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PAPE PAUL VI «JOURNÉE DE LA PAIX» 1971
20 avril, 2015MESSAGE DE SA SAINTETÉ LE PAPE PAUL VI POUR LA CÉLÉBRATION DE LA «JOURNÉE DE LA PAIX»
Ier JANVIER 1971
HOMMES DE 1971!
Sur le cadran de l’Histoire du Monde,
l’aiguille du temps,
de notre temps,
marque le début d’une année nouvelle: celle-ci,
que Nous Nous proposons, tout comme les années
précédentes, d’inaugurer
de nos voeux affectueux,
de notre message de Paix:
Paix à vous, Paix au monde.
Ecoutez-Nous. Cela en vaut la peine. Oui, c’est Notre message habituel: Paix. Mais c’est de ce mot que le monde a besoin et il en a un besoin si urgent que cela le rend nouveau. Ouvrons les yeux sur l’aube de cette nouvelle année et observons deux ordres de faits généraux qui marquent de leur empreinte le monde, les peuples, les familles, les individus. Ces faits, à ce qu’il Nous semble, influencent profondément et directement nos destins. Chacun de nous peut en faire l’horoscope.
Observez un premier ordre de faits. A vrai dire, ce n’est pas un ordre, mais un désordre. Parce que les faits que nous comprenons en cette catégorie marquent tous un retour à des pensées et à des actes que l’expérience tragique de la guerre semblait avoir annulés – ou aurait dû annuler.
A la fin de la guerre, tous avaient dit: assez. Assez de quoi? assez de tout ce qui avait été à l’origine du carnage humain et de l’épouvantable ruine. Immédiatement après la guerre, au début de cette génération, l’humanité eut un éclair de conscience : il fallait, non seulement s’occuper des tombes, soigner les blessures, réparer les désastres, redonner à la terre un visage nouveau et meilleur, mais encore supprimer les causes de la conflagration subie. Les causes: voilà quelle fut l’idée pleine de sagesse: les chercher, les éliminer. Le monde respira. Il sembla vraiment que dût naître une nouvelle époque, celle de la paix universelle. Nous semblèrent prêts à des changements radicaux, afin d’éviter de nouveaux conflits. A partir des structures politiques, sociales, économiques, l’on arriva à envisager un horizon de magnifiques innovations morales et sociales; l’on parla de justice, des droits de l’homme, de promotion des faibles, de vie commune ordonnée, de collaboration organisée, d’union mondiale. De grands gestes ont été posés; les vainqueurs, par exemple, se sont portés au secours des vaincus; de grandes institutions ont été fondées; le monde commença de s’organiser à partir de principes de solidarité et de bien-être commun. La marche vers la paix, condition normale et statutaire de la vie du monde, sembla définitivement tracée.
Or, que voyons-nous, après vingt-cinq ans de ce progrès réel et idyllique? Nous voyons, avant tout, que les guerres, de part et d’autre, sévissent encore et semblent d’inguérissables plaies qui menacent de s’élargir et de s’aggraver. Nous voyons continuer et s’étendre, ici et là, les discriminations sociales, raciales, religieuses. Nous voyons renaître la mentalité d’autrefois; l’homme semble, à nouveau, s’arrêter à des positions, psychologiques d’abord, politiques ensuite, du temps passé. Resurgissent les démons d’hier. Revient la suprématie des intérêts économiques avec l’exploitation facile des faibles;(2) réapparaît l’habitude de la haine (3) et de la lutte des classes, et renaît ainsi, à l’état endémique, une guerre internationale et civile; c’est le retour aux luttes pour le prestige national et le pouvoir politique; c’est, à nouveau, le bras de fer des ambitions opposées, des particularismes clôs et irréductibles des races et des systèmes idéologiques; l’on recourt au délit et à la violence, comme à un feu idéal, sans penser à l’incendie qui en peut naître; l’on pense, à nouveau, à la paix, comme à un pur équilibre de forces puissantes et d’épouvantables armements; l’on ressent le frisson de la crainte que quelque fatale imprudence ne fasse éclater d’inconcevables et d’inextinguibles conflagrations. Que se passe-t-il? Où va-t-on? En quoi a-t-on failli? Ou bien que nous a-t-il manqué? Nous faut-il nous résigner, doutant de la capacité humaine à réaliser une paix juste et sûre et renonçant à marquer l’éducation des nouvelles générations du sceau de l’espérance et de l’esprit de paix? (4)
Heureusement, un autre diagramme d’idées et de faits apparaît à notre observation; et c’est celui de la paix progressive. Parce que, malgré tout, la paix chemine. Avec des discontinuités, avec des incohérences et des difficultés; mais, cependant, la paix chemine et s’affirme dans le monde avec un caractère d’invincibilité. Tous le sentent: la paix est nécessaire. Joue en sa faveur le progrès moral de l’humanité, décidément orientée vers l’unité. Unité et paix, quand la liberté les rattache l’une à l’autre, sont soeurs. La paix, quant à elle, profite de la faveur croissante d’une opinion publique convaincue de l’absurdité d’une guerre poursuivie pour elle-même et considérée comme le moyen unique et fatal de mettre fin aux controverses entre les hommes. Elle se prévaut du réseau de plus en plus serré des rapports humains: culturels, économiques, commerciaux, sportifs, touristiques; il faut vivre ensemble, et il est beau de se connaître, de s’estimer, de s’aider. Une solidarité fondamentale se forme peu à peu dans le monde; elle favorise la paix. Et les relations internationales se développent de plus en plus et créent les prémisses – et également la garantie – d’une certaine concorde. Les grandes institutions internationales – et supranationales – se révèlent providentielles, tant au départ qu’au couronnement d’une commune vie pacifique de l’humanité.
