Archive pour le 8 juin, 2015
KARL RAHNER – COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT SUIVANT DE LA 2E LETTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS (2 CO 6, 1-10)
8 juin, 2015http://peresdeleglise.free.fr/auteurscontemporains/rahner2.htm
KARL RAHNER – COMMENTAIRE DE L’EXTRAIT SUIVANT DE LA 2E LETTRE DE PAUL AUX CORINTHIENS (2 CO 6, 1-10)
Extraits d’un Sermon prononcé le 1er dimanche de Carême, 10 mars 1957, commentant 2 Co 6, 1-10)
Commentaire de l’extrait suivant de la 2e lettre de Paul aux Corinthiens (2 Co 6, 1-10) :
« Puisque nous sommes ses coopérateurs, nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu. Car il est dit : « Au temps favorable, je t’exauce, au jour de salut, je te viens en aide ». Le voici maintenant le temps favorable, le voici le jour du salut. »
Extrait du Sermon de Karl Rahner :
« Nous le savons tous, la vie humaine n’est vécue qu’une fois et c’est à partir de cette unicité du temps que, tel un fruit, croît l’éternité. Nous autres chrétiens, nous savons que ce temps unique nous est donné par Dieu. Nous sommes appelés dans un temps déterminé et nous avons un temps dont nous ne décrétons pas la longueur : c’est Dieu qui la détermine. Dans ce temps, encore une fois, chaque moment est unique et précieux, car, en définitive, aucun moment ne peut être remplacé par un autre. Et puisque nous autres chrétiens, nous sommes, en tant que chrétiens, appelés dans le temps du Christ, puisqu’on nous prêche la Parole de Dieu révélée, la Parole de sa réconciliation, de son amour, de sa miséricorde, puisque la Parole de Dieu faite chair appartient à notre temps, c’est donc que le jour du salut est vraiment là ainsi que le moment favorable, le moment convenable, le moment opportun, selon la trauction qu’on pourrait peut-être aussi donner à ce mot chez Paul. C’est pourquoi Paul affirme (et l’Eglise le dit avec lui maintenant, au début de ce temps de Carême) : c’est maintenant le temps favorable, le « Kairos » pour vous, c’est maintenant le jour du salut. Ce maintenant n’existe pas toujours, mais il passe ; ce maintenant est un don qui n’est pas en notre pouvoir. Peut-être avons-nous encore une longue vie devant nous, peut-être vivrons-nous encore de nombreux Carêmes, et pourtant chaque moment de notre vie est précieux et chacun est un don de Dieu. Souvent nous aimerions bien avoir d’autres temps, dans l’histoire du mondee et dans notre vie. Peut-être avons-nous un temps de détresse, et nous aimerions avoir un temps de joie. Peut-être aimerions-nous connaître des temps magnifiques et nous avons un temps de travail pauvre, pénible, monotone, ennuyeux, dont – croyons-nous – il ne sort pas grand-chose. Et pourtant, de chacun de nos instants, l’Ecriture peut dire : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut : ce jour que tu as maintenant, l’heure qui t’est donnée maintenant. Sans cesse nous devrions, de toute la force de notre coeur, adresser à Dieu cette prière : Donne-moi la lumière et la force pour reconnaître le temps que j’ai maintenant comme tu veux que je le reconnaisse : comme quelque chose qu’il faut peut-être supporter et qui est peut-être ennuyeux et amer, comme l’heure, peut-être, de la mort et de la lente agonie, mais surtout comme ton heure, comme le don que tu me fais, et comme le jour de ton salut.
Si nous commencions ainsi chaque journée, si nous acceptions chaque heure de la main de Dieu, c’est-à-dire de là d’où elle nous vient vfraiment, si nous ne nous plaignions pas, si nous ne nous attaquions pas à la situation dans laquelle nous sommes placés sans pouvoir y échapper, mais si nous disions avec foi et humilité, dans la force de l’Esprit et dans la lumière du Seigneur : c’est maintenant le jour du salut, l’heure du salut, le moment favorable, d’où peut surgir mon éternité, est-ce que notre vie ne serait pas alors mieux vécue ? Est-ce qu’alors nos journées – même si, humainement, elles sont vides et désolées – ne seraient pas plus remplies, plus lumineuses, plus grandes, plus larges et plus heureuses de ce bonheur secret que le chrétien peut connaître même sur la croix et dans la désolation. Redisons une fois encore avec l’Apôtre : Le voici maintenant le temps favorable, le voici maintenant le jour du salut. Ô Dieu, donne-nous dans ta grâce la lumière et la force de reconnaître et de vivre le jour, le moment tel que tu ne cesses de nous le donner : comme le don que tu nous fais, comme ta grâce et comme notre mission, afin que de ce temps, de ce temps favorable du salut germe ton éternité. »
(Sermon cité in Homélies et méditations, Salvator, 2005, pp. 223-225)
LE « CREDO » CONTRE LES FAUX DIEUX – par Sandro Magister
8 juin, 2015http://chiesa.espresso.repubblica.it/articolo/1350355?fr=y
LE « CREDO » CONTRE LES FAUX DIEUX
C’est l’objectif prioritaire de l’année de la foi que Benoît XVI a voulue. Rapprocher les hommes de l’unique vrai Dieu. Et renverser de leur trône les fausses divinités qui dominent le monde
par Sandro Magister
ROME, le 1er novembre 2012 – Une bataille navale dans l’obscurité de la tempête. C’est le spectacle que l’Église donnait d’elle-même après le premier concile œcuménique de l’histoire, celui de Nicée, au IVe siècle.
