sentiments humains les plus nobles et élevés que la Grâce divine purifie et transfigure. Comme saint François et sainte Claire, d’autres saints également ont vécu une profonde amitié sur leur chemin vers la perfection chrétienne, comme saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal. Et précisément saint François de Sales écrit: «Il est beau de pouvoir aimer sur terre comme on aime au ciel, et d’apprendre à s’aimer en ce monde comme nous le ferons éternellement dans l’autre. Je ne parle pas ici du simple amour de charité, car nous devons avoir celui-ci pour tous les hommes; je parle de l’amitié spirituelle, dans le cadre de laquelle, deux, trois ou plusieurs personnes s’échangent les dévotions, les affections spirituelles et deviennent réellement un seul esprit» (Introduction à la vie de dévotion, III, 19).
Après avoir passé une période de quelques mois auprès d’autres communautés monastiques, résistant aux pressions de sa famille qui au début, n’approuvait pas son choix, Claire s’établit avec ses premières compagnes dans l’église Saint-Damien où les frères mineurs avaient préparé un petit couvent pour elles. Elle vécut dans ce monastère pendant plus de quarante ans, jusqu’à sa mort, survenue en 1253. Une description directe nous est parvenue de la façon dont vivaient ces femmes au cours de ces années, au début du mouvement franciscain. Il s’agit du compte-rendu admiratif d’un évêque flamand en visite en Italie, Jacques de Vitry, qui affirme avoir trouvé un grand nombre d’hommes et de femmes, de toute origine sociale, qui «ayant quitté toute chose pour le Christ, fuyaient le monde. Ils s’appelaient frères mineurs et sœurs mineures et sont tenus en grande estime par Monsieur le Pape et par les cardinaux… Les femmes… demeurent ensemble dans divers hospices non loin des villes. Elle ne reçoivent rien, mais vivent du travail de leurs mains. Et elles sont profondément attristées et troublées, car elles sont honorées plus qu’elles ne le voudraient, par les prêtres et les laïcs» (Lettre d’octobre 1216: FF, 2205.2207).
Jacques de Vitry avait saisi avec une grande perspicacité un trait caractéristique de la spiritualité franciscaine à laquelle Claire fut très sensible: la radicalité de la pauvreté associée à la confiance totale dans la Providence divine. C’est pour cette raison qu’elle agit avec une grande détermination, en obtenant du Pape Grégoire IX ou, probablement déjà du Pape Innocent III, celui que l’on appela le Privilegium Paupertatis (cf. FF, 3279). Sur la base de celui-ci, Claire et ses compagnes de Saint-Damien ne pouvaient posséder aucune propriété matérielle. Il s’agissait d’une exception véritablement extraordinaire par rapport au droit canonique en vigueur et les autorités ecclésiastiques de cette époque le concédèrent en appréciant les fruits de sainteté évangélique qu’elles reconnaissaient dans le mode de vie de Claire et de ses consœurs. Cela montre que même au cours des siècles du Moyen âge, le rôle des femmes n’était pas secondaire, mais considérable. A cet égard, il est bon de rappeler que Claire a été la première femme dans l’histoire de l’Eglise à avoir rédigé une Règle écrite, soumise à l’approbation du Pape, pour que le charisme de François d’Assise fût conservé dans toutes les communautés féminines qui étaient fondées de plus en plus nombreuses déjà de son temps et qui désiraient s’inspirer de l’exemple de François et de Claire.
Dans le couvent de Saint-Damien, Claire pratiqua de manière héroïque les vertus qui devraient distinguer chaque chrétien: l’humilité, l’esprit de piété et de pénitence, la charité. Bien qu’étant la supérieure, elle voulait servir personnellement les sœurs malades, en s’imposant aussi des tâches très humbles: la charité en effet, surmonte toute résistance et celui qui aime accomplit tous les sacrifices avec joie. Sa foi dans la présence réelle de l’Eucharistie était si grande que, par deux fois, un fait prodigieux se réalisa. Par la seule ostension du Très Saint Sacrement, elle éloigna les soldats mercenaires sarrasins, qui étaient sur le point d’agresser le couvent de Saint-Damien et de dévaster la ville d’Assise.
Ces épisodes aussi, comme d’autres miracles, dont est conservée la mémoire, poussèrent le Pape Alexandre IV à la canoniser deux années seulement après sa mort, en 1255, traçant un éloge dans la Bulle de canonisation, où nous lisons: «Comme est vive la puissance de cette lumière et comme est forte la clarté de cette source lumineuse. Vraiment, cette lumière se tenait cachée dans la retraite de la vie de clôture et dehors rayonnaient des éclats lumineux; elle se recueillait dans un étroit monastère, et dehors elle se diffusait dans la grandeur du monde. Elle se protégeait à l’intérieur et elle se répandait à l’extérieur. Claire en effet, se cachait: mais sa vie était révélée à tous. Claire se taisait mais sa renommée criait» (FF, 3284). Et il en est véritablement ainsi, chers amis: ce sont les saints qui changent le monde en mieux, le transforment de manière durable, en insufflant les énergies que seul l’amour inspiré par l’Evangile peut susciter. Les saints sont les grands bienfaiteurs de l’humanité!
La spiritualité de sainte Claire, la synthèse de sa proposition de sainteté est recueillie dans la quatrième lettre à sainte Agnès de Prague. Sainte Claire a recours à une image très répandue au Moyen âge, d’ascendance patristique, le miroir. Et elle invite son amie de Prague à se refléter dans ce miroir de perfection de toute vertu qu’est le Seigneur lui-même. Elle écrit: «Heureuse certes celle à qui il est donné de prendre part au festin sacré pour s’attacher jusqu’au fond de son cœur [au Christ], à celui dont toutes les troupes célestes ne cessent d’admirer la beauté, dont l’amitié émeut, dont la contemplation nourrit, dont la bienveillance comble, dont la douceur rassasie, dont le souvenir pointe en douceur, dont le parfum fera revivre les morts, dont la vue en gloire fera le bonheur des citoyens de la Jérusalem d’en haut. Tout cela puisqu’il est la splendeur de la gloire éternelle, l’éclat de la lumière éternelle et le miroir sans tache. Ce miroir, contemple-le chaque jour, ô Reine, épouse de Jésus Christ, et n’arrête d’y contempler ton apparence afin que… tu puisses, intérieurement et extérieurement, te parer comme il convient… En ce miroir brillent la bienheureuse pauvreté, la sainte humilité et l’ineffable charité» (Quatrième lettre: FF, 2901-2903).
Reconnaissants à Dieu qui nous donne les saints qui parlent à notre cœur et nous offrent un exemple de vie chrétienne à imiter, je voudrais conclure avec les mêmes paroles de bénédiction que sainte Claire composa pour ses consœurs et qu’aujourd’hui encore les Clarisses, qui jouent un précieux rôle dans l’Eglise par leur prière et leur œuvre, conservent avec une grande dévotion. Ce sont des expressions où émerge toute la tendresse de sa maternité spirituelle: «Je vous bénis dans ma vie et après ma mort, comme je peux et plus que je le peux, avec toutes les bénédictions par lesquelles le Père des miséricordes pourrait bénir et bénira au ciel et sur la terre les fils et les filles, et avec lesquelles un père et une mère spirituelle pourraient bénir et béniront leurs fils et leurs filles spirituels. Amen» (FF, 2856).