Face à ce double tableau qui superpose des phénomènes
d’ordre contraire au but qui nous est le plus à coeur, c’est-à-dire à la paix, il nous semble qu’une observation unique, ambivalente, peut en être tirée. Posons une double question, corrélative à deux aspects de l’ambiguité du monde actuel:
- comment, aujourd’hui, s’affaiblit la paix?
- comment, aujourd’hui, progresse la paix?
Quel est l’élément qui émerge, au sens négatif aussi bien qu’au sens positif, de cette simple analyse? L’élément est toujours l’homme. L’homme, dévalué, dans le premier cas; l’homme, valorisé, dans le second cas. Risquons un terme qui peut paraître ambigu, lui aussi, mais considérons-le dans l’exigence de sa profondeur. C’est le terme, toujours flamboyant et suprême, d’amour: amour de l’homme, première valeur de l’ordre terrestre. Amour et paix sont des entités corrélatives. La paix, la véritable paix, la paix humaine, est un effet de l’amour.(5) La paix suppose une certaine «identité de choix». C’est ce qu’on appelle l’amitié. Si nous voulons la paix, nous devons reconnaître la nécessité de la fonder sur des bases plus solides que celle ou du manque de rapports (car les rapports entre les hommes sont inévitables, ils croissent et s’affirment), ou de l’exigence de rapports d’intérêt égoïste (ils sont précaires et souvent trompeurs), ou bien du tissu de rapports purement culturels ou accidentels (ils peuvent être à double tranchant, pour la paix ou pour la lutte).
La véritable paix doit être fondée sur la justice, sur le sentiment d’une intangible dignité humaine, sur la reconnaissance d’une ineffaçable et heureuse égalité entre les hommes, sur le dogme fondamental de la fraternité humaine. C’est à dire du respect et de l’amour dûs à tout homme en sa qualité d’homme. Explose le mot victorieux: en sa qualité de frère. Mon frère, notre frère.
C’est également cette conscience de la fraternité humaine
universelle qui s’affirme heureusement dans notre monde, du moins en principe. Ceux qui travaillent à éduquer les nouvelles générations dans la conviction que tout homme est notre frère construisent à partir des fondations mêmes l’édifice de la paix. Ceux qui introduisent dans l’opinion publique le sentiment d’une fraternité humaine sans frontière préparent au monde des jours meilleurs. Ceux qui conçoivent la protection des intérêts politiques sans la poussée de la haine ou de la lutte entre les hommes, comme une nécessité dialectique et organique de la vie sociale, ouvrent la société humaine à un progrès toujours actif du bien commun. Ceux qui contribuent à découvrir en tout homme, par delà les caractéristiques somatiques, ethniques, raciaux, l’existence d’un être égal à soi, transforment la terre, d’épicentre de divisions, d’antagonismes, d’embûches et de vengeances, en un lieu de travail organisé sur la base d’une collaboration civilisée. En effet, là où la fraternité entre les hommes est fondamentalement méconnue, c’est la paix qui est ruinée en sa base même. Car, la paix est, au contraire, le miroir de l’humanité véritable, authentique, moderne, victorieuse de toute autodétérioration anachronique. La paix est la grande idée célébrant l’amour entre les hommes qui se découvrent frères et se décident à vivre tels.
