Archive pour avril, 2015

SAINT SILOUANE ET LA MÈRE DE DIEU

27 avril, 2015

http://www.pagesorthodoxes.net/mere-de-dieu/md-silouane.htm

SAINT SILOUANE ET LA MÈRE DE DIEU

EXTRAIT DU LIVRE DE L’ARCHIMANDRITE SOPHRONY,
Starets Silouane, Moine du Mont Athos,
Éditions Présence, 1973.

Lorsque l’âme est toute pénétrée par l’amour de Dieu, oh ! comme tout est bon alors, comme tout est rempli de douceur et de joie ! Mais, même alors, on n’échappe pas aux afflictions, et plus grand est l’amour, plus grandes sont les afflictions. La Mère de Dieu n’a jamais péché, même par une seule pensée, et elle n’a jamais perdu la grâce, mais, elle aussi, eut à endurer de grandes afflictions. Quand elle se tenait au pied de la Croix, sa peine était vaste comme l’océan. Les douleurs de son âme étaient incomparablement plus grandes que celles d’Adam lorsqu’il fut chassé du Paradis, parce que son amour était, lui aussi, incomparablement plus grand que celui d’Adam. Et si elle resta en vie, c’est uniquement parce que la force du Seigneur la soutenait, car le Seigneur voulait qu’elle voie sa Résurrection, et qu’après son Ascension elle reste sur terre pour consoler et réjouir les Apôtres et le nouveau peuple chrétien.
Nous ne parvenons pas à la plénitude de l’amour de la Mère de Dieu, et c’est pourquoi nous ne pouvons pas non plus pleinement comprendre sa douleur. Son amour était parfait. Elle aimait immensément son Dieu et son Fils, mais elle aimait aussi d’un grand amour les hommes. Et que n’a-t-elle pas enduré lorsque ces hommes, qu’elle aimait tant et pour lesquels jusqu’à la fin elle voulait le salut, crucifièrent son Fils bien-aimé ?
Nous ne pouvons pas le comprendre, car notre amour pour Dieu et pour les hommes est trop faible.
Comme l’amour de la Mère de Dieu n’a pas de mesure et dépasse notre compréhension, de même sa douleur est immense et impénétrable pour nous.
Ô Vierge Toute-Pure, Mère de Dieu, dis-nous, à nous tes enfants, comment, lorsque tu vivais sur la terre, tu aimais ton Fils et ton Dieu. Comment ton esprit se réjouissait-il en Dieu, ton Sauveur ?
Comment regardais-tu son merveilleux Visage, à la pensée qu’il est celui que servent avec crainte et amour toutes les Puissances célestes ?
Dis-nous, que ressentait ton âme lorsque tu tenais dans tes bras l’Enfant divin ? Comment L’as-tu élevé ? Quelles furent les douleurs de ton âme lorsque avec Joseph tu le cherchas pendant trois jours à Jérusalem ? Quels tourments as-tu endurés lorsque le Seigneur fut livré à la crucifixion et mourut sur la Croix ?
Dis-nous quelle fut ta joie à la Résurrection, ou quelle langueur remplit ton âme après l’Ascension du Seigneur ?
Nos âmes désirent connaître ta vie avec le Seigneur sur la terre ; mais toi, tu n’as pas voulu mettre tout cela par écrit, et c’est dans le silence que tu as enveloppé ton secret.
J’ai vu de nombreux miracles et bien des gestes de tendresse de la part du Seigneur et de la Mère de Dieu, mais je ne puis rien donner en retour pour toute cette bonté.
Que pourrai-je donner à la Toute-Sainte Souveraine pour la remercier de n’avoir pas éprouvé d’aversion pour moi qui étais enfoncé dans le péché, mais de m’avoir visité et de m’avoir exhorté avec clémence ? Je ne l’ai pas vue, mais le Saint Esprit m’a donné de la reconnaître d’après ses paroles remplies de grâce. Mon esprit se réjouit et mon âme se tourne vers elle avec tant d’amour que la simple invocation de son nom est douce à mon coeur.
Un jour que j’écoutais à l’église la lecture des prophéties d’Isaïe, aux mots : Lavez-vous et vous serez purs (Is 1,16), il me vint la pensée :  » Peut-être la Mère de Dieu a-t-elle péché une fois, serait-ce en pensée.  » Et, chose étonnante, dans mon cœur, en même temps que la prière, une voix me dit clairement :  » La Mère de Dieu n’a jamais péché, même en pensée.  » Ainsi, dans mon cœur, l’Esprit Saint témoignait de sa pureté. Mais, durant sa vie terrestre, elle gardai, elle aussi, une certaine implénitude et était sujette à des erreurs, mais non à des péchés. On peut le voir dans l’Évangile, lorsque, revenant de Jérusalem, elle ne savait pas où était son Fils et le chercha avec Joseph pendant trois jours (Lc 2, 44-46).
Mon âme est dans la crainte et dans le tremblement lorsque je songe à la Gloire de la Mère de Dieu. Mon intelligence est insuffisante, mon coeur est pauvre et faible, mais mon âme est dans la joie et désire écrire à son sujet au moins quelques mots. Mon âme craint une telle entreprise, mais l’amour me presse à ne pas cacher ma reconnaissance pour sa miséricorde.
La Mère de Dieu n’a pas mis par écrit ses pensées, ni son amour pour son Dieu et son Fils, ni les douleurs de son âme au moment de la Crucifixion, car nous n’aurions de toute façon pas pu les comprendre. Son amour pour Dieu est en effet plus fort et plus ardent que l’amour des Séraphins et des Chérubins ; et toutes les Puissances célestes des Anges et des Archanges sont frappées d’étonnement à son sujet.
Bien que la vie de la Mère de Dieu soit comme voilée par un silence sacré, le Seigneur de notre Église orthodoxe nous a cependant donné de savoir que son amour embrasse le monde entier, que, dans l’Esprit Saint, elle voit tous les peuples de la terre et que, tout comme son Fils, elle a de la compassion pour tous les hommes.
Oh ! si nous pouvions savoir comme la Toute-Sainte aime ceux qui gardent les commandements du Christ, et comme elle a compassion et souffre pour ceux qui ne se corrigent pas ! J’en ai fait l’expérience moi-même. Je ne mens pas, je parle devant la Face du Dieu que mon âme connaît : en esprit, je connais la Vierge Toute-Pure. Je ne l’ai pas vue, mais le Saint Esprit m’a donné de la connaître ainsi que son amour pour nous. Sans sa miséricorde, il y a longtemps que j’aurais péri ; mais elle voulut me visiter et m’exhorter à ne plus pécher. Elle me dit :  » Je n’aime pas voir ce que tu fais.  » Ses paroles étaient calmes et douces, mais elles agirent avec force sur mon âme. Plus de quarante ans ont passé depuis, mais mon âme ne peut oublier ces paroles remplies de douceur. Je ne sais pas ce que je donnerai en retour pour son amour envers moi et comment je pourrai remercier la Mère du Seigneur.
Elle est, en vérité, notre protectrice auprès de Dieu, et son nom suffit pour réjouir l’âme. Mais tout le Ciel et toute la terre se réjouissent de son amour.
Merveille incompréhensible ! Elle vit aux Cieux et contemple constamment la Gloire de Dieu, nais elle n’oublie cependant pas les pauvres que nous sommes et couvre de sa protection tous les peuples de la terre.
C’est sa Mère Très-Pure que le Seigneur nous a donnée. Elle est notre joie et notre espérance. Elle est notre mère selon l’esprit, et elle est proche de nous selon la nature, comme être humain ; et toute âme chrétienne s’élance vers elle avec amour.

