Archive pour le 18 août, 2015
QU’EST-CE QUE LA SAGESSE ?
18 août, 2015http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/210.html
QU’EST-CE QUE LA SAGESSE ?
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La sagesse est avant tout un art de vivre, une façon de concevoir l’existence individuelle, familiale et sociale.
La sagesse est avant tout un art de vivre, une façon de concevoir l’existence individuelle, familiale et sociale.
La sagesse est populaire : l’expérience des anciens, transmise par les générations, est souvent condensée en phrases sentencieuses, dictons ou proverbes. Mais elle est aussi savante : elle suppose une certaine habitude de manier les idées; elle s’apprend dans les écoles et elle est souvent le fait de personnages importants (courtisans, par exemple), des scribes, plus que des travailleurs manuels.
Un art universel
C’est peut-être ce qui frappe le plus quand on aborde cette littérature : elle ne connaît pas de frontières. On a retrouvé bien des écrits de sagesse en Égypte comme en Mésopotamie. Les thèmes abordés – les grandes questions humaines – se retrouvent en ces différentes civilisations comme en Israël. On y traite du problème de la mort, de la souffrance, de la sanction, de l’amour, mais aussi des humbles réalités quotidiennes, de l’éducation des enfants, des qualités pour réussir dans la vie…
La sagesse en Israël
Comme chez les autres civilisations, la sagesse a du naître avec le peuple. Mais, au sein d’Israël, certains se révèlent particulièrement comme des sages, sans doute à cause de l’éducation qu’ils ont reçue.
Selon le livre des Juges, Abimélek réussit à s’imposer, pendant quelque temps, comme roi à Sichem (vers 1100 av. J.-C. ?). Un sage, Yotam, met alors ses compatriotes en garde contre toutes les injustices qui risquent d’être le fait des rois ; il le fait par une fable mettant en scène des arbres qui élisent comme roi… un buisson d’épines ! (Jg 9,7-20). C’est peut-être un des plus vieux exemples de la sagesse israélite.
Salomon (972-933 av. J.-C.) a laissé une grande réputation de sage. Selon la Bible (légendaire sur ce point ?), il aurait été en contact avec la cour égyptienne, ayant épousé une fille du pharaon, et il a certainement dû former des sages pour ses transactions commerciales avec les royaumes voisins. Un certain nombre de proverbes (dans le livre portant ce nom) lui sont attribués. Sa réputation était si grande que l’auteur du livre de la Sagesse, vers 50 avant J.-C., mettra son œuvre sous son patronage.
Durant toute l’époque royale, il y eut des sages. Un certain nombre de proverbes ont pu être composés a cette époque. Mais il reste que le grand moment de la sagesse se situe après le retour d’exil, de la fin du 6e siècle au 1er siècle av. J.-C. L’enseignement des sages d’Israël est d’emblée universel, reprenant les mêmes thèmes que leurs voisins. Mais si leur enseignement repose sur l’expérience, il se fonde avant tout sur leur foi en Dieu, maître de Sagesse.
Prophétisme et sagesse : deux voies vers Dieu
En simplifiant un peu, on pourrait voir dans le prophétisme et la sagesse deux voies différentes pour découvrir Dieu et, pour le chrétien, deux modes d’approche de l’Incarnation.
Chez les prophètes, la Parole de Dieu se présente, d’emblée, comme venant de Dieu. Moïse nous est présenté comme recevant cette Parole sur la montagne, au milieu des tonnerres. La Parole de Dieu s’empare des prophètes, elle les violente, ils ne peuvent lui résister (cf. Jr 20,7-9). En langage imagé, on pourrait parler d’un mouvement descendant. La Parole de Dieu descend du ciel; elle vient sur terre, parmi les hommes.
Pour les sages, la parole, la sagesse sont très clairement, au départ, parole d’hommes, sagesse très humaine. Le mouvement est ici ascendant : on comprendra peu à peu que cette sagesse qui est nôtre est aussi et d’abord Sagesse de Dieu, Quelqu’un partageant le trône de Dieu. Si nous sommes sages, c’est que Dieu a déposé un petit grain de « sagesse » à notre naissance : « le commencement de la sagesse, c’est la crainte du Seigneur, pour les fidèles, elle a été créée avec eux dès le sein maternel » (Si 1,14). Ce sont donc tout l’effort humain, toute l’expérience des hommes, toute leur science qui se révèlent être venus de Dieu.
Pour le Nouveau Testament, présenter Jésus comme Parole, Verbe de Dieu, c’est insister sur son origine divine; cet être divin est vraiment devenu l’un d’entre nous. Le présenter comme Sagesse de Dieu, c’est peut-être d’abord nous montrer que toute la vie humaine est assumée en lui pour être divinisée.
