Archive pour juin, 2015

St. Petersburg, Russia ,July 2006 > Christ Pantocrator -

8 juin, 2015

 St. Petersburg, Russia ,July 2006 > Christ Pantocrator - dans images sacrée 64261532.NVOisSRU.ChristPantocratorchrchofspilledblood

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KARL RAHNER – COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT SUIVANT DE LA 2E LETTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS (2 CO 6, 1-10)

8 juin, 2015

http://peresdeleglise.free.fr/auteurscontemporains/rahner2.htm

KARL RAHNER – COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT SUIVANT DE LA 2E LETTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS (2 CO 6, 1-10)

Extraits d’un Sermon prononcé le 1er dimanche de Carême, 10 mars 1957, commentant 2 Co 6, 1-10)
Commentaire de l’extrait suivant de la 2e lettre de Paul aux Corinthiens (2 Co 6, 1-10) :

« Puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car il est dit : « Au temps favorable, je t’exauce, au jour de salut, je te viens en aide ». Le voici maintenant le temps favorable, le voici le jour du salut. »

Extrait du Sermon de Karl Rahner :

« Nous le savons tous, la vie humaine n’est vécue qu’une fois et c’est à partir de cette unicité du temps que, tel un fruit, croît l’éternité. Nous autres chrétiens, nous savons que ce temps unique nous est donné par Dieu. Nous sommes appelés dans un temps déterminé et nous avons un temps dont nous ne décrétons pas la longueur : c’est Dieu qui la détermine. Dans ce temps, encore une fois, chaque moment est unique et précieux, car, en définitive, aucun moment ne peut être remplacé par un autre. Et puisque nous autres chrétiens, nous sommes, en tant que chrétiens, appelés dans le temps du Christ, puisqu’on nous prêche la Parole de Dieu révélée, la Parole de sa réconciliation, de son amour, de sa miséricorde, puisque la Parole de Dieu faite chair appartient à notre temps, c’est donc que le jour du salut est vraiment là ainsi que le moment favorable, le moment convenable, le moment opportun, selon la trauction qu’on pourrait peut-être aussi donner à ce mot chez Paul. C’est pourquoi Paul affirme (et l’Eglise le dit avec lui maintenant, au début de ce temps de Carême) : c’est maintenant le temps favorable, le « Kairos » pour vous, c’est maintenant le jour du salut. Ce maintenant n’existe pas toujours, mais il passe ; ce maintenant est un don qui n’est pas en notre pouvoir. Peut-être avons-nous encore une longue vie devant nous, peut-être vivrons-nous encore de nombreux Carêmes, et pourtant chaque moment de notre vie est précieux et chacun est un don de Dieu. Souvent nous aimerions bien avoir d’autres temps, dans l’histoire du mondee et dans notre vie. Peut-être avons-nous un temps de détresse, et nous aimerions avoir un temps de joie. Peut-être aimerions-nous connaître des temps magnifiques et nous avons un temps de travail pauvre, pénible, monotone, ennuyeux, dont – croyons-nous – il ne sort pas grand-chose. Et pourtant, de chacun de nos instants, l’Ecriture peut dire : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut : ce jour que tu as maintenant, l’heure qui t’est donnée maintenant. Sans cesse nous devrions, de toute la force de notre coeur, adresser à Dieu cette prière : Donne-moi la lumière et la force pour reconnaître le temps que j’ai maintenant comme tu veux que je le reconnaisse : comme quelque chose qu’il faut peut-être supporter et qui est peut-être ennuyeux et amer, comme l’heure, peut-être, de la mort et de la lente agonie, mais surtout comme ton heure, comme le don que tu me fais, et comme le jour de ton salut.
Si nous commencions ainsi chaque journée, si nous acceptions chaque heure de la main de Dieu, c’est-à-dire de là d’où elle nous vient vfraiment, si nous ne nous plaignions pas, si nous ne nous attaquions pas à la situation dans laquelle nous sommes placés sans pouvoir y échapper, mais si nous disions avec foi et humilité, dans la force de l’Esprit et dans la lumière du Seigneur : c’est maintenant le jour du salut, l’heure du salut, le moment favorable, d’où peut surgir mon éternité, est-ce que notre vie ne serait pas alors mieux vécue ? Est-ce qu’alors nos journées – même si, humainement, elles sont vides et désolées – ne seraient pas plus remplies, plus lumineuses, plus grandes, plus larges et plus heureuses de ce bonheur secret que le chrétien peut connaître même sur la croix et dans la désolation. Redisons une fois encore avec l’Apôtre : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut. Ô Dieu, donne-nous dans ta grâce la lumière et la force de reconnaître et de vivre le jour, le moment tel que tu ne cesses de nous le donner : comme le don que tu nous fais, comme ta grâce et comme notre mission, afin que de ce temps, de ce temps favorable du salut germe ton éternité. »
(Sermon cité in Homélies et méditations, Salvator, 2005, pp. 223-225)

LE « CREDO » CONTRE LES FAUX DIEUX – par Sandro Magister

8 juin, 2015

http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350355?fr=y

LE « CREDO » CONTRE LES FAUX DIEUX

C’est l’objectif prioritaire de l’année de la foi que Benoît XVI a voulue. Rapprocher les hommes de l’unique vrai Dieu. Et renverser de leur trône les fausses divinités qui dominent le monde