San Lorenzo martire

10 août, 2015

San Lorenzo martire dans images sacrée thc3a1nh-losenso

http://gioitregiaoxutando.net/category/hoc-hoi-cac-thanh/truyen-cac-thanh/page/2/

BENOÎT XVI – LE MARTYRE

10 août, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2010/documents/hf_ben-xvi_aud_20100811.html

BENOÎT XVI – LE MARTYRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Palais pontifical de Castel Gandolfo

Mercredi 11 août 2010

Le martyre

Chers frères et sœurs,

Aujourd’hui, dans la liturgie, nous rappelons sainte Claire d’Assise, fondatrice des Clarisses, figure lumineuse dont je parlerai dans l’une des prochaines catéchèses. Mais au cours de cette semaine — comme je l’avais déjà mentionné dans l’Angelus de dimanche dernier — nous rappelons également la mémoire de plusieurs saints martyrs, aussi bien des premiers siècles de l’Eglise, comme saint Laurent, diacre, saint Pontien, Pape, et saint Hippolyte, prêtre; que d’une époque plus proche de nous, comme sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, Edith Stein, patronne de l’Europe, et saint Maximilien Marie Kolbe. Je voudrais donc m’arrêter brièvement sur le martyre, forme d’amour total pour Dieu.
Sur quoi se fonde le martyre? La réponse est simple: sur la mort de Jésus, sur son sacrifice suprême d’amour, consommé sur la Croix afin que nous puissions avoir la vie (cf. Jn 10, 10). Le Christ est le serviteur souffrant dont parle le prophète Isaïe (cf. Is 52, 13-15), qui s’est donné lui-même en rançon pour une multitude (cf. Mt 20, 28). Il exhorte ses disciples, chacun de nous, à prendre chaque jour sa propre croix et à le suivre sur la voie de l’amour total pour Dieu le Père et pour l’humanité: «Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas — nous dit-il — n’est pas digne de moi. Qui veut garder sa vie pour soi la perdra; qui perdra sa vie à cause de moi la gardera» (Mt 10, 38-39). C’est la logique du grain de blé qui meurt pour germer et porter la vie (cf. Jn 12, 24). Jésus lui-même «est le grain de blé venu de Dieu, le grain de blé divin, qui se laisse tomber sur la terre, qui se laisse ouvrir, briser dans la mort et, précisément à travers cela, il s’ouvre et peut ainsi porter du fruit dans l’immensité du monde» (Benoît XVI, Visite à l’Eglise luthérienne de Rome, 14 mars 2010; cf. ORLF n. 12 du 23 mars 2010). Le martyr suit le Seigneur jusqu’à la fin, en acceptant librement de mourir pour le salut du monde, dans une épreuve suprême de foi et d’amour (cf. Lumen gentium, n. 42).
Encore une fois, d’où naît la force pour affronter le martyre? De l’union profonde et intime avec le Christ, car le martyre et la vocation au martyre ne sont pas le résultat d’un effort humain, mais ils sont la réponse à une initiative et à un appel de Dieu, ils sont un don de sa grâce, qui rend capables d’offrir sa propre vie par amour au Christ et à l’Eglise, et ainsi au monde. Si nous lisons les vies des martyrs, nous sommes étonnés par leur sérénité et leur courage en affrontant la souffrance et la mort: la puissance de Dieu se manifeste pleinement dans la faiblesse, dans la pauvreté de celui qui se confie à Lui et ne place qu’en Lui son espérance (cf. 2 Co 12, 9). Mais il est important de souligner que la grâce de Dieu ne supprime pas et n’étouffe pas la liberté de celui qui affronte le martyre, mais au contraire l’enrichit et l’exalte: le martyr est une personne souverainement libre, libre à l’égard du pouvoir, du monde; une personne libre, qui à travers un acte unique définitif, donne toute sa vie à Dieu, et dans un acte suprême de foi, d’espérance et de charité, s’abandonne entre les mains de son Créateur et Rédempteur; elle sacrifie sa propre vie pour être associée de manière totale au Sacrifice du Christ sur la Croix. En un mot, le martyre est un grand acte d’amour en réponse à l’amour immense de Dieu.
Chers frères et sœurs, comme je le disais mercredi dernier, nous ne sommes probablement pas appelés au martyre, mais aucun de nous n’est exclu de l’appel divin à la sainteté, à vivre le haut degré de l’existence chrétienne et cela implique de se charger chaque jour de la croix. Nous tous, en particulier à notre époque où semblent prévaloir l’égoïsme et l’individualisme, nous devons assumer comme premier engagement fondamental celui de croître chaque jour dans un amour toujours plus grand pour Dieu et nos frères, afin de transformer notre vie et de transformer ainsi également notre monde. Par l’intercession des saints et des martyrs, nous demandons au Seigneur d’enflammer notre cœur pour être capables d’aimer comme Il a aimé chacun de nous.

