Archive pour le 29 juin, 2015

Saint Pierre et Paul

29 juin, 2015

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FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL – SAINT AUGUSTIN

29 juin, 2015

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SAINT AUGUSTIN

SERMON CCXCIX. FÊTE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL. II. TRIOMPHE DE LA GRACE.   486  

ANALYSE. —

C’est la grâce de Dieu qui permet à saint Paul d’envisager avec joie sa mort prochaine ; c’est à la grâce de Dieu qu’il est redevable aussi de la couronne qui l’attend : que serait-il devenu si Dieu l’eût traité d’abord comme il le méritait? Ce qui prouve aussi que le martyre de Pierre fut l’effet de la grâce ou de l’amour répandu en lui par l’Esprit-Saint, c’est que laissé à lui-même il avait d’abord renié son Maître. — Voulez-vous voir avec plus d’éclat encore la puissance de la grâce dans la mort de ces deux Apôtres? Considérez et rappelez-vous, d’après l’Écriture, que comme tous les autres hommes ils avaient pour la mort une horreur naturelle dont ils ont triomphé généreusement. Car la mort de l’homme n’est pas l’oeuvre de la nature, mais le châtiment du péché. En vain, pour le contester, les Pélagiens objectent qu’Hénoch et Elie ne sont point morts. On pourrait leur répondre qu’ils mourront. Mais en admettant qu’ils doivent être toujours exempts du trépas, on peut dire que cette exemption vient de ce qu’il n’y a plus en eux rien de ce qui produit la mort, aucun vestige du péché. Les Pélagiens, qui attribuent la mort à la nature, pourraient-ils dire semblablement qu’il n’y a plus rien en eux de la nature humaine? Défiez-vous des Pélagiens.   1. Quand il s’agit de prêcher des prédicateurs, et des prédicateurs tels que ceux dont nous avons entendu chanter et dont nous-mêmes avons chanté que « leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (1) » ; nous sommes évidemment au-dessous de notre tâche. Nous devons faire preuve de bonne volonté; mais nous ne sommes point au niveau de votre attente. Aujourd’hui, en effet, vous comptez que nous allons prêcher les Apôtres Pierre et Paul, dont nous célébrons-la fête. Je vois ce que vous désirez; mais en le voyant je m’affaisse; car je sais à la fois et ce que vous attendez, et de qui vous l’attendez. Néanmoins, comme le Dieu de ces Apôtres consent à être loué par nous tous, que ses serviteurs ne dédaignent pas non plus d’être loués par les vôtres. 2. Vous tous qui connaissez les saintes Écritures, vous savez que parmi les disciples que se choisit le Seigneur lorsqu’il se montrait corporellement dans ce monde, Pierre fut élu le premier des Apôtres; tandis que saint Paul ne fut choisi ni parmi eux, ni en même temps qu’eux , mais bien plus tard, sans toutefois cesser d’être leur égal. Ainsi Pierre est le premier des Apôtres, et Paul le dernier; mais Dieu, dont ils sont l’un et l’autre les serviteurs, les hérauts, les prédicateurs, est à la fois le premier et le dernier. Parmi les apôtres, Pierre   1. Ps. XVIII, 5.   est le premier, Paul est le dernier. Si Dieu est en- même temps le premier et le dernier, c’est qu’il n’y a rien ni avant, ni après lui. Ce Dieu donc qui est par son éternité le premier et le dernier , a voulu unir dans le martyre le premier et le dernier des Apôtres. Leur martyre se célèbre dans une même solennité, et leur vie s’harmonise dans une même charité. « Leur voix s’est répandue par toute la terre, et leurs paroles ont retenti jusqu’aux extrémités de l’univers». Où ont-ils été élus? où ont-ils prêché? où sont-ils morts? Nous le savons tous. Mais comment sommes-nous parvenus à les connaître eux-mêmes, sinon parce que « leur voix s’est répandue par toute la terre? » 3. Nous avons entendu saint Paul, pendant qu’on lisait son Epître, parler ainsi de sa mort déjà toute prochaine, tout imminente: « Car déjà on m’immole, et le temps de ma dissolution est proche. J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé ma foi ; il ne me reste plus que la couronne de justice, que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là; et non-seulement à moi, poursuit-il, mais encore à tous ceux qui tiennent à ce qu’il se manifeste (1) ». Parlons un peu de cela ; nous serons aidés par les paroles mêmes qui se sont répandues jusqu’aux extrémités de l’univers.   1. II Tim. IV, 6-8.   487   Considérez d’abord la sainte dévotion de l’Apôtre. Il dit qu’on l’immole, et non qu’il meurt. Ce n’est pas qu’on ne meure point quand on est immolé, c’est que la mort n’est pas toujours une immolation. Etre immolé, c’est donc mourir pour Dieu ; et ce mot rappelle le sacrifice, car sacrifier, c’est mettre à mort en l’honneur de Dieu. Ah ! l’Apôtre savait en l’honneur de qui il devait verser son sang en souffrant le martyre : racheté par le sang répandu de son Seigneur, ne lui devait-il pas son propre sang? Lorsque seul il a versé son sang pour tous, le Sauveur, en effet, ne nous a-t-il pas engagés tous? En recevant de lui cette croyance, ne lui sommes-nous point redevables, de ce qu’il nous donne? N’est-ce pas à sa bonté encore que nous sommes redevables et de lui devoir et de lui rendre ? Avec tant d’indigence, de pauvreté et de faiblesse, qui de nous pourrait s’acquitter envers un tel Créancier? Mais il est écrit : « Le Seigneur adonnera sa parole aux hérauts de sa gloire, afin qu’ils l’annoncent avec une grande force (1) » : sa parole, pour les faire connaître ; sa force, pour leur aider à souffrir. C’est donc lui qui s’est préparé des victimes, lui qui s’est consacré des sacrifices, lui qui a rempli de son Esprit les martyrs, lui encore qui a pénétré de sa force les confesseurs. Aussi leur disait-il : « Ce n’est pas