LES PHARISIENS

27 avril, 2015

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2000/clb_000901.htm

LES PHARISIENS

Question
Dès les premiers chapitres de l’évangile de Marc, on remarque une vive opposition entre Jésus et les Pharisiens. Dans l’évangile de Matthieu, Jésus n’est pas tendre à leur égard. Que peut-on reprocher aux Pharisiens et d’où vient ce groupe religieux?

Réponse
Le parti politico-religieux des Pharisiens voit son apparition peu après la révolte des Maccabées qui débuta en 165 av. J.-C. Plus tard, lorsque Jean Hyrcan, un des fils de Simon Maccabée, prend le pouvoir (de 134 à 104 av. J.-C.), les Pharisiens réagissent sévèrement contre ses politiques modernisantes. En raison de leur opposition, Jean Hyrcan les exclut du plus haut tribunal et conseil juif : le Sanhédrin. Les Pharisiens deviennent alors une secte juive; d’où leur nom, peroushim, mot hébreu qui se traduit « les séparés ». L’Ancien Testament ne fait pas mention de ce groupe de personnes. Toutefois, Flavius Josèphe, un historien juif du Ier siècle, les mentionne pour la première fois vers 150 avant J.-C.
Après avoir exercé des activités politiques pendant 150 ans, les Pharisiens se centrent sur l’obéissance de la Loi. Ainsi, au temps de Jésus, ils cherchent à accomplir la Loi de façon minutieuse. Selon eux, la personne croyante se doit d’observer à la fois la Loi écrite ou Torah (composée des cinq livres suivants : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome) et les traditions orales. En tout, voilà donc 613 préceptes à respecter! En ce qui concerne leurs croyances, ils admettent l’immortalité de l’âme, la résurrection des morts, le jugement dernier, l’existence des anges et celle des esprits. Enfin, ils insistent principalement sur l’observation du sabbat et les différentes purifications rituelles.
Personnes imbues du savoir religieux, les Pharisiens se consacrent à l’étude et à l’enseignement de la Loi. Spécialistes de la Loi, ils exercent une grande influence sur les gens en les aidant à incarner la Loi dans leur vie de tous les jours. Leur importance est d’autant plus grande qu’au début du premier siècle, ils forment le groupe le plus nombreux, soit 6000 personnes.
Malheureusement, la stricte observance de la Loi leur fait commettre des excès. En effet, par souci d’un respect minutieux de la Loi, ils mépriseront les pauvres gens qui ne connaissent pas cette Loi. Les Pharisiens iront même jusqu’à empêcher les gens de fréquenter les pécheurs. Dans ce sens, ils limitent la miséricorde de Dieu. Il devient alors facile de comprendre l’opposition qui régna entre eux les Pharisiens et Jésus. Pour un bon nombre d’entre eux, Jésus est un imposteur car il semble ne pas obéir à la Loi: non seulement Jésus violait le sabbat, mais il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu (Jn 5,18). Bien que certains Pharisiens se voient traités par Jésus « d’hypocrites » et de « sépulcres blanchis » (Mt 23,27), d’autres se montrent favorables à Jésus. Pensons ici à Nicodème.

Saint Marc evangeliste, Saint Marc a été symbolisé…

25 avril, 2015

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Saint Marc a été symbolisé dans le lion parce que son Evangile commence par la prédication de Jean le Baptiste dans le désert, où il y avait des bêtes sauvages;

