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UN DIEU JALOUX
9 juin, 2015http://www.egliseevangeliquedeuillabarre.com/pages/Un_Dieu_jaloux-8451429.html
UN DIEU JALOUX
Les attributs de Dieu examinés jusqu’à présent sont des attributs que nous pouvions facilement imaginer se rapporter à Dieu : la puissance de Dieu, la majesté de Dieu, l’amour de Dieu, la justice de Dieu, la grâce de Dieu. Il est effectivement facile pour la plupart d’entre nous de voir ces attributs en Dieu. Mais l’attribut que je veux voir avec vous aujourd’hui est plus difficile à accepter spontanément. Un Dieu « jaloux », la jalousie de Dieu : l’expression peut paraître choquante. S’il nous fallait imaginer un Dieu, nous ne lui attribuerions que les attributs qui font notre admiration et la jalousie ne figurerait certainement pas au tableau. La jalousie nous apparaît plutôt comme un vice que comme une qualité. Or, Dieu, nous le savons, est parfaitement bon. Qui peut imaginer qu’il se trouve en Dieu de la jalousie ?
Tu n’adoreras pas d’autres dieux que moi car je suis un Dieu jaloux
Plutôt qu’imaginer ce qu’il est difficile de croire, regardons plutôt ce que nous dit la Bible. Car c’est elle qui nous révèle la vérité sur la personne de Dieu. La première fois où Dieu parle de Sa jalousie, c’est après que le peuple d’Israël soit sorti d’Egypte. Moïse se rend sur le Mont Sinaï pour rencontrer Dieu. Il fait alors avec son peuple alliance et donne à Moïse les 2 tables de la loi et les 10 commandements. Une des premières choses que Dieu apprend au peuple est qu’Il est un Dieu jaloux au second commandement : « Tu ne te prosterneras point devant elles (les idoles), et tu ne les serviras point; car moi, l’Eternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent ». Un peu plus tard, alors que Dieu remet pour la seconde fois les tables de la loi à Moïse, Dieu adresse à Moïse ces paroles plus saisissantes encore : « L’Eternel porte le nom de jaloux, il est un Dieu jaloux ». Il ne dit plus seulement qu’il est un Dieu jaloux, mais que son nom est « jaloux ». Ce texte est extrêmement significatif, car il occupe une place particulière dans la Bible. En effet, un des thèmes du livre de l’Exode est la révélation du nom de Dieu : or dans la Bible, la révélation du nom de Dieu représente aussi le caractère de Dieu, la nature de Dieu.
Rappelez-vous : Dieu s’est présenté à Moïse au chapitre 3 du livre de l’Exode dans le buisson ardent, comme étant : « Je suis celui qui suis », ou plus simplement « Je suis », puis au chapitre 6 du même livre de l’Exode en face de Pharaon: « Jéhova, L’Eternel ». Mais dès que Dieu a fait alliance avec son peuple d’Israël, Dieu proclame son nom à Moïse. Je vous invite à prendre votre Bible et lire le texte dans Exode 34 v 5-14.
Deux sortes de jalousies
Au début du texte, Dieu porte un nom qui établit la perfection morale de Dieu. A la fin du passage, au cours du même entretien avec Moïse, Dieu résume ce qu’il a dit et achève de révéler son nom en déclarant que ce nom est « jaloux ». Puisque cet attribut est utilisé par Dieu lui-même pour se caractériser, il est une réalité qu’on ne peut mettre en doute ; comme il représente le nom de Dieu, il doit être une qualité de Dieu et non un défaut ; il est donc fondamental que nous puissions en comprendre la signification.
Quelle est la nature de la jalousie de Dieu ? Comment se fait-il que la jalousie puisse être une qualité chez Dieu et un vice chez les hommes ? Les perfections de Dieu sont des sujets de louanges, comment pouvons-nous louez Dieu pour sa jalousie ?
Il existe 2 sortes de jalousie:
Une jalousie que l’on peut résumer par : « Je désire ce que tu as et je te hais parce que je ne le possède pas. » Le plus souvent cette jalousie implique la méchanceté envers quelqu’un. Je pense que nous avons tous vécu cette jalousie ; vous savez, le frère ainé qui est jaloux de son petit frère qui vient de naître et qui reçoit toute l’attention des parents – des cadeaux, cet enfant qui est jaloux parce que son copain a le téléphone portable qu’il aurait voulu, au travail un collègue qui vient d’avoir une promotion et les éloges du patron, en amour aussi on peut voir cette jalousie entre des personnes. Dans la Bible, nous avons aussi des exemples de cette jalousie : Les frères de Joseph étaient jaloux et ont vendu leur frère en esclavage. Dans les Actes, un groupe jaloux parmi les juifs ont incité la foule contre Paul. Dans les Proverbes, cette jalousie est considérée comme pire que la colère Oui, cette jalousie est un défaut. Est-ce cette jalousie qui caractérise Dieu ? Bien sûr que non.
