Archive pour juin, 2015

PAPE FRANÇOIS : « NE CESSEZ PAS DE LOUER LE SEIGNEUR ! » – RENCONTRE AVEC LE RENOUVEAU CHARISMATIQUE

17 juin, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/ne-cessez-pas-de-louer-le-seigneur

« NE CESSEZ PAS DE LOUER LE SEIGNEUR ! »

RENCONTRE AVEC LE RENOUVEAU CHARISMATIQUE (TEXTE INTÉGRAL)

ROME, 3 NOVEMBRE 2014 (ZENIT.ORG) PAPE FRANÇOIS

« Louez toujours le Seigneur, ne cessez pas de le faire, louez-le toujours plus, sans cesse… quand vous vous réunissez, louez le Seigneur ! » : c’est l’exhortation du pape au Renouveau charismatique : « la prière de louange est la prière de toute l’Église ! C’est la reconnaissance de la Seigneurie de Dieu sur nous et sur toute création exprimée par la danse, la musique et le chant ».
Le pape François a reçu les membres de la Fraternité catholique des communautés charismatiques (Catholic Fraternity of Charismatic Covenant Communities and Fellowships CFCCCF) le 31 octobre 2014, en la salle Paul VI du Vatican.
La CFCCCF était en effet réunie à Rome pour sa XVIe Conférence internationale sur le thème : « Louange et adoration charismatique pour une nouvelle évangélisation » (30 octobre – 2 novembre).

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chères frères et chères sœurs,
Je vous remercie pour votre accueil et je vous salue tous avec affection. Je sais que la Catholic Fraternity of Charismatic Covenant Communities and Fellowships a déjà tenu sa rencontre avec l’exécutif et le conseil et que cet après midi vous commencerez votre XVIème conférence internationale avec le cher Père Raniero.
Vous avez eu la gentillesse de me faire parvenir le programme et je vois que chaque rencontre commence avec le discours que j’ai adressé au Renouveau charismatique à l’occasion de la rencontre au Stade Olympique au mois de juin dernier.
Tout d’abord, je veux vous féliciter parce que vous avez initié ce qui auparavant n’était qu’un souhait. Depuis près de deux mois la Catholic Fraternity et l’ICCRS ont commencé à travailler en partageant le même bureau dans le Palais saint Calixte (siège du Conseil pontifical pour les laïcs, ndlr), à l’« Arche de Noé ». Je suis conscient qu’il n’a pas du être facile de prendre cette décision et je vous remercie de tout mon cœur pour ce témoignage d’unité, de flot de grâces, que vous êtes en train de donner à tout le monde.
Je voudrais approfondir quelques thèmes que je pense importants.
Unité dans la diversité. L’uniformité n’est pas catholique, n’est pas chrétienne. L’unité dans la diversité. L’unité catholique est diverse mais une. C’est curieux ! Celui qui fait la diversité est aussi celui qui fait l’unité : l’Esprit Saint. Il fait les deux choses : unité dans la diversité. L’unité n’est pas uniformité, ce n’est pas faire obligatoirement tout ensemble, ni penser de la même manière, ni non plus perdre son identité. L’unité dans la diversité c’est précisément le contraire, c’est reconnaître et accepter avec joie les divers dons que l’Esprit Saint donne à chacun et les mettre au service de tous dans l’Église.
Aujourd’hui dans le passage de l’Évangile que nous avons lu pendant la messe, il y avait l’uniformité de ces hommes attachés à la lettre : « Vous ne devez pas faire comme ceci …. », à tel point que le Seigneur a dû demander : « Mais dites moi, peut-on faire le bien le samedi ou non ? » C’est le danger de l’uniformité. L’unité c’est savoir écouter, accepter les différences, avoir la liberté de penser différemment et le manifester ! Avec tout le respect de l’autre qui est mon frère. N’ayez pas peur des différences ! Comme je l’ai dit dans l’exhortation Evangelii gaudium : « Le modèle n’est pas la sphère, qui n’est pas supérieure aux autres parties, où chaque point est équidistant du centre et il n’y a pas de différence entre un point et un autre. Le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de toutes les partialités qui en elles maintiennent leur originalité » (236), et font l’unité.
J’ai vu dans l’opuscule, où il y a les noms des Communautés, que la phrase que vous avez choisi de mettre au début dit : « …..partager avec tous dans l’Église le Baptême dans l’Esprit Saint ». L’Église a besoin de l’Esprit Saint, sinon il nous manquerait ! Chaque chrétien, dans sa vie, a besoin d’ouvrir son cœur à l’action sanctifiante de l’Esprit Saint. L’Esprit promis par le Père, est Celui qui révèle Jésus-Christ, qui nous donne la possibilité de dire : Jésus ! Sans l’Esprit nous ne pouvons pas le dire. Il nous révèle Jésus Christ, il nous conduit à la rencontre personnelle avec Lui et ainsi il change notre vie. Une question : Vivez-vous cette expérience ? Partagez là ! Et pour la partager, il faut la vivre, en être des témoins !
Le thème que vous avez choisi pour le Congrès est « Louange et adoration pour une nouvelle évangélisation ». Le Père Raniero, maître de prière, parlera de cela. La louange est l’inspiration qui nous donne la vie, parce que c’est l’intimité avec Dieu, qui croît avec la louange chaque jour. Il y a quelque temps j’ai entendu cet exemple qui me semble très approprié : la respiration de l’être humain. La respiration est formée de deux phases : inspirer, c’est à dire faire entrer de l’air, et expirer, le laisser sortir. La vie spirituelle s’alimente, se nourrit dans la prière et se manifeste dans la mission : inspiration – la prière – et expiration. Quand nous inspirons, dans la prière, nous recevons l’air nouveau de l’Esprit Saint et quand nous l’expirons nous annonçons Jésus Christ suscité par ce même Esprit Saint.
Personne ne peut vivre sans respirer. C’est la même chose pour le chrétien : sans la louange et sans la mission on ne vit pas en chrétien. Et à la louange, il faut associer l’adoration. On parle peu d’adoration. « Que fait-on dans la prière ? » – « On demande des choses à Dieu, on remercie, on se fait intercesseur… ». L’adoration, adorer Dieu. C’est une partie de la respiration : la louange et l’adoration.
C’est le Renouveau Charismatique qui a rappelé à l’Église la nécessité et l’importance de la prière de louange. Quand on parle de la prière de louange dans l’Église, on pense aux charismatiques. Pourtant lorsque j’ai parlé de la prière de louange pendant la messe à Sainte Marthe, j’ai dit que ce n’était pas seulement la prière des charismatiques mais de toute l’Église ! C’est la reconnaissance de la seigneurie de Dieu sur nous et sur toute création exprimée dans la danse, la musique et dans le chant.
Je voudrais reprendre quelques passages de cette homélie : « La prière de louange est une prière chrétienne pour nous tous. Pendant la Messe, tous les jours, quand nous chantons en répétant « Saint, Saint, Saint … », ceci est une prière de louange, nous louons Dieu pour sa grandeur parce qu’il est grand. Et nous lui disons des belles choses, parce qu’il nous plaît que ce soit ainsi… La prière de louange nous rend féconds. Sarah dansait au grand moment de sa fécondité à quatre vingt dix ans ! La fécondité est une louange au Seigneur. L’homme et la femme qui louent le Seigneur, qui prient en louant le Seigneur – et quand ils le font ils sont heureux de le dire – qui se réjouissent quand ils chantent le Sanctus pendant la Messe, sont un homme et une femme féconds. Nous pensons qu’il est beau de faire des prières de louange. Quand nous élevons une prière de louange vers le Seigneur, nous devons dire à notre cœur : ‘Lève toi, cœur, parce que tu es devant le roi de la gloire’ ». (Messe à Sainte Marthe, le 28 janvier 2014).
Outre la prière de louange, la prière d’intercession est aujourd’hui un cri au Père pour nos frères chrétiens persécutés et assassinés, pour la paix dans notre monde bouleversé.
Louez toujours le Seigneur, ne cessez pas de le faire, louez-le toujours plus, sans cesse. Ils m’ont dit que dans des groupes de prière du renouvellement charismatique on récite ensemble le Rosaire. La prière à la Vierge Marie ne doit jamais faiblir, jamais, jamais ! Mais quand vous vous réunissez, louez le Seigneur !
Je vois parmi vous un ami très cher, le Pasteur Jean Traettino, à qui j’ai rendu visite il y a peu de temps. Catholic Fraternity, n’oublie pas tes origines, n’oublie pas que le Renouveau charismatique est par sa nature œcuménique. Sur ce thème le Bienheureux Paul VI, dans sa très belle et très actuelle exhortation sur l’évangélisation, dit : « …. La force de l’évangélisation se trouvera bien diminuée si ceux qui annoncent l’Évangile sont divisés entre eux par toutes sortes de rupture. Ne serait-ce pas là l’un des grands malaises de l’évangélisation aujourd’hui ?… Le testament spirituel du Seigneur nous dit que l’unité entre ses disciples n’est pas seulement la preuve que nous sommes siens, mais aussi la preuve qu’il est envoyé du Père, test de crédibilité des chrétiens et du Christ lui-même… Oui, le sort de l’évangélisation est certainement lié au témoignage d’unité donné par l’Église. Voilà une source de responsabilité mais aussi de réconfort.» (Evangelii nuntiandi, 77). Ainsi parle le Bienheureux Paul VI.
Œcuménisme spirituel, prier ensemble, annoncer ensemble que Jésus est le Seigneur et agir ensemble dans l’aide aux pauvres, dans toute leur pauvreté. C’est ce que nous devons faire. N’oubliez pas qu’aujourd’hui le sang de Jésus, versé par ses nombreux martyrs chrétiens en divers endroits du monde, nous interpelle et nous pousse à l’unité. Pour les persécuteurs nous ne sommes pas divisés, nous ne sommes pas luthériens, orthodoxes, évangélistes, catholiques… Non ! Nous sommes un ! Pour les persécuteurs nous sommes chrétiens ! Rien d’autre ne les intéresse. Voilà l’œcuménisme par le sang que l’on vit aujourd’hui.
Rappelez-vous : cherchez l’unité qui est œuvre de l’Esprit Saint et qui ne craint pas la diversité. La respiration du christianisme laisse entrer l’air de l’Esprit Saint toujours nouveau afin que le monde le respire. Prière de louange et mission. Partagez le Baptême dans l’Esprit Saint avec tous dans l’Église. Œcuménisme spirituel, œcuménisme du sang. L’unité du Corps du Christ. Préparer l’Épouse pour l’Époux qui vient ! Une seule Épouse ! Tous ! (Ap 11,17).
Enfin, une mention spéciale, en plus de mes remerciements, à ces jeunes musiciens qui viennent du Nord du Brésil et qui ont joué au début, j’espère qu’il continueront à jouer un peu. Ils m’ont reçu avec tant d’affection avec le chant « Vive Jésus le Seigneur ». Je sais qu’ils ont préparé quelque chose en plus et je vous invite à les écouter avant de vous saluer. Merci.