par Sandro Magister

ROME, le 1er novembre 2012 – Une bataille navale dans l’obscurité de la tempête. C’est le spectacle que l’Église donnait d’elle-même après le premier concile œcuménique de l’histoire, celui de Nicée, au IVe siècle.
Benoît XVI aime à le rappeler aux prophètes de malheur d’aujourd’hui. Cette bataille de tous contre tous – dit-il – a fini par produire le « Credo », ce même « Credo » que l’on proclame à toutes les messes dominicales. Ce ne fut pas un désastre, mais une victoire de la foi.
C’est bien là que se trouve la différence entre jadis et aujourd’hui. La crise profonde que l’Église traverse actuellement est une crise de la foi. Le pape Joseph Ratzinger en est tellement convaincu que, le 11 octobre dernier, il a voulu inaugurer une année spéciale, une année de la foi, et que chaque mercredi, jour de ses audiences publiques hebdomadaires, il s’est mis à expliquer le « Credo » article par article.
Théologien, le pape se fait catéchiste. Son rêve est qu’un grand nombre de gens, dans le monde entier, prennent exemple sur lui et recommencent à enseigner aux hommes « les vérités centrales de la foi à propos de Dieu, de l’homme, de l’Église, de toute la réalité sociale et cosmique », en somme l’abc de la foi chrétienne.
Allant encore plus au fond des choses, Benoît XVI a indiqué, à plusieurs reprises, que la « priorité » de son pontificat était de ramener les hommes à Dieu, et « pas à un dieu quelconque », mais à ce Dieu qui a révélé son visage en Jésus crucifié et ressuscité.
Parce que le déclin du « Credo in unum Deum » dans les pays de vieille chrétienté a coïncidé précisément avec la montée d’autres dieux au firmament. Cela aussi, c’est un fait récurrent dans l’histoire. Dans l’Église des premiers siècles, celle des persécutions et des martyrs, le drame le plus aigu était celui des « lapsi », ceux qui succombaient à la tentation de brûler de l’encens en l’honneur du « divus imperator » pour sauver leur vie. Ils étaient extrêmement nombreux et les puristes, sectaires, voulaient les chasser en tant qu’apostats. L’Église les garda parmi ses enfants et élabora de nouvelles formes de confession, de pénitence, de pardon. Ce sacrement qui aujourd’hui, de nouveau, est le plus en danger.
Les nouveaux dieux, Benoît XVI les appelle par leur nom. Il l’a fait, par exemple, lors de la mémorable « lectio divina » qu’il a prononcée devant plus de deux cents évêques à l’occasion de l’avant-dernier synode.
Les nouveaux dieux, ce sont les « capitaux anonymes qui réduisent l’homme en esclavage ».
C’est la violence terroriste « exercée apparemment au nom de Dieu » mais en réalité « au nom de fausses divinités qu’il faut démasquer ».
C’est la drogue qui, « comme une bête vorace, étend ses mains sur toute la terre et détruit ».
C’est « la manière de vivre qui est répandue par l’opinion publique : aujourd’hui c’est comme cela, le mariage ne compte plus, la chasteté n’est plus une vertu, et ainsi de suite ».
L’opinion de Benoît XVI – une opinion qu’il a de nouveau exprimée récemment dans la préface aux deux volumes de ses « opera omnia » qui contiennent les écrits conciliaires – est que c’est justement là que se trouvent la force et la faiblesse de Vatican II, au cinquantième anniversaire duquel il a fixé l’année de la foi.
Le concile a voulu redonner de la vigueur à l’annonce de la foi chrétienne au monde d’aujourd’hui, sous des formes « mises à jour ». Et il y est en partie parvenu. Mais il n’a pas su aller jusqu’au cœur de « ce qui est essentiel et constitutif de l’époque moderne ».
Il est vrai, par exemple, qu’il a fallu à l’Église le coup de fouet des Lumières pour qu’elle redécouvre la conception de la liberté de religion qui avait été celle de la chrétienté de l’Antiquité. Sur ce point, le pape Ratzinger est d’accord avec le cardinal Carlo Maria Martini : l’Église était vraiment « en retard de deux cents ans en ce domaine ».
Mais le pape est encore davantage d’accord avec le cardinal Camillo Ruini, lorsque celui-ci objecte que, de toute façon, « il doit y avoir une distance de l’Église par rapport à n’importe quelle époque, y compris par rapport à la nôtre mais aussi par rapport à celle où Jésus a vécu », une distance « qui nous appelle à convertir non seulement les personnes, mais aussi la culture et l’histoire ».
Cette distance, les Parvis des Gentils organisés par le cardinal Gianfranco Ravasi la mettent en évidence, en donnant à la culture de notre époque, éloignée de Dieu, des occasions de s’exprimer.
Mais ce qui est le plus important pour le pape Ratzinger, c’est que les faux dieux soient renversés de leur trône, afin que les hommes retrouvent le seul vrai Dieu.
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Cette note a été publiée dans « L’Espresso » n° 33 du 2012, en vente en kiosque à partir du 2 novembre, à la page d’opinion intitulée « Settimo cielo », confiée à Sandro Magister.

 

La Cene et le Lavement Des Pieds

5 juin, 2015

 La Cene et le Lavement Des Pieds  dans images sacrée 11%20ENLUMINURE%20PERICOPE%20D%20H%20II%20LA%20CENE

http://www.artbible.net/3JC/-Mat-26,26_The%20last%20supper_La%20Cene/2nd_15th_Siecle/slides/11%20ENLUMINURE%20PERICOPE%20D%20H%20II%20LA%20CENE.html

BENOÎT XVI – SOLENNITÉ DE LA FÊTE.DIEU (2007)

5 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070607_corpus-christi.html

MESSE ET PROCESSION EUCHARISTIQUE À LA BASILIQUE DE SAINTE MARIE MAJEURE
EN LA SOLENNITÉ DE LA FÊTE.DIEU

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI

Parvis de la Basilique Saint-Jean-de-Latran

Chers frères et sœurs!

