Archive pour le 24 juin, 2015
LES ANCÊTRES D’ABRAHAM
24 juin, 2015http://bible.archeologie.free.fr/ancetresdabraham.html
LES ANCÊTRES D’ABRAHAM
Insérées entre les différents récits de la vie des patriarches, le livre de la Genèse contient plusieurs listes généalogiques de personnages qui constituent la descendance du premier homme et les ancêtres d’Abraham. Entre l’histoire de Caïn et d’Abel, celle du Déluge et celle d’Abraham, figurent ces longues énumérations de personnages avec leurs noms et les durées de leurs vies (Gn. 5, 3-32 ; Gn. 10, 1-31 ; Gn. 11, 10-26). On peut s’interroger sur la valeur historique des arbres généalogiques bibliques.
Une ancienne civilisation renaît
Les recherches archéologiques conduites au Proche-Orient ont fait revivre des civilisations antiques qui remontent à l’aube de l’Histoire. Parmi celles-ci, la Mésopotamie tient une place unique car c’est précisément dans la région de Sumer, autour de l’embouchure des deux fleuves, que l’écriture fut inventée (vers 3300 av. J.-C.), et que prit forme le modèle d’une société urbaine politiquement organisée.
Les fouilles effectuées en Mésopotamie ont livré un grand nombre de documents écrits de cette époque, qui ont permis de mettre en lumière toute l’histoire de cette civilisation disparue. Les écrits consistent en millions de tablettes en argile cuite gravées en écriture cunéiforme. L’abondance de cette documentation est telle que même aujourd’hui, le travail de leur traduction systématique est loin d’être terminé.
Parallèles généalogiques
L’histoire redécouverte de la Mésopotamie antique présente quelques particularités étonnantes dont on retrouve un certain écho dans la Bible. Par exemple, les plus anciens rois sumériens sont dotés de durées de vie incroyablement longues, puisqu’ils atteignent des âges de plusieurs milliers d’années ! D’autre part, les archives chaldéennes qui font état d’un Déluge, marquent un changement dans les durées de vie des monarques postérieurs au Déluge, qui deviennent équivalentes aux nôtres.
Très curieusement, on retrouve dans une moindre mesure à peu près le même schéma avec les listes généalogiques de la Bible. En effet les patriarches de la Genèse antérieurs au Déluge auraient vécu pendant des centaines d’années, le record de longévité étant tenu par le fameux Mathusalem, un patriarche qui mourut à neuf cent soixante-neuf ans (Gn. 5, 27). Juste avant le Déluge, Dieu déclara que les hommes ne vivraient plus désormais que durant cent vingt ans (Gn. 6, 3). Après la catastrophe, les générations suivantes ont pourtant des durées de vies encore très longues : Sem, fils de Noé, mourut à six cents ans. Mais l’âge des patriarches postdiluviens se réduisit nettement, et au temps d’Abraham l’espérance de vie tourne autour de deux cents ans. Abraham lui-même mourut à cent soixante-quinze ans (Gn. 25, 7).
Noé avait eu trois fils appelés Sem, Cham et Japhet, fondant ainsi une famille rescapée du Déluge qui serait à l’origine de toute l’Humanité. Leurs descendants se dispersèrent pour s’établir dans plusieurs régions, où ils bâtirent des villes auxquelles ils donnèrent leurs propres noms. Ainsi certains lieux géographiques que nous connaissons aujourd’hui semblent avoir un lien patronymique avec des personnages de l’Ancien Testament. C’est le cas par exemple de Canaan, de Saba, d’Assour, de Sidon et d’Elam, qui sont également des noms de personnes dans la généalogie biblique (Gn. 10).
L’un des descendants de Noé, Abraham, futur ancêtre de toute la lignée israélite, était originaire de Ur en Chaldée. Il suivit son père et sa famille qui partirent s’établir dans une ville nommée Harân. Abraham entendit à Harân un premier appel divin, qui l’invitait à quitter la maison paternelle pour se diriger vers une nouvelle terre. Il emmena sa femme Saraï ainsi que quelques personnes proches et se rendit en Canaan (Gn. 11, 31 – 12, 5).