http://bjws.blogspot.it/2013/12/saint-mark-founder-of-christianity-in.html

SAINT MARC L’EVANGELISTE – 25 AVRIL

25 avril, 2015

http://www.coptipedia.com/patriarches-a-eveques/saint-marc-levangeliste.html

SAINT MARC L’EVANGELISTE – 25 AVRIL

ÉCRIT PAR SYNAXAIRE COPTE

Saint Marc l’Évangéliste, est l’un des soixante dix disciples de notre Seigneur Jésus Christ et rédacteur d’un des quatre Évangiles, naquit trois ans après la naissance du Christ, de parents juifs qui s’établirent plus tard en Palestine. La maison de Saint Marc était celle où Jésus se réunissait avec les Apôtres et où Il célébra avec eux la Pâque. C’est aussi dans sa maison que les Apôtres étaient réunis lorsque le Saint Esprit descendit le jour de la Pentecôte. Ainsi la maison de Saint Marc est bien connue dans toutes les Églises Apostoliques comme la première église du monde.
Il est disciple évangéliste des apôtres Pierre et Paul et l’auteur de l’Évangile selon Marc du Nouveau Testament.
Son Évangile est le second du Nouveau Testament et le premier des trois évangiles dits « synoptiques » avec l’Évangile selon Matthieu et l’Évangile selon Luc.
Il devient le disciple de l’apôtre évangéliste Paul de Tarse qu’il suit avec son oncle Barnabé dans le premier voyage de Paul en Asie Mineure. Mais auparavant il part avec Paul et Barnabé évangéliser l’île de Chypre. Barnabé est en effet d’origine chypriote. A Paphos, alors capitale de l’île, ils convertissent le proconsul romain Sergius Paulus. Saul, qui prend désormais le nom de Paul, devient le chef de la mission à la place de Barnabé et décide de quitter Chypre pour la ville de Pergé en Asie mineure.
Sur la route de Perge, il s’oppose à Paul et repart pour Jérusalem. Cinq ans plus tard environ, au début des années 50, Marc retrouvera Paul et Barnabé à Antioche. A Barnabé qui voudrait reprendre son neveu dans la mission, Paul oppose un refus : cette fois Marc et Barnabé le quittent pour aller évangéliser Chypre, tandis que Paul repart pour l’Asie Mineure avec Silas. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard (vers l’an 62) que Marc retrouve Paul alors prisonnier à Rome. Marc est devenu le disciple, le secrétaire et le compagnon inséparable de l’apôtre Pierre avec qui il a évangélisé les juifs de Judée. Il dirige alors des communautés juives de Rome. Paul le nommera dès lors « son collaborateur ». Il est l’interprète en latin de Pierre et il participe aux travaux apostoliques de celui-ci. Il évangélise et convertit les païens de Rome, leur explique la culture juive, traduit les écrits bibliques araméen et hébraïque en latin et rédige le second évangile sous la dictée des souvenirs de Pierre aux alentours de l’an 65 durant la captivité puis le martyre de Paul par les autorités romaines.
Il quitte l’Italie pour retourner évangéliser dans la Pentapole et en Égypte où il fonde l’Église d’Alexandrie, dont il devient le premier évêque.
Il est capturé et martyrisé par les idolâtres irrités de ses nombreuses conversions et meurt en martyr de la chrétienté en 67 (29 Barmoudah). Ses reliques furent conservées dans une petite chapelle du petit port de pêche de Bucoles proche d’Alexandrie où il avait souffert le martyr.
Près du tombeau de Saint Marc furent ensevelis tous les patriarches qui lui ont succédé jusqu’à Saint Pierre, le dernier des martyrs en 311.
Entre 815 et 828, la ville de Venise en Italie se cherche un nouveau puissant protecteur céleste pour la protéger pour remplacer saint Théodore et rivaliser avec Rome et son saint patron saint Pierre. Deux marchands vénitiens se débrouillent pour aller voler ses reliques dans la petite chapelle où elle se trouve depuis sa mort. La basilique Saint-Marc de Venise est spécialement construite pour l’occasion et il devient ainsi le saint patron de la Sérénissime avec son lion comme symbole de la ville. Marc était venu évangéliser la région par bateau et avait fait naufrage dans la lagune qui allait donner naissance en 452 à la Cité des Doges. Un ange lui était apparu et lui avait alors dit ces mots : Paix sur toi Marc mon évangéliste, tu trouveras ici le repos.

Saint Marc l’Evangéliste est le premier Primat de l’Eglise Copte Orthodoxe d’Alexandrie. Ses reliques ont été restituées à l’Égypte à la demande du Pape Cyrille IV en 1975. Depuis, Saint Marc reposent aujourd’hui sous l’autel de la Cathédrale portant son nom au Caire.

Jésus Christ, le Bon Pasteur

24 avril, 2015

Jésus Christ, le Bon Pasteur dans images sacrée pastor_bonus

http://sibcatholic.ru/2009/12/21/upodobimsya-pastuxam/

PAPE BENOÎT XVI : IV DIMANCHE DE PÂQUES, 29 AVRIL 2007 – DU « BON PASTEUR »

24 avril, 2015

http://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/homilies/2007/documents/hf_ben-xvi_hom_20070429_priestly-ordination.html

MESSE POUR L’ORDINATION SACERDOTALE DE 22 NOUVEAUX PRÊTRES POUR LE DIOCÈSE DE ROME

HOMÉLIE DU PAPE BENOÎT XVI -

Basilique Vaticane

IV DIMANCHE DE PÂQUES, 29 AVRIL 2007 – DU « BON PASTEUR »

Vénérés frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce,
Chers ordinands,
Chers frères et sœurs!