 

SAINT LAURENT DE ROME – DIACRE ET MARTYR (✝ 258)

10 août, 2015

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1652/Saint-Laurent-de-Rome.html

SAINT LAURENT DE ROME – DIACRE ET MARTYR (✝ 258)

La « passio » de St Laurent, rédigée au moins un siècle après sa mort, n’est pas crédible. Le récit prétend que Laurent, diacre du pape saint Sixte II, fut mis à mort trois jours après le martyre de ce dernier et qu’il fut brûlé à petit feu sur un gril, ce qu’on ne souhaite à personne. La plupart des auteurs modernes estiment qu’il fut décapité, comme Sixte. Quoiqu’on pense de la valeur des « acta », il n’en reste pas moins que Laurent a toujours été vénéré, en Orient comme en Occident, comme le plus célèbre des nombreux martyrs romains (voir la liste chronologique, autour des années 258-259…). Les écrits des saints Ambroise, Léon le Grand, Augustin et Prudence témoignent de ce culte(*).
Son nom est cité dans la première prière eucharistique. Il est représenté comme diacre, tenant un gril ou couché dessus.peinture saint Laurent d’Eze
Diacre de l’Église de Rome, auprès du pape saint Sixte II, il a pour fonction d’être le gardien des biens de l’Église. Lorsque l’empereur Valérien prend un édit de persécution interdisant le culte chrétien, même dans les cimetières, il est arrêté en même temps que le pape et les autres diacres. Ils sont immédiatement mis à mort, mais lui est épargné dans l’espoir qu’il va livrer les trésors de l’Église. Voyant le pape marcher à la mort, Laurent pleure. Est-il donc indigne de donner sa vie pour le Christ? Saint Sixte le rassure, il ne tardera pas à le suivre. Sommé de livrer les trésors, il rassemble les pauvres, les infirmes, les boiteux, les aveugles. « Voilà les trésors de l’Église. » Il est condamné à être brûlé vif sur le gril. Il a encore le sens de l’humour et un courage extraordinaire : « C’est bien grillé de ce côté, tu peux retourner, » dira-t-il au bourreau. Il fut l’un des martyrs les plus célèbres de la chrétienté. Au Moyen Age, avec saint Pierre et saint Paul, il était le patron de la Ville éternelle où 34 églises s’élevaient en son honneur. 84 communes françaises portent son nom.
(*) un internaute nous signale: « Le peuple de Dieu dit Saint-Augustin, n’est jamais instruit d’une manière plus profitable que par l’exemple des martyrs. Si l’éloquence entraîne, le martyre persuade. Cette admirable force d’âme fortifiait les autres en leur donnant le modèle de ses souffrances. » Dans notre église – Saint-Pierre à Denguin en Béarn (Pyrénées Atlantiques) – se trouve une copie de son martyre par Rubens en 1622. Il y est invoqué pour guérir les brûlures, les maladies de peau…
Dans son désir de partager le sort du pape Sixte II jusque dans son martyre, comme le rapporte saint Léon le Grand, quand il reçut l’ordre de livrer les trésors de l’Église, il montra au tyran les pauvres, nourris et vêtus aux frais de l’Église, et au bout de trois jours, il triompha des flammes et même les instruments de son supplice devinrent les signes de sa victoire. Ses restes furent déposés à Rome, sur la voie Tiburtine, au cimetière de Cyriaque (le Campo Verano).

Martyrologe romain

« Le feu matériel brûlait le corps du bienheureux Laurent, mais l’amour intérieur du Sauveur dont son cœur était enflammé adoucissait l’ardeur extérieure » Saint Augustin.

