Archive pour juin, 2015

HOMÉLIE DU 11ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – 14/06/2015

12 juin, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU 11ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – 14/06/2015

ESPÉRER CONTRE TOUTE ESPÉRANCE

Quand Jésus a quitté ses apôtres le jour de l’Ascension, il leur a promis d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde. Certains jours, nous pouvons avoir du mal à y croire. La lecture des journaux, les informations à la télévision nous disent tellement le contraire. Alors on s’interroge : où es-tu Seigneur quand on tue un peu partout, quand les épidémies conduisent à des morts affreuses, quand il y a tant de gens affamés jetés à la rue ?
Ce cri de désespoir était celui des habitants de Jérusalem. Déportés en exil loin de chez eux, ils sont complètement désemparés. Leur peuple semble voué à la destruction. Le prophète Ezéchiel a assisté à la chute totale de son pays. Mais il annonce à son peuple que rien n’est perdu. Ce qui n’est qu’une minuscule bouture va germer et devenir un grand arbre. Ceux qui sont totalement brisés, Dieu les fera vivre merveilleusement. Le prophète trouve les mots justes pour redonner courage et espérance à son peuple. La haine, la violence et le mal ne peuvent avoir le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera. C’est une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Rien ne doit ébranler notre foi au Dieu sauveur.
C’est aussi de cette espérance que Paul nous parle dans la 2ème lettre aux Corinthiens (2ème lecture). Les premières années du christianisme ont été marquées par des persécutions. L’apôtre Paul rencontre de nombreuses difficultés dans son ministère. Il a l’impression de descendre à la mort. Mais il a la ferme certitude qu’à travers tout cela c’est la vraie vie qui est en train de germer. Le Seigneur nous prépare une demeure éternelle. Il donnera la couronne de gloire à ceux qui auront accompli leur course jusqu’au bout. Ce message de réconfort est aussi une bonne nouvelle pour les chrétiens d’aujourd’hui. Si nous restons reliés au Christ, rien ne peut nous séparer de son amour.
L’Évangile de saint Marc s’adresse aussi à des chrétiens désemparés. Leur question est de tous les temps : dans ce monde où tout va si mal, où est-il notre Dieu ? Que sont devenues les promesses du Christ ? Comment garder la foi face à toute cette violence. Saint Marc leur rappelle les paroles de Jésus autrefois. Il leur parle de cette semence qui germe et grandit toute seule. Mais entre les semailles et la moisson, il y a beaucoup de temps. C’est une manière de dire que le Royaume de Dieu est en gestation. La récolte viendra mais ce sera pour plus tard. Notre Dieu peut paraître absent mais son action est discrète et efficace.
Avec nos yeux et nos oreilles, nous pouvons savoir ce qui se passe dans le monde. Mais pour reconnaître l’action de Dieu, il faut le regard de la foi. Comme les disciples d’Emmaüs, nous reconnaissons la présence du Christ quand il nous explique les Ecritures et qu’il nous partage son pain eucharistique. C’est en lui que toute notre vie retrouve son sens. Nous découvrons que même dans les pires épreuves, Dieu ne nous a jamais abandonnés.
Concrètement, nous croyons que Dieu agit quand les ennemis enfin se parlent, quand des hommes, des femmes et des enfants sortent du cercle infernal de la rancune et de la violence pour faire des gestes de paix et de réconciliation. Dieu agit quand des savants inventent des moyens pour combattre les maladies. Il est présent quand des équipes s’organisent pour visiter des malades ou des prisonniers. Nous voyons aussi des SDF qui arrivent à lancer des journaux qui redonnent leur dignité à des exclus sur le point de sombrer. C’est ainsi que les signes de la présence de Dieu sont nombreux. Nous sommes comme le paysan de la parabole. Les choses se passent sans que nous n’en sachions rien et sans que nous comprenions comment.
Quand nous voyons la vie germer, c’est Dieu qui est là et qui agit. Un jour, Jésus a dit qu’il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Vivre, c’est faire, c’est agir et à certains moments, c’est dormir. Que nous dormions ou que nous nous levions, la semence germe. En attendant la moisson, il nous faut apprendre la patience et surtout la confiance. J’ai fait ce que je devais faire. A toi Seigneur de jouer. Tu m’as demandé de semer des graines d’amour, de justice, de paix, de réconciliation…Mais c’est toi qui donnes à la semence de pousser et de donner du fruit.
Sans te voir, Seigneur, nous croyons. Donne-nous la patience pour persévérer dans la construction d’un monde plus juste, plus solidaire et plus fraternel. Que notre vie unie à la tienne contribue à ton règne dans le monde d’aujourd’hui. Amen

Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Homélies pour l’année B (A Brunot), Guide Emmaüs des Dimanches et fêtes – ADAP – Sous le figuier avec Nathanaël

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 14/06/2015)

David and Jonathan

11 juin, 2015

David and Jonathan dans images sacrée davejona

http://gardenofpraise.com/bibl15s.htm

JUDAÏSME ET CHRISTIANISME / RÉFLEXIONS DU PHILOSOPHE FRANZ ROSENZWEIG EN RECHERCHE DE SENS /

11 juin, 2015

http://www.associationlyonnaise-teilhard.com/Judaisme-et-christianisme-Reflexions-du-philosophe-Franz-Rosenzweig-en-recherche-de-sens-Etude-faite-par-Marcel-COMBY_a687.html

JUDAÏSME ET CHRISTIANISME / RÉFLEXIONS DU PHILOSOPHE FRANZ ROSENZWEIG EN RECHERCHE DE SENS /

ETUDE FAITE PAR MARCEL COMBY SAMEDI 16 MARS 2013

On dit que le christianisme prend ses racines dans le judaïsme. Etant donné la complexité du sujet, je me propose de décrire la pensée intime du philosophe juif allemand : Franz Rosenzweig (1886 – 1929). Ses réflexions sont extraites de son livre : « L’étoile de la rédemption ». Il s’agit de l’œuvre d’un homme ayant longuement hésité entre les deux religions. Rosenzweig n’aime guère le mot « religion » qui évoque une entreprise humaine alors que, pour lui, le mot doit être pris dans un sens « ontologique » ; la religion définit la façon même dont l’être est ; elle se définit donc comme la « trame de l’être », la pulsation même de la vie où Dieu entre en rapport avec l’homme et l’homme avec le monde et avec son créateur. La religion devient ce qui relie en profondeur, dans l’être même, l’homme, le monde et Dieu. Examinons maintenant les divers aspects de la théologie de Rosenzweig.

1- La Création
Elle est le fondement durable dont la Révélation a besoin ; commencement du monde, elle est aussi commencement et accomplissement de Dieu. Dieu naît à lui-même en sortant de soi et en accédant à l’extériorité. C’est le « premier miracle » ; là se brise l’enveloppe du mystère d’une divinité enfermée dans son Soi éternel. En la création Dieu se dit ; celle-ci est déjà annonce et promesse de Révélation et de la Rédemption.

2- La Rédemption
La Rédemption implique et englobe à la fois Création et Révélation. En effet, dans la Rédemption, celle du monde par l’homme et celle de l’homme par le monde, Dieu se donne sa propre Rédemption ; l’homme et le monde s’effacent dans la Rédemption ; Dieu, lui, s’accomplit ; c’est seulement dans la Rédemption que Dieu devient l’Un et le Tout. En elle se réalisent l’unification et l’achèvement d’un système universel.