Traduction de Zenit, Hugues de Warren

PAPE FRANÇOIS – (LA FAMILLE -18. FAMILLE ET MALADIE)

17 juin, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2015/documents/papa-francesco_20150610_udienza-generale.html

PAPE FRANÇOIS – (LA FAMILLE -18. FAMILLE ET MALADIE)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Place Saint-Pierre

Mercredi 10 juin 2015

Chers frères et sœurs, bonjour !

Nous poursuivons les catéchèses sur la famille et au cours de cette catéchèse, je voudrais évoquer un aspect très commun de la vie de nos familles, celui de la maladie. C’est une expérience de notre fragilité, que nous vivons principalement en famille, dès l’enfance, puis surtout en tant que personnes âgées, lorsque commencent les maux. Dans le cadre des liens familiaux, la maladie des personnes que nous aimons est vécue avec un « supplément » de souffrance et d’angoisse. C’est l’amour qui nous fait ressentir ce « supplément ». Très souvent, pour un papa et une maman, il est plus difficile de supporter la maladie d’un fils, d’une fille, que la leur. Nous pouvons dire que la famille est depuis toujours l’« hôpital » le plus proche. Aujourd’hui encore, dans de nombreuses parties du monde, l’hôpital est un privilège réservé à de rares personnes et souvent, il est éloigné. Ce sont la maman, le papa, les frères, les sœurs, les grands-mères qui assurent les soins et qui aident à guérir.
Dans les Évangiles, de nombreuses pages rapportent les rencontres de Jésus avec les malades et son zèle pour les guérir. Il se présente publiquement comme une personne qui lutte contre la maladie et qui est venu guérir l’homme de tout mal : le mal de l’esprit et le mal du corps. La scène évangélique qui vient d’être évoquée par l’Évangile de Marc est très éloquente. Elle dit : « Le soir venu, quand fut couché le soleil, on lui apportait tous les malades et les démoniaques » (1, 32). Si je pense aux grandes villes d’aujourd’hui, je me demande où sont les portes devant lesquelles apporter les malades en espérant qu’ils soient guéris ! Jésus n’a jamais évité de les soigner. Il n’a jamais passé son chemin, il n’a jamais tourné son regard d’un autre côté. Et quand un père ou une mère, ou encore simplement des amis lui amenaient un malade afin qu’il le touche et le guérisse, il n’hésitait pas ; la guérison venait avant la loi, même celle aussi sacrée que le repos du sabbat (cf. Mc 3, 1-6). Les docteurs de la loi reprochaient à Jésus de guérir le jour du sabbat, il faisait le bien le jour du sabbat. Mais l’amour de Jésus était de donner la santé, de faire le bien: et cela vient toujours en priorité !
Jésus envoie ses disciples accomplir sa même œuvre et leur donne le pouvoir de guérir, c’est-à-dire de s’approcher des malades et d’en prendre soin jusqu’au bout (cf. Mt 10, 1). Nous devons bien garder à l’esprit ce qu’il dit aux disciples dans l’épisode de l’aveugle de naissance (Jn 9, 1-5). Les disciples — avec l’aveugle devant eux ! — discutaient pour savoir qui avait péché, parce qu’il était né aveugle, lui ou ses parents, pour avoir provoqué sa cécité. Le Seigneur dit clairement : ni lui, ni ses parents ; il est ainsi afin que s’accomplissent en lui les œuvres de Dieu. Et il le guérit. Voilà la gloire de Dieu ! Voilà le devoir de l’Église ! Aider les malades, ne pas se perdre en bavardages, aider toujours, consoler, soulager, être proches des malades ; tel est le devoir.
L’Église invite à la prière constante pour nos proches atteints par la maladie. La prière pour les malades ne doit jamais manquer. Nous devons même prier davantage, tant personnellement qu’en communauté. Pensons à l’épisode évangélique de la femme cananéenne (cf. Mt 15, 21-28). C’est une païenne, elle n’appartient pas au peuple d’Israël, mais c’est une païenne qui supplie Jésus de guérir sa fille. Jésus, pour mettre sa foi à l’épreuve, répond d’abord durement : « Je ne peux pas, je dois d’abord penser aux brebis d’Israël ». La femme n’abandonne pas — une mère qui demande de l’aide pour sa créature ne cède jamais ; nous savons tous que les mères luttent pour leurs enfants — et répond : « Même aux petits chiens, lorsque les maîtres ont mangé, on donne quelque chose ! », voulant dire ainsi : « Traite-moi au moins comme un petit chien ! ». Alors Jésus lui dit : « Femme, grande est ta foi ! Qu’il t’advienne selon ton désir ! » (n. 28).
Face à la maladie, même en famille, apparaissent des difficultés, à cause de la faiblesse humaine. Mais, en général, le temps de la maladie accroît la force des liens familiaux. Et je pense à combien il est important d’éduquer les enfants très tôt à la solidarité pendant le temps de la maladie. Une éducation qui met à l’abri de la sensibilité envers la maladie humaine, rend le cœur aride. Et fait en sorte que les jeunes sont « anesthésiés » face à la souffrance des autres, incapables d’affronter la souffrance et de vivre l’expérience de la limite. Combien de fois voyons-nous arriver au travail un homme, une femme, le visage las, qui montre des signes de fatigue, et qui à la question : « Que t’arrive-t-il ? » répond : « Je n’ai dormi que deux heures parce qu’à la maison, nous veillons à tour de rôle sur la petite fille, le petit garçon, le malade, le grand-père, la grand-mère ». Et la journée continue avec le travail. Ces choses sont héroïques, c’est cela l’héroïcité des familles ! Ces héroïcités cachées qui se font avec tendresse et courage lorsqu’il y a quelqu’un de malade à la maison.La faiblesse et la souffrance de nos liens d’affection les plus chers et les plus sacrés peuvent être, pour nos enfants et petits-enfants, une école de vie — il est important d’éduquer les enfants, les petits enfants, à comprendre cette proximité de la maladie dans la famille — et le deviennent lorsque les moments de la maladie sont accompagnés par la prière et par la proximité affectueuse et attentionnée de la famille. La communauté chrétienne sait bien que la famille, dans l’épreuve de la maladie, ne doit pas être laissée seule. Et nous devons dire merci au Seigneur pour ces belles expériences de fraternité ecclésiale qui aident les familles à traverser le moment difficile de la douleur et de la souffrance. Cette proximité chrétienne, entre familles, est un véritable trésor pour la paroisse, un trésor de sagesse, qui aide les familles dans les moments difficiles et fait comprendre le Royaume de Dieu mieux que tant de discours ! Ce sont des caresses de Dieu.

