Archive pour juillet, 2015

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN ÉQUATEUR, BOLIVIE ET PARAGUAY (5-13 JUILLET 2015)

8 juillet, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2015/documents/papa-francesco_20150706_ecuador-omelia-guayaquil.html

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN ÉQUATEUR, BOLIVIE ET PARAGUAY
(5-13 JUILLET 2015)

MESSE POUR LES FAMILLES

HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

Parc des Samanes, Guayaquil (Équateur)

Lundi 6 juillet 2015

Le passage de l’Évangile que nous venons d’entendre est le premier signe prodigieux qui se réalise dans le récit de l’Évangile de Jean. La préoccupation de Marie, devenue requête à Jésus : “Ils n’ont pas de vin” – lui a-t-elle dit – la référence à “l’heure”, cette préoccupation se comprendra grâce aux récits de la Passion.
Et c’est bien qu’il en soit ainsi, parce que cela nous permet de voir la détermination de Jésus à enseigner, à accompagner, à guérir et à donner la joie à partir de cet appel au secours de la part de sa mère : “Ils n’ont pas de vin’’.
Les noces de Cana se répètent avec chaque génération, avec chaque famille, avec chacun de nous et nos tentatives pour faire en sorte que notre cœur arrive à se fixer sur des amours durables, sur des amours fécondes, sur des amours joyeuses. Donnons à Marie une place ; ‘‘la mère’’ comme le dit l’évangéliste. Et faisons avec elle maintenant l’itinéraire de Cana.
Marie est attentive, elle est attentive à ces noces déjà commencées, elle est sensible aux besoins des fiancés. Elle ne se replie pas sur elle-même, elle ne s’enferme pas, son amour fait d’elle un ‘‘être vers’’ les autres. Elle ne cherche pas non plus des amies pour parler de ce qui est en train de se passer et critiquer la mauvaise préparation des noces. Et comme elle est attentive, avec sa discrétion, elle se rend compte que manque le vin. Le vin est signe de joie, d’amour, d’abondance. Combien de nos adolescents et jeunes perçoivent que dans leurs maisons depuis un moment il n’y a plus de ce vin ! Combien de femmes seules et attristées se demandent quand l’amour s’en est allé, quand l’amour s’est dérobé de leur vie ! Combien de personnes âgées se sentent exclues de la fête de leurs familles, marginalisées et ne s’abreuvant pas de l’amour quotidien de ses enfants, de ses petits-fils, de ses arrière-petits-fils. Le manque de ce vin peut aussi être l’effet du manque de travail, l’effet de maladies, de situations problématiques que nos familles dans le monde entier traversent. Marie n’est pas une mère ‘‘qui réclame’’, elle n’est pas non plus une belle-mère qui surveille pour s’amuser de nos incapacités, de nos erreurs ou manques d’attention. Marie est simplement mère ! Elle est là, pleine d’attention et de sollicitude. C’est beau d’écouter cela : Marie est mère ! Voulez-vous le dire tous ensemble avec moi ? Allons : Marie est mère ! Une fois encore : Marie est mère ! Une fois encore : Marie est mère !
Mais Marie, en ce moment où elle se rend compte qu’il manque du vin, recourt à Jésus en toute confiance : cela signifie que Marie prie. Elle s’adresse à Jésus, elle prie. Elle ne s’adresse pas au majordome ; directement, elle présente la difficulté des mariés à son Fils. La réponse qu’elle reçoit semble décourageante : « Et que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue » (v. 4). Cependant, entre temps, elle a déjà remis le problème entre les mains de Dieu. Sa hâte quand il s’agit des besoins des autres accélère l’‘‘heure’’ de Jésus. Et Marie fait partie de cette heure, depuis la crèche jusqu’à la croix. Elle qui a su « transformer une grotte pour des animaux en maison de Jésus, avec de pauvres langes et une montagne de tendresse » (Evangelii Gaudium, n. 286) et qui nous a reçus comme fils quand une épée a traversé le cœur. Elle nous enseigne à remettre nos familles entre les mains de Dieu ; elle nous enseigne à prier, en allumant l’espérance qui nous indique que nos préoccupations aussi sont celles de Dieu.
Et prier nous fait toujours sortir du périmètre de nos soucis, nous fait transcender ce qui nous fait mal, ce qui nous secoue ou ce qui nous manque à nous-mêmes et ce qui nous aident à nous mettre dans la peau des autres, à nous mettre dans leurs souliers. La famille est une école où la prière nous rappelle aussi qu’il y a un nous, qu’il y a un prochain proche, sous les yeux : qui vit sous le même toit, qui partage la vie et se trouve dans le besoin.
Et, enfin, Marie agit. Les paroles « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (v. 5), adressées à ceux qui servaient, sont une invitation à nous aussi, invitation à nous mettre à la disposition de Jésus, qui est venu servir et non pour être servi. Le service est le critère du vrai amour. Celui qui aime sert, il se met au service des autres. Et cela s’apprend spécialement en famille, où nous nous faisons par amour serviteurs les uns des autres. Au sein de la famille, personne n’est marginalisé ; tous sont égaux.
Je me souviens qu’une fois, on a demandé à ma maman lequel de ses cinq enfants – nous sommes cinq frères – lequel de ces cinq enfants elle aimait le plus. Et elle a dit [elle montre la main] : comme les doigts, si l’on pique celui-ci cela me fait mal de la même manière que si l’on pique celui-là. Une mère aime ses fils tels qu’ils sont. Et dans une famille les frères s’aiment tels qu’ils sont. Personne n’est rejeté.
Là en famille « on apprend à demander une permission avec respect, à dire ‘‘merci’’ comme expression d’une juste évaluation des choses qu’on reçoit, à dominer l’agressivité ou la voracité, et là on apprend également à demander pardon quand on cause un dommage, quand nous nous querellons. Car dans toutes les familles il y a des querelles. Le problème, c’est demander pardon après. Ces petits gestes de sincère courtoisie aident à construire une culture de la vie partagée et du respect pour ce qui nous entoure » (Laudato si’, n. 213). La famille est l’hôpital le plus proche, quand on est malade on y soigné, tant que c’est possible. La famille, c’est la première école des enfants, c’est le groupe de référence indispensable des jeunes, c’est la meilleure maison de retraite pour les personnes âgées. La famille constitue la grande ‘‘richesse sociale’’ que d’autres institutions ne peuvent pas remplacer, qui doit être aidée et renforcée, pour ne jamais perdre le sens juste des services que la société prête à ses citoyens. En effet, ces services que la société prête aux citoyens ne sont pas une aumône, mais une vraie “dette sociale” à l’endroit de l’institution familiale, qui est la base et qui apporte tant au bien commun de tous.
La famille forme aussi une petite Eglise, nous l’appelons “Eglise domestique” qui, avec la vie, achemine la tendresse et la miséricorde divine. Dans la famille, la foi se mélange au lait maternel : en expérimentant l’amour des parents, on sent plus proche l’amour de Dieu.
Et dans la famille – nous en sommes tous témoins – les miracles se réalisent avec ce qu’il y a, avec ce que nous sommes, avec ce que l’on a à portée de main… bien souvent ce n’est pas l’idéal, ce n’est pas ce dont nous rêvons, ni ce qui “devrait être”. Il y a un détail qui doit nous faire réfléchir : le vin nouveau, ce vin si bon selon le majordome des noces de Cana provient des jarres de purification, c’est-à-dire de l’endroit où tous avaient laissé leurs péchés… Il provient du ‘‘pire’’ parce que “là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé” (Rm 5, 20). Et dans la famille de chacun d’entre nous et dans la famille commune que nous formons tous, rien n’est écarté, rien n’est inutile. Peu avant le début de l’Année Jubilaire de la Miséricorde, l’Eglise célèbrera le Synode Ordinaire consacré aux familles, pour faire mûrir un vrai discernement spirituel et trouver des solutions et des aides concrètes aux nombreuses difficultés et aux importants défis que la famille doit affronter aujourd’hui. Je vous invite à intensifier votre prière à cette intention, pour que même ce qui nous semble encore impur, comme l’eau dans les jarres, nous scandalise ou nous effraie, Dieu – en le faisant passer par son “heure” – puisse le transformer en miracle. La famille a besoin aujourd’hui de ce miracle.
Et toute cette histoire a commencé parce qu’“ils n’avaient pas de vin”, et tout a pu se réaliser parce qu’une femme – la Vierge – était attentive, a su remettre dans les mains de Dieu ses préoccupations, et a agi avec bon sens et courage. Mais il y a un détail, le résultat final n’est pas moindre : ils ont goûté le meilleur des vins. Et voici la bonne nouvelle : le meilleur des vins est sur le point d’être savouré, le plus admirable, le plus profond et le plus beau pour la famille reste à venir. Le temps reste à venir, où nous savourerons l’amour quotidien, où nos enfants redécouvriront l’espace que nous partageons, et les personnes âgées seront présentes dans la joie de chaque jour. Le meilleur des vins est en espérance, il reste à venir pour chaque personne qui se risque à l’amour. Et en famille, il faut se risquer à l’amour, il faut se risquer à aimer. Et le meilleur des vins reste à venir même si tous les paramètres et les statistiques disent le contraire. Le meilleur vin reste à venir en ceux qui aujourd’hui voient tout s’effondrer. Murmurez-le jusqu’à le croire: le meilleur vin reste à venir. Murmurez-le chacun dans son cœur : le meilleur vin reste à venir. Et susurrez-le aux désespérés ou aux mal-aimés. Soyez patients, ayez de l’espérance, faites comme Marie, priez, agissez, ouvrez votre cœur, parce que le meilleur des vins va venir. Dieu s’approche toujours des périphéries de ceux qui sont restés sans vin, de ceux à qui il ne reste à boire que le découragement ; Jésus a un faible pour offrir en abondance le meilleur des vins à ceux qui pour une raison ou une autre, sentent déjà que toutes leurs jarres se sont cassées.
Comme Marie nous y invite, faisons “tout ce que Seigneur dira”. Faites ce qu’il vous dira. Et soyons reconnaissants que, à notre temps et à notre heure, le vin nouveau, le meilleur, nous fasse récupérer la joie de la famille, la joie de vivre en famille. Ainsi soit-il.
Intervention improvisée du Saint-Père à la fin de la Sainte Messe au Parc ‘‘Los Samanes’’, Guayaquil
Que Dieu vous bénisse, vous accompagne. Je prie pour la famille de chacun d’entre vous, et vous, faites comme Marie. Et, s’il vous plaît, je vous demande de ne pas oublier de prier pour moi.