Le IV dimanche de Pâques d’aujourd’hui, traditionnellement appelé du « Bon Pasteur », revêt pour nous, qui sommes rassemblés dans cette Basilique vaticane, une signification particulière. C’est un jour absolument singulier, en particulier pour vous, chers diacres, auxquels, comme Evêque et Pasteur de Rome, je suis heureux de conférer l’Ordination sacerdotale. Vous commencerez ainsi à faire partie de notre « presbyterium ». Avec le Cardinal-Vicaire, les Evêques auxiliaires et les prêtres du diocèse, je rends grâce au Seigneur pour le don de votre sacerdoce, qui enrichit notre communauté de 22 nouveaux pasteurs.
La richesse théologique du bref passage évangélique qui vient d’être proclamé, nous aide à mieux percevoir le sens et la valeur de cette célébration solennelle. Jésus parle de lui-même comme du Bon Pasteur qui donne la vie éternelle à ses brebis (cf. Jn 10, 28). L’image du Pasteur est bien enracinée dans l’Ancien Testament et chère à la tradition chrétienne. Le titre de « Pasteur d’Israël » est attribué par les prophètes au futur descendant de David, et possède donc une indubitable importance messianique (cf. Ez 34, 23). Jésus est le véritable Pasteur d’Israël, dans la mesure où il est le Fils de l’homme qui a voulu partager la condition des êtres humains pour leur donner la vie nouvelle et les conduire au salut. L’évangéliste ajoute de manière significative au terme « pasteur » l’adjectif kalós, beau, qu’il utilise uniquement en référence à Jésus et à sa mission. Dans le récit des noces de Cana, l’adjectif kalós est également employé deux fois pour caractériser le vin offert par Jésus et il est facile de voir en celui-ci le symbole du bon vin des temps messianiques (cf. Jn 2, 10).
« Je leur donne (à mes brebis) la vie éternelle; elles ne périront jamais » (Jn 10, 28). C’est ce qu’affirme Jésus, qui, peu de temps auparavant, avait dit: « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (cf. Jn 10, 11). Jean utilise le verbe tithénai – offrir, qu’il répète dans les versets suivants (15.17.18); nous trouvons le même verbe dans le récit de la Dernière Cène, lorsque Jésus « déposa » ses vêtements pour ensuite « les reprendre » (cf. Jn 13, 4.12). Il est clair que l’on veut affirmer de cette façon que le Rédempteur dispose avec une liberté absolue de sa propre vie, de manière à pouvoir l’offrir et ensuite la reprendre librement. Le Christ est le véritable Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour ses brebis, pour nous, en s’immolant sur la Croix. Il connaît ses brebis et ses brebis le connaissent, comme le Père Le connaît et Lui connaît le Père (cf. Jn 10, 14-15). Il ne s’agit pas d’une pure connaissance intellectuelle, mais d’une relation personnelle profonde; une connaissance du cœur, propre à celui qui aime et qui est aimé; à celui qui est fidèle et qui sait à son tour pouvoir avoir confiance; une connaissance d’amour en vertu de laquelle le Pasteur invite les siens à le suivre, et qui se manifeste pleinement dans le don qu’il leur fait de la vie éternelle (cf. Jn 10, 27-28).
Chers ordinands, que la certitude que le Christ ne nous abandonne pas et qu’aucun obstacle ne pourra empêcher la réalisation de son dessein universel de salut soit pour vous un motif de réconfort constant – même dans les difficultés – et d’espérance inébranlable. La bonté du Seigneur est toujours avec vous et elle est forte. Le Sacrement de l’Ordre que vous allez recevoir vous fera participer à la même mission que le Christ; vous serez appelés à répandre la semence de sa Parole, la semence qui contient en elle le Royaume de Dieu, à dispenser la divine miséricorde et à nourrir les fidèles à la table de son Corps et de son Sang. Pour être ses dignes ministres, vous devrez vous nourrir sans cesse de l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. En vous approchant de l’autel, votre école quotidienne de sainteté, de communion avec Jésus, de la façon d’entrer dans ses sentiments, pour renouveler le sacrifice de la Croix, vous découvrirez toujours plus la richesse et la tendresse de l’amour du divin Maître, qui vous appelle aujourd’hui à une amitié plus intime avec Lui. Si vous l’écoutez docilement, si vous le suivez fidèlement, vous apprendrez à traduire dans la vie et dans le ministère pastoral son amour et sa passion pour le salut des âmes. Chers ordinands, avec l’aide de Jésus, chacun de vous deviendra un bon pasteur, également prêt à donner, si nécessaire, sa vie pour Lui.
C’est ce qui se passa aux débuts du christianisme avec les premiers disciples, alors que, comme nous l’avons entendu dans la première lecture, l’Evangile se diffusait au milieu des consolations et des difficultés. Il vaut la peine de souligner les dernières paroles du passage des Actes des Apôtres que nous avons écoutées: « Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint » (13, 52). Malgré les incompréhensions et les oppositions, que nous avons évoquées, l’apôtre du Christ ne perd pas la joie, il est au contraire le témoin de cette joie qui naît du fait d’être avec le Seigneur, de l’amour pour Lui et pour ses frères. Aujourd’hui, en cette Journée mondiale de prière pour les vocations, qui a cette année pour thème: « La vocation au service de l’Eglise communion », nous prions pour que ceux qui sont choisis pour une mission aussi élevée soient accompagnés par la communion priante de tous le fidèles.
Nous prions pour que grandisse dans chaque paroisse et communauté chrétienne l’attention pour les vocations et pour la formation des prêtres: celle-ci commence en famille, se poursuit au séminaire et interpelle tous ceux qui ont à cœur le salut des âmes. Chers frères et sœurs qui participez à cette suggestive célébration, et en premier lieu vous, parents, proches et amis de ces 22 diacres qui, dans quelques instants seront ordonnés prêtres! Entourons ces frères dans le Seigneur de notre solidarité spirituelle. Prions afin qu’ils soient fidèles à la mission à laquelle le Seigneur les appelle aujourd’hui, et qu’ils soient prêts à renouveler chaque jour à Dieu leur « oui », leur « me voici », sans réserve. Et nous demandons au Maître de la moisson, en cette Journée pour les vocations, de continuer à susciter de nombreux et saints prêtres, entièrement dévoués au service du peuple chrétien.
En ce moment si solennel et important de votre existence, c’est encore à vous, chers ordinands, que je m’adresse avec affection. Jésus vous répète aujourd’hui: « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». Accueillez et cultivez cette amitié divine avec un « amour eucharistique »! Que Marie, Mère céleste des prêtres, vous accompagne. Elle, qui, sous la Croix, s’est unie au sacrifice de son Fils – et après sa résurrection a accueilli le don de l’Esprit dans le Cénacle, avec les Apôtres et les autres disciples -, vous aide, ainsi que chacun de nous, chers frères dans le sacerdoce, à vous laisser transformer intérieurement par la grâce de Dieu. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible d’être des images fidèles du Bon Pasteur; ce n’est qu’ainsi que l’on peut accomplir avec joie la mission de connaître, guider et aimer le troupeau que Jésus s’est acquis au prix de son sang. Amen!