3- La Révélation
Elle possède aussi un rôle dominant dans la pensée de Rosenzweig. En elle, Dieu se manifeste comme Dieu d’amour et son auto négation toujours actuelle. La Création était déjà révélation de Dieu mais non une révélation définitive, perdue dans le passé des origines. Il fallait une seconde révélation qui témoigne de toute chose, non seulement ayant été créée, mais comme créée en cet instant-ci et en tout instant, et donc comme don actuel et perpétuel de l’amour de Dieu. Pour Rosenzweig, l’amour n’est pas un attribut de l’essence divine car Dieu n’aime pas par nécessité de nature mais il aime par un acte toujours nouveau. Dieu n’aime pas par besoin ; l’amour divin est toujours totalement dans l’instant. Quant à l’homme, la Révélation le révèle à lui-même comme aimé de Dieu. Ce qui est merveilleux résulte dans le fait qu’entre l’Infini et la créature, il y a échange d’amour et même échange d’être. Dans le oui de l’âme aimée, Dieu trouve ce qu’il ne pourrait trouver en soi-même : affirmation et durée. Dans le témoignage de l’âme croyante, Dieu acquiert lui-aussi de l’être : « quand vous me confessez alors je suis ». L’être de Dieu se rétracte pour faire place à celui de l’univers. Les expressions un peu outrancières et mystiques de Rosenzweig ne font que dire l’indicible de Dieu. Le philosophe n’ignore pas la dimension historique de la Révélation ; mais il en retient surtout l’aspect existentiel et intime, l’âme s’éveille en l’homme au contact de la parole de Dieu. Du rocher du « soi » jaillit alors une source nouvelle : l’âme. Il n’y a de pensée que dans la Révélation ! L’éthique de la loi s’efface devant celle de l’amour. La Révélation de l’amour divin est le cœur du Tout : affirmation plus chrétienne que juive ! Si le christianisme est une mystique plus qu’une éthique, le judaïsme est davantage une éthique qu’une mystique. Cependant Rosenzweig récuse le terme de mystique qui possède une connotation négative : le repliement sur soi et les ravissements de l’intellect. Notons cependant une tendance mystique du philosophe qui écrit : « L’âme prend figue, en passant de la Révélation à la Rédemption ; elle entre dans le sur-monde de la Rédemption, et c’est ainsi que se réalise le Royaume ».
On pressent chez Rosenzweig un accord indéniable entre judaïsme et christianisme.

4- Le temps et l’éternité
Le monde est dans le temps et, comme le temps, il n’est pas achevé ; il est créé avec « la détermination de devoir l’être » Or ce monde en travail d’éternisation et d’accomplissement, c’est le Royaume, déjà accompli et pourtant encore à achever, marqué d’éternité et pourtant livré à la temporalité. L’éternité n’est pas un temps très long, mais un demain qui pourrait aussi bien être aujourd’hui, non pas un temps qui passe mais un temps qui dure, un instant immobile, un maintenant arrêté. L’éternité désigne une qualité du temps liée à une expérience limite, celle d’une certaine immobilisation. « Le Royaume est au milieu de vous » C’est précisément au cœur de leur rapport commun à l’éternité que Rosenzweig voit comment le christianisme et le judaïsme se démarquent l’un de l’autre. Pour lui, le juif est déjà dans la « vie éternelle », le chrétien, lui, dans la « voie éternelle » Ce dernier vit l’éternité comme une marche à travers le temps. Il travaille le temps de l’intérieur pour le transformer et, par son activité missionnaire, s’efforce de transformer le monde. On est donc en présence de deux attitudes convergentes quant à leur terme, mais opposées dans la pratique. Le peuple juif, peuple éternel, « achète son éternité au prix de la vie dans le temps ; pour lui, le temps n’est pas sien » Les événements dont il fait mémoire : le Sinaï, l’Exode, sont comme figés à jamais dans un temps immobile ; il vit donc hors de l’histoire des nations ; il vit déjà sa propre Rédemption ; il a anticipé pour soi l’éternité ; sa temporalité n’est jamais qu’une attente, une errance plus qu’une croissance. Le peuple juif tient donc l’éternité de sa nature même ; sa « communauté de sang » fait son unité et sa pérennité ; « seul le sang donne à l’espérance en l’avenir une garantie dans le présent » Ainsi l’orientation vers la venue future du Royaume est déposé dans notre sang dès la naissance. Lorsqu’il nait, un chrétien est encore païen alors qu’un juif est déjà juif !

5- L’élection
Pour le juif, le miracle de la renaissance se trouve avant la vie individuelle ; sa seconde naissance, sa vraie naissance à la judéité, est métahistorique. Elle précède la première ; elle est accomplie dès l’instant éternel où se noue l’Alliance de Dieu et du peuple élu. Le Ici actuel, dans les contingences de la vie terrestre, entre dans le grand Maintenant de l’expérience vécue mémorisée. La Rédemption va directement au peuple, alors que, pour le chrétien, elle concerne d’abord l’âme individuelle. La notion d’élection est difficile à penser compte tenu de l’universalité de la bonté divine qui ne saurait concerner qu’un groupe d’hommes. D’autre part, on sait que Dieu appelle chaque homme par son nom propre, apporte ses dons à toute âme individuelle en état d’éveil. Lors du Yom Kippour, rappelle Rosenzweig, chacun en particulier se soumet humblement au jugement de Dieu. Ce n’est pas le peuple qui est jugé, pas plus que le monde ou l’histoire, mais la personne en soi « dans sa singularité nue » qui confesse son péché. Selon le philosophe allemand, il y aurait ainsi, dans l’économie du salut, deux pôles symbolisés par deux religions : d’un côté, le peuple issu du sang et uni par la liturgie, le repas et l’écoute de la parole ; de l’autre, l’Eglise, une assemblée d’individus, où chacun garde sa liberté et accueille les autres comme « frères dans le Seigneur » C’est dans ces deux manières d’éterniser le temps que Rosenzweig hésita sans cesse. Est-il possible pour un peuple d’être hors du temps et de l’histoire ? Est-il possible, d’autre part, d’être frère d’un Dieu dans l’Alliance ? De multiples questions… ! L’histoire d’un peuple élu n’est-elle pas celle, plus universelle, du peuple de Dieu tel que le conçoivent les chrétiens ?

6- Vie éternelle – Voie éternelle
Rosenzweig suggère une belle métaphore : « A la vie dans le temps, Dieu arracha le juif en jetant jusqu’au ciel le pont de sa Loi, par-dessus le fleuve du temps ». Le juif est donc sur le pont qui surplombe le fleuve qui s’écoule. Le chrétien, quant à lui, se trouve dans le fleuve. Le philosophe entame une autre comparaison : la vie éternelle et la voie éternelle diffèrent « autant que l’infinité diffère d’un point et d’une ligne ». L’infinité d’un point, représente « l’éternelle autoconservation du sang qui ne cesse pas d’engendrer ; celle de la ligne, c’est la possibilité de prolongation illimitée ». Le judaïsme dit maintenance et pureté alors que le christianisme dit expansion missionnaire sans limites. D’une part l’étoile, de l’autre la croix. L’étoile de David concentre tous ses rayons sur son foyer ardent, le feu qui brûle en son centre ; la croix du Christ, quant à elle, étend ses bras à l’infini sur le monde. L’éternité du peuple s’enracine « dans le Soi le plus profond » tandis que l’éternité de la voie s’étend « au dehors dans toutes les directions ». Rosenzweig ne voit cependant pas une grande différence entre la vie et la voie : pour le juif comme pour le chrétien, l’homme vit dans le temps ; créé à l’image de Dieu, il porte en lui la marque et l’appel de l’éternité à laquelle il participe ; cet appel est à la fois vie éternelle et voie éternelle ; le juif attend le Messie, le chrétien attend la Parousie du Seigneur, mais tous deux agissent dans le monde et donnent croissance au Royaume ; tous deux vivent dans la prière et l’être-ensemble liturgique, l’éternité au cœur du temps. La distinction essentielle est à chercher ailleurs

7- Face à la personne du Christ
Ce qui définit le juif, c’est sa foi au Dieu unique qui se traduit par l’adhésion de tout son être à la Torah. Ce qui définit le chrétien, c’est, en lien avec sa foi au Dieu unique, la foi au Christ Verbe de Dieu fait homme et la volonté de marcher à sa suite. Dans les rapports entre les deux religions, il s’agit du « signe de contradiction » face auquel il faut prendre position. En fait Rosenzweig parle peu de la christologie qui ne fait que d’entrer dans le cadre du dogme chrétien et de la déclaration de st Paul : « lorsque tout lui sera soumis, le Fils remettra sa royauté au Père et alors Dieu sera tout en tout ». Ce qui concerne le Christ n’est qu’idée portant sur la fin des temps ; en attendant, la royauté appartient au Fils et Dieu n’est pas tout en tout ; aucun pont n’est jeté entre les deux rives du temps et de l’éternité ; le Fils de l’homme est « déifié dans le temps et l’Envoyé devient Seigneur. Sans l’Ancien Testament, poursuit le philosophe, et sans le peuple juif qui l’atteste, sans le Jésus historique sur les routes de la vie, le Christ qui ne serait que Christ se prêterait « à toutes les tentatives de déification et d’idolâtrie ». Ainsi, conclut-il, sommes- nous pour le chrétien ce dont il ne peut douter : « notre existence garantit leur vérité »

8- Face au mystère
La transcendance absolue de Dieu semble avoir été pour Rosenzweig, au plan intellectuel, la raison dernière de sa décision de ne pas se convertir au christianisme. A ses yeux, la croyance en l’Homme-Dieu constitue un reste de paganisme. Celle-ci renoue avec le besoin très vif dans l’Antiquité païenne, de recourir à un médiateur pour accéder à un dieu lointain et fermé sur soi. En fait, Rosenzweig se trouve confronté comme tout un chacun au mystère divin et d’autres que lui ont tranché différemment. Le mystère n’est tel que par ses profondeurs et les dogmes de l’Incarnation et de la Trinité ouvrent sur des perspectives infinies. La notion de « sortie de soi » de Dieu, de don de soi, de séparation d’avec soi de Dieu pour habiter avec son peuple, de « retrait » de Dieu pour que le monde et l’homme soient, constitue un axe majeur de sa pensée philosophique.