Creation of the sun

16 juin, 2015

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TESTAMENT DU PEUPLE JUIF

16 juin, 2015

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TESTAMENT DU PEUPLE JUIF

Certaines questions reviennent sans cesse après différents évènements, des époques de crises qui viennent nous pincer le cœur et la conscience. Pour introduire le sujet, j’aimerai vous faire part des différents doutes et angoisses (parmi tant d’autres) qu’un bon juif gentil peut éprouver.
Ces évènements viennent d’ailleurs appuyer ces doutes et nous amènent à réfléchir sur notre avenir, sur notre survie et notre place. Où serais-je en sécurité ? Où est ma place de Juif ? Qui n’a pas entendu les évènements perpétrés à Toulouse et qui ne se pose pas la question sur une éventuelle Alya, monter se réfugier en Israël face à la montée soudaine de l’antisémitisme ? Que faire, qui peut nous sauver ? La montée au pouvoir de François Hollande va-t-elle laisser place à un relâchement étatique des condamnations des actes antisémites ? En réalité, ces interrogations ne sont justes que renforcées par des détails, des faits divers. Certaines catégories de la population juive en France se les posent depuis un bon moment. Peut-être qu’en Israël il est plus évident et plus simple de travailler, nul besoin de justifier les absences répétées lors des fêtes juives, nul besoin de renoncer à un emploi à cause de la réticence lors de l’entretien d’embauche à propos du Samedi, le Shabbat chômé par les Juifs. Israël ne serait-il pas un Eldorado pour un Juif voulant pratiquer sa religion sans soucis ? Mais, encore faut-il voir les épreuves israéliennes au même titre. Être en sécurité en Israël. Plusieurs fois, j’ai entendu des personnes dire la chose suivante, avec le danger iranien, avec les ennemis tout autour d’Israël, peut-être que cela est fou de vouloir rester en Israël, vivre en assumant le danger perpétuel, vivre dans la gueule du loup. En somme, la question n’est pas vraiment de savoir est-ce qu’il faut monter en Israël ou pas. La question est plutôt, est-ce que le problème est lié à un endroit, à un pays ou bien le problème est-il ancré en nous, bien au fond de nous, le Peuple Juif ?! Comment se confronter donc à ce phénomène, la montée soudaine de l’antisémitisme ? Quels sont nos valeurs face à un tel problème ? Fuir, ou alors y a-t-il une autre solution, une solution plus idéaliste ?
Je propose donc, d’analyser notre situation, d’essayer de voir quel est le chemin que nos ancêtres ont pris dans les mêmes situations et d’essayer d’en arriver à un redressement intérieur et certaines solutions face à ce danger.
A l’époque de l’exil babylonien, un grand malheur est tombé sur le Peuple Hébreu. L’existence même de ce Peuple fut remise en question. Un décret royal est tombé, la destruction définitive de toute vie juive. C’est la période de Pourim. Le décret consistait à anéantir, à tuer et faire oublier le Peuple. Le sort des Juifs fut alors pris en charge par le chef du tribunal rabbinique, le célèbre Mardochée. Mais, il est intéressant de prendre conscience que le rouleau d’Esther qui retrace cette histoire, ce même rouleau qu’on a pris l’habitude de lire une fois par an en l’espace de quelques minutes à la synagogue, narre en réalité une période de plusieurs années. Tout commence par l’interdiction de Mardochée envers les Juifs de s’associer au festin d’Assuérus. Ce n’est que quelques années plus tard que le décret d’extermination fut lancé. Mais, Mardochée avait ressenti par le fait que les Juifs n’étaient pas capables de s’assumer et ne pas aller au festin d’Assuérus qu’un danger pour le Peuple Juif était déclenché. Les Juifs, veulent ressembler à toutes les nations et renoncer à leur particularité. La raison suprême de la venue d’un homme sur terre, et d’ailleurs l’objectif principal d’un Juif c’est la sanctification du nom de Dieu. Énormément de possibilités de sanctifier Dieu sont données à un Juif. Mais, il est évident que faire le contraire, détourner son visage du Divin, exprimer envers Dieu à la limite j’ai honte de te servir, j’ai honte d’être Juif, cela peut se traduire par le contraire même du travail d’un bon Juif. La Guemara dans le traité Sanhédrine évoque trois cas, trois situations où un homme doit se laisser tuer plutôt que transgresser ces fautes, on parle de l’idolâtrie, mieux vaut mourir que servir l’idolâtrie, on parle de tuer, mieux vaut mourir soi-même qu’arriver à tuer une personne (à part bien sur si c’est justement cette personne qui me met en danger et qui prendrait donc un titre de Rodef, c’est-à-dire qu’il me poursuit pour me tuer) et enfin l’inceste. Mais, dans la suite de ce passage de Guemara, il est évoqué une autre situation où on devrait a priori se laisser tuer. Ce cas là ne rentre pas dans les généralités citées plus haut car son application n’a pas de limite. On parle d’un cas à caractère antisémite où tout simplement on voudrait nous enlever la possibilité de vivre comme un Juif. Par exemple, la Guemara nous fait allusion à l’habit traditionnel juif. Si on empêche un Juif de s’habiller comme le veut sa tradition juste pour l’empêcher de se concrétiser en temps que Juif et pour tout simplement ridiculiser son image de Juif, il faudrait a priori se laisser tuer. D’ailleurs plusieurs fois, le Peuple Juif était en danger et des personnes ont proposé de mourir ou bien carrément sont mortes pour relever l’estime du Peuple.
Lors de la faute du veau d’or, Dieu voulait détruire son Peuple. En effet, le fait même qu’ils avaient servi l’idolâtrie était une atteinte ultime à l’image du Peuple qui ne méritait alors plus d’exister. C’est pourquoi, pour relever l’image, Moise a proposé de mourir lui pour réparer la faute. Comme on voit qu’il s’exprime en disant : ‘’il dit grâce car le Peuple a fauté… Et maintenant laisse reposer leur faute sur Tes épaules car sinon efface moi de Ton livre’’. De la même manière pour en revenir à l’histoire de Pourim, Esther était prête à faire des actes qui relevaient du suicide. Elle jeûna pendant trois jours et se présenta au roi sans aucune autorisation car il avait interdit à tous l’accès à lui. Et elle s’exprima de la manière suivante, ‘’Vékaasher avadeti avadeti…’’ ‘’et lorsque je serai perdue je serai perdue…’’ elle était prête à mourir pour faire vivre son Peuple.