Une autre sorte de jalousie que l’on peut résumer par : « Je t’aime tellement que je veux tout faire pour protéger cet amour et demander vengeance si cet amour est brisé ». Cette jalousie apparaît comme un fruit de l’amour conjugal. Un couple qui n’éprouverait aucune jalousie si un amant s’introduisait dans leur foyer manquerait de sens moral. Cette jalousie témoigne de la compréhension du véritable sens de la relation qui unit un mari à sa femme en même temps que l’ardent désir de garder cette relation intacte. Dans l’Ancien Testament, la loi la jalousiereconnaissait la légitimité d’une telle jalousie et l’Ecriture ne remet pas en question la valeur morale d’une telle attitude. L’Ecriture considère la détermination de l’époux, prêt à protéger son union et à prendre les mesures nécessaires contre quiconque viendrait la profaner, comme une chose juste qui prouve qu’il reconnaît au mariage toute sa valeur. L’Ecriture envisage toujours la jalousie de Dieu sous cet angle, c’est-à-dire sous l’angle de l’amour que Dieu porte à son peuple dans le cadre de l’Alliance comme un mariage, avec tout ce que ce terme implique d’amour et de loyauté. Dans la loi de Moïse, la jalousie de Dieu est toujours liée aux cultes des idoles sous quelques formes qu’il se présente et tous les passages relatifs à cette jalousie se réfèrent à la sanction qui accompagne le second commandement « Vous ne devez pas adorer d’autres dieux parce que je suis un Dieu jaloux ». Dans ce cas « jaloux » signifie que Dieu est intolérant de l’infidélité des hommes.
Je pense que cela nous fait parfaitement comprendre ce que Dieu voulait dire lorsqu’il disait à Moïse que son nom était « jaloux » : Oui, « Dieu est jaloux » il exige de la part de ceux qu’il a aimés et rachetés une loyauté totale et il défendra ses droits en punissant sévèrement les siens au cas où ceux-ci trahiraient son amour en se montrant infidèles. La jalousie de Dieu implique son peuple seulement. D’après ce que j’ai pu lire, je n’ai pas trouvé une place dans l’Ancien Testament où Dieu était jaloux pour les autres nations, seulement pour le peuple d’Israël. Pourquoi était-ce le cas ? Parce qu’Israël appartenait à Dieu, Israël était son épouse. Dans la Nouvelle Alliance, son épouse est l’Eglise, l’ensemble des croyants ; et cette jalousie de Dieu s’applique à nous aussi aujourd’hui.
Le but de la jalousie de Dieu pour son peuple
La jalousie que Dieu a pour son peuple se fait dans le cadre de l’Alliance. Son amour n’est pas un amour éphémère, mais il est au contraire lié à un projet souverain. L’Amour de Dieu a un but : lui permettre d’avoir sur cette terre un peuple qui lui appartienne aussi longtemps que ce monde durera et lui permettre d’avoir ensuite avec lui dans la gloire tous ceux qui lui ont été fidèles. C’est, à la lumière de ce plan général qu’il nous faut comprendre sa jalousie, car la Bible, le dit, l’objectif final de Dieu est :
-d’établir son autorité et sa justice, après avoir démontré sa souveraineté en jugeant le péché ;
-de racheter et sauver les élus
-d’être aimé et glorifié par eux pour l’oeuvre glorieuse d’amour et de justification qu’il a accomplie.
Dieu recherche ce que nous devrions aussi rechercher : sa gloire au travers des hommes, et c’est finalement pour assurer la réalisation de cet objectif qu’il se montre jaloux.
La jalousie de Dieu le conduit donc :
-d’une part à juger et détruire ceux de son peuple qui se sont montrés infidèles et sont tombés dans l’idolâtrie et le péché comme le dit Josué : Vous n’aurez pas la force de servir l’Eternel, car c’est un Dieu saint, c’est un Dieu jaloux; il ne pardonnera point vos transgressions et vos péchés,
mais aussi et bien sûr tous ceux qui en tous lieux se montrent ennemis de la justice et de la miséricorde comme on peut le lire dans le prophète Nahum : L’Eternel est un Dieu jaloux, il se venge; L’Eternel se venge, il est plein de fureur; L’Eternel se venge de ses adversaires, Il garde rancune à ses ennemis.
