Archive pour juillet, 2015

L’AMOUR ET LE SACREMENT DE L’AMOUR – PAR PAUL EVDOKIMOV

28 juillet, 2015

http://www.pagesorthodoxes.net/mariage/evdokimov-sacrement-amour.htm

PAGES DU MARIAGE ET DE LA VIE CHRÉTIENNE DANS LE MONDE

L’AMOUR ET LE SACREMENT DE L’AMOUR

PAR PAUL EVDOKIMOV

L’IMAGE DE DIEU
Il n’est qu’une souffrance, c’est d’être seul. Un Dieu à une seule Personne ne serait pas l’Amour. Il est Trinité, un et trine à la fois. De même l’être humain, monade fermée, ne serait pas son image. Le récit biblique appelle la femme  » une aide « , plus exactement un  » vis-à-vis « . Pour aider, un autre homme serait plus utile qu’une femme. Et la Bible ne dit pas qu’il n’est pas bon de  » travailler seul « , mais  » d’être seul « , ainsi la femme  » sera avec lui.  »  » L’un vers l’autre  » forment leur co-esse, c’est donc dès l’origine, in principio, que l’être humain est un être conjugal : Au jour où ils furent créés, Dieu leur donna le nom d’homme (Gn 5, 2).  » En parlant des deux, Dieu parle d’un seul « , note saint Jean Chrysostome (9).

C’est à leur réciprocité, à leur dyade de nature ecclésiale que Dieu s’adresse et dit  » toi  » ou  » vous « , ne les séparant jamais. Or un élément étranger à l’homme, le démoniaque, introduit dans leurs rapports une distance, et alors, à travers l’histoire, l’un ne cessera de dire à l’autre :  » Ajjecka ! Où es-tu ?  » Cette perversion ontologique est consignée par la parole que Dieu adresse pour la première fois à chacun séparément :  » À la femme il dit…,  » et  » à l’homme il dit…  » (Gn 3, 16-17). Cet événement démontre que la différenciation en masculin et en féminin est avant tout spirituelle.
En effet la création d’Adam avait été d’emblée la création d’un tout de l’homme, en hébreu, le mot Adam-homme est un terme collectif. La Genèse dit littéralement : Créons l’homme (ha adam, au singulier) et ils domineront (au pluriel) ; et Dieu créa l’homme (au singulier) — et il les créa homme-masculin et homme-féminin (et le pluriel se rapporte au singulier, l’homme) (Gn 1, 27). L’  » homme  » est au-dessus de la distinction masculin-féminin, car celle-ci n’est pas initialement la séparation de deux individualités désormais isolées l’une de l’autre. Au contraire, on peut affirmer que ces deux aspects de l’homme sont à ce point inséparables dans la pensée de Dieu, qu’un être humain, pris isolément et considéré en soi, n’est pas parfaitement homme. Il n’y a pour ainsi dire qu’une moitié d’homme, dans un être isolé de son complémentaire.
Dieu fit tomber l’homme dans un profond sommeil. Le texte grec parle d’extase. Il s’agit de la stupeur très particulière, de la  » suspension des sens « , annonce d’un événement (10). La naissance d’Ève projette dans l’existence ce qui a été en mouvement à l’intérieur de l’être. Adam a toujours été Adam-Ève. L’avènement d’Ève est le grand mythe de la consubstantialité conjugale de l’homme et de la femme : Celle-ci s’appellera Isha femme, car de Ish homme elle fut prise (Gn 2, 23). Saint Jérôme traduit en latin par Virago et Vir. L’un de l’autre, — ils seront une seule chair, un seul être : Mon ami est mien et je suis sienne (Ct 2, 16).
Cet ordre archétypique de la création s’insère dans l’ordre de la grâce aux noces de Cana. Le fond des antiques coupes nuptiales représentait le Christ tenant deux couronnes au-dessus des époux, principe divin de réintégration de l’ordre initial. Saint Jean Chrysostome le précise :  » Les propriétés de l’amour sont telles que l’aimée et l’aimant ne forment plus deux êtres, mais un seul… ils ne sont pas réunis seulement, mais sont un  » (11) ; ce qui veut dire homme-femme, un  » adam  » dans le sens biblique (12), car  » l’amour change la substance même des choses  » (13). Saint Cyrille d’Alexandrie ajoute dans un commentaire sur la Genèse :  » Dieu créa le co-être. « 
Cette conception patristique est fondamentale pour l’Orient et inspire tous ses textes canoniques. Le mariage est défini : l’unité de deux personnes dans un seul être, une seule substance ; ou encore : l’union en un corps et une âme, mais en deux personnes. La définition est importante, le moi conjugal ne supprime point les personnes, mais selon l’image de la Trinité : l’union dans une seule nature des Trois Personnes forme un seul Sujet, Dieu Un et Trine à la fois ; de même l’union conjugale de deux personnes forme une dyade-monade, deux et un à la fois unis en Troisième terme divin.  » Dieu a créé Adam et Ève pour le plus grand amour entre eux, reflétant le mystère de l’unité divine (14).  » C’est donc l’homme conjugal qui est l’image de Dieu trine et le dogme trinitaire est l’Archétype divin, l’icône de la communauté conjugale.
Nous entendons dans la prière sacerdotale du Seigneur : Je leur ai donné la gloire… afin qu’ils soient un comme nous sommes un (Jn 17, 22). Or le rite de couronnement du sacrement du mariage annonce : les époux  » sont couronnés de gloire « . La gloire signifie la manifestation de l’Esprit Saint. Ce don de l’Esprit à la Pentecôte, son charisme de l’unité n’est accessible que dans l’Église : C’est grâce à tous ses liens que le corps bien coordonné et formant un solide assemblage tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties, et s’édifie lui-même dans la charité (Ép 4, 16). La communauté vivante de l’Église résulte des  » liens « , formes particulières de l’amour. a côté de la communauté monastique et paroissiale se pose un autre type de ces formes-liens : l’amour-communauté conjugale. Le mariage forme une dyade ecclésiale, institue une  » église domestique « , selon saint Paul et saint Jean Chrysostome.
 » Quand le mari et la femme s’unissent dans le mariage, ils n’apparaissent plus comme quelque chose de terrestre, mais comme l’image de Dieu lui-même.  » Cette parole de saint Jean Chrysostome fait voir dans le mariage une icône vivante de Dieu, une  » théophanie « . Clément d’Alexandrie va très loin dans sa conception :  » Qui sont les deux ou trois, rassemblés au nom du Christ, au milieu desquels se tient le Seigneur ? N’est-ce pas l’homme et la femme unis par Dieu ?  » (15). Il pose toutefois une condition :  » Il surpasse les hommes, celui qui s’est exercé à vivre… dans le mariage.., en demeurant inséparable de l’amour de Dieu (16).  »  » L’état du mariage est saint  » (17) parce qu’il anticipe le Royaume et constitue déjà une  » micrabasileïa  » (petit royaume), son image prophétique. Tout destin traverse le point crucial de son éros, chargé des poisons mortels et des révélations célestes, pour entrevoir l’Éros transfiguré du Royaume où l’on ne prend ni femme ni mari mais on est comme des anges dans les cieux (Mc 12, 25). Cette parole signifie : non pas des êtres ou des couples isolés, mais l’accord conjugal du Masculin et du Féminin, les deux dimensions de l’unique plérôme en Christ. L’alpha rejoint l’oméga : selon sainte Astérie, la première parole d’Adam, la chair de ma chair (Gn 2, 23), était une déclaration du masculin envers le féminin justement dans leur totalité (18).