MYSTIQUE ET DÉSERT » – Extrait de La mystique retrouvée

8 août, 2015

http://eocf.free.fr/text_desert_mystique.htm

MYSTIQUE ET DÉSERT » – Extrait de La mystique retrouvée

William Johnston

Traduction de Marie-Alyx Revellat
DÉSCLÉE DE BROUWER
ISBN 2-220-02595-0

L’expérience mystique est ici proposée à tous par le grand initiateur spirituel qu’est William Johnston. Dans un langage simple et concret, très proche du quotidien, il saisit le cours et la profondeur de la vie intérieure et replace le mysticisme face aux grandes questions d’aujourd’hui.
William Johnston parle de l’homme en quête d’absolu et désireux de proximité.
Il dit la vérité des contradictions et la joie si particulière d’être un homme épris de Dieu.
La personne de Jésus est saisie dans la transparence de tout être et – ce n’est pas un des moindres paradoxes – dans la force de sa vulnérabilité.
(…)
Né en Irlande en 1925, William Johnston, jésuite, est docteur en théologie de l’Université Sophia de Tokyo. Il réside habituellement au Japon depuis 1951.
En l’an de grâce 1981 alors que Men hem Begin était encore Premier ministre en Israël et Anouar al-Sadate président de la République arabe unie, j’ai eu le privilège de passer six mois à Jérusalem.
Je logeais dans un institut situé à la périphérie de la Ville sainte avec un groupe d’exégètes dont chacun poursuivait son programme biblique avec un enthousiasme et un zèle admirables.
Mon propre programme (et quel programme!) consistait à étudier les racines du mysticisme chrétien. Après avoir consacré de nombreuses années à comparer le mysticisme chrétien avec son équivalent bouddhiste, cherché leurs similitudes et exploré leur fond commun, j’ai senti que le moment était venu d’évaluer la dimension unique de l’expérience chrétienne et de faire ressortir ses traits distinctifs.
Je désirais en même temps remonter au-delà de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse d’Avila, au-delà de maître Eckhart et du Nuage de l’Inconnaissance, au-delà d’Augustin et de Grégoire, jusqu’aux origines mêmes de cette prière mystique qui prend une importance croissante dans la vie de nos contemporains, hommes et femmes.
J’espérais trouver ce que je cherchais dans le désert.
N’est-ce pas dans le désert que le peuple d’Israël a connu l’amour indéfectible de Yahvé et qu’il a conclu une alliance avec lui?
N’est-ce pas dans le désert que la parole est venue à Jean-Baptiste ?
N’est-ce pas dans le désert que jésus a prié et jeûné avant de rencontrer le démon ?
Et les premiers moines chrétiens ont fui la Rome païenne pour se réfugier dans le silence fécond du désert où ils ont prié, jeûné et amassé pour nous un trésor inestimable de maximes spirituelles et de conseils mystiques.
J’ai donc passé un temps considérable dans le désert – déserts de Judée, du Neguev, du Sinaï, enfin dans le désert d’Égypte, au sud d’Alexandrie.
J’ai appris à aimer la mer Morte.
J’ai été fasciné par Jéricho et par ce monastère haut perché sur la colline nommée  » Mont des tentations ».
À Qumran, berceau de ces extraordinaires Esséniens, j’étais debout dès l’aube, avant l’arrivée des premiers touristes, pour goûter le silence qui planait sur le désert et sur la mer.
L’atmosphère me rappelait celle qui règne dans certains temples bouddhistes avec cette différence que dans cette région j’éprouvais cette indéfinissable sensation de présence que l’on associe nécessairement aux religions monothéistes.
Il m’apparaît ainsi clairement que l’environnement crée l’expérience religieuse. L’environnement peut conduire à une modification de l’état de conscience.
Peut-être crée-t-il une sorte d’expérience mystique. On découvre que le désert vaste et vide n’est pas seulement  » là-bas « , il est également  » ici « . On pénètre dans le désert intérieur. Peut-être est-ce exactement ce que jésus et Jean-Baptiste ont fait.
Et le Sinaï –  » ce désert grand et redoutable  » (Deutéronome 1, 19).
Là aussi, l’immensité et la beauté impressionnantes semblent créer l’expérience religieuse.
Je ne m’attendais pas à une telle variété de paysages et, en voyant les kilomètres de pierres brunes, les rochers tordus, le sable étincelant et les bédouins nomades, je me remémorai la description de Félix Fabre, ce moine du xve siècle, qui écrivit qu’à  » chaque heure du jour on entre dans une nouvelle région, d’une nature différente, avec des conditions de climat et de terrain différentes, avec des montagnes de formes et de couleurs différentes de sorte que l’on est ébloui par ce que l’on voit et avide d’en voir davantage « .
Et la souffrance du désert?
C’est là un autre élément important de l’expérience religieuse.
Le jour, l’implacable soleil auquel il est impossible d’échapper, la nuit, le vent glacial contre lequel mon sac de couchage ne me procure qu’une protection insuffisante.
Le manque d’eau et la séparation de tout ce qui est familier, autant de conditions qui créent le détachement – et le détachement est essentiel dans la voie spirituelle.
J’ai dit que l’environnement crée l’expérience religieuse.
En termes plus théologiques nous pourrions dire que Dieu se révèle dans la nature.
Le psalmiste le sait et, quand il voit le désert, il s’écrie :  » Les cieux racontent la gloire de Dieu et l’oeuvre de ses mains, le firmament l’annonce  » (Psaume 19, 1).
Paul le sait aussi et il proclame que « ce qu’il a d’invisible depuis la création du monde se laisse voir à l’intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Psaume 19, 1).
Oui, le vaste désert donne une idée de Dieu et il nous aspire dans sa présence envahissante.
Et pourtant, quand tout est dit, la révélation de Dieu par la voie du désert immense et terrible n’a qu’une importance secondaire.
Un prodige plus extraordinaire s’est produit au Sinaï : Dieu a parlé.
Il a parlé à Moïse face à face, comme un homme peut parler à son ami et, dès lors, une amitié merveilleuse est née entre Yahvé et la famille humaine.
 » Dans cette révélation, le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à des amis ; il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. « 
Mais Dieu aurait pu parler ailleurs.
Il aurait pu parler à Belfast ou à Nagasaki.
Il aurait pu parler à Zamboanga ou à Dalamazoo.
Il a choisi le désert.
Et, selon la tradition judéo-chrétienne, on appelle désert le lieu où Dieu parlait.
C’est pourquoi le Nouveau Testament voit Jésus dans le désert chaque fois qu’il se retire dans un lieu isolé pour prier ou lorsqu’il gravit la montagne de Galilée ou lorsqu’il marche près de la mer.
Les écrivains chrétiens ne parlent pas du désert physique de sable et de pierres.
Pour eux, le désert est partout où quelqu’un prie et écoute la parole de Dieu.
Et, de nos jours, nombreux sont ceux qui trouvent leur désert dans le centre commercial de la ville, dans la prison ou l’hôpital ou dans les simples souffrances de la vie ordinaire.
J’ai visité un monastère copte situé dans le désert, au sud d’Alexandrie, en compagnie d’un prêtre anglican de mes amis.
C’était une expérience nouvelle car, alors que le Sinaï et la région désertique qui entoure Jérusalem présentent une grande variété de paysages et parfois quelques espaces couverts d’herbe où le bétail peut brouter, ce désert égyptien n’était qu’une immense étendue de sable.
De tous les côtés, du sable, du sable et encore du sable.
Après avoir quitté Le Caire, nous nous étions égarés quand un groupe d’aimables moines nous ont emmenés dans leur grande safari jusqu’à leur monastère où ils nous ont offert une hospitalité royale. Le monastère ressemblait à un grand navire flottant dans l’océan du désert.
Du toit, j’observais les moines, pareils à de minuscules fourmis allant et venant dans le sable sous le soleil ardent.
 » C’est notre vie « , me confia l’un d’entre eux et il m’expliqua que le but de leur existence était leur présence au désert, leur présence face à Dieu car le désert est un symbole vide et vaste du Dieu inconnaissable.
C’était un cadre idéal pour le mysticisme. Le désert conduit à une expérience cosmique, une expérience de la kénose (1) qui crée le vide, elle conduit au nada, nada, nada de ces mystiques apophatiques selon lesquels nous savons mieux ce que Dieu n’est pas que ce qu’il est.
Pourtant, la même question me hantait : en quoi cette expérience diffère-t-elle de l’expérience mystique du bouddhiste ou de l’hindou ?
En quoi diffère-t-elle de l’expérience de quiconque va dans le désert vaste et solitaire pour goûter le vide ou pour entrer dans le monde fascinant du silence supraconceptuel ?
Qu’y a-t-il de spécifiquement chrétien dans la prière de ces moines?
Alors, la réponse m’est apparue, ridiculement claire. Les moines lisent constamment les Écritures.
Ils sont attentifs à la parole de Dieu.
Ils chantent ses louanges à l’office.
Ils se rassemblent pour rompre le pain et pour célébrer la nouvelle alliance dans son sang.
Ils prient la Vierge Marie à qui leur monastère est dédié.
Et quand ils vont seuls dans le désert, la parole retentit à leurs oreilles et chante dans leur coeur.
Parole et sacrement les transportent dans le vaste désert intérieur vide dont le désert extérieur n’est que le symbole.
Parole et sacrement remplissent les cavernes profondes de leur inconscient pendant qu’ils marchent ou restent assis immobiles dans cette vaste étendue de sable.
Oui, Dieu a parlé dans le désert.
Certes, il est apparu à Abraham et lui a révélé son nom :  » Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme El Shaddai, mais mon nom de Yahvé je ne leur ai pas fait connaître  » (Exode 6, 3).
Après avoir dévoilé son nom à Moïse, Dieu a parlé par la bouche des prophètes et finalement par l’intermé diaire de son fils.
Il s’est exprimé non seulement par des mots mais à la faveur d’actes extraordinaires, et surtout il s’est manifesté dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus, son fils unique.
Et Dieu continue à parler car  » Dieu, qui parla jadis, ne cesse de converser avec l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit-Saint… introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait que la parole du Christ réside en eux avec toute sa richesse (2). « 
Dieu continue à parler avec force et éloquence.
Il s’adresse à la famille humaine comme il s’adressait à Moïse et nous écoutons sa voix quand nous lisons les Écritures ou que nous les entendons lire en communauté.
Écoutons le concile (3)
 » Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de son fils et entre en conversation avec eux ; Or la force et la puissance que recèle la parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’ Eglise, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Eglise, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. « 
Et ailleurs, le même concile cite saint Ambroise :  » Nous lui parlons quand nous prions mais nous l’écoutons quand nous lisons les oracles divins. « 
Dieu ne se contente pas de parler.
Il conclut une alliance avec son peuple.
Il appelle son élu Moïse au sommet de la montagne et, à travers lui, il dit au peuple combien il l’aime et combien il le protège.
Il lui demande en retour son amour inconditionnel.
L’amour réciproque de Dieu et du peuple est solennellement scellé dans le sang des animaux.