Ces actions sont motivées par le fait que Dieu est « jaloux » de son saint nom. Son nom, c’est ce qu’il est par essence, c’est sa personne « Jéhova l’Eternel », dont le nom doit être reconnu, honoré et glorifié. Je suis l’Eternel, c’est là mon nom : et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, ni mon honneur aux idoles ; c’est pour l’amour de moi, pour l’amour de moi, que je veux agir ; car comment mon nom serait-il profané ? Je ne donnerai pas ma gloire à un autre (Es 42.8 ; 48.11). C’est dans ces textes que se trouve révélée la raison profonde de la jalousie de Dieu.
La portée pratique pour nous qui nous réclamons du peuple de Dieu
Face à l’amour que Dieu nous porte, il n’y a qu’une bonne attitude à avoir : l’aimer en retour ; et face à sa jalousie, il n’y aussi qu’une bonne attitude à avoir : nous montrer zélés pour lui. Ce zèle pour Dieu est à mon sens le 1er élément de réponse que nous pouvons apporter à la jalousie de Dieu. Dans le petit Robert, le zèle est défini comme « une vive ardeur à servir une personne à laquelle on est entièrement dévoué ». Nous avons une grande importance aux yeux de Dieu et Dieu doit avoir aussi une grande importance à nos yeux. Dans le second commandement de la loi, l’interdiction d’adorer les idoles sous-entendait que le peuple de Dieu devait se montrer totalement dévoué à Dieu. Pour exprimer une telle attitude, la Bible emploie le mot « zèle ».
J’aimerais vous citer une description du « zèle pour Dieu » devenue un classique et dite par un évêque anglais qui fut un formidable évangéliste en son temps. Je la cite en partie. «Le zèle est un désir brûlant de plaire à Dieu, de faire sa volonté et de travailler à l’avènement de son règne glorieux dans le monde de toutes les façons possibles. C’est là un désir qu’aucun être ne ressent naturellement, car c’est l’Esprit qui le met au c?ur de chaque croyant après sa conversion, mais certains croyants le ressentent avec une telle intensité que seuls ils méritent d’être appelés « zélés ». Ce n’est pas assez de dire qu’il est plein d’ardeur, empressé, fidèle, profond, sincère et fervent d’esprit. Il n’a qu’une idée en tête, il ne vit que pour une seule idée, il n’est absorbé que par une idée et cette idée, c’est de plaire à Dieu. L’homme zélé ne se soucie pas de vivre ou de mourir, d’être riche ou pauvre, de plaire ou de déplaire aux hommes, de passer pour sage ou fou, d’être traité avec honneur ou avec mépris. Il ne brûle que pour une seule idée et cette idée c’est de plaire à Dieu et de travailler à l’avancement de son règne glorieux. Qu’il se consume lui-même dans ce feu, peu lui importe, il est heureux. Il sait que, telle une lampe, il est fait pour brûler et s’il se consume dans ce feu, il ne fait qu’accomplir l’?uvre que Dieu lui a donnée à faire. S’il ne peut prêcher, travailler ou donner de son argent, il pourra pleurer, soupirer et prier. S’il se trouve empêché de travailler lui-même, il ne laissera pas de repos au Seigneur avant que la relève ne soit assurée et le travail accompli. Voilà ce que j’entends lorsque je parle de zèle.
Face à la jalousie de Dieu, avons-nous ce zèle ? L’Ecriture fait aussi du zèle l’objet d’un commandement ! « Les chrétiens doivent être zélés pour les bonnes oeuvres » peut-on lire dans Tite. De nombreux personnages sont cités dans la Bible comme ayant du zèle pour l’Eternel : Après avoir essuyé des reproches, les Corinthiens reçoivent des éloges à cause de leur zèle ; Elie déployait son zèle pour l’Eternel des armées, et Dieu rendit honneur à ce zèle en envoyant un char l’emporter au ciel. Paul était un homme zélé entièrement dévoué à son Seigneur. Sachant qu’il allait souffrir il disait : « Je ne fais pour moi aucun cas de ma vie, comme si elle m’était précieuse, pourvu que j’accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu ». Le Seigneur Jésus lui-même fut l’exemple suprême du zèle. Lorsqu’ils le regardaient purifier le temple, « ses disciples se souvinrent qu’il était écrit : Le zèle de ta maison me dévore ».