La vie que Dieu nous a donnée, n’a pour objectif QUE la sanctification de Dieu. Or, mourir pour sanctifier Dieu n’a rien de malheureux bien au contraire c’est justement réaliser et concrétiser notre passage sur terre. J’aimerai vous faire partager justement les dernières paroles d’un des grands maitres de la génération juste avant la Shoah, Rav El’hanan Wassermann.
Cet extrait est tiré de l’introduction au célèbre commentaire sur le Talmud Kovets Shiourim rédigé par l’illustre maitre en Talmud des dernières générations passées Rav El’hanan Wassermann. L’introduction est le fruit de la plume de son fils Rav Elozor Sim’ha Wassermann. Il retrace les derniers instants de vie de l’auteur avant de se faire assassiner par les nazis le 11 du mois de Tammouz 5701 soit le 6 Juillet 1941.
La mort digne d’un saint de notre père (Rav El’hanan Wassermann) que Dieu venge son sang était la suite logique d’une vie entière dévouée à la sanctification du nom de Dieu et investie dans l’étude de la Torah. Voici les évènements selon les témoignages d’un spectateur direct du massacre qui a vécu après la guerre et fit publier ces faits dans différents journaux aussi bien en Israël qu’aux États-Unis, le Rav Éphraïm Oshri. Rav El’hanan prit la parole, il parla d’une voix douce et basse avec une sérénité qui était bien connue chez lui, son visage laissait apparaitre un sérieux qui était d’ailleurs toujours présent chez lui durant toute sa vie. Il parla avec comme interlocuteur tout le Peuple Juif réuni face à lui sans laisser échapper aucun sentiment privé, sans aucune volonté de consoler sa famille. Il voulait s’adresser à tout le Peuple Juif. Voici les dernières paroles de notre maitre avant de monter sur l’autel de ce sacrifice, de cet holocauste :
‘’… Apparemment, nous sommes considérés dans les cieux comme des justes car nous avons été choisis pour réparer les fautes du Peuple Juif par nos cadavres. Si cela en est ainsi, repentons-nous et rapprochons-nous de Dieu pleinement maintenant ici même… Le temps est court, nous nous rapprochons du lieu du massacre (District 9, lieu du massacre de Slobodka-Kovna). Il est de notre devoir d’être conscients que notre sacrifice sera mieux accueilli avec notre repentir, et par cela nous pourrons sauver nos frères et sœurs qui se trouvent en Amérique… Que ne nous monte à la tête aucune mauvaise arrière pensée que Dieu nous en préserve ! En effet, dans un sacrifice au Temple, une mauvaise pensée lors de l’abattage rituel rend le sacrifice interdit, le sacrifice prend le statut de Pigoule qui veut dire abîmé. Nous sommes dans l’accomplissement direct d’un très grand mérite, l’accomplissement du verset ‘’Dans le feu tu l’as consumé et par le feu tu reconstruiras…’’, le feu qui nous brûlera sera le même feu qui reconstruira à nouveau la maison d’Israël…’
C’est sur ces paroles là qu’il fut pris pour être fusillé par les nazis que Dieu venge son sang.
Ce que je tire de toutes ces analyses historiques, c’est que cela n’a aucune importance où se trouve notre danger, où se trouve les attaques que l’on peut subir. Ce qui est important, c’est comment on réagit face à elles, combien nous sommes prêts à sacrifier notre vie pour la sanctification de Dieu. Bien sur, mourir pour Dieu cela parait très loin, mais sanctifier Dieu n’est pas obligé de passer uniquement par l’abandon de notre souffle de vie. Cela peut très bien passer par l’accomplissement dévoué corps et âme à la Torah, faire les mitsvot en étant fier de les accomplir et pas en étant angoissé que cela ne soit pas adapté et cela ne correspond pas aux différentes nations parmi lesquelles nous vivons.
Dernièrement, je me trouvais dans une conférence dans un cadre juif. Cette conférence avait pour thème y a-t-il une philosophie juive ? Un grand professeur de philosophie, un universitaire certes juif présentait le sujet. Il voulait en fait démontrer qu’il y a effectivement une possibilité d’analyse de la Torah de manière philosophique et qu’on peut classer donc le judaïsme comme une catégorie philosophique à part entière. Après ce que je viens de vous démontrer, on n’en a rien à faire de savoir qu’il y ait ou pas une philosophie juive ! Certes la philosophie est très intéressante mais il n’y a aucune raison de rabaisser la Torah à une matière qui s’appellerait la philosophie car nous devons nous assumer en tant que Juif et non en temps que nation parmi les nations. Vouloir classer la Torah comme une case philosophique parmi tant d’autres ce n’est pas s’assumer en tant que Juif mais vouloir prouver au monde qu’on vaut bien ce qu’ils valent étant donné que nous aussi, notre religion plus exactement devrait être reconnue au même titre que leur forme de pensée. Non ! Erreur ! La Torah n’a pas besoin de s’affirmer aux non-juifs. Cela n’est pas un discours raciste anti-non-juif, pas du tout loin de là. La Torah est accessible à tous à condition que les personnes qui s’intéressent à Elle fassent l’effort de l’approcher. Ce n’est sûrement pas la Torah qui doit s’approcher d’eux, se rabaisser à ces personnes pour qu’ils daignent tourner leur regards vers Elle.
C’est pourquoi je pense conclure par le fait que se sauver en Israël juste parce qu’il y a un peu d’antisémitisme (qui n’est en réalité qu’un début) est en réalité lâche. En effet, c’est ne pas voir le problème en face des yeux. C’est-à-dire, qu’on n’est tout simplement pas prêt à offrir notre vie dans la sanctification de Dieu et on préfère montrer qu’on s’éloigne du problème. On se rabaisse face aux autres nations on a même honte d’être Juif. Nous sommes en exil depuis 2000 ans, cela ne change pas l’endroit où l’on se trouve que ce soit en Pologne, au Maroc, aux États-Unis, en France ou en Israël, nous sommes en Galoute, en exil. Notre travail n’est pas de nous lamenter sur notre sort. Il est vrai, que nous devons aspirer à la délivrance mais cela ne consiste pas à fuir. Nous devons nous réaliser en tant que Juif, en tant que pratiquant partout où l’on se trouve et malgré toutes nos difficultés. Que ce soit l’agression d’un jeune homme parce qu’il est Juif ou que ce soit des difficultés liées à trouver du travail laissant la possibilité de respecter Shabbat. C’est la volonté de Dieu, c’est notre travail de Juifs en exil et le tout consiste à mettre le Judaïsme comme valeur absolue, de mettre le Judaïsme par-dessus tout et que le reste soit secondaire. Halte à la lâcheté, soyons courageux et sanctifions le nom de Dieu. Respecter les commandements de la Torah contre vents et marées cela relève de la sanctification de Dieu.