Benoît XVI aime à le rappeler aux prophètes de malheur d’aujourd’hui. Cette bataille de tous contre tous – dit-il – a fini par produire le « Credo », ce même « Credo » que l’on proclame à toutes les messes dominicales. Ce ne fut pas un désastre, mais une victoire de la foi.
C’est bien là que se trouve la différence entre jadis et aujourd’hui. La crise profonde que l’Église traverse actuellement est une crise de la foi. Le pape Joseph Ratzinger en est tellement convaincu que, le 11 octobre dernier, il a voulu inaugurer une année spéciale, une année de la foi, et que chaque mercredi, jour de ses audiences publiques hebdomadaires, il s’est mis à expliquer le « Credo » article par article.
Théologien, le pape se fait catéchiste. Son rêve est qu’un grand nombre de gens, dans le monde entier, prennent exemple sur lui et recommencent à enseigner aux hommes « les vérités centrales de la foi à propos de Dieu, de l’homme, de l’Église, de toute la réalité sociale et cosmique », en somme l’abc de la foi chrétienne.
Allant encore plus au fond des choses, Benoît XVI a indiqué, à plusieurs reprises, que la « priorité » de son pontificat était de ramener les hommes à Dieu, et « pas à un dieu quelconque », mais à ce Dieu qui a révélé son visage en Jésus crucifié et ressuscité.
Parce que le déclin du « Credo in unum Deum » dans les pays de vieille chrétienté a coïncidé précisément avec la montée d’autres dieux au firmament. Cela aussi, c’est un fait récurrent dans l’histoire. Dans l’Église des premiers siècles, celle des persécutions et des martyrs, le drame le plus aigu était celui des « lapsi », ceux qui succombaient à la tentation de brûler de l’encens en l’honneur du « divus imperator » pour sauver leur vie. Ils étaient extrêmement nombreux et les puristes, sectaires, voulaient les chasser en tant qu’apostats. L’Église les garda parmi ses enfants et élabora de nouvelles formes de confession, de pénitence, de pardon. Ce sacrement qui aujourd’hui, de nouveau, est le plus en danger.
Les nouveaux dieux, Benoît XVI les appelle par leur nom. Il l’a fait, par exemple, lors de la mémorable « lectio divina » qu’il a prononcée devant plus de deux cents évêques à l’occasion de l’avant-dernier synode.
Les nouveaux dieux, ce sont les « capitaux anonymes qui réduisent l’homme en esclavage ».
C’est la violence terroriste « exercée apparemment au nom de Dieu » mais en réalité « au nom de fausses divinités qu’il faut démasquer ».
C’est la drogue qui, « comme une bête vorace, étend ses mains sur toute la terre et détruit ».
C’est « la manière de vivre qui est répandue par l’opinion publique : aujourd’hui c’est comme cela, le mariage ne compte plus, la chasteté n’est plus une vertu, et ainsi de suite ».
L’opinion de Benoît XVI – une opinion qu’il a de nouveau exprimée récemment dans la préface aux deux volumes de ses « opera omnia » qui contiennent les écrits conciliaires – est que c’est justement là que se trouvent la force et la faiblesse de Vatican II, au cinquantième anniversaire duquel il a fixé l’année de la foi.
Le concile a voulu redonner de la vigueur à l’annonce de la foi chrétienne au monde d’aujourd’hui, sous des formes « mises à jour ». Et il y est en partie parvenu. Mais il n’a pas su aller jusqu’au cœur de « ce qui est essentiel et constitutif de l’époque moderne ».
Il est vrai, par exemple, qu’il a fallu à l’Église le coup de fouet des Lumières pour qu’elle redécouvre la conception de la liberté de religion qui avait été celle de la chrétienté de l’Antiquité. Sur ce point, le pape Ratzinger est d’accord avec le cardinal Carlo Maria Martini : l’Église était vraiment « en retard de deux cents ans en ce domaine ».
Mais le pape est encore davantage d’accord avec le cardinal Camillo Ruini, lorsque celui-ci objecte que, de toute façon, « il doit y avoir une distance de l’Église par rapport à n’importe quelle époque, y compris par rapport à la nôtre mais aussi par rapport à celle où Jésus a vécu », une distance « qui nous appelle à convertir non seulement les personnes, mais aussi la culture et l’histoire ».
Cette distance, les Parvis des Gentils organisés par le cardinal Gianfranco Ravasi la mettent en évidence, en donnant à la culture de notre époque, éloignée de Dieu, des occasions de s’exprimer.
Mais ce qui est le plus important pour le pape Ratzinger, c’est que les faux dieux soient renversés de leur trône, afin que les hommes retrouvent le seul vrai Dieu.
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Cette note a été publiée dans « L’Espresso » n° 33 du 2012, en vente en kiosque à partir du 2 novembre, à la page d’opinion intitulée « Settimo cielo », confiée à Sandro Magister.