Archive pour août, 2015
BENOÎT XVI – SAINT BERNARD – 20 AOÛT
19 août, 2015BENOÎT XVI
AUDIENCE GÉNÉRALE
Mercredi 21 octobre 2009
SAINT BERNARD – 20 AOÛT
Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui je voudrais parler de saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l’Eglise, car au XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son enfance; nous savons cependant qu’il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l’étude de ce que l’on appelle les arts libéraux – en particulier de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique – à l’école des chanoines de l’église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d’entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l’époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Bernard fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C’est là que le jeune abbé (il n’avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s’engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Bernard rappela avec fermeté la nécessité d’une vie sobre et mesurée, à table comme dans l’habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Bernard commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C’est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du xii siècle. A partir de 1130, il commença à s’occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l’Eglise. C’est pour cette raison qu’il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Il fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j’ai parlé mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique-philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Bernard a lutté était l’hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d’antisémitisme toujours plus diffuses. C’est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d’années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Bernard. Au cours de cette même période, le saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres Sermons sur le Cantique des Cantiques. Au cours des dernières années de sa vie – sa mort survint en 1153 – Bernard dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l’ensemble des Lettres, des Sermons, et des Traités. Un ouvrage assez singulier, qu’il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d’Eugène III, mérite d’être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte De Consideratione, qui contient un enseignement en vue d’être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Bernard n’indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l’Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine: « On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n’est pas encore assez recherché », écrit le saint abbé: « mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu’avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche » (xiv, 32: PL 182, 808), à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent m’arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Bernard: elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l’égard de la participation intime et vitale du chrétien à l’amour de Dieu en Jésus Christ n’apporte pas d’orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l’abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus – insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps – seul Jésus est « miel à la bouche, cantique à l’oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum) ». C’est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de Doctor mellifluus: sa louange de Jésus Christ, en effet, « coule comme le miel ». Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes – deux courants philosophiques de l’époque – dans ces batailles, l’Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu’il n’y a qu’un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. « Aride est toute nourriture de l’âme », confesse-t-il, « si elle n’est pas baignée de cette huile; insipide, si elle n’est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n’a aucun goût pour moi, si je n’y ai pas lu Jésus ». Et il conclut: « Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n’a de saveur pour moi, si je n’ai pas entendu résonner le nom de Jésus » (Sermones in Cantica Canticorum xv, 6: PL 183, 847). En effet, pour Bernard, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l’expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien: la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l’expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n’est qu’ainsi que l’on apprend à le connaître toujours plus, à l’aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous!
Dans un autre célèbre Sermon le dimanche entre l’octave de l’Assomption, le saint Abbé décrit en termes passionnés l’intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. « O sainte Mère, – s’exclame-t-il – vraiment, une épée a transpercé ton âme!… La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t’appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l’intensité les souffrances physiques du martyre » (14: PL 183-437-438). Bernard n’a aucun doute: « per Mariam ad Iesum », à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l’obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du Sermon documente également la place privilégiée de la Vierge dans l’économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n’est pas par hasard qu’un siècle et demi après la mort de Bernard, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du « Doctor mellifluus » la sublime prière à Marie: « Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus qu’aucune autre créature / terme fixe d’un éternel conseil,… » (Paradis 33, vv. 1ss).
Ces réflexions, caractéristiques d’un amoureux de Jésus et de Marie comme saint Bernard, interpellent aujourd’hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l’homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l’Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la « science des saints », à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l’Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l’homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu « avec la prière qu’avec la discussion ». A la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l’apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur saint Bernard par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. « Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes – dit-il – pense à Marie, invoque Marie. Qu’elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu’elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses obtenir l’aide de sa prière, n’oublie jamais l’exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas; si elle te protège, tu n’as rien à craindre; si elle te guide, tu ne te fatigues pas; si elle t’est propice, tu arriveras à destination… » (Hom. II super « Missus est », 17: PL 183, 70-71).