ET DIEU, DANS L’ÉVOLUTION ?

16 juin, 2015

http://www.1000questions.net/fr/sf/sf_22_1.html

SCIENCE ET FOI

ET DIEU, DANS L’ÉVOLUTION ?

PAR MARIE-DOMINIQUE DEVIGNES

(j’ai fait une recherche sous le sujet: la place de Dieu)

Au cours de mes études de biologie, un professeur me fit découvrir cette discipline qui était en train de prendre de l’essor à la fin des années 70 : la biologie moléculaire. Ainsi tout un ballet de molécules incroyablement sophistiquées s’affairait dans nos cellules pour rendre compte de ce dogme étrange : l’ADN est le support de l’information génétique. En d’autres termes, nos chromosomes constituent le patrimoine génétique que nous recevons de notre père et de notre mère lors de notre conception et ce patrimoine contient une information qui va présider au développement d’un organisme à partir d’une cellule unique, l’œuf fécondé !
« Comment cela peut-il se faire ? » Cette interrogation n’est pas sans rappeler celle de Zacharie devant la promesse de la venue d’un fils ou celle de Marie à l’Annonciation. Mais c’est vraiment ce qui me monte aux lèvres devant ce devenir extraordinaire : de l’œuf à l’organisme, de la cellule microscopique à l’individu porteur de tant de capacités. Bien sûr, les efforts et les progrès réalisés par les scientifiques pour comprendre les mécanismes de la vie sont énormes. Qui aurait cru il y a à peine 20 ans que nous arriverions à identifier tous les gènes impliqués dans le développement d’organismes simples et environ la moitié de ceux qui sont contenus dans le génome humain ? Qui aurait cru que nous saurions un jour reconstituer la synthèse d’hormones ou de facteurs de coagulation humains dans des bactéries afin de les produire en quantités utiles pour la médecine ? Qui aurait cru que nous nous acheminerions vers la thérapie génique, le remplacement des morceaux d’ADN défectueux, à l’origine des maladies génétiques comme les myopathies ? Et pourtant, il me semble qu’il reste encore et peut-être restera-t-il toujours une part de mystère au cœur du vivant. Une réponse appelle une nouvelle question et nous n’aurons jamais fini de chercher. C’est pourquoi l’attitude du chercheur est souvent empreinte d’une certaine humilité face aux réalités qu’il étudie.
Le travail considérable que nous menons dans les laboratoires de recherche fondamentale nous permet de comprendre et de disséquer de façon toujours plus fine les mécanismes par lesquels fonctionne le vivant. C’est le cas notamment en ce qui concerne l’expression de l’information génétique et sa régulation. Comment telle protéine, l’hémoglobine du sang par exemple, n’est-elle synthétisée que là « où il faut » (dans les globules rouges) et dans des quantités adaptées (assez mais pas trop) ? Et ce n’est qu’un exemple ! La biologie moléculaire nous a fait découvrir une sorte de langage dans l’ADN, un langage codé susceptible d’être déchiffré non seulement à l’intérieur de la cellule, grâce à une machinerie dont les finesses, les subtilités, et les adaptations n’ont pas fini de nous étonner, mais aussi par l’homme lui-même qui est devenu capable de comprendre au moins partiellement ce langage.
Pour moi chrétienne, c’est véritablement la Sagesse de Dieu qui se laisse percevoir dans ce langage du vivant et je suis heureuse d’être de ceux qui, à travers ces signes de la nature, reconnaissent et adorent le Créateur de toutes choses. Oui vraiment « ce que Dieu a d’invisible depuis la Création du Monde, il le laisse voir à l’intelligence à travers ses œuvres ! » (Rm 1, 20). Le Livre de la Sagesse dit aussi en parlant de ceux qui font des éléments de la nature des idoles à adorer : « S’ils ont été capables d’acquérir assez de science pour pouvoir scruter le monde, comment n’en ont-ils pas plus tôt découvert le Maître ? » (Sag 13, 9). Loin de me détourner de ma quête du vrai et de ma recherche de compréhension du monde vivant, ma foi me fortifie dans ce travail, en remplissant ma bouche, mon esprit et mon cœur de joie et de louange pour tant de beauté. De plus, il me semble que ma vie de prière, en me rapprochant du Créateur, me rapproche aussi de la compréhension du monde créé. Il m’arrive très souvent de prier l’Esprit Saint pour guider ma recherche, choisir au bon moment la bonne orientation pour les expériences, les bonnes hypothèses de travail. Je le prie aussi tout simplement pour qu’Il m’aide à percer le secret des molécules que j’étudie. C’est un fait incontestable que le travail du chercheur est ardu, car la compréhension du fonctionnement des êtres vivants est comme cachée. Peut-être y a-t-il là comme une évocation de la blessure de l’humanité qui a perdu l’harmonie originelle du jardin d’Éden. Il est tentant en effet d’imaginer un paradis où tous ces mécanismes que nous décortiquons laborieusement aujourd’hui seraient immédiatement accessibles à l’intelligence humaine, inondée de lumière divine. La venue de Dieu parmi nous en son Fils Jésus Christ me donne la certitude qu’il en sera ainsi dans la vie éternelle et l’espérance nécessaire pour poursuivre cependant mon travail qui peut se révéler utile sur cette terre pour mes compagnons d’humanité.
Par ailleurs, la perception de Dieu à travers le déchiffrage de l’information génétique m’a longtemps semblé incompatible avec les théories sur l’origine des espèces vivantes. Mes études avaient été pétries d’évolutionnisme qui constitue un concept ambiant omniprésent dans la communauté des biologistes. Que ce soit par la somme de petites variations ou par des profonds remaniements, l’ADN est capable en effet d’évoluer et de transformer l’information qu’il porte. Et le fait de retrouver dans le code génétique de toutes les espèces vivantes des traits communs, donne force à l’idée d’une origine commune à tous les êtres vivants.
Je me revois encore étudiante me promener avec cette question dans la tête : « mais où donc est la place de Dieu dans l’évolution ? » Les connaissances scientifiques dans le domaine favorisaient de plus en plus l’hypothèse d’une étincelle initiale qui aurait permis l’apparition de molécules primitives capables de se répliquer, d’interagir et peu à peu de s’organiser pour former les premiers êtres vivants. Ces êtres unicellulaires, eux-mêmes capables de se reproduire grâce en particulier à leur ADN, pouvaient bien ensuite avoir “évolué”, lentement ou par à-coups. À aucun moment, sauf peut-être lors de l’étincelle initiale, le Dieu Tout-Puissant, amoureux de sa Création, dont j’avais fait l’expérience par ailleurs, n’avait sa place ! Et soudain, il se fit en mon intelligence comme un flash, une lumière tellement pacifiante qu’elle devait venir de l’Esprit Saint ! « Tu poses la question à l’envers ! La vraie question est : où est la place de l’évolution en Dieu ? »
Ainsi tout était remis en place. L’évolution n’était plus le super système à l’intérieur duquel je devais m’efforcer d’harmoniser mes connaissances scientifiques et ma connaissance de Dieu. Bien au contraire, je comprenais que c’était ce Dieu Tout-Puissant qui par essence même englobait toute connaissance et en particulier celles sur l’évolution. C’est dans cette perspective que j’ai pu alors re-situer les différents résultats que l’on m’avait enseignés, notamment ceux concernant l’ADN, et admettre ce que je préfère appeler des faits d’évolution par opposition aux théories de l’évolution. En effet, même si ces faits suggèrent que le monde vivant a pu se transformer de générations en générations, ils ne peuvent pas exclure (car ce sont des faits et non pas une théorie), l’existence attentive du Dieu Créateur, éternel et donc présent à chaque instant pour donner vie, grâce à ce que certains ont pu appeler un souffle vital, nécessaire et combien mystérieux, souffle que ne peuvent ignorer les biologistes qui travaillent sur ces systèmes vivants. Il ne suffit pas en effet de réunir dans un tube ou dans une enveloppe membranaire tous les constituants de la vie pour que celle-ci naisse et se propage. Cela sera-t-il possible un jour ? Les éléments à programmer pour ce projet sont tellement nombreux que cela paraît peu probable. Et quand bien même cela serait possible, cela n’exclurait pas plus la présence de Dieu comme donateur de vie dans cette situation-là aussi.
J’aime à imaginer ce Dieu, qui permet à l’homme de comprendre, d’analyser, de déchiffrer au moins d’une certaine façon le mystère de la vie, comme un Père qui se réjouit de chacune des découvertes de son enfant, et qui l’accompagne tout en respectant sa liberté, dans chacune des étapes de son apprentissage. Ainsi, même si les connaissances et les travaux scientifiques occupent une grande partie de ma vie et de mon activité intellectuelle, il m’apparaît important et équilibrant de les replacer sans cesse en Dieu. Et ceci se fait très concrètement, en Lui demandant d’éclairer mon travail et mon intelligence de Sa lumière, mais aussi en Lui présentant comme une offrande le fruit de ce travail, ce double mouvement d’accueil et de don n’enlevant en rien toute la rigueur et l’authenticité d’une réelle démarche scientifique.

Ce texte est issu du numéro 142 de la revue Il est Vivant!

