Archive pour le 26 juin, 2015
»DIEU N’A PAS FAIT LA MORT » (SG 1-2)
26 juin, 2015http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/212.html
»DIEU N’A PAS FAIT LA MORT » (SG 1-2)
Sagesse 1-2 fait entendre l’opposition de deux discours sur l’existence, de deux philosophies de la justice. Le discriminant, c’est la position par rapport à la mort. La Sagesse de Salomon est un livre tardif : on le date généralement de la fin du 1er siècle avant l’ère chrétienne. Attribué fictivement à Salomon, il est écrit par un Juif d’Alexandrie, ville d’Égypte où se vivait un dialogue permanent avec la culture grecque. Sagesse 1-2 font entendre, d’entrée de jeu, l’opposition de deux discours sur l’existence, de deux philosophies de la justice. Le discriminant de ces deux discours, c’est la position que l’on prend par rapport à la mort. La thèse du livre de la Sagesse est la suivante : »Dieu n’a pas fait la mort, il ne prend pas plaisir à la perte des vivants. Car il a créé tous les êtres pour qu’ils subsistent et, dans le monde, les générations sont salutaires ; en elles il n’y a pas de poison funeste et la domination de l’Hadès ne s’exerce pas sur la terre. Car la justice est immortelle. » (1,13-15)
Le plaisir de Dieu La première phrase pose l’affirmation de base, qui se déploie ensuite en quatre temps. Tout d’abord, la mort ne relève pas du vouloir de Dieu. Ce premier déploiement de l’affirmation initiale est appuyé par la mise en évidence de l’intention divine : la finalité de l’acte de création est de poser toute réalité dans l’être, non de la destiner au néant. Ensuite, la mort n’est pas une fatalité inscrite dans les phénomènes de la génération, ni une nécessité originaire (un »poison ») inscrite dans l’évolution des êtres. Les biologistes nous ont appris le lien qu’il y a entre la génération (sexuée) et la mort : ici, la génération est posée comme »salutaire », c’est-à-dire comme possibilité d’être libérée de ce lien. De plus, la corruptibilité évidente de la vie n’est pas perçue comme provenant d’une cause initiale, inscrite originellement dans l’existence. Enfin, la mort n’a pas le pouvoir sur la terre. Ces trois déploiements de l’affirmation initiale sont appuyés par une dernière assertion : la justice est immortelle. En d’autres termes, nous sommes invités à comprendre la quête de la justice comme la racine du combat et de la victoire possible contre la fatalité de la mort. C’est précisément en contraste à cette invitation que va s’affirmer, dans la suite du texte, la position des impies.
La pensée dominante Le discours des impies (2,1-20) s’articule en trois moments, selon une logique parfaite. Le premier temps (v.1-5) pose une évidence : la vie humaine a une fin. Considérer sans faux-fuyant la mort fait de la vie quelque chose de peu d’importance, d’éphémère, »qui se dissipe comme la brume matinale » : on reconnaît ici la »vanité » du livre de Qohélet. Logiquement alors (v.6-9), il n’y a rien d’autre à faire que de »profiter de la vie ». »Jouissons des biens présents, profitons de la création » : c’est là une manière de »prendre » la création, contre laquelle celle-ci se rebellera à la fin du chapitre 5. Enfin (v.10-20), le caractère logique – totalitaire ? – de cette philosophie s’achève dans l’élimination nécessaire de quiconque ne pense pas ainsi. La différence n’est pas tolérable : »la vie du juste ne ressemble pas à celle des autres […] tuons-le ». L’élimination du juste ne vise pas autre chose qu’à museler toute opposition à la philosophie dominante. Cependant un doute s’infiltre en finale, la mise à mort étant posée comme une mise à l’épreuve de ses convictions : »Voyons si ses paroles sont vraies… »
La mort n’est pas une fin Le chapitre 2 s’achève par un nouveau déploiement de la thèse qui ne répond pas au discours des impies mais progresse à partir de lui. Les impies considéraient la mort comme un événement totalitaire (une fin) dans l’expérience humaine ? Celle-ci peut échapper à l’emprise de la dégradation car l’homme est créé pour l’incorruptibilité ! Comment s’affranchir de la mort-dégradation ? Cela n’est pas encore dit. Enfin, il est avancé que la mort (mais laquelle : la mort-événement, ou la mort-dégradation ? les deux sans doute) est entrée dans le monde par la jalousie vis-à-vis de ce que »Dieu possède en propre », et dont l’image se trouve en l’homme depuis la création. Qu’est-ce que Dieu possède en propre ? En tout cas, si la mort étend ses ravages dans le monde, c’est bien parce que certains appartiennent à son parti, et contribuent à sa domination, en particulier les impies. Sagesse 1-2 pose bien des questions qui restent ouvertes : il faut continuer à lire… Un seul point semble acquis. Si la mort règne sur notre existence, c’est parce qu’elle trouve des partisans parmi les hommes. Où se trouve alors la racine de l’immortalité, la capacité de lutter contre la corruption ? Il faudra bien, pour avancer, repenser la justice… et la sagesse.