Au revoir !

 

Jour 1 Du chaos à la lumière

6 juillet, 2015

Jour 1 Du chaos à la lumière dans images sacrée 14%20SUB%20FAUVEL%20MASTER%20DIVISION%20OF%20LIGHT%20A

http://www.artbible.net/1T/Gen0101_1Chaos_light/pages/14%20SUB%20FAUVEL%20MASTER%20DIVISION%20OF%20LIGHT%20A.htm

JOHN PAUL II HOMILIES 292 – MASS FOR JUSTICE AND PEACE

6 juillet, 2015

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/en/fut.htm

JOHN PAUL II HOMILIES 292

APOSTOLIC JOURNEY TO CANADA

OTTAWA (SEPTEMBER 9-20, 1984)

MASS FOR JUSTICE AND PEACE

Thursday, 20 September 1984

1. “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice . . .” (Mt 5,6). “Heureux les artisans de paix” (Ibid. 5, 9).  À la fin de mon pèlerinage en terre canadienne, dans votre capitale d’Ottawa, en cette messe, nous prions pour la justice et la paix.  Nous prions pour la justice et la paix dans le monde contemporain, en nous référant aux béatitudes prononcées par le Christ, selon l’Evangile de saint Matthieu. Nous prions pour la paix, et le chemin de la paix passe par la justice. C’est pourquoi ceux qui ont sincèrement faim et soif de la justice sont en même temps des artisans de paix.  Je voudrais que ce thème qui oriente notre prière d’aujourd’hui au cours du Sacrifice eucharistique unisse ceux qui y participent, assemblés ce soir par milliers au pied des splendides Monts Gatineau, au bord de la rivière d’Ottawa, autour de Monseigneur Joseph Aurèle Plourde, Archevêque de votre ville, que je salue fraternellement; avec Mme le Gouverneur Général, et les autres autorités civiles, avec les habitants de la Région de la Capitale, tous les Canadiens, et tous ceux qui, au loin, se joignent à nous. Cette rivière a été autrefois la voie d’accès au coeur de votre continent, lorsque se rencontraient les cultures européennes avec les cultures des premiers habitants. Aujourd’hui, je suis au milieu de vous un pèlerin de paix, et je désire, en cette dernière homélie, prolonger tout ce que j’ai dit dans le cadre de ma mission pastorale en terre canadienne. Et c’est une synthèse finale que je voudrais faire en m’appuyant sur les huit béatitudes du Christ. 2. Dans les huit béatitudes se présente à nous, avant tout, une personne: la Personne du divin Maître. C’est de Lui que parle le prophète Isaïe quand il annonce qu’une grande lumière a resplendi sur ceux qui habitent le pays de l’ombre (Is 9,1).

 Les mêmes paroles retentissent dans la nuit de Noël: “Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné; l’insigne du pouvoir est sur son épaule” (Ibid. 9, 5). 293 Le pouvoir dont sont chargées les épaules de l’Enfant né dans la nuit de Bethléem, la majesté de la Croix le confirme. Le Crucifié porte vraiment en lui toute la puissance de la Rédemption du monde.  Et c’est Lui, le Crucifié, qui a été désigné par les noms qu’annonçait Isaïe: “Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix”. Dieu a confirmé à jamais la puissance de la Rédemption que possédait le Christ crucifié, quand il l’a ressuscité. Le Rédempteur, relevé d’entre les morts, dit aux Apôtres en se séparant d’eux: “Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc! De toutes les nations faites des disciples . . .” (Mt 28,18-19).  Ainsi le Christ se tient à jamais au milieu de l’humanité comme cette “grande lumière” d’Isaïe, qui resplendit “sur ceux qui habitent le pays de l’ombre”. Il ne cesse d’être le “Prince-de-la-Paix” et en même temps “Merveilleux-Conseiller”. Le point de départ des voies qui conduisent à la justice et à la paix se trouve dans la Rédemption du monde que le Christ a accomplie par la puissance de sa Croix et de la Résurrection. 3. Ce fait est de première importance en notre époque où l’homme, les nations et toute l’humanité cherchent désespérément les voies de la paix. “Genus humanum arte et ratione vivit”: l’homme vit de sagesse, de culture, de moralité. La violence contredit complètement une telle vie. La violence fait naître aussi la juste nécessité de la défense. Et au même moment, la violence menace de destruction ce dont vit l’humanité. Elle menace de mort non seulement des hommes, des millions d’hommes, mais elle menace de mort tout ce qui est humain.  Au milieu de la famille humaine menacée, le Christ se tient sans cesse comme Prince-de-la-Paix, comme Défenseur de ce qui est humain.  L’Evangile des huit béatitudes n’est pas autre chose qu’une défense de ce qui est le plus profondément humain, le plus beau dans l’homme, ce qui est saint en l’homme: “Heureux les pauvres de coeur . . .  Heureux les doux . . .  Heureux ceux qui pleurent . . . 294 Heureux les miséricordieux . . .  Heureux les coeurs purs . . .  Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice . . .  Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. C’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes” (Mt 5,3-5 Mt 5,7-8 Mt 5,10-12). 4. L’Evangile des huit béatitudes est une constante affirmation de ce qui est le plus profondément humain, de ce qui est héroïque en l’homme. L’Evangile des huit béatitudes est lié fermement à la Croix et à la Résurrection du Christ. Et c’est seulement à la lumière de la Croix et de la Résurrection que ce qui est humain, que ce qui est héroïque en l’homme retrouve sa force et sa puissance. Aucune forme du matérialisme historique ne lui donne ni fondement ni garantie. Le matérialisme ne peut que mettre en doute, amoindrir, piétiner, détruire, briser ce qui est le plus profondément humain.  L’Evangile des huit béatitudes est, à sa racine même, lié au Mystère: à la réalité de la Rédemption du monde.  Oui, seule la réalité de la Résurrection du monde constitue le fondement des béatitudes, et de ces deux béatitudes réellement importantes en ce temps de menaces: “Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice . . .”. “Heureux les artisans de paix . . .”. La conscience de la Rédemption pénètre jusqu’au fond le coeur des hommes tourmentés par les menaces qui pèsent aujourd’hui sur le monde.  Si nous savons accueillir l’Evangile des béatitudes du Christ, nous n’avons pas peur de faire face à ces menaces. 295 5. La conscience morale de l’humanité découvre, par des voies diverses, le lien qui existe entre la justice et la paix. Il faut accomplir tous les efforts nécessaires pour que cette conscience retrouvée au prix d’énormes sacrifices depuis la dernière guerre mondiale, ne se trouve pas submergée à nouveau par le déploiement de la violence.  L’homme contemporain, les nations, l’humanité, cherchent inlassablement les chemins qui mènent à la justice et à la paix. Sans relâche, l’Eglise participe à cette grande tâche. Les Eglises particulières, les épiscopats y participent. Le Siège apostolique y participe. C’est là un devoir humain, chrétien, apostolique. 6. Pope John XXIII addressed a remarkable appeal to the world in his Encyclical « Pacem in Terris ». There he analysed at length the conditions for peace, and he invited us to become artisans of peace and justice in all the spheres in which the human community acts.  In its turn, the Second Vatican Council, when it considers the place of the Church in the context of the modern world, again takes up this reflection; it asks us to safeguard peace and to build up the community of nations (Gaudium et Spes, II. V).  Pope Paul VI did not cease to act in that sense. To the General Assembly of the United Nations he issued this prophetic cry: « War never again! ». He emphasized the links between peace and the development of peoples, of which I have spoken a few days ago in Edmonton. Paul VI also instituted the World Day of Peace on January 1. From that time on, at the beginning of each year, all are called to prayer and action for peace; it is the occasion for the Pope to renew his appeals to all people, so that they may opt for peace and take the necessary steps to overcome tensions and to dispel growing dangers.  Shortly after my election, I was able to answer the invitation of the United Nations and to assure the international community not only that the Apostolic See supports their efforts but that « the Catholic Church in every place on earth proclaims a message of peace, prays for peace, educates for peace » (Ioannis Pauli PP. II, Allocutio ad Nationum Unitarum Legatos habita, 10, die 2 oct. 1979: Insegnamenti di Giovanni Paolo II, II, 2 (1979) 528).  Today, I renew my appeal. For we know that, after the world war, tensions and confrontations have not ceased, that they provoke wars which, while localized, are no less murderous. And we know that the sources of the conflicts are found wherever injustice kills, or wherever the dignity of people is scoffed at. To build peace we must establish justice.  What moral conscience could resign itself, without reacting, when there exist « frightful disparities between excessively rich individuals and groups on the one hand, and on the other hand the majority made up of the poor or indeed of the destitute . . . »? (Ibid., n.19: l.c., p. 536).  What moral conscience could resign itself to superficial arrangements which cover over injustice, as long as somewhere on the planet man is wounded « in his most personal belief, in his view of the world, in his religious faith, and in the sphere of what are known as civil liberties »? ((Ibid.)  Will we be peacemakers hungering for justice if we consent without reacting to « the breathtaking spiral of armaments . . . » presented as being « at the service of world peace » (Ibid., n. 22: l.c., p. 539), while the arms race is a real threat of death and while its economic cost deprives so many countries of the effective means for their development?  Our duty remains urgent at this time. We shall be peacemakers if our conscience makes us aware of the dangers, energetic to winning acceptance for dialogue and sharing, attentive to respecting the point of view of others at the same moment that we defend our own rights, faithful to love for humanity, and receptive to the gift of God! 296 We shall be disciples of Christ and true brothers and sisters among ourselves if together we take our part in the thrust of civilization which for centuries has been in one direction: that of guaranteeing « the objective rights of the spirit, of human conscience and of human creativity, including man’s relationship with God » (Ibid., n.19; l.c., p.537). We shall be peacemakers if all our action is based on respect for the One who calls us to live according to the law of his Kingdom, and from whom all power comes (Jn 19,11). 7. In this way, therefore, one cannot permit the moral conscience of humanity to give in to violence. It is necessary to maintain that close link which unites peace and justice, peace and the defence of the inviolable rights of individuals and of nations!  It is necessary to protect people from death – millions of people – from nuclear death and death from starvation. It is necessary to protect from death all that is human!  With this intention, today our prayer for justice and peace rests upon the Gospel of the Eight Beatitudes.  In a word what does this Gospel proclaim? Let us read it one more time:   »How happy are the poor in spirit: theirs is the kingdom of heaven.  Happy the gentle: they shall have the earth for their heritage.  Happy those who mourn: they shall be comforted.  Happy those who hunger and thirst for what is right: they shall be satisfied.  Happy the merciful: they shall have mercy shown them.  Happy the pure in heart: they shall see God. 297 Happy the peacemakers: they shall be called children of God.  Happy those who are persecuted in the cause of right: theirs is the kingdom of heaven.  Happy are you when people abuse you and persecute you and speak all kinds of calumny against you on my account. Rejoice and be glad for your reward will be great in heaven » (Mt 5,1-12).  Let us allow ourselves to be seized by the Spirit of Christ. May he fill us with the truth of these words, with the power of the love that inspires them! May our prayer enable us not only to seek peace, but to bring our will into harmony with the will of God as it is revealed to us by Christ. For peace among people will always be precarious if we are not at peace with God, if we do not conform ourselves in our most inner being to the plan of God for the history of the world. May our justice be the reflection of his justice! Recognizing our sinfulness, let us allow God to reconcile us with himself, the author of life, and, at the same time, with our brothers and sisters. This reconciliation, which we cannot fully realize by ourselves, we shall attain by grace if we faithfully unite ourselves to the immense supplication of those who pray. 8. In a word, then, what does the Gospel of the Eight Beatitudes proclaim?  It says that the poor in spirit, the gentle, the merciful, those who hunger and thirst for justice, the peacemakers – all these are invincible! It says that the final victory belongs to them! To them belongs the Kingdom of Truth, of Justice, of Love and of Peace! May their weakness, their difficulty in surmounting what divides and opposes, not deject them. Human forces are not enough to apply the Gospel, but the strength of Christ permits the purification and the conversion of hearts, for he gave himself so that humanity might possess his peace!  And it is this perspective which Christ by this Gospel and Redemption has truly opened up to those who practise his Beatitudes.  Ecoutez-moi, vous qui, en diverses parties du monde, souffrez la persécution pour le Christ!  Vous les pauvres sur qui pèse l’oppression et l’injustice comme si vous étiez quotidiennement laminés par les systèmes qui écrasent l’humanité!  Vous tous qui êtes vraiment des hommes de bonne volonté!  Nous disons que le Christ est Merveilleux-Conseiller. 298 Nous disons que le Christ est Prince-de-la-Paix.  Nous disons que le Christ est le Crucifié et le Ressuscité. “L’insigne du pouvoir est sur son épaule”. “Son pouvoir s’étendra . . . pour son Royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice” (Is 9,6). “Que ton Règne vienne”!

