LA PRIERE JUIVE

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LA PRIERE JUIVE

Notre désir est que cet article aide les croyants à mieux connaître les Juifs et le mouvement messianique lié au peuple d’Israël. Mieux connaître c’est aussi mieux comprendre les pratiques et les coutumes du peuple d’Israël. Très tôt dans l’histoire de l’Eglise s’est développée une attitude anti-juive qui, de nos jours encore, influence la position du christianisme face au judaïsme. Une image faussée et déformée de la synagogue prévaut la plupart du temps.
LA SYNAGOGUE
Habituellement, elle désigne un bâtiment, mais son sens originel est « assemblée »; une assemblée de dix hommes, au minimum, que le judaïsme appelle le « minyane ». Ces hommes se regroupent dans le but de prier car pour les Juifs la prière collective est essentielle. Un minyane est donc composé d’au moins dix hommes et peut se réunir partout pour prier. Ce nombre de dix se réfère, entre autres, au récit de Genèse 18 : 32, lorsqu’Abraham implorait l’Eternel au sujet de Sodome et Gomorhe. Abraham a osé diminuer, chaque fois, le nombre de justes requis pour que D.ieu épargne la ville. D.ieu aurait épargné la ville s’il s’y était trouvé seulement dix justes. Cette approche est la base de la prière d’intercession pour la ville ou le pays. Elle nous plonge dans le mystère de la prière. Certains théologiens chrétiens ont vu une contradiction entre cette tradition du minyane et la déclaration de Yeshoua en Matthieu 18 : 20 : « Car là ou deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieux d’eux. » Le rabbin Elie Soloveitchik dans son commentaire de l’Evangile de Matthieu « Kol Koré » relève la déclaration suivante du Talmud « En quelque lieu où des hommes se réunissent pour adorer, où des justes siègent au tribunal et où un homme, même seul, s’adonne à l’étude de la Torah, la Chéhinah (la gloire de D.ieu) est présente. » (Abin Ben-Adda, Talmud : Berakot 6a).
Ce nombre obligatoire pour la prière en publique peut aussi être considéré comme une mesure de sécurité et de sagesse. On évite ainsi des erreurs suite à une décision prise par un trop petit nombre de personnes. Proverbes 14 : 28 : « Quand le peuple est nombreux, c’est l’ornement d’un roi ; quand la population diminue, c’est la ruine du prince. » Les Evangiles nous montrent Yéshoua (Jésus) menant la vie d’un Juif fidèle en ce qui concerne l’observation de la loi de Moïse. En Luc 4 : 19, il est dit que c’était son habitude d’aller à la synagogue le jour du shabbath. Dans les Evangiles la synagogue est mentionnée plus de 40 fois. La prière joue un rôle essentiel dans le judaïsme qui considère que D.ieu l’a prévue pour remplacer les sacrifices sanglant d’animaux devenus impossibles après la destruction du temple. Nous lisons à ce sujet dans Osée 6 : 6 « Car je veux, la loyauté et non les sacrifices, et la connaissance de D.ieu plus que les holocaustes. » Osée 14 : 3 dit également « Prenez avec vous des paroles de repentance et revenez à l’Eternel. Dites-lui : pardonne toute faute et reçois-nous favorablement ! Nous t’offrirons, au lieu de taureaux l’hommage de nos lèvres. »