9- Face à l’histoire
Rosenzweig ne prend guère en compte la réalité de l’histoire et de son déroulement dans le temps qui montre tout le développement et l’évolution du monde : la temporalité au service de l’éternité donc l’histoire œuvrant pour le Royaume. Le peuple d’Israël est lui aussi dans le temps de l’histoire. Tout l’Ancien Testament est une histoire humano-divine. Là où le philosophe voit une rupture entre judaïsme et christianisme, d’autres voient au contraire une continuité et un accomplissement, celui de l’Alliance, les faits et gestes de Jésus réalisant la parole des prophètes. Henry Bergson écrivit dans son testament que le christianisme constituait l’achèvement complet du judaïsme. Ne pourrait-on pas voir dans la symbolique du ruban de Möbius une manifestation de la sagesse et de l’amour divin dans le fait d’avoir confié d’abord au seul peuple d’Israël le dépôt de la Promesse et la garantie de l’Alliance, pour ensuite par un retournement mystique, ouvrir à toutes les nations du monde les bienfaits de la Révélation et de la Rédemption ? Rosenzweig n’a finalement pas su dégager de l’histoire une vue globale compatible avec la théorie de l’évolution telle que Teilhard de Chardin l’a initiée en son temps.

10- Convergence entre judaïsme et christianisme
Rosenzweig dans son livre : « L’étoile de la rédemption », entame une profonde réflexion sur « la Vérité éternelle ». Ni le juif ni le chrétien n’ont la vérité totale. Le peuple juif est « l’unique noyau » et le cœur de l’étoile, centre incandescent qui alimente invisiblement les rayons qui deviennent visibles dans le christianisme et qui s’éparpillent à travers lui pour entrer dans la nuit du pré-monde du paganisme. Le judaïsme est ainsi la base solide du christianisme, la garantie de son devenir. A lui seul, tourné vers le dehors, vers l’expansion, le christianisme risquerait de se perdre dans l’exaltation du sentiment, l’idéalisation et la chimère ; le juif, peuple toujours bien vivant, le rappelle à plus de réalisme. Les deux religions sont donc complémentaires, car elles ont la vérité en partage. Les juifs contemplent dans leur cœur l’image fidèle de la vérité, et ainsi se détournent du temps ; les chrétiens ne voient pas la vérité, mais son guidés par ses rayons au cours du temps. Nous ne sommes que des créatures en condition d’existence temporelle. A ce titre nous avons seulement part à la vérité ; tel est notre partage ; ainsi même dans le sur-monde de la Rédemption, notre « vrai » est encore un « vrai » de l’homme ; Dieu seul est la Vérité, au-delà de toutes nos vérités. Le juif, par sa seule existence, contraint le chrétien à se dire que la Rédemption n’est pas encore achevée, et ainsi l’aide-t-il à se préserver de l’illusion. Quant au christianisme, il lui revient de répandre parmi les païens la connaissance du vrai Dieu. Le christianisme est le rameau greffé sur le tronc de l’olivier du judaïsme, chacun gardant son identité propre, tous deux nourris à la même racine.

Sur le plan philosophique, une telle vision théologique se fonde sur la distinction entre l’éternité de Dieu et notre éternité à nous. Ainsi dans l’éternel présent de Dieu, notre passé et notre avenir sont tout autant présents que notre présent. Dieu crée aujourd’hui, Dieu se dit et s’incarne aujourd’hui, Dieu sauve aujourd’hui. En ce sens, la Révélation est sous la Rédemption, comme un substrat et un socle porteur, tout comme la Création est sous la Révélation. Les événements de toute histoire sont tous intégrés dans le présent divin éternel. Notre éternité à nous n’est jamais qu’un instant tangentiel à l’éternité de Dieu dans la série des instants successifs. De même notre vérité n’est jamais purement et simplement vraie, totale, absolue et immuable ; elle est avec nous dans l’histoire. La vérité qui se dit dans le Nouveau Testament est plus pleinement manifestée que celle que confère le Premier Testament, car Dieu, dans sa sagesse, se révèle dans un processus temporel d’évolution dans la fidélité aux origines. Rosenzweig n’a pu toutefois franchir le pas, mais il a le mérite de nous inviter à sortir des lieux communs.

 