 » Moïse ayant pris le sang le répandit sur le peuple et dit : ceci est le sang de l’Alliance que Yahvé a conclue avec vous moyennant toutes ces clauses  » (Exode 24, 8).
Les chrétiens croient que cette alliance a été renouvelée dans le sang de jésus qui est mort et ressuscité pour notre salut –  » il entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, non pas avec du sang de boucs et de jeunes taureaux mais avec son propre sang nous ayant acquis une rédemption éternelle  » (Hébreux 9, 12).
De même qu’il continue à parler, Dieu continue à renouveler l’Alliance.
Il le fait au moyen de l’Eucharistie dans laquelle les chrétiens trouvent leur aliment, reçoivent l’amour de Dieu et le lui rendent.
Écoutons ce que dit le concile au sujet des deux tables de la parole et du sacrement
 » L’Eglise a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l’a toujours fait aussi pour le corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la parole de Dieu et sur celle du corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles.  » (…)

1. Du grec, abaissement, anéantissement, utilisé par saint Paul, en Phil 2, 8, à propos du Christ.
2. Ibid-, C 2, 8 ; p. 131. 4. Ibid., C 6, 21 ; p. 141. 5. Ibid., C 6, 25; p. 144.
3. Concile oecuménique Vatican II, Constitutions – Décrets – Déclarations, La Révélation divine  » Dei verbum « , C 1, 2 ; p. 126, éditions du Centurion, Paris, 1967.

« Chaque fois que vous mangez ce pain… »

7 août, 2015

 « Chaque fois que vous mangez ce pain... » dans images sacrée

http://www.qumran2.net/indice.php?c=disegni&immagine=6602

BENOÎT XVI : CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL ITALIEN 2011

7 août, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2011/documents/hf_ben-xvi_hom_20110911_ancona.html

VISITE PASTORALE À ANCÔNE CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE
EN CONCLUSION DU XXVe CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL ITALIEN