Il y a quelques instants, nous avons chanté dans la Séquence: « Dogma datur christianis / quod in carnem transit panis / et vinum in sanguinem – C’est un dogme pour les chrétiens: / que le pain se change en son corps, / que le vin devient son sang ». Aujourd’hui, nous réaffirmons avec une grande joie notre foi dans l’Eucharistie, le Mystère qui constitue le cœur de l’Eglise. Dans la récente Exhortation post-synodale Sacramentum caritatis, j’ai rappelé que le Mystère eucharistique « est le don que Jésus Christ fait de lui-même, nous révélant l’amour infini de Dieu pour tout homme » (n. 1). C’est pourquoi la fête du Corpus Domini est une fête particulière et constitue un rendez-vous de foi et de louange pour chaque communauté chrétienne. C’est une fête qui a trouvé son origine dans un contexte historique et culturel précis: elle est née dans le but bien précis de réaffirmer ouvertement la foi du Peuple de Dieu en Jésus Christ vivant et réellement présent dans le Très Saint Sacrement de l’Eucharistie. C’est une fête instituée pour adorer, louer et rendre grâce publiquement au Seigneur, qui « continue de nous aimer « jusqu’au bout », jusqu’au don de son corps et de son sang » (Sacramentum caritatis, n. 1).
La célébration eucharistique de ce soir nous reconduit à l’atmosphère spirituelle du Jeudi Saint, le jour où le Christ, la veille de sa Passion, institua la Très Sainte Eucharistie au Cénacle. Le Corpus Domini constitue ainsi une reprise du mystère du Jeudi Saint, presque en obéissance à l’invitation de Jésus de « proclamer sur les toits » ce qu’Il nous a dit dans le creux de l’oreille (cf. Mt 10, 27). Les Apôtres reçurent le don de l’Eucharistie du Seigneur dans l’intimité de la Dernière Cène, mais il était destiné à tous, au monde entier. Voilà pourquoi il doit être proclamé et exposé ouvertement, afin que chacun puisse rencontrer « Jésus qui passe », comme cela avait lieu sur les route de Galilée, de Samarie et de Judée; afin que chacun, en le recevant, puisse être guéri et renouvelé par la force de son amour. Chers amis, tel est l’héritage perpétuel et vivant que Jésus nous a laissé dans le Sacrement de son Corps et de son Sang. Un héritage qui demande d’être constamment repensé, revécu, afin que, comme le dit le vénéré Paul VI, il puisse « imprimer son efficacité sans limites sur tous les jours de notre vie mortelle » (Audience générale du 24 mai 1967, Insegnamenti, V [1967], p. 779).
Toujours dans l’Exhortation post-synodale, en commentant l’exclamation du prêtre après la consécration: « Il est grand le mystère de la foi! », j’observais: à travers ces paroles, il « proclame le mystère qui est célébré et il manifeste son émerveillement devant la conversion substantielle du pain et du vin en corps et en sang du Seigneur Jésus, réalité qui dépasse toute compréhension humaine » (n. 6). Précisément parce qu’il s’agit d’une réalité mystérieuse qui dépasse notre compréhension, nous ne devons pas nous étonner si, aujourd’hui encore, de nombreuses personnes ont du mal à accepter la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Il ne peut en être autrement. Il en fut ainsi depuis le jour où, dans la synagogue de Capharnaüm, Jésus déclara publiquement être venu pour nous donner en nourriture sa chair et son sang (cf. Jn 6, 26-58). Ce langage apparut « dur » et de nombreuses personnes se retirèrent. A l’époque, comme aujourd’hui, l’Eucharistie demeure « un signe de contradiction » et ne peut manquer de l’être, car un Dieu qui se fait chair et se sacrifie pour la vie du monde met en crise la sagesse des hommes. Mais avec une humble confiance, l’Eglise fait sienne la foi de Pierre et des autres Apôtres, et proclame avec eux, tout comme nous proclamons: « Seigneur, à qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Renouvelons nous aussi ce soir la profession de foi dans le Christ vivant et présent dans l’Eucharistie. Oui, « c’est un dogme pour les chrétiens, / que le pain se change en son corps / que le vin devient son sang ».