L’AMITIÉ DANS LA BIBLE

11 juin, 2015

http://www.mabible.net/reflexions-sur-la-foi/amitie-dans-la-bible

L’AMITIÉ DANS LA BIBLE

De manière surprenante, la Bible parle relativement peu de l’amitié, telle que nous la comprenons généralement aujourd’hui, c’est-à-dire comme d’un rapport privilégié entre deux êtres. Néanmoins, même si cette notion est peu développée, elle n’en est pourtant pas absente.
Celle-ci y est développée en étant abordée sous deux angles différents: En premier lieu, elle parle de l’amitié de Dieu avec l’homme et de l’homme avec Dieu, et en second, bien évidemment du rapport particulier qu’une personne entretient avec un autre de ses congénères.
Alors voyons comment les Ecritures parlent et définissent l’amitié sur ces deux plans particuliers. Qu’est ce que l’amitié, comment se définit-elle et comment s’applique-t-elle dans la relation?
Abordons premièrement l’amitié de Dieu envers les hommes. La première question que nous pourrions nous poser est celle-ci? Est-il possible que Dieu puisse avoir des «chouchous»? Oui et non!
Romains 2.11 et Galates 2.6 nous disent que le Seigneur ne fait pas de favoritisme; devant lui, tous les hommes sont égaux et aimés de Lui de même façon et de la même intensité.
On voit également cela dans 1 Timothée 2.3-4 qui nous dit que «Dieu désire que tous les hommes soient sauvés».
Jean 3.16 nous affirme que « Dieu a tant aimé le monde (les hommes) qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Dans ce «quiconque» que Dieu aime, est contenue l’humanité dans sa généralité, mais aussi de chacun en particulier, c’est-à-dire: toi, lui et moi.
Mais pourtant, outre le fait de l’amour de Dieu est égal pour chacun d’entre nous, la Parole relève tout de même que Dieu fut l’ami de certains hommes en particulier. Ce fut, entre autres exemples, le cas d’hommes comme Abraham, Moïse et David, sans oublier Jean, le disciple que Jésus aimait! N’oublions les femmes, comme Marthe et Marie…
Si la Parole nous affirme d’un côté que Dieu aime indistinctement tous les êtres humains, mais qu’en même temps, il y a en a tout de même certains qui sont l’objet de son attention particulière, nous pouvons alors naturellement en déduire que la différenciation se trouve du côté de l’homme. En clair, que c’est la réponse du cœur de l’homme à l’amour de Dieu qui scelle un lien d’amitié particulier entre lui et Dieu.
Pourquoi Abraham fut-il appelé l’ami de Dieu selon ce qu’il nous est dit en Jacques 2.23? Tout simplement parce qu’il crut en Dieu! Mais dans cette optique, croire en Dieu ne consiste pas simplement à dire: «Je crois que Dieu existe!» Non! (même si c’est déjà bien) Croire, en prenant l’exemple d’Abraham, c’est mettre sa confiance en Dieu de manière absolue, dans ce qu’il nous dit et dans ce qu’il nous demande. C’est accepter de croire que Dieu sait mieux que nous-mêmes ce qui est bon pour nous et au travers de nous. «Abraham crut» et cela a suffit pour engendrer la naissance d’un peuple (Israël) de qui est sorti Jésus-Christ, le sauveur de l’humanité. La foi n’est pas une attitude béate et statique, la foi se met en mouvement et produit quelque chose. Et chose très importante à comprendre, la foi est liée à l’obéissance.
Pour Moïse, ce sont les mêmes dispositions de son cœur qui lui ont permis à entrer dans une relation intime avec le Seigneur: «L’Éternel parlait avec Moïse face à face, comme un homme parle à son ami.». Moïse était, comme Abraham, un homme qui a accepté de se défaire de la gloire humaine et d’obéir à la voix de Dieu. A cause de cela, il fut défini comme étant la personne la plus humble que la terre est jamais portée (Nombres 12.3). Cette amitié liée à la foi, à l’humilité qui la aussi se traduit par l’obéissance à la Parole de Dieu. Le fruit de cette attitude intérieure a permis à un homme cœur de vivre une dimension de cœur à cœur avec le Dieu Tout-Puissant.
David nous est dépeint comme un homme selon le cœur de Dieu! Cela veut-il dire que David était parfait, qu’il ne commettait jamais d’erreurs? Non, David a commis beaucoup d’erreurs durant sa vie. La grande différence fut qu’il aimait Dieu et qu’il le connaissait comme un Dieu bon, miséricordieux et Saint. Il savait quel en était la grandeur, mais connaissait également sa propre misère. C’est pour cela qu’il pouvait se présenter devant lui pour lui demander grâce, droit et justice; ce que le Seigneur lui accorda sans cesse, sans pour autant passer sous silence ces péchés.
Malgré ces travers, David était un homme qui aimait le droit, l’équité, il était un homme respectueux et tentait constamment de marcher dans l’intégrité demandée par Dieu.
Pourquoi le Nouveau Testament présente-t-il à son tour l’apôtre Jean comme étant l’objet d’une apparente attention amicale de la part de Jésus? En effet, par quatre fois, l’Evangile de jean nous rapporte qu’il était «le disciple que Jésus aimait». Encore un fois, on ne peut pas avancer que Jésus en tant que Dieu avait plus d’amour pour lui que pour les autres.
La solution est encore ici du côté de l’homme. En effet, un simple regard sur le 4ème Evangile et sur les trois épîtres de Jean pour nous faire comprendre que l’appellation d’ «apôtre de l’amour». Si Jésus semble apporter une préférence à Jean, ce n’est certainement pas par préférence personnelle. Non c’est simplement parce que le cœur de Jean répond plus particulièrement au cœur même de Dieu; c’est-à-dire l’amour.
Comme le résume le Seigneur Jésus, toute la Loi et les Prophètes se trouvent résumés dans ces deux commandements: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée; et ton prochain comme toi-même.»
La parole de 1 Jean 5.3: «En effet, l’amour envers Dieu consiste à respecter ses commandements» donne écho à celle du Seigneur: «Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande.» Jean 15.14
En résumé, l’amitié de Dieu se donne se manière particulière aux personnes de foi sachant demeurer dans l’obéissance et l’humilité dans une relation d’amour. Proverbes 3.32 «Car l’Eternel a horreur de l’homme perverti, mais il est un ami pour les hommes droits.»
L’amitié entre les hommes se base dans une forme de relations. En tant qu’individus ayant été créés avec des sentiments et une sensibilité propres à chacun. Dans ces conditions, bien que le chrétien soit appelé à aimer son prochain comme lui-même, il est naturel pour lui de fonctionner par affinités caractérielles et de sentir plus en phase avec une personne plutôt qu’avec une autre.
La langue grecque, langue originale dans laquelle fut écrit le Nouveau Testament, emploie quatre termes nuancés pour définir l’amour.

L’amour agape : Cet amour est l’amour dont Dieu nous aime. Un amour absolu et inconditionnel.
L’amour storge : Cet amour est celui dont on aime sa propre famille.
L’amour eros : Concerne l’amour spécifiquement sexuel.
Et l’amour phileo : Relatif à l’amour qu’on peut avoir pour un ami.
Si l’Ecriture établit ces nuances linguistiques, c’est donc qu’elle reconnait ces réalités et les reconnait donc comme saines.

La Bible nous donne dans ce domaine de précieux renseignements qui nous aideront à définir sur quels critères nous devons nous baser pour entretenir une relation amicale saine.
Le Psaume 35.14 nous dit: «Comme pour un ami, pour un frère, je marchais lentement, comme pour le deuil d’une mère, j’étais accablé de tristesse.»
Dans ce texte, nous voyons que la vraie amitié est compatissante. La compassion n’est pas de la pitié, la compassion «souffre avec». L’ami vit les douleurs de l’autre comme lui, il pleure avec celui qui pleure, souffre avec celui qui souffre, mais également se réjouit à cause du bonheur de l’autre.
Psaume 119.63 «Je suis l’ami de tous ceux qui te craignent et qui se conforment à tes décrets.»
David, de son côté, sélectionne son amitié selon des critères d’obéissance au Seigneur. Et comme cette amitié est tributaire de la crainte de Dieu, le véritable ami ne se contente pas de choisir ses amis de cette manière mais il s’implique également dans un rôle de directeur de conscience. Comme le souligne le Proverbes 12.26: «Le juste apprend de son prochain, mais la voie qu’empruntent les méchants les égare.»
La véritable amitié se confirme dans toutes les situations, bonnes ou mauvaises. L’amitié n’est pas tributaire des circonstances, pour être vraie, elle doit être désintéressée. Proverbes 17.17 «L’ami aime en toute circonstance, et dans le malheur il se montre un frère.»
Mais la véritable amitié ne se borne pas dans une attitude silencieuse quand l’ami court un danger ou semble agir de mauvaise façon même si parfois, afin de dire la vérité implique de faire du mal à celui qu’on aime . Proverbes 27.6 «Les blessures d’un ami prouvent sa fidélité.»
Mais l’ami doit être perçu comme quelqu’un qui cherche à être de bon conseil Proverbes 27.9: «La douceur d’un ami vaut mieux que nos propres conseils.»

DAVID AND MUSICIANS

10 juin, 2015

  DAVID AND MUSICIANS dans images sacrée 15%20DAVID%20AND%20MUSICIANS

http://www.artbible.net/1T/Psa0000_Eventsportraits/pages/15%20DAVID%20AND%20MUSICIANS.htm

BENOÎT XVI – AVOIR CONFIANCE EN DIEU COMME L’ENFANT EN SA MÈRE – LECTURE: PS 1 (2005)

10 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/audiences/2005/documents/hf_ben-xvi_aud_20050810.html