vous qui parlez (2) » . C’est donc avec raison qu’à la veille de souffrir le martyre et de répandre son sang pour la foi du Christ, on peut dire: « Que rendrai-je au Seigneur pour tous les biens qu’il m’a faits? » Quelle idée se présente alors ? « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le ô nom du Seigneur (3) ». Comment! tu songeais à rendre, tu cherchais ce que tu pourrais rendre, et quand tu veux rendre, tu t’écries: « Je recevrai le calice du salut et j’invoquerai le nom du Seigneur?» Sûrement, ne voulais-tu pas rendre ? Et voilà que tu reçois ! Ah ! c’est qu’après avoir reçu ce qui t’oblige , tu reçois maintenant de quoi t’acquitter; toujours redevable, soit. quand tu reçois, soit quand tu rends. « Que rendrai-je ? » dis-tu. « Je recevrai le calice du salut ». Tu le reçois donc aussi ce calice du martyre, ce calice dont le Seigneur a dit: « Pouvez-vous boire le calice a que je vais boire (4)? » Mais tu tiens déjà ce calice à la main ; voici arrivé le moment de ta   1. Ps. LXVII, 12. — 2. Matt. X, 20. — 3. Ps. CXV, 12, 13. — 4. Matt. II, 22.   mort: que vas-tu faire pour ne pas trembler, pour ne chanceler pas, pour n’être pas dans l’impossibilité de boire le breuvage que déjà tu portes à tes lèvres ? — Que vais-je faire ? Je recevrai encore cette grâce, ce sera une nouvelle obligation contractée, car « j’invoquerai le nom du Seigneur ». « Déjà on m’immole » , dit saint Paul. Il en avait été assuré par révélation, attendu que sa fragilité humaine n’aurait pas osé se le promettre. Sa confiance ne vient donc pas de lui-même, mais de Celui qui lui a tout donné et qu’il avait en vue quand il disait un peu plus haut : « Eh ! qu’as-tu que tu ne l’aies reçu (1) ? — Déjà donc on m’immole, et le moment de ma dissolution approche. J’ai combattu le bon combat». Interroge sa conscience, elle n’est point gênée, car c’est dans le Seigneur qu’elle se glorifie. « J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Dès que tu as gardé la foi , c’est avec raison que tu as achevé ta course. « Il ne me reste plus que la couronne de justice que le Seigneur, en juste Juge, me rendra ce jour-là ». 4. Il craint toutefois de paraître faire exception en sa faveur, en se glorifiant outre mesure, et de présenter le Seigneur comme ne faisant qu’à lui cette grâce. Aussi ajoute-t-il : « Non-seulement à moi , mais à tous ceux qui aiment qu’il se manifeste ». Il ne pouvait indiquer ni plus clairement ni plus brièvement ce que doivent faire les humains pour mériter cette couronne de justice. Nous ne saurions nous attendre tous à répandre notre sang ; les martyrs sont rares, et nombreux sont les fidèles. Tu ne saurais être immolé comme Paul ? Tu peux garder la foi, et en gardant la foi, tu aimes que Dieu se manifeste. Mais tu n’aimes pas qu’il se manifeste, si tu crains son avènement. Le Christ Notre-Seigneur est aujourd’hui caché; quand viendra son heure, il se manifestera pour juger avec justice, lui qui a été jugé et condamné injustement. Il doit venir; comment viendra-t-il ? avec l’appareil d’un juge : car il ne viendra plus pour être jugé, mais,.nous le savons, nous le croyons, pour juger les vivants et les morts. Je m’adresse donc à quelqu’un d’entre vous qui pour m’entendre tenez les yeux fixés sur moi; je m’adresse à lui : Qu’il réponde, non   1. I Cor. IV, 7.   488   pas à moi, mais à lui-même. Veux-tu; lui dis-je, que vienne ce Juge ? — Je le veux. — Fais attention à tes paroles; si lu dis vrai, si tu veux réellement qu’il vienne, examine en quel état il le trouvera. Il doit venir en juge ; après s’être humilié pour toi, il va déployer sa puissance. Il. ne viendra plus pour se revêtir d’un corps, pour sortir du sein maternel, pour se nourrir de lait, être enveloppé de langes et déposé dans une crèche; enfin ni pour devenir le jouet des hommes, une fois parvenu à la jeunesse, être saisi, flagellé, pendu, et garder le silence en face de ses juges. Si tu désires son avènement, n’est-ce point parce que tu espères le voir venir encore avec la même humilité ? Il s’est tu quand il a dû être jugé; il ne se taira point quand il jugera. Il s’est caché d’abord jusqu’à n’être pas reconnu ; « car s’ils l’avaient connu, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de la gloire (1) ». Mais s’il s’est caché dans sa puissance, s’il s’est tu en face de la puissance d’autrui , l’avènement que nous attendons viendra faire contraste avec cette obscurité et ce silence. Car « Dieu viendra avec éclat ». D’abord il est venu caché; il viendra ensuite à découvert. Voilà bien qui fait contraste avec son obscurité première. Voici maintenant qui fait opposition avec son silence. « Notre Dieu viendra et il ne se taira point ». Il s’est tu quand il était caché, puisqu’ « il a été conduit comme une brebis à l’immolation ». Il s’est tu quand il était caché, puisque, « semblable à l’agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche ». Il s’est tu quand il était caché, puisque « son jugement a été emporté au milieu de ses humiliations (2) ». Il s’est tu quand il était caché , puisqu’il n’a passé que pour un homme; « mais Dieu viendra avec éclat; c’est notre Dieu, et il ne gardera pas le silence ». Que penses-tu maintenant, toi qui disais : Je demande qu’il vienne, je veux, je veux qu’il vienne? Ne crains-tu pas encore ? « Le feu marchera devant lui (3) ». Si tu ne crains pas le Juge, le feu ne t’effraiera-t-il point 5. Mais si tu gardes la foi, si tu aimes réellement que le Seigneur se manifeste, tu dois attendre en paix la couronne de justice, puisque pour ceux qui sont ainsi disposés elle n’est pas un don, mais une dette. Aussi l’apôtre saint Paul lui-même la réclame-t-il comme lui   1. I Cor. II, 8. — 2. Isaïe, LIII, 7, 8. — 3. Ps. XLIX, 3.   