A son point culminant, la Séquence, nous a fait chanter: « Ecce panis angelorum, / Factus cibus viatorum: / vere panis filiorum – Le voici, le pain des anges, / il est le pain de l’homme en route, / le vrai pain des enfants de Dieu ». Et par la grâce du Seigneur, nous sommes ses enfants. L’Eucharistie est la nourriture réservée à ceux qui, dans le Baptême, ont été libérés de l’esclavage et sont devenus ses enfants; c’est la nourriture qui les soutient sur le long chemin de l’exode à travers le désert de l’existence humaine. Comme la manne pour le peuple d’Israël, ainsi, pour chaque génération chrétienne, l’Eucharistie est la nourriture indispensable qui la soutient tandis qu’elle traverse le désert de ce monde, asséché par les systèmes idéologiques et économiques qui ne promeuvent pas la vie, mais lui portent atteinte; un monde où domine la logique du pouvoir et de l’avoir plutôt que celle du service et de l’amour; un monde où triomphe souvent la culture de la violence et de la mort. Mais Jésus vient à notre rencontre et nous confère la certitude: Lui-même est « le pain de la vie » (Jn 6, 35.48). Il nous l’a répété dans les paroles du Chant à l’Evangile: « Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra à jamais » (Jn 6, 52).
Dans le passage évangélique que nous venons de proclamer, saint Luc, nous rapportant le miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poissons avec lesquels Jésus nourrit la foule « dans un endroit désert », conclut en disant: « Ils mangèrent et furent tous rassasiés » (cf. Lc 9, 11b-17). Je voudrais souligner en premier lieu ce « tous ». Le désir du Seigneur est, en effet, que chaque être humain se nourrisse de l’Eucharistie, car l’Eucharistie est pour tous. Si, dans le Jeudi Saint, est souligné la relation étroite qui existe entre la Dernière Cène et le mystère de la mort de Jésus sur la croix, aujourd’hui fête du Corpus Domini, avec la procession et l’adoration commune de l’Eucharistie, l’attention est attirée sur le fait que le Christ s’est immolé pour l’humanité tout entière. Son passage entre les maisons et dans les rues de notre ville sera pour ceux qui y habitent un don de joie, de vie immortelle, de paix et d’amour.
Dans le passage évangélique, un second élément saute aux yeux: le miracle accompli par le Seigneur contient une invitation explicite à offrir à chacun sa propre contribution. Les deux poissons et les cinq pains indiquent notre contribution pauvre mais nécessaire, qu’Il transforme en don d’amour pour tous. « Le Christ, encore aujourd’hui, – ai-je écrit dans l’Exhortation post-synodale mentionnée – continue à exhorter ses disciples à s’engager personnellement » (n. 88). L’Eucharistie est donc un appel à la sainteté et au don de soi à nos frères, car « la vocation de chacun de nous consiste véritablement à être, avec Jésus, pain rompu pour la vie du monde » (ibid.).
Notre Rédempteur nous adresse cette invitation en particulier à nous, chers frères et sœurs de Rome, réunis sur cette Place historique autour de l’Eucharistie: je vous salue tous avec affection. Mon salut s’adresse avant tout au Cardinal-Vicaire et aux Evêques auxiliaires, aux autres vénérés Frères Cardinaux et Evêques, ainsi qu’aux nombreux prêtres et diacres, aux religieux et aux religieuses, et aux nombreux fidèles laïcs. Au terme de la Célébration eucharistique, nous nous rassemblerons en procession, comme pour porter idéalement le Seigneur Jésus à travers toutes les rues et les quartiers de Rome. Nous le plongerons, pour ainsi dire, dans le quotidien de notre vie, afin qu’Il marche où nous marchons, afin qu’Il vive où nous vivons. Nous savons, en effet, comme nous l’a rappelé l’Apôtre Paul dans la Lettre aux Corinthiens, que dans toute Eucharistie, également dans celle de ce soir, nous « annonçons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (cf. 1 Co 11, 26). Nous marchons sur les routes du monde en sachant qu’Il est à nos côtés, soutenus par l’espérance de pouvoir un jour le voir à visage découvert dans la rencontre définitive.
En attendant, dès à présent, nous écoutons sa voix qui répète, comme nous le lisons dans le Livre de l’Apocalypse: « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). La fête du Corpus Domini veut rendre perceptible, en dépit de notre surdité intérieure, le Seigneur qui frappe à notre porte. Jésus frappe à la porte de notre cœur et nous demande d’entrer non seulement l’espace d’un jour, mais pour toujours. Nous l’accueillons avec joie, en élevant vers Lui l’invocation commune de la Liturgie: « O bon Pasteur, notre vrai pain, / ô Jésus, aie pitié de nous, [...] Toi qui sais tout et peux tout / toi qui sur terre nous nourris, conduis-nous au banquet du ciel / en compagnie de tes saints ». Amen!