BENOÎT XVI

AUDIENCE GÉNÉRALE

Mercredi 10 août 2005

AVOIR CONFIANCE EN DIEU COMME L’ENFANT EN SA MÈRE – LECTURE: PS 130, 1-3

http://www.aelf.org/bible-liturgie/Ps/Psaumes/chapitre/130

1. Nous n’avons écouté que quelques paroles, une trentaine, de l’original en hébreu du Psaume 130. Et pourtant, il s’agit de paroles intenses qui développent un thème cher à toute la littérature religieuse: l’enfance spirituelle. Cela nous fait spontanément penser à sainte Thérèse de Lisieux, à sa « petite voie », à son désir de « demeurer petite » pour « être entre les bras de Jésus » (cf. Manuscrit « C », 2r°-3v°: Oeuvres complètes, Cité du Vatican 1997, pp. 235-236).
Au centre du Psaume, en effet, se découpe l’image d’une mère avec son enfant, signe de l’amour tendre et maternel de Dieu, comme l’avait déjà exprimé le prophète Osée: « Quand Israël était jeune, je l’aimai [...] Je les menais avec des attaches humaines, avec des liens d’amour; j’étais pour eux comme ceux qui soulèvent un nourrisson tout contre leur joue; je m’inclinais vers lui et le faisais manger » (Os 11, 1.4).
2. Le Psaume s’ouvre par la description d’un comportement contraire à celui de l’enfance, qui est consciente de sa fragilité, mais qui est confiante en l’aide d’autrui. Le Psaume met en scène au contraire le coeur fier, l’orgueil du regard, la « grandeur et les prodiges » (cf. Ps 130, 1). C’est la représentation de la personne orgueilleuse, qui est décrite à travers des termes hébreux qui indiquent l’ »arrogance » et l’ »exaltation », l’attitude arrogante de celui qui regarde les autres avec un sentiment de supériorité, les considérant inférieurs à lui.
La grande tentation de l’orgueilleux, qui veut être comme Dieu, arbitre du bien et du mal (cf. Gn 3, 5), est fortement repoussée par l’orant, qui opte pour la confiance humble et spontanée dans l’unique Seigneur.
3. On passe ainsi à l’image inoubliable de l’enfant et de la mère. Le texte original hébreu ne parle pas d’un nouveau-né, mais d’un « petit enfant » (Ps 130, 2). Or, on sait que dans l’antiquité, au Proche-Orient, le sevrage se situait officiellement aux alentours des trois ans, et était célébré par une fête (cf. Gn 21, 8; 1 S 1, 20-23; 2 M 7, 27).
L’enfant, auquel le Psalmiste fait référence, est lié à la Mère par un rapport désormais plus personnel et intime et non pas par le simple contact physique et la nécessité de se nourrir. Il s’agit d’un lien plus conscient, même s’il est toujours immédiat et spontané. Telle est la parabole idéale de la véritable « enfance » de l’esprit, qui s’abandonne à Dieu non pas de façon aveugle et automatique, mais sereine et responsable.
4. La profession de foi de l’orant s’étend alors à toute la communauté; « Mets ton espoir, Israël, en Yahvé, dès maintenant et à jamais! » (Ps 130, 3). L’espérance naît à présent dans tout le peuple, qui reçoit de Dieu sécurité, vie et paix, et se prolonge du présent vers l’avenir, « dès maintenant et à jamais! ».
Il est facile de continuer la prière en reprenant d’autres voix présentes dans le Psautier, inspirées par la même confiance en Dieu: « Sur toi je fus jeté au sortir des entrailles dès le ventre de ma mère, mon Dieu c’est toi » (Ps 21, 11). « Si mon père et ma mère m’abandonnent, Yahvé m’accueillera » (Ps 26, 10). « Car c’est toi mon espoir, Seigneur, Yahvé, ma foi dès ma jeunesse. Sur toi j’ai mon appui dès le sein, toi ma part dès les entrailles de ma mère » (Ps 70, 5-6).
5. A l’humble confiance s’oppose, comme on l’a vu, l’orgueil. Un écrivain chrétien du IV-V siècle, Jean Cassien, met en garde les fidèles contre la gravité de ce péché, qui « détruit toutes les vertus et ne menace pas seulement les médiocres et les faibles, mais surtout ceux qui sont arrivés au sommet en utilisant leurs forces ». Il poursuit: « Voilà la raison pour laquelle le bienheureux David préserve avec tant de circonspection son coeur jusqu’à oser proclamer devant Celui auquel n’échappait certainement pas les secrets de sa conscience: « Seigneur, que mon coeur ne s’enorgueillisse pas et que mon regard ne s’élève pas avec supériorité; je ne recherche pas de grandes choses, au-delà de mes forces »… Toutefois, bien conscient de la difficulté, même pour les hommes parfaits, de préserver leur coeur, il ne prétend pas s’appuyer sur ses seules capacités, mais supplie par des prières le Seigneur, de l’aider à échapper aux dards de l’ennemi et à ne pas être blessé: « Que le pied des superbes ne m’atteigne » (Ps 35, 12) » (Le istituzioni cenobitiche [Des instituts des cénobites], XII, 6, Abbaye de Praglia, Bresseo di Teolo, Padova 1989, p. 289).
De même, un ancien anonyme des Pères du désert nous a transmis cette déclaration, qui fait écho au Psaume 130: « Je n’ai jamais dépassé mon rang pour marcher plus haut, et je ne me suis jamais troublé lorsque j’ai été humilié, car ma pensée tout entière était occupée par cela: prier le Seigneur de me dévêtir de l’homme ancien » (I Padri del deserto. Detti, Roma 1980, p. 287).

PAPE FRANÇOIS – (FAMILLE – 17. FAMILLE ET DE LA PAUVRETÉ) Mercredi 3 juin 2015

10 juin, 2015

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PAPE FRANÇOIS – (FAMILLE – 17. FAMILLE ET DE LA PAUVRETÉ)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 3 juin 2015 

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous avons réfléchi ces derniers mercredis à la famille et nous poursuivons sur ce thème, réfléchir à la famille. Et à compter d’aujourd’hui, nos catéchèses s’ouvrent, avec cette réflexion, sur la considération de la vulnérabilité qu’a la famille, dans les conditions de la vie qui mettent à l’épreuve. La famille a beaucoup de problèmes qui la mettent à l’épreuve.
L’une de ces épreuves est la pauvreté. Pensons à de nombreuses familles qui peuplent les périphéries des mégalopoles, mais aussi des zones rurales… Combien de misère, combien de dégradation ! Et puis, pour ne rien arranger à la situation, dans certains lieux arrive aussi la guerre. La guerre est toujours une chose terrible. Celle-ci frappe plus particulièrement les populations civiles, les familles. La guerre est réellement la «mère de toutes les pauvretés», la guerre appauvrit la famille, c’est une grande prédatrice de vies, d’âmes, et des liens d’affection les plus sacrés et les plus chers.
Malgré tout cela, il existe beaucoup de familles pauvres qui, avec dignité, essayent de conduire leur vie quotidienne, souvent en s’en remettant ouvertement à la bénédiction de Dieu. Cette leçon, toutefois, ne doit pas justifier notre indifférence, mais au contraire accroître notre honte pour le fait qu’il y ait tant de pauvreté! Cela relève presque du miracle lorsque, même dans la pauvreté, la famille continue à se former et même à conserver — autant qu’elle le peut — l’humanité spéciale de ses liens. Ce fait irrite ces planificateurs de bien-être qui considèrent les liens d’affection, la génération, les liens familiaux, comme une variable secondaire de la qualité de la vie. Ils ne comprennent rien! Nous devrions au contraire nous agenouiller devant ces familles, qui sont une véritable école d’humanité qui sauve les sociétés de la barbarie.
Que reste-t-il, en effet, si nous cédons au chantage de César et Mammon, de la violence et de l’argent, et nous renonçons aussi aux liens d’affection familiale ? Une nouvelle éthique civile arrivera seulement quand les responsables de la vie publique réorganiseront le lien social à partir de la lutte contre le cercle vicieux entre famille et pauvreté, qui nous mène au précipice.
L’économie actuelle s’est souvent spécialisée dans la jouissance du bien-être individuel, mais pratique largement l’exploitation des liens familiaux. C’est une grave contradiction, celle-là ! L’immense travail de la famille n’est pas coté dans les budgets, naturellement ! En effet, l’économie et la politique sont avares de reconnaissance à cet égard. Pourtant, la formation intérieure de la personne et la circulation sociale des liens d’affection reposent précisément là-dessus. Si tu ôtes ce pilier, tout s’écroule.
Ce n’est pas seulement une question de pain. Nous parlons de travail, nous parlons d’instruction, nous parlons de santé. Il est important de bien comprendre cela. Nous sommes toujours très émus quand nous voyons les photographies d’enfants dénutris et malades qui nous sont montrées dans de nombreuses parties du monde. Dans le même temps, nous sommes aussi émus quand nous voyons le regard brillant de nombreux enfants, privés de tout, qui sont dans des écoles faites de rien, quand ils montrent avec orgueil leur crayon et leur cahier. Et comme ils regardent avec amour leur maître ou leur maîtresse! Les enfants savent vraiment que l’homme ne vit pas que de pain ! L’affection familiale aussi ; lorsque la misère est présente les enfants souffrent, parce qu’ils veulent l’amour, les liens familiaux.
Nous chrétiens devrions être toujours plus proches des familles que la pauvreté met à l’épreuve. Réfléchissez, vous connaissez tout quelqu’un dans ce cas: papa sans travail, maman sans travail… et la famille souffre, les liens s’affaiblissent. Cela est terrible. En effet, la misère sociale frappe la famille et parfois la détruit. Le manque ou la perte de travail, ou sa grande précarité, marquent lourdement la vie familiale, mettant à dure épreuve les relations.
Les conditions de vie dans les quartiers les plus difficiles, avec des problèmes de logements et de transports, ainsi que la réduction des services sociaux, médicaux et scolaires, causent des difficultés supplémentaires. À ces facteurs matériels s’ajoute le dommage causé à la famille par de pseudo modèles, diffusés par les mass-média fondés sur la consommation et le culte de l’apparence, qui influencent les couches les plus pauvres et augmentent la désagrégation des liens familiaux. Soigner les familles, soigner les liens d’affection, quand la misère met la famille à l’épreuve !
L’Église est mère, et ne doit pas oublier ce drame de ses enfants. Elle aussi doit être pauvre, pour devenir féconde et répondre à tant de misère. Une Église pauvre est une Église qui pratique une simplicité volontaire dans sa propre vie — dans ses institutions mêmes, dans le style de vie de ses membres — pour abattre tout mur de séparation, surtout des pauvres. La prière et l’action sont nécessaires. Prions intensément le Seigneur, qu’il nous secoue, pour rendre nos familles chrétiennes les acteurs de cette révolution de la proximité familiale, qui à présent nous est si nécessaire ! C’est de celle-ci, de cette proximité familiale, que l’Église est faite depuis ses débuts. Et n’oublions pas que le jugement des indigents, des petits et des pauvres anticipe le jugement de Dieu (Mt 25, 31-46). N’oublions pas cela et faisons tout ce que nous pouvons pour aider les familles à aller de l’avant dans l’épreuve de la pauvreté et de la misère qui frappent les liens d’affection, les liens familiaux. Je voudrais lire une nouvelle fois le texte de la Bible que nous avons écouté au début et que chacun de nous pense aux familles qui sont éprouvées par la misère et par la pauvreté, la Bible dit ainsi : « Mon fils, ne retire pas au pauvre ce qu’il lui faut pour vivre, ne fais pas attendre le regard d’un indigent. Ne fais pas souffrir un affamé, n’exaspère pas un homme qui est dans la misère. N’ajoute pas au trouble d’un cœur irrité, ne fais pas attendre ton aumône à celui qui en a besoin. Ne repousse pas celui qui supplie dans la détresse, ne détourne pas du pauvre ton visage. Ne détourne pas du miséreux ton regard, ne donne pas à un homme l’occasion de te maudire » (Sir 4, 1-5a). Car c’est cela que fera le Seigneur — l’Évangile le dit — si nous ne faisons pas ces choses.