HOMÉLIE DU 4ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

24 avril, 2015

http://preparonsdimanche.puiseralasource.org/

HOMÉLIE DU 4ÈME DIMANCHE DE PÂQUES

26/04/2015

LES LECTURES DU JOUR

Journée des vocations

« L’amour vrai ne se démontre pas. Il se montre ». C’est ce message que nous trouvons tout au long des lectures bibliques de ce dimanche. Nous avons tout d’abord le discours de Pierre. Nous nous rappelons qu’il a eu peur de la dénonciation d’une servante qui l’avait reconnu comme disciple de Jésus au moment de sa Passion. Face au danger qui pesait sur lui, il l’a renié trois fois. Aujourd’hui, il affronte avec audace les terribles autorités de Jérusalem, celles-là même qui ont crucifié Jésus. Il répond que si le boiteux a été guéri c’est par le nom de Jésus.
C’est aussi important pour nous. Jésus est capable de rendre la santé physique. Mais la bonne nouvelle de ce jour, c’est qu’il assure le salut de tous les hommes. Il n’y a aucun autre salut ailleurs qu’en lui. Il nous faut redécouvrir toute la richesse de ce mot « Salut » : il s’agit de toute la richesse de vie et d’amour auxquels tout homme aspire. C’est le Christ ressuscité qui répond à cette attente. « Aucun autre nom n’est donné aux hommes qui puisse nous sauver ».
La lettre de saint Jean (2ème lecture) va dans le même sens. Nous sommes peut-être trop habitués à entendre que Dieu nous aime. C’est vrai que nous sommes devenus des enfants gâtés. Mais il nous faut imaginer le bouleversement de cette révélation d’amour a pu provoquer à l’époque. Elle s’adressait aux grandes cités de l’empire Romain, à des gens exploités et méprisés, à des mal-aimés de Corinthe et d’Éphèse. Pour eux c’était un véritable renversement. Le monde de l’amour n’avait rien à voir avec celui du pouvoir.
Ce qui est premier c’est cette révélation inimaginable d’un Dieu dont le nom est « Amour ». Nous y avons été plongés au jour de notre baptême. « Mes bien-aimés, voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés. Il a voulu que nous soyons enfants de Dieu ». C’est une expérience vraiment extraordinaire. Il s’agit moins d’aimer que de se savoir aimés par lui. Pour nous, cela a commencé au jour de notre baptême et cela se développe tout au long de notre vie. Un jour viendra où nous atteindrons la parfaite ressemblance avec le Fils de Dieu. « Nous luis serons semblables parce que nous le verrons tel qu’il est ». Il suffit de se laisser aimer.
L’Évangile nous présente Jésus comme le bon berger. La Bible utilise souvent cette image pour parler des responsables du peuple ou encore du Roi-Messie. C’est au moment du danger qu’on reconnaît le vrai berger. Quand ça devient vraiment dangereux, le mercenaire ne pense qu’à se mettre en sécurité. Pour lui, les brebis c’est secondaire. Avec Jésus c’est différent. Sa priorité c’est de sauver tous les hommes ; il est le « berger de toute humanité ». Il connait chacune de ses brebis. Il ne faut pas se tromper sur le sens du mot connaître. Ce n’est pas comme quand on dit : « Je connais tous mes dossiers ». La connaissance dont il est question est communication, échange, dialogue. C’est une communication de pensée et de cœur.
Oui, Jésus nous connaît tous au plus profond de nous-mêmes. Et quand il dit cela, il ne pense pas seulement aux bons chrétiens. Il pense aussi à tous ceux qui ne le connaissent pas, ceux qui organisent leur vie en dehors de Dieu. D’une façon ou d’une autre, tous font partie de son bercail. Malheureusement, il se trouve des mauvais bergers qui font tout pour sortir Dieu de nos vies ; et comme la nature a horreur du vide, c’est la Loi du plus fort, du plus puissant, la Loi de l’argent qui a pris ses quartiers parmi nous. Mais Jésus ne cesse de vouloir « rassembler les enfants de Dieu qui sont dispersés ».
Le Seigneur compte sur nous pour participer à sa mission de bon berger. C’est pour répondre à cet appel que des chrétiens s’engagent comme catéchistes ou encore dans des aumôneries de collèges, d’hôpitaux et même dans les prisons. Avec Jésus, il n’y a pas de situation désespérée. Son amour est offert à tous les hommes. Il est capable de les sortir de la délinquance, de la drogue et de tout ce qui les détruit. Nous avons de nombreux témoignages de gens qui disent que leur rencontre avec lui a changé leur vie.
En ce jour, nous célébrons la 52ème journée mondiale des vocations. Le Seigneur continue d’appeler des prêtres, des diacres, des religieux et religieuses et des laïcs pour participer à son œuvre de rassemblement. Le Cardinal Marty disait qu’il n’appelle pas « que les enfants sages ». Nous sommes tous engagés pour cette mission. Ne disons pas que nous sommes trop âgés, trop jeunes ou trop fatigués… l’appel du Seigneur est vraiment là. Et il nous redit : « Ne crains pas, je suis avec toi. »
Si nous allons communier au Corps et au sang du Christ c’est pour puiser à la source de cet amour qui est en Dieu, c’est pour entrer dans ce projet qui anime Jésus. Alors oui, nous te prions Seigneur : donne-nous force et courage pour rester fidèles à cette mission que tu nous confies.

Jean Compazieu, prêtre de l’Aveyron ( 26/04/2015)

Mystical supper

23 avril, 2015

Mystical supper dans images sacrée mystical_supper

https://icdacanadasection.wordpress.com/discover/meeting-jesus/

LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

23 avril, 2015

http://www.christusrex.org/www1/ofm/easter/Jeudisaint.html

LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

Don Ariel Alvarez Valdés

(Traduit de l’espagnol par C. Bertrand)

La position de S. Jean

Le Jeudi saint, tous les catholiques du monde célèbrent le souvenir de la dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua l’eucharistie, lava les pieds à ses apôtres et nous laissa son commandement de l’amour. Le jour suivant, le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il mourait cloué en croix.
Mais quand eut lieu réellement cette Cène? Pour bien poser le problème, il convient de tenir compte d’une façon de concevoir les jours qui est propre aux juifs. Alors que pour nous le jour commence à zéro h, c’est-à-dire à minuit, il commence, pour les juifs, la veille au soir, vers 17 h. Le lundi commence le dimanche soir, le mardi le lundi soir et ainsi de suite.
L’Évangile de S. Jean nous apprend que la fête de la Pâque, durant laquelle Jésus mourut, tomba cette année-là le jour du sabbat (19,31). Cela étant, les juifs devaient consommer l’agneau pascal dans la nuit du vendredi. Mais, comme Jésus savait que le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il serait mort et ne pourrait donc pas manger la Pâque avec ses disciples à la date officiellement prévue, il le fit un jour plus tôt, dans la nuit du jeudi. C’est pourquoi S. Jean nous dit que Jésus célébra la dernière Cène « avant la fête de la Pâque » (13,1), c’est-à-dire dans la soirée du jeudi, date qui a été retenue traditionnellement dans notre liturgie.

Le point de vue différent des trois autres
Les trois autres évangélistes, tout en étant d’accord avec Jean pour dire que Jésus mourut un vendredi, à 3 h de l’après-midi (Mt 27,62; Mc 15,42; Lc 23,54), affirment cependant qu’au moment où il célébra la Cène, la fête de la Pâque était déjà en cours.
Ainsi, Matthieu et Marc soutiennent que Jésus et ses disciples se réunirent pour manger la Pâque, « le premier jour des azymes, où l’on immolait l’agneau pascal » (Mt 26,17; Mc 14,12). Et Luc, plus explicite encore, assure que le Seigneur se mit à table, lors de « la fête des azymes, appelée la Pâque » (22,1.7.14.). Le jour des « azymes » était le premier des 7 jours durant lesquels se prolongeait la fête de la Pâque.
Il est donc clair que, pour les trois évangiles synoptiques, Jésus célébra la Cène avec ses apôtres, le jour même de la Pâque. Puis, il fut arrêté et mourut crucifié, le jour suivant, alors que se déroulait la très solennelle fête de la Pâque.