PAUL FAIT VOILE VERS ROME

15 juin, 2015

PAUL FAIT VOILE VERS ROME dans images sacrée 20%20DENNIS%2001%20PAUL%20FAIT%20VOILE%20VERS%20ROME

http://www.artbible.net/2NT/ACTS%2021_27%20PAUL%20PRISONNER%20IN%20ROME…PAUL%20PRISONNIER%20A%20ROME/slides/20%20DENNIS%2001%20PAUL%20FAIT%20VOILE%20VERS%20ROME.html

« SAINT PAUL MIGRANT, MESSAGE DU SAINT PÈRE POUR LA 95ÈME JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ (2009)

15 juin, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/vatican/messages-du-saint-pere/371716-saint-paul-migrant-apotre-des-peuples-message-du-saint-pere-pour-la-95eme-journee-mondiale-du-migrant-et-du-refugie-2009/

« SAINT PAUL MIGRANT, APÔTRE DES PEUPLES »: MESSAGE DU SAINT PÈRE POUR LA 95ÈME JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ (2009)

Chers frères et sœurs,

Cette année, le message pour la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié a pour thème: «Saint Paul migrant, Apôtre des Peuples», et s’inspire de l’heureuse coïncidence de l’Année jubilaire que j’ai institué en l’honneur de l’Apôtre à l’occasion du deuxième millénaire de sa naissance. La prédication et l’œuvre de méditation entre les différentes cultures et l’Evangile, œuvre de Paul «migrant par vocation», constituent en effet également un point de référence important pour celui qui se trouve impliqué dans le mouvement migratoire contemporain.
Né dans une famille de juifs émigrés à Tarse de Cilicie, Saul fut éduqué dans la langue et la culture juive et hellénistique, en valorisant le contexte culturel romain. Après que, sur la route de Damas, survint sa rencontre avec le Christ (cf. Ga 1, 13-16), sans nier ses propres «traditions» et en nourrissant son estime et sa gratitude pour le Judaïsme et la Loi (cf. Rm 9, 1-5; 10,1; 2 Co 11, 22; Ga 1, 13-14; Ph 3, 3-6), il se dévoua sans hésitations ni tergiversations à sa nouvelle mission avec courage et enthousiasme, docile au commandement du Seigneur: «Va; c’est au loin, vers les païens, que moi, je veux t’envoyer» (Ac 22, 21). Son existence changea radicalement (cf. Ph 3, 7-11): Jésus devint pour lui sa raison d’être et le motif d’inspiration de son engagement apostolique au service de l’Evangile. De persécuteur des chrétiens il devint apôtre du Christ.
Guidé par l’Esprit Saint, il se prodigua sans réserve, afin que l’Evangile qui est «une force de Dieu pour le salut de tout homme qui croit, du Juif d’abord, puis du Grec» (Rm 1, 16) fût annoncé à tous, sans distinctions de nationalité et de culture. Dans ses voyages apostoliques, malgré des oppositions répétées, il proclamait l’Evangile d’abord dans les synagogues, en accordant avant tout une attention à ses compatriotes en exil (cf. Ac 18, 4-6). Si ceux-ci le rejetaient, il s’adressait aux païens, en se faisant un «authentique missionnaire des migrants», migrant lui-même et ambassadeur itinérant de Jésus Christ, pour inviter chacun à devenir, dans le Fils de Dieu, «une nouvelle créature» (2 Co 5,17).
La proclamation du kérygme lui fit traverser les mers du Proche-Orient et parcourir les routes de l’Europe, jusqu’à atteindre Rome. Il partit d’Antioche, où l’Evangile fut annoncé à des populations n’appartenant pas au judaïsme, et où les disciples de Jésus furent pour la première fois appelés «chrétiens» (cf. Ac 11, 20.26). Sa vie et sa prédication furent totalement dédiées à faire connaître et aimer Jésus de tous, parce qu’en Lui tous les peuples sont appelés à devenir un seul peuple.
Cela est, aujourd’hui également, à l’heure de la mondialisation, la mission de l’Eglise et de tous les baptisés; mission qui, par un soin pastoral attentif, se tourne aussi vers l’univers bigarré des migrants — étudiants non résidents, immigrés, réfugiés, personnes déplacées — en incluant ceux qui sont victimes des esclavages modernes, comme par exemple le trafic des êtres humains. Aujourd’hui aussi le message du salut doit être proposé avec la même attitude que l’Apôtre des nations, en tenant compte des différentes situations sociales et culturelles, et des difficultés particulières de chacun qui découlent de la condition de migrant et d’itinérant. Je forme le vœu que toutes les communautés chrétiennes puissent nourrir la même ferveur apostolique que saint Paul qui, pour annoncer à tous l’amour salvifique du Père (Rm 8, 15; Ga 4, 6) afin «de gagner le plus grand nombre» (1 Co 9, 19) se fit «faible avec les faibles (…) tous à tous, afin d’en sauver à tout prix quelques-uns» (1 Co 9, 22). Que son exemple soit pour nous aussi un encouragement à nous faire solidaires de ces frères et sœurs et à promouvoir, partout dans le monde et par tous les moyens, la coexistence pacifique entre les ethnies, les cultures et les religions différentes.
Mais quel fut le secret de l’Apôtre des nations? Le zèle missionnaire et la fougue du combattant, qui le caractérisaient, provenaient du fait que lui-même, «saisi par le Christ Jésus» (Ph 3, 12), lui demeura si intimement uni qu’il se sentît prendre part à sa propre vie, à travers «la communion à ses souffrances» (Ph 3, 10; cf. également Rm 8, 17; 2 Co 4, 8-12; Col 1, 24). C’est là qu’est la source de l’ardeur apostolique de saint Paul, lequel raconte: «Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce divine daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens» (Ga 1, 15-16; cf. également Rm 15, 15-16). Il se sentit «Crucifié avec le Christ», au point de pouvoir affirmer: «Ce n’est plus moi qui vit mais le Christ qui vit en moi» (Ga 2, 20). Et aucune difficulté ne l’empêcha de poursuivre dans sa courageuse action évangélisatrice dans des villes cosmopolites comme Rome et Corinthe qui, à cette époque, étaient peuplées d’une mosaïque d’ethnies et de cultures.
En lisant les Actes des Apôtres et les Lettres que Paul adresse à différents destinataires, on saisit un modèle d’Eglise non exclusive, et même ouverte à tous, formée par des croyants sans distinction de culture et de race: chaque baptisé est, en effet, membre vivant de l’unique Corps du Christ. Dans cette optique, la solidarité fraternelle, qui se traduit en gestes quotidiens de partage, de coparticipation et d’attention joyeuse aux autres, acquiert un profil singulier. Il n’est cependant pas possible de réaliser cette dimension d’accueil fraternel réciproque, nous enseigne toujours saint Paul, sans la disponibilité à l’écoute et à l’accueil de la Parole prêchée et pratiquée (cf. 1 Th 1, 6), Parole qui invite tout le monde à imiter le Christ (cf. Ep 5, 1-2) à l’image de l’Apôtre (cf. 1 Co 11, 1). Aussi, plus la communauté est unie au Christ, plus elle est invitée à l’égard du prochain, en fuyant les préjugés, le mépris et le scandale, et en s’ouvrant à l’accueil réciproque (cf. Rm 14, 1-3; 15, 17). Conformés au Christ, les croyants se sentent en Lui «frères», fils du même Père (Rm 8, 14-16; Gal 3, 26; 4, 6). Ce trésor de fraternité les rend «avides de donner l’hospitalité» (Rm 12, 13), qui est la première fille de l’agapè (cf. 1 Tm 3, 2; 5, 10; Tt 1, 8; Phm 17).
On réalise de cette manière la promesse du Seigneur: «Je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles» (2 Co 6, 17-18). Si nous sommes conscients de cela, comment ne pas prendre en charge ceux qui, en particulier parmi les réfugiés et les personnes déplacées, se trouvent dans des conditions difficiles et malaisées? Comment ne pas remédier aux besoins de celui qui est, de fait, plus faible et sans défense, marqué par la précarité et l’insécurité, marginalisé, et souvent exclus de la société? On leur doit une attention plus grande parce que, pour paraphraser un texte paulinien bien connu, «Dieu a choisi ce qu’il y a de fou dans le monde pour confondre les sages, ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise et ce qui n’est pas pour réduire à rien ce qui est, afin qu’aucune chair n’aille se glorifier devant Dieu» (1 Co 1, 27-29).
Chers frères et sœurs, que la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, qui sera célébrée le 18 janvier 2009, soit pour tous un encouragement à vivre pleinement l’amour fraternel sans distinction de genre et sans discriminations, dans la conviction que quiconque a besoin de nous et que nous pouvons aider est notre prochain (cf. Deus caritas est, n. 15). Que l’enseignement et l’exemple de Saint Paul, humble grand Apôtre et migrant, évangélisateur des peuples et des cultures, nous encouragent à comprendre que la pratique de la charité constitue le sommet et la synthèse de toute la vie chrétienne. Le commandement de l’amour — nous le savons bien — se nourrit quand les disciples du Christ participent unis à l’Eucharistie qui est, par excellence, le Sacrement de la fraternité et de l’amour. Et de même que Jésus au cénacle, unit le commandement nouveau de l’amour fraternel au don de l’Eucharistie, de même ses «amis», en suivant les traces du Christ, qui s’est fait «serviteur» de l’humanité, et soutenus par sa Grâce, ne peuvent que se dévouer au service réciproque, en se soutenant les uns les autres selon ce que saint Paul recommanda: «Portez les fardeaux les uns des autres et accomplissez ainsi la loi du Christ» (Ga 6, 2). Ce n’est que de cette manière que grandit l’amour entre les croyants et envers tout le monde (cf. 1 Th 3, 12).
Chers frères et sœurs, ne nous lassons pas de proclamer et de témoigner cette «Bonne Nouvelle» avec enthousiasme, sans peur et sans économiser notre énergie! Tout le message évangélique est contenu dans l’amour et les disciples authentiques du Christ se reconnaissent par leur amour mutuel et par leur accueil à l’égard de tous. Que l’Apôtre Paul nous obtienne ce don, mais surtout Marie, Mère de l’accueil et de l’amour. Tandis que j’invoque la protection divine sur ceux qui sont engagés dans l’aide aux migrants et, plus généralement, sur le vaste monde de l’émigration, j’assure à chacun un rappel constant dans la prière et j’accorde affectueusement à tous la Bénédiction apostolique.