étant due. « En juste Juge, dit-il, le Seigneur me la rendra ce jour-là ». Il me la rendra, parce qu’il est juste et que sa promesse a fait de, lui mon débiteur. Il a commandé, j’ai écouté; il a prêché, j’ai cru, «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Ce sont là des dons que Dieu m’a faits, et à ces dons il doit ajouter la couronne qu’il m’a promise. Si, en effet, tu te laisses immoler, si tu combats le bon combat, si tu gardes la foi, c’est à lui que tu en es redevable. « Qu’as-tu que tu ne l’aies reçu ? » Mais, je le répète, il doit à ces dons ajouter d’autres dons. Avant de faire ces premiers dons, quelle couronne devait-il? 6. Vois l’Apôtre lui-même. « Une vérité pleine d’humanité et digne de toute confiance, c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier (1). — Le Christ Jésus», dit-il; en d’autres termes, le Christ Sauveur, car Jésus signifie Sauveur, Salvalor. Que les grammairiens n’examinent pas jusqu’à quel point le mot Salvalor est latin ; que les chrétiens considèrent plutôt combien il est exact. Salvus est une expression latine ; salvare et Salvator n’étaient pas latins avant l’avènement du Sauveur; mais en établissant son règne parmi les Latins, il y a rendu latins ces mots. Ainsi donc « le Christ Jésus», le Christ Sauveur, « est venu dans ce monde ». Demandons-nous pourquoi? « Pour sauver les pécheurs », ajoute l’Apôtre. Voilà pour quel motif est venu le Sauveur. Aussi telle est l’interprétation et comme l’explication que nous lisons dans l’Évangile : « On lui donnera le nom de Jésus; car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés (2) ». Ainsi donc, une vérité digne de toute confiance, digne de foi, « c’est que le Christ Jésus est venu dans ce monde pour  sauver les pécheurs, dont je suis le premier». Non en ce sens qu’il ait péché le premier, mais en ce sens qu’il a péché plus que les autres pécheurs. C’est ainsi qu’en parlant des professions libérales, nous disons d’un médecin qu’il est le premier, quand, si inférieur qu’il soit par l’âge, il l’emporte dans son art; c’est dans ce sens encore que nous disons : premier charpentier, premier architecte. Voilà donc   1. Depuis ces mots : « J’ai combattu le bon combat, etc. » jusqu’à ces derniers : « Dont je suisse premier », moitié des lignes du texte de saint Augustin a été enlevé dans les manuscrits. Bossuet a supposé les mots qui manquent, et nous donnons la traduction du texte rétabli par lui. — 2. Matt. I, 21.   489   comment l’Apôtre se dit le premier des pécheurs; nul, en effet, n’a persécuté l’Église avec plus de violence. Si maintenant tu examines ce qui était dû à ces pécheurs qu’est venu sauver Jésus, tu reconnaîtras qu’ils ne méritaient que le supplice. Ainsi donc, que méritaient-ils? Le supplice. Et qu’ont-ils reçu? Le salut. Pour eux le salut a remplacé le supplice. On leur devait le supplice, on leur a accordé le salut; on leur devait le châtiment, on leur a donné la couronne. A ce Paul, qui d’abord était Saul; à ce premier des pécheurs qui surpassait les autres en cruauté, on ne devait que des supplices et d’affreux supplices; et pourtant on lui crie du ciel : « Saul, Saul, pourquoi me persécuter?» Il est forcé d’épargner, afin de pouvoir être épargné lui-même. C’est le loup qui se transforme en brebis. Ce n’est pas dire assez; il faut ajouter : Qui se transforme en pasteur. La voix du ciel lui donne la mort et lui rend la vie ; elle le frappe et le guérit; elle abat le persécuteur et relève le prédicateur. Qu’y a-t-il dans cette grâce autre chose que la grâce? Quel mérite l’a précédée ? « Jésus est venu dans ce monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. Mais si j’ai obtenu miséricorde». L’Apôtre aurait-il pu dire alors : «Le Seigneur, en juste Juge, me rendra la couronne ce jour-là? » Si le juste Juge rend ce jour-là au premier des pécheurs ce qui lui est dû, que lui rendra-t-il sinon les supplices affreux et l’éternel châtiment dus au premier pécheur? On les lui devait d’abord; on ne les lui a pas infligés. «Si j’ai obtenu miséricorde», si je n’ai pas reçu ce que je méritais; si, tout premier pécheur que j’étais, j’ai obtenu miséricorde, c’était afin que le Christ Jésus montrât en moi toute osa patience et que je servisse d’exemple à ceux qui croiront en lui pour la vie éternelle (1)». Que veut dire, afin que je servisse d’exemple? Afin que si coupable, si plongé qu’on. soit dans le crime, on ne désespère pas d’obtenir le pardon accordé à Saul. Jésus est un habile, un grand Médecin; il arrive dans une contrée où il n’y a que des malades, et pour accréditer sa science il choisit, afin de le guérir, le malade le plus désespéré. Or c’est ce malade qui dit aujourd’hui : « Déjà on m’immole et le moment de ma dissolution approche. J’ai   1. I Tim. I, 15, 16.   