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DU SAINT SACREMENT: PAIN ROMPU POUR UN MONDE NOUVEAU

5 juin, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE POUR LA FÊTE DU SAINT SACREMENT – 07/06/2015

PAIN ROMPU POUR UN MONDE NOUVEAU

Nous célébrons aujourd’hui la fête du Corps et du Sang du Christ. Pour comprendre cette fête, il faut se rappeler que le mot « Corps » n’a pas la même signification qu’aujourd’hui. Dans le monde de la Bible, il ne désigne pas seulement le Corps physique mais la personne tout entière. Quand nous lisons que Jésus livre son Corps pour nous et pour la multitude, cela signifie qu’il s’est entièrement donné pour le salut du monde.
Dans la première lecture, nous voyons le peuple Hébreu qui se trouve rassemblé devant Moïse. C’est l’histoire d’un Dieu qui fait alliance avec son peuple. Cette alliance est symbolisée par le sang versé sur l’autel puis sur l’assemblée. Nous savons que le sang c’est la vie. Sans avoir une connaissance exacte de son rôle, les gens avaient bien vu que la perte de sang conduisait à la mort. Actuellement, nous voyons qu’un sang donné peut sauver des vies. Le sang est porteur de vie. C’est donc un pacte de vie qui lie Dieu et son peuple. A chaque messe, c’est le même Dieu qui rejoint les communautés réunies en con nom. Comme les Hébreux, nous y redisons notre joie d’être aimés et choisis par Dieu.
La lettre aux Hébreux (2ème lecture) s’adresse à des chrétiens qui restaient fascinés par les cultes sacrificiels juifs. Ils regrettent de ne pas trouver cette splendeur dans les célébrations chrétiennes. Ce qu’ils doivent bien comprendre, c’est que les sacrifices de l’ancienne alliance n’étaient qu’un point de départ. Le véritable don du sang qui nous fait participer à la vie même de Dieu c’est celui qu’a accompli le Christ sur la croix. Il nous a arrachés à l’emprise du mal en nous proposant de vivre de son amour. C’est là le véritable sacrifice. A chaque messe, nous assistons « en direct » au moment où Jésus a fait don de sa vie. C’est la victoire de la vie sur la mort et nous en recevons les fruits.
L’Évangile nous parle du dernier repas de Jésus au soir du Jeudi Saint. En lisant ce récit de plus près, nous remarquons un point qui risque de passer inaperçu. Les disciples ne disent pas : « pour que nous mangions la Pâque » mais « pour que TU manges la Pâque ». C’est comme si le repas pascal était celui de Jésus seul. Pour l’évangéliste, c’est une manière de relier le repas pascal juif à Jésus. Ce repas devient celui de Jésus : « Ceci est mon Corps… Ceci est mon sang ». Le rite de l’alliance de l’Ancien Testament est repris ; mais le véritable Agneau Pascal immolé et mangé, c’est Jésus lui-même. Il se livre pour libérer l’humanité tout entière de ce qui l’éloigne de Dieu.
Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que l’Eucharistie est « le sacrifice de toute l’Église ». Cela nous est rappelé à la fin de l’offertoire. Ce sacrifice ce n’est pas seulement celui de l’assemblée présente à l’église. A travers cette assemblée, c’est toute l’Église qui fait monter sa prière vers le Seigneur. Et quand le prêtre dit avant la communion « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », il ne s’adresse pas seulement aux fidèles présents mais au monde. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous pour être leur nourriture et leur serviteur. Il aime chacun d’un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
Dans ce grand mystère de l’Eucharistie, il y a un point important qu’il ne faut jamais oublier : nous savons qu’au moment de la Consécration, le pain et le vin deviennent le Corps et le sang de Jésus. Mais c’est surtout nous-mêmes et notre monde que le Seigneur veut consacrer et diviniser. C’est nous-mêmes qu’il veut remplir de sa présence. Ce don n’est pas seulement réservé à ceux qui sont rassemblés dans l’église. Il est pour tous. Jésus a été envoyé au monde non pour le juger mais pour le sauver.
Voilà ce repas auquel nous sommes tous invités. C’est vraiment LE moment le plus important de la semaine. Le Christ ressuscité est là ; il nous rejoint. A chaque messe, nous célébrons celui qui nous a aimés comme on n’a jamais aimé. C’est la moindre des choses que nous répondions à cette invitation. C’est vrai que dans certains endroits, cela devient difficile. En raison du manque de prêtres, nous assistons à une baisse drastique du nombre de messes. Mais quand il n’y a plus de boulanger dans un village, on sait s’organiser pour ne pas rester sans pain. Aujourd’hui, le Christ se présente à nous comme « le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. » L’Eucharistie est vraiment un cadeau extraordinaire. C’est une nourriture pour la Vie éternelle.
En cette fête du Corps et du Sang du Christ, nous renouvelons notre action de grâce pour la merveille que nous célébrons. Et nous faisons nôtre cette prière du prêtre avant la communion : « Que ton Corps et ton sang me délivrent de tout mal et que je ne sois jamais séparé de toi ».

Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Ta Parole est ma joie (J Proux) – Les entretiens du dimanche (N. Quesson) – Homélies pour l’année B (A Brunot) – Guide Emmaüs des dimanches et Fêtes

Angels, praise of Lord

4 juin, 2015

 Angels, praise of Lord dans images sacrée angel

http://angelstarspeaks.me/praise-the-lord-god/

BENOÎT XVI : JE CROIS EN DIEU: LE CRÉATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE, LE CRÉATEUR DE L’ÊTRE HUMAIN

4 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2013/documents/hf_ben-xvi_aud_20130206.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 6 février 2013

JE CROIS EN DIEU: LE CRÉATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE, LE CRÉATEUR DE L’ÊTRE HUMAIN

Chers frères et sœurs !

Le Credo, qui commence en qualifiant Dieu de « Père tout-puissant », comme nous avons médité la semaine dernière, ajoute ensuite qu’Il est le « Créateur du ciel et de la terre », et il reprend ainsi l’affirmation avec laquelle commence la Bible. Dans le premier verset de l’Écriture Sainte, en effet, on lit : « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1, 1) : c’est Dieu l’origine de toutes les choses et dans la beauté de la création se déploie sa toute-puissance de Père qui aime.
Dieu se manifeste comme Père dans la création, en tant qu’origine de la vie, et, en créant, il montre sa toute-puissance. Les images utilisées par l’Écriture Sainte sont à cet égard suggestives (cf. Is 40, 12 ; 45, 18 ; 48, 13 ; Ps 104, 2.5 ; 135 ,7 ; Pr 8, 27-29 ; Jb 38-39). Comme un Père bon et puissant, il prend soin de ce qu’il a créé avec un amour et une fidélité qui ne font jamais défaut, disent les Psaumes à plusieurs reprises (cf. Ps 57, 11 ; 108, 5 ; 36, 6). Ainsi la création devient-elle le lieu où connaître et reconnaître la toute-puissance de Dieu et sa bonté et elle devient un appel à notre foi de croyants pour que nous proclamions Dieu comme Créateur. « Grâce à la foi — écrit l’auteur de la Lettre aux Hébreux —, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la parole de Dieu, si bien que l’univers visible provient de ce qui n’apparaît pas au regard » (11, 3). La foi implique donc de savoir reconnaître l’invisible en en découvrant la trace dans le monde visible. Le croyant peut lire le grand livre de la nature et en comprendre le langage (cf. Ps 19, 2-5) ; mais la Parole de la révélation, qui suscite la foi, est nécessaire pour que l’homme puisse parvenir à la pleine conscience de la réalité de Dieu comme Créateur et Père. C’est dans le livre de l’Écriture Sainte que l’intelligence humaine peut trouver, à la lumière de la foi, la clé d’interprétation pour comprendre le monde. En particulier, le premier chapitre de la Genèse occupe une place spéciale, avec la présentation solennelle de l’œuvre créatrice divine qui se déploie au fil de sept jours : en six jours, Dieu porte à son achèvement la création et le septième jour, le samedi, il cesse toute activité et se repose. Jour de la liberté pour tous, jour de la communion avec Dieu. Et ainsi, avec cette image, le livre de la Genèse nous indique que la première pensée de Dieu était de trouver un amour qui réponde à son amour. La deuxième pensée est ensuite de créer un monde matériel où placer cet amour, ces créatures qui en liberté lui répondent. Une telle structure, donc, fait en sorte que le texte soit scandé par certaines répétitions significatives. Par six fois, par exemple, est répétée la phrase: « Et Dieu vit que cela était bon » (vv. 4.10.12. 18.21.25), pour conclure, la septième fois, après la création de l’homme : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon » (v. 31). Tout ce que Dieu crée est beau, plein de sagesse et d’amour ; l’action créatrice de Dieu porte de l’ordre, elle insère de l’harmonie, elle donne de la beauté. Dans le récit de la Genèse, il apparaît ensuite que le Seigneur crée avec sa parole : par dix fois on lit dans le texte l’expression « Dieu dit » (vv. 3.6.9.11.14. 20.24.26. 28.29). C’est le mot, le Logos de Dieu qui est à l’origine de la réalité du monde et en disant : « Dieu dit » fut ainsi soulignée la puissance efficace de la Parole divine. Ainsi chante le Psalmiste : « Le Seigneur a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche… Il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda, et ce qu’il dit survint » (33, 6.9). La vie apparaît, le monde existe, parce que tout obéit à la Parole divine.
Mais notre question aujourd’hui est : à l’époque de la science et de la technique, cela a-t-il encore un sens de parler de création ? Comment devons-nous comprendre les récits de la Genèse ? La Bible ne se veut pas un livre de sciences naturelles ; elle veut en revanche faire comprendre la vérité authentique et profonde des choses. La vérité fondamentale que les récits de la Genèse nous révèlent est que le monde n’est pas un ensemble de forces opposées entre elles, mais il a son origine et sa stabilité dans le Logos, dans la Raison éternelle de Dieu, qui continue à soutenir l’univers. Il y a un dessein sur le monde qui naît de cette Raison, de l’Esprit créateur. Croire qu’à la base de tout il y aurait cela, éclaire chaque aspect de l’existence et donne le courage d’affronter avec confiance et avec espérance l’aventure de la vie. Donc l’Écriture nous dit que l’origine de l’être, du monde, notre origine n’est pas l’irrationnel et la nécessité, mais la raison et l’amour et la liberté. D’où l’alternative : ou la priorité à l’irrationnel, à la nécessité, ou la priorité à la raison, à liberté, à l’amour. Nous croyons en cette dernière position.
Mais je voudrais dire un mot également sur ce qui est le sommet de toute la création : l’homme et la femme, l’être humain, l’unique « capable de connaître et d’aimer son Créateur » (Gaudium et spes, n. 12). Le Psalmiste, en regardant les cieux, se demande : « À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » (8, 4-5). L’être humain, créé avec amour par Dieu, est une bien petite chose devant l’immensité de l’univers ; parfois, en regardant fascinés les immenses étendues du firmament, nous aussi, nous avons perçu nos limites. L’être humain est habité par ce paradoxe : notre petitesse et notre finitude coexistent avec la grandeur de ce que l’amour éternel de Dieu a voulu pour lui.