LA FIN PROPRE DU MARIAGE
La distinction occidentale moderne entre la fin objective (procréation) et la fin subjective (la communauté conjugale) n’est pas suffisante, ne rend pas compte de la hiérarchie fondamentale. Les textes de l’Église orthodoxe (19), quand ils ne portent pas l’empreinte des manuels occidentaux (20), sont unanimes à placer le but de la vie conjugale dans les époux eux-mêmes. La théologie dogmatique du métropolite Macaire donne cette définition, la dernière en date, très claire et explicite, qui ne dit rien sur la procréation :  » Le mariage est un rite sacré : les époux se promettent fidélité réciproque devant l’Église, la grâce divine leur est conférée par la bénédiction du ministre de l’Église. Elle sanctifie leur union et offre la dignité de représenter l’union spirituelle du Christ et de l’Église. « 
La chute avait offusqué la lumière initiale. En parlant de l’adultère, à la place d’une  » chair « , terme complexe, saint Paul dit corps un (1 Co 6, 16), ce qui rend plus incisive la solitude spirituelle, la communion avortée. Origène (21) attire l’attention sur le premier chapitre de la Genèse, où il s’agit du mâle et de la femelle ; leur union naturelle place l’homme dans l’espèce, le soumet au commandement fait au règne animal :  » multipliez, soyez féconds « . L’homme survit dans sa progéniture et se hâte d’y trouver, dans une fiévreuse fécondité, la garantie de sa survie. Seul l’Évangile fait comprendre que ce n’est pas dans l’espèce, mais en Christ, que l’homme est éternel, qu’il dépouille le vieil homme et  » se renouvelle à l’image de celui qui l’a créé « . Le mariage place l’homme dans ce renouvellement. Le récit de l’institution du mariage se trouve dans le deuxième chapitre de la Genèse et parle de la  » seule chair  » sans aucune mention de la procréation. La création de la femme est une réplique à la parole  » il n’est pas bon que l’homme soit seul « . La communion conjugale est constitutive de la personne, car c’est  » homme-femme  » qui est l’image de Dieu. Tous les passages du Nouveau Testament traitant du mariage suivent le même ordre et ne parlent point de la fécondité (Mt 19 ; Mc 10 ; Ép 5). L’avènement de l’homme achève la création graduelle du monde. L’homme l’humanise, lui donne sa signification humaine et spirituelle. C’est en l’homme que la différenciation sexuelle trouve son sens et sa valeur propre, indépendamment de l’espèce.
L’économie de la Loi ordonnait la procréation pour perpétuer la race et accroître le peuple élu, afin d’atteindre la naissance du Messie. Or, dans l’économie de la grâce, la naissance des élus vient de la prédication de la foi. La côte d’où la femme était tirée n’a plus ce rôle utilitaire que lui donne la conception sociologique. Les Arabes d’aujourd’hui disent :  » Il est ma côte « , ce qui veut dire  » compagnon inséparable « .
Saint Jean Chrysostome déclare encore au IVe siècle :  » Il y a deux raisons pour lesquelles le mariage a été institué.., pour amener l’homme à se contenter d’une seule femme, et pour donner des enfants, mais c’est la première qui est la principale… Quant à la procréation, le mariage ne l’entraîne pas absolument… la preuve en est dans les nombreux mariages qui ne peuvent avoir d’enfants. C’est pourquoi la première raison du mariage, c’est de régler la vie sexuelle, maintenant surtout que le genre humain a rempli toute la terre  » (22).
À l’image de l’amour de Dieu le Créateur, l’amour humain s’ingénie à  » inventer  » un objet sur quoi il puisse se déverser. L’existence du monde n’ajoute rien à la plénitude de Dieu en soi ; c’est elle pourtant qui lui confère la qualité de Dieu ; il l’est, non pour soi-même, mais pour sa créature. De même l’union conjugale est une plénitude en elle-même (23). Toutefois elle peut aussi acquérir une nouvelle qualification de sa propre surabondance : la paternité et la maternité. L’enfant issu de la communauté conjugale la prolonge et réaffirme l’unité parfaite déjà formée. L’amour se déverse sur son reflet dans le monde et engendre l’enfant. Et quand l’enfant est né, la femme ne se souvient plus de son angoisse, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde (Jn 16, 21), un nouveau visage est appelé à devenir icône de Dieu.
La maternité est une forme particulière de la kénose féminine. La mère se donne à son enfant, meurt partiellement pour lui, suit l’amour de Dieu qui s’abaisse, répète en un certain sens la parole de saint Jean Baptiste : Il faut qu’il croisse et que je diminue (Jn 3, 30). Le sacrifice de la mère comporte l’épée dont parle Siméon. Dans ce sacrifice, chaque mère se penche sur Jésus crucifié.
Le culte de la Vierge-Mère exprime la vocation de toute femme, son charisme de protection et de secours. Il y a dans le monde un nombre de plus en plus grand d’êtres qui vivent comme ceux qui sont abandonnés de Dieu. Leur existence est un appel à tout foyer chrétien pour qu’il manifeste son sacerdoce conjugal, sa vraie nature d’église domestique qui ne reçoit que pour donner et se révèle ainsi une puissance de compassion et de secours afin de restituer au Père ses enfants prodigues (24).

L’ÉGLISE DOMESTIQUE
Clément d’Alexandrie (25) appelle le mariage la  » Maison de Dieu  » et lui applique la parole sur la présence du Seigneur : Je suis au milieu d’eux (Mt., 18, 20). Or, selon saint Ignace d’Antioche :  » Là où est le Christ, là est son Église « , ce qui fait voir clairement la nature ecclésiale de la communauté conjugale. Ce n’est pas non plus par hasard que saint Paul place son enseignement magistral sur le mariage dans le contexte de son épître sur l’Église, l’Épître aux Éphésiens. Il parle de 1’  » église domestique  » (Rm 16, 5), et à sa suite saint Jean Chrysostome, de la  » petite église « . Il y a plus ici qu’une simple analogie. Le symbolisme des Écritures relève d’une correspondance très intime entre les divers plans, qui les montre comme des expressions différentes de l’unique réalité.
Selon le quatrième Évangile (Jn 2, 1-11), le premier miracle du Christ a lieu pendant les noces de Cana. De par sa matière même — l’eau et le vin — il sert de prélude au Calvaire et annonce déjà la naissance de l’Église sur la Croix : Du côté percé, il sortit du sang et de l’eau (Jn 19, 34). Le symbolisme rapproche et apparente le lieu du miracle, les noces, à l’essence eucharistique de l’Église.
La présence du Christ confère aux fiancés un don sacramentel. C’est de lui que saint Paul parle en disant : Chacun a reçu de Dieu son charisme particulier (1 Co 7, 7). Sous son action l’eau des passions naturelles se transforme en  » ce fruit de la vigne « , le vin noble qui signifie la transmutation en  » amour nouveau « , amour charismatique jaillissant jusqu’au Royaume.
C’est pourquoi la Mère de Dieu, comme un ange gardien, se penche sur le monde en détresse : Ils n’ont plus de vin, dit-elle. La Vierge veut dire que la chasteté de jadis, en tant qu’intégrité de l’être, est tarie. II n’y a plus que l’impasse de la masculinité et de la féminité. Les vases destinés aux purifications des Juifs ne soit guère suffisants ; mais les  » choses anciennes sont passées  » ; la purification des ablutions devient Baptême,  » bain d’éternité « , afin d’ouvrir l’accès au Festin eucharistique du seul et unique Époux.
L’intercession de la Vierge hâte l’avènement : Faites tout ce qu’il vous dira… Tout homme sert d’abord le bon vin, puis le moins bon, le bon vin des fiançailles n’est qu’une promesse fugitive et s’épuise vite, la coupe nuptiale tarit : tel est l’ordre naturel. À Cana, cet ordre est renversé : Toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent, ce  » présent  » est celui du Christ, il est sans déclin. Plus les époux s’unissent en Christ, plus leur commune coupe, mesure de leur vie, se remplit du vin de Cana, devient miracle.
À Cana, Jésus  » manifesta sa gloire  » dans l’enceinte d’une ecclesia domestica. Ces noces, en fait, sont les noces des époux avec Jésus. C’est lui qui préside aux noces de Cana et, selon les Pères, préside toutes les noces chrétiennes. C’est lui qui est le seul et unique Fiancé dont l’ami entend la voix et se réjouit. Ce niveau des épousailles mystiques de l’âme et du Christ, dont le mariage est la figure directe, est celui de toute âme et de l’Église-Épouse.
Toute grâce dans sa mesure pleine est au terme d’un sacrifice. Les époux la reçoivent dès le moment où ils s’engagent, dans leur dignité sacerdotale, à se présenter devant le Père céleste et à lui offrir en Christ le sacrifice, le  » culte raisonnable « , l’offrande de toute leur vie conjugale. La grâce du ministère sacerdotal de l’époux et la grâce de la maternité sacerdotale de l’épouse forment et modèlent l’être conjugal à l’image de l’Église.
En s’aimant l’un l’autre, les époux .aiment Dieu. Chaque instant de leur vie jaillit en doxologie royale, leur ministère en chant liturgique incessant. Saint Jean Chrysostome apporte cette conclusion magnifique :  » Le mariage est une icône mystérieuse de l’Église (26).