combattu le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi ». Comment? C’était toi qui courais en aveugle, qui traînais les Chrétiens à la mort, qui, pour lapider en quelque sorte Étienne par la main de tous ses bourreaux, veillais à la garde clés vêtements de tous? C’est bien toi? — C’était bien moi; alors; mais aujourd’hui ce n’est plus moi.Comment était-ce toi et n’est-ce plus toi? — Parce que j’ai obtenu miséricorde. — Ainsi, Paul, tu as reçu ce qui ne t’était pas dît. Mais aujourd’hui, dis-nous, dis-nous tranquillement ce qui t’est dû. « Il ne me reste plus que la couronne de justice; et le Seigneur, en juste Juge, me la rendra ce jour-là». Avec quelle confiance il réclame cette dette, lui à qui il a été fait grâce du dernier supplice ! Dis maintenant à ton Seigneur, dis-lui tranquillement, dis-lui avec certitude, avec la confiance la plus entière: J’étais autrefois livré à ma méchanceté ; j’ai fait usage, sans y avoir droit, de votre miséricorde : ah ! couronnez vos dons, vous y êtes obligé. Assez sur saint Paul; occupons-nous de saint Pierre; et sans prétendre parler de lui dignement, rendons-lui les devoirs que nous lui rendons chaque année. Nous viendrons ainsi du dernier au premier des Apôtres, puisque nous aussi, dans notre conduite, nous cherchons à nous élever de ce qu’il y a de plus bas à ce qu’il y a de plus haut. 7. Nous avons remarqué, dans l’Évangile qu’on vient de lire, que le Seigneur Jésus en personne prédit ainsi à saint Pierre, le premier des Apôtres, le martyre qu’il devait endurer : « Quand tu étais jeune, tu te ceignais, et tu allais où tu voulais. Une fois avancé en âge, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras pas ». L’Évangéliste explique ensuite le sens de ces paroles. «Or en parlant ainsi, dit-il, le Seigneur désignait par quel genre de mort Pierre devait glorifier Dieu (1) ». Le Seigneur Jésus lui prédit donc son martyre et son crucifiement, mais quand, loin de le renier encore, il était épris d’amour pour lui. Habile Médecin, le Sauveur distingua clairement le changement survenu dans son malade. Celui-ci l’avait renié quand il souffrait encore; une fois guéri, il l’aimait. Il avait commencé par montrer à Pierre ce   1. Jean, XXI, 18, 19.   490   qu’était Pierre, lorsqu’animé d’une téméraire confiance cet Apôtre avait promis de mourir pour le Christ, au lieu que c’était le Christ qui était venu mourir pour lui. « Pour moi tu donneras ta vie, lui dit-il? En vérité je te le déclare, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois (1) ». Je te guérirai ensuite ; mais il faut que d’abord tu te reconnaisses malade. C’est ainsi qu’en lui annonçant ce triste reniement, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était Pierre. Mais aussi, en lui parlant de son amour, le Seigneur montra à Pierre ce qu’était le Christ. « M’aimes-tu, lui demanda-t-il ? — Je vous aime. — Pais mes brebis (2) ». Ceci fut dit une, deux et trois fois. Cette triple protestation d’amour était la condamnation du triple reniement inspiré par la crainte. Or, comme Pierre aimait le Sauveur, le Sauveur lui parlait de son futur martyre. N’est-ce pas aimer en effet que d’affronter les supplices par amour pour le Christ? 8. Cependant, mes frères, qui ne serait étonné de ces autres paroles : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point?» Ce fut donc malgré lui que Pierre reçut cette faveur immense du martyre? Voici Paul : « Déjà l’on m’immole, et le moment de ma dissolution approche». Ne semble-t-il pas, en parlant ainsi, courir avec allégresse au martyre? A Pierre il est dit au contraire : « Un autre te ceindra et te portera où tu ne voudras point». Paul veut donc, et Pierre ne veut pas? Il y a plus, si nous comprenons ce qu’il en est, c’est que Pierre veut comme Paul, et que Paul n’a pas plus de volonté que Pierre. Pour expliquer cette pensée dans la mesure de mes forces, j’ai besoin ici d’une attention particulière de votre part. On peut souffrir la mort, on ne saurait l’aimer. Si on peut l’aimer, qu’ont fait d’étonnant ceux qui l’ont endurée pour la foi ? Les appellerions-nous de grands hommes, des hommes de, courage, si nous les voyions seulement se livrer aux délices des banquets? Exalterions-nous leur force de caractère ou leur patience, si nous les voyions se plonger dans les voluptés? Pourquoi? Est-ce qu’en vérité, pour ne rien faire de douloureux ni de pénible, pour s’abandonner à la joie, aux plaisirs et aux délices, ils mériteraient le titre de grands hommes, d’hommes courageux et   1. Jean, XIII, 38. — 2. Ib. XXI, 15-17.   patients? Ah ! ce n’est point pour de semblables motifs que nous louons les martyrs. Ils sont, eux, de grands hommes, des hommes courageux et patients. Veux-tu savoir que leur tâche n’est pas d’aimer la mort, mais de la souffrir? C’est qu’en latin nous désignons leur martyre par le mot qui exprime essentiellement la souffrance, passio. Ainsi donc, non seulement les hommes, mais tous les animaux absolument ont horreur et peur de la mort; et ce qui fait la grandeur des martyrs, c’est qu’en vue du royaume des cieux ils ont bravé généreusement ce qu’il y a de plus horrible à la nature, c’est qu’en vue des divines promesses ils ont enduré d’incroyables afflictions. Voyez le Seigneur : « Nul n’a un amour plus grand que celui qui donne sa vie pour ses amis (1)». S’il n’en coûte rien de donner sa vie, que fait la charité de si merveilleux? Son mérite est-il d’aimer pour moi les délices? Non, mais d’endurer pour moi la mort. «A cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est le chant des martyrs ; « à cause des paroles sorties de vos lèvres », c’est-à-dire à cause de vos avertissements et de vos promesses, «j’ai marché par de dures voies (2)». Ainsi donc la nature même et l’entraînement de l’habitude font éviter la mort; et c’est en s’attachant à ce qu’on voit au-delà de la mort que pour obtenir ce qu’on veut on entreprend ce qu’on ne veut pas. Voilà ce qui explique ces mots : .« Te portera où tu ne voudras pas ». C’est ici le cri de la nature et non celui de la dévotion. Le Seigneur a personnifié en lui-même cette fragile nature humaine, lorsqu’aux approches de sa passion il disait à son Père : « Mon Père, s’il est possible, « que ce calice s’éloigne de moi (3) ». Et ces mots : « Déjà on m’immole », sont plutôt le cri de la patience qu’un chant de délices. Aussi la mort est un châtiment qui nous a été comme inoculé ; nous qui formons les rameaux épars du genre humain, nous la tirons de la racine même de l’arbre. Adam le premier se l’est attirée en péchant. « C’est par la femme, dit l’Ecriture, qu’a commencé le péché, et par elle nous mourons tous (4). — Par un homme, y est-il dit encore, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort; et c’est ainsi qu’elle a passé à tous les hommes par celui en qui tous ont péché (5)»,   1. Jean, XV, 13. — 2. Ps. XVI, 4. — 3. Matt. XXVI, 39. — 4. Eccli. XXV, 33. — 5. Rom. V, 12.   