Les récits de la création dans le Livre de la Genèse nous introduisent également dans ce domaine mystérieux, en nous aidant à connaître le projet de Dieu sur l’homme. Ils affirment avant tout que Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol (cf. Gn 2, 7). Cela signifie que nous ne sommes pas Dieu, nous ne nous sommes pas faits seuls, nous sommes terre ; mais cela signifie aussi que nous venons de la bonne terre, grâce à l’œuvre du bon Créateur. À cela s’ajoute une autre réalité fondamentale : tous les êtres humains sont poussière, au-delà des distinctions opérées par la culture et par l’histoire, au-delà de toute différence sociale ; nous sommes une unique humanité modelée avec l’unique terre de Dieu. Il y a ensuite un deuxième élément: l’être humain a origine parce que Dieu insuffle le souffle de vie dans le corps modelé de la terre (cf. Gn 2, 7). L’être humain est fait à l’image et ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26-27). Nous portons alors tous en nous le souffle vital de Dieu et chaque vie humaine — nous dit la Bible — est placée sous la protection particulière de Dieu. C’est la raison la plus profonde du caractère inviolable de la dignité humaine contre toute tentation de juger la personne selon des critères utilitaristes et de pouvoir. Être à l’image et ressemblance de Dieu indique également que l’homme n’est pas refermé sur lui, mais a une référence essentielle en Dieu.
Dans les premiers chapitres du Livre de la Genèse, nous trouvons deux images significatives : le jardin avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal et le serpent (cf. 2, 15-17 ; 31 1-5). Le jardin nous dit que la réalité dans laquelle Dieu a placé l’être humain n’est pas une forêt sauvage, mais un lieu qui protège, nourrit et soutient ; et l’homme doit reconnaître le monde non pas comme une propriété à piller et à exploiter, mais comme don du Créateur, signe de sa volonté salvifique, don à cultiver et à protéger, à faire croître et développer dans le respect, dans l’harmonie, en en suivant les rythmes et la logique, selon le dessein de Dieu (cf. Gn 2, 8-15). Puis, le serpent est une figure qui dérive des cultes orientaux de la fécondité, qui fascinaient Israël et constituaient une tentation constante d’abandonner l’alliance mystérieuse avec Dieu. À la lumière de cela, l’Écriture Sainte présente la tentation que subissent Adam et Ève comme le cœur de la tentation et du péché. Que dit en effet le serpent ? Il ne nie pas Dieu, mais il insinue une question dissimulée : « Alors, Dieu vous a dit : “Vous ne mangerez le fruit d’aucun arbre du jardin ?”» (Gn 3, 1). De cette façon, le serpent suscite le doute que l’alliance avec Dieu est comme une chaîne qui lie, qui prive de la liberté et des choses plus belles et précieuses de la vie. La tentation devient celle de construire tout seul le monde dans lequel vivre, de ne pas accepter les limites du fait d’être créature, les limites du bien et du mal, de la moralité ; la dépendance de l’amour créateur de Dieu est vue comme un poids dont il faut se libérer. Cela est toujours le cœur de la tentation. Mais lorsque le rapport avec Dieu est faussé, à travers un mensonge, en se substituant à lui, tous les autres rapports sont altérés. Alors, l’autre devient un rival, une menace : Adam, après avoir cédé à la tentation, accuse immédiatement Ève (cf. Gn 3, 12) : les deux se cachent de la vue de ce Dieu avec lequel ils conversaient en toute amitié (cf. 3, 8-10) ; le monde n’est plus le jardin dans lequel vivre en harmonie, mais un lieu à exploiter et dans lequel se cachent des pièges (cf. 3, 14-19). La jalousie et la haine envers l’autre pénètrent dans le cœur de l’homme : un exemple en est Caïn, qui tue son frère Abel (cf. 4, 3-9). En allant contre son créateur, en réalité l’homme va contre lui-même, il renie son origine et donc sa vérité : et le mal entre dans le monde, avec sa lourde chaîne de douleur et de mort. Et ainsi, ce que Dieu avait créé était bon, même très bon, après ce libre de choix de l’homme en faveur du mensonge contre la vérité, le mal entre dans le monde.
Je voudrais souligner un dernier enseignement des récits de la création: le péché engendre le péché et tous les péchés de l’histoire sont liés entre eux. Cet aspect nous pousse à parler de celui qu’on appelle le « péché originel ». Quelle est la signification de cette réalité, difficile à comprendre ? Je voudrais seulement donner quelques éléments. Tout d’abord, nous devons considérer qu’aucun homme n’est refermé sur lui-même, personne ne peut vivre uniquement de lui et pour lui. Nous recevons la vie de l’autre et pas seulement au moment de la naissance, mais chaque jour. L’être humain est relation : je ne suis moi-même que dans le toi et à travers le toi, dans la relation de l’amour avec le Toi de Dieu et le toi des autres. Eh bien, le péché signifie perturber ou détruire la relation avec Dieu, c’est là son essence : détruire la relation avec Dieu, la relation fondamentale, se mettre à la place de Dieu. Le Catéchisme de l’Église catholique affirme qu’avec le premier péché l’homme « s’est préféré lui-même à Dieu, et par là même, il a méprisé Dieu : il a fait le choix de soi-même contre Dieu, contre les exigences de son état de créature et dès lors contre son propre bien » (n. 398). Une fois la relation fondamentale perturbée, les autres pôles de la relation sont eux aussi compromis ou détruits, le péché détruit les relations, et ainsi il détruit tout, car nous sommes relation. Or, si la structure relationnelle de l’humanité est perturbée dès le début, chaque homme entre dans un monde marqué par cette perturbation des relations, il entre dans un monde perturbé par le péché, par lequel il est personnellement marqué ; le péché initial porte atteinte à la nature humaine et la blesse (cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 404-406).
Et l’homme tout seul, une seule personne ne peut pas sortir de cette situation, elle ne peut pas se racheter toute seule ; ce n’est que le Créateur lui-même qui peut rétablir les justes relations. Ce n’est que si Celui dont nous nous sommes éloignés vient vers nous et nous tend la main avec amour, que les justes relations peuvent être renouées. Cela a lieu en Jésus Christ, qui accomplit exactement le parcours inverse de celui d’Adam, comme le décrit l’hymne dans le deuxième chapitre de la Lettre de saint Paul aux Philippiens (2, 5-11) : alors qu’Adam ne reconnaît pas qu’il est une créature et veut se mettre à la place de Dieu, Jésus, le Fils de Dieu, est dans une relation filiale parfaite avec le Père, il s’abaisse, il devient le serviteur, il parcourt la voie de l’amour en s’humiliant jusqu’à la mort en croix, pour remettre en ordre les relations avec Dieu. La Croix du Christ devient ainsi le nouvel arbre de la vie.
Chers frères et sœurs, vivre de foi signifie reconnaître la grandeur de Dieu et accepter notre petitesse, notre condition de créature en laissant le Seigneur la combler de son amour, pour qu’ainsi s’accroisse notre véritable grandeur. Le mal, avec son poids de douleur et de souffrance, est un mystère qui est illuminé par la lumière de la foi, qui nous donne la certitude de pouvoir en être libérés : la certitude qu’être un homme est un bien.