LES SACREMENTS
Le grand liturgiste du XIVe siècle, Nicolas Cabasilas, définit ainsi les sacrements :  » Voilà la voie que notre Seigneur nous a tracée, la porte qu’il a ouverte… C’est en repassant par cette voie et cette porte qu’il revient vers les hommes  » (27). En effet, après l’Ascension, le Christ revient dans l’économie sacramentelle de l’Esprit Saint. Celle-ci continue sa visibilité historique et prend la place des miracles du temps de l’Incarnation.
La définition classique énonce :  » Le sacrement est une action sainte en laquelle, sous le signe visible, l’invisible grâce de Dieu est communiquée au croyant  » (28). Ils ne sont pas seulement des signes qui confirment les promesses divines ni des moyens pour vivifier la foi et la confiance, ils ne donnent pas seulement mais renferment la grâce et sont des véhicules, à la fois les instruments du salut et le salut même, tout comme l’Église l’est.
L’union du visible et de l’invisible est inhérente à la nature de l’Église. Pentecôte perpétuée, l’Église déverse la surabondance de la grâce à travers toute forme de sa vie. Mais l’institution des sacrements établit un ordre qui pose des limites à tout  » pentecôtisme  » sectaire désordonné et en même temps offre à tous et à chacun un fondement inébranlable, objectif et universel de la vie de grâce. L’Esprit souffle où il veut, mais dans les sacrements, en présence des conditions institutionnelles requises par l’Église et en vertu de la promesse du Seigneur, les dons de l’Esprit Saint, les événements, sont conférés sûrement et l’Église l’atteste. Ainsi tout sacrement comporte avant tout la volonté de Dieu que cet acte ait lieu, ensuite vient l’acte lui-même, le sacrement, et en troisième lieu le témoignage par l’Église de sa réception confirme le don conféré et reçu. Dans la pratique ancienne, l’axios (manifestation de l’accord) ou l’amen du peuple accompagnait et scellait tout acte sacramentel. En définitive, tous les sacrements conduisaient vers l’eucharistie qui, de par sa propre plénitude, parachevait le témoignage de l’Église. Un pareil consensus de la catholicité est un fait intérieur de l’Église. Un sacrement est toujours un événement dans l’Église, par l’Église et pour l’Église, il exclut tout ce qui isole de la résonance ecclésiale.
Ainsi pour le sacrement du mariage, le mari et la femme, avant tout, accèdent à la synaxe (29) eucharistique dans leur nouvelle existence conjugale. L’intégration à l’eucharistie témoigne de la descente de l’Esprit et du don reçu, et c’est pourquoi tout sacrement était toujours une partie organique de la liturgie eucharistique.
Le monde est confondu dans les ténèbres, mais ces dernières ne sont concevables que parce qu’elles sont percées par les trouées de la Lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde (Jn 1, 9). Les portes de l’Enfer ne prévaudront pas contre l’Église (Mt 16, 18), car jusqu’à la fin du monde les sacrements, ces flèches de feu, annoncent la puissance salvatrice de la Grâce et tracent un itinéraire fulgurant vers le Royaume.
Il y a longtemps que pour la masse le sacrement n’est plus ce mystère auquel est convié, chaque fois qu’il s’accomplit, le monde céleste tout entier ; qu’il n’est plus qu’une  » pratique « , un  » devoir religieux « , une forme comme une autre, qu’elle voudrait bien rendre aussi creuse que n’importe quel symbole de sa sociabilité. Or cette  » forme  » est toute remplie de la présence de Dieu, et le réalisme éclatant et redoutable des paroles bibliques nous le rappelle : Déchausse-toi, car ce lieu est saint (Ex 3, 5). L’Esprit fait de l’Église le lieu et ta raison d’être du monde. Il recule ses murs jusqu’aux confins de l’univers, et c’est dans l’Église que les fleurs s’épanouissent et que l’herbe pousse, que l’homme naît, aime, meurt et ressuscite.
La matière des sacrements n’est pas seulement un  » signe visible « , mais le substrat naturel qui se change en lieu de la présence des énergies divines. Dans le sacrement du mariage, la matière est l’amour de l’homme et de la femme. Selon Justinien,  » le mariage s’accomplit par le pur amour  » (Novelle 74, cap. 1), et pour saint Jean Chrysostome, c’est l’amour qui unit les aimants et les unit à Dieu (30). Sous la  » grâce édénique  » du sacrement, l’amour est transmué en communion charismatique. L’épître aux Éphésiens le montre substantielle miniature de l’amour nuptial du Christ et de l’Église.

L’INSTITUTION PARADISIAQUE
L’institution du mariage au paradis est une ancienne tradition très ferme. En parlant du mariage, le Seigneur se réfère à l’Ancien Testament : N’avez-vous pas lu ? (Mt 19, 4 ; Mc 10, 2-12). De même saint Paul (Ép 5, 31). Clément d’Alexandrie le dit clairement :  » Le Fils n’a fait que confirmer ce que le Père a institué  » (31). Dans la création de l’homme, Clément voyait le sacrement du baptême (32), et dans la communion d’amour du premier couple, l’institution divine du sacrement du mariage. Il parle même de la grâce paradisiaque du mariage (33). Par cette grâce, le mariage chrétien reçoit quelque chose de l’état conjugal avant la chute.
Clément dit même beaucoup plus :  » Dieu a créé l’homme : homme et femme ; l’homme signifie le Christ, la femme signifie l’Église  » (34). L’amour du Christ et de l’Église s’érige en archétype du mariage et préexiste ainsi au couple, car Adam est créé à l’image du Christ et Ève à l’image de l’Église. On comprend maintenant pourquoi le premier couple et tous les couples se réfèrent à cette unique image. Saint Paul a formulé l’essentiel : C’est un grand mystère ; je veux dire qu’il s’applique au Christ et à l’Église (Ép 5, 32). Mystère, mysterion ici a le sens d’un contenu d’une richesse inépuisable dont on jouira éternellement. Dans le texte de la Genèse, Paul lit une préfiguration prophétique, son sens caché maintenant est manifesté. Ainsi le mariage remonte au-delà de la chute ; archétype des rapports nuptiaux, il explique le nom d’Israël et ensuite de l’Église : épouse de Jahvé. Ni la chute ni le temps n’ont touché à sa réalité sacrée. Le rituel orthodoxe précise :  » Ni le péché originel, ni le déluge n’ont rien détérioré de la sainteté de l’union conjugale « . Saint Éphrem le Syrien ajoute :  » D’Adam jusqu’au Seigneur, l’authentique amour conjugal était le parfait sacrement  » (35). La sagesse rabbinique considérait l’amour conjugal comme l’unique canal de la grâce, même chez les païens (36). Saint Augustin enseigne de même :  » Le Christ à Cana confirme ce qu’il a institué au paradis  » (37). Saint Jean Chrysostome :  » Le Christ a apporté le don, et par le don il a honoré la cause  » (38). Le patriarche Jérémie II, dans sa lettre adressée aux théologiens protestants, indique Genèse, 2, 24, et déclare que le sacrement du mariage n’est que confirmé dans le Nouveau Testament (de même l’Ecloga, 2, 12, et l’encyclique des Patriarches orientaux). En effet le Christ n’a rien institué à Cana, mais sa présence revalorise et rehausse le mariage jusqu’à sa plénitude ontologique.

