MARIE-NOËLLE THABUT – PREMIERE LECTURE – LIVRE DES PROVERBES 9,

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LES COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT 16 AOÛT

PREMIERE LECTURE – LIVRE DES PROVERBES 9, 1 – 6

1 La Sagesse a bâti sa maison
elle a taillé sept colonnes.
2 Elle a tué ses bêtes, et préparé son vin,
puis a dressé la table.

3 Elle a envoyé ses servantes, elle appelle
sur les hauteurs de la cité :
4 « Vous, étourdis, passez par ici ! »

A qui manque de bon sens, elle dit :
5 « Venez, mangez mon pain,
buvez le vin que j’ai préparé.
6 Quittez l’étourderie et vous vivrez,
prenez le chemin de l’intelligence. »

LA VERITABLE SAGESSE EST UN DON DE DIEU
Partout, sur toute la terre, depuis que le monde est monde, les hommes ont amassé des réflexions, des maximes, des proverbes : toute une sagesse populaire qui est accessible à tous, indépendamment de la naissance ou de la culture. Partout également, des écoles philosophiques proposent une réflexion plus élaborée : en Israël, depuis Salomon, sous l’influence égyptienne, les scribes de la cour de Jérusalem rassemblent toute cette richesse. Le livre des Proverbes, dont nous lisons un extrait ce dimanche, est le résultat d’une compilation de toutes ces réflexions d’origines et d’époques diverses depuis le temps des rois jusqu’au retour de l’Exil à Babylone (fin du cinquième siècle). D’autres sages continueront le travail et nous leur devons le livre du Siracide (ou Ben Sirac) vers 180 avJ.C. et le livre de la Sagesse (dite de Salomon), vers 50 av.J.C.
Toutes ces sentences accumulées ont plus d’un trait commun avec celles des peuples voisins ; pour autant, la sagesse d’Israël a des accents particuliers : car ce peuple a découvert que Dieu seul connaît la vraie Sagesse et que toute sagesse humaine ne peut être reçue que de lui. Le récit de la faute d’Adam était une manière imagée de dire cette découverte fondamentale : à savoir que la connaissance de ce qui rend vraiment heureux ou malheureux (l’arbre de la connaissance) n’est accessible qu’à Dieu, pas à l’homme tout seul (Gn 2, 8 – 3, 24). En revanche, à l’homme qui acceptait de vivre sous la loi de Dieu, l’arbre de vie (la sagesse de Dieu) offrait ses fruits en permanence : le récit de la Genèse (chapitres 2-3) allait jusque-là. Le livre des Proverbes retranscrit cette tradition : « Heureux qui a trouvé la sagesse… L’arbre de vie c’est elle pour ceux qui la saisissent, et bienheureux ceux qui la tiennent. » (Pr 3, 13-18).

DIEU A REVELE SA SAGESSE A ISRAEL
Mieux encore, en choisissant ce petit peuple et en faisant Alliance avec, Dieu lui a révélé sa Sagesse. Et c’est désormais pour Israël le plus grand sujet de fierté : il est à la face du monde le peuple dépositaire de la sagesse de Dieu : car « Ainsi parle le SEIGNEUR : Que le sage ne se vante pas de sa sagesse ! Que l’homme fort ne se vante pas de sa force ! Que le riche ne se vante pas de sa richesse ! Si quelqu’un veut se vanter, qu’il se vante de ceci : d’être assez malin pour me connaître moi, le SEIGNEUR qui mets en oeuvre la bonté fidèle, le droit et la justice sur la terre » (Jr 9, 22-23). Désormais la sagesse a « dressé sa tente » sur la montagne sainte à Jérusalem. C’est là qu’elle a « bâti sa maison et sculpté sept colonnes » sept étant comme on sait le chiffre de la plénitude ; cela ne nous étonne pas : la Sagesse est si précieuse qu’elle ressemble à un palais royal, ou mieux même à un temple appuyé sur sept colonnes ; et les rois et les prêtres sont censés en être les premiers dépositaires. Mais elle veut s’offrir à tous : là-haut, elle propose généreusement son festin : « Elle a tué ses bêtes, préparé son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. » Et elle crie son invitation depuis les hauteurs de la ville pour être sûre d’être bien entendue de tous. « A qui manque de bon sens, elle dit : Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai préparé ! »
Au passage, on est tenté de faire le rapprochement avec la parabole des invités aux noces développée par Jésus : « Il en va du Royaume des cieux comme d’un roi qui fit un festin de noces pour son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités. » (Mt 22, 2-3). Et vous connaissez la suite : « Mais eux ne voulaient pas venir. » Car on est toujours libre de refuser une invitation : dans le texte des Proverbes, l’invitation est adressée à tous les passants « A qui manque de bon sens, elle dit : « Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai préparé ! » Refuser l’invitation, c’est refuser d’accéder à la sagesse, c’est demeurer dans notre inintelligence naturelle. Car « l’homme qui manque de bon sens », c’est chacun de nous, si nous comptons sur nos seules ressources : nous n’accédons à la sagesse que par un don gratuit de Dieu ; encore faut-il accepter l’invitation…
et nous engager sur le chemin qui mène à sa maison : « Quittez votre étourderie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence »
Nous retrouvons ici encore une fois le thème des deux voies qui est une image des choix qui s’offrent à notre liberté.
Le livre du Deutéronome, particulièrement, y revient souvent : « Tu choisiras la vie » (Dt 30, 20)… « Je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur, moi qui te commande aujourd’hui d’aimer le SEIGNEUR ton Dieu, de suivre ses chemins, de garder ses commandements… alors tu vivras… Mais si ton coeur se détourne… alors je vous le déclare, vous disparaîtrez totalement. » (Dt 30, 15… 18).
Le choix de l’obéissance aux commandements du Seigneur est le seul chemin du bonheur pour l’homme ; à l’inverse, le choix de la désobéissance est une pente vers la mort.
Le livre des Proverbes reprend ce thème des deux voies de manière très imagée en typant ces deux attitudes sous des traits féminins, Dame Sagesse et Dame Folie ; cette dernière nous est présentée dans les versets qui suivent notre texte de ce dimanche : « Dame Folie est tapageuse, niaise et n’y entendant rien » (Pr 9, 13) ; alors que Dame Sagesse peut dire : « Celui qui me trouve a trouvé la vie et il a rencontré la faveur du SEIGNEUR… Abandonnez l’étourderie et vous vivrez ! Puis, marchez dans la voie de l’intelligence. » (Pr 8, 35 ; 9, 6). Marcher vers le Seigneur est la vraie sagesse ; c’est folie d’aller en sens inverse et de tourner ainsi le dos à la lumière et à la vie.
Pour terminer, la Sagesse de Dieu, on l’a vu, est ici personnifiée ; pour autant, personne ne s’y trompe : il s’agit d’une allégorie : le monothéisme de l’Ancien Testament est strict, il n’y est pas question de concevoir la Sagesse de Dieu comme une personne à part entière.
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Complément
La Sagesse de Dieu, on l’a vu, est ici personnifiée ; pour autant, personne ne s’y trompe : il s’agit d’une allégorie : le monothéisme de l’Ancien Testament est strict, il n’y est pas question de concevoir la Sagesse de Dieu (pas plus que l’Esprit de Dieu) comme une personne à part entière.

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