Service Biblique catholique Evangile et Vie
L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT – FRÉDÉRIC MANNS
18 août, 2015http://198.62.75.1/www1/ofm/jub/JUBsymp1.html
L’EGLISE DE JÉRUSALEM SE SOUVIENT DU DON DE L’ESPRIT
FRÉDÉRIC MANNS
Studium Biblicum Franciscanum
Selon la volonté du St Père 1998 est l’année consacrée au St Esprit. L’Eglise-mère de Jérusalem née au Cénacle le jour de la Pentecôte ne peut ignorer cette date. On a pu reprocher à l’Eglise latine d’avoir ignoré l’Esprit trop longtemps, mais l’approche du Jubilé l’amène à un retour aux sources. Or la source de l’Eglise c’est l’Esprit.
Jérusalem est un microcosme unique en son genre. Non seulement toutes les Eglises y sont représentées, mais aussi tous les enfants d’Abraham. Faire Eglise à Jérusalem signifie travailler concrètement au dialogue oecuménique et inter-religieux. L’Esprit de Jésus est un esprit d’unité. C’est en mourant sur la croix pour rassembler les enfants de Dieu divisés que Jésus a donné l’Esprit.
L’an passé l’Eglise de Jérusalem avait cherché à répondre à la question de Jésus: Pour vous qui suis-je? Cette année elle profite du temps pascal pour se préparer à la Pentecôte et au don de l’Esprit. Une triple réfexion sera entreprise du 30 avril au 2 mai: après avoir scruté les Ecritures, un détour par la patristique permettra d’interroger la tradition chrétienne. Enfin la diversité des liturgies dans lesquelles l’Esprit continue à prier et à parler aux Eglises révèlera l’exégèse vécue par l’Eglise mère.
Tout d’abord un retour aux Ecritures s’impose. Ce sont elles qui nous enseignent que l’Esprit n’est pas seulement un souffle cosmique, mais qu’il est capable d’inspirer prophètes et les sages. Une lecture même rapide de la Bible montre qu’une grande inclusion littéraire délimite le livre sacré: au début du livre de la Genèse l’Esprit de Dieu plane sur les eaux et à la fin de l’Apocalypse un appel retentit: “L’Esprit et l’épouse disent: Viens Seigneur Jésus”. La finale de l’Apocalypse répond parfaitement au début de la Genèse. Toute l’Ecriture est ainsi mise sous la patronage de l’Esprit. Il faudrait ajouter: toute l’histoire du salut est éclairée par l’Esprit de Dieu. La clé qui ouvre les Ecritures et l’histoire du salut est l’Esprit. En d’autres termes, pour connaître l’Esprit il faut scruter les Ecritures. L’Esprit et la Parole entretiennent un rapport spécial.
La tradition chrétienne guidée par l’Esprit a sans cesse approfondi les Ecritures. Le fondateur de l’école biblique de Césarée, Origène, dans ses commentaires si riches et si instructifs, ouvre une ligne de pensée qui sera reprise en Orient, tandis qu’Augustin deviendra le chef de file de la tradition occidentale.
L’Eglise respire avec deux poumons. C’est à Jérusalem qu’on le découvre concrètement. Pour la tradition orientale l’Esprit est extase, sortie, don. Il est l’ouverture, le dynamisme de la charité divine qui se manifeste dans la création, la prophétie et dans l’incarnation du Fils de Dieu. Tandis que le Père est la source, le Fils la parole sortie du silence de Dieu, l’Esprit est le dynamisme divin. Le Père travaille dans la création par le moyen de ses deux mains que sont le Fils et l’Esprit selon l’expression de St Irénée (Adv. Haer. 1,22,1; 5,6,1). Ces deux mains sont inséparables dans leur action manifestatrice du Père et pourtant ineffablement distinctes. Le Verbe est en quelque sorte la main qui dégrossit l’oeuvre et l’Esprit la main qui la parfait. L’Esprit inonde la terre comme une eau bienfaisante qui unit les fidèles en une pâte, qui rafraîchit le sol et fait lever partout les moissons du Christ. L’Eglise répandue par toute la terre, appuyée sur l’Evangile, doit sa cohésion au même Esprit qui inspira les prophètes et qui, par les quatre évangélistes, souffle aux quatre coins du ciel la vie chrétienne. La gloire de l’homme c’est Dieu. Dieu se plaît à faire de l’homme le réceptacle de sa sagesse. La vie présente n’est que l’apprentissage de la vie incorruptible que donne l’Esprit.