 

JESUS EST LA LUMIERE

6 juillet, 2015

http://www.info-bible.org/legrand/1.5.htm

JESUS EST LA LUMIERE

Fernand Legrand

Le premier verset de la Bible nous présente Dieu, le Père, dans la création de l’univers.  » Au commencement Dieu créa les cieux et la terre « . Le deuxième verset présente Dieu, le Saint Esprit, dans son travail silencieux au sein des ténèbres.  » La terre était informe et vide et il y avait des ténèbres à la surface de l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux « . Le troisième nous présente Dieu, le Fils, dans sa victoire sur les ténèbres.  » Dieu (la Parole) dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut « . Ces trois premiers versets nous expliquent déjà, dans un raccourci saisissant l’histoire d’un monde déchu et l’annonce de son rétablissement. Dieu n’a pas créé la terre pour qu’elle soit couverte de ténèbres, ni informe  » ni pour être vide « , c’est ce que dit Esaïe 45:18. Le mot hébreu est  » Tohu-Bohu « , qui se retrouve en littérature et qui veut dire le chaos. Je conseille à ceux qui le peuvent de lire les commentaires Scofield de la Bible qui porte son nom ; ils donnent un éclairage intéressant sur le sujet. Pourquoi le verset 2 parle-t-il de chaos, de ténèbres, de vide et d’abîme ? Parce que entre le verset 1 et le 2 aurait eu lieu la tragédie de l’intrusion du péché dans l’univers. Et le jugement de Dieu sur le péché fut un cataclysme qui plongea notre globe dans un état chaotique. Et à partir de ce moment on trouve les trois personnes de la Trinité à l’œuvre pour créer sur la terre des conditions favorables à la vie. Les mêmes trois personnes, la même puissance créatrice sont à l’œuvre aujourd’hui pour produire le même résultat, c’est-à-dire faire passer des hommes perdus des ténèbres de leurs péchés à la lumière de l’Evangile. De même que Dieu n’a pas créé la terre informe, vide, ténébreuse et chaotique, il n’a pas non plus créé l’homme pécheur. Il l’a créé innocent, libre de ses mouvements et responsable de ses décisions. C’est ce que dit la Bible dans Ecclésiaste 7 : 29: » Dieu a fait les hommes droits mais ils ont cherché beaucoup de détours « . Dieu par sa Parole avait dit à l’homme :  » Le jour où tu pécheras, tu mourras certainement « , mais en couple ils ont préféré la parole de l’adversaire qui leur a soufflé le contraire :  » Vous ne mourrez pas mais vous serez comme des dieux…  » Et depuis lors la situation de l’homme est sans espoir, d’où une cascade de textes dont en voici deux :  » …le dieu de ce siècle a aveuglé leur intelligence afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Evangile …  » (2 Cor.4:4) ;  » …ils se sont égarés dans leurs pensées et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres  » (Romains 1:21). Mais si l’homme, quant à son âme, est séparé de la source naturelle de la lumière qu’est Dieu, il voudra de la lumière à tout prix et il remplacera celle qu’il a perdue par de l’artificielle comme le soir nous suppléons le manque de soleil par de la lumière électrique. Mais quelque utile que soit cette dernière, qui voudrait vivre constamment dans la lumière artificielle ? Qui voudrait vivre sous un ciel noir que trouerait seulement la lumière du projecteur ? Qui voudrait vivre 24 heures sur 24 dans une ville lumière, dans un palais éblouissant de clarté fabriquée ? Personne ne le voudrait et personne d’ailleurs ne le pourrait ; le monde dépérirait rapidement comme une plante qui s’étiole. Dans le domaine spirituel les mêmes lois sont en vigueur. Notre âme a été créée pour vivre dans la lumière de son Créateur et hors de sa clarté elle s’étiole et dépérit et aucun substitut ne la remplacera. Des millions d’hommes aujourd’hui laissent se faner leur âme sous un ciel d’encre. La nuit de leurs péchés les séparent du jour vivifiant et ils n’ont pour toute lumière que le réverbère papillotant de la raison, le projecteur fascinant des richesses, le néon spasmodique du plaisir, le flambeau fumeux du savoir, les cierges fondants de la religiosité, les allumettes éphémères de la célébrité et avec ces pauvres luminaires, ils s’acheminent en tâtonnant vers le sombre tombeau où les attend l’obscurité plus opaque de ce que Jésus appelait les ténèbres du dehors. La situation de l’homme coupé de Dieu est sans issue, et elle le resterait si Dieu n’intervenait pas en sa faveur. La clarté dont nous avons besoin pour nos âmes ne viendra pas d’une illumination intérieure quelconque mais de Dieu qui a dit :  » Que la lumière soit ! Et la lumière fut « , et de Jésus-Christ dont il est dit :  » Sur ceux qui étaient assis dans la région de l’ombre et de la mort, la lumière s’est levée  » (Matthieu 4 :16).