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Chantiers navals d’Ancône

Dimanche 11 septembre 2011

Très chers frères et sœurs!
Il y a six ans, le premier voyage apostolique en Italie de mon pontificat me conduisit à Bari, pour le XXIVe Congrès eucharistique national. Aujourd’hui, je suis venu conclure solennellement le XXVe, ici à Ancône. Je rends grâce au Seigneur pour ces intenses moments ecclésiaux qui renforcent notre amour pour l’Eucharistie et nous voient unis autour de l’Eucharistie! Bari et Ancône, deux villes tournées vers la mer Adriatique; deux villes riches d’histoire et de vie chrétienne; deux villes ouvertes à l’Orient, à sa culture et à sa spiritualité; deux villes que les thèmes des congrès eucharistiques ont contribué à rapprocher: à Bari, nous avons rappelé que «sans le Dimanche, nous ne pouvons pas vivre»; aujourd’hui nos retrouvailles sont à l’enseigne de l’«Eucharistie pour la vie quotidienne».
Avant de vous soumettre quelques réflexions, je voudrais vous remercier pour votre participation à tous: à travers vous, j’embrasse spirituellement toute l’Eglise qui est en Italie. J’adresse un salut reconnaissant au président de la Conférence épiscopale, le cardinal Angelo Bagnasco, pour les paroles cordiales qu’il m’a adressées également en votre nom à tous; à mon légat à ce congrès, le cardinal Giovanni Battista Re; à l’archevêque d’Ancône-Osimo, Mgr Edoardo Menichelli, aux évêques de la région, des Marches et à tous ceux qui sont venus nombreux de tout le pays. Avec eux, je salue les prêtres, les diacres, les personnes consacrées, et les fidèles laïcs, parmi lesquels je vois un grand nombre de familles et beaucoup de jeunes. Ma gratitude va aussi aux autorités civiles et militaires et à tous ceux qui, à divers titres, ont contribué au succès de cet événement.
«Elle est dure, cette parole! Qui peut l’écouter?» (Jn 6, 60). Face au discours de Jésus sur le pain de la vie, dans la synagogue de Capharnaüm, la réaction des disciples, dont un grand nombre abandonnèrent Jésus, n’est pas très éloignée de nos résistances face au don total qu’il fait de lui-même. Parce qu’accueillir vraiment ce don veut dire se perdre soi-même, se laisser impliquer et transformer, jusqu’à vivre de Lui, comme nous l’a rappelé l’apôtre Paul dans la seconde Lecture: «Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur» (Rm 14, 8).
«Elle est dure, cette parole!», elle est dure parce que souvent nous confondons la liberté avec l’absence de liens, avec la conviction de pouvoir nous suffire à nous-mêmes, sans Dieu, considéré comme une limite à la liberté. C’est une illusion qui ne tarde pas à se transformer en déception, engendrant inquiétude et peur et portant, paradoxalement, à regretter les chaînes du passé: «Que ne sommes-nous morts de la main du Seigneur au pays d’Egypte…» — disaient les juifs dans le désert (Ex 16, 3), comme nous venons de l’entendre. En réalité, ce n’est que dans l’ouverture à Dieu, dans l’accueil de son don, que nous devenons vraiment libres, libérés de l’esclavage du péché qui défigure le visage de l’homme et capables de servir le vrai bien de nos frères.
«Elle est dure, cette parole!»; elle est dure parce que l’homme tombe souvent dans l’illusion de pouvoir «transformer les pierres en pain». Après avoir marginalisé Dieu, ou l’avoir toléré comme un choix privé qui ne doit pas intervenir dans la vie publique, certaines idéologies ont visé à organiser la société à travers la force du pouvoir et de l’économie. L’histoire nous démontre, de façon dramatique, combien l’objectif d’assurer à tous le développement, le bien-être matériel et la paix en se passant de Dieu et de sa révélation a signifié en fin de compte donner aux hommes des pierres à la place du pain. Le pain, chers frères et sœurs, est «le fruit du travail de l’homme», et dans cette vérité est renfermée toute la responsabilité confiée à nos mains et à notre intelligence; mais le pain est aussi, et avant tout, le «fruit de la terre», qui reçoit d’en haut le soleil et la pluie: c’est un don à demander, qui nous ôte tout orgueil et nous fait invoquer avec la confiance des humbles: «Notre Père (…), donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien» (Mt 6, 11).
L’homme est incapable de se donner la vie de lui-même, il se comprend seulement à partir de Dieu: c’est la relation avec Lui qui donne sa consistance à notre humanité et qui rend bonne et juste notre vie. Dans le Notre Père, nous demandons que soit sanctifié Son nom, que vienne Son règne, que s’accomplisse Sa volonté. C’est avant tout le primat de Dieu que nous devons retrouver dans notre monde et dans notre vie, parce que c’est ce primat qui nous permet de retrouver la vérité de ce que nous sommes, et c’est en connaissant et en suivant la volonté de Dieu que nous trouvons notre vrai bien. Donner du temps et de la place à Dieu, pour qu’Il soit le cœur vital de notre existence.
D’où partir, comme de la source, pour retrouver et réaffirmer le primat de Dieu? De l’Eucharistie: là Dieu se fait si proche qu’Il se fait notre nourriture, là Il se fait force sur le chemin souvent difficile, là Il se fait présence amie qui transforme. Déjà, la Loi donnée par l’intermédiaire de Moïse était considérée comme un «pain du ciel», grâce auquel Israël devint le peuple de Dieu, mais en Jésus, la parole ultime et définitive de Dieu se fait chair, vient à notre rencontre comme Personne. Lui, Parole éternelle, est la vraie manne, il est le pain de la vie (cf. Jn 6, 32-35) et accomplir les œuvres de Dieu, c’est croire en Lui (cf. Jn 6, 28-29). Au cours de la Cène, Jésus résume toute son existence en un geste qui nous inscrit dans la grande bénédiction pascale à Dieu, un geste qu’il vit en tant que Fils comme une action de grâce au Père pour son immense amour. Jésus rompt le pain et le partage, mais avec une profondeur nouvelle, parce qu’Il fait don de Lui-même. Il prend la coupe et Il la partage afin que tous puissent boire, mais avec ce geste, Il donne la «nouvelle alliance dans son sang», Il fait don de Lui-même. Jésus anticipe l’acte d’amour suprême, en obéissance à la volonté du Père: le sacrifice de la Croix. La vie lui sera ôtée sur la Croix, mais dès à présent, Il l’offre de lui-même. Ainsi, la mort du Christ ne se réduit pas à une exécution violente, mais elle est transformée par Lui en un acte d’amour libre, en un acte de don de soi, qui traverse victorieusement la mort elle-même et réaffirme la bonté de la création sortie des mains de Dieu, humiliée par le péché et enfin rachetée. Ce don immense nous est accessible dans le sacrement de l’Eucharistie: Dieu se donne à nous, pour que nous Lui ouvrions notre existence, pour l’impliquer dans le mystère d’amour de la Croix, pour la faire participer au mystère éternel dont nous provenons et pour anticiper la nouvelle condition de la pleine vie en Dieu, dans l’attente de laquelle nous vivons.
Mais que comporte pour notre vie quotidienne cette décision de partir de l’Eucharistie pour réaffirmer le primat de Dieu? La communion eucharistique, chers amis, nous arrache à notre individualisme, nous communique l’esprit du Christ mort et ressuscité, et nous configure à Lui; elle nous unit intimement à nos frères dans ce mystère de communion qu’est l’Eglise, où l’unique Pain fait de la multitude un seul corps (cf. 1 Co 10, 17), en réalisant la prière de la communauté chrétienne des origines rapportée dans le livre de la Didachè: «De même que ce pain rompu, était dispersé sur les collines, et que rassemblé, il est devenu un (seul tout), qu’ainsi soit rassemblée ton Eglise des extrémités de la terre dans ton royaume» (IX, 4). L’Eucharistie soutient et transforme toute la vie quotidienne. Comme je le rappelais dans ma première encyclique, «dans la communion eucharistique, sont contenus le fait d’être aimé et celui d’aimer les autres à son tour», c’est pourquoi «une Eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée» (Deus caritas est, n. 14).
L’histoire bimillénaire de l’Eglise est constellée de saints et de saintes, dont l’existence est le signe éloquent du fait que c’est précisément à partir de la communion avec le Seigneur, à partir de l’Eucharistie que naît une nouvelle et intense prise de responsabilité à tous les niveaux de la vie communautaire, que naît par conséquent un développement social positif, qui a pour centre la personne, en particulier lorsqu’elle est pauvre, malade ou en difficulté. Se nourrir du Christ, c’est la voie pour ne pas rester étrangers ou indifférents aux sorts de nos frères, mais pour entrer dans la même logique d’amour et de don du sacrifice de la Croix; celui qui sait s’agenouiller devant l’Eucharistie, qui reçoit le corps du Seigneur ne peut manquer d’être attentif, dans la vie de tous les jours, aux situations indignes de l’homme, et sait se pencher le premier vers ceux qui sont dans le besoin, sait rompre son pain avec celui qui a faim, partager son eau avec celui qui a soif, vêtir celui est nu, rendre visite au malade et au prisonnier (cf. Mt 25, 34-36). En toute personne, il saura voir ce même Seigneur qui n’a pas hésité à se donner totalement pour nous et pour notre salut. Une spiritualité eucharistique, alors, est le vrai antidote à l’individualisme et à l’égoïsme qui souvent caractérisent la vie quotidienne. Elle porte à la redécouverte de la gratuité, de la place centrale des relations, à partir de la famille, avec une attention particulière pour soulager les blessures de celles qui sont séparées. Une spiritualité eucharistique est l’âme d’une communauté ecclésiale qui dépasse les divisions et les différends et met en valeur la diversité des charismes et des ministères en les mettant au service de l’unité de l’Eglise, de sa vitalité et de sa mission. Une spiritualité eucharistique est la voie pour rendre sa dignité aux jours de l’homme et donc à son travail, dans la recherche de sa conciliation avec les temps de la fête et de la famille et dans l’engagement à surmonter l’incertitude du travail précaire et le problème du chômage. Une spiritualité eucharistique nous aidera aussi à aborder les diverses formes de fragilité humaine, conscients qu’elles ne portent pas atteinte à la valeur de la personne, mais exigent la proximité, l’accueil et l’aide. C’est du Pain de la vie que tirera sa vigueur une capacité éducative renouvelée, attentive à témoigner des valeurs fondamentales de l’existence, du savoir, du patrimoine spirituel et culturel; sa vitalité nous fera habiter la cité des hommes avec la disponibilité de nous dépenser à l’horizon du bien commun pour la construction d’une société plus équitable et plus fraternelle.
Chers amis, repartons de cette terre des Marches avec la force de l’Eucharistie dans une osmose constante entre le mystère que nous célébrons et le cadre de notre quotidien. Il n’y a rien d’authentiquement humain qui ne trouve dans l’Eucharistie sa forme adéquate pour être vécu en plénitude: que la vie quotidienne devienne ainsi un lieu du culte spirituel, pour vivre en toute circonstance le primat de Dieu, à l’intérieur du rapport avec le Christ et comme offrande au Père (cf. Exhort. ap. post-syn. Sacramentum caritatis, n. 71). Oui, «ce n’est pas de pain seul que vivra l’homme, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Mt 4, 4): nous vivons dans l’obéissance à cette parole, qui est pain vivant, jusqu’à faire don de nous-mêmes, comme Pierre, avec l’intelligence de l’amour: «Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Nous, nous croyons, et nous avons reconnu que tu es le Saint de Dieu» (Jn 6, 68-69).
Comme la Vierge Marie, devenons nous aussi un «sein» disponible à offrir Jésus à l’homme de notre temps, en réveillant le désir profond de ce salut qui vient uniquement de Lui. Bonne route, avec le Christ Pain de vie, à toute l’Eglise qui est en Italie! Amen.