Jesus on Cross, Notre Dame, Paris

9 juin, 2015

Jesus on Cross, Notre Dame, Paris dans images sacrée jesus-on-cross

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UN DIEU JALOUX

9 juin, 2015

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UN DIEU JALOUX

Les attributs de Dieu examinés jusqu’à présent sont des attributs que nous pouvions facilement imaginer se rapporter à Dieu : la puissance de Dieu, la majesté de Dieu, l’amour de Dieu, la justice de Dieu, la grâce de Dieu. Il est effectivement facile pour la plupart d’entre nous de voir ces attributs en Dieu. Mais l’attribut que je veux voir avec vous aujourd’hui est plus difficile à accepter spontanément. Un Dieu « jaloux », la jalousie de Dieu : l’expression peut paraître choquante. S’il nous fallait imaginer un Dieu, nous ne lui attribuerions que les attributs qui font notre admiration et la jalousie ne figurerait certainement pas au tableau. La jalousie nous apparaît plutôt comme un vice que comme une qualité. Or, Dieu, nous le savons, est parfaitement bon. Qui peut imaginer qu’il se trouve en Dieu de la jalousie ?
Tu n’adoreras pas d’autres dieux que moi car je suis un Dieu jaloux
Plutôt qu’imaginer ce qu’il est difficile de croire, regardons plutôt ce que nous dit la Bible. Car c’est elle qui nous révèle la vérité sur la personne de Dieu. La première fois où Dieu parle de Sa jalousie, c’est après que le peuple d’Israël soit sorti d’Egypte. Moïse se rend sur le Mont Sinaï pour rencontrer Dieu. Il fait alors avec son peuple alliance et donne à Moïse les 2 tables de la loi et les 10 commandements. Une des premières choses que Dieu apprend au peuple est qu’Il est un Dieu jaloux au second commandement : « Tu ne te prosterneras point devant elles (les idoles), et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent ». Un peu plus tard, alors que Dieu remet pour la seconde fois les tables de la loi à Moïse, Dieu adresse à Moïse ces paroles plus saisissantes encore : « L’Eternel porte le nom de jaloux, il est un Dieu jaloux ». Il ne dit plus seulement qu’il est un Dieu jaloux, mais que son nom est « jaloux ». Ce texte est extrêmement significatif, car il occupe une place particulière dans la Bible. En effet, un des thèmes du livre de l’Exode est la révélation du nom de Dieu : or dans la Bible, la révélation du nom de Dieu représente aussi le caractère de Dieu, la nature de Dieu.
Rappelez-vous : Dieu s’est présenté à Moïse au chapitre 3 du livre de l’Exode dans le buisson ardent, comme étant : « Je suis celui qui suis », ou plus simplement « Je suis », puis au chapitre 6 du même livre de l’Exode en face de Pharaon: « Jéhova, L’Eternel ». Mais dès que Dieu a fait alliance avec son peuple d’Israël, Dieu proclame son nom à Moïse. Je vous invite à prendre votre Bible et lire le texte dans Exode 34 v 5-14.

Deux sortes de jalousies
Au début du texte, Dieu porte un nom qui établit la perfection morale de Dieu. A la fin du passage, au cours du même entretien avec Moïse, Dieu résume ce qu’il a dit et achève de révéler son nom en déclarant que ce nom est « jaloux ». Puisque cet attribut est utilisé par Dieu lui-même pour se caractériser, il est une réalité qu’on ne peut mettre en doute ; comme il représente le nom de Dieu, il doit être une qualité de Dieu et non un défaut ; il est donc fondamental que nous puissions en comprendre la signification.
Quelle est la nature de la jalousie de Dieu ? Comment se fait-il que la jalousie puisse être une qualité chez Dieu et un vice chez les hommes ? Les perfections de Dieu sont des sujets de louanges, comment pouvons-nous louez Dieu pour sa jalousie ?
Il existe 2 sortes de jalousie:
Une jalousie que l’on peut résumer par : « Je désire ce que tu as et je te hais parce que je ne le possède pas. » Le plus souvent cette jalousie implique la méchanceté envers quelqu’un. Je pense que nous avons tous vécu cette jalousie ; vous savez, le frère ainé qui est jaloux de son petit frère qui vient de naître et qui reçoit toute l’attention des parents – des cadeaux, cet enfant qui est jaloux parce que son copain a le téléphone portable qu’il aurait voulu, au travail un collègue qui vient d’avoir une promotion et les éloges du patron, en amour aussi on peut voir cette jalousie entre des personnes. Dans la Bible, nous avons aussi des exemples de cette jalousie : Les frères de Joseph étaient jaloux et ont vendu leur frère en esclavage. Dans les Actes, un groupe jaloux parmi les juifs ont incité la foule contre Paul. Dans les Proverbes, cette jalousie est considérée comme pire que la colère Oui, cette jalousie est un défaut. Est-ce cette jalousie qui caractérise Dieu ? Bien sûr que non.
Une autre sorte de jalousie que l’on peut résumer par : « Je t’aime tellement que je veux tout faire pour protéger cet amour et demander vengeance si cet amour est brisé ». Cette jalousie apparaît comme un fruit de l’amour conjugal. Un couple qui n’éprouverait aucune jalousie si un amant s’introduisait dans leur foyer manquerait de sens moral. Cette jalousie témoigne de la compréhension du véritable sens de la relation qui unit un mari à sa femme en même temps que l’ardent désir de garder cette relation intacte. Dans l’Ancien Testament, la loi la jalousiereconnaissait la légitimité d’une telle jalousie et l’Ecriture ne remet pas en question la valeur morale d’une telle attitude. L’Ecriture considère la détermination de l’époux, prêt à protéger son union et à prendre les mesures nécessaires contre quiconque viendrait la profaner, comme une chose juste qui prouve qu’il reconnaît au mariage toute sa valeur. L’Ecriture envisage toujours la jalousie de Dieu sous cet angle, c’est-à-dire sous l’angle de l’amour que Dieu porte à son peuple dans le cadre de l’Alliance comme un mariage, avec tout ce que ce terme implique d’amour et de loyauté. Dans la loi de Moïse, la jalousie de Dieu est toujours liée aux cultes des idoles sous quelques formes qu’il se présente et tous les passages relatifs à cette jalousie se réfèrent à la sanction qui accompagne le second commandement « Vous ne devez pas adorer d’autres dieux parce que je suis un Dieu jaloux ». Dans ce cas « jaloux » signifie que Dieu est intolérant de l’infidélité des hommes.
Je pense que cela nous fait parfaitement comprendre ce que Dieu voulait dire lorsqu’il disait à Moïse que son nom était « jaloux » : Oui, « Dieu est jaloux » il exige de la part de ceux qu’il a aimés et rachetés une loyauté totale et il défendra ses droits en punissant sévèrement les siens au cas où ceux-ci trahiraient son amour en se montrant infidèles. La jalousie de Dieu implique son peuple seulement. D’après ce que j’ai pu lire, je n’ai pas trouvé une place dans l’Ancien Testament où Dieu était jaloux pour les autres nations, seulement pour le peuple d’Israël. Pourquoi était-ce le cas ? Parce qu’Israël appartenait à Dieu, Israël était son épouse. Dans la Nouvelle Alliance, son épouse est l’Eglise, l’ensemble des croyants ; et cette jalousie de Dieu s’applique à nous aussi aujourd’hui.