Voici donc quel est notre message pour l’année 1971. Il fait écho, voix nouvelle née de la conscience civilisée, à la Déclaration des Droits de l’Homme: «Tous les hommes naissent libres et égaux en dignité et en droits; ils sont doués de raison et de conscience et doivent se comporter les uns envers les autres comme des frères». A ce sommet est arrivée la doctrine de la civilisation. Ne retournons pas en arrière. Ne perdons pas les trésors de cette conquête axiomatique. Donnons plutôt une application, logique et courageuse, à cette formule, ligne d’arrivée du progrès humain: «tout homme est mon frère». La paix, en essence et en devenir, c’est cela. Et cela vaut pour tous.
Cela vaut, frères dans la foi au Christ, tout spécialement pour nous. A la sagesse humaine qui, en un effort immense, est arrivée à une si haute et si difficile conclusion, nous pouvons, nous, croyants, fournir un soutien indispensable. Celui, avant tout, de la certitude (car des doutes de tout genre peuvent la guetter, l’affaiblir, l’annuler). Notre certitude en la parole divine de notre maître, le Christ, gravée dans son Evangile: «Vous êtes tous frères» (Mt 23 , 8). Nous pouvons aussi offrir le réconfort d’une possibilité d’application (dans la vie pratique, en effet, comme il est difficile de se comporter tout à fait fraternellement envers tout homme!); nous le pouvons grâce au recours, comme à une règle pratique et normale d’action, à un autre enseignement, fondamental, du Christ: «Ainsi, tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faîtes-le vous-mêmes pour eux: voilà la loi et les prophètes» (Mt 7, 12). Philosophes et saints, comme ils ont médité sur cette maxime qui insère l’universalité de la loi de fraternité dans l’action singulière et concrète de la moralité sociale! C’est encore nous, enfin, qui sommes en mesure de fournir l’argument suprême: celui de la Paternité divine, commune à tous les hommes, proclamée à tous les croyants. Une
véritable fraternité, entre les hommes, pour être authentique et contraignante, suppose et exige une Paternité transcendante et pleine d’amour métaphysique, de charité surnaturelle. Nous pouvons, quant à nous, enseigner la fraternité humaine, c’est-à-dire la paix, en enseignant à reconnaître, à aimer, à invoquer Notre Père qui est aux cieux. Nous savons, nous, que nous sera barré l’accès à l’autel de Dieu si nous n’avons, d’abord, nous-mêmes enlevé l’obstacle à la réconciliation avec l’homme-frère (Mt 5, 23 passim; 6, 14-15). Et nous savons que, si nous devenons des promoteurs de paix, alors nous pourrons être appelés fils de Dieu, et nous serons parmi ceux que l’Evangile proclame bienheureux (Mt 5, 9).
Quelle force, quelle fécondité, quelle confiance la religion chrétienne confère à l’équation de fraternité et de paix! Et quelle joie pour nous de rencontrer, à la coïncidence des termes de ce binôme, le carrefour des sentiers de notre foi croisant les chemins des espérances de l’humanité et des civilisations.
14 Novembre 1970.
PAULUS PP. VI
ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS
20 avril, 2015http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/israel-au-temps-de-jesus
ISRAËL AU TEMPS DE JÉSUS
« Israël » est le nom donné au peuple hébreu qui vivait en Palestine au temps de Jésus. Tout l’Ancien Testament raconte la genèse et la longue histoire du peuple hébreu et surtout son histoire en terre d’Israël.
Situé entre le Liban et la Mer Rouge, comme en position de « nombril du monde » là où Orient et Occident se rencontrent, la terre d’Israël n’est autre que ce « pays de Canaan » selon la Bible, cette terre promise par Dieu à son peuple qui pérégrinait dans le désert et vers lequel Moïse a conduit, après l’exode, les siens sortis d’Egypte.
C’est à près de 1000 km de là, à Ur, en Chaldée (en Irak actuelle) qu’a commencé, il y a quatre mille ans l’histoire du Salut du monde avec le départ d’Abraham, à l’appel de Dieu. C’est là, en terre de Palestine, que l’attente du Messie s’est achevée, avec la naissance, à Bethléem de Judée, du Messie, Jésus, fils de Marie et de Joseph venus de Nazareth jusqu’en Judée, à cause d’un recensement ordonné par Rome.
Au Ier siècle, Israël est sous domination romaine
En effet, au Ier siècle de notre ère la Palestine est sous le contrôle de l’Empire romain. Une partie plus ou moins grande de la Palestine est dirigée par un roi juif, désigné par Rome. Le roi en place à la naissance de Jésus se nomme Hérode ; il a un royaume couvrant la plus grande partie de la Palestine mais qui sera divisé à sa mort entre ses fils, sauf la partie autour de Jérusalem sous la domination directe de Rome.