LA JOIE
L’anamnèse (souvenir) du paradis est plus qu’un simple rappel, sa grâce rédimée explique une joie très particulière, inhérente aux noces :  » Réjouissons-nous, faisons éclater notre joie « ,  » heureux les gens invités au festin des noces de l’Agneau  » (Ap 19, 9). Le Deutéronome (24, 5) déclare que tout homme nouvellement marié est libéré de toute charge, même du service militaire, afin de  » réjouir sa femme et de la rendre heureuse « .  » La femme apporte une plénitude et une consolation incessante pour le mari « , dit saint Jean Chrysostome (39). Le rite y revient constamment et fait entendre cette note claire :  » pour qu’ils se réjouissent « ,  » que vienne en eux la joie « ,  » Isaïe, exulte « ,  » et toi, épouse, sois dans la joie… et trouve ta joie dans ton mari « .
On peut même pressentir intuitivement que sans l’amour conjugal du premier couple, le paradis même perdrait quelque chose de sa plénitude, et ne serait même plus paradis ! Le mémorial du sacrement  » se souvient  » et du paradis et du Royaume et permet de vivre quelque chose de l’état édénique sur terre ; et c’est la  » grâce paradisiaque  » dont parle Clément, qui invite l’amour à transcender le terrestre vers les beautés célestes. Comme le dit si bien Paul Claudel, l’âme re-surgit  » non pas comme une vache pleine qui rumine sur ses pieds, mais comme une jument vierge, la bouche embrasée du sel qu’elle a pris dans la main de son maître… Par les fentes de la porte avec le vent de l’aube arrive l’odeur de l’herbage  » ouranien.
À Cana, dans la demeure du premier couple chrétien, le Verbe et l’Esprit président à la fête, et c’est pour cela qu’on boit le vin nouveau, le vin miraculeux qui apporte une joie qui n’est plus de cette terre. C’est  » l’ivresse sobre  » dont parle saint Grégoire de Nysse, et dont étaient  » accusés  » les apôtres le jour de la Pentecôte. La Pentecôte conjugale fait  » toutes choses nouvelles « . L’alliance de Dieu avec son peuple est conjugale. Jérusalem est parée des noms : fiancée de Jahvé et épouse de l’Agneau. Le rite du mariage mentionne expressément Isaïe car il chante l’allégresse divine : On ne te nommera plus délaissée… car Jahvé mettra son plaisir en toi… et comme la fiancée fait la joie de son fiancé, tu seras la joie de ton Dieu ! (Is 61 4-5). La joie du sacrement s’élève au niveau de la Joie divine.

Extrait du livre Sacrement de l’amour :
Le mystère conjugal à la lumière de la tradition orthodoxe,.
Desclée de Brouwer, 1980.

NOTES SUR LE SITE

 

UN PORTRAIT : SAINT IRÉNÉE DE LYON

28 juillet, 2015

http://www.taize.fr/fr_article6430.html

UN PORTRAIT : SAINT IRÉNÉE DE LYON

Dans la Lettre de Cochabamba, une note renvoie à ces mots de saint Irénée : « À cause de son amour infini, le Christ est devenu ce que nous sommes, afin de faire de nous pleinement ce qu’il est. »
Parce qu’elle nous permet de toucher du doigt le monde des tout premiers chrétiens, la figure d’Irénée exerce aujourd’hui une certaine fascination. Au deuxième siècle, il est né et a grandi dans la ville de Smyrne, sur la côte ouest de l’actuelle Turquie, là où il entendit prêcher le vieil évêque Polycarpe, disciple de l’apôtre Jean. Irénée deviendra lui-même plus tard le deuxième évêque de Lyon.
Irénée a été l’un des premiers penseurs chrétiens à donner une forme systématique à ses idées. Les textes les plus importants qui nous soient parvenus de lui sont les cinq livres Contre les hérésies. On peut sentir en les lisant, malgré un accès difficile, combien il met l’accent sur des idées qui sont encore importantes pour nous. Au coeur de sa foi repose la conviction que le Dieu invisible, inconnu, créateur de tout, a tellement aimé l’humanité qu’il est devenu un être humain comme nous. En prenant chair en Jésus, Dieu a voulu partager sa propre vie éternelle avec chaque personne humaine, et cela sans que notre nature fragile et contradictoire soit submergée ou anéantie, mais bien au contraire accomplie. Tout ce que nous sommes a été promis depuis toujours à une plénitude, dans et par la communion en Dieu.
Irénée est l’auteur de cette remarquable phrase, si souvent citée : « La vie en l’homme est la gloire de Dieu, la vie de l’homme est la vision de Dieu. » qui pourrait être traduite ainsi : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu. » (C.H., livre 4, 20:7). Ce qui rend la pensée d’Irénée particulièrement attirante est cette notion de « vie ». Chaque être humain a le désir d’une vie en plénitude et en vérité. Si on parle souvent aujourd’hui d’« aliénation » ou d’« absurdité », c’est précisément à cause de cette prise de conscience que quelque chose d’important manque à notre vie, quelque chose à chercher au-delà ou au lieu des satisfactions instantanées des sociétés consuméristes. Nous sommes invités à entrer dans une vie qui est simplement l’amour que Dieu désire partager avec nous ; frère Roger l’a souvent dit : « Dieu ne peut que donner son amour. »
Pour Dieu comme pour nous, l’amour est un don de soi. Dès lors, pour Irénée, Noël n’est pas seulement la belle histoire de la naissance d’un enfant, mais surtout la clef qui ouvre le sens de la vie : « Telle est la raison pour laquelle le Verbe s’est fait homme et le Fils de Dieu, Fils de l’homme : c’est pour que l’homme, en se mélangeant au Verbe et en recevant ainsi la filiation adoptive, devienne fils de Dieu. » (C.H. livre 3,19,1). Cela paraît tout à fait impossible. Toute définition du mot « Dieu » soulignera le fait que Dieu est complètement différent de tout ce que nous pouvons imaginer. De la même manière, toute définition de l’être humain a de fortes chances de mettre l’accent sur nos limites, notre fragilité et notre mortalité qui font obstacle à toute tentative de trouver un sens à la vie.
Sous-jacente à la pensée d’Irénée se trouve cette bouleversante affirmation qui vient de saint Jean : « Le Verbe s’est fait chair. » Exprimée dans les termes mêmes d’Irénée : « Le Verbe de Dieu, Jésus-Christ notre Seigneur, (…) à cause de son surabondant amour, s’est fait cela même que nous sommes afin de faire de nous cela même qu’il est. » (C.H., préface du livre 5) Les premiers chrétiens saisissaient comme par instinct l’unité de toutes choses. En tant qu’êtres humains nous faisons pleinement partie du monde matériel. Tout ce qui existe est créé et maintenu vivant par l’amour de Dieu, le créateur de toutes choses. L’acte de franchir l’immense gouffre qui le séparait du cosmos physique, en invitant l’être humain à une vie comme la sienne, Dieu ne l’a pas pensé après coup : c’était dès l’origine dans le projet de l’amour divin. Nous sommes aimés tels que nous sommes et pour ce que nous pouvons devenir dans la communion que Dieu nous offre. En partageant la lumière de l’amour éternel de Dieu, nous découvrons que nous sommes réellement faits pour une vie inespérée.

Dernière mise à jour : 19 février 2008

L’archange Raphaël.

27 juillet, 2015

L'archange Raphaël. dans images sacrée Arcangelo-20Rafaele_qrvxpwf3

http://digilander.libero.it/oroincensomirra2/san-raffaele-arcangelo.html

EN QUOI CONSISTE LE BONHEUR DE L’HOMME – SAINT AMBROISE – PRIÈRE (ITALIEN)

27 juillet, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010605_ambrogio_fr.html

EN QUOI CONSISTE LE BONHEUR DE L’HOMME – SAINT AMBROISE – PRIÈRE (ITALIEN)