La Lumière fait trois choses.  1.Elle dissipe les ténèbres. 2.Elle donne la vie. 3.Elle reflète la lumière.

I. La lumière dissipe les ténèbres.  La lumière que Dieu donne n’est pas simplement une puissance de rayonnement, pas plus que la résurrection n’est qu’une date dans l’histoire ou que le chemin qui mène à Dieu n’est qu’un code à appliquer. Non, la Lumière, comme la Résurrection et le Chemin, c’est une Personne. Jésus a dit  » Je suis la lumière du monde « . Et si vous voulez voir la vraie lumière, celle de Dieu, c’est à Christ et à Christ seul qu’il faut aller car le prologue de l’évangile de Jean dit :  » Cette lumière est la véritable lumière qui en venant dans le monde éclaire tout homme  » (Jean 1 :9). Mais ici, une question capitale se pose : Comment voir cette lumière, les hommes sont aveugles ! ! C’est ce que dit le texte que je vous ai déjà cité :  » …l’Evangile est encore voilé pour ceux qui périssent…dont le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence pour qu’ils ne voient pas briller la splendeur de la gloire de Christ qui est l’image de Dieu « . (2 Cor 4 :4) Or, un aveugle ne peut pas voir la lumière. Un des prodiges de la science médicale est la greffe de la cornée transparente qui maintenant rend la vue chaque année à des milliers de personnes. La cécité peut survenir par l’obscurcissement de la cornée ; la chirurgie savait comment enlever une section de la cornée opaque et insérer à sa place un morceau de la cornée d’un œil sain. Mais rarement on trouvait le tissu vivant nécessaire à l’opération. Il devait venir d’une personne dont l’œil accidenté devait être enlevé ou de l’œil d’une personne décédée qui avait au préalable fait don de ses yeux à la science. Une banque des yeux a ainsi été créée, vers laquelle sont acheminées les cornées enlevées immédiatement après la mort et elles doivent être employées dans les deux jours. Un chirurgien dans une grande maternité eut le devoir d’annoncer à un homme la mort de son enfant qui n’avait vécu que quelques heures. Cet homme répondit qu’il avait lu le récit de la greffe de la cornée et il a demandé si les yeux de son enfant pouvaient être employés pour redonner la vue à un autre. Après formalité, les yeux de l’enfant furent mis dans une solution stérile et le lendemain employés dans deux opérations qui rendirent la vue à un père d’une grande famille aveuglé dans un accident d’usine, et l’autre à une jeune mère aveuglée par l’explosion d’un réchaud à alcool. Ainsi, par la générosité de cet homme et par les yeux de cet enfant deux personnes recouvrèrent la vue. Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire ? Parce qu’il y a 20 siècles, un autre enfant est né dans ce monde de ténèbres et de péché. Il est venu apporter la lumière du ciel car il était la lumière du monde. Il est venu nous faire voir le Père. Il a dit de lui-même, celui qui m’a vu a vu le Père. Hélas, les hommes étaient aveugles. Il fallait plus qu’une lumière qui resplendit, il fallait une opération divine, une greffe céleste que la Bible appelle la nouvelle naissance ou la conversion. Christ a donné sa vie ; encore fallait-il qu’il nous ouvre les yeux de la foi pour en saisir la signification. Quand une vitre sale ne laisse plus passer qu’une lumière diffuse, il ne suffit pas d’augmenter l’éclairage, il faut une opération de nettoyage, il faut laver la vitre. Et pour nous, il faut aussi une opération de nettoyage, il faut l’opération intérieure du Saint Esprit que la Bible appelle la nouvelle naissance. C’est ce que Jésus a dit au théologien Nicodème :  » Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut pas voir le royaume de Dieu  » et s’il ne peut même pas le voir, combien moins encore y entrer (Jean 3 :3). Quand ce petit garçon, à la demande de sa mère lava la vitre de la cuisine, il nettoya l’extérieur avec soin mais il oublia l’intérieur jusqu’à ce que sa mère lui fit remarquer qu’il avait beau frotter le dehors, c’était aussi le dedans encrassé par les vapeurs d’huile de cuisine qu’il fallait récurer. Bon nombre de personnes se revêtent d’un extérieur de respectabilité ; leur savoir-vivre est parfait, leur politesse exquise, leur mine avenante et leur mise soignée. Ils sont honorables quant au dehors, mais la lumière de l’évangile n’a jamais pénétré au dedans ; le sang de Jésus-Christ qui purifie de tout péché n’est jamais passé à l’intérieur de leur vie ; et le résultat c’est que la vitrine est engageante mais l’arrière-boutique est crasseuse. A Londres, à Hyde Park, il y a un endroit de ce parc très fréquenté qui est appelé le coin des prédicateurs où n’importe qui peut s’exprimer librement et publiquement. Un évangéliste venait de terminer son message, quand un homme profitant de la place libre sortit de la foule, monta sur la caisse qui servait d’estrade et s’adressa à elle en ces mots :  » Ladies and Gentlemen, Mesdames et Messieurs, vous venez d’entendre cet homme vous parler de Dieu, du ciel, de Jésus-Christ ; il a aussi beaucoup parlé de la mort, du péché du diable et de l’enfer. J’espère que vous n’en croyez rien ; je refuse de croire à ce que je ne vois pas. Sur ce ton il continua de ridiculiser le christianisme dans ses articles de foi. Mais il n’allait pas s’en tirer si tirer si facilement. Comme il terminait sa harangue, un autre homme se frayait un passage à travers la foule et il s’adressa à elle en ces termes : Chers amis, j’entends dire que près d’ici coule une rivière, je n’en crois rien ! Beaucoup disent que l’herbe des alentours est d’un beau vert tendre, je n’en crois rien ! Certains disent que le long de ces promenades il y a de beaux buissons fleuris qui plaisent à l’œil ; je le déclare à nouveau, je n’en crois rien ! Je sais que vous tous ici qui m’écoutez, vous pensez : Cet homme parle comme un insensé ! Et pourtant je suis sérieux ; je n’ai jamais vu la rivière, je n’ai jamais vu l’herbe verte, je n’ai jamais regardé les belles fleurs car je suis aveugle-né. Et plus je vous parle de ces choses, plus il vous devient évident qu’à moins que ma vue soit restaurée, je ne verrai jamais les choses dont je parle. Mais cela ne justifie pas mon insistance à ne pas croire en ce que je ne vois pas, certainement pas. Se tournant alors dans la direction de celui qui avait parlé il dit : Monsieur, par vos dénégations vous ne démolissez pas ce qui est. La seule chose à laquelle vous êtes arrivés, c’est à prouver que vous étiez aveugle – aveugle spirituellement – et qu’en cela est la raison de votre incompréhension de ce que d’autres savent être la vérité. Ce que l’aveugle que Jésus a rencontré sur le chemin avait besoin, ce n’était pas un plus haut standing de vie, ni un autre vêtement, ni aucune autre chose sinon recouvrer la vue. Il le demanda à Jésus et il fut exaucé à l’instant. Un monde nouveau qu’il n’avait jamais soupçonné s’ouvrait devant ses yeux émerveillés. Ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est que les yeux de sa foi s’ouvrent pour voir. Celui qui dit :  » Je suis la lumière du monde et celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres « . Si je transpose cela dans ma vie personnelle, cela veut dire que le jeune homme que j’étais à l’époque vivait dans les ténèbres ; je cherchais ma voie à tâtons comme un aveugle, je tournais en rond comme dans une partie de colin-maillard, le diable avait mis sur mon âme le bandeau des péchés qu’il m’avait poussés à commettre. Mais maintenant les choses ont changé : comme Dieu fait briller la lumière dans les cœurs et sépare la lumière d’avec les ténèbres, il m’a séparé des choses qui m’aveuglaient et me perdaient, il m’a séparé de certains amis dont la compagnie ne pouvaient m’être profitable, il m’a séparé de certaines habitudes négatives, d’un certain langage déplacé, de certaines passions qui dominaient sur moi et dont je n’avais pas le contrôle, de certains spectacles mondains autant que frivoles et légers qui souillaient mon âme, de certains regards que je posais sur les autres, de la concupiscence ambiante comme des propos scabreux et des histoires grivoises et d’une kyrielle d’autres choses plus obscures les unes que les autres. Et il a mis dans mon cœur de nouveaux sentiments, de nouvelles aspirations, une autre dimension de vie, il me fait fuir les miasmes de l’enfer et respirer l’air pur des sommets de la communion avec lui. Mais, me direz-vous, cette joie, cette paix, ce bonheur, cette lumière, c’est pour plus tard, pour l’après-vie ? Mais pas du tout, si vous continuez la lecture, de 2 Corinthiens 4 que j’ai abondamment citée, l’apôtre Paul sur sa lancée dit au verset 7 :  » Ce trésor, nous le possédons dans des vases de terre « . C’est une réalité présente, cette glorieuse lumière supra-terrestre brille dans le cœur de tout racheté, non pas une heure par semaine le dimanche matin, mais tous les jours, à chaque instant parce que le Seigneur est venu faire son habitation dans les cœurs. Vous nous mettez l’eau à la bouche mais, demandera quelqu’un, comment puis-je moi aussi être pénétré de cette lumière qui donnera un sens à ma vie ? Voilà, quand vous rentrerez ce soir chez vous, vous trouverez la maison plongée dans l’obscurité, pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas d’installation électrique chez vous ? Non. Parce qu’il y a une coupure générale de courant ? Non. Parce qu’il n’y a pas de lampe chez vous ? Non. Mais parce qu’en quittant la maison, vous avez éteint les lumières en actionnant l’interrupteur, vous avez ainsi mis l’installation hors circuit. Eh bien ça, c’est notre état spirituel. Je vous l’ai dit, nous sommes coupés de Dieu, nous sommes hors circuit avec Dieu et même en court-circuit avec lui, Nous avons perdu le contact avec lui. La Bible dit :  » Ce sont vos péchés qui ont fait séparation entre vous et votre Dieu  » (Esaïe 59 :2). Le résultat c’est qu’on est dans l’obscurité comme lorsqu’on a tout éteint en quittant l’appartement.