De nombreux Hébreux sont alors dans l’attente du Messie promis par Dieu à Israël.
Lorsque Jésus est mort sous Ponce Pilate (le procurateur romain chargé d’administrer la Judée dont dépendait la ville de Jérusalem à l’époque), il y avait plus de 90 ans que la Palestine était tombée sous une domination romaine plus ou moins étroite.
Pour autant, on n’y parlait pas latin, car dans la partie orientale de cet immense Empire, la langue administrative la plus commune était le grec.
La langue des habitants était l’araméen depuis la déportation à Babylone, l’hébreu n’étant plus parlé que par les prêtres et les juristes et par quelques personnes, sous forme d’un dialecte populaire très déformé près de Jérusalem.
Si la Palestine avait été absorbée dans les royaumes héllénistiques, le grec aurait laissé une empreinte culturelle, architecturale très superficielle ; dans un milieu culturel sémite, toutes les coutumes, la vie quotidienne, les relations commerciales et la vie religieuse nous sont bien connues par les traditions orientales hébraïques ou mésopotamiennes.
A lire l’Evangile, on voit bien que la Palestine était une sorte d’enclave culturelle aux confins de l’Empire romain, entretenant un particularisme farouche qui défiait les siècles et la civilisation dominante. L’historien Josèphe nous confirme que très peu d’Hébreux connaissaient bien une langue autre que l’Araméen oriental.
Les Romains gouvernaient par des personnes interposées à travers des procurateurs (comme Pilate) ou des tétrarques comme Hérode. Jusqu’à 1’an 6 après J. C., c’est le fils aîné d’Hérode, Archelaüs (aussi sanglant que son père Hérode) qui reçoit de l’empereur le titre d’ethnarque pour gouverner la Judée, la Samarie et l’Idumée (régions de la Palestine). Aussi, la Sainte Famille s’établit-elle à Nazareth au retour d’Egypte.
Il y avait, en fait, deux types de provinces dans l’Empire romain : – celles qui, pacifiées, pouvaient être administrées par un membre choisi par le Sénat – c’était le cas de celles d »Asie. – et celles qui, parce qu’elles présentaient encore des problèmes, étaient administrées directement par l’empereur qui choisissait lui-même le gouverneur, c’était le cas de la Judée et de la Samarie.
Le procurateur romain de l’époque de la vie publique de Jésus est cité plusieurs fois dans l’Evangile (dans les récits de la Passion en particulier) s’appelle Ponce Pilate : c’est lui qui condamnera Jésus à mort. Il était ignoré des historiens. On a eu confirmation directe de son historicité et de son pouvoir par une inscription récemment découverte.
Dans la même période, alors que la Judée est province romaine, la Galilée relève de l’autorité d’un tétrarque. Ce titre, qui signifie étymologiquement » quatre « , revient au frère d’Archelaüs, Antipas, qui fait précéder son nom de celui de son père. Hérode-Antipas administre le « quart « du royaume selon la répartition testamentaire d’Hérode le Grand.
Le procurateur Ponce Pilate dont parle l’évangéliste saint Luc
Le Nouveau Testament qui fait peu de cas des procurateurs de Judée de cette période, à l’exception de Ponce Pilate, accorde une certaine place au tétrarque Hérode Antipas (Mt 14, 1; Lc 3, 1-20; 9, 7; Ac 13,I). Il rappelle que la prédication de Jean Baptiste se déroule sous son gouvernement. Lc 3, 1-2 l’affirme non sans solennité :
“ L’an 15 du gouvernement de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de Judée, Hérode, tétrarque de Galilée, Philippe son frère tétrarque du pays d’Iturée et de Trachonitide, Lysanias tétrarque d’Abilene, sous le pontificat dAnne et de Caïphe, la Parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert. »
Le récit de la Passion selon saint Luc, en mettant en scène Hérode, confirme à quel point celui-ci était une menace pour Jésus, ce que le reste de l’évangile n’avait cessé de suggérer (Lc 13, 31-33).
Plus encore, Hérode Antipas, dans l’Evangile ainsi que dans les écrits de Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, XVIII, 116-119), est présenté comme le responsable de l’arrestation et de l’exécution de Jean Baptiste (Mt 14, 1-12; Mc 6, 17-29; Le 3, 19-20).
Jean Baptiste en effet dénonce la vie dissolue de ce ‘ renard « ‘ selon les termes rapportés par Lc 13, 32. Il interpelle le roi à propos de son second mariage. En 27, épousant sa belle-soeur Hérodiade en secondes noces, Hérode répudiait sa première épouse, la fille d’Arétas IV, un roi nabatéen.