1. »Au livre précédent nous avons traité des devoirs que nous estimions se rapporter à la beauté morale; en celle-ci nul n’a douté que se trouvait la vie heureuse que l’Écriture appelle la vie éternelle. Si grand est en effet le lustre de la beauté morale que c’est la tranquillité de la conscience et l’assurance de l’innocence qui font la vie heureuse. Et pour cette raison, de même que le soleil une fois levé dérobe à la vue le disque de la lune et toutes les autres lumières des étoiles, de même l’éclat de la beauté morale, lorsqu’elle resplendit dans la vérité et l’authenticité de son harmonie, fait disparaître toutes les autres réalités que l’on juge bonnes d’après le plaisir du corps, ou bien remarquables et brillantes d’après le monde.
2. Heureuse assurément la beauté morale qui ne s’apprécie pas d’après les jugements d’autrui, mais qui se connaît d’après ses propres sentiments, en tant que juge de soimême. En effet, elle ne recherche pas les opinions de la foule comme une sorte de récompense, et ne les redoute pas comme un châtiment. C’est pourquoi moins elle poursuit la gloire, plus elle s’élève au-dessus d’elle. De fait, pour ceux qui recherchent la gloire, cette récompense pour les réalités présentes est une ombre pour les réalités à venir: elle est un obstacle à la vie éternelle; ce qui est écrit dans l’Evangile : «En vérité je vous le dis, ils ont reçu leur récompense», l’est évidemment de ceux qui brûlent de divulguer, comme avec une trompette retentissante, la générosité qu’ils pratiquent à l’égard des pauvres. Il en va de même du jeûne qu’ils pratiquent par ostentation: «Ils ont, dit l’Évangile, leur récompense».
3. Il appartient donc à la beauté morale, soit de pratiquer la miséricorde, soit d’offrir le jeûne dans le secret, afin qu’il soit évident que tu n’attends ta récompense que de ton seul Dieu, et non pas aussi des hommes. Car celui qui l’attend des hommes, a sa récompense; tandis que celui qui l’attend de Dieu, a la vie éternelle que seul peut donner le maître de l’éternité, selon qu’il est écrit: «En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis». C’est pourquoi l’Ecriture a appelé ce qui est la vie heureuse, de façon plus significative, vie éternelle, afin de ne pas la laisser comme chose à apprécier d’après les opinions des hommes, mais pour la remettre au jugement divin.
4. C’est ainsi que les philosophes ont placé la vie heureuse, les uns dans le fait de ne pas souffrir comme Hiéronyme, d’autres dans la science de la nature comme Hérillus: Apprenant que la science avait été vantée de façon merveilleuse par Aristote et Théophraste, il l’établit, elle seule, comme souverain bien, quoique ceux-ci l’aient vantée comme un bien, mais non comme le seul bien. D’autres ont dit que la vie heureuse était le plaisir, comme Epicure; d’autres – comme Calliphon et Diodore après lui – l’ont ainsi entendue que l’un adjoignit au plaisir, l’autre à l’absence de douleur, la compagnie de la beauté morale, dans l’idée que sans elle il ne peut y avoir de vie heureuse. Zénon le stoïcien définit soul et souverain bien ce qui est beau moralement, tandis qu’Aristote ou Théophraste et tous les autres péripatéticiens affirmèrent que la vie heureuse réside certes dans la vertu, c’est-à-dire dans la beauté morale, mais que son bonheur est comblé en outre par les biens du corps et les biens extérieurs.
5. Or la divine Ecriture a placé la vie éternelle dans la connaissance de la Divinité et dans le profit de la bonne action. Car le témoignage de l’Evangile pour l’une et l’autre affirmation est surabondant. En effet, au sujet de la science, le Seigneur Jésus a ainsi parlé : «Or ceci est la vie éternelle qu’ils to connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé Jésus-Christ». Et au sujet des oeuvres il a ainsi répondu: «Tout homme qui aura abandonné sa maison ou ses frères ou ses soeurs ou sa mère ou ses fils ou ses champs à cause de mon nom, recevra le centuple et possédera la vie éternelle». »

Saint AMBROISE, Les Devoirs, II, I [1-3] – II [4-5].

Prière (italien)

Ti supplico, Signore,
dammi la felicità da sempre cercata,
struggente desiderio,
inappagato sogno.

Felicità che è pace del cuore,
frutto di vita onesta,
sguardo misericorde sul cosmo.

Felicità che è gioia della conoscenza,
disvelamento saporoso del mistero,
cammino senza inciampo verso la pienezza.

Felicità che è bellezza,
armonia delle forme,
inebriante cascata di luce.

Felicità che è amore corrisposto,
riposo dell’amante nell’amato,
ebbrezza reciproca,
parola divenuta silenzio,
silenzio mutato in verginale sguardo.

Ma, Signore,
se tu sei la Pace,
se tu, la Sapienza,
se tu, la Bellezza,
se tu, l’Amore,
perché cerco la felicità fuori di te?
e se tu sei in me,
perché la cerco fuori di me?

Ti supplico, Signore,
manifestati a me tu che vivi in me:
la tua pace inondi il mio cuore,
lo rallegri la tua luminosa sapienza,
lo diletti la tua trasparente bellezza,
arda del tuo amore, che placa e consuma.

Manifestati a me tu che vivi in me:
perché comprenda che tu sei la sola Felicità,
posseduta fin d’ora,
seme immarcescibile che fiorirà nei secoli senza confini.

ADAMUS, episc. Jennesis
sec. XII

 

HEUREUX CEUX QUI CONSOLENT

27 juillet, 2015

http://encontact.org/contenu.aspx?topic=Heureux_ceux_qui_consolent

HEUREUX CEUX QUI CONSOLENT

Jésus-Christ ne cesse jamais de nous manifester sa miséricorde et il veut que nous l’imitions.