Pour la tradition occidentale, représentée par St Augustin, l’Esprit est le lien d’unité entre l’aimé et l’aimant, étant lui-même l’amour. Il est le silence de la communion divine. Le Père et le Fils sont l’un pour l’autre, relatifs l’un à l’autre. L’Esprit est celui en qui ils s’unissent; s’accueillent et se reposent. L’Esprit brise la suffisance possible du face à face des deux premières figures. La tradition orientale lui a reconnu un rôle créateur et dynamique. Il est l’ouverture de la communion dynamique à ce qui n’est pas divin. Il est l’habitation de Dieu là où Dieu est en quelque sorte hors de lui-même. Aussi est-il appelé Amour. Il est l’extase de Dieu vers son autre, la créature. L’Esprit est en Dieu le terme de la communication substantielle.
Ces théologies diverses de l’Esprit sont vécues dans les liturgies des Eglises orientales et occidentales. La liturgie exploite la symbolique des couleurs lorsqu’elle prie l’Esprit. Le vêtement liturgique d’après la tradition arménienne rappelle que “le culte extérieur est l’image d’un ornement spirituel lumineux” (Nerses Shorali). L’Esprit revêt d’un vêtement celui qui s’approche de Dieu. Le christianisme médiéval a construit autour de la couleur rouge une théologie populaire de l’Esprit. La couleur, c’est d’abord de la lumière, tant sur le plan théologique que sur celui de la sensibilité. La couleur rouge c’est celle du sang et du vin, le sang de la vigne. C’est aussi celle du feu qui flambe et qui s’élance dans la nuit. Ce qui fait de la couleur rouge une source d’énergie christologique, c’est sa densité et sa concentration. C’est cette même couleur rouge qui suggère à la fois la Passion du Christ et qui symbolise l’Esprit. Tout se passe comme si c’était le même mystère qu’on insinuait avec la couleur rouge. Christologie et pneumatologie sont associées, bien que l’Esprit soit l’au-delà du Verbe. “Le Christ s’est offert dans un Esprit éternel”, affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux 9,14. Dans le mystère de la Pentecôte le rouge-feu évoque les langues de feu qui descendirent sur les disciples. L’Esprit rend capable de parler. Le rouge est à la fois lumière et souffle, puissance et chaleur du feu. Il brille, éclaire et purifie.
Les liturgies orientales, qui célèbrent la divinisation de l’homme, renvoient à un autre symbole de l’Esprit: celui de l’eau. Dans le Christ Dieu a rassemblé l’humanité dispersée qui devient le corps du Christ. Le sang qui jaillit du côté transpercé du Christ enivre l’homme de ce grand amour. A l’unité du sang répond la diversité du feu, mais en fait le feu brûle déjà dans le sang. Le sang est chaud. L’Esprit est feu. C’est pourquoi le diacre verse dans le vin avant la communion un peu d’eau chaude pour symboliser le feu de l’Esprit.
La réflexion de l’Eglise de Jérusalem se veut oecuménique. Des évêques orthodoxes, arméniens, latins, coptes, syriens et melkites y participent. Elle se veut également inter-religieuse, puisqu’un juif et un musulman participent aux tables rondes. Le judaïsme connaît une théologie très variée de l’Esprit de Dieu ainsi que l’Islam qui dépend en partie du judéo-christianisme.
L’Esprit est la mémoire de l’Eglise, il est aussi son maître à penser. Il enseigne.
Le don messianique de l’Esprit a été annoncé sous forme d’onction. Cette onction est faite sur chaque chrétien lors de la confirmation et sur celui qui accepte au coeur de l’Église le sacerdoce ministériel. Le chrétien fait partie d’un peuple sacerdotal qui par le Christ peut offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu. L’Esprit lui confie la charge d’annoncer les merveilles que Dieu a réalisées lorsqu’il l’a fait passer à la vraie liberté des enfants de Dieu. L’Esprit ainsi conféré par le symbole de l’onction fait du chrétien un lutteur qui annonce l’évangile au milieu des plus grands obstacles. Cyrille de Jérusalem dans sa Catéchèse 18,3 rappelle que “de même que le pain eucharistique après l’épiclèse n’est plus du pain orinaire, mais le corps du Christ, le saint chrême n’est plus une huile ordinaire”.
Cyrille de Jérusalem, écrivait dans sa Catéchèse 16,1 “La grâce de l’Esprit est nécessaire si nous voulons parler de l’Esprit Saint. Car nous ne pouvons pas parler de façon adéquate de lui, mais nous pouvons le faire sans dégât, en nous limitant à ce qu’en disent les divines Ecritures”