La solution « Qumran »
C’est un problème déjà classique que celui de concilier les points de vue divergents des Évangiles et de vérifier si Jésus célébra sa dernière Cène la nuit même de la Pâque (vendredi), comme l’assurent les Synoptiques, ou le jour précédent (jeudi), comme l’écrit S. Jean. Diverses solutions ont été proposées au long des siècles, mais aucune n’a réussi à convaincre.
Il a fallu attendre la découverte, en 1947, des manuscrits de Qumran. Avec ces manuscrits, il semble bien qu’une nouvelle possibilité ait été offerte de résoudre le problème de manière satisfaisante.
En quoi consistent les manuscrits de Qumran? Ils font partie d’une ancienne bibliothèque du premier siècle avant J.-C., appartenant à une secte juive dite des Esséniens. Parmi les nombreux livres que contenait cette bibliothèque, on en découvrit deux (le Livre des Jubilés et le Livre d’Hénoch) qui révélèrent qu’au temps de Jésus, on se référait non pas à un seul, mais à deux calendriers distincts. L’un, désigné sous le nom de calendrier « solaire », était basé sur le cours du soleil. Il comptait 364 jours et les mois y étaient répartis de façon que les fêtes importantes tombent un mercredi. C’est ainsi que le jour du nouvel an était toujours un mercredi; de même, la fête des Tabernacles et celle de la Pâque.
Pourquoi, dans ce calendrier, l’année commençait-elle toujours un mercredi? Parce que, selon la Genèse, lorsque Dieu créa le monde, ce fut en ce quatrième jour (mercredi) qu’il fit le soleil, la lune et les étoiles, et c’est à partir d’alors que commença le cours du temps.
Le changement de calendrier
Ce calendrier fut en usage chez les juifs, durant de nombreux siècles. En effet, dans les livres de l’Ancien Testament, nous pouvons constater que les dates, les chronologies, la fête de la Pâque (toujours fixée au mercredi) et les autres festivités sont réglées par le calendrier solaire.
Mais, selon la nouvelle hypothèse, deux cents ans avant J.-C., les prêtres du Temple de Jérusalem auraient décidé de changer ce calendrier et d’en adopter un autre, basé à la fois sur le cours du soleil et sur celui de la lune, et appelé de ce fait « lunisolaire ». Ce calendrier était plus exact, vu qu’il comptait 365 jours. Il s’y trouvait cependant une variante: la fête de la Pâque y pouvait figurer n’importe quel jour de la semaine.
Petit à petit, le nouveau calendrier se répandit parmi le peuple. Mais à cette époque il fallait beaucoup de temps aux changements pour s’imposer. C’est ce qui explique le fait que, deux cents ans plus tard, au temps de Jésus, bon nombre de gens continueront de suivre l’ancien calendrier et de célébrer les fêtes aux jours fixés par lui. Même parmi les juifs, certains, tels les Esséniens de Qumran, refusèrent immédiatement d’adopter le nouveau calendrier, estimant qu’il constituait une altération inadmissible de la loi de Moïse. Ils restèrent fidèles à l’observance du calendrier primitif, comme on peut le constater en lisant leur « Manuel de Discipline », trouvé également à Qumran et où il est écrit: « Que l’on ne s’écarte point d’un pas en dehors de ce que dit la Parole de Dieu, concernant ses temps. Que les dates fixées par elle ne soient pas avancées et qu’aucune de ses fêtes ne soit retardée ».
Tous les deux avaient raison
Ainsi donc, du temps de Jésus, deux calendriers étaient en vigueur. L’un, le plus ancien, suivi par les classes populaires, et où le repas de la Pâque était toujours fixé au mercredi (c’est-à-dire à la soirée du mardi). L’autre, adopté par le sacerdoce officiel et par les classes les plus élevées, et où la fête de la Pâque pouvait tomber n’importe quel jour de la semaine. L’année où mourut Jésus, cette fête tomba précisément un samedi.
Cela étant, si nous supposons que Jésus, se référant au calendrier le plus ancien, célébra la dernière Cène avec ses apôtres le mardi soir, c’est-à-dire le jour où les gens du peuple prenaient, eux aussi, le repas pascal, la contradiction qu’on relève dans les Évangiles disparaît automatiquement.
En effet, si Jésus l’a célébrée le mardi, les évangiles synoptiques peuvent affirmer que cet événement a eu lieu « le jour même de Pâque », car ils se réfèrent au calendrier ancien. Quant à S. Jean, qui suit le calendrier officiel, il nous dit que Jésus célébra la Cène « avant la fête de la Pâque ». Les Synoptiques ont raison. S. Jean, également.
Trop peu de temps pour tant d’événements
La nouvelle hypothèse, suivant laquelle Jésus mourut un vendredi, comme l’affirment les quatre Évangiles, mais célébra la Cène le mardi précédent, non seulement élimine les contradictions qu’on relève chez ceux-ci, mais permet de résoudre d’autres difficultés, admises par tous les exégètes.
Une de celles-ci réside dans le nombre d’épisodes vécus par Jésus en si peu de temps. De fait, si la dernière Cène a eu lieu le jeudi et le crucifiement le vendredi après-midi, nous ne disposons que de 18 heures à peine pour y répartir tous les événements de la Passion.
Nous savons en effet qu’après son arrestation au jardin de Gethsémani, Jésus fut conduit chez Anne, l’ex-grand prêtre, dans la demeure duquel se déroula le premier interrogatoire (Jn 18,12). Puis on l’emmena, ligoté, chez Caïphe, le grand prêtre en charge (Jn 18,14). Là il fallut attendre que se réunisse le Sanhédrin, tribunal suprême de justice des juifs, dont faisaient partie tous les grands prêtres, les anciens et les scribes (Mc 14,53). Au cours de cette réunion nocturne, on tenta de trouver de faux témoins qui accuseraient Jésus; ce qui s’avéra laborieux, car les témoignages de ceux qui déposaient contre lui ne concordaient pas (Mc 14,55-59). Ensuite, on lui fit subir toutes sortes de vexations: coups, crachats, railleries (Mc 14,65). Au lever du jour, les 71 membres du Sanhédrin se réunirent pour la seconde fois (Mc 15,1). C’est alors qu’ils auraient décidé de condamner Jésus à mort.
Le long procès romain
Mais les choses ne se terminèrent pas là. après le procès religieux, on traîna Jésus devant Pilate, le gouverneur civil (Lc 23,1); l’entrevue dut être assez longue. Il y eut d’abord, entre le Préfet romain et les Juifs, une rencontre au cours de laquelle ces derniers présentèrent leurs accusations. Vint ensuite un interrogatoire de Jésus, à huis-clos, puis la déclaration d’innocence par Pilate et, à nouveau, des accusations insistantes de la part des juifs.
Afin de se débarrasser de l’accusé, qu’il estimait innocent, Pilate décida de l’envoyer à Hérode Antipas, gouverneur de Galilée, vu que Jésus, en tant que galiléen, relevait de sa juridiction (Lc 23,7). Cette entrevue dut, elle aussi, se prolonger un certain temps: l’Évangile dit, en effet, qu’Hérode posa beaucoup de questions à Jésus (Lc 23,9), avant de le renvoyer finalement à Pilate (Lc 23,11).
Le gouverneur romain se vit alors contraint de convoquer une nouvelle fois les grands prêtres, les magistrats et tout le peuple. Suite à un second entretien avec Jésus, il décida de soumettre à l’avis du peuple la libération éventuelle de celui-ci ou de Barabbas. Entre-temps, sa femme lui envoya un message, l’invitant à ne rien faire contre Jésus, car, durant la nuit, elle avait eu des cauchemars à propos de ce jugement. Mais, face à l’insistance de la foule, il se résolut à libérer Barabbas (Mt 27,11-25). Alors, se succédèrent la flagellation, le couronnement d’épines, les dernières tentatives de Pilate pour libérer Jésus et finalement la sentence et le lent cheminement jusqu’au Calvaire (Mt 27,27-31).
Et tout cela se serait déroulé entre la nuit du jeudi et l’après-midi du vendredi.
La nouvelle répartition
On s’en rend compte, il est absolument impossible de répartir sur si peu de temps tous les faits que nous venons de mentionner. Par contre, si l’on adopte la nouvelle date proposée pour la dernière Cène, tout s’arrange beaucoup mieux, de la manière suivante:
Mardi: dans la soirée, Jésus célèbre la Pâque. Ensuite, il va prier au mont des Oliviers, où il est arrêté. De là, il est conduit chez le grand prêtre.
Mercredi: dans la matinée, a lieu la première session du Sanhédrin, qui procède à l’audition des témoins. La nuit, Jésus la passe dans la prison des juifs.
Jeudi: seconde délibération matinale du Sanhédrin et condamnation à mort de Jésus, que l’on emmène aussitôt chez Pilate. Celui-ci l’interroge puis l’envoie à Hérode. Jésus passe la nuit dans la prison des Romains.
Vendredi: au cours de la matinée, Pilate reçoit Jésus pour la deuxième fois. Après quoi, il le fait flageller et couronner d’épines, puis il prononce la sentence et le livre aux juifs pour être crucifié. A 3 h de l’après-midi, Jésus meurt en croix.
Un jugement conforme à la Loi
La nouvelle hypothèse qui situe la dernière Cène le mardi, présente encore un autre avantage. En nous référant à la Mishna (livre sacré des juifs qui contient la législation complémentaire de l’Ancien Testament), nous pouvons constater que toute une série de lois auraient été violées, si nous nous en tenons à la date traditionnelle.
En effet, la législation juive exigeait que tout jugement se fasse de jour. Si Jésus avait célébré la Pâque le jeudi, il faudrait supposer que le Sanhédrin a siégé durant la nuit. C’eût été illégal. D’ailleurs, il est peu probable que les membres du Sanhédrin et les témoins se soient déjà trouvés réunis, pour siéger à cette heure de la nuit, sans avoir la certitude que Jésus serait appréhendé. Par contre, si la Cène a eu lieu le mardi, on peut présumer que les sessions se déroulèrent dans la matinée du mercredi et du jeudi.
La Mishna défend en outre de condamner à mort un coupable, la veille du Sabbat ou d’une fête. Selon le comput traditionnel, Jésus aurait été condamné à mort par le Sanhédrin, le vendredi matin, veille du sabbat et de la fête de la Pâque. Mais, suivant la nouvelle théorie, cette condamnation aurait eu lieu le jeudi matin, donc un jour et demi avant la Pâque et le sabbat.
La Loi juive défendait enfin de condamner quelqu’un à mort, dans les 24 heures consécutives à son arrestation, afin d’éviter que l’échauffement des esprits n’influence cette décision. Selon la chronologie brève, Jésus fut condamné à mort, quelques heures à peine après son arrestation. Mais selon la chronologie longue, il aurait été arrêté le mardi soir et condamné le vendredi matin, dans le délai prévu par la loi.
Si les juifs condamnèrent Jésus, sous prétexte qu’il avait violé la Loi, il ne paraît guère probable qu’au cours du jugement, ils aient eux-mêmes transgressé d’une manière si grossière cette Loi qu’ils prétendaient défendre.