de Charles F. Stanley

Nous pouvons penser que plus une église est grosse, plus elle plaît à Dieu, mais, en réalité, il s’intéresse beaucoup plus aux gens qu’aux édifices. La création témoigne de ce fait. Le Seigneur n’a pas créé la terre simplement pour qu’on en admire la beauté, mais pour qu’elle soit l’habitat idéal du couronnement de sa création : l’humanité.
Quand Jésus a amorcé son ministère terrestre, il s’est concentré aussi sur les êtres humains. Partout où il allait, il aidait ceux qui avaient des besoins physiques, émotionnels et spirituels. N’est-il donc pas sensé de croire que nous aussi devrions donner la priorité aux gens? Comme croyants, nous sommes appelés à nous édifier les uns les autres (1 Th 5.11) et à porter les fardeaux les uns des autres (Ga 6.2). Cependant, de nombreux chrétiens ont adopté un comportement « éponge ». Ils vont à l’église et assistent à des études bibliques, en en absorbant les vérités spirituelles, mais ils n’en « extraient » jamais quoi que ce soit pour en faire bénéficier autrui. La parole de Dieu devrait nous transformer et, à son tour, toucher les autres lorsque nous leur venons en aide.
Si nous ne faisons pas attention, nous pouvons traverser la vie sans rien voir, et oublier que des gens souffrent autour de nous. Certains chrétiens sont prompts à dire : « Eh bien, puisque je n’ai pas le don spirituel de la miséricorde, cela ne s’applique pas à moi. » Les croyants ont pourtant la responsabilité d’observer les pratiques spirituelles, et tous les enfants de Dieu devraient grandir dans ce domaine.
Si nous voulons apprendre à être empathiques, nous devons voir la situation des autres de leur point de vue et ressentir leurs émotions. Les gens affligés le sentent si nos tentatives de réconfort sont motivées par un amour authentique qui découle d’un cœur compréhensif ou si elles sont simplement des paroles vides. Nous constatons que Jésus a pu secourir les gens avec une réelle compassion; après tout, il est Dieu. Comment alors des personnes ordinaires sont-elles censées tendre la main aux gens comme il l’a fait?
EN RECONNAISSANT LA VALEUR DE LA SOUFFRANCE. Pour développer l’empathie en nous, le Seigneur se sert d’un des moyens les plus étonnants et efficaces : la souffrance. La Bible dit que Dieu est « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans l’affliction! » (2 Co 1.3,4.)
Même si personne n’aime rencontrer des difficultés et ressentir de la douleur, qui peut mieux éprouver de l’empathie pour une personne affligée que quelqu’un qui a traversé une sombre vallée et en est sorti? Parce que nous avons vécu une expérience douloureuse semblable à la leur, nous pouvons les assurer que le Seigneur est assez puissant pour les aider dans chaque situation. Nous tous, qui désirons être utiles à Dieu, devons nous laisser briser et reconnaître qu’il ne prévoit pas qu’aisance, confort et plaisir pour notre vie. Il nous a sauvés pour que nous aidions les autres, et nous transformer en personnes plus empathiques fait partie intégrante de son appel.
EN DISCERNANT LES BESOINS DES AUTRES. Si nous voulons exprimer efficacement de l’empathie à ceux que nous tentons d’aider, nous devons d’abord reconnaître leur état émotionnel et spirituel. Alors que nous marchons dans l’Esprit, vivant soumis à son autorité et à l’écoute de sa douce voix, Dieu nous donnera le discernement spirituel pour voir les gens et leur situation de son point de vue. Le Saint-Esprit nous touchera également en nous inspirant de la compassion pour les affligés et de l’amour pour les personnes peu attachantes.
Pour voir les gens comme Dieu les voit, nous devons reconnaître leur potentiel. Quand Christ regardait quelqu’un, il voyait non seulement la personne devant lui, mais aussi celle qu’elle pouvait devenir. Par exemple, quand Jésus a rencontré Simon Pierre, le pêcheur, il a vu un dirigeant de son Église. Il a reconnu que Saul, le persécuteur, deviendrait un jour un missionnaire évangéliste. C’est pourquoi nous ne devrions jamais traiter quiconque de cas désespéré. Rien qu’en sachant que quelqu’un voit leur potentiel, des gens peuvent parfois sortir de leur désespoir et être motivés à devenir une force puissante dans le royaume de Dieu.
EN LES AIDANT. Si nous voulons édifier et encourager les autres, nous devons personnellement leur tendre la main. Trop souvent, nous essayons d’entrer en contact avec eux de manière distante ou commode en leur envoyant des textos et des courriels, ou même en communiquant avec eux par téléphone. Rien ne peut cependant remplacer l’efficacité d’une interaction personnelle face à face. Ce n’est qu’au cours de ces rencontres que nous pouvons percevoir le langage corporel et les expressions faciales qui révèlent ce qui se passe vraiment dans leur cœur. Quand Jésus allait vers les gens pour répondre à leurs besoins, il entrait en contact avec eux sur trois plans : mental, en évaluant leur état, émotionnel, en leur montrant de la compassion, et physique, en soulageant leur souffrance.
EN ÉTANT PRÊTS À DONNER. Nous devons ensuite être prêts à répondre aux besoins de ceux qui traversent des difficultés. Cela exige toutefois beaucoup de discernement spirituel parce que le besoin le plus évident peut ne pas être le plus important. Soulager leur douleur ou les aider à se sortir d’une situation fâcheuse peut sembler la solution compatissante, mais Dieu vise parfois un but particulier en les éprouvant ainsi.
Quand Jésus s’est rendu dans le pays des Géraséniens, il a rencontré un homme possédé de démons dont le problème majeur semblait être son apparence et son comportement (Lu 8.26-35) : il ne portait pas de vêtements, il était couvert de blessures et criait d’une voix forte. Si Jésus avait dit à ses disciples de prendre soin des besoins immédiats de l’homme en le revêtant promptement, en lui demandant de s’asseoir tranquillement pour manger un repas et en discutant avec lui de ce qui le dérangeait, la situation aurait été chaotique. Pire encore, l’homme serait resté dans son état désespéré. Jésus a toutefois comblé son besoin le plus profond : la délivrance spirituelle. Après que Jésus eut chassé les démons, tout le reste est rentré dans l’ordre. Comme Christ, nous devons nous rappeler que nos bonnes intentions pour améliorer le sort des gens peuvent en fait nuire au plan de Dieu. Nous ne pouvons toutefois pas nous tromper en répondant à leurs besoins spirituels.
EN SE SERVANT DES DIFFICULTÉS. Nous avons tous connu des situations où nous étions si accablés par nos besoins que la seule chose que nous pouvions faire était de demander de l’aide. Dieu ne désire cependant pas que nous en restions là; une fois que nous sommes sortis de notre souffrance et avons reçu sa consolation, il veut que nous devenions des consolateurs pour les autres, en complétant ainsi le cycle décrit en 2 Corinthiens 1.3,4. Après avoir aidé une personne à traverser une sombre vallée, nous devons ensuite la mettre au défi de se servir de sa souffrance pour aider quelqu’un d’autre. C’est ce que Jésus a fait après avoir délivré l’homme possédé de démons. Il lui a dit : « Retourne dans ta maison, et raconte tout ce que Dieu t’a faitLu 8.39a).
Investir dans la vie des autres n’est pas toujours facile. Cela est parfois assez coûteux et exige du temps et de l’énergie émotionnelle. Christ nous a pourtant fait une promesse en Luc 6.38 : « Donnez, et il vous sera donné […] ». Ce verset ne parle pas seulement d’argent. Le Seigneur vous rendra tous les services que vous rendez pour lui. Si nous sacrifions notre temps pour aider quelqu’un, il nous donnera le temps nécessaire pour nous acquitter de nos responsabilités. Si l’aide que nous avons apportée à une personne nous a laissés épuisés sur le plan émotionnel, il promet de renouveler nos forces. Se donner pour les autres n’est pas une vie de privations, mais une vie de croissance spirituelle, de joie et de satisfaction.

Multiplication des pains

24 juillet, 2015

Multiplication des pains dans images sacrée moltiplicazione-pani-e-pesci

http://chiamatiallasperanza.blogspot.it/2012/08/le-perle-i-cani-i-porci-e-le-ceste-con.html

PAPE FRANÇOIS – TROIS STYLES DE VIE

24 juillet, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2015/documents/papa-francesco-cotidie_20150529_trois-styles-de-vie.html

PAPE FRANÇOIS – TROIS STYLES DE VIE

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Vendredi 29 mai 2015

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 25 du 18 juin 2015)

« Trois façons de vivre la vie ». Le Pape François les a indiquées en s’inspirant de l’extrait liturgique de l’Évangile de Marc (11, 11-25) qui propose justement trois attitudes liées à ces figures: celle « du figuier », celle des « affairistes du temple » et celle « de l’homme de foi ». Le figuier « représente la stérilité, c’est-à-dire une vie stérile, incapable de donner quoi que ce soit ». C’est-à-dire une vie qui ne porte pas de fruits, « incapable de faire le bien », car ce type d’homme « vit pour lui-même, tranquille, égoïste », il ne veut pas de « problèmes ». Dans l’extrait évangélique, Jésus maudit le figuier car il est stérile, « car il n’y a pas mis du sien pour donner des fruits », devenant ainsi le symbole de la « personne qui ne fait rien pour aider, qui vit uniquement pour lui-même, afin qu’il ne manque de rien ». Il y a ensuite une deuxième « façon de vivre la vie », et c’est celle « des exploiteurs, des affairistes dans le temple ». Ceux qui « exploitent également le lieu sacré de Dieu pour réaliser des affaires: ils échangent de l’argent, vendent les animaux pour le sacrifice, ils ont même parmi eux un syndicat pour se défendre. Cela était non seulement toléré, mais aussi permis par les prêtres du temple ». Pour mieux faire comprendre son propos, le Souverain Pontife a rappelé une autre scène, « très laide », racontée dans la Bible, qui décrit « ceux qui font de la religion une affaire » : c’est l’histoire du prêtre dont les enfants incitaient les gens à faire des offrandes et ils gagnaient beaucoup, même de la part des pauvres ». À leur égard, « Jésus ne mâche pas ses mots » et dit aux marchants du temple : « Ma maison sera appelée maison de prière, mais vous en avez fait une caverne de voleurs ! ». Un passage dur, sur lequel le Pape s’est arrêté : Les gens « se rendaient en pèlerinage là-bas pour demander la bénédiction du Seigneur, faire un sacrifice » mais là-bas « ces personnes étaient exploitées ». Les prêtres « n’enseignaient pas à prier, ils ne leur donnaient pas la catéchèse… C’était une caverne de voleurs ». Il leur importait peu qu’il s’agisse d’une vraie dévotion ou non. Il y a enfin la troisième typologie, et c’est celle que « conseille Jésus, à savoir la vie de la foi ». Pour la décrire, le Souverain Pontife a repris la lecture de l’Évangile de Marc et a rappelé le moment où les disciples virent le figuier desséché jusqu’à la racine « parce que Jésus l’avait maudit », Pierre lui dit : « Rabbi, regarde : le figuier que tu as maudit est desséché ! ». Et Jésus, se saisissant de l’occasion pour indiquer le bon « mode de vie » lui répondit : « Ayez foi en Dieu. Si quelqu’un dit à cette montagne : “Soulève-toi et jette-toi dans la mer”, et s’il n’hésite pas dans son cœur, mais croit que ce qu’il dit va arriver, cela lui sera accordé. Tout ce que vous demanderez par la prière, ayez foi et cela arrivera ». Par conséquent « il se passera exactement ce que nous demandons dans la foi: c’est « le mode de vie de la foi ». Certains pourraient demander : « Père, que dois-je faire pour cela ? ». Pour François, la réponse est simple : « Demande au Seigneur qu’il t’aide à faire de bonnes choses, mais avec la foi ». C’est simple, mais à « une seule condition », dictée par Jésus lui-même : « quand vous vous mettez à prier, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez. C’est l’unique condition pour que votre Père qui est aux cieux vous pardonne aussi vos fautes ». Vivre, ainsi, « la foi pour aider les autres, pour se rapprocher de Dieu », la foi « qui fait des miracles », tel est le troisième mode de vie suggéré. Le Souverain Pontife a pour cela résumé les trois voies possibles qui se présentent au chrétien : la première est celle de la « personne stérile » qui ne désire pas « donner des fruits dans la vie » et mène « une vie pratique, tranquille, sans problèmes et s’en va » : le mode de vie de celui qui ne se préoccupe pas de faire le bien. Il y a ensuite ceux « qui exploitent les autres, même dans la maison de Dieu, les exploiteurs, les affairistes du temple », ceux que Jésus « chasse » avec le fouet. Enfin, le mode de vie de celui qui a « confiance en Dieu » et sait que ce qui est demandé au Seigneur avec foi, « aura lieu ». En concluant, le Pape a invité tout le monde à demander au Seigneur — « dans le sacrifice de l’Eucharistie » — qu’il enseigne « à chacun d’entre nous, à l’Église », à ne jamais sombrer « dans la stérilité et dans l’affairisme ».