Ur des Chaldéens
Jusqu’au XIXème siècle de notre ère, personne ne pouvait situer sur une carte les villes où Abraham et sa famille auraient séjourné. Depuis lors, de nombreuses missions archéologiques menées en Mésopotamie ont permis de les révéler. Parmi les sites fouillés, un lieu appelé Tell al-Muqaiyar, au sud de l’Euphrate terminal en Basse Mésopotamie, fut excavé en 1854 par le consul britannique John George Taylor. Il livra à côté des restes d’une massive ziggurat, plusieurs petits sceaux cylindriques inscrits en caractères cunéiformes. Ces inscriptions révélèrent le nom du roi sumérien qui avait fait ériger la tour : Ur-Nammu.
En 1923, l’archéologue Leonard Woolley revint sur le même chantier et dégagea au pied de la tour les vestiges d’une grande et riche ville de l’époque. Faisant alors le rapprochement entre le nom du roi Ur-Nammu et la ville biblique de « Ur en Chaldée », il identifia la ville de Ur au site de Tell al-Muqaiyar. Les ruines de l’antique cité de Ur constitueraient donc l’une des plus anciennes racines géographiques du peuple d’Israël.
Où se trouve la Harân biblique ?
Cette question trouva sa réponse lorsque les restes d’une riche cité antique furent dégagés à Abu-Kemal, en Syrie. Ce que les pioches du professeur André Parrot révélèrent à partir de 1933, c’était l’ancienne capitale du royaume de Mari. Parrot et son équipe mirent à jour un immense et magnifique palais, qu’ils datèrent d’entre 2000 et 1700 av. J.-C., et dans les salles duquel ils trouvèrent une bibliothèque contenant 23 000 tablettes d’argile gravées. Leur déchiffrement allait permettre de reconstituer l’histoire de ce royaume, mais aussi de dévoiler quelques indices bibliques.
Au cours du patient travail de traduction de ces documents, sont apparus là aussi quelques noms de personnes et de lieux également cités dans la Genèse en tant que noms de personnes : Pelage, Serug, Nahor, Tharé et Harân (Gn. 11, 20-26). Il ressortait de cette documentation que la ville de Harân se trouvait au centre de la plaine d’Aram. De la même manière, on put également situer Nahor, ville natale de Rébecca, la future épouse de son fils Isaac.
On peut donc suivre les étapes du périple qu’emprunta le patriarche vers la terre où Dieu l’invitait à s’établir. Parti de Ur, il remonta les deux fleuves jusqu’à Harân, puis se dirigea vers la Méditerranée et l’attrayante plaine de Canaan.
PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE -19. DEUIL
24 juin, 2015PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE -19. DEUIL
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 17 juin 2015
Chers frères et sœurs bonjour !
Dans l’itinéraire de catéchèses sur la famille, nous prenons aujourd’hui directement notre inspiration de l’épisode rapporté par l’évangéliste Luc, que nous venons d’écouter (cf. Lc 7, 11-15). C’est une scène très émouvante, qui nous montre la compassion de Jésus pour celui qui souffre — dans ce cas une veuve qui a perdu son fils unique — et nous montre également la puissance de Jésus sur la mort.