Que faut-il faire pour retrouver la lumière ? Trois choses : 1. Savoir où est l’interrupteur. 2. Croire que si vous appuyez sur le bouton la lumière reviendra 3. Appuyer sur le bouton.

De même pour retrouver la lumière de l’âme il faut : 1. Reconnaître que vous êtes hors circuit avec Dieu et coupé de lui par vos péchés. 2. Croire que si vous en appelez à Jésus-Christ, la lumière du pardon vous illuminera. 3. Passer à l’acte (pousser sur le bouton si vous préférez) c’est-à-dire le recevoir dans votre cœur comme votre Sauveur personnel et en un éclair la lumière jaillira dans votre vie.

Nous venons de voir le premier point : la lumière dissipe l’obscurité. Voici le deuxième. II. La lumière donne la vie Portez les yeux partout et vous verrez que la lumière et la vie sont indissociables. La lumière appelle la vie. La graine de haricot que l’on enfouit dans le jardin ne s’enfonce pas dans la terre, il monte en surface vers la lumière. Les fleurs se ferment la nuit et s’ouvrent à la clarté du matin. Les enfants qui vivent aux grand air sont roses et joufflus, ceux qui sont séquestrés sont pales et falots. Des pommes de terre de conservation tenues dans l’obscurité de la cave poussent des germes blancs de plus d’un mètre vers le soupirail d’où filtre un rayon de lumière. L’aspiration à la lumière est universelle. Au chapitre 9 du livre des Actes des apôtres, on rencontre un nommé Saul de Tarse qui respire la haine et le meurtre contre les premiers chrétiens. Muni de lettres qui lui donnent plein pouvoir, escorté de la troupe, il monte vers Damas pour ravager l’Eglise naissante qu’il considère comme une secte qu’il faut faire disparaître. Partout où il passe, le tigre cruel qui avait donné son suffrage au meurtre d’Etienne le premier martyr chrétien, emmène d’innocentes victimes liées vers les prisons. A Jérusalem comme à Damas on tremble mais on prie. Et tandis que Saul de Tarse brûle les étapes, dans le ciel un événement stupéfiant se prépare, le branle bas de combat sonne ; ce n’est pas un ange puissant qui se prépare à défendre des agneaux sans défense, ni un archange, ni les armées des cieux, mais c’est Jésus lui-même qui se lève alors qu’il vient à peine de rentrer dans le ciel après son ascension. Stupeur dans le ciel, étonnement sur la face des anges. Celui qui est la lumière du monde descend avec gloire sur le chemin de Damas. L’intense rayonnement de son apparition éclipse celle du soleil, plaque Saul de Tarse au sol et la voix du Seigneur tonne :  » Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?  » Frappé d’aveuglement on le conduira dans une maison à Damas où pendant trois jours il va se mettre à prier. Ces longues heures de tête à tête avec le Seigneur sont un terrain sacré. C’est pendant qu’il était là aveugle que la lumière douce de l’Evangile fit son chemin dans son cœur endurci et que des écailles lui tombèrent des yeux, lui prouvant à quel point il était aveugle. Ce que je veux que vous voyiez, c’est que dans la maison où on l’a conduit : il est entré aveugle, il en est sorti voyant clair ; il est entré tigre, il en est sorti agneau ; il est entré fils du diable, il en est sorti enfant de Dieu ; il est entré pharisien orgueilleux, il en est sorti humble esclave de Jésus-Christ ; il est entré Saul de Tarse, il en est sorti Paul le prince des apôtres, il est entré mort dans ses péchés, il en est sorti vivant pour Dieu, la vie et la lumière de Christ étaient en lui. Ces trois jours ont marqué sa vie et façonné son ministère au point que plus tard dans sa défense devant une cour royale composée du roi Agrippa, de Bérénice et du gouverneur Festus il redira les paroles qu’il avait entendues de la bouche du Seigneur à cette occasion :  » Je t’ai choisi du milieu de ce peuple et du milieu des païens, vers lesquels je t’envoie, pour que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, pour qu’ils reçoivent par la foi en moi, le pardon des péchés et l’héritage avec les sanctifiés « .

Nous en arrivons ainsi à notre troisième point. III. La lumière reflète la lumière. Recevoir Christ comme lumière de vie, c’est recevoir la responsabilité qu’il nous transmet lorsqu’il dit :  » On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau (on dirait aujourd’hui sous un capuchon), mais on la met sur un chandelier et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux  » (Matt.5 :14,15). Chaque jour le soleil descend sur l’horizon et disparaît. Le désespoir nous éteindrait s’il ne devait plus réapparaître le lendemain. Ce serait pour le monde entier une lente agonie. En peu de temps notre globe se figerait au zéro absolu. Mais Dieu nous a laissé un signe irréfutable qui nous prouve que, même absent, il continue de briller et que bientôt l’astre de vie sera de nouveau là. Nous tournons les regards vers une autre partie du ciel et nous voyons cette oblongue capsule, la blonde amie de Cyrano de Bergerac qui nous fait un clin d’œil complice pour nous dire qu’il est toujours là et que bientôt Chantecler avec le frère d’or du haut de son clocher pourra chanter son hymne au soleil ! La lune est un astre mort en lui-même qui n’a pas de lumière propre mais qui fidèlement reflète la lumière du soleil disparu et nous garanti que quoique invisible à nos yeux, il brille toujours du même éclat. De même, pendant l’absence de son Seigneur, le chrétien est appelé à refléter dans sa vie l’éclat lumineux de ses perfections comme la lune reflète l’éclat du soleil. Bien sûr qu’on n’aura jamais un coup de soleil en regardant la lune ! Mais un chrétien authentique par sa vie atteste que le Seigneur est toujours là et que bientôt il va revenir. Lorsque le Seigneur a guéri les dix lépreux, il ne les a pas envoyés prêcher un sermon, il les a envoyés vivre un sermon en leur disant :  » Allez vous montrer aux sacrificateurs (prêtres)  » (Luc 17 :14). Avez-vous déjà entendu la Bonne Nouvelle demanda un jour un missionnaire à un Chinois qui lui répondit : Non, mais je l’ai vu ! Je connais un homme qui était une terreur dans tout le district. Il était parfois féroce comme un animal sauvage et il fumait l’opium. Quand il accepta la religion de Jésus-Christ, il fut tout changé. Maintenant il est humble, il n’est plus mauvais et il a abandonné son opium. J’ai vu par là que la Bonne Nouvelle de l’évangile et le service de Jésus-Christ sont bons. Un prédicateur termina son message par un appel pressant. Dans la bonne vingtaine de personne qui répondirent ouvertement à l’appel, se trouvait une dame riche et distinguée. Elle demanda la permission de dire quelques mots à l’auditoire :  » Je veux que vous sachiez pourquoi je me suis avancée avec les autres pour me convertir à Jésus-Christ. Ce n’est à cause d’aucune parole prononcée par le prédicateur. Je me tiens ici par l’influence d’une pauvre femme assise devant moi. Ses doigts sont devenus calleux par la rudesse des tâches. Le travail de bien des années l’a courbée ; elle n’est qu’une pauvre et obscure femme de peine qui a travaillé chez moi pendant de nombreuses années. Je n’ai jamais vu en elle de mouvements d’humeur ou dire un mot désagréable ou faire une action déshonnête. Je connais ses nombreux petits gestes d’amour désintéressés qui ornent sa vie. Avec honte je dois dire que je me suis ouvertement moquée de sa foi et que j’ai ri de sa fidélité envers Dieu. Mais quand ma petite fille mourut, ce fut cette femme qui m’a fait regarder par delà la tombe et qui m’a fait verser ma première larme d’espérance. Le doux magnétisme de sa vie m’a amenée à Jésus-Christ. A la demande du prédicateur cette humble femme fut conviée à venir devant et il la présenta en ces termes :  » Je vous présente le vrai prédicateur de ce soir !  » L’audience toute entière se leva dans un silence respectueux non exempt de quelques larmes. Les lampes ne parlent pas, elles éclairent ; les phares ne font pas de bruit ils illuminent ! Vous donc mes amis qui ne connaissez pas encore Christ comme votre Sauveur personnel mais qui en ce moment assistez à la prédication de sa Parole, tandis que la lumière de l’Evangile parcours encore le monde, tournez-vous vers lui avant que ne vienne les jours sombres prophétisés par le Seigneur :  » Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde, mais la nuit vient où personne ne peut plus travailler  » (Jean 9.5,4). Nous terminons par une courte prière que je vous invite à suivre et même à vous approprier en la redisant silencieusement de tout votre cœur à Dieu :  » Dieu, merci pour ta Parole qui a été méditée aujourd’hui ; je m’y suis reconnu, surtout dans les zones d’ombre ; j’ai souvent tourné le dos à la lumière de ton Fils et ma propre ombre était là devant moi, à mes pieds ; je n’ai aucune excuse à te présenter ; j’ai presque toujours préféré les ténèbres à ta lumière parce que mes œuvres étaient mauvaises. J’acquiesce à ton diagnostic, je me repens et je te demande pardon. Je me range à tes raisons, je fais demi-tour et je m’expose pleine face à la lumière de ton salut; je veux marcher à ta lumière et je te reçois dans mon cœur ; je veux rester fidèle à l’engagement que je prends solennellement aujourd’hui. Seigneur aide-moi à le tenir jusqu’au bout. Amen.