 

HOMÉLIE DU 17ÈME DIMANCHE DU T.O. : CINQ PAINS ET DEUX POISSONS

24 juillet, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU 17ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

26/07/2015

Les lectures du jour
http://levangileauquotidien.org/main.php?module=read&date=2015-07-26&language=FR

CINQ PAINS ET DEUX POISSONS

Quand nous lisons les textes bibliques de ce dimanche, nous sommes impressionnés par la place donnée aux chiffres : 20 pains d’orge pour cent personnes, cinq pains et deux poissons pour cinq mille hommes, douze paniers pleins de miettes… Et comment ne pas penser à d’autres chiffres qui en disent long : des centaines de milliers de tués dans les guerres, des millions d’affamés dans le monde, des dizaines de millions d’euros pour le transfert d’un footballeur. Ces chiffres nous dispensent de paroles ; ils deviennent parole. D’un côté c’est le cri d’admiration devant le miracle ; de l’autre, c’est l’horreur.
Ces chiffres nous en disent plus qu’un simple calcul mathématique. Dans les lectures bibliques de ce dimanche, ils nous montrent la disproportion entre la nourriture disponible et les besoins énormes : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ? » Nous aussi, nous sommes affrontés aux mêmes questions : devant toutes les catastrophes meurtrières, devant les guerres et les famines, nous nous sentons désemparés et impuissants : que pouvons-nous faire ?
Et c’est là qu’il nous faut revenir à l’Evangile et regarder ce que fait Jésus. En ce jour, il nous propose de revoir d’une autre manière notre table de multiplication. Tout d’abord, il accepte le modeste goûter d’un enfant. Rien n’aurait été possible si cet enfant n’avait accepté de tout donner. Dieu a besoin de nos gestes de partage pour réaliser de grandes choses. C’est ainsi que les cinq pains et les deux poissons ont servi à nourrir cinq mille hommes. Une précision : le pain d’orge c’est celui des pauvres. C’est avec ce pain des pauvres qu’il nourrit toute cette foule. Il fait totalement confiance à Dieu. Il sait que tout est possible pour Dieu.
Cet évangile nous renvoie à l’actualité de notre monde Comment ne pas penser à la famine qui ravage une grande partie de l’humanité ? Beaucoup se posent la question : Où est Dieu dans le Sahel ? Et même dans nos pays occidentaux, beaucoup n’ont pas le minimum pour survivre. Alors, nous nous sentons désemparés et impuissants devant l’immensité des besoins. Mais la parole de Jésus est toujours là dans l’évangile de Marc : « Donnez-leur vous-mêmes à manger ! » Il suffit du peu que nous avons, un peu d’amour, un peu de biens matériels et un peu de disponibilité pour vaincre la faim, celle du corps et celle du cœur. Ce peu, nous le remettons entre les mains du Seigneur. C’est avec cela qu’il peut réaliser de grandes choses.
Une autre question se pose : Jésus a nourri les foules un jour. Mais le lendemain, ils continueront à avoir faim. Ils se retrouveront dans une situation tout aussi misérable. Alors pourquoi Jésus a-t-il fait de tels actes sans rien changer aux situations ? Quand on veut lutter contre la famine, on ne se contente pas de donner à manger. On agit, en lien avec les organismes de solidarité, contre les causes qui provoquent la famine. Mais le but de Jésus n’est pas de changer les situations ; il est de changer le cœur les hommes. C’est aux hommes renouvelés par l’Evangile d’opérer les redressements nécessaires. Quand on est imprégné du message d’amour du Christ, plus rien ne peut être comme avant. L’important c’est que nous donnions le meilleur de nous-mêmes en lien avec ceux qui organisent la solidarité, Secours Catholique, CCFD et autres. Ce sont nos gestes d’amour et de partage qui font la valeur de notre vie.
En voyant Jésus devant ces foules, nous pensons à Moïse face au peuple des Hébreux. Nous nous rappelons qu’il l’avait conduit à travers le désert pour le guider vers la Terre promise. Jésus conduit l’humanité toute entière de l’autre côté du lac, vers le Père. Il nous appelle à le rejoindre sur la montagne pour vivre de l’alliance nouvelle et devenir enfants de Dieu. Il se présente à tous comme le vrai libérateur. Il est Celui qui nous fait passer de l’esclavage du péché à la vraie liberté, des ténèbres à la Lumière, de la mort à la Vie. C’est ainsi que la multiplication des pains est bien plus qu’un miracle ; c’est un signe qui nous parle de Dieu.
En lisant cet évangile, nous ne devons pas nous limiter au pain matériel. Bien sûr, ce pain est nécessaire pour notre vie. Mais le Christ voudrait nous inviter à faire un pas de plus. Il nous dit que Dieu est présent dans toutes les réalités et les événements de notre vie. C’est dans la foi que nous le rencontrons. Nous vivons de son amour. Autrefois, il a multiplié les pains. Ce geste est le signe de la multiplication de l’amour qu’il continue à réaliser en nous. Il nous envoie pour le distribuer à tous ceux et celles qui ont faim d’amour. Ainsi, il dépend de nous que le miracle ne s’arrête jamais, le miracle de l’amour entre les hommes.
« Nous sommes là, au cœur de la vie avec Dieu, au cœur de la vie de Dieu. » En ce dimanche, c’est lui qui nous rassemble autour de la table du Christ ressuscité pour partager son pain. Nous le supplions : « mets en nous ton Esprit Saint pour que nous entrions dans ton amour. » Amen
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau ; La Parole de Dieu pour chaque jour (V. Paglia) ; lectures d’Evangile d’un vieux prêtre de Montpellier ; Pensées sur l’Evangile de Marc (C. Schonborn) ; Homélies pour l’année B (Amédée BRUNOT) ; dossiers personnels…

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 26/07/2015)

SAINTE BRIGITTE DE SUÈDE -

23 juillet, 2015

 SAINTE BRIGITTE DE SUÈDE - dans images sacrée st_bridget

http://paolaserra97.blogspot.it/2014/07/santa-brigida-di-svezia-benedetto-xvi.html

LES RACINES CHRÉTIENNES DE L’EUROPE

23 juillet, 2015

http://www.steinbach68.org/racineschre.htm

LES RACINES CHRÉTIENNES DE L’EUROPE

Le cinquantenaire du traité de Rome offre à l’Église catholique de réinsister auprès des États sur l’héritage chrétien de l’Union européenne