De là il suit encore qu’il y a dans notre nature et le vice et le châtiment. Dieu avait créé notre nature sans aucun vice, et si elle n’avait pas failli ; assurément elle n’aurait pas été châtiée. Mais, issus de cette nature souillée, nous avons puisé en elle et le vice et le châtiment pour nous souiller ensuite de tant d’autres manières. Je le répète, il y a dans notre nature et le vice et le châtiment; Jésus au contraire a pris dans sa nature humaine le châtiment sans le vice, afin de nous délivrer de l’un et de l’autre. « Un autre te ceindra, dit-il, et te portera où tu ne voudras pas ». Voilà le châtiment; mais c’est un moyen de parvenir à la couronne. Paul donc méprisait ce châtiment, il le méprisait en fixant ses regards sur la couronne et test alors qu’il disait : « Déjà on m’immole » et on m’est redevable de la couronne de justice. Il faut passer par un dur chemin, mais où n’arrive-t-on pas ? Pierre aussi savait où il allait, et il se soumit au martyre avec un généreux dévouement; mais ce martyre, il l’endura, il ne l’aimait pas en lui-même. Il endurait le martyre, il aimait ce qui devait résulter du martyre ; son vif attrait pour le terme du voyage lui fit endurer les aspérités de la route. 9. Nous avons dit que l’un comme l’autre ces deux Apôtres avaient voulu et n’avaient pas voulu ; s’il eût été possible, ils n’auraient pas voulu endurer la peine, mais tous deux étaient également épris d’amour pour la couronne. Montrons actuellement que Paul lui-même n’aurait pas voulu le châtiment. Le Seigneur a attesté en personne que la volonté de Pierre y était opposée. N’est-ce pas toi d’ailleurs qu’il représentait quand il disait : « Mon Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi? » Le Seigneur donc a fait connaître les sentiments de Pierre. Quant à Paul , lui-même a manifesté les siens. Il dit en effet quelque part, en parlant de ce corps mortel : « Nous gémissons sous ce fardeau ». C’est la même pensée que, dans cet autre passage de l’Ecriture : « Le corps qui se corrompt appesantit l’âme, et abat l’esprit si actif à penser (1) ». Il dit donc: « Nous gémissons sous ce fardeau », sous le faix de ce corps corruptible. « Nous gémissons sous ce fardeau ». Si tu gémis, prends plaisir à   1. Sag. IX, 15.   déposer cette charge. Oui, il avoue qu’il gémit sous cette charge, qu’il est accablé sous le faix de ce corps corruptible : examine pourtant s’il veut se débarrasser de ce poids qui l’accable,: qui le fait gémir. Ce n’est pas ce qu’il dit ensuite. Que dit-il donc ? « Parce que nous ne voulons pas être dépouillés ». Quel cri naturel ! Quel aveu du châtiment ! Le corps est lourd, il est accablant, il est corruptible, c’est un poids sous lequel on gémit ; et pourtant on ne le laisse, on ne le dépose pas volontiers. « Nous ne voulons pas être dépouillés ». Veux-tu donc toujours gémir ainsi ? Si tu gémis sous ce fardeau, pourquoi neveux-tu pas en être débarrassé ? — Non, je ne le veux pas. — Vois ce qui suit: « Nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts ». Je gémis sous cette tunique de terre, je soupire après la tunique du ciel ; je veux l’une sans me dépouiller de l’autre. « Nous ne voulons pas être dépouillés mais recouverts». O Paul, je voudrais vous comprendre, que dites-vous ? Voudriez-vous outrager ce céleste et ample vêtement, jusqu’à le mettre par-dessus ces lambeaux de mortalité et de corruption, ceux-ci servant de vêtements de dessous, et celui-là de vêtement de dessus ; ceux-ci, de vêtement intérieur, et celui-là de vêtement extérieur ? — Nullement, reprend-il, ce n’est point là ce que je dis. Je ne veux pas être dépouillé, mais recouvert ; recouvert, sans que néanmoins la corruption soit voilée sous l’incorruptibilité, mais « pour que ce qui est mortel soit absorbé par la vie (1) ». Cette acclamation prouve que tu connais l’Ecriture. Néanmoins celui qui ne les connaît pas pourrait croire que ces derniers mots sont de moi ; qu’il se détrompe, ce sont les paroles mêmes de saint Paul, et voici toute la suite de cette phrase de l’Apôtre : « Nous gémissons sous ce fardeau, parce que nous ne voulons pas être dépouillés, mais recouverts, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». Ceci est parfaitement conforme à ce que vous dites ailleurs de la résurrection du corps ; voici vos expressions : « Il faut que, corruptible, ce corps revête l’incorruptibilité ; et que, mortel, il revête l’immortalité. Or, lorsque, corruptible, il se sera revêtu d’incorruptibilité, alors s’accomplira cette parole de l’Ecriture : La mort a été ensevelie   1. II Cor. V, 4.   492   dans sa victoire ». Ces mots : « Afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie », ont le même sens que ceux-ci : « La mort a été ensevelie dans sa victoire ». Il n’est plus question d’elle, ni en haut, ni en bas, ni au dedans, ni au dehors. « La mort a été ensevelie dans sa victoire. O mort, où est ton ardeur ? » C’est ce qui sera dit à la mort au moment où les corps ressusciteront et seront transformés au point que la mort sera absorbée dans sa victoire. « Quand ce corps corruptible se sera revêtu d’incorruptibilité », il sera dit à la mort : « O mort, où est ton ardeur ? » Cette ardeur même t’emporte où tu ne veux pas. « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché (1)». 