Qu’en est-il pour nous aujourd’hui ? Le zèle de la maison de Dieu nous dévore-t-il ? Pouvons-nous dire avec le maître : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son oeuvre ? Quel genre de disciple sommes-nous ? Ressentons-nous le besoin de faire monter vers Dieu une prière ?
La jalousie de Dieu s’exerce à l’encontre de son peuple qu’il aime, de son Eglise. La jalousie de Dieu est une menace pour les Eglises qui ne manifestent aucun zèle pour Dieu. Et c’est ce second élément de réponse qui fait écho à la jalousie de Dieu. Nous aimons nos églises ; nous avons du mal à imaginer qu’elles puissent déplaire sérieusement à Dieu. Mais le Seigneur Jésus envoya un jour un message à une Eglise qui ressemblait beaucoup aux nôtres, l’Eglise de Laodicée, si fière d’elle-même et dans ce message, le Seigneur disait aux membres de cette Eglise que leur manque de zèle constituait pour lui la pire offense. « Je connais tes oeuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche. Aie donc du zèle et repens-toi ». Combien de nos églises, elles aussi, aujourd’hui sont solides, respectables et tièdes ?
Face à un Dieu jaloux, que pouvons-nous espérer sinon, par la grâce de Dieu qui, dans sa colère, se souvient aussi de sa miséricorde, avoir du zèle pour nous repentir . Réveille-nous Seigneur, réveille nos églises avant que le jugement n’arrive.Pour faire écho au second commandement de la loi qui a débuté mon message, Jésus nous rappelle quel est le commandement le plus important : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée ». Si nous vivons ce commandement nous sommes zélés pour l’Eternel ; tout en nous ne pense qu’à plaire à Dieu. Amen
PAPE FRANÇOIS – L’EGLISE – 7. CARISMI: LA DIVERSITÉ ET L’UNITÉ
9 juin, 2015PAPE FRANÇOIS – L’EGLISE – 7. CARISMI: LA DIVERSITÉ ET L’UNITÉ
AUDIENCE GÉNÉRALE
Place Saint-Pierre
Mercredi 1er octobre 2014
Chers frères et sœurs, bonjour.
Dès le début, le Seigneur a comblé l’Église des dons de son Esprit, en la rendant ainsi toujours vivante et féconde avec les dons de l’Esprit Saint. Parmi ces dons, on en distingue certains qui se révèlent particulièrement précieux pour l’édification et le chemin de la communauté chrétienne : il s’agit des charismes. Au cours de cette catéchèse nous voulons nous demander : qu’est-ce exactement qu’un charisme ? Comment pouvons-nous le reconnaître et l’accueillir ? Et surtout : le fait qu’il y ait dans l’Église une diversité et une multiplicité de charismes, doit-il être vu dans un sens positif, comme quelque chose de beau, ou bien comme un problème ?
Dans le langage commun, quand on parle de « charisme », on entend souvent un talent, une habileté naturelle. On dit : « Cette personne a un charisme particulier pour enseigner. C’est un talent qu’elle a ». Ainsi, face à une personne particulièrement brillante et entraînante, on dit souvent : « C’est une personne charismatique ». Qu’est-ce que cela signifie ? ». « Je ne sais pas, mais elle est charismatique ». Et nous disons ainsi. Nous ne savons pas ce que nous disons, mais nous disons : « Elle est charismatique ». Dans la perspective chrétienne, toutefois, le charisme est bien plus qu’une qualité personnelle, qu’une prédisposition dont on peut être doté : le charisme est une grâce, un don offert par Dieu le Père à travers l’action de l’Esprit Saint. Et c’est un don qui est offert à quelqu’un non pas parce qu’il est meilleur que les autres ou parce qu’il l’aurait mérité : c’est un cadeau que Dieu lui fait, pour qu’avec la même gratuité et le même amour, il puisse le mettre au service de la communauté tout entière, pour le bien de tous. En parlant de manière un peu humaine, on peut dire : « Dieu donne cette qualité, ce charisme à cette personne, mais pas pour elle-même, pour qu’elle soit au service de toute la communauté ». Aujourd’hui, avant d’arriver sur la place, j’ai reçu beaucoup d’enfants porteurs de handicap dans la salle Paul VI. Il y en avait beaucoup avec une Association qui se consacre au soin de ces enfants. Qu’est-ce que c’est ? Cette association, ces personnes, ces hommes et ces femmes, ont un charisme pour soigner les enfants porteurs de handicap. C’est cela un charisme !