D’où vient l’expression « racines chrétiennes de l’Europe »?
«Sans référence à Dieu, l’Europe ne pourra se construire sur des bases solides » : en 1948, Pie XII se réjouissait qu’au congrès de La Haye, première manifestation de l’Europe commune, une motion se réfère à
«l’héritage religieux de l’Europe» . L’attention de l’Église catholique, et en particulier du Saint-Siège, au caractère chrétien de la construction européenne est aussi ancienne que cette construction elle-même. Pie XII n’avait pas ménagé ses efforts au moment du traité de Rome de 1957, et on compte ultérieurement 93 interventions de Paul VI sur le sujet.
C’est avec Jean-Paul II, pape polonais marqué par les divisions internes du continent, que l’accent sur cet héritage devient le plus fort, dans un contexte occidental de plus en plus sécularisé. À Compostelle en 1982, il utilise pour la première fois le terme de « racines » , qui va devenir l’une des constantes de la diplomatie vaticane : «Je lance vers toi, vieille Europe, un cri plein d’amour: Retrouve-toi toi-même. Sois toi-même. Découvre tes origines. Avive tes racines. Revis ces valeurs authentiques qui ont rendu ton histoire glorieuse, et bienfaisante ta présence sur les autres continents. »
Vingt années plus tard, en 2003, l’exhortation apostolique post synodale Ecclésia in Europa reprend la même exhortation : « Les racines chrétiennes sont pour l’Europe la principale garantie de son avenir. Un arbre sans racines pourrait-il vivre et se développer ? »

Pourquoi une polémique ?
Coup de téléphone le 22 septembre 2000 de Lionel Jospin, premier ministre français, à Roman Herzog, président allemand: «La France est une République laïque et la référence à l’héritage religieux de l’Union européenne est inacceptable pour elle.» Tout est dit: la France ne souscrira jamais une charte où figure le mot « religion ». L’explication ? « Cela pose des problèmes philosophiques, parce que nos sociétés sont diverses du point de vue des religions; politiques, car nous sommes très attachés au principe de la laïcité; constitutionnels, parce que dans notre Constitution il n’existe aucune forme de référence à un héritage religieux» , commentera peu après Pierre Moscovici, ministre français des affaires européennes.
Ce refus provoque des réactions agacées des catholiques de l’Hexagone. «À vouloir rayer d’un trait de plume toute la dimension religieuse de notre héritage européen, on s’interdit de penser non seulement le passé, mais aussi le présent et l’avenir de l’Europe », avertit Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont et représentant de la France au sein de la Commission des épiscopats de la Communauté européenne (Comece), alors que des intellectuels catholiques signent une pétition de même esprit dans l’hebdomadaire Témoignage chrétien . La rédaction finale de la Charte, autour de la notion de « spiritualité », ne satisfait personne. Et deux ans plus tard, lors de l’élaboration de la Constitution (appuyée par les nouveaux adhérents de l’Europe de l’Est), le Saint-Siège demande une mention de l’héritage chrétien. En fond de tableau : le débat sur l’entrée de la Turquie.

L’expression « héritage culturel, religieux et humaniste » semble un compromis acceptable pour les épiscopats de l’Union.
Dans la rédaction finale du texte constitutionnel en 2003, l’expression «héritage culturel, religieux et humaniste» semble un compromis acceptable pour les épiscopats de l’Union. En réalité, comme le souligne Bérengère Massignon dans
Esprit (1), «deux idées de l’Europe s’affrontèrent, renvoyant à deux modes de construction de l’identité européenne» . D’un côté, un modèle allemand, se fondant sur le rappel des héritages passés communs; de l’autre, un modèle français, contractuel et universaliste. Pour les tenants du premier, la référence à l’héritage chrétien permettrait d’emporter l’adhésion des citoyens à la future Constitution; les autres voyaient dans l’Europe une identité déterminée d’abord par les droits de l’homme, sans référence explicite à Dieu.

Quel lien avec le cinquantenaire du traité de Rome ?
«Le Saint-Siège est reparti dans une offensive diplomatique sur les racines chrétiennes de l’Europe» , constate un diplomate en poste à Rome. Lorsqu’il sait avoir face à lui une oreille attentive (chefs de gouvernement allemand, irlandais ou d’un pays d’Europe de l’Est), Benoît XVI redit sa conviction à ce sujet. L’échec des référendums français et hollandais sur la Constitution lui donne des arguments: «On voit bien aujourd’hui que les peuples ne se sentent pas intégrés dans ce projet européen» , confie-t-on au Vatican. La remise de l’ouvrage sur le métier semble ouvrir une fenêtre: l’Église catholique s’active pour que «les racines chrétiennes» figurent dans l’appel de Berlin, qui sera proclamé ce 25 mars à l’occasion des 50 ans du traité de Rome. L’éloignement de la perspective d’ une entrée(du moi ns rapide) de l a Turquie dans l’UE permet aussi à l’Église d’exprimer ses convictions sans avoir l’air ’entrer en croisade. À Ankara, en novembre dernier, Benoît XVI avait précisé qu’il n’avait rien contre cette adhésion, appelant cependant au respect de la liberté religieuse comme socle de l’Europe.
L’offensive est menée avec prudence: «Le Saint-Siège est conscient qu’avec certains pays, toute intervention trop explicite serait plutôt contre-productive» ,constate un expert de l’Église catholique à Bruxelles. Tout dépend de la future Constitution, notamment de sa première partie. De ce point de vue, l’élection présidentielle française est regardée avec beaucoup d’attention à Rome. L’insistance sur les racines chrétiennes de l’Europe figure d’ores et déjà comme un des points d’ancrage de ce pontificat , dont le titulaire a choisi comme patronyme un grand saint dont les disciples évangélisèrent l’Europe: Benoît.

La Croix , ISABELLE DE GAULMYN
(1) Esprit, mars-avril 2007.

DES INSPIRATEURS CHRÉTIENS DU TRAITÉ
Trois hommes particulièrement, Robert Schuman, Konrad Adenauer et Alcide De Gasperi, formant une sorte de «directoire» européen après la Seconde Guerre mondiale, ont posé les bases de la future Union européenne. Le premier est lorrain né au Luxembourg, le second rhénan allemand, le troisième du Trentin italien. Tous trois sont catholiques. De langue germanique, ils appartiennent à des zones frontières.Les trois s’engagèrent en politique au début du XX e siècle. Tous trois s’opposèrent aux dictatures durant la guerre et connurent la prison. Mais leur point commun essentiel ,c’est l’appartenance à un parti chrétien, dans la ligne tracée par l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII(1891),à laquelle chacun d’eux se réfère souvent. Dans les racines de l’Union européenne se trouve ainsi une génération de catholiques pratiquants, convaincus que leur foi chrétienne devait être l’armature de leur engagement politique.

Robert Schuman
«Réserver le christianisme à la seule pratique du culte et des bonnes œuvres signifie en méconnaître et en limiter la mission.
Le christianisme, au contraire, est une doctrine qui entend définir le devoir moral dans tous les domaines, au moins dans ses principes généraux. Si elle n’a pas la prétention de donner une recette infaillible à tous les problèmes d’ordre pratique, où c’est l’opportunité qui doit dicter le choix, l’Église se préoccupe de voir protégés les grands intérêts de la personne humaine: sa liberté, sa dignité et son développement.»
Konrad Adenauer (signataire du traité de 1957)
«À la conception matérialiste du monde doit se substituer la vision chrétienne; aux principes fondamentaux du matérialisme nous devons opposer les principes de l’éthique chrétienne qui doivent devenir déterminants pour la construction de l’État et la limitation des pouvoirs, pour les droits et les devoirs des individus, pour la vie économique et sociale, pour les relations réciproques des peuples.»
In Aux racines chrétiennes de l’Union européenne (cité par Gerlando Lentini)

Alcide De Gasperi
«Quelle voie faut-il choisir pour maintenir ce qu’il y a de noble et d’humain dans les forces nationales ?Cela ne peut se faire qu’en vivifiant les forces nationales avec les idéaux communs de notre histoire, et en leur donnant comme champ d’action les différentes et grandioses expériences de la civilisation européenne commune.»
Discours devant le Conseil de l’Europe,1951

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