Benoit XVI: Fête de la Conversion de saint Paul Apôtre 2012

4 juillet, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2012/documents/hf_ben-xvi_hom_20120125_week-prayer.html

CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN CONCLUSION DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Fête de la Conversion de saint Paul Apôtre Basilique Saint-Paul-hors-les-murs Mercredi 25 janvier 2012

Chers frères et sœurs !

C’est avec une grande joie que j’adresse mes salutations chaleureuses à vous tous qui êtes réunis dans cette Basilique en la fête liturgique de la conversion de saint Paul, pour conclure la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, en cette année au cours de laquelle nous célébrerons le cinquantième anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II, que le bienheureux Jean XXIII annonça précisément dans cette basilique le 25 janvier 1959. Le thème offert à notre méditation au cours de la Semaine de prière que nous concluons aujourd’hui est : « Tous, nous serons transformés par la victoire de Jésus Christ, notre Seigneur » (cf. 1 Co 15, 51-58). La signification de cette mystérieuse transformation, dont nous parle la seconde lecture brève de ce soir, nous est merveilleusement indiquée par l’expérience personnelle de saint Paul. Suite à l’événement extraordinaire sur le chemin de Damas, Saul, qui se distinguait par le zèle avec lequel il persécutait l’Eglise naissante, fut transformé en un inlassable apôtre de l’Evangile de Jésus Christ. Dans l’expérience de cet extraordinaire évangélisateur apparaît clairement que cette transformation n’est pas le résultat d’une longue réflexion intérieure ni même le fruit d’un effort personnel. Elle est avant tout l’œuvre de la grâce de Dieu qui a agi selon ses voies impénétrables. C’est pour cette raison que Paul, en écrivant à la communauté de Corinthe quelques années après sa conversion, affirme, comme nous l’avons entendu lors de la première lecture de ces Vêpres : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce à mon égard n’a pas été stérile » (1 Cor 15, 10). Par ailleurs, si l’on considère attentivement l’expérience de saint Paul, on comprend que la transformation qu’il a connue dans son existence ne se limite pas au plan éthique — comme conversion de l’immoralité à la moralité —, ni au plan intellectuel — comme changement de sa façon de comprendre la réalité —, mais il s’agit plutôt d’un renouveau radical de son être, semblable par bien des aspects à une renaissance. Une telle transformation trouve son fondement dans la participation au mystère de la Mort et de la Résurrection de Jésus Christ, et se présente comme un chemin graduel de configuration à Lui. A la lumière de cette conscience, saint Paul, lorsque par la suite, il sera appelé à défendre la légitimité de sa vocation apostolique et de l’Evangile qu’il annonce, dira : « Et ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). L’expérience personnelle vécue par saint Paul lui permet d’attendre avec une espérance fondée l’accomplissement de ce mystère de transformation, qui concernera tous ceux qui ont cru en Jésus Christ ainsi que toute l’humanité et la création tout entière. Dans la seconde brève lecture qui a été proclamée ce soir, saint Paul, après avoir développé une longue argumentation destinée à renforcer chez les fidèles l’espérance de la résurrection, en utilisant les images traditionnelles de la littérature apocalyptique de son époque, décrit en quelques lignes le grand jour du jugement dernier, où s’accomplit le destin de l’humanité : « En un instant, en un clin d’œil, au son de la trompette finale… les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons transformés » (1 Co 15, 52). Ce jour-là, tous les croyants seront rendus conformes au Christ et tout ce qui est corruptible sera transformé par sa gloire : « Il faut, en effet — dit saint Paul —, que cet être corruptible revête l’incorruptibilité, que cet être mortel revête l’immortalité » (v. 53). Alors le triomphe du Christ sera finalement complet, parce que, nous dit encore saint Paul en montrant que les anciennes prophéties des Ecritures se réalisent, la mort sera vaincue définitivement et, avec elle, le péché qui l’a faite entrer dans le monde et la Loi qui fixe le péché sans donner la force de le vaincre : « La mort a été engloutie dans la victoire. / Où est-elle, ô mort, ta victoire ? / Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? / L’aiguillon de la mort, c’est le péché, et la force du péché, c’est la Loi » (vv. 54-56). Saint Paul nous dit donc que chaque homme, à travers le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, participe à la victoire de Celui qui le premier a vaincu la mort, en entamant un chemin de transformation qui se manifeste dès lors dans une nouveauté de vie et qui atteindra sa plénitude à la fin des temps. Il est très significatif que le texte se conclue par une action de grâce : « Mais grâces soient à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ ! » (v. 57). Le chant de victoire sur la mort se transforme en chant de gratitude élevé au Vainqueur. Nous aussi ce soir, en célébrant les louanges vespérales de Dieu, nous voulons unir nos voix, nos esprits et nos cœurs à cet hymne d’action de grâce pour ce que la grâce divine a opéré dans l’Apôtre des nations et pour le merveilleux dessein salvifique que Dieu le Père accomplit en nous au moyen du Seigneur Jésus Christ. Tandis que nous élevons notre prière, nous sommes convaincus que nous serons transformés nous aussi et configurés à l’image du Christ. Cela est particulièrement vrai dans la prière pour l’unité des chrétiens. En effet, lorsque nous implorons le don de l’unité des disciples du Christ, nous faisons nôtre le souhait exprimé par Jésus Christ à la veille de sa passion et de sa mort dans la prière adressée au Père : « Afin que tous soient un » (Jn 17, 21). C’est pour cette raison que la prière pour l’unité des chrétiens n’est rien d’autre que la participation à la réalisation du projet divin pour l’Eglise, et l’engagement actif pour le rétablissement de l’unité est un devoir et une grande responsabilité pour tous. Bien que faisant l’expérience à notre époque de la situation douloureuse de la division, nous chrétiens pouvons et devons regarder vers l’avenir avec espérance, car la victoire du Christ signifie le dépassement de tout ce qui nous empêche de partager la plénitude de la vie avec Lui et avec les autres. La résurrection de Jésus Christ confirme que la bonté de Dieu l’emporte sur le mal, l’amour va au-delà de la mort. Il nous accompagne dans la lutte contre la force destructrice du péché qui entâche l’humanité et la création de Dieu tout entière. La présence du Christ ressuscité nous appelle tous, en tant que chrétiens, à agir ensemble pour la cause du bien. Unis dans le Christ, nous sommes appelés à partager sa mission, qui est celle d’apporter l’espérance là où dominent l’injustice, la haine et le désespoir. Nos divisions rendent notre témoignage au Christ moins lumineux. L’objectif de la pleine unité que nous attendons dans une espérance active et pour laquelle nous prions avec confiance, n’est pas une victoire secondaire, mais elle est importante pour la famille humaine. Dans la culture aujourd’hui dominante, l’idée de victoire est souvent associée à un succès immédiat. Dans l’optique chrétienne, en revanche, la victoire est un long processus de transformation et de croissance dans le bien qui, à nos yeux d’hommes, n’apparaît pas toujours linéaire. Celle-ci arrive selon les temps de Dieu, et non les nôtres, et exige de nous une foi profonde et une persévérance patiente. Bien que le Royaume de Dieu fasse définitivement irruption dans l’histoire avec la résurrection de Jésus, celui-ci n’est pas encore pleinement réalisé. La victoire finale adviendra uniquement avec la seconde venue du Seigneur, que nous attendons avec une espérance patiente. Notre attente pour l’unité visible de l’Eglise doit elle aussi être patiente et confiante. C’est uniquement dans de telles dispositions que trouvent tout leur sens notre prière et notre engagement quotidien pour l’unité des chrétiens. L’attitude d’attente patiente ne signifie pas passivité ou résignation, mais une réponse prompte et attentive à toute possibilité de communion et de fraternité, que le Seigneur nous donne. Dans ce climat spirituel, je voudrais adresser des saluts particuliers, en premier lieu au cardinal Monterisi, archiprêtre de cette basilique, à l’abbé et à la communauté des moines bénédictins qui nous accueillent. Je salue le cardinal Koch, président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et tous les collaborateurs de ce dicastère. J’adresse mes salutations cordiales et fraternelles à Son Eminence le métropolite Gennadios, représentant le patriarcat œcuménique, et au révérend chanoine Richardson, représentant personnel à Rome de l’archevêque de Canterbury, et à tous les représentants des diverses Eglises et communautés ecclésiales, réunis ici ce soir. En outre, je suis particulièrement heureux de saluer plusieurs membres du Groupe de travail composé de représentants de diverses Eglises et communautés ecclésiales présentes en Pologne, qui ont préparé les documents de travail pour la Semaine de prière de cette année, auxquels je voudrais exprimer ma gratitude et mes meilleurs vœux en vue de poursuivre sur le chemin de la réconciliation et d’une fructueuse collaboration, ainsi que les membres du Global Christian Forum qui sont à Rome ces jours-ci pour réfléchir sur l’élargissement de la participation au mouvement œcuménique de nouveaux sujets. Et je salue aussi le groupe d’étudiants de l’Institut œcuménique de Bossey du Conseil œcuménique des Eglises. Je souhaite confier à l’intercession de saint Paul tous ceux qui, par leur prière et leur engagement, travaillent pour la cause de l’unité des chrétiens. Même si on peut parfois avoir l’impression que le chemin vers le plein rétablissement de la communion est encore très long et pavé d’obstacles, j’invite tous à renouveler leur détermination à poursuivre, avec courage et générosité, l’unité qui est volonté de Dieu, en suivant l’exemple de saint Paul qui, devant les difficultés en tout genre, a conservé toujours ferme la confiance en Dieu qui conduit à l’accomplissement de son œuvre. D’ailleurs, sur ce chemin, ne manquent pas les signes positifs d’une fraternité renouvelée et d’un sens partagé de responsabilité face aux grandes problématiques qui affligent notre monde. Tout cela est un motif de joie et de grande espérance et doit nous encourager à poursuivre notre engagement pour parvenir tous ensemble à l’objectif final, en sachant que nos efforts ne sont pas vains dans le Seigneur (cf. 1 Co 15, 58). Amen.