 

19ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

7 août, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

19ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – HOMÉLIE

Les lectures du jour
http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2015-08-09&language=FR

Dans les textes bibliques de ce dimanche, il y a un mot qui conditionne tout. C’est le mot « miséricorde ». Aujourd’hui, ce mot n’est pas prononcé directement. Mais en méditant ces textes, nous comprenons qu’il fait partie de la nature même de Dieu.
La première lecture nous parle du prophète Elie qui n’en peut plus d’être poursuivi par l’hostilité de la reine Jézabel. En fuyant dans le désert, il pense échapper à cette femme. Mais pourra-t-il échapper à sa mission de prophète. A quoi bon tant de zèle ? A quoi bon lutter à contre courant ? Epuisé par tout ce qui lui arrive et plus seul que jamais, il en vient à demander la mort : « Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie. » Loin des hommes, il pourra s’endormir et mourir tranquillement.
Mais Dieu ne lui fait pas de reproche. Il laisse bien dormir son serviteur. Pour l’apôtre à bout de nerfs, rien ne vaut un bon sommeil. Puis il lui sert un repas : « Lève-toi et mange. Fortifié par cette nourriture, il pourra continuer sa route jusqu’à la montagne de l’Horeb.
Cet homme découragé, c’est chacun de nous à des degrés divers. C’est ce qui arrive quand nous sommes affrontés aux difficultés de la vie, échecs familiaux, professionnels, intolérance des uns et des autres. Nous avons du mal à prendre du recul pour dédramatiser ce qui nous arrive. Mais comme pour Elie, la réponse de Dieu ne comporte pas de reproche ni de leçon de morale. Il nous invite à ouvrir les yeux et à regarder autour de nous. Il nous demande d’ouvrir les yeux pour reprendre l’aventure qui est la nôtre. Le but de la vie n’est pas l’enfermement pour tout oublier ; c’est de nous mettre en marche pour aller à la rencontre de Dieu. En fait c’est lui qui vient à nous car il n’a jamais cessé de nous aimer.
Le Seigneur entend l’appel du prophète et il y répond. Il entend le cri des hommes d’aujourd’hui. Il voit la souffrance des chrétiens persécutés, celle des malades, des prisonniers et des exclus de toutes sortes. Il voit aussi nos égarements. Il ne reste pas sourd à notre supplication. Il nous invite à reprendre la route vers la fraternité, le refus de l’exclusion, l’accueil des plus fragiles et des laissés pour compte. Dans la seconde lecture, saint Paul nous recommande de marcher dans l’amour. Dans ses diverses lettres, il parle souvent de course. Cette marche dans l’amour c’est comme une haute montagne qu’il nous faut escalader les uns avec les autres. Nous devons laisser au bas de cette montagne tout ce qui est « amertume, irritation, colère, éclats de voix, injures. » Et n’oublions pas la rancune qui peut nous pourrir la vie pendant des mois et des années. En nous libérant de tout ce poids, nous pourrons nous laisser envahir par la fraîcheur des sommets : Soyez bons, ayez du cœur, pardonnez-vous mutuellement comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus face à la foule dans le désert. Il a vu tous ces gens fatigués et abattus comme des brebis sans berger. Il vient de leur donner la nourriture dont le corps a besoin ; mais il veut es mener à faire un pas de plus : « le pain descendu du ciel » c’est le plus beau cadeau que Dieu a fait à l’humanité. C’est Jésus lui-même qui se donne pour que nous puissions vivre éternellement. Nous n’avons rien fait pour le mériter. Si Dieu se donne à nous, c’est au nom de sa seule miséricorde. Nous n’avons qu’à tendre les mains pour l’accueillir dans la foi.
Beaucoup n’ont pas cru à ce merveilleux cadeau. C’est encore vrai aujourd’hui. On comprend facilement pourquoi. Jésus se présente comme « le pain descendu du ciel », c’est-à-dire comme une nourriture. Il nous dit qu’il faut le manger. Venir à lui, croire en sa Parole, manger sa Parole, l’accueillir en nous comme celui qui vient, au plus intime de nous-mêmes, de la part de Dieu. Si nous allons communier pour puiser auprès du Christ la force nécessaire pour la mission qu’il nous confie tout au long de la semaine.
Le problème, c’est qu’il y a aussi des nourritures trompeuses qui tendent à nous détourner de Dieu et de son Evangile. Nous vivons dans une société où la foi est souvent tournée en dérision. Les médias (journaux, radio, télévision, Internet) véhiculent le meilleur et le pire. C’est à chacun de discerner et de choisir ce qui nous nourrit, nous élève et nous fait vivre. En ce dimanche, nous sommes venus à Jésus. C’est lui qui nous accueille. Comme l’a écrit le pape François, il est « le visage de la miséricorde ». A chaque messe, il vient à notre rencontre et il nous attend. C’est un rendez-vous d’amour qui est offert à tous.
Alors oui, nous te prions, Dieu notre Père, ouvre le cœur de tes enfants à celui que tu leur as donné comme « Pain vivant descendu du ciel ». Que grandisse en nous le désir de nous laisser attirer par toi. Amen
Sources : Revues Feu Nouveau et Signes, une homélie pour l’année b (Amédée Brunot, Lectures bibliques des dimanches (A Vanhoye), Le visage de la Miséricorde (Pape François)