LA PRIERE ET SES TROIS FORMES DANS LE JUDAISME
Les prières sont avant tout des bénédictions (Béni soit D.ieu…), des louanges et des actions de grâce ; les Juifs expriment également des requêtes personnelles. Ils rendent grâce à D.ieu pour la Création, pour le don de la Torah, pour la Chéhinah et pour la rédemption. C’est depuis l’époque d’Esdras que les synagogues se sont développées et devinrent des lieux de prière, d’étude de la Torah et de rassemblement. La prière est une affaire personnelle, mais le concept de la prière en commun existe aussi dans la Bible. La prière personnelle est une force ; ajoutée à celles des autres, elle devient encore plus puissante. Il en va de la prière comme d’une corde, plus ses brins sont nombreux, plus solide elle devient.
Les Juifs pieux prient trois fois par jour. Ces trois moments de prières se nomment : Cha’harite – prière du matin ; Min’ha – prière de l’après-midi ; Arvite – prière du soir. Les trois temps quotidiens de prière qui nous ont été transmis par Esdras, le scribe versé dans les Ecritures, correspondent aux moments des sacrifices ; les prières du matin et de l’après-midi aux sacrifices eux-mêmes, celles du soir, au sacrifice par le feu des entrailles des victimes du jour. La tradition enseigne que ce furent les patriarches, Abraham, Isaac et Jacob qui instituèrent la prière offerte trois fois par jour.
Selon la pensée hébraïque, David transcrivit toutes ses expériences dans les Psaumes. Tout ce qu’un homme peut vivre au cours de son existence s’y trouve écrit. C’est pourquoi, les Juifs les utilisent pour exprimer tous leurs besoins. Quand ils se trouvent au Mur Occidental, en dehors des services réguliers, ils récitent des Psaumes. Ils répandent ainsi leur cœur devant D.ieu. Il va de soi que les Juifs parlent également à D.ieu d’une manière spontanée.
« PESSOUKE DEZIMRA »
Les Juifs se préparent à la prière selon un rite qui sert à la purification du cœur et des pensées afin que celui qui prie ose se présenter devant D.ieu et son trône. Dans le temple le prêtre devait se laver les mains dans la cuve d’airain avant de vaquer à la prière et aux sacrifices. C’est par la lecture répétée chaque jour de certains Psaumes, de cantiques et de louange, que la communauté se prépare à se tenir devant D.ieu. « Pessouké Dezimra » signifie « texte de louange » et prépare l’assemblée à la prière du « Chema Israël » et de « Chemoné Esréh » l’un à la suite de l’autre. Les textes constituant Pessouké Dezimra sont les suivants 1 Chroniques 16 : 8-36, Psaumes 100 et 145 : 1 et pour terminer Exode 14 : 30, 15 : 19. La lecture de ces passages de la Bible est introduite par une bénédiction et se termine de même. La bénédiction qui introduit Pessouké Dezimra, nommé «Barouh Chéamar» est particulièrement significative. Selon la tradition, cette prière a été transcrite par les hommes de Grande Assemblée il y a environ 2400 ans. La prière « Barouh Cheamar » consiste en quatre vingt sept mots hébreux, ce qui représente la valeur numérique du terme « Paz » signifiant « or fin » Psaume 19 : 11. Le thème de cette prière est le nom de D.ieu avec ses multiples significations. Connaître ce nom, c’est connaître ses divers attributs, mentionnés brièvement dans cette prière.
Loué soit l’Eternel qui a créé l’univers par sa parole.
Loué soit celui dont l’action est conforme à la parole.
Loué soit celui qui ordonne et maintient.
Loué soit celui qui a tiré le monde du néant.
Loué soit celui qui étend sa miséricorde sur la terre.
Loué soit celui qui récompense ses fidèles.
Loué soit celui qui dissipe les ténèbres et fait naître la lumière.
Loué soit le Tout-Puissant qui est et qui existe éternellement.
Loué soit celui qui n’admet ni iniquité, ni oubli, ni partialité, ni don corrupteur dans le jugement ; il est juste dans toutes ses voies, bienfaisant dans toutes ses actions.
Loué soit le libérateur et Sauveur.
Loué soit celui qui a ordonné le repos à son peuple Israël le saint jour du Shabbath.
Loué soit-il, loué soit son Nom, et béni soit son souvenir d’éternité en éternité.
Sois loué, Eternel notre D.ieu, Roi de l’Univers, Roi tout-puissant et saint, principe de toute miséricorde, glorifié par la bouche de ton peuple, célébré et exalté par les louanges de tes pieux et fidèles serviteurs. Et par les cantiques de ton serviteur David nous te louons, ô Eternel notre D.ieu ! Nous te glorifions, nous publions ta puissance et ta majesté. Nous te proclamons notre Roi, nous te sanctifions et nous t’exaltons, ô toi notre Roi, notre Dieu unique et Eternel ! Sois loué Eternel, notre Roi, célébré par des actions de grâces.
Ce concept fondamental de la louange et des actions de grâces, lié à une profonde connaissance du Nom de D.ieu et au besoin de l’honorer, ressort d’une manière évidente des écrits de shaliah Paul. Il commence la plupart de ses lettres par la louange, en offrant des actions de grâce à D.ieu pour tout ce qu’Il fait à l’égard de son peuple. En Philippiens 4 : 6 Paul résume en un seul verset : « Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, par la prière et la supplication, avec des actions de grâce, faites connaître à D.ieu tout vos besoins ou demandes. »
Pessouké Dezimra se terminent par une prière nomée « Yichtaba’h » ce qui signifie « sois loué ». A nouveau le nom de D.ieu se trouve au cœur de cette prière. Les sages attirent l’attention sur la prédominance du nombre quinze dans cette prière. En hébreux, ce nombre est écrit au moyen des lettres yod et hé, deux des lettres du tétragramme sacré (yod, hé, vav, hé), jamais prononcé, qui est le nom même de D.ieu.
LE YICHTABA’H
« Loué soit ton Nom pour l’éternité, notre Roi, notre D.ieu, Roi puissant et saint dans le ciel et sur la terre. Car à toi appartiennent, Eternel notre D.ieu et D.ieu de nos pères, les hymnes et la louange, l’honneur et les cantiques, la sainteté et la domination, la victoire, la grandeur et la puissance, la gloire et la splendeur, la sainteté et la royauté, la bénédictions et les actions de grâce dés maintenant et pour l’éternité. Loué sois-tu, Eternel D.ieu Roi, grand par la renommée, seul digne de nos actions de grâce, auteur de toute merveille, toi qui daignes accepter nos hymnes de louange, Roi puissant et éternel, toi qui donne la vie au monde. »
Les quinze expressions de louange de cette prière sont : hymnes, louanges, honneur, cantiques, sainteté, domination, victoire, grandeur, puissance, gloire, splendeur, sainteté, royauté, bénédiction, action de grâce. On fait également la relation entre Yichtaba’h et les quinze cantiques des montées des Psaumes de 120 à 134 de David, ainsi nommés, car celui qui prie s’approche toujours plus de la présence de D.ieu.
Que le Dieu d’Israël vous bénisse au travers de cet article et qu’Il vous remplisse de sa bonté et de sa miséricorde.
Emmanuel Rodriguez
Fin de la première partie. La suite de cet article paraîtra au prochain numéro de TMPI.

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