Archive pour le 23 avril, 2015

Mystical supper

23 avril, 2015

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LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

23 avril, 2015

http://www.christusrex.org/www1/ofm/easter/Jeudisaint.html

LE JEUDI SAINT: QUAND A EU LIEU LA DERNIÈRE CÈNE DE JÉSUS ?

Don Ariel Alvarez Valdés

(Traduit de l’espagnol par C. Bertrand)

La position de S. Jean

Le Jeudi saint, tous les catholiques du monde célèbrent le souvenir de la dernière Cène, au cours de laquelle Jésus institua l’eucharistie, lava les pieds à ses apôtres et nous laissa son commandement de l’amour. Le jour suivant, le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il mourait cloué en croix.
Mais quand eut lieu réellement cette Cène? Pour bien poser le problème, il convient de tenir compte d’une façon de concevoir les jours qui est propre aux juifs. Alors que pour nous le jour commence à zéro h, c’est-à-dire à minuit, il commence, pour les juifs, la veille au soir, vers 17 h. Le lundi commence le dimanche soir, le mardi le lundi soir et ainsi de suite.
L’Évangile de S. Jean nous apprend que la fête de la Pâque, durant laquelle Jésus mourut, tomba cette année-là le jour du sabbat (19,31). Cela étant, les juifs devaient consommer l’agneau pascal dans la nuit du vendredi. Mais, comme Jésus savait que le vendredi, à 3 h de l’après-midi, il serait mort et ne pourrait donc pas manger la Pâque avec ses disciples à la date officiellement prévue, il le fit un jour plus tôt, dans la nuit du jeudi. C’est pourquoi S. Jean nous dit que Jésus célébra la dernière Cène « avant la fête de la Pâque » (13,1), c’est-à-dire dans la soirée du jeudi, date qui a été retenue traditionnellement dans notre liturgie.

Le point de vue différent des trois autres
Les trois autres évangélistes, tout en étant d’accord avec Jean pour dire que Jésus mourut un vendredi, à 3 h de l’après-midi (Mt 27,62; Mc 15,42; Lc 23,54), affirment cependant qu’au moment où il célébra la Cène, la fête de la Pâque était déjà en cours.
Ainsi, Matthieu et Marc soutiennent que Jésus et ses disciples se réunirent pour manger la Pâque, « le premier jour des azymes, où l’on immolait l’agneau pascal » (Mt 26,17; Mc 14,12). Et Luc, plus explicite encore, assure que le Seigneur se mit à table, lors de « la fête des azymes, appelée la Pâque » (22,1.7.14.). Le jour des « azymes » était le premier des 7 jours durant lesquels se prolongeait la fête de la Pâque.
Il est donc clair que, pour les trois évangiles synoptiques, Jésus célébra la Cène avec ses apôtres, le jour même de la Pâque. Puis, il fut arrêté et mourut crucifié, le jour suivant, alors que se déroulait la très solennelle fête de la Pâque.