De Castelgandolfo, le 24 août 2008

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS 2015

15 juin, 2015

https://w2.vatican.va/content/francesco/fr/messages/migration/documents/papa-francesco_20140903_world-migrants-day-2015.html

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MIGRANTS ET DES RÉFUGIÉS 2015

“L’ÉGLISE SANS FRONTIÈRES, MÈRE DE TOUS”

Chers frères et sœurs,

Jésus est « l’évangélisateur par excellence et l’Évangile en personne » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 209). Sa sollicitude, particulièrement envers les plus vulnérables et marginalisés, nous invite tous à prendre soin des personnes plus fragiles et à reconnaître son visage souffrant, surtout dans les victimes des nouvelles formes de pauvreté et d’esclavage. Le Seigneur dit : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu, malade et vous m’avez visité, prisonnier et vous êtes venus me voir » (Mt 25, 35-36). La mission de l’Église, pèlerine sur la terre et mère de tous, est donc d’aimer Jésus Christ, de l’adorer et de l’aimer, particulièrement dans les plus pauvres et abandonnés ; au nombre de ceux-ci figurent certainement les migrants et les réfugiés, qui cherchent à tourner le dos aux dures conditions de vie et aux dangers de toute sorte. Donc, cette année la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés a pour thème : l’Église sans frontières, mère de tous.
En effet, l’Église ouvre ses bras pour accueillir tous les peuples, sans distinctions et sans frontières et pour annoncer à tous que « Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16). Après sa mort et sa résurrection, Jésus a confié aux disciples la mission d’être ses témoins et de proclamer l’Évangile de la joie et de la miséricorde. Le jour de la Pentecôte, avec courage et enthousiasme, ils sont sortis du Cénacle ; la force du Saint-Esprit a prévalu sur les doutes et les incertitudes et a fait que chacun comprenait leur annonce dans sa propre langue ; ainsi, dès le début, l’Église est une mère au cœur ouvert sur le monde entier, sans frontières. Ce mandat couvre désormais deux mille ans d’histoire, mais depuis les premiers siècles, l’annonce missionnaire a mis en lumière la maternité universelle de l’Église, développée ensuite dans les écrits des Pères de l’Église et reprise par le Concile Œcuménique Vatican II. Les Pères conciliaires ont parlé d’Ecclesia mater pour en expliquer la nature. Elle génère, en effet, des fils et des filles qu’elle incorpore et qu’elle « enveloppe déjà de son amour en prenant soin d’eux » (Const. dogm. sur l’Église Lumen gentium, n. 14).
L’Église sans frontières, mère de tous, diffuse dans le monde la culture de l’accueil et de la solidarité, selon laquelle personne ne doit être considéré inutile, encombrant ou être écarté. En vivant effectivement sa maternité, la communauté chrétienne nourrit, oriente et indique le chemin, accompagne avec patience et se fait proche dans la prière et dans les œuvres de miséricorde.
Aujourd’hui, tout cela prend une signification particulière. En effet, à une époque de si vastes migrations, un grand nombre de personnes laissent leur lieu d’origine et entreprennent le voyage risqué de l’espérance avec un bagage plein de désirs et de peurs, à la recherche de conditions de vie plus humaines. Souvent, cependant, ces mouvements migratoires suscitent méfiances et hostilités, même dans les communautés ecclésiales, avant même qu’on ne connaisse les parcours de vie, de persécution ou de misère des personnes impliquées. Dans ce cas, suspicions et préjugés entrent en conflit avec le commandement biblique d’accueillir avec respect et solidarité l’étranger dans le besoin.
D’une part, résonne dans le sanctuaire de la conscience l’appel à toucher la misère humaine et à mettre en pratique le commandement de l’amour que Jésus nous a laissé quand il s’est identifié avec l’étranger, avec celui qui souffre, avec toutes les victimes innocentes de la violence et de l’exploitation. D’autre part, cependant, à cause de la faiblesse de notre nature, « nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur » (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 270).
Le courage de la foi, de l’espérance et de la charité permet de réduire les distances qui séparent des drames humains. Jésus-Christ est toujours en attente d’être reconnu dans les migrants et dans les réfugiés, dans les personnes déplacées et les exilés, et aussi de cette manière il nous appelle à partager nos ressources, parfois à renoncer à quelque chose de notre bien-être acquis. Le Pape Paul VI le rappelait, en disant que « les plus favorisés doivent renoncer à certains de leurs droits, pour mettre avec plus de libéralité leurs biens au service des autres » (Lett. ap. Octogesima adveniens, 14 mai 1971, n. 23).
D’ailleurs, le caractère multiculturel des sociétés contemporaines encourage l’Église à assumer de nouveaux engagements de solidarité, de communion et d’évangélisation. Les mouvements migratoires, en effet, demandent qu’on approfondisse et qu’on renforce les valeurs nécessaires pour garantir la cohabitation harmonieuse entre les personnes et entre les cultures. À cet effet, ne peut suffire la simple tolérance, qui ouvre la voie au respect des diversités et qui met en route des parcours de partage entre des personnes d’origines et de cultures différentes. Ici, se greffe la vocation de l’Église à dépasser les frontières et à favoriser « le passage d’une attitude de défense et de peur, de désintérêt ou de marginalisation…à une attitude qui ait comme base la ‘‘culture de la rencontre’’, seule capable de construire un monde plus juste et fraternel » (Message pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés 2014).
Les mouvements migratoires ont cependant pris de telles dimensions que seule une collaboration systématique et effective, impliquant les États et les Organisations internationales, peut être en mesure de les réguler efficacement et de les gérer. En effet, les migrations interpellent chacun, non seulement à cause de l’ampleur du phénomène, mais encore « des problématiques sociale, économique, politique, culturelle et religieuse qu’il soulève, et à cause des défis dramatiques qu’il lance aux communautés nationales et à la communauté internationale» (Benoît XVI, Lett. Enc. Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 62).
Dans l’agenda international, trouvent place de fréquents débats sur l’opportunité, sur les méthodes et sur les règlementations pour affronter le phénomène des migrations. Il y a des organismes et des institutions, aux niveaux international, national et local, qui mettent leur travail et leur énergie au service de ceux qui cherchent par l’émigration une vie meilleure. Malgré leurs généreux et louables efforts, une action plus incisive et efficace est nécessaire, qui s’appuie sur un réseau universel de collaboration, fondé sur la défense de la dignité et de la centralité de chaque personne humaine. De cette manière, la lutte contre le honteux et criminel trafic d’êtres humains, contre la violation des droits fondamentaux, contre toutes les formes de violence, d’oppression et d’esclavage sera plus incisive. Travailler ensemble, cependant, exige réciprocité et synergie, avec disponibilité et confiance, étant entendu qu’« aucun pays ne peut affronter seul les difficultés liées à ce phénomène, qui est si vaste qu’il concerne désormais tous les continents dans le double mouvement d’immigration et d’émigration» (Message pour la Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés 2014).
À la mondialisation du phénomène migratoire, il faut répondre par la mondialisation de la charité et de la coopération, de manière à humaniser les conditions des migrants. En même temps, il faut intensifier les efforts pour créer les conditions aptes à garantir une diminution progressive des causes qui poussent des peuples entiers à laisser leur terre natale, en raison de guerres et de famines, l’une provoquant souvent l’autre.
À la solidarité envers les migrants et les réfugiés, il faut joindre le courage et la créativité nécessaires pour développer au niveau mondial un ordre économico-financier plus juste et équitable uni à un engagement croissant en faveur de la paix, condition indispensable de tout progrès authentique.
Chers migrants et réfugiés ! Vous avez une place spéciale dans le cœur de l’Église, et vous l’aidez à élargir les dimensions de son cœur pour manifester sa maternité envers la famille humaine tout entière. Ne perdez pas votre confiance ni votre espérance ! Pensons à la sainte Famille exilée en Égypte : de même que dans le cœur maternel de la Vierge Marie et dans le cœur prévenant de saint Joseph s’est conservée la confiance que Dieu n’abandonne jamais, ainsi, que cette même confiance dans le Seigneur ne manque pas en vous. Je vous confie à leur protection et de grand cœur je vous accorde à tous la Bénédiction Apostolique.