10. Comment ! la mort ne vient pas du péché ? Eh ! de quelle autre mort parlait l’Apôtre à propos de la résurrection des corps ? Ce corps corruptible se revêtira d’incorruptibilité, la mort sera ensevelie dans sa victoire. Voilà bien la résurrection du corps. Il sera dit alors: « O mort, où est ton ardeur ? » A qui sera-t-il parlé de la sorte, sinon à la mort corporelle, puisqu’il est question, en cet endroit,de la résurrection du corps ? « O mort, où est ton ardeur ? O mort, où est ton aiguillon ? L’aiguillon de la mort est le péché ». L’aiguillon de la mort, ou le péché, s’entend ici, non de l’aiguillon que la mort aurait produit, mais de l’aiguillon qui a causé la mort : c’est ainsi que le poison se nomme un breuvage de mort, parce qu’il cause la mort et non. parce qu’il est produit par elle. Ainsi donc c’est en ressuscitant que le Seigneur en finit avec ce châtiment de la mort ; et s’il le laisse peser encore sur les saints et sur les fidèles, c’est pour les exercer à la lutte. La mort ainsi t’est laissée comme un adversaire, un adversaire dont Dieu pouvait te délivrer en te justifiant; mais il te laisse aux prises avec elle, afin de te donner le mérite de la dédaigner pour ta foi. Ne peut-il pas sur chacun ce qu’il veut ? Enoch à été enlevé. Elie l’a été; tous deux vivent encore. Est-ce :leur sainteté qui a mérité cette faveur ? N’est-ce pas plutôt une grâce, un bienfait spécial qui leur a été accordé ? Le Créateur a voulu nous montrer par là ce qu’il peut pour nous tous. 11. Pour soutenir que la mort, je veux dire   1. I Cor. XV, 53-56.   la mort du corps, n’est pas l’oeuvre du péché, mais qu’elle est naturelle et qu’Adam serait mort quand même il n’aurait pas péché, comment donc nous objecter Enoch et Elie? N’est-ce pas être bien inconsidéré? N’est-ci pas, si on y faisait attention, parler contre soi-même ? Que dit-on, en effet ? — Si la mort vient du péché, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts? En tenant ce langage, tu ne remarques donc point que ne pas attribuer la mort au péché, c’est l’attribuer à la nature? Tu la fais venir de la nature; je la fais venir du péché. Sans doute elle vient de la nature, mais de la nature viciée et condamnée à ce supplice. Oui donc, selon toi, la mort corporelle vient de la nature, et du péché, selon moi.Si elle vient du péché, me demandes-tu, pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas m1ts? Je te réponds à mon tour : Pourquoi ni Enoch ni Elie ne sont-ils pas morts, si elle vient de la nature ? Enoch et Elie sont vivants; ils ont été emportés, mais ils sont vivants, en quelque lieu qu’ils habitent. Si néanmoins on n’interprète pas mal un certain passage de l’Ecriture, ils doivent mourir. L’Apocalypse, en effet, parle de deux prophètes merveilleux qui doivent mourir, ressusciter ensuite publiquement et monter vers le Seigneur (1). Or, on voit ici Enoch et Elie, quoique leurs noms ne s’y trouvent pas. Peut-être, diras-tu, pour soutenir ton sentiment, que tu n’admets pas ce livre de l’Ecriture, ou que, tout en l’admettant, tu ne t’inquiètes pas de ce passage, attendu que le nom des deux prophètes n’y est pas exprimé. Eh bien! admettons avec toi qu’ils vivent et ne doivent jamais mourir. Adresse-moi encore cette question : Si la mort vient du péché, pourquoi ne sont-ils pas morts? Je te réponds: Et pourquoi ne sont-ils pas morts, si la mort vient de la nature ? J’ajoute, pour  expliquer leur vie, qu’ils n’ont plus de faute : à toi d’ajouter, si tu le peux, qu’ils n’ont plus de nature. 12. Il est vrai, notre sujet nous a entraînés un peu et occasionnellement hors de lui; ce que nous avons dit, néanmoins, contribue également à raffermir notre foi contre ces discoureurs qui se multiplient malheureusement. Ah ! qu’ils ne triomphent pas de notre patience; et qu’ils n’ébranlent pas non plus notre foi. Soyons prudents et circonspects en face de ces   1. Apoc. X, 3-12.   493   nouveautés de discussions, discussions purement humaines où il n’y a rien de divin. Nous célébrons aujourd’hui tune fête d’Apôtres; écoutons ces recommandations de l’un d’eux « Evite les profanes nouveautés de paroles, car elles servent beaucoup à l’impiété (1). —Je veux que vous soyez sages dans le bien et simples dans le mal (2) ». Adam est bien mort, mais le serpent n’est pas mort encore. Il siffle et ne cesse de murmurer. Il est réservé au dernier supplice; mais il se cherche des compagnons de tourments. Prêtons l’oreille à l’ami de l’Epoux, au zélé défenseur des intérêts de l’Époux, et non des siens : «  Je vous aime pour Dieu d’un amour de jalousie; car je vous ai fiancés à un Epoux unique, au Christ, pour vous présenter à lui comme une vierge pure. Mais je crains que comme le serpent   1. I Tim. VI, 20; II Tim. II, 16. — 2. Rom. XVI, 19.   séduisit Eve par son astuce, ainsi vos esprits ne se corrompent et ne dégénèrent de la chasteté que communique l’union au Christ (1) ». Tous nous avons entendu les paroles de l’Apôtre; observons-les tous, tous gardons-nous du souffle empoisonné du serpent. Comment dire que nous ne les avons pas entendues, que nous ne les connaissons pas, quand nous venons de chanter encore : « Leur voix a retenti par toute la terre, et leurs paroles jusqu’aux extrémités de l’univers (2)? » En courant jusqu’aux extrémités du monde, ces paroles sont arrivées jusqu’à nous; nous les avons accueillies, nous les avons écrites, nous en avons établi des lecteurs. Le lecteur ne se tait pas, le commentateur s’occupe : pourquoi le perfide tentateur ne s’arrête-t-il pas ?   1. II Cor, XI, 2, 3. — 2. Ps. XVIII, 5.      