Une chose importante qu’il faut immédiatement souligner est le fait que l’on ne peut pas comprendre seul si on a un charisme, et lequel. Très souvent, nous avons entendu des personnes qui disent : « Moi j’ai cette qualité, moi je chante très bien ». Et personne n’a le courage de dire : « Mieux vaut que tu te taises, parce que tu nous casses les oreilles quand tu chantes ! ». Personne ne peut dire « Moi j’ai ce charisme ». C’est à l’intérieur de la communauté qu’éclosent et fleurissent les dons dont nous comble le Père ; et c’est au sein de la communauté que l’on apprend à les reconnaître comme un signe de son amour pour tous ses fils. Alors, il est bon que chacun de nous se demande : « Y a-t-il quelque charisme que le Seigneur a fait naître en moi, dans la grâce de son Esprit, et que mes frères, dans la communauté chrétienne, ont reconnu et encouragé ? Et comment est-ce que je me comporte moi- même vis-à-vis de ce don : je le vis avec générosité, en le mettant au service de tous, ou bien je le néglige et je finis par l’oublier ? Ou bien devient-il en moi un motif d’orgueil, au point de me plaindre toujours des autres et de prétendre que dans la communauté l’on fasse à ma manière ? ». Ce sont des questions que nous devons nous poser : s’il y a un charisme en moi, si ce charisme est reconnu par l’Église, si je suis heureux de ce charisme ou si je suis un peu jaloux des charismes des autres, si je voulais, je veux avoir ce charisme ! Le charisme est un don : seul Dieu le donne !
Mais l’expérience la plus belle est de découvrir de combien de charismes différents et de combien de dons de son Esprit le Père comble son Église ! Cela ne doit pas être vu comme un motif de confusion, de malaise : ce sont autant de cadeaux que Dieu fait à la communauté chrétienne, pour qu’elle puisse croître harmonieusement, dans la foi et dans son amour, comme un seul corps, le corps du Christ. L’Esprit lui-même qui nous donne cette différence de charismes, fait l’unité de l’Église. C’est toujours le même Esprit. Face à cette multiplicité de charismes, donc, notre cœur doit s’ouvrir à la joie et nous devons penser : « Que c’est beau ! Tant de dons différents, parce que nous sommes tous fils de Dieu, et tous aimés de façon unique ». Malheur, alors, si ces dons deviennent un motif d’envie, de division, de jalousie ! Comme le rappelle l’apôtre Paul dans sa Première Lettre aux Corinthiens au chapitre 12, tous les charismes sont importants aux yeux de Dieu et, dans le même temps, aucun n’est irremplaçable. Cela veut dire que dans la communauté chrétienne nous avons besoin l’un de l’autre, et chaque don reçu se réalise pleinement quand il est partagé avec les frères, pour le bien de tous. C’est cela l’Église ! Et quand l’Église, dans la diversité de ses charismes, s’exprime en communion, elle ne peut se tromper : c’est la beauté et la force du sensus fidei, de ce sens surnaturel de la foi, qui est donné par l’Esprit Saint afin que, ensemble, nous puissions tous entrer dans le cœur de l’Évangile et apprendre à suivre Jésus dans notre vie.
Aujourd’hui, l’Église fête la mémoire de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Cette sainte, qui est morte à 24 ans et aimait tant l’Église, voulait être missionnaire, mais elle voulait avoir tous les charismes, et disait : « Je voudrais faire cela, cela et cela », elle voulait tous les charismes. Elle est allée prier, elle a senti que son charisme était l’amour. Et elle a dit cette belle phrase : « Dans le cœur de l’Église, je serai l’amour ». Et ce charisme, nous l’avons tous : la capacité d’aimer. Demandons aujourd’hui à sainte Thérèse de l’Enfant Jésus cette capacité de tant aimer l’Église, de tant l’aimer, et d’accepter tous ces charismes avec cet amour de fils de l’Église, dans notre sainte Mère l’Église hiérarchique.
Frères et sœurs, l’Église est Une dans la diversité des charismes. Un charisme est bien plus qu’une qualité, un talent naturel dont on peut être doté. Il est une grâce de l’Esprit, un don de Dieu, qui est fait à l’un ou l’autre, pour qu’il le mette au service de toute la communauté, pour le bien de tous. Loin d’être un motif d’orgueil, il doit être vécu avec générosité et désintéressement. On ne peut soi-même se déclarer pourvu d’un charisme ; car celui-ci doit être reconnu au sein de la communauté, comme signe de l’amour de Dieu pour ses enfants. Tous les charismes sont des dons de l’Esprit, et leur diversité ne doit pas être une cause de division, mais d’émerveillement ; ils doivent pouvoir grandir ensemble harmonieusement dans la foi et l’amour, car nous avons tous besoin les uns des autres.