Jésus enseigne dans la synagogue

3 juillet, 2015

Jésus enseigne dans la synagogue dans images sacrée William_Hole_Jesus_Preaches_In_The_Synagogue_400

http://truthbook.com/urantia-book/paper-137-tarrying-time-in-galilee

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 5 JUILLET 2015 – 2 Co 12,7-10

3 juillet, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 5 JUILLET 2015

DEUXIEME LECTURE – 2 Co 12,7-10

Frères, 7 les révélations que j’ai reçues sont tellement extraordinaires que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. 8 Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. 9 Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. 10 C’est pourquoi j’accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

LES SOUFFRANCES DE L’APOTRE PAUL

Comme Ezéchiel (voir première lecture, Ez 2), Paul a bénéficié de visions et révélations exceptionnelles ; l’un comme l’autre y ont puisé la force de poursuivre leur mission. Pas question de devenir orgueilleux pour autant, leurs auditeurs se chargeant de les ramener sans cesse à l’humilité. « Nul n’est prophète en son pays » est un dicton connu et vécu en Israël bien avant la venue de Jésus-Christ. Mais Paul avait apparemment une autre raison, meilleure encore, de rester humble : si l’on en croit ce texte, il portait en lui-même un rappel permanent de sa petitesse : « Pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. » Nous ne saurons jamais ce qu’était concrètement « l’écharde dans la chair » qui faisait tant souffrir Paul : toutes les hypothèses ont été proposées, mais lui ne le précise jamais. On peut néanmoins en énumérer quelques-unes : lui-même, pour commencer, reconnaît avoir été malade : « Vous le savez bien, ce fut à l’occasion d’une maladie que je vous ai, pour la première fois, annoncé la bonne nouvelle ; et, si éprouvant pour vous que fût mon corps, vous n’avez montré ni dédain, ni dégoût. Au contraire, vous m’avez accueilli comme un ange de Dieu, comme le Christ Jésus. » (Ga 4, 13-15). Une autre source de souffrance fut incontestablement pour lui le rejet de la bonne nouvelle par ses frères de race ; il en parle longuement dans la lettre aux Romains (chapitres 9 à 11) : « En Christ je dis la vérité, je ne mens pas, par l’Esprit Saint ma conscience m’en rend témoignage : j’ai au coeur une grande tristesse et une douleur incessante. Oui, je souhaiterais être anathème, être moi-même séparé du Christ pour mes frères, ceux de ma race selon la chair… » (Rm 9, 1-3). On peut aussi imaginer une autre source de souffrance secrète, intarissable : la culpabilité, le remords d’avoir été, dans un premier temps, le persécuteur des Chrétiens de la première heure. Impossible, peut-être pour lui, de faire table rase de ce passé honteux. Cette persécution qu’il a pratiquée (cf les Actes des Apôtres : Ac 7, 58 ; 9, 1 ; 22, 4), il l’endure lui-même à son tour et tout ce qu’il subit désormais, dans la fierté de souffrir pour le Christ, réveille en même temps sa honte. Une seule issue, reconnaître humblement sa faiblesse et se mettre tel quel à la disposition du Christ pour l’oeuvre d’évangélisation. A ce prix, il expérimente combien la force du Christ est puissante dans ceux qui s’y abandonnent : « J’accepte de grand coeur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » D’autre part, il est mieux placé que quiconque pour savoir que la persécution est à peu près inévitable pour les Apôtres ; là encore, il peut parler d’expérience : dès sa conversion et ses premières prédications à Damas, il a été attaqué physiquement et il a fallu pour le sauver lui faire quitter la ville en le descendant dans une corbeille le long de la muraille (Ac 9, 20-25). Un peu plus loin, dans cette même lettre aux Corinthiens que nous lisons aujourd’hui, il récapitule tout ce qu’il a dû subir à cause de sa prédication : « Des Juifs, j’ai reçu cinq fois les trente-neuf coups, trois fois j’ai été flagellé, une fois lapidé, trois fois j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit sur l’abîme. Voyages à pied, souvent, dangers des fleuves, dangers des brigands, dangers de mes frères de race, dangers des païens, dangers dans la ville, dangers dans le désert, dangers sur mer, dangers des faux frères ! Fatigues et peines, veilles souvent ; faim et soif, jeûne souvent ; froid et dénuement ; sans compter tout le reste, ma préoccupation quotidienne, le souci de toutes les Eglises. » (2 Co 11, 24-28). Vu le ton, on a l’impression qu’il s’en vanterait presque : et c’est vrai puisque les épreuves sont le lieu même où se manifeste aux yeux de tous la vraie source de sa force, non pas en lui-même, mais dans le soutien permanent de la présence du Christ en lui. ACCUEILLIR LA FORCE DE DIEU Ce contraste que l’on pourrait appeler « faiblesse et force » des Apôtres ne peut que tourner à la gloire de Dieu, puisque dans l’extrême faiblesse des apôtres et grâce à elle, la force de résurrection du Christ est manifestée. Ainsi, paradoxalement, Paul se glorifie de sa faiblesse : « S’il faut s’enorgueillir, je mettrai mon orgueil dans ma faiblesse. » (2 Co 11, 30). Il y revient souvent dans cette lettre (cf 2 Co 4, 8-11, lecture du 9ème dimanche), dès le début par exemple : « Le péril que nous avons couru en Asie (à Ephèse) nous a accablés à l’extrême, au-delà de nos forces, au point que nous désespérions même de la vie. Oui, nous avions reçu en nous-mêmes notre arrêt de mort, ainsi notre confiance ne pouvait plus se fonder sur nous-mêmes, mais sur Dieu qui ressuscite les morts. » (2 Co 1, 8 – 9). Puis au chapitre 6 : « Nous nous recommandons en tout comme ministres de Dieu par une grande persévérance dans les détresses, les contraintes, les angoisses, les coups, les prisons, les émeutes, les fatigues, les veilles, les jeûnes… Dans la gloire et le mépris, dans la mauvaise et la bonne réputation ; tenus pour imposteurs et pourtant véridiques, inconnus et pourtant bien connus, moribonds et pourtant nous vivons, châtiés sans être exécutés, attristés mais toujours joyeux, pauvres, et faisant bien des riches, n’ayant rien, nous qui pourtant possédons tout ! » (2 Co 6, 4… 10). Notre texte de ce dimanche est dans cette ligne : extraordinaire bonne nouvelle, une fois encore ! Notre faiblesse n’est pas une entrave à l’évangélisation ! C’est peut-être même le contraire… Lorsque Paul a prié, par trois fois, comme son maître à Gethsémani, pour que cette souffrance s’éloigne de lui : « Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi », le Seigneur lui a simplement répondu : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. »

 

HOMÉLIE DU 14ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

3 juillet, 2015

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HOMÉLIE DU 14ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

05/07/2015

Les lectures du jour

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« Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. »

Les trois textes bibliques de ce dimanche ont un point commun. Ils nous montrent la faiblesse de celui qui parle de la part de Dieu. C’est le cas du prophète Ezéchiel (1ère lecture). Aujourd’hui, nous le trouvons à un moment dramatique de l’histoire de Jérusalem. Les représentants des forces actives du pays ont été déportés à Babylone. Le prophète, lui aussi déporté, est appelé par Dieu. Il est envoyé vers son peuple rebelle ; il devra faire preuve d’audace : « Qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux qui les appelle à la conversion. Le même Seigneur continue à envoyer des apôtres pour appeler à la conversion. Leur message n’est pas toujours bien reçu. Ces envoyés sont souvent tournés en dérision. Dans de nombreux pays, ils sont victimes de la haine et de la violence des persécuteurs. Mais rien ni personne ne peut les empêcher de rendre compte de l’espérance qui les anime. La Parole de Dieu doit être annoncée à temps et à contretemps dans le monde entier. C’est notre mission à tous en tant que chrétiens baptisés et confirmés.

Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, l’apôtre Paul nous décrit les vraies conditions de son apostolat. Il a reçu des révélations exceptionnelles. Mais il est accablé de difficultés et d’humiliations : insultes, faiblesses, contraintes, persécutions, situations angoissantes… A cela s’ajoutent de graves problèmes de santé. Bien sûr, il a demandé au Seigneur de l’en libérer car il n’en peut plus. Mais le Seigneur lui a répondu : « Ma grâce te suffit ». Paul découvre ainsi que la puissance de Dieu agit dans sa faiblesse à lui. C’est important pour l’apôtre d’aujourd’hui : il doit être habité par cette confiance en Dieu. Il n’est pas seul dans cette mission. Le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur de ceux qu’il met sur notre route.

Dans l’Évangile, nous voyons Jésus qui est affronté au manque de foi des habitants de son village. Il vient de leur annoncer que l’Esprit de Dieu repose sur lui, qu’il est envoyé pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres… Pour ses compatriotes, ces paroles ne sont pas acceptables. Pour qui se prend-il ? Ils l’ont vu grandir et devenir charpentier. Certains ont bénéficié de ses services. De quoi se mêle-t-il en enseignant dans la synagogue ? Ce qu’on lui reproche, c’est de dire la Parole de Dieu sans être qualifié pour cela. Il n’a pas fait d’étude de rabbin ou de scribe. Il est un simple laïc.

Voilà donc le Christ empêché d’être reconnu comme Messie. « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu ». Nous n’avons pas à les juger. Nous aussi, nous sommes souvent rebelles quand on vient nous parler de la part de Dieu. Mais rien ni personne ne peut arrêter l’annonce de la bonne nouvelle. Devant ce refus, Jésus est parti vers les villages voisins. Les messagers de l’Évangile n’ont pas à être découragés si on refuse de les écouter et de les accueillir. Comme Jésus, ils doivent partir annoncer l’Évangile ailleurs car tous doivent l’entendre.

Le problème des auditeurs de Jésus, c’est qu’ils étaient enfermés dans leurs certitudes et leurs traditions. C’est souvent vrai pour nous aussi. Nous pensons savoir beaucoup de choses sur Dieu. Mais ce que nous pouvons en dire sera toujours insignifiant par rapport à ce qu’il est réellement. La foi n’est pas d’abord une affaire de connaissances et de savoir. Elle est surtout une affaire de questionnement spirituel : Qui est Jésus pour nous ? Voilà la question fondamentale que nous trouvons tout au long de l’Évangile de saint Marc. Et la réponse nous est donnée au pied de la croix par le centurion païen : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu. »

Comme le prophète et comme Paul, nous avons conscience de nos faiblesses. Mais le Seigneur compte sur nous pour être les messagers de la bonne nouvelle. Nous pouvons penser à la merveilleuse réplique de sainte Bernadette de Lourdes : « Je ne suis pas chargée de vous faire croire mais de vous dire. » Malgré notre faiblesse, le Seigneur compte sur nous pour être ses porte-paroles. Dans nos diverses rencontres, nous sommes appelés à rendre compte de l’espérance qui nous anime. Nous avons des valeurs à défendre, le partage, la solidarité, le respect de la digité des personnes, surtout les plus faibles. C’est à notre amour que nous serons reconnus comme disciples du Christ. Avant de nous lancer dans la mission, nous te prions Seigneur : envoie-nous ton Esprit Saint. Qu’il vienne nous rappeler ce que tu as dit. Qu’il nous apprenne à reconnaître que tu nous précèdes dans le cœur de ceux et celles que tu mets sur notre route. Seigneur, sois avec nous pour que nous soyons de vrais témoins de ton amour. Sources : Revues Feu Nouveau et Signes – Ta Parole est ma joie (J. Proux) – Homélies des dimanches B (Mgr Léon Soulier) – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot) – Homélies pour l’année B (A Brunot)

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 05/07/2015)  

Filippo Lippi, Vierge et l’Enfant

2 juillet, 2015

Filippo Lippi, Vierge et l'Enfant dans images sacrée Lippi-madonna-716x1024

http://www.lisakaborycha.com/5-hearth-and-home/

LE DIEU DU LIVRE D’ISAÏE

2 juillet, 2015

http://www.croire.com/Definitions/Bible/Isaie/Le-Dieu-du-livre-d-Isaie

LE DIEU DU LIVRE D’ISAÏE

Le livre d’Isaïe est composé de trois parties distinctes qui se rapportent à des périodes différentes de l’histoire d’Israël.

Ces périodes sont tellement éloignées dans le temps que l’on a très vite compris qu’Isaïe ne pouvait être l’auteur de l’ensemble du livre. De façon assez classique, on distingue le premier Isaïe (ou «proto Isaïe»), qui couvre les 39 premiers chapitres, le second Isaïe (ou «deutéro-Isaïe») qui commence au chapitre 40 pour s’achever au chapitre 55 et enfin le troisième Isaïe (ou «trito-Isaïev) qui comprend les chapitres 55 à 66. La première partie (chapitres 1 à 39) recueille des prophéties qui ont eu lieu «à l’époque où Osias, Yotam, Achaz puis Ezéchias étaient rois de Juda» (1, 1), soit entre 781 et 687 avant Jésus Christ. Après une période d’accalmie des puissances proches, l’Assyrie devient menaçante. Le prophète lit dans l’histoire qui se déroule sous ses yeux l’action de Dieu qui punit son peuple infidèle afin de le corriger et de le ramener à lui. Les alliances et les défaites sont autant d’occasions de mettre en garde le roi et le peuple contre des calculs purement humains et de court terme. Peu à peu, face à l’effondrement de tout espoir – Samarie est prise en 721 et Juda paie tribut en 701 – apparaît la promesse messianique qui défie tous les temps, toutes les puissances et tous les calculs. La seconde partie (chapitres 40 à 54) est aussi appelée «livre de la consolation d’Israël». Nous sommes désormais au temps de l’exil, après la prise de Jérusalem en 587 par les armées du roi Nabuchodonosor. Babylone a remplacé l’Assyrie mais la ville est prise, les habitants ont été déportés et vivent en exil dans la capitale ennemie. Face à cette défaite radicale, le prophète assure que le Dieu d’Israël continue à veiller sur son peuple. Ce Dieu n’est d’ailleurs pas seulement le Dieu d’Israël mais celui de tout le genre humain. Le monothéisme universel s’affirme et l’attente messianique se précise : celui qui était déjà décrit dans le premier livre comme «un enfant né d’une femme» (Isaïe, 7, 14), devient le serviteur mystérieux décrit dans quatre petits tableaux poétiques que l’on appelle les «chants du Serviteur» (Isaïe 42, 1-7 ; 49, 1-6 ; 50, 4-9 ; 52, 13-53, 12). De façon tout à fait déroutante, ce serviteur n’a aucun des attributs de la puissance royale ou divine, bien au contraire : il semble tirer sa puissance de sa fragilité et de son humilité. Enfin la troisième partie (chapitres 55 à 66) concerne la période qui suit le retour d’exil, soit entre 537 et 520. Les Juifs reviennent dans la province de Juda. Pourtant ce retour si longtemps attendu, espéré comme un aboutissement, s’avère bien plus difficile que prévu. Les nouveaux arrivants sont considérés par ceux qui sont restés au pays comme des usurpateurs. Le prophète doit, une fois de plus, redonner l’espérance, réconcilier, apaiser. Il reprend, console, admoneste mais, surtout, il fait briller Jérusalem comme la ville du Dieu, le phare de toutes les nations, le lieu de l’espérance eschatologique. Ainsi, face à l’effondrement successifs de tous les espoirs terrestres, face aux querelles internes, l’auteur du livre d’Isaïe trouve dans la foi une réponse originale : Le Dieu d’Israël se révèle et s’affirme comme le Dieu des nations, un Dieu plus «éthique» que politique, qui se laisse chercher par l’homme droit et juste, qui se révèle dans le faiblesse et se vit dans l’espérance d’un salut pour tous les hommes.

Jean-Pierre Rosa – 2014 Croire.com

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