La mort est une expérience qui concerne toutes les familles, sans aucune exception. Elle fait partie de la vie, pourtant, quand elle touche les membres de la famille, la mort ne réussit jamais à nous apparaître naturelle. Pour les parents, survivre à ses propres enfants est quelque chose de particulièrement déchirant, qui contredit la nature élémentaire des relations qui donnent un sens à la famille elle-même. La perte d’un fils ou d’une fille est comme si le temps s’arrêtait : un précipice s’ouvre, qui engloutit le passé et aussi l’avenir. La mort, qui emporte l’enfant petit ou jeune, est une gifle aux promesses, aux dons et aux sacrifices d’amour joyeusement faits pour la vie que nous avons fait naître. Très souvent, à Sainte-Marthe, des parents viennent avec la photographie d’un fils, d’une fille, un enfant, un jeune homme ou une jeune fille, et ils me disent : « Il s’en est allé, elle s’en est allée ». Et leur regard est profondément douloureux. La mort touche et quand il s’agit d’un enfant, elle touche profondément. Toute la famille reste comme paralysée, muette. Et c’est quelque chose de semblable dont souffre un enfant qui reste seul, à la suite de la perte d’un de ses parents, ou de tous les deux. Cette question : « Mais où est papa ? Où est maman ? » — « Mais il est au ciel » — « Mais pourquoi est-ce que je ne le vois pas ? ». Cette question couvre une angoisse dans le cœur de l’enfant qui reste seul. Le vide de l’abandon qui s’ouvre en lui est d’autant plus angoissant qu’il n’a pas encore l’expérience suffisante pour « donner un nom » à ce qui est arrivé. « Quand revient papa ? Quand revient maman ? ». Que répondre quand l’enfant souffre ? Voilà ce qu’est la mort dans une famille.
Dans ces cas, la mort est comme un trou noir qui s’ouvre dans la vie des familles et auquel nous ne savons donner aucune explication. Parfois, on arrive même à en attribuer la faute à Dieu. Combien de personnes — je les comprends — se fâchent contre Dieu, blasphèment : « Pourquoi m’as-tu enlevé mon fils, ma fille ? Dieu n’est pas là, Dieu n’existe pas ! Pourquoi a-t-il fait cela ? ». Très souvent, nous avons entendu cela. Mais cette colère est un peu ce qui vient du cœur à la suite d’une grande douleur ; la perte d’un fils ou d’une fille, d’un père ou d’une mère, est une grande douleur. Cela arrive sans cesse dans les familles. Dans ces cas, je l’ai dit, la mort est presque comme un abîme. Mais la mort physique a des « complices » qui sont encore pire qu’elle, et qui s’appellent haine, envie, orgueil, avarice, en somme, le péché du monde qui travaille pour la mort et la rend encore plus douloureuse et injuste. Les liens d’affection en famille apparaissent comme les victimes prédestinées et sans défense de ces puissances auxiliaires de la mort, qui accompagnent l’histoire de l’homme. Pensons à l’absurde « normalité » avec laquelle, à certains moments et dans certains lieux, les événements qui ajoutent l’horreur à la mort sont provoqués par la haine et par l’indifférence d’autres êtres humains. Que le Seigneur nous garde de nous habituer à cela !
Au sein du peuple de Dieu, avec la grâce de sa compassion donnée en Jésus, de nombreuses familles démontrent par les faits que la mort n’a pas le dernier mot : cela est un véritable acte de foi. Toutes les fois qu’une famille endeuillée — même par un deuil terrible — trouve la force de conserver la foi et l’amour qui nous unissent à ceux que nous aimons, elle empêche déjà à présent à la mort de tout emporter. L’obscurité de la mort doit être affrontée avec un travail d’amour plus intense. « Mon Dieu, éclaire mes ténèbres ! », est l’invocation de la liturgie du soir. Dans la lumière de la Résurrection du Seigneur, qui n’abandonne aucun de ceux que le Père lui a confiés, nous pouvons ôter son « aiguillon » à la mort, comme disait l’apôtre Paul (1 Co 15, 55) ; nous pouvons l’empêcher de nous empoisonner la vie, de rendre vains nos liens d’affection, de nous faire tomber dans le vide le plus obscur.
Dans cette foi, nous pouvons nous consoler l’un l’autre, en sachant que le Seigneur a vaincu la mort une fois pour toutes. Nos proches n’ont pas disparu dans l’obscurité du néant : l’espérance nous assure qu’ils sont entre les mains bonnes et fortes de Dieu. L’amour est plus fort que la mort. C’est pour cela que la voie est de faire grandir l’amour, de le rendre plus solide, et l’amour nous protègera jusqu’au jour où chaque larme sera essuyée, lorsqu’ « il n’y aura plus de mort, de pleur, de cri et de peine » (Ap 21, 4). Si nous nous laissons soutenir par cette foi, l’expérience du deuil peut générer une plus forte solidarité des liens familiaux, une nouvelle ouverture à la douleur des autres familles, une nouvelle fraternité avec les familles qui naissent et renaissent dans l’espérance. Naître et renaître dans l’espérance, cela nous donne la foi. Mais je voudrais souligner la dernière phrase de l’Évangile que nous avons entendue aujourd’hui (cf. Lc 7, 11-15). Après que Jésus a ramené à la vie ce jeune, fils de la mère qui était veuve, l’Évangile dit : « Jésus le rendit à sa mère ». Et telle est notre espérance ! Tous nos proches qui sont partis, le Seigneur nous les rendra et nous nous retrouverons. Cette espérance ne déçoit pas ! Rappelons-nous bien de ce geste de Jésus : « Et Jésus le rendit à sa mère », le Seigneur fera de même avec tous nos proches dans la famille !
Cette foi nous protège de la vision nihiliste de la mort, ainsi que des fausses consolations du monde, de sorte que la vérité chrétienne « ne risque pas de se mélanger avec des mythologies de différents genres », cédant aux « rites de la superstition, ancienne ou moderne » (Benoît XVI, Angélus du 2 novembre 2008). Il est aujourd’hui nécessaire que les pasteurs et tous les chrétiens expriment de façon concrète le sens de la foi à l’égard de l’expérience familiale du deuil. On ne doit pas nier le droit de pleurer — nous devons pleurer dans le deuil —, même Jésus « pleura » et fut « profondément troublé » pour le deuil grave d’une famille qu’il aimait (Jn 11, 33-37). Nous pouvons plutôt puiser dans le témoignage simple et fort de tant de familles qui ont su saisir, dans le très difficile passage de la mort, également le passage certain du Seigneur, crucifié et ressuscité, avec son irrévocable promesse de résurrection des morts. Le travail de l’amour de Dieu est plus fort que le travail de la mort. C’est de cet amour, c’est précisément de cet amour que nous devons nous faire « complices » actifs, avec notre foi ! Et souvenons-nous de ce geste de Jésus : « Et Jésus le rendit à sa mère », il fera de même avec tous nos proches et avec nous quand nous nous rencontrerons, lorsque la mort sera définitivement vaincue en nous. Celle-ci est vaincue par la croix de Jésus. Jésus nous rassemblera tous en famille !
Je salue cordialement les pèlerins de langue française, en particulier les personnes venues de Belgique et de France.
Je souhaite aujourd’hui me faire particulièrement proche, par la prière, des familles que la mort a douloureusement éprouvées. Qu’elles gardent ferme la foi en la résurrection des morts promise par le Seigneur, et que les secours de la grâce les rendent plus encore unies et solidaires.
Que Dieu vous bénisse !
Demain, comme vous le savez, sera publiée l’encyclique sur la sauvegarde de la « maison commune » qu’est la création. Notre « maison » est en train de se détériorer et cela porte préjudice à tous, en particulier aux plus pauvres. Je lance donc un appel à la responsabilité, sur la base du devoir que Dieu a confié à l’être humain dans la création : « cultiver et garder », le jardin dans lequel il nous a placés (cf. Gn 2, 15). J’invite chacun à accueillir avec un cœur ouvert ce document, qui se place dans la ligne de la doctrine sociale de l’Église.
Samedi prochain aura lieu la Journée mondiale du réfugié, promue par les Nations unies. Prions pour nos nombreux frères et sœurs qui cherchent refuge loin de leur terre, qui cherchent une maison où pouvoir vivre sans crainte, afin qu’ils soient toujours respectés dans leur dignité. J’encourage l’œuvre de ceux qui leur apportent de l’aide et je souhaite que la communauté internationale agisse de façon concordante et efficace pour prévenir les causes des migrations forcées. Et je vous invite tous à demander pardon pour les personnes et les institutions qui ferment la porte à ces gens qui cherchent une famille, qui cherchent à être protégé