Du Vatican, le 3 septembre 2014.

Parable of th mustard seed

12 juin, 2015

 Parable of th mustard seed dans images sacrée mustardseed3
http://2x2virtualchurch.com/art-in-religion-the-parable-of-the-mustard-seed/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT – Livre d’Ezekiel 17, 22 – 24

12 juin, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE-NOËLLE THABUT, 14 JUIN 2015

PREMIERE LECTURE – Livre d’Ezekiel 17, 22 – 24

22 Ainsi parle le SEIGNEUR Dieu :
A la cime du grand cèdre,
je prendrai une tige ;
au sommet de sa ramure,
j’en cueillerai une toute jeune,
et je la planterai moi-même
sur une montagne très élevée.
23 Sur la haute montagne d’Israël je la planterai.
Elle portera des rameaux, et portera du fruit,
elle deviendra un cèdre magnifique.
En dessous d’elle habiteront tous les passereaux,
et toutes sortes d’oiseaux
à l’ombre de ses branches ils habiteront.
24 Alors tous les arbres des champs sauront
que Je suis le SEIGNEUR :
je renverse l’arbre élevé
et relève l’arbre renversé,
je fais sécher l’arbre vert
et reverdir l’arbre sec.
Je suis le SEIGNEUR, j’ai parlé,
et je le ferai.

UNE PARABOLE D’ESPERANCE
Pour comprendre la parabole d’Ezéchiel, il faut se rappeler le contexte historique dans lequel parle le prophète : en 597, Nabuchodonosor, roi de Babylone, s’est emparé de Jérusalem ; il a déporté le roi et une partie des habitants (parmi eux, Ezéchiel). Dix ans plus tard, en 587, nouvelle vague, cette fois, Jérusalem est complètement détruite et pillée, une nouvelle partie de ses habitants déportés à leur tour à Babylone.
Le peuple juif semble avoir tout perdu : sa terre, signe concret de la bénédiction de Dieu, son roi, médiateur entre Dieu et le peuple, son Temple, lieu de la Présence divine. D’où la question qui, désormais, taraude tous les coeurs : Dieu aurait-il abandonné son peuple ? C’est, au sens propre du terme, la « question de confiance ».
Le miracle de la foi, justement, c’est qu’au sein même de l’épreuve, elle se purifie et s’approfondit : c’est exactement ce qui s’est passé pour Israël. L’exil à Babylone a été l’occasion d’un sursaut extraordinaire de la foi juive ; Ezéchiel est l’un des artisans de ce sursaut : avant la catastrophe, il avait alerté le peuple sur les conséquences désastreuses et inévitables de sa conduite. Il avait multiplié les menaces, dans l’espoir d’obtenir une conversion. Désormais, la catastrophe étant survenue, il se consacre à relever l’espoir défaillant. A ce peuple humilié, en exil, il apporte une parole d’espérance. Cette parabole du cèdre que nous lisons aujourd’hui en est une.
Pourquoi un cèdre, d’abord ? Parce que le cèdre était le symbole de la dynastie royale. Ezéchiel prend l’image du cèdre pour parler du roi, comme La Fontaine prenait celle du lion. Le roi en exil est comme un cèdre renversé (on emploie bien en français l’expression « renverser un roi »), il est comme un arbre desséché… Mais Dieu va prélever une tige tendre du vieil arbre et le replanter lui-même.
« Sur la haute montagne d’Israël, je la planterai » : la « haute montagne d’Israël », c’est évidemment Jérusalem ; topographiquement, ce n’est pas la plus haute montagne du pays, mais c’est d’une autre élévation qu’il est question ! Cette phrase annonce donc deux choses : le retour au pays et la restauration du royaume de Jérusalem.
Et la petite bouture deviendra un cèdre magnifique. Tellement vaste que tous les passereaux du monde viendront y faire leur nid, toutes sortes d’oiseaux habiteront à l’ombre de ses branches. « Tous les arbres des champs sauront que je suis le SEIGNEUR ». « Tous les arbres des champs », c’est-à-dire le monde entier, même les païens, ceux qui n’ont rien à voir avec le cèdre de la royauté. Quant à l’expression « ils sauront que Je suis le SEIGNEUR », nous l’avons déjà rencontrée ; elle signifie « Je suis le SEIGNEUR, il n’y en a pas d’autre ». Thème très fréquent chez les prophètes, dans le cadre de leur lutte contre l’idolâtrie. La suite du texte va dans le même sens : quand un prophète insiste sur la puissance de Dieu, c’est toujours pour marquer le contraste avec les idoles qui, elles, sont incapables du moindre geste, de la moindre action.

RIEN N’EST IMPOSSIBLE A DIEU
« Je suis le SEIGNEUR, je renverse l’arbre élevé, je relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert, et reverdir l’arbre sec. » Il ne s’agit pas du tout de présenter Dieu comme jouant pour son plaisir avec la création, au gré de quelque caprice… ce qui serait, tout compte fait, très inquiétant ; au contraire, c’est une manière de nous rassurer, du style « rien n’est impossible à Dieu ». Vous, les croyants, ne vous laissez pas impressionner par qui que ce soit, ou quoi que ce soit, faites confiance, tout est dans la main de Dieu.
« Je suis le SEIGNEUR, j’ai parlé et je le ferai » : cela veut dire au moins deux choses : d’abord, bien sûr, dans le même sens que tout ce que je viens de dire, la puissance de Dieu, l’efficacité de sa Parole.
Le poème de la Création, au premier chapitre de la Genèse, qui a été écrit sensiblement à la même époque, répète comme un refrain : « Dieu dit… et il en fut ainsi ».
Ensuite, il y a certainement là, pour le peuple juif, un rappel de ce que l’on pourrait appeler la grande promesse, ou la grande espérance ; ce qu’Ezéchiel dit là, c’est quelque chose comme « c’est vrai, apparemment, tout est perdu ; mais n’oubliez jamais que Dieu est fidèle à ses promesses ; donc, quelles que soient les apparences, la promesse faite au roi David est toujours valable. »
Je l’ai dit et je le ferai, cela revient à dire « J’ai promis, donc je tiendrai ».
Cette promesse faite à David, par le prophète Natan, quatre cents ans plus tôt, annonçait un roi idéal né de sa descendance. On la trouve au deuxième livre de Samuel : « Lorsque tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j’élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de toi-même, et j’établirai fermement sa royauté… Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils… Ta maison et ta royauté seront à jamais stables, ton trône à jamais affermi. » (2 S 7, 12… 17).
Cette promesse répercutée de siècle en siècle par les prophètes a nourri l’espérance d’Israël aux heures les plus sombres. La parabole du cèdre, chez Ezéchiel, en est la reprise imagée. Au moment où le peuple dépositaire de la promesse expérimente cruellement son impuissance, l’insistance du prophète sur l’oeuvre de Dieu et de Dieu seul, est la meilleure source de confiance.

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