Archive pour le 17 août, 2015
L’ARCHE D’ALLIANCE
17 août, 2015http://www.interbible.org/interBible/decouverte/archeologie/2006/arc_060512.htm
L’ARCHE D’ALLIANCE
Au désert comme à Jérusalem, l’arche d’alliance est présentée comme le centre nécessaire du culte qu’Israël rend à son Dieu, Yahvé. Elle symbolise la présence réelle de ce Dieu, d’où son caractère sacré qui doit être respecté et protégé à tout prix!
La tradition biblique lui attribue deux fonctions bien distinctes, qui exigent du même coup qu’elle ait aussi deux formes physiques distinctes. Une première fonction est celle d’être le réceptacle des tables de la loi (le Décalogue : Dt 10,1-5), d’une mesure de manne du désert (Ex 16,33) et du sceptre fleuri d’Aaron (Nb 17,10). On comprend qu’elle soit alors décrite comme une sorte de coffret rectangulaire (Ex 25,10); d’ailleurs le mot hébreu employé pour la désigner, arôn, signifie justement « coffret, boîte ».
La deuxième fonction de l’arche, celle qui est sans doute la plus souvent évoquée, n’est nulle autre que de servir de trône royal à Yahvé. À ce titre, on lui donne même un nom, que l’on proclame lors des cérémonies cultuelles : elle s’appelle « Yahvé sabaoth, trônant sur les chérubim » (1 S 4,4; 2 S 6,2; Ps 80,2; 99,1; etc). On ne sera donc pas surpris de voir que la royauté de Yahvé sera toujours évoquée par ce symbole religieux, bien gardé dans la salle la plus sacrée de son temple, ou son palais; tout le culte qui l’entoure est de ce fait centré sur cette royauté. Isaïe (ch. 6) en est un témoin fulgurant, de même que Jérémie (3,17) et Ézéchiel (43,7). Surtout, il faut rappeler ici la grande liturgie de l’intronisation royale de Yahvé à Jérusalem, quand tout le peuple est invité à proclamer avec éclat et joie : « Yahvé est roi » (Ps 24; 93; 96-99). Cette foi profonde en la royauté lumineuse de Yahvé ne s’explique bien que si l’arche, au nom évocateur, est d’abord comprise comme le trône de Yahvé. Une dernière remarque confirme l’hypothèse, car l’arche est aussi appelée, à quelques reprises, le marche-pied ou le tabouret de Yahvé (1 Ch 28,2; Ps 99,1; 132,7; etc.).
Est-ce que l’archéologie peut nous aider à nous représenter concrètement cette arche aux fonctions si diverses? La réponse est sans doute positive. En Syrie-Palestine, depuis le IIe millénaire déjà, les trônes royaux consistaient d’une chaise formée par deux sphinx debout et placés côte à côte, dont les ailes déployées vers le haut servaient de dossier, les pattes, de pattes de la chaise et les têtes, d’accoudoirs. Le roi était donc assis littéralement sur ces êtres mythiques, qui l’enveloppaient en quelque sorte. Cette chronique d’archéologie a déjà parlé de ces sphinx, dont le mot hébreu pour les désigner est kerub (kerubim au pluriel). Une des fonctions du sphinx est précisément la garde des trônes royaux. La figure 1 est une belle illustration d’un de ces trônes, telle que gravée sur une plaquette d’ivoire trouvée à Megiddo, et datant du XIVe siècle avant J.-C. On voit le roi assis sur son trône à chérubim, en présence de la reine et entouré de porteurs d’offrande et d’une joueuse de lyre. On remarque aussi que le roi a les pieds posés sur un tabouret. Des tabourets trouvés en Égypte sont ornés de figures d’ennemis captifs, de sorte que le roi pose littéralement ses pieds sur ses ennemis, de façon symbolique, quand il siège sur son trône; cette image est bien connue du Psaume 110 : « Tes ennemis, j’en ferai ton marchepied. » (v. 1)
Un autre fait très intéressant mérite une mention toute spéciale. En Phénicie on a trouvé plusieurs modèles de trônes à chérubim (ou sphinx) qui étaient destinés à des dieux. Il en est même quelques-uns qui ne permettaient pas qu’on y asseye une figure divine, car le siège était ou trop étroit ou sculpté trop en pente : la divinité y siégeait donc de façon invisible (fig. 2). Parfois, on évoquait le dieu de façon précise en gravant un signe qui l’identifie. Évidemment, un tabouret était nécessairement associé à ces trônes divins.
Si nous revoyons la tradition biblique sur l’arrière-fond de ces trônes royaux et divins, nous comprenons très bien que l’arche soit décrite comme un siège formé de chérubim. On sait aussi que ce trône devait être vide, puisque Yahvé n’y était pas représenté, ce qui eut été contraire à la loi religieuse d’Israël.