EUGENE TROUBETSKOI – L’OR CÉLESTE: L’ »ASSISTE »

4 juin, 2015

http://www.myriobiblos.gr/texts/french/contacts_troubetskoi_assiste.html

EUGENE TROUBETSKOI

L’OR CÉLESTE: L’ »ASSISTE »

Extrait de la brochure Deux mondes dans l’iconographie russe. Edition de l’auteur. Μοscοu, l9l6.

Les grands peintres de l’ancienne iconographie russe, de même que les fondateurs de la «symbolique» de l’art orthodoxe, les iconographes grecs, furent sans nul doute des observateurs rigoureux et profonds du ciel, aux deux sens de ce terme. Le ciel physique s’οffrait à leurs yeux corporels. Et ils contemplaient par les yeux de l’esprit le ciel transcendant. Leur expérience religieuse faisait vivre dans leur intériorité ce ciel second, et leur création artistique mettait en correspondance leurs deux visions du ciel. Le ciel transcendant s’inscrivait pour eux dans la beauté multicolore d’un arc-en-ciel utilisant les tonalités d’ici-bas. Et, dans cette correspondance, rien n’était arbitraire. Chaque couleur, lorsqu’ils l’utilisent, recèle un sens qui lui est propre et possède sa raison d’être particulière. Que ce sens ne nous soit pas toujours évident οu accessible vient uniquement de notre incapacité: nous avons perdu la clé permettant de comprendre cet art unique au monde.
En iconographie, la gamme des couleurs chargées de sens est illimitée, de même que les nuances naturelles du ciel. Avant tout, semble-t-il, l’iconographe utilise un grand nombre de tonalités de bleu: bleu sombre de la nuit étoilée, bleu éclatant du ciel dans la plénitude de midi, et la multitude des bleus pâles du ciel au déclin du jour allant du bleu turquoise aux bleus-verts… Les Russes, qui habitent des contrées nordiques, ont très souvent l’occasion d’observer ces tons bleus verdâtres après le coucher du soleil. Par ailleurs, le bleu-ciel constitue le fond habituel sur lequel se détache une infinie variété de nuances célestes: le scintillement de la nuit étoilée, le reflet de l’aurore, le cerne nocturne de l’orage, le rayonnement du couchant incendié, l’arc-en-ciel, enfin l’or soutenu de midi, quand le soleil arrive au zénith.
L’ancienne iconographie russe utilise symboliquement toutes ces teintes. Les iconographes savaient les disposer justement pour différencier le ciel transcendant de celui d’ici-bas, c’est-à-dire du domaine de notre existence. Là se trouve la clé qui nous ouvre la compréhension ineffable, par la beauté, de la symbolique des couleurs iconographiques.
Et voici sans doute le fil conducteur: la mystique de l’iconographie est avant tout une mystique du soleil au sens spirituel le plus haut… Si belles que puissent être les autres couleurs du ciel, c’est l’or du soleil à son zénith qui symbolise «la lumière des lumières», «le miracle des miracles». Toutes les autres couleurs se définissent par leur dépendance par rapport à l’or solaire, et composent un «ordre», une «hiérarchie» autour de lui. Le bleu nocturne, le scintillement des étoiles, l’incendie du couchant s’effacent devant lui. Le reflet de l’aube n’est que l’annonciateur du grand élan solaire. C’est par le jeu des rayons du soleil que se déterminent toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, car le soleil constitue, au ciel et sous le ciel, la source de toute lumière et de toute couleur.
Ainsi, dans l’iconographie, les couleurs s’ordonnent autour du «soleil qui ne se couche jamais». Chaque couleur de l’arc-en-ciel trouve son sens dans la représentation d’un aspect de la gloire divine jaillie de la transcendance. Mais parmi toutes les couleurs, seul, l’or solaire suggère le centre de la vie divine, et toutes les autres sont autour.
Seul, Dieu qui resplendit comme le soleil est la source de la lumière royale; les autres couleurs qui l’entourent expriment Ia vraie nature de la creation, Is ciel et la terre glorifiés qui constituent le temple νiνant du Seigneur, le temple «nοn créé de main d’homme».
L’iconographe, par une certaine intuition mystique, a décelé d’avance le mystère du spectre solaire qui ne fut scientifiquement découvert que bien des siècles plus tard. C’est comme s’il avait «senti» dans la pluralité des couleurs la réfraction multicolore du mystère unique de la vie divine, solaire. Cette couleur divine porte en iconographie un nom spécifique, celui d’assiste. La façon de représenter celui-ci est fort remarquable: l’assiste n’a jamais l’aspect massif, homogène, de l’or d’ici-bas; il ressemble à une toile aérienne, éthérée, de rayons dorés très légers qui viennent de Dieu et illuminent d’un éclat divin tout ce qui l’entoure. Lorsque nous voyons l’assiste dans une icone, cela suppose toujours et indique la présence de la Divinité comme source de cette assiste. L’assiste exprime la glorification par la lumière divine, plus précisément, elle marque la pénétration dans la vie divine, ce qui se présente à elle comme très proche. Ainsi sont recouverts d’assiste les vêtements de la «Sophia», «la Sagesse de Dieu», et ceux de la Mère de Dieu s’élevant aux cieux après la Dormition. C’est aussi l’assiste qui souvent fait scintiller les ailes des anges, c’est lui qui dore les sommets des arbres du Paradis, et parfois encore c’est avec de l’assiste qu’οn recouvre, dans les icones, les coupoles des églises. Il est significatif que ces coupoles, dans les représentations iconographiques, ne soient pas recouvertes d’une couche compacte d’or, mais de rayons et de scintillements dorés. Grâce à leur légèreté éthérée, ces rayons évoquent une lumière vivante, chaude et comme mobile. Ils font étinceler les vêtements du Christ glorifié, briller comme du feu les ornements et le trône de la Sagesse, et brûler dans les cieux le faîte des églises. Et c’est justement par cet éclat vivant, par ce dynamisme scintillant que la gloire de l’au-delà se distingue de tout ce qui est ici, de tout ce qui n’est pas encore glorifié. Ce monde peut se tendre vers les hauteurs, imiter la flamme: seuls les sommets de la vie de l’Eglise baignent dans la vraie lumière. Et le dynamisme de l’or spirituel signale sur ces sommets l’éclat de l’au-delà.
Ces couleurs, dans leur symbolique d’au-delà, sont utilisées par l’ancienne iconographie russe, surtout à Navgorod, avec une étonnante intuition artistique. Ainsi οn ne trouve pas d’assiste dans toutes les représentations de la vie terrestre du Christ οù la réalité de sa nature humaine est soulignée, οù sa divinité se cache «sous l’aspect du serviteur». Mais l’assiste réapparaît dès que l’iconographe montre le Christ glorifié, et déjà quand il veut faire sentir que sa glorification approche. Οn trouve souvent l’assiste dans la représentation du Christ nouveau-né, car l’iconographe entend souligner que ce petit enfant est en réalité «d’avant les siècles». Les vêtements du Christ sont ornés d’assiste dans la Transfiguration, la Résurrection et l’Ascension. Et le Christ resplendit encore de ce rayonnement spécifique de la divinité quand il arrache les âmes à l’enfer et retrouve le Larron au Paradis.
Chaque fois que les iconographes ont dû représenter la distinction et l’interpénétration du créé et de l’incréé, ils ont utilisé l’assiste aνec un art impressionnant. Il en est ainsi par exemple dans les icones qui montrent la Dormition de la Mère de Dieu. Dans les meilleures de ces icones, οn voit d’évidence au premier coup d’oeil que la Mère de Dieu, étendue sur son lit de mort, en vêtements sombres, parmi ses proches, se trouve corporellement dans le plan de la nature d’ici-bas, telle que nous la voyons avec nos yeux terrestres. Au contraire, le Christ, qui se tient debout derrière le lit, en vêtements lumineux, portant dans ses bras l’âme de sa Mère sous l’aspect d’un nouveau-né, donne l’impression d’une apparition du monde invisible.. Il brille, resplendit, rayonne et se détache des couleurs, intentionnellement lourdes, du plan terrestre par la légèreté éthérée des rayons de l’assiste.

La Cité de David dans les jours de Temple d’Hérode, Modèle de la Terre Sainte (Jérusalem)

3 juin, 2015

La Cité de David dans les jours de Temple d'Hérode, Modèle de la Terre Sainte (Jérusalem) dans images sacrée 800px-City_of_David

http://it.wikipedia.org/wiki/Citt%C3%A0_di_David

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