L’arrestation et l’exécution de Jean Baptiste ne sont pas étrangères aux complications familiales à peine descriptibles de la famille d’Hérode. D’après les évangiles, c’est Hérodiade qui, à l’occasion d’une des multiples fêtes organisées par son mari pour flatter les autorités romaines, mit à profit le pouvoir de séduction exercé par Salomé sur Hérode et réussit à obtenir la tête du prophète.
Les Romains ont généralement respecté les religions ou les coutumes locales, si diverses fussent-elles, des peuples qu’ils avaient conquis. Le respect des religions était fondé sur la reconnaissance du culte des ancêtres.
En raison de cette conviction, les Romains s’accommodèrent en Judée de la religion juive, qu’ils avaient d’ailleurs rencontrée bien avant sur d’autres territoires de l’Empire, y compris à Rome. Pour certains historiens, cette attitude relève plus du calcul politique que d’une volonté religieuse de tolérance. Mais elle impliquait une reconnaissance de la valeur juridique de la Torah pour les fautes ne mettant pas en cause la supprématie politique romaine.
De 6 à 66, à l’exception de la période 41 à 44, la monnaie juive est remplacée par la monnaie émise par les gouverneurs romains, qui d’ordinaire est frappée à l’effigie de l’empereur. Sans doute, en Judée, les Romains évitent de frapper monnaie à l’effigie de l’empereur pour ne pas choquer les Juifs qui refusaient toute représentation humaine. Pourtant des pièces frappées à l’effigie de l’empereur durent circuler si l’on en croit la discussion entre Jésus et les Juifs en Mt 22, 15-22.
Les juifs se révoltent en 66
Si, en règle générale, les Romains respectaient les coutumes juives, ils ignorèrent souvent ce qui pouvait heurter les juifs, jusque et y compris dans le détail de leur vie quotidienne.
Tout finalement pouvait devenir source de tension et dégénérer facilement en émeute et en répression. Une affaire aussi banale que l’adduction d’eau à Jérusalem finit par un massacre car, pour mettre en route pareil chantier alimentant entre autres les besoins du Temple et des pélerins, Pilate avait puisé dans le trésor du Temple ( Flavius Josèphe (T.Il p.175-177). Il en ira de même lorsque le gouverneur Florus prendra dix-sept talents dans le trésor pour le service de l’empereur.
Ce n’est pas la somme qui scandalise les Juifs mais l’affectation de cette somme. Cet événement déclenchera la révolte juive de 66. Les heurts, les émeutes, les tentatives de révolte se déroulent constamment sur fond de religion. Les Romains semblent respecter la Loi juive mais leurs actes, toujours interprétés par les juifs sous l’angle religieux, sont souvent reçus comme des provocations. Cependant jamais les Romains n’ont cherché à éliminer les Juifs en tant que Juifs.
Aux yeux des juifs, leur terre est une terre qui leur a été promise et qu’ils ne garderont qu’en étant fidèles à l’alliance préparée par Dieu pour le peuple qu’il s’est choisi au milieu des nations. Les Romains qui occupent cet espace sont donc des ennemis dès qu’ils portent atteinte à ce qui lie les Hébreux à leur terre.
La Terre Promise, enjeu constant des convoitises des hommes
Si certains Juifs, comme les Sadducéens -les principaux desservants du Temple- sont prêts à collaborer avec l’occupant et trouvent, au moins jusqu’en 50, leur avantage dans la paix romaine, sa maîtrise des routes entretenues et la libre circulation des pélerins qu’elle permet grâce à la présence des soldats romains, d’autres plus radicaux (sicaires et zélotes) souhaitent la purification de leur territoire soit par l’expulsion de ses occupants indésirables, soit par le massacre pur et simple des ennemis, ou encore en devenant eux-mêmes des conquérants. C’est le sens du mouvement terroriste qui prend de plus en plus d’ampleur dans les années 50 …
Comme on le voit, la terre d’Israël, cette Terre promise à Moïse par Dieu pour son peuple élu, n’a jamais cessé, au cours de sa longue histoire temporelle, de souffrir à cause des passions et des divisions des politiques humaines…
Comme si sur la terre que le Christ a foulée et sur les lieux historiques où s’est déroulé l’Evangile de la Bonne Nouvelle de l’Amour de Dieu pour les hommes, nulle tiédeur humaine ne pouvait tenir:
« Que ton oui soit oui , dit le Seigneur »,
lit-on dans l’Evangile, et encore:
« je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive »…
Un tