HOMÉLIE DU 11ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – 14/06/2015
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HOMÉLIE DU 11ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – 14/06/2015
ESPÉRER CONTRE TOUTE ESPÉRANCE
Quand Jésus a quitté ses apôtres le jour de l’Ascension, il leur a promis d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde. Certains jours, nous pouvons avoir du mal à y croire. La lecture des journaux, les informations à la télévision nous disent tellement le contraire. Alors on s’interroge : où es-tu Seigneur quand on tue un peu partout, quand les épidémies conduisent à des morts affreuses, quand il y a tant de gens affamés jetés à la rue ?
Ce cri de désespoir était celui des habitants de Jérusalem. Déportés en exil loin de chez eux, ils sont complètement désemparés. Leur peuple semble voué à la destruction. Le prophète Ezéchiel a assisté à la chute totale de son pays. Mais il annonce à son peuple que rien n’est perdu. Ce qui n’est qu’une minuscule bouture va germer et devenir un grand arbre. Ceux qui sont totalement brisés, Dieu les fera vivre merveilleusement. Le prophète trouve les mots justes pour redonner courage et espérance à son peuple. La haine, la violence et le mal ne peuvent avoir le dernier mot. C’est l’amour qui triomphera. C’est une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Rien ne doit ébranler notre foi au Dieu sauveur.
C’est aussi de cette espérance que Paul nous parle dans la 2ème lettre aux Corinthiens (2ème lecture). Les premières années du christianisme ont été marquées par des persécutions. L’apôtre Paul rencontre de nombreuses difficultés dans son ministère. Il a l’impression de descendre à la mort. Mais il a la ferme certitude qu’à travers tout cela c’est la vraie vie qui est en train de germer. Le Seigneur nous prépare une demeure éternelle. Il donnera la couronne de gloire à ceux qui auront accompli leur course jusqu’au bout. Ce message de réconfort est aussi une bonne nouvelle pour les chrétiens d’aujourd’hui. Si nous restons reliés au Christ, rien ne peut nous séparer de son amour.
L’Évangile de saint Marc s’adresse aussi à des chrétiens désemparés. Leur question est de tous les temps : dans ce monde où tout va si mal, où est-il notre Dieu ? Que sont devenues les promesses du Christ ? Comment garder la foi face à toute cette violence. Saint Marc leur rappelle les paroles de Jésus autrefois. Il leur parle de cette semence qui germe et grandit toute seule. Mais entre les semailles et la moisson, il y a beaucoup de temps. C’est une manière de dire que le Royaume de Dieu est en gestation. La récolte viendra mais ce sera pour plus tard. Notre Dieu peut paraître absent mais son action est discrète et efficace.
Avec nos yeux et nos oreilles, nous pouvons savoir ce qui se passe dans le monde. Mais pour reconnaître l’action de Dieu, il faut le regard de la foi. Comme les disciples d’Emmaüs, nous reconnaissons la présence du Christ quand il nous explique les Ecritures et qu’il nous partage son pain eucharistique. C’est en lui que toute notre vie retrouve son sens. Nous découvrons que même dans les pires épreuves, Dieu ne nous a jamais abandonnés.
Concrètement, nous croyons que Dieu agit quand les ennemis enfin se parlent, quand des hommes, des femmes et des enfants sortent du cercle infernal de la rancune et de la violence pour faire des gestes de paix et de réconciliation. Dieu agit quand des savants inventent des moyens pour combattre les maladies. Il est présent quand des équipes s’organisent pour visiter des malades ou des prisonniers. Nous voyons aussi des SDF qui arrivent à lancer des journaux qui redonnent leur dignité à des exclus sur le point de sombrer. C’est ainsi que les signes de la présence de Dieu sont nombreux. Nous sommes comme le paysan de la parabole. Les choses se passent sans que nous n’en sachions rien et sans que nous comprenions comment.
Quand nous voyons la vie germer, c’est Dieu qui est là et qui agit. Un jour, Jésus a dit qu’il est venu pour que tous les hommes aient la vie en abondance. Vivre, c’est faire, c’est agir et à certains moments, c’est dormir. Que nous dormions ou que nous nous levions, la semence germe. En attendant la moisson, il nous faut apprendre la patience et surtout la confiance. J’ai fait ce que je devais faire. A toi Seigneur de jouer. Tu m’as demandé de semer des graines d’amour, de justice, de paix, de réconciliation…Mais c’est toi qui donnes à la semence de pousser et de donner du fruit.
Sans te voir, Seigneur, nous croyons. Donne-nous la patience pour persévérer dans la construction d’un monde plus juste, plus solidaire et plus fraternel. Que notre vie unie à la tienne contribue à ton règne dans le monde d’aujourd’hui. Amen
Sources : Revues Signes et Feu Nouveau – Homélies pour l’année B (A Brunot), Guide Emmaüs des Dimanches et fêtes – ADAP – Sous le figuier avec Nathanaël
Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 14/06/2015)
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