Le silence des jours
D’autres détails, de moindre importance, deviennent eux aussi plus compréhensibles, si nous situons la dernière Cène, le mardi et la mort de Jésus, le vendredi.
Ainsi, par exemple, les Évangiles font le récit des événements qui ont marqué les derniers jours de Jésus, jusqu’en la soirée du mardi; mais ils ne disent rien de ce qui s’est passé le mercredi et le jeudi. Ce mystérieux silence a donné à penser que Jésus aurait vécu ces jours avec ses apôtres, dans l’intimité. En fait, nous savons maintenant qu’il les vécut en prison, comme une étape de sa longue Passion.
La tradition le confirme
La tradition, enfin, nous apporte une bonne confirmation de cette nouvelle hypothèse concernant la dernière Cène.
En effet, dans l’Église primitive, les chrétiens, on le sait, jeûnaient les mercredis et les vendredis. Cette coutume avait probablement son origine dans une tradition qui considérait le mercredi comme le jour de l’arrestation de Jésus et le vendredi comme le jour de sa mort.
De même, dans un ancien écrit du IIe siècle, appelé Didachè (catéchèse) des Apôtres, nos lisons: « Après avoir mangé la Pâque, le mardi dans la soirée, nous (les apôtres) nous sommes rendus au mont des Oliviers, et c’est au cours de la nuit qu’ils s’emparèrent du Seigneur. Le jour suivant, donc le mercredi, il demeura sous bonne garde dans la maison du grand prêtre… »
L’évêque Victorin de Pettau, mort vers 304, nous a laissé un texte où il dit: « Le Christ fut arrêté le quatrième jour (mardi soir, mercredi pour les juifs). Nous jeûnons le mercredi, en souvenir de sa captivité. Nous jeûnons le vendredi, en souvenir de sa Passion ».
Un autre évêque, Épiphanie de Salamine (Chypre), qui mourut en 403, écrit également: « Le Seigneur fut arrêté alors que commençait le mercredi (mardi soir), et il fut crucifié le vendredi ».
L’hypothèse selon laquelle la dernière Cène eut lieu le mardi soir, repose donc sur une tradition très ancienne, qui remonte au moins au IIIe siècle.

Fidèle jusqu’à la fin
L’Église, se référant à l’Évangile de Jean, a toujours commémoré la dernière Cène le Jeudi saint. Faudra-t-il, tenant compte de la nouvelle hypothèse (mardi), modifier la liturgie de la Semaine sainte? Non, bien sûr! La liturgie, dans l’Église, a une finalité pédagogique et non pas historique. De même que nous célébrons la naissance de Jésus, le 25 décembre, tout en sachant que cette date n’est pas historiquement certaine, nous pouvons continuer à célébrer la Dernière Cène le Jeudi saint, l’essentiel étant ici de tirer un profit spirituel de cette célébration.
La Passion du Christ fut beaucoup plus longue que nous ne le pensons généralement. Elle dura, non pas quelques heures, mais plusieurs jours. Ce qui prouve que sa mort ne fut pas le dénouement brutal de l’effervescence d’une foule excitée et irréfléchie qui, en quelques heures, décida d’en finir avec lui, mais fut la mise à exécution d’un projet prémédité, auquel les autorités juives et romaines, et le peuple tout entier donnèrent leur consentement.
La Passion du Christ apparaît ainsi entourée de circonstances bien plus dramatiques et plus terrifiantes que celles sur lesquelles nous avions coutume de méditer. Elle révèle aussi, avec une plus grande clarté, l’inexorable volonté du Seigneur d’aller jusqu’au bout, malgré les durs tourments qu’on lui infligea durant quatre jours, en vue de briser sa résistance. Jésus ne fut pas fidèle pendant quelques heures seulement, mais pendant tout le temps que dura sa Passion. Nous aussi, qui sommes ses disciples, nous ne pouvons pas nous contenter d’être fidèles, un moment. Nous devons l’être jusqu’au bout.

LE CHEMIN DE DAMAS

23 avril, 2015

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2014/exp_140415.html

LE CHEMIN DE DAMAS

« Un grave accident est survenu ce midi sur la route de Jérusalem à Damas. Le pharisien Saul de Tarse approchait de Damas quand il fut renversé de sa monture par une lumière fulgurante. Ses compagnons de route ont raconté à notre correspondant qu’ils avaient trouvé Saul étendu sur le sol, toujours aveuglé mais sa vie semble hors de danger. Nous vous reviendrons là-dessus dans notre prochain bulletin ».

C’est ainsi que l’événement aurait pu faire les manchettes du bulletin de nouvelles de Radio-Jérusalem, si cela avait existé.

La rencontre du Christ sur le chemin de Damas appartient à ces événements qui ont la capacité de séparer une vie en deux. Paul pourrait dire sans hésitation aucune qu’il y a pour lui un avant et un après Jésus Christ. En effet, c’est toute son existence qui est renversée, chamboulée, désorientée lorsque Paul, selon l’image traditionnelle, est renversé de sa monture, jeté au sol, aveuglé par la lumière jaillie du ciel, abasourdi par la voix de Jésus qui s’identifie aux chrétiens persécutés comme aux membres de son corps. Cet événement est si important que les Actes des Apôtres le rapportent à trois reprises. Paul lui-même y fait allusion. On s’attendrait à retrouver chez le principal intéressé les mêmes détails spectaculaires que dans les récits des Actes, mais c’est plutôt un homme discret que l’on découvre à travers les témoignages contenus dans ses lettres. En revanche, Paul ne manque pas d’exposer la signification profonde de cet « accident fatal » survenu sur la route de Damas où il a perdu tous les avantages qui avaient fait de lui un Juif fidèle à la foi de ses pères et un fier pratiquant de la Loi de Moïse.

La pâque de Paul

La signification de l’événement, c’est que Paul a fait l’expérience du mystère pascal, il a été plongé dans la mort et la résurrection du Christ. Les termes utilisés par Luc dans les Actes des Apôtres sont très évocateurs. Les trois jours où Paul a été plongé dans l’obscurité sans manger ni boire ne sont pas sans rappeler le séjour de Jésus au tombeau. L’imposition des mains par Ananias, le don de l’Esprit Saint, le recouvrement de la vue et le baptême évoquent la naissance à la vie nouvelle, la participation à la résurrection du Christ.

La participation à la mort et à la résurrection du Christ est le fil rouge qui traverse les passages où Paul témoigne de son expérience. Par exemple, dans la 1re lettre aux Corinthiens, Paul considère qu’il a bénéficié de la dernière apparition du Christ ressuscité : Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois; la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis. Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton (1 Corinthiens 15, 1-8).
Il faut lire aussi tout le chapitre 3 de la Lettre aux Philippiens dans lequel Paul, durant un séjour en prison, revient sur l’événement renversant de sa rencontre du Christ survenu 25 ans auparavant. La lumière s’est faite dans l’esprit de Paul quand il lui fut révélé que c’est dans le Christ Jésus que le Dieu de ses pères s’est fait pleinement connaître, et que c’est par la seule foi en lui que l’on accueille le salut comme un don de Dieu et non comme l’œuvre d’actions méritoires. C’est à ce moment que son existence a été renversée, entraînant dans sa chute une certaine connaissance de Dieu et une certaine conception de la vie dans la foi. La pleine communion au Christ dans sa mort et dans sa vie ressuscitée est désormais le bien suprême à saisir.

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