PAPE FRANÇOIS (… RÉFLEXION SUR LA FAMILLE)
19 août, 2015PAPE FRANÇOIS (… RÉFLEXION SUR LA FAMILLE)
AUDIENCE GÉNÉRALE
Salle Paul VI
Mercredi 5 août 2015
Chers frères et sœurs, bonjour!
Avec cette catéchèse, nous reprenons notre réflexion sur la famille. Après avoir parlé, la dernière fois, des familles blessées à cause des incompréhensions des conjoints, je voudrais aujourd’hui porter notre attention sur une autre réalité: comment prendre soin de ceux qui, suite à l’échec irréversible de leur lien matrimonial, ont entrepris une nouvelle union.
L’Eglise sait bien qu’une telle situation contredit le Sacrement chrétien. Toutefois, son regard de maîtresse puise toujours à un cœur de mère; un cœur qui, animé par l’Esprit Saint, cherche toujours le bien et le salut des personnes. Voilà pourquoi elle sent le devoir, «par amour de la vérité», de «bien discerner les diverses situations». C’est ainsi que s’exprimait saint Jean-Paul II, en donnant comme exemple la différence entre ceux qui ont subi la séparation par rapport à ceux qui l’ont provoquée. Il faut faire ce discernement.
De plus, si nous considérons également ces nouveaux liens avec les yeux des plus petits — et les enfants regardent — avec les yeux des enfants, nous constatons encore plus l’urgence de développer dans nos communautés un accueil réel à l’égard des personnes qui vivent dans ces situations. C’est pour cela qu’il est important que le style de la communauté, son langage, ses attitudes, soient toujours attentifs aux personnes, à partir des petits. Ce sont eux qui souffrent le plus, dans ces situations. Du reste, comment pourrions-nous recommander à ces parents de faire tout leur possible pour éduquer leurs enfants à la vie chrétienne, en leur donnant l’exemple d’une foi convaincue et pratiquée, si nous les tenions à distance de la vie de la communauté, comme s’ils étaient excommuniés? Il faut faire en sorte de ne pas ajouter d’autres poids à ceux que les enfants, dans ces situations, doivent déjà porter! Malheureusement, le nombre de ces enfants et de ces jeunes est véritablement élevé. Il est important qu’ils sentent l’Eglise comme une mère attentive à tous, toujours disposée à l’écoute et à la rencontre.
En vérité, au cours des dernières décennies, l’Eglise n’a été ni insensible, ni inactive. Grâce à l’approfondissement accompli par les pasteurs, guidé et confirmé par mes prédécesseurs, s’est beaucoup accrue la conscience de la nécessité d’un accueil fraternel et attentif, dans l’amour et la vérité, à l’égard des baptisés qui ont établi une nouvelle vie commune après l’échec du mariage sacramentel; en effet, ces personnes ne sont nullement excommuniées: ne les excommuniez pas! Et il ne faut absolument pas les traiter comme telles: elles font toujours partie de l’Eglise.
Le Pape Benoît XVI est intervenu sur cette question, en sollicitant un discernement attentif et un accompagnement pastoral sage, en sachant qu’il n’existe pas de «simples recettes» (Discours à la VIIe rencontre mondiale des familles, Milan, 2 juin 2012, réponse n. 5).
D’où l’invitation répétée des pasteurs à manifester ouvertement et avec cohérence la disponibilité de la communauté à les accueillir et à les encourager, afin qu’ils vivent et développent toujours plus leur appartenance au Christ et à l’Eglise à travers la prière, l’écoute de la Parole de Dieu, la participation fréquente à la liturgie, l’éducation chrétienne des enfants, la charité et le service aux pauvres, l’engagement en vue de la justice et de la paix.
L’icône biblique du Bon Pasteur (Jn 10, 11-18) résume la mission que Jésus a reçue du Père: celle de donner sa vie pour ses brebis. Cette attitude est un modèle également pour l’Eglise, qui accueille ses enfants comme une mère qui donne sa vie pour eux. «L’Eglise est appelée à être toujours la maison ouverte du Père [...] — Ne fermez pas les portes! Ne fermez pas les portes! — «Tous peuvent participer de quelque manière à la vie ecclésiale, tous peuvent faire partie de la communauté. L’Eglise [...] est la maison paternelle où il y a de la place pour chacun avec sa vie difficile» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 47).
De la même façon, tous les chrétiens sont appelés à imiter le Bon Pasteur. Les familles chrétiennes en particulier peuvent collaborer avec Lui, en prenant soin des familles blessées, en les accompagnant dans la vie de foi de la communauté. Que chacun accomplisse son rôle en adoptant l’attitude du Bon Pasteur, qui connaît chacune de ses brebis et qui n’exclut personne de son amour infini!
Je salue cordialement les pèlerins de langue française. Que votre visite aux tombeaux des Apôtres Pierre et Paul soit l’occasion de laisser grandir en vous l’attention envers les personnes et les familles blessées dans leur amour. Que Dieu vous bénisse !
Raffaello, Le jugement de Salomon
18 août, 2015QU’EST-CE QUE LA SAGESSE ?
18 août, 2015http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/210.html
QU’EST-CE QUE LA SAGESSE ?
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La sagesse est avant tout un art de vivre, une façon de concevoir l’existence individuelle, familiale et sociale.
La sagesse est avant tout un art de vivre, une façon de concevoir l’existence individuelle, familiale et sociale.
La sagesse est populaire : l’expérience des anciens, transmise par les générations, est souvent condensée en phrases sentencieuses, dictons ou proverbes. Mais elle est aussi savante : elle suppose une certaine habitude de manier les idées; elle s’apprend dans les écoles et elle est souvent le fait de personnages importants (courtisans, par exemple), des scribes, plus que des travailleurs manuels.
Un art universel
C’est peut-être ce qui frappe le plus quand on aborde cette littérature : elle ne connaît pas de frontières. On a retrouvé bien des écrits de sagesse en Égypte comme en Mésopotamie. Les thèmes abordés – les grandes questions humaines – se retrouvent en ces différentes civilisations comme en Israël. On y traite du problème de la mort, de la souffrance, de la sanction, de l’amour, mais aussi des humbles réalités quotidiennes, de l’éducation des enfants, des qualités pour réussir dans la vie…
La sagesse en Israël
Comme chez les autres civilisations, la sagesse a du naître avec le peuple. Mais, au sein d’Israël, certains se révèlent particulièrement comme des sages, sans doute à cause de l’éducation qu’ils ont reçue.
Selon le livre des Juges, Abimélek réussit à s’imposer, pendant quelque temps, comme roi à Sichem (vers 1100 av. J.-C. ?). Un sage, Yotam, met alors ses compatriotes en garde contre toutes les injustices qui risquent d’être le fait des rois ; il le fait par une fable mettant en scène des arbres qui élisent comme roi… un buisson d’épines ! (Jg 9,7-20). C’est peut-être un des plus vieux exemples de la sagesse israélite.
Salomon (972-933 av. J.-C.) a laissé une grande réputation de sage. Selon la Bible (légendaire sur ce point ?), il aurait été en contact avec la cour égyptienne, ayant épousé une fille du pharaon, et il a certainement dû former des sages pour ses transactions commerciales avec les royaumes voisins. Un certain nombre de proverbes (dans le livre portant ce nom) lui sont attribués. Sa réputation était si grande que l’auteur du livre de la Sagesse, vers 50 avant J.-C., mettra son œuvre sous son patronage.
Durant toute l’époque royale, il y eut des sages. Un certain nombre de proverbes ont pu être composés a cette époque. Mais il reste que le grand moment de la sagesse se situe après le retour d’exil, de la fin du 6e siècle au 1er siècle av. J.-C. L’enseignement des sages d’Israël est d’emblée universel, reprenant les mêmes thèmes que leurs voisins. Mais si leur enseignement repose sur l’expérience, il se fonde avant tout sur leur foi en Dieu, maître de Sagesse.
Prophétisme et sagesse : deux voies vers Dieu
En simplifiant un peu, on pourrait voir dans le prophétisme et la sagesse deux voies différentes pour découvrir Dieu et, pour le chrétien, deux modes d’approche de l’Incarnation.
Chez les prophètes, la Parole de Dieu se présente, d’emblée, comme venant de Dieu. Moïse nous est présenté comme recevant cette Parole sur la montagne, au milieu des tonnerres. La Parole de Dieu s’empare des prophètes, elle les violente, ils ne peuvent lui résister (cf. Jr 20,7-9). En langage imagé, on pourrait parler d’un mouvement descendant. La Parole de Dieu descend du ciel; elle vient sur terre, parmi les hommes.
Pour les sages, la parole, la sagesse sont très clairement, au départ, parole d’hommes, sagesse très humaine. Le mouvement est ici ascendant : on comprendra peu à peu que cette sagesse qui est nôtre est aussi et d’abord Sagesse de Dieu, Quelqu’un partageant le trône de Dieu. Si nous sommes sages, c’est que Dieu a déposé un petit grain de « sagesse » à notre naissance : « le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, pour les fidèles, elle a été créée avec eux dès le sein maternel » (Si 1,14). Ce sont donc tout l’effort humain, toute l’expérience des hommes, toute leur science qui se révèlent être venus de Dieu.
Pour le Nouveau Testament, présenter Jésus comme Parole, Verbe de Dieu, c’est insister sur son origine divine; cet être divin est vraiment devenu l’un d’entre nous. Le présenter comme Sagesse de Dieu, c’est peut-être d’abord nous montrer que toute la vie humaine est assumée en lui pour être divinisée.
Service Biblique catholique Evangile et Vie
L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT – FRÉDÉRIC MANNS
18 août, 2015http://198.62.75.1/www1/ofm/jub/JUBsymp1.html
L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT
FRÉDÉRIC MANNS
Studium Biblicum Franciscanum
Selon la volonté du St Père 1998 est l’année consacrée au St Esprit. L’Eglise-mère de Jérusalem née au Cénacle le jour de la Pentecôte ne peut ignorer cette date. On a pu reprocher à l’Eglise latine d’avoir ignoré l’Esprit trop longtemps, mais l’approche du Jubilé l’amène à un retour aux sources. Or la source de l’Eglise c’est l’Esprit.
Jérusalem est un microcosme unique en son genre. Non seulement toutes les Eglises y sont représentées, mais aussi tous les enfants d’Abraham. Faire Eglise à Jérusalem signifie travailler concrètement au dialogue oecuménique et inter-religieux. L’Esprit de Jésus est un esprit d’unité. C’est en mourant sur la croix pour rassembler les enfants de Dieu divisés que Jésus a donné l’Esprit.
L’an passé l’Eglise de Jérusalem avait cherché à répondre à la question de Jésus: Pour vous qui suis-je? Cette année elle profite du temps pascal pour se préparer à la Pentecôte et au don de l’Esprit. Une triple réfexion sera entreprise du 30 avril au 2 mai: après avoir scruté les Ecritures, un détour par la patristique permettra d’interroger la tradition chrétienne. Enfin la diversité des liturgies dans lesquelles l’Esprit continue à prier et à parler aux Eglises révèlera l’exégèse vécue par l’Eglise mère.
Tout d’abord un retour aux Ecritures s’impose. Ce sont elles qui nous enseignent que l’Esprit n’est pas seulement un souffle cosmique, mais qu’il est capable d’inspirer prophètes et les sages. Une lecture même rapide de la Bible montre qu’une grande inclusion littéraire délimite le livre sacré: au début du livre de la Genèse l’Esprit de Dieu plane sur les eaux et à la fin de l’Apocalypse un appel retentit: “L’Esprit et l’épouse disent: Viens Seigneur Jésus”. La finale de l’Apocalypse répond parfaitement au début de la Genèse. Toute l’Ecriture est ainsi mise sous la patronage de l’Esprit. Il faudrait ajouter: toute l’histoire du salut est éclairée par l’Esprit de Dieu. La clé qui ouvre les Ecritures et l’histoire du salut est l’Esprit. En d’autres termes, pour connaître l’Esprit il faut scruter les Ecritures. L’Esprit et la Parole entretiennent un rapport spécial.
La tradition chrétienne guidée par l’Esprit a sans cesse approfondi les Ecritures. Le fondateur de l’école biblique de Césarée, Origène, dans ses commentaires si riches et si instructifs, ouvre une ligne de pensée qui sera reprise en Orient, tandis qu’Augustin deviendra le chef de file de la tradition occidentale.
L’Eglise respire avec deux poumons. C’est à Jérusalem qu’on le découvre concrètement. Pour la tradition orientale l’Esprit est extase, sortie, don. Il est l’ouverture, le dynamisme de la charité divine qui se manifeste dans la création, la prophétie et dans l’incarnation du Fils de Dieu. Tandis que le Père est la source, le Fils la parole sortie du silence de Dieu, l’Esprit est le dynamisme divin. Le Père travaille dans la création par le moyen de ses deux mains que sont le Fils et l’Esprit selon l’expression de St Irénée (Adv. Haer. 1,22,1; 5,6,1). Ces deux mains sont inséparables dans leur action manifestatrice du Père et pourtant ineffablement distinctes. Le Verbe est en quelque sorte la main qui dégrossit l’oeuvre et l’Esprit la main qui la parfait. L’Esprit inonde la terre comme une eau bienfaisante qui unit les fidèles en une pâte, qui rafraîchit le sol et fait lever partout les moissons du Christ. L’Eglise répandue par toute la terre, appuyée sur l’Evangile, doit sa cohésion au même Esprit qui inspira les prophètes et qui, par les quatre évangélistes, souffle aux quatre coins du ciel la vie chrétienne. La gloire de l’homme c’est Dieu. Dieu se plaît à faire de l’homme le réceptacle de sa sagesse. La vie présente n’est que l’apprentissage de la vie incorruptible que donne l’Esprit.
Pour la tradition occidentale, représentée par St Augustin, l’Esprit est le lien d’unité entre l’aimé et l’aimant, étant lui-même l’amour. Il est le silence de la communion divine. Le Père et le Fils sont l’un pour l’autre, relatifs l’un à l’autre. L’Esprit est celui en qui ils s’unissent; s’accueillent et se reposent. L’Esprit brise la suffisance possible du face à face des deux premières figures. La tradition orientale lui a reconnu un rôle créateur et dynamique. Il est l’ouverture de la communion dynamique à ce qui n’est pas divin. Il est l’habitation de Dieu là où Dieu est en quelque sorte hors de lui-même. Aussi est-il appelé Amour. Il est l’extase de Dieu vers son autre, la créature. L’Esprit est en Dieu le terme de la communication substantielle.
Ces théologies diverses de l’Esprit sont vécues dans les liturgies des Eglises orientales et occidentales. La liturgie exploite la symbolique des couleurs lorsqu’elle prie l’Esprit. Le vêtement liturgique d’après la tradition arménienne rappelle que “le culte extérieur est l’image d’un ornement spirituel lumineux” (Nerses Shorali). L’Esprit revêt d’un vêtement celui qui s’approche de Dieu. Le christianisme médiéval a construit autour de la couleur rouge une théologie populaire de l’Esprit. La couleur, c’est d’abord de la lumière, tant sur le plan théologique que sur celui de la sensibilité. La couleur rouge c’est celle du sang et du vin, le sang de la vigne. C’est aussi celle du feu qui flambe et qui s’élance dans la nuit. Ce qui fait de la couleur rouge une source d’énergie christologique, c’est sa densité et sa concentration. C’est cette même couleur rouge qui suggère à la fois la Passion du Christ et qui symbolise l’Esprit. Tout se passe comme si c’était le même mystère qu’on insinuait avec la couleur rouge. Christologie et pneumatologie sont associées, bien que l’Esprit soit l’au-delà du Verbe. “Le Christ s’est offert dans un Esprit éternel”, affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux 9,14. Dans le mystère de la Pentecôte le rouge-feu évoque les langues de feu qui descendirent sur les disciples. L’Esprit rend capable de parler. Le rouge est à la fois lumière et souffle, puissance et chaleur du feu. Il brille, éclaire et purifie.
Les liturgies orientales, qui célèbrent la divinisation de l’homme, renvoient à un autre symbole de l’Esprit: celui de l’eau. Dans le Christ Dieu a rassemblé l’humanité dispersée qui devient le corps du Christ. Le sang qui jaillit du côté transpercé du Christ enivre l’homme de ce grand amour. A l’unité du sang répond la diversité du feu, mais en fait le feu brûle déjà dans le sang. Le sang est chaud. L’Esprit est feu. C’est pourquoi le diacre verse dans le vin avant la communion un peu d’eau chaude pour symboliser le feu de l’Esprit.
La réflexion de l’Eglise de Jérusalem se veut oecuménique. Des évêques orthodoxes, arméniens, latins, coptes, syriens et melkites y participent. Elle se veut également inter-religieuse, puisqu’un juif et un musulman participent aux tables rondes. Le judaïsme connaît une théologie très variée de l’Esprit de Dieu ainsi que l’Islam qui dépend en partie du judéo-christianisme.
L’Esprit est la mémoire de l’Eglise, il est aussi son maître à penser. Il enseigne.
Le don messianique de l’Esprit a été annoncé sous forme d’onction. Cette onction est faite sur chaque chrétien lors de la confirmation et sur celui qui accepte au coeur de l’Église le sacerdoce ministériel. Le chrétien fait partie d’un peuple sacerdotal qui par le Christ peut offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu. L’Esprit lui confie la charge d’annoncer les merveilles que Dieu a réalisées lorsqu’il l’a fait passer à la vraie liberté des enfants de Dieu. L’Esprit ainsi conféré par le symbole de l’onction fait du chrétien un lutteur qui annonce l’évangile au milieu des plus grands obstacles. Cyrille de Jérusalem dans sa Catéchèse 18,3 rappelle que “de même que le pain eucharistique après l’épiclèse n’est plus du pain orinaire, mais le corps du Christ, le saint chrême n’est plus une huile ordinaire”.
Cyrille de Jérusalem, écrivait dans sa Catéchèse 16,1 “La grâce de l’Esprit est nécessaire si nous voulons parler de l’Esprit Saint. Car nous ne pouvons pas parler de façon adéquate de lui, mais nous pouvons le faire sans dégât, en nous limitant à ce qu’en disent les divines Ecritures”
The Ark of Covenant
17 août, 2015L’ARCHE D’ALLIANCE
17 août, 2015http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2006/arc_060512.htm
L’ARCHE D’ALLIANCE
Au désert comme à Jérusalem, l’arche d’alliance est présentée comme le centre nécessaire du culte qu’Israël rend à son Dieu, Yahvé. Elle symbolise la présence réelle de ce Dieu, d’où son caractère sacré qui doit être respecté et protégé à tout prix!
La tradition biblique lui attribue deux fonctions bien distinctes, qui exigent du même coup qu’elle ait aussi deux formes physiques distinctes. Une première fonction est celle d’être le réceptacle des tables de la loi (le Décalogue : Dt 10,1-5), d’une mesure de manne du désert (Ex 16,33) et du sceptre fleuri d’Aaron (Nb 17,10). On comprend qu’elle soit alors décrite comme une sorte de coffret rectangulaire (Ex 25,10); d’ailleurs le mot hébreu employé pour la désigner, arôn, signifie justement « coffret, boîte ».
La deuxième fonction de l’arche, celle qui est sans doute la plus souvent évoquée, n’est nulle autre que de servir de trône royal à Yahvé. À ce titre, on lui donne même un nom, que l’on proclame lors des cérémonies cultuelles : elle s’appelle « Yahvé sabaoth, trônant sur les chérubim » (1 S 4,4; 2 S 6,2; Ps 80,2; 99,1; etc). On ne sera donc pas surpris de voir que la royauté de Yahvé sera toujours évoquée par ce symbole religieux, bien gardé dans la salle la plus sacrée de son temple, ou son palais; tout le culte qui l’entoure est de ce fait centré sur cette royauté. Isaïe (ch. 6) en est un témoin fulgurant, de même que Jérémie (3,17) et Ézéchiel (43,7). Surtout, il faut rappeler ici la grande liturgie de l’intronisation royale de Yahvé à Jérusalem, quand tout le peuple est invité à proclamer avec éclat et joie : « Yahvé est roi » (Ps 24; 93; 96-99). Cette foi profonde en la royauté lumineuse de Yahvé ne s’explique bien que si l’arche, au nom évocateur, est d’abord comprise comme le trône de Yahvé. Une dernière remarque confirme l’hypothèse, car l’arche est aussi appelée, à quelques reprises, le marche-pied ou le tabouret de Yahvé (1 Ch 28,2; Ps 99,1; 132,7; etc.).
Est-ce que l’archéologie peut nous aider à nous représenter concrètement cette arche aux fonctions si diverses? La réponse est sans doute positive. En Syrie-Palestine, depuis le IIe millénaire déjà, les trônes royaux consistaient d’une chaise formée par deux sphinx debout et placés côte à côte, dont les ailes déployées vers le haut servaient de dossier, les pattes, de pattes de la chaise et les têtes, d’accoudoirs. Le roi était donc assis littéralement sur ces êtres mythiques, qui l’enveloppaient en quelque sorte. Cette chronique d’archéologie a déjà parlé de ces sphinx, dont le mot hébreu pour les désigner est kerub (kerubim au pluriel). Une des fonctions du sphinx est précisément la garde des trônes royaux. La figure 1 est une belle illustration d’un de ces trônes, telle que gravée sur une plaquette d’ivoire trouvée à Megiddo, et datant du XIVe siècle avant J.-C. On voit le roi assis sur son trône à chérubim, en présence de la reine et entouré de porteurs d’offrande et d’une joueuse de lyre. On remarque aussi que le roi a les pieds posés sur un tabouret. Des tabourets trouvés en Égypte sont ornés de figures d’ennemis captifs, de sorte que le roi pose littéralement ses pieds sur ses ennemis, de façon symbolique, quand il siège sur son trône; cette image est bien connue du Psaume 110 : « Tes ennemis, j’en ferai ton marchepied. » (v. 1)
Un autre fait très intéressant mérite une mention toute spéciale. En Phénicie on a trouvé plusieurs modèles de trônes à chérubim (ou sphinx) qui étaient destinés à des dieux. Il en est même quelques-uns qui ne permettaient pas qu’on y asseye une figure divine, car le siège était ou trop étroit ou sculpté trop en pente : la divinité y siégeait donc de façon invisible (fig. 2). Parfois, on évoquait le dieu de façon précise en gravant un signe qui l’identifie. Évidemment, un tabouret était nécessairement associé à ces trônes divins.
Si nous revoyons la tradition biblique sur l’arrière-fond de ces trônes royaux et divins, nous comprenons très bien que l’arche soit décrite comme un siège formé de chérubim. On sait aussi que ce trône devait être vide, puisque Yahvé n’y était pas représenté, ce qui eut été contraire à la loi religieuse d’Israël.
On comprend aussi fort bien que l’arche soit aussi une sorte de réceptacle rectangulaire, puisqu’un tabouret devait nécessairement être placé devant ce trône, ce que quelques textes, on l’a vu, déclarent explicitement. Il faut surtout évoquer des textes hittites et égyptiens qui déclarent ouvertement que des copies de traités (alliances) internationaux étaient « placés sous les pieds des dieux » : ne serait-ce pas, alors, dans ce tabouret des trônes divins? L’hypothèse est trop belle pour ne pas être formulée avec beaucoup de vraisemblance.
Guy Couturier, CSC
UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU
17 août, 2015http://www.portstnicolas.org/phare/mini-commentaires/article/un-enfant-le-sourire-de-dieu
Mini-commentaires
UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU
Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mamré alors qu’il était assis à l’entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre et dit : « Mon Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre. Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconforter avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. » Abraham se hâta vers la tente pour dire à Sara : « Vite ! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes ! » et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l’apprêter. Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu’il plaça devant eux ; il se tenait sous l’arbre, debout près d’eux.
Ils mangèrent et lui dirent : « Où est Sara ta femme ? » Il répondit : « Là, dans la tente. » Le Seigneur reprit : « Je dois revenir au temps du renouveau et voici que Sara ta femme aura un fils. » Or Sara écoutait à l’entrée de la tente, derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Sara se mit à rire en elle-même et dit : « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir ? Et mon maître est si vieux ! » Le Seigneur dit à Abraham : « Pourquoi ce rire de Sara ? Et cette question : Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille ? Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils. » Sara nia en disant : « Je n’ai pas ri » car elle avait peur. « Si ! reprit-il, tu as bel et bien ri. » (Gn18,1-15)
Quelle belle histoire qui fleure bon l’hospitalité bédouine ! Elle est gorgée de lumière mais aussi d’ombres. Aussi pittoresque et exotique que mystérieuse et incompréhensible. Dans la lumière de midi il y a le Seigneur et ses deux compagnons (on saura par la suite que ce sont des anges). Il y a également Abraham qui donne des ordres à ses serviteurs et à sa femme pour que les visiteurs soient bien accueillis. Puis, à distance respectueuse, il se réfugie sous l’ombre d’un arbre et il écoute sans réaction l’incroyable annonce de la naissance d’un enfant. Sara est dans l’ombre. On ne la voit pas. Les visiteurs pourtant la connaissent car ils savent son nom. Sara observe la scène. Elle ne dit rien mais elle rit. Il y a de quoi. Elle perçoit toute l’incongruité de la situation. Pas de fausse pudeur. Elle pense à l’amour et à ses plaisirs, au bonheur d’être dans les bras de son mari et à sa jouissance amoureuse. Mais tout cela est de l’histoire ancienne. Comment cela pourrait-il recommencer et surtout comment cela pourrait-il déboucher sur une naissance ?
La réaction de Sara est intéressante. A première lecture elle semble être une femme soumise, effacée, insignifiante, qui parle de son mari comme de son maître et à laquelle personne ne demande son avis. La réalité est toute autre. Sara a de la personnalité. Elle se comporte selon les règles en usage dans la société de son temps mais son esprit est vif, prêt à réagir avec un sain réalisme. Elle ne se considère pas elle même. Elle n’est pas seulement un ventre stérile. Elle est une femme qui a trouvé du bonheur dans la relation amoureuse avec son mari.
La fin de l’épisode semble tourner à la confusion de Sara. Lisez cependant le chapitre précédent du livre de la Genèse où le Seigneur était déjà apparu à Abraham pour lui annoncer la naissance d’un fils. Et Abraham avait ri : « Un homme naîtrait-il à un homme de cent ans et Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ? »
Sourions à notre tour en lisant ces histoires pleines de merveilleux. Partageons la foi du conteur de cette histoire pour qui il n’y a pas de choses trop prodigieuses pour Dieu. Et remarquons le nom de l’enfant qui naîtra au printemps prochain : Isaac, ce qui signifie « Que Dieu sourie. »