Le but de la jalousie de Dieu pour son peuple
La jalousie que Dieu a pour son peuple se fait dans le cadre de l’Alliance. Son amour n’est pas un amour éphémère, mais il est au contraire lié à un projet souverain. L’Amour de Dieu a un but : lui permettre d’avoir sur cette terre un peuple qui lui appartienne aussi longtemps que ce monde durera et lui permettre d’avoir ensuite avec lui dans la gloire tous ceux qui lui ont été fidèles. C’est, à la lumière de ce plan général qu’il nous faut comprendre sa jalousie, car la Bible, le dit, l’objectif final de Dieu est :
-d’établir son autorité et sa justice, après avoir démontré sa souveraineté en jugeant le péché ;
-de racheter et sauver les élus
-d’être aimé et glorifié par eux pour l’oeuvre glorieuse d’amour et de justification qu’il a accomplie.
Dieu recherche ce que nous devrions aussi rechercher : sa gloire au travers des hommes, et c’est finalement pour assurer la réalisation de cet objectif qu’il se montre jaloux.
La jalousie de Dieu le conduit donc :
-d’une part à juger et détruire ceux de son peuple qui se sont montrés infidèles et sont tombés dans l’idolâtrie et le péché comme le dit Josué : Vous n’aurez pas la force de servir l’Eternel, car c’est un Dieu saint, c’est un Dieu jaloux; il ne pardonnera point vos transgressions et vos péchés,
mais aussi et bien sûr tous ceux qui en tous lieux se montrent ennemis de la justice et de la miséricorde comme on peut le lire dans le prophète Nahum : L’Eternel est un Dieu jaloux, il se venge; L’Eternel se venge, il est plein de fureur; L’Eternel se venge de ses adversaires, Il garde rancune à ses ennemis.
Ces actions sont motivées par le fait que Dieu est « jaloux » de son saint nom. Son nom, c’est ce qu’il est par essence, c’est sa personne « Jéhova l’Eternel », dont le nom doit être reconnu, honoré et glorifié. Je suis l’Eternel, c’est là mon nom : et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux idoles ; c’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi, que je veux agir ; car comment mon nom serait-il profané ? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre (Es 42.8 ; 48.11). C’est dans ces textes que se trouve révélée la raison profonde de la jalousie de Dieu.

La portée pratique pour nous qui nous réclamons du peuple de Dieu
Face à l’amour que Dieu nous porte, il n’y a qu’une bonne attitude à avoir : l’aimer en retour ; et face à sa jalousie, il n’y aussi qu’une bonne attitude à avoir : nous montrer zélés pour lui. Ce zèle pour Dieu est à mon sens le 1er élément de réponse que nous pouvons apporter à la jalousie de Dieu. Dans le petit Robert, le zèle est défini comme « une vive ardeur à servir une personne à laquelle on est entièrement dévoué ». Nous avons une grande importance aux yeux de Dieu et Dieu doit avoir aussi une grande importance à nos yeux. Dans le second commandement de la loi, l’interdiction d’adorer les idoles sous-entendait que le peuple de Dieu devait se montrer totalement dévoué à Dieu. Pour exprimer une telle attitude, la Bible emploie le mot « zèle ».
J’aimerais vous citer une description du « zèle pour Dieu » devenue un classique et dite par un évêque anglais qui fut un formidable évangéliste en son temps. Je la cite en partie. «Le zèle est un désir brûlant de plaire à Dieu, de faire sa volonté et de travailler à l’avènement de son règne glorieux dans le monde de toutes les façons possibles. C’est là un désir qu’aucun être ne ressent naturellement, car c’est l’Esprit qui le met au c?ur de chaque croyant après sa conversion, mais certains croyants le ressentent avec une telle intensité que seuls ils méritent d’être appelés « zélés ». Ce n’est pas assez de dire qu’il est plein d’ardeur, empressé, fidèle, profond, sincère et fervent d’esprit. Il n’a qu’une idée en tête, il ne vit que pour une seule idée, il n’est absorbé que par une idée et cette idée, c’est de plaire à Dieu. L’homme zélé ne se soucie pas de vivre ou de mourir, d’être riche ou pauvre, de plaire ou de déplaire aux hommes, de passer pour sage ou fou, d’être traité avec honneur ou avec mépris. Il ne brûle que pour une seule idée et cette idée c’est de plaire à Dieu et de travailler à l’avancement de son règne glorieux. Qu’il se consume lui-même dans ce feu, peu lui importe, il est heureux. Il sait que, telle une lampe, il est fait pour brûler et s’il se consume dans ce feu, il ne fait qu’accomplir l’?uvre que Dieu lui a donnée à faire. S’il ne peut prêcher, travailler ou donner de son argent, il pourra pleurer, soupirer et prier. S’il se trouve empêché de travailler lui-même, il ne laissera pas de repos au Seigneur avant que la relève ne soit assurée et le travail accompli. Voilà ce que j’entends lorsque je parle de zèle.

Face à la jalousie de Dieu, avons-nous ce zèle ? L’Ecriture fait aussi du zèle l’objet d’un commandement ! « Les chrétiens doivent être zélés pour les bonnes oeuvres » peut-on lire dans Tite. De nombreux personnages sont cités dans la Bible comme ayant du zèle pour l’Eternel : Après avoir essuyé des reproches, les Corinthiens reçoivent des éloges à cause de leur zèle ; Elie déployait son zèle pour l’Eternel des armées, et Dieu rendit honneur à ce zèle en envoyant un char l’emporter au ciel. Paul était un homme zélé entièrement dévoué à son Seigneur. Sachant qu’il allait souffrir il disait : « Je ne fais pour moi aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu ». Le Seigneur Jésus lui-même fut l’exemple suprême du zèle. Lorsqu’ils le regardaient purifier le temple, « ses disciples se souvinrent qu’il était écrit : Le zèle de ta maison me dévore ».
Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Le zèle de la maison de Dieu nous dévore-t-il ? Pouvons-nous dire avec le maître : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre ? Quel genre de disciple sommes-nous ? Ressentons-nous le besoin de faire monter vers Dieu une prière ?
La jalousie de Dieu s’exerce à l’encontre de son peuple qu’il aime, de son Eglise. La jalousie de Dieu est une menace pour les Eglises qui ne manifestent aucun zèle pour Dieu. Et c’est ce second élément de réponse qui fait écho à la jalousie de Dieu. Nous aimons nos églises ; nous avons du mal à imaginer qu’elles puissent déplaire sérieusement à Dieu. Mais le Seigneur Jésus envoya un jour un message à une Eglise qui ressemblait beaucoup aux nôtres, l’Eglise de Laodicée, si fière d’elle-même et dans ce message, le Seigneur disait aux membres de cette Eglise que leur manque de zèle constituait pour lui la pire offense. « Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Aie donc du zèle et repens-toi ». Combien de nos églises, elles aussi, aujourd’hui sont solides, respectables et tièdes ?