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL – JEAN XXIII 1962

29 juin, 2015

 

http://w2.vatican.va/content/john-xxiii/it/homilies/1962/documents/hf_j-xxiii_hom_19620628_pietro-paolo.html

(Google Traduction)

SOLENNITÉ DES SAINTS PIERRE ET PAUL

CÉLÉBRATION DES PREMIÈRES VÊPRES

DISCOURS DU PAPE JEAN XXIII

Basilique Vaticane

Thursday, 28 Juin 1962

Les chers impressions de la visite au Latran en deuxième Vêpres de saint Jean – en exultation déplacés avant la ferveur de la foule si vivant tout de branche populaire et modeste mais dynamique du sentiment autour du Pape, son évêque de Rome – continuent à appeler la joie spirituelle, pour cette célébration des Premières Vêpres de la fête de la basilique Saint-Pierre. Comment belle et édifiante cette rapprochés l’Ancien Testament avec le précurseur du Christ et de l’ouverture de nouvelles orientations sur lui, et à la lumière de l’humble pêcheur de Galilée, a appelé le gouvernement de l’éternelle Testament, l’Eglise universelle. La mer du monde à Rome Vénérés frères! combien sont ici, et chers enfants, ne vous reviennent pas certaine pensée désagréable que nous voulons exprimer à l’édification. Avec St. John nous devions entendre la voix prophétique dans le désert, quand il a insisté sur Parades viam Domaines : rectas facite Semitas ejus [ 1 ]. Voilà la route du Seigneur, pour préparer: bonnes façons de rectification et d’aller jusqu’à atteindre le salut pour tous. Ce soir, nous sommes un peu comme la mer, la barque de Pierre, le pêcheur, où Jésus était ressuscité, et là, il a parlé à la foule. Saint Luc raconte le bon épisode. – Jésus eut fini de parler, il dit à Simon: «Aller hors du bateau, et jetez vos filets pour pêcher. » Simon répondit: «Maître, nous avons peiné toute la nuit sans avoir rien pris, mais sur ta parole je vais lâcher les filets. » Alors il l’a fait, et fait suite à une pêche abondante [ 2 ]. Sur cette page de l’Évangile, les Pères de l’Église et les commentateurs de tous les temps lui-même adoré. De leurs écrits – nous nous souvenons en particulier ceux de Léon et Grégoire – une doctrine, dont la note de solennité est devenu familier à l’oreille et le bon goût de ceux qui habituellement main entre le missel et le bréviaire. Très distingué parmi ceux-ci le premier, le Grand, dont la mort glorieuse, nous avons célébré le centenaire le 15 Novembre. En cette veille de nous attire dans une manière spéciale la pensée d’un autre pape, il trop grande, le pape Innocent III, cette page de Saint-Luc était capable de résumer heureusement ci-dessous et significations aimables chiffres. La mer de Galilée, où Jésus repose, est le siècle, nous allons améliorer le monde entier, qu’il est venu racheter. La barque de Pierre est la sainte Église, dont Pierre, Simon le pêcheur, était le chef. L’ordre de Jésus à Pierre et son parce qu’ils vont et conduisent à une plus large oser la pêche, le Duc in Altum humble navire, est de Rome, la capitale du monde à cette époque, réservé à devenir, plus tard, véritable capitale, et le centre de haute et lumineux dans le monde chrétien. Le net recul sur les vagues pour la conquête des âmes est la prédication apostolique. L’Eglise du Christ, répandus « Ubique Terrarum» Quel spectacle cette mer de Galilée, appelée à représenter les siècles et les peuples! Aquae multae: multi populi: la grande saeculum mer totum ; de sorte qu’il appelle le pape Innocent. Mer grande et spacieuse. Le livre des Psaumes décrit bien, encore plus vivement: plein de poissons de toutes sortes: animalia pusilla cum magnis: illic nefs pertransibunt [ 3 ]. Comme la mer est agitée et amère, de sorte que le siècle, de sorte que le monde des hommes, est troublé par l’amertume et contraste: jamais la paix et la sécurité; jamais de repos et de calme; toujours et partout crainte et tremblement: travail omniprésente et dolor . L’évangéliste saint Jean [ 4 ] a écrit que le monde est tout placé sur la malignité. Le sourire est commisto gémir: les extrêmes de joie sont occupés deuil [ 5 ]. L’oiseau est né pour voler: l’homme est destiné aux travaux lourds [ 6 ]. Le livre de l’Ecclésiaste est encore plus efficace: – Une occupation continue est réservé pour toutes les personnes, un joug de presse sur les épaules de tous les enfants d’Adam. Dans la mer les plus petits poissons sont mangés par de plus gros: Dans le monde les petits hommes sont écrasés par la forte et dominatrice [ 7 ]. Eh bien, il est l’immensité de ce monde qui est la miséricorde du Très-Haut, pour le rachat de l’esclavage, pour l’élévation des énergies les plus nobles; Il est ce monde que notre Père céleste a envoyé son Fils unique, de la chair humaine vêtue, pour aider tous les enfants de l’effort de leur résurrection des misères de ce monde, et pour riaccompagnarli sur les hauteurs de la vie éternelle. Il est cette vaste mer de l’humanité purifiée par la vertu du Sang du Christ, que la Parole même du Père nous propter les hommes et pour notre salut descendit de caelis, et incarnatus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine et homo factus est; Homo et Salvator mundi, et totius mundi pour Sanctam Ecclesiam Suam Rex gloriosus et immortalis pour saecula . Commentaire Brilliant d’Innocent III L’Eglise du Christ répandue terrarum omniprésente est représenté dans l’évangile de la barque de Pierre que Jésus prédilection, qui aimait souvent de parler en tant que maître du peuple, et à une occasion particulièrement mystérieuse et solennelle – dont cela se réfère saint Luc dans le chapitre cinquième Son Evangile – indiquerait à ses Apôtres, comme le point de conquêtes divins de son royaume le plus élevé. Vous avez passé une navigation de nuit infructueuse avec nihil cepimus . Maintenant, je vous le dis, Pierre, Duc in Altum : descendre du bateau; et toute sa: jeter les filets, comme ils le faisaient dans l’obéissance parfaite: et concluserunt piscium multitudinem copiosam . Fils bien-aimés! À ce stade, l’Evangile de lecture que le pape Innocent III, la fête de Saint-Pierre sort avec vigueur exulte: La hauteur de cette mer, Maris altitudo istius, qui bénit Jésus a dit à Pierre: Duc in altum , Rome est, quae et primatum principatum super-universum saeculum obtinebat et obtinet . Divine Providence a voulu exalter cette ville: parce que le temps du paganisme triomphe elle seule avait la domination sur toutes les nations dispersées à travers le monde, donc après la venue de Jésus l’iniziatasi christianisme Rédempteur, était digne et approprié que l’église Santa seul