Jean-Marie CARRIÈRE Article paru dans Le Monde la Bible n° 145 »Tombeaux et momies d’Égypte », (Bayard-Presse, sept-oct 2002) p. 72
HOMÉLIE DU 13ÈME DIMANCHE DU T.O. : « DIEU N’A PAS FAIT LA MORT »
26 juin, 2015http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/
HOMÉLIE DU 13ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – 28/06/2015
« DIEU N’A PAS FAIT LA MORT »
Les textes liturgiques de ce dimanche nous annoncent une bonne nouvelle de la plus haute importance. La première lecture, extraite du Livre de la Sagesse, nous dit que « Dieu n’a pas fait la mort ». Elle n’a pas été créée par lui. Elle est entrée dans le monde par la jalousie du démon. Ceux qui se rangent dans son parti en font l’expérience. Le Livre de la Genèse nous rapporte que Dieu est le créateur de toute chose. Et à chaque étape de la création, nous lisons : « Dieu vit que cela était bon. » L’œuvre de Dieu est bonne. Elle est semence de vie et de bonheur. On n’y trouve pas le poison qui fait mourir. Mais le démon a défiguré cette œuvre divine. Il y a introduit la tentation et le péché. Cette rupture avec Dieu entraîne la mort. Mais sa puissance ne règne pas sur la terre « car la justice est immortelle ». Satan ne peut empêcher Dieu d’aimer tous les hommes. Puisque c’est par son péché que l’homme meurt, qu’il se convertisse et il vivra. Désormais un choix de vie s’imposera à tous : Dieu ou la mort. Notre Dieu ne cesse de nous combler de son amour. Mais ce don que nous avons reçu de lui, il nous faut le partager. Nous sommes une grande famille et dans cette famille, nous devons être solidaires les uns des autres. C’est ce message que saint Paul adresse aux corinthiens. Il a su provoquer un mouvement de solidarité en faveur de l’Église mère de Jérusalem. La situation matérielle de celle-ci était devenue très critique. En partageant, ils suivent Jésus qui a tout donné. Il s’est fait pauvre pour que vous deveniez riches de sa pauvreté. L’Évangile nous montre Jésus qui a rejoint l’autre rive, celle du monde païen. Il y est accueilli par une grande foule. Dès son arrivée, il rencontre des gens éprouvés par la souffrance. C’est d’abord Jaïre qui le supplie pour sa fille en danger de mort : « Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus se met donc en route. Mais voilà que dans cette atmosphère bruyante, une femme atteinte d’hémorragies, s’approche de lui pour être guérie. Jésus ne lui dit pas : « Tu es guérie » mais « tu es sauvée ». Elle pourra donc être réintégrée dans sa communauté et y retrouver toute sa place. Le Christ se présente à nous comme celui qui sauve et qui relève. Puis c’est l’arrivée chez Jaïre. On lui annonce que sa fille vient de mourir et que ça ne sert plus à rien de déranger le Maître. Mais Jésus l’invite à un acte de foi. Cette fille dort et il va la réveiller et la relever. C’est comme quand on relève quelqu’un qui s’est couché. Jésus entre dans la maison. Il fait sortir tout le monde. Il ne garde que le père et la mère de l’enfant et quelques disciples. Il ne fait pas sur la jeune fille un geste de guérison. Il lui saisit la main et le dit : « Lève-toi ». Dans le langage du Nouveau Testament, le verbe « se lever » est synonyme de ressusciter. C’est ainsi que Jésus se révèle au monde comme le Sauveur de tous. S’il est venu dans le monde, c’est pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Dimanche dernier, nous avons compris que Jésus est parti vers l’autre rive pour rejoindre le monde païen. Il nous fait comprendre que l’amour de Dieu est sans frontière. Il n’accepte pas de discrimination. Plus tard, Jésus enverra ses apôtres dans le monde entier. C’est pour répondre à cet appel que des prêtres, des religieux, des religieuses et des laïcs ont quitté leur famille, leur pays pour annoncer Jésus Christ à ceux qui ne le connaissent pas. Il y a dans cet Évangile une parole de Jésus qui risque de passer inaperçue : « Il leur dit de la faire manger ». Oui, bien sûr, elle a besoin de reprendre des forces. Mais ce qu’il ne faut pas oublier, c’est que le Seigneur est venu nous « ressusciter » dans la foi. Il nous remet debout. Mais si nous voulons vivre de sa vie, nous devons nous nourrir de sa Parole et des sacrements. Si nous ne le faisons pas, la faiblesse reprendra le dessus et nous retomberons. Le grand désir du Seigneur, c’est que nous soyons réveillés de notre médiocrité, notre égoïsme et de notre désespérance. Il veut nous associer tous à sa mission. En nous nourrissant de sa Parole et de son Corps, il veut nous donner le dynamisme qui transforme les « sauvés » en « sauveurs ». Avec lui, nous pourrons entraîner les malades vers la Source de Vie. Et comme lui, nous tendrons les mains vers les endormis pour les aider à se lever et à marcher. Ils pourront ainsi aller à la rencontre de Celui qui est la vie et la résurrection.
Nous faisons nôtres ce chant de John Littleton : Allez-vous en sur les places et sur les parvis ! Allez-vous en sur les places, Y chercher mes amis,… Allez-vous en sur les places Et soyez mes témoins chaque jour !
Sources : Revue Signes, Feu Nouveau – Guide Emmaüs des dimanches et fêtes – Homélies du dimanche B (Léon Soulier) – Lectures bibliques des dimanches B (Albert Vanhoye) – Reste avec nous quand vient le soir (Laurette Lepage) – Ta Parole est ma joie (Joseph Proux) – ADAP (Nouvelle Calédonie)
Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 28/06/2015)