Face à un Dieu jaloux, que pouvons-nous espérer sinon, par la grâce de Dieu qui, dans sa colère, se souvient aussi de sa miséricorde, avoir du zèle pour nous repentir . Réveille-nous Seigneur, réveille nos églises avant que le jugement n’arrive.Pour faire écho au second commandement de la loi qui a débuté mon message, Jésus nous rappelle quel est le commandement le plus important : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée ». Si nous vivons ce commandement nous sommes zélés pour l’Eternel ; tout en nous ne pense qu’à plaire à Dieu. Amen

PAPE FRANÇOIS – L’EGLISE – 7. CARISMI: LA DIVERSITÉ ET L’UNITÉ

9 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/it/cotidie/2015/documents/papa-francesco-cotidie_20150609_ultima-parola.html

PAPE FRANÇOIS – L’EGLISE – 7. CARISMI: LA DIVERSITÉ ET L’UNITÉ

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 1er octobre 2014

Chers frères et sœurs, bonjour.

Dès le début, le Seigneur a comblé l’Église des dons de son Esprit, en la rendant ainsi toujours vivante et féconde avec les dons de l’Esprit Saint. Parmi ces dons, on en distingue certains qui se révèlent particulièrement précieux pour l’édification et le chemin de la communauté chrétienne : il s’agit des charismes. Au cours de cette catéchèse nous voulons nous demander : qu’est-ce exactement qu’un charisme ? Comment pouvons-nous le reconnaître et l’accueillir ? Et surtout : le fait qu’il y ait dans l’Église une diversité et une multiplicité de charismes, doit-il être vu dans un sens positif, comme quelque chose de beau, ou bien comme un problème ?
Dans le langage commun, quand on parle de « charisme », on entend souvent un talent, une habileté naturelle. On dit : « Cette personne a un charisme particulier pour enseigner. C’est un talent qu’elle a ». Ainsi, face à une personne particulièrement brillante et entraînante, on dit souvent : « C’est une personne charismatique ». Qu’est-ce que cela signifie ? ». « Je ne sais pas, mais elle est charismatique ». Et nous disons ainsi. Nous ne savons pas ce que nous disons, mais nous disons : « Elle est charismatique ». Dans la perspective chrétienne, toutefois, le charisme est bien plus qu’une qualité personnelle, qu’une prédisposition dont on peut être doté : le charisme est une grâce, un don offert par Dieu le Père à travers l’action de l’Esprit Saint. Et c’est un don qui est offert à quelqu’un non pas parce qu’il est meilleur que les autres ou parce qu’il l’aurait mérité : c’est un cadeau que Dieu lui fait, pour qu’avec la même gratuité et le même amour, il puisse le mettre au service de la communauté tout entière, pour le bien de tous. En parlant de manière un peu humaine, on peut dire : « Dieu donne cette qualité, ce charisme à cette personne, mais pas pour elle-même, pour qu’elle soit au service de toute la communauté ». Aujourd’hui, avant d’arriver sur la place, j’ai reçu beaucoup d’enfants porteurs de handicap dans la salle Paul VI. Il y en avait beaucoup avec une Association qui se consacre au soin de ces enfants. Qu’est-ce que c’est ? Cette association, ces personnes, ces hommes et ces femmes, ont un charisme pour soigner les enfants porteurs de handicap. C’est cela un charisme !
Une chose importante qu’il faut immédiatement souligner est le fait que l’on ne peut pas comprendre seul si on a un charisme, et lequel. Très souvent, nous avons entendu des personnes qui disent : « Moi j’ai cette qualité, moi je chante très bien ». Et personne n’a le courage de dire : « Mieux vaut que tu te taises, parce que tu nous casses les oreilles quand tu chantes ! ». Personne ne peut dire « Moi j’ai ce charisme ». C’est à l’intérieur de la communauté qu’éclosent et fleurissent les dons dont nous comble le Père ; et c’est au sein de la communauté que l’on apprend à les reconnaître comme un signe de son amour pour tous ses fils. Alors, il est bon que chacun de nous se demande : « Y a-t-il quelque charisme que le Seigneur a fait naître en moi, dans la grâce de son Esprit, et que mes frères, dans la communauté chrétienne, ont reconnu et encouragé ? Et comment est-ce que je me comporte moi- même vis-à-vis de ce don : je le vis avec générosité, en le mettant au service de tous, ou bien je le néglige et je finis par l’oublier ? Ou bien devient-il en moi un motif d’orgueil, au point de me plaindre toujours des autres et de prétendre que dans la communauté l’on fasse à ma manière ? ». Ce sont des questions que nous devons nous poser : s’il y a un charisme en moi, si ce charisme est reconnu par l’Église, si je suis heureux de ce charisme ou si je suis un peu jaloux des charismes des autres, si je voulais, je veux avoir ce charisme ! Le charisme est un don : seul Dieu le donne !
Mais l’expérience la plus belle est de découvrir de combien de charismes différents et de combien de dons de son Esprit le Père comble son Église ! Cela ne doit pas être vu comme un motif de confusion, de malaise : ce sont autant de cadeaux que Dieu fait à la communauté chrétienne, pour qu’elle puisse croître harmonieusement, dans la foi et dans son amour, comme un seul corps, le corps du Christ. L’Esprit lui-même qui nous donne cette différence de charismes, fait l’unité de l’Église. C’est toujours le même Esprit. Face à cette multiplicité de charismes, donc, notre cœur doit s’ouvrir à la joie et nous devons penser : « Que c’est beau ! Tant de dons différents, parce que nous sommes tous fils de Dieu, et tous aimés de façon unique ». Malheur, alors, si ces dons deviennent un motif d’envie, de division, de jalousie ! Comme le rappelle l’apôtre Paul dans sa Première Lettre aux Corinthiens au chapitre 12, tous les charismes sont importants aux yeux de Dieu et, dans le même temps, aucun n’est irremplaçable. Cela veut dire que dans la communauté chrétienne nous avons besoin l’un de l’autre, et chaque don reçu se réalise pleinement quand il est partagé avec les frères, pour le bien de tous. C’est cela l’Église ! Et quand l’Église, dans la diversité de ses charismes, s’exprime en communion, elle ne peut se tromper : c’est la beauté et la force du sensus fidei, de ce sens surnaturel de la foi, qui est donné par l’Esprit Saint afin que, ensemble, nous puissions tous entrer dans le cœur de l’Évangile et apprendre à suivre Jésus dans notre vie.
Aujourd’hui, l’Église fête la mémoire de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Cette sainte, qui est morte à 24 ans et aimait tant l’Église, voulait être missionnaire, mais elle voulait avoir tous les charismes, et disait : « Je voudrais faire cela, cela et cela », elle voulait tous les charismes. Elle est allée prier, elle a senti que son charisme était l’amour. Et elle a dit cette belle phrase : « Dans le cœur de l’Église, je serai l’amour ». Et ce charisme, nous l’avons tous : la capacité d’aimer. Demandons aujourd’hui à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus cette capacité de tant aimer l’Église, de tant l’aimer, et d’accepter tous ces charismes avec cet amour de fils de l’Église, dans notre sainte Mère l’Église hiérarchique.
Frères et sœurs, l’Église est Une dans la diversité des charismes. Un charisme est bien plus qu’une qualité, un talent naturel dont on peut être doté. Il est une grâce de l’Esprit, un don de Dieu, qui est fait à l’un ou l’autre, pour qu’il le mette au service de toute la communauté, pour le bien de tous. Loin d’être un motif d’orgueil, il doit être vécu avec générosité et désintéressement. On ne peut soi-même se déclarer pourvu d’un charisme ; car celui-ci doit être reconnu au sein de la communauté, comme signe de l’amour de Dieu pour ses enfants. Tous les charismes sont des dons de l’Esprit, et leur diversité ne doit pas être une cause de division, mais d’émerveillement ; ils doivent pouvoir grandir ensemble harmonieusement dans la foi et l’amour, car nous avons tous besoin les uns des autres.

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