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 09/08/2015)

The Transfiguration of Christ (Sir Edward Burne Jones)

6 août, 2015

The Transfiguration of Christ (Sir Edward Burne Jones) dans images sacrée The-Transfiguration-of-Christ-Sir-Edward-Burne-Jones-window4

http://stcuthbertslytham.org/history/

LE SENS DE LA TRANSFIGURATION – HOMÉLIE PAR S.B. PATRIARCHE DANIEL

6 août, 2015

http://www.spiritualite-orthodoxe.net/transfiguration_christ_orthodoxie.html

La Transfiguration de Jésus, selon l’Eglise orthodoxe: la matière est transfigurée dans le Royaume de Dieu, elle est transformée, atténuée, spiritualisée – 6 août, fête fixe- l’enseignement par une homélie du Patriarche Daniel, Primat de l’Église Orthodoxe Roumaine.

LE SENS DE LA TRANSFIGURATION

HOMÉLIE PAR S.B. PATRIARCHE DANIEL

Le Nouvel Adam, par l’obéissance jusqu’à la mort, une mort jusque sur la Croix, a montré au monde la gloire à laquelle est appelé l’homme créé à l’image de Dieu glorieux et éternel.

La Transfiguration de Jésus-Christ, notre Sauveur, selon la compréhension des Saints Pères de l’Église, nous montre non seulement la gloire de Sa Résurrection des morts le troisième jour, mais aussi la gloire avec laquelle Il vient pour juger les vivants et les morts à la fin des temps. C’est pourquoi la fête est célébrée au cours du dernier mois de l’année de l’Église, car l’année liturgique se termine le 31 août et commence le 1 septembre.
Le dernier mois de l’année ecclésiastique relate les choses suprêmes avant la parousie du Seigneur à la fin du monde. Cette fête a été prévue le sixième jour, pas le septième, puisque l’homme a été créé le sixième jour. Si dans le Paradis Adam avait obéi à Dieu et n’avait pas péché, il aurait atteint la gloire du Royaume de Dieu.
Le Nouvel Adam, par l’obéissance jusqu’à la mort, une mort jusque sur la Croix, a montré au monde la gloire à laquelle est appelé l’homme créé à l’image de Dieu glorieux et éternel.
La Transfiguration est un moment prophétique elle-même.
La Transfiguration est en elle-même un moment prophétique . Elle nous montre dès maintenant la gloire du Royaume des Cieux quand ceux qui auront cru en Christ et l’auront aimé atteindront la gloire de la Très Sainte Trinité. C’est le but de l’Église.
La Transfiguration du Seigneur nous montre l’avenir suprême pour ceux qui croient en Christ: la gloire et la joie du Royaume des Cieux. C’est pourquoi l’icône Orthodoxe nous montre les saints avec un halo de lumière ou sur un fond d’or, pour nous montrer qu’ils sont déjà dans le Royaume des Cieux où ils nous attendent, priant pour nous afin que nous atteignions la gloire du Royaume des cieux.
Pourquoi les églises sont-elles construites dans un endroit élevé?
Ayant appris de cette Transfiguration sainte de notre Sauveur Jésus Christ, que la Loi et les Prophètes sont rassemblés en Lui et que les Apôtres voient en Jésus Christ l’avenir de ceux qui croient en Dieu et l’aiment, mais aussi puisque le Christ a été crucifié sur la Montagne de Golgotha, il a été décidé que les églises devraient toujours être construites dans un lieu haut placé.
Il a été transfiguré sur une montagne et Il s’est élevé aux Cieux du Mont des Oliviers. Ainsi, il faut monter vers l’Église et non pas en descendre. L’Église est un Tabor, une colline du Golgotha, aussi bien que la montagne de la rançon pour l’échange de notre vie coupable contre la vie sainte lumineuse.
La matière est transfigurée dans le Royaume de Dieu.
Pourquoi les quatre Évangiles ne nous disent jamais rien de la couleur de la peau et des cheveux de notre Sauveur Jésus-Christ. Aucun Évangile ne nous dit à quoi le visage de Jésus-Christ ressemblait, en tant qu’homme, ou quelle était la couleur de ses cheveux. Pourquoi ? Parce que le visage de l’homme vivant sur la terre change, il est provisoire, pour qu’il soit transformé au Royaume des Cieux.
Le seul passage où les Évangiles disent comment est le visage du Christ, est le moment de la Transfiguration, car il est comme nous le verrons dans l’éternité, dans la gloire, à savoir que la matière devient intérieure à l’esprit, alors que maintenant l’esprit est caché dans la matière.
La matière est transfigurée dans le Royaume de Dieu: elle est transformée, atténuée, spiritualisée, dès lors que l’esprit ou l’âme lumineuse règne sur le corps. Ainsi, la Transfiguration de Jésus Christ, notre Sauveur, nous montre Son visage Éternel qui nous appelle à Lui..
Par le Primat de l’Église Orthodoxe roumaine, le Patriarche Daniel. Homélie de la Transfiguration, 6 août 2012.© Traduit de l’anglais au français par Spiritualité Orthodoxe.

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