détenait le la dignité du magistère et le gouvernement sur ​​tous les fidèles de la terre. Et le pape Innocent continue à proclamer que Dieu a trouvé et a voulu consonum et dignum , que celui qui était à la tête et le prince de l’Église, constituée le siège principal et religieuse, à la ville, il a eu la principauté et le gouvernement laïque. Voilà pourquoi Jésus dit à Pierre: Duc in Altum , comme pour dire: Il va à Rome et vous et votre transfert dans la ville, et il y jeter vos filets pour pêcher. Semble tellement évident que le Seigneur a aimé et aime ce bureau d’août, et que les Roms méritent le nom de sacerdotale et royale, impériale et apostolique, dépositaire et l’exercice domination non seulement sur ​​le corps, mais aussi les âmes du magistère. Beaucoup plus noble et digne de l’autorité divine, maintenant qu’il était dans le passé pour pouvoir sur la terre. Il est très touchant d’entendre les paroles du grand Pape appelant la tradition pieuse Domine, quo vadis : et les paroles de Jésus à Pierre, tremblant et fugitif: «Je vais à Rome pour me crucifier à nouveau. » Aussi intéressant est la différence, selon saint Luc, des expressions de Jésus, Saint-Pierre parle au singulier: Duc in Altum : puis se poursuit dans le pluriel pour le reste des Apôtres: retia Laxate dans capturam . La seule Pierre, comme seul prince de l’Eglise universelle se voit dans la hauteur de sa prélature suprême. Mais nous ne pouvons pas oublier que même à Saint-Paul, comme lui, aurait été donné la tâche d’élaborer à Rome le réseau apostolique de prédication sacrée. Une conversation spirituelle comme ceci Nostra, Vénérables Frères et chers Fils, qui introduit la fête de Saint-Pierre, il est naturel que enjolivées double couronne, qui confirment ainsi l’association des deux grands Apôtres, dans l’admiration et l’adoration. Pape Innocent atteint la belle comparaison de ces deux grands apôtres de l’Église romaine, l’Eglise universelle, en référence historique, poétique et marqués pour les deux fondateurs de la Rome primitive, que Romulus et Remus, les deux sépultures, les archéologues disent, Ils mentent la distance presque parallèles d’un bout de la ville; Peter dire du côté où Romulus a été enterré: Remo et le côté où il a été montré la tombe de saint Paul. Nous avons beaucoup de respect et d’amour pour faire des souvenirs vetustissimi de début Rome – comme a commenté ensuite le pape Innocent – le duo fratres secundum carnem, ici urbem ISTAM corporellement pas sine divine providence – condiderunt, et honorabilibus iacent sepulcris enterré . Mais il est juste que notre tendresse religieuse, il tourne avec une émotion particulière le duo fratres fidem secundum, et Petrus Paulus, ici urbem ISTAM spiritualiter fundaverunt, gloriosis basilicis enterrés . Le ministère sacré d’une grande prédication Notez les définitions précises de contrastes: d u fratres secundum carnem et condentes corporellement : les deux saints patrons de Rome, fratres secundum fidem: fundatores de spiritualiter, gloriosis basilicis honorificentissime enterrés . Nous ne devons pas oublier les filets des pêcheurs, à l’ordre de Jésus jeté à la mer et recueilli avec beaucoup de difficulté, un grand triomphe de l’obéissance apostolique. Le réseau symbolique qu’aujourd’hui, en entrelaçant floral, est sur le seuil de cette Basilique vaticane. Comme le bateau de Peter signifie l’Église, comme la mer agitée est le siècle et le monde secoua, comme le centre de Rome catholique et apostolique si les réseaux sont figuration du ministère de la prédication populaire. Pape avantage Innocent de la queue pour donner un résumé caractères informatifs et fervents éloquence sacrée et particulière de pastorale: qui est-à-dire le ministère sacré pour la conquête et la nourriture précieuse, dont le sacerdoce catholique doit être distributeur pour les âmes des fidèles. Le prédicateur de prévoyance doit préparer ses essais à l’éducation populaire et encore plus élaborée pour une classe et la stature. Savoir comment varient selon le sujet, le ton, la couleur: désormais sur les vertus, maintenant sur les vices, maintenant sur les prix et maintenant sur le punitions, la miséricorde et la justice, une grande partie de ces deux thèmes, maintenant avec facilité, maintenant avec subtilité Or, selon l’histoire, et maintenant selon l’allégorie: la présentation des autorités, des similitudes, des raisons, par exemple. Ce sont les fils et les parcelles, ils sont fabriqués des réseaux, capable, solides et précieux. Ces réseaux plus sûrs et plus efficaces pour obtenir des âmes à la clarté de la vision de la bonne doctrine apostolique, pour les amener à la ferveur, la sanctification, la joie. Ces réseaux ont utilisé le plus béni Apôtres Pierre et Paul. Leurs lettres nous parlent encore du fond de leur âge. Cette prédication Rome a été converti de l’erreur à la vérité, du vice à la vertu, et est devenu dominé Gentium , maîtresse du monde. Honneur à temps pour les principes bénis des Apôtres La vénération que tout bon catholique ressent pour les apôtres du Christ de tous les temps et de toutes les personnes, devrait garder sa ferveur: en effet la célébration imminente du Concile Vatican II, qui veut être autour d’un flot de doctrine céleste, augmentation inspiration, l’exaltation paisible et sainte. Mais de ces deux premiers et bienheureux Apôtres de Rome, Pierre et Paul, écho toujours la tradition de plusieurs siècles que Pères et mécènes principaux et preclarissimi, nous étudions notamment les grands enseignements, dans la splendeur de l’intelligence, une flamme des cœurs. Nous aimons à mettre fin à cette effusion de sentiments paternels et votes avec fervente invocation de bons souhaits du grand Pontife Innocent III, l’un des plus grand et le plus glorieux de l’Eglise et de l’histoire: Pour eux, la beauté de Rome pour honorer les pères, et nos clients à être spécialement et principalement, dans la mesure où, à l’aide de leurs mérites et de prières, alors maintenant ont réussi à être préservé dans la terre, aussi heureux enfin être couronné dans les cieux. De notre Seigneur Jésus Christ, qui est sur ​​toutes choses Dieu béni pour les siècles des siècles. Vraiment [ 8 ].

[ 1 ] Cfr. Matth . 3, 3; Marc . 1, 3; Luc . 3, 4. [ 2 ] Voir. Luc . 5, 1-7. [ 3 ] Ps. 103, 25-26. [ 4 ] I 1 . 5, 19. [ 5 ] . Prov 14, 13. [ 6 ] de. Job 5, 7. [ 7 ] Voir. Eccl. 40 et 13. [ 8 ] Innocent 3, Opera omnia, Sermo 22, en la solennité de la Bienheureuse Apôtres Pierre et Paul, dans Migne, PL 207, col. 555, SS.