On comprend aussi fort bien que l’arche soit aussi une sorte de réceptacle rectangulaire, puisqu’un tabouret devait nécessairement être placé devant ce trône, ce que quelques textes, on l’a vu, déclarent explicitement. Il faut surtout évoquer des textes hittites et égyptiens qui déclarent ouvertement que des copies de traités (alliances) internationaux étaient « placés sous les pieds des dieux » : ne serait-ce pas, alors, dans ce tabouret des trônes divins? L’hypothèse est trop belle pour ne pas être formulée avec beaucoup de vraisemblance.
Guy Couturier, CSC
UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU
17 août, 2015http://www.portstnicolas.org/phare/mini-commentaires/article/un-enfant-le-sourire-de-dieu
Mini-commentaires
UN ENFANT : LE SOURIRE DE DIEU
Le Seigneur apparut à Abraham aux chênes de Mamré alors qu’il était assis à l’entrée de la tente dans la pleine chaleur du jour. Il leva les yeux et aperçut trois hommes debout près de lui. A leur vue il courut de l’entrée de la tente à leur rencontre, se prosterna à terre et dit : « Mon Seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, veuille ne pas passer loin de ton serviteur. Qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds, et reposez-vous sous cet arbre. Je vais apporter un morceau de pain pour vous réconforter avant que vous alliez plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur. » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. » Abraham se hâta vers la tente pour dire à Sara : « Vite ! Pétris trois mesures de fleur de farine et fais des galettes ! » et il courut au troupeau en prendre un veau bien tendre. Il le donna au garçon qui se hâta de l’apprêter. Il prit du caillé, du lait et le veau préparé qu’il plaça devant eux ; il se tenait sous l’arbre, debout près d’eux.
Ils mangèrent et lui dirent : « Où est Sara ta femme ? » Il répondit : « Là, dans la tente. » Le Seigneur reprit : « Je dois revenir au temps du renouveau et voici que Sara ta femme aura un fils. » Or Sara écoutait à l’entrée de la tente, derrière lui. Abraham et Sara étaient vieux, avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qu’ont les femmes. Sara se mit à rire en elle-même et dit : « Tout usée comme je suis, pourrais-je encore jouir ? Et mon maître est si vieux ! » Le Seigneur dit à Abraham : « Pourquoi ce rire de Sara ? Et cette question : Pourrais-je vraiment enfanter, moi qui suis si vieille ? Y a-t-il une chose trop prodigieuse pour le Seigneur ? A la date où je reviendrai vers toi, au temps du renouveau, Sara aura un fils. » Sara nia en disant : « Je n’ai pas ri » car elle avait peur. « Si ! reprit-il, tu as bel et bien ri. » (Gn18,1-15)
Quelle belle histoire qui fleure bon l’hospitalité bédouine ! Elle est gorgée de lumière mais aussi d’ombres. Aussi pittoresque et exotique que mystérieuse et incompréhensible. Dans la lumière de midi il y a le Seigneur et ses deux compagnons (on saura par la suite que ce sont des anges). Il y a également Abraham qui donne des ordres à ses serviteurs et à sa femme pour que les visiteurs soient bien accueillis. Puis, à distance respectueuse, il se réfugie sous l’ombre d’un arbre et il écoute sans réaction l’incroyable annonce de la naissance d’un enfant. Sara est dans l’ombre. On ne la voit pas. Les visiteurs pourtant la connaissent car ils savent son nom. Sara observe la scène. Elle ne dit rien mais elle rit. Il y a de quoi. Elle perçoit toute l’incongruité de la situation. Pas de fausse pudeur. Elle pense à l’amour et à ses plaisirs, au bonheur d’être dans les bras de son mari et à sa jouissance amoureuse. Mais tout cela est de l’histoire ancienne. Comment cela pourrait-il recommencer et surtout comment cela pourrait-il déboucher sur une naissance ?
La réaction de Sara est intéressante. A première lecture elle semble être une femme soumise, effacée, insignifiante, qui parle de son mari comme de son maître et à laquelle personne ne demande son avis. La réalité est toute autre. Sara a de la personnalité. Elle se comporte selon les règles en usage dans la société de son temps mais son esprit est vif, prêt à réagir avec un sain réalisme. Elle ne se considère pas elle même. Elle n’est pas seulement un ventre stérile. Elle est une femme qui a trouvé du bonheur dans la relation amoureuse avec son mari.
La fin de l’épisode semble tourner à la confusion de Sara. Lisez cependant le chapitre précédent du livre de la Genèse où le Seigneur était déjà apparu à Abraham pour lui annoncer la naissance d’un fils. Et Abraham avait ri : « Un homme naîtrait-il à un homme de cent ans et Sara avec ses quatre-vingt-dix ans pourrait-elle enfanter ? »
Sourions à notre tour en lisant ces histoires pleines de merveilleux. Partageons la foi du conteur de cette histoire pour qui il n’y a pas de choses trop prodigieuses pour Dieu. Et remarquons le nom de l’enfant qui naîtra au printemps prochain : Isaac, ce qui signifie « Que Dieu sourie. »