La solution « Qumran »
C’est un problème déjà classique que celui de concilier les points de vue divergents des Évangiles et de vérifier si Jésus célébra sa dernière Cène la nuit même de la Pâque (vendredi), comme l’assurent les Synoptiques, ou le jour précédent (jeudi), comme l’écrit S. Jean. Diverses solutions ont été proposées au long des siècles, mais aucune n’a réussi à convaincre.
Il a fallu attendre la découverte, en 1947, des manuscrits de Qumran. Avec ces manuscrits, il semble bien qu’une nouvelle possibilité ait été offerte de résoudre le problème de manière satisfaisante.
En quoi consistent les manuscrits de Qumran? Ils font partie d’une ancienne bibliothèque du premier siècle avant J.-C., appartenant à une secte juive dite des Esséniens. Parmi les nombreux livres que contenait cette bibliothèque, on en découvrit deux (le Livre des Jubilés et le Livre d’Hénoch) qui révélèrent qu’au temps de Jésus, on se référait non pas à un seul, mais à deux calendriers distincts. L’un, désigné sous le nom de calendrier « solaire », était basé sur le cours du soleil. Il comptait 364 jours et les mois y étaient répartis de façon que les fêtes importantes tombent un mercredi. C’est ainsi que le jour du nouvel an était toujours un mercredi; de même, la fête des Tabernacles et celle de la Pâque.
Pourquoi, dans ce calendrier, l’année commençait-elle toujours un mercredi? Parce que, selon la Genèse, lorsque Dieu créa le monde, ce fut en ce quatrième jour (mercredi) qu’il fit le soleil, la lune et les étoiles, et c’est à partir d’alors que commença le cours du temps.
Le changement de calendrier
Ce calendrier fut en usage chez les juifs, durant de nombreux siècles. En effet, dans les livres de l’Ancien Testament, nous pouvons constater que les dates, les chronologies, la fête de la Pâque (toujours fixée au mercredi) et les autres festivités sont réglées par le calendrier solaire.
Mais, selon la nouvelle hypothèse, deux cents ans avant J.-C., les prêtres du Temple de Jérusalem auraient décidé de changer ce calendrier et d’en adopter un autre, basé à la fois sur le cours du soleil et sur celui de la lune, et appelé de ce fait « lunisolaire ». Ce calendrier était plus exact, vu qu’il comptait 365 jours. Il s’y trouvait cependant une variante: la fête de la Pâque y pouvait figurer n’importe quel jour de la semaine.
Petit à petit, le nouveau calendrier se répandit parmi le peuple. Mais à cette époque il fallait beaucoup de temps aux changements pour s’imposer. C’est ce qui explique le fait que, deux cents ans plus tard, au temps de Jésus, bon nombre de gens continueront de suivre l’ancien calendrier et de célébrer les fêtes aux jours fixés par lui. Même parmi les juifs, certains, tels les Esséniens de Qumran, refusèrent immédiatement d’adopter le nouveau calendrier, estimant qu’il constituait une altération inadmissible de la loi de Moïse. Ils restèrent fidèles à l’observance du calendrier primitif, comme on peut le constater en lisant leur « Manuel de Discipline », trouvé également à Qumran et où il est écrit: « Que l’on ne s’écarte point d’un pas en dehors de ce que dit la Parole de Dieu, concernant ses temps. Que les dates fixées par elle ne soient pas avancées et qu’aucune de ses fêtes ne soit retardée ».
Tous les deux avaient raison
Ainsi donc, du temps de Jésus, deux calendriers étaient en vigueur. L’un, le plus ancien, suivi par les classes populaires, et où le repas de la Pâque était toujours fixé au mercredi (c’est-à-dire à la soirée du mardi). L’autre, adopté par le sacerdoce officiel et par les classes les plus élevées, et où la fête de la Pâque pouvait tomber n’importe quel jour de la semaine. L’année où mourut Jésus, cette fête tomba précisément un samedi.
Cela étant, si nous supposons que Jésus, se référant au calendrier le plus ancien, célébra la dernière Cène avec ses apôtres le mardi soir, c’est-à-dire le jour où les gens du peuple prenaient, eux aussi, le repas pascal, la contradiction qu’on relève dans les Évangiles disparaît automatiquement.
En effet, si Jésus l’a célébrée le mardi, les évangiles synoptiques peuvent affirmer que cet événement a eu lieu « le jour même de Pâque », car ils se réfèrent au calendrier ancien. Quant à S. Jean, qui suit le calendrier officiel, il nous dit que Jésus célébra la Cène « avant la fête de la Pâque ». Les Synoptiques ont raison. S. Jean, également.
Trop peu de temps pour tant d’événements
La nouvelle hypothèse, suivant laquelle Jésus mourut un vendredi, comme l’affirment les quatre Évangiles, mais célébra la Cène le mardi précédent, non seulement élimine les contradictions qu’on relève chez ceux-ci, mais permet de résoudre d’autres difficultés, admises par tous les exégètes.
Une de celles-ci réside dans le nombre d’épisodes vécus par Jésus en si peu de temps. De fait, si la dernière Cène a eu lieu le jeudi et le crucifiement le vendredi après-midi, nous ne disposons que de 18 heures à peine pour y répartir tous les événements de la Passion.
Nous savons en effet qu’après son arrestation au jardin de Gethsémani, Jésus fut conduit chez Anne, l’ex-grand prêtre, dans la demeure duquel se déroula le premier interrogatoire (Jn 18,12). Puis on l’emmena, ligoté, chez Caïphe, le grand prêtre en charge (Jn 18,14). Là il fallut attendre que se réunisse le Sanhédrin, tribunal suprême de justice des juifs, dont faisaient partie tous les grands prêtres, les anciens et les scribes (Mc 14,53). Au cours de cette réunion nocturne, on tenta de trouver de faux témoins qui accuseraient Jésus; ce qui s’avéra laborieux, car les témoignages de ceux qui déposaient contre lui ne concordaient pas (Mc 14,55-59). Ensuite, on lui fit subir toutes sortes de vexations: coups, crachats, railleries (Mc 14,65). Au lever du jour, les 71 membres du Sanhédrin se réunirent pour la seconde fois (Mc 15,1). C’est alors qu’ils auraient décidé de condamner Jésus à mort.
Le long procès romain
Mais les choses ne se terminèrent pas là. après le procès religieux, on traîna Jésus devant Pilate, le gouverneur civil (Lc 23,1); l’entrevue dut être assez longue. Il y eut d’abord, entre le Préfet romain et les Juifs, une rencontre au cours de laquelle ces derniers présentèrent leurs accusations. Vint ensuite un interrogatoire de Jésus, à huis-clos, puis la déclaration d’innocence par Pilate et, à nouveau, des accusations insistantes de la part des juifs.
Afin de se débarrasser de l’accusé, qu’il estimait innocent, Pilate décida de l’envoyer à Hérode Antipas, gouverneur de Galilée, vu que Jésus, en tant que galiléen, relevait de sa juridiction (Lc 23,7). Cette entrevue dut, elle aussi, se prolonger un certain temps: l’Évangile dit, en effet, qu’Hérode posa beaucoup de questions à Jésus (Lc 23,9), avant de le renvoyer finalement à Pilate (Lc 23,11).
Le gouverneur romain se vit alors contraint de convoquer une nouvelle fois les grands prêtres, les magistrats et tout le peuple. Suite à un second entretien avec Jésus, il décida de soumettre à l’avis du peuple la libération éventuelle de celui-ci ou de Barabbas. Entre-temps, sa femme lui envoya un message, l’invitant à ne rien faire contre Jésus, car, durant la nuit, elle avait eu des cauchemars à propos de ce jugement. Mais, face à l’insistance de la foule, il se résolut à libérer Barabbas (Mt 27,11-25). Alors, se succédèrent la flagellation, le couronnement d’épines, les dernières tentatives de Pilate pour libérer Jésus et finalement la sentence et le lent cheminement jusqu’au Calvaire (Mt 27,27-31).
Et tout cela se serait déroulé entre la nuit du jeudi et l’après-midi du vendredi.
La nouvelle répartition
On s’en rend compte, il est absolument impossible de répartir sur si peu de temps tous les faits que nous venons de mentionner. Par contre, si l’on adopte la nouvelle date proposée pour la dernière Cène, tout s’arrange beaucoup mieux, de la manière suivante:
Mardi: dans la soirée, Jésus célèbre la Pâque. Ensuite, il va prier au mont des Oliviers, où il est arrêté. De là, il est conduit chez le grand prêtre.
Mercredi: dans la matinée, a lieu la première session du Sanhédrin, qui procède à l’audition des témoins. La nuit, Jésus la passe dans la prison des juifs.
Jeudi: seconde délibération matinale du Sanhédrin et condamnation à mort de Jésus, que l’on emmène aussitôt chez Pilate. Celui-ci l’interroge puis l’envoie à Hérode. Jésus passe la nuit dans la prison des Romains.
Vendredi: au cours de la matinée, Pilate reçoit Jésus pour la deuxième fois. Après quoi, il le fait flageller et couronner d’épines, puis il prononce la sentence et le livre aux juifs pour être crucifié. A 3 h de l’après-midi, Jésus meurt en croix.
Un jugement conforme à la Loi
La nouvelle hypothèse qui situe la dernière Cène le mardi, présente encore un autre avantage. En nous référant à la Mishna (livre sacré des juifs qui contient la législation complémentaire de l’Ancien Testament), nous pouvons constater que toute une série de lois auraient été violées, si nous nous en tenons à la date traditionnelle.
En effet, la législation juive exigeait que tout jugement se fasse de jour. Si Jésus avait célébré la Pâque le jeudi, il faudrait supposer que le Sanhédrin a siégé durant la nuit. C’eût été illégal. D’ailleurs, il est peu probable que les membres du Sanhédrin et les témoins se soient déjà trouvés réunis, pour siéger à cette heure de la nuit, sans avoir la certitude que Jésus serait appréhendé. Par contre, si la Cène a eu lieu le mardi, on peut présumer que les sessions se déroulèrent dans la matinée du mercredi et du jeudi.
La Mishna défend en outre de condamner à mort un coupable, la veille du Sabbat ou d’une fête. Selon le comput traditionnel, Jésus aurait été condamné à mort par le Sanhédrin, le vendredi matin, veille du sabbat et de la fête de la Pâque. Mais, suivant la nouvelle théorie, cette condamnation aurait eu lieu le jeudi matin, donc un jour et demi avant la Pâque et le sabbat.
La Loi juive défendait enfin de condamner quelqu’un à mort, dans les 24 heures consécutives à son arrestation, afin d’éviter que l’échauffement des esprits n’influence cette décision. Selon la chronologie brève, Jésus fut condamné à mort, quelques heures à peine après son arrestation. Mais selon la chronologie longue, il aurait été arrêté le mardi soir et condamné le vendredi matin, dans le délai prévu par la loi.
Si les juifs condamnèrent Jésus, sous prétexte qu’il avait violé la Loi, il ne paraît guère probable qu’au cours du jugement, ils aient eux-mêmes transgressé d’une manière si grossière cette Loi qu’ils prétendaient défendre.

Le silence des jours
D’autres détails, de moindre importance, deviennent eux aussi plus compréhensibles, si nous situons la dernière Cène, le mardi et la mort de Jésus, le vendredi.
Ainsi, par exemple, les Évangiles font le récit des événements qui ont marqué les derniers jours de Jésus, jusqu’en la soirée du mardi; mais ils ne disent rien de ce qui s’est passé le mercredi et le jeudi. Ce mystérieux silence a donné à penser que Jésus aurait vécu ces jours avec ses apôtres, dans l’intimité. En fait, nous savons maintenant qu’il les vécut en prison, comme une étape de sa longue Passion.
La tradition le confirme
La tradition, enfin, nous apporte une bonne confirmation de cette nouvelle hypothèse concernant la dernière Cène.
En effet, dans l’Église primitive, les chrétiens, on le sait, jeûnaient les mercredis et les vendredis. Cette coutume avait probablement son origine dans une tradition qui considérait le mercredi comme le jour de l’arrestation de Jésus et le vendredi comme le jour de sa mort.
De même, dans un ancien écrit du IIe siècle, appelé Didachè (catéchèse) des Apôtres, nos lisons: « Après avoir mangé la Pâque, le mardi dans la soirée, nous (les apôtres) nous sommes rendus au mont des Oliviers, et c’est au cours de la nuit qu’ils s’emparèrent du Seigneur. Le jour suivant, donc le mercredi, il demeura sous bonne garde dans la maison du grand prêtre… »
L’évêque Victorin de Pettau, mort vers 304, nous a laissé un texte où il dit: « Le Christ fut arrêté le quatrième jour (mardi soir, mercredi pour les juifs). Nous jeûnons le mercredi, en souvenir de sa captivité. Nous jeûnons le vendredi, en souvenir de sa Passion ».
Un autre évêque, Épiphanie de Salamine (Chypre), qui mourut en 403, écrit également: « Le Seigneur fut arrêté alors que commençait le mercredi (mardi soir), et il fut crucifié le vendredi ».
L’hypothèse selon laquelle la dernière Cène eut lieu le mardi soir, repose donc sur une tradition très ancienne, qui remonte au moins au IIIe siècle.

Fidèle jusqu’à la fin
L’Église, se référant à l’Évangile de Jean, a toujours commémoré la dernière Cène le Jeudi saint. Faudra-t-il, tenant compte de la nouvelle hypothèse (mardi), modifier la liturgie de la Semaine sainte? Non, bien sûr! La liturgie, dans l’Église, a une finalité pédagogique et non pas historique. De même que nous célébrons la naissance de Jésus, le 25 décembre, tout en sachant que cette date n’est pas historiquement certaine, nous pouvons continuer à célébrer la Dernière Cène le Jeudi saint, l’essentiel étant ici de tirer un profit spirituel de cette célébration.
La Passion du Christ fut beaucoup plus longue que nous ne le pensons généralement. Elle dura, non pas quelques heures, mais plusieurs jours. Ce qui prouve que sa mort ne fut pas le dénouement brutal de l’effervescence d’une foule excitée et irréfléchie qui, en quelques heures, décida d’en finir avec lui, mais fut la mise à exécution d’un projet prémédité, auquel les autorités juives et romaines, et le peuple tout entier donnèrent leur consentement.
La Passion du Christ apparaît ainsi entourée de circonstances bien plus dramatiques et plus terrifiantes que celles sur lesquelles nous avions coutume de méditer. Elle révèle aussi, avec une plus grande clarté, l’inexorable volonté du Seigneur d’aller jusqu’au bout, malgré les durs tourments qu’on lui infligea durant quatre jours, en vue de briser sa résistance. Jésus ne fut pas fidèle pendant quelques heures seulement, mais pendant tout le temps que dura sa Passion. Nous aussi, qui sommes ses disciples, nous ne pouvons pas nous contenter d’être fidèles, un moment. Nous devons l’être jusqu’au bout.

LE CHEMIN DE DAMAS

23 avril, 2015

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2014/exp_140415.html

LE CHEMIN DE DAMAS

« Un grave accident est survenu ce midi sur la route de Jérusalem à Damas. Le pharisien Saul de Tarse approchait de Damas quand il fut renversé de sa monture par une lumière fulgurante. Ses compagnons de route ont raconté à notre correspondant qu’ils avaient trouvé Saul étendu sur le sol, toujours aveuglé mais sa vie semble hors de danger. Nous vous reviendrons là-dessus dans notre prochain bulletin ».

C’est ainsi que l’événement aurait pu faire les manchettes du bulletin de nouvelles de Radio-Jérusalem, si cela avait existé.

La rencontre du Christ sur le chemin de Damas appartient à ces événements qui ont la capacité de séparer une vie en deux. Paul pourrait dire sans hésitation aucune qu’il y a pour lui un avant et un après Jésus Christ. En effet, c’est toute son existence qui est renversée, chamboulée, désorientée lorsque Paul, selon l’image traditionnelle, est renversé de sa monture, jeté au sol, aveuglé par la lumière jaillie du ciel, abasourdi par la voix de Jésus qui s’identifie aux chrétiens persécutés comme aux membres de son corps. Cet événement est si important que les Actes des Apôtres le rapportent à trois reprises. Paul lui-même y fait allusion. On s’attendrait à retrouver chez le principal intéressé les mêmes détails spectaculaires que dans les récits des Actes, mais c’est plutôt un homme discret que l’on découvre à travers les témoignages contenus dans ses lettres. En revanche, Paul ne manque pas d’exposer la signification profonde de cet « accident fatal » survenu sur la route de Damas où il a perdu tous les avantages qui avaient fait de lui un Juif fidèle à la foi de ses pères et un fier pratiquant de la Loi de Moïse.

La pâque de Paul

La signification de l’événement, c’est que Paul a fait l’expérience du mystère pascal, il a été plongé dans la mort et la résurrection du Christ. Les termes utilisés par Luc dans les Actes des Apôtres sont très évocateurs. Les trois jours où Paul a été plongé dans l’obscurité sans manger ni boire ne sont pas sans rappeler le séjour de Jésus au tombeau. L’imposition des mains par Ananias, le don de l’Esprit Saint, le recouvrement de la vue et le baptême évoquent la naissance à la vie nouvelle, la participation à la résurrection du Christ.

La participation à la mort et à la résurrection du Christ est le fil rouge qui traverse les passages où Paul témoigne de son expérience. Par exemple, dans la 1re lettre aux Corinthiens, Paul considère qu’il a bénéficié de la dernière apparition du Christ ressuscité : Je vous rappelle, frères, l’Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu et dans lequel vous demeurez fermes, par lequel aussi vous vous sauvez, si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé; sinon, vous auriez cru en vain. Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de 500 frères à la fois; la plupart d’entre eux demeurent jusqu’à présent et quelques-uns se sont endormis. Ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. Et, en tout dernier lieu, il m’est apparu à moi aussi, comme à l’avorton (1 Corinthiens 15, 1-8).
Il faut lire aussi tout le chapitre 3 de la Lettre aux Philippiens dans lequel Paul, durant un séjour en prison, revient sur l’événement renversant de sa rencontre du Christ survenu 25 ans auparavant. La lumière s’est faite dans l’esprit de Paul quand il lui fut révélé que c’est dans le Christ Jésus que le Dieu de ses pères s’est fait pleinement connaître, et que c’est par la seule foi en lui que l’on accueille le salut comme un don de Dieu et non comme l’œuvre d’actions méritoires. C’est à ce moment que son existence a été renversée, entraînant dans sa chute une certaine connaissance de Dieu et une certaine conception de la vie dans la foi. La pleine communion au Christ dans sa mort et dans sa vie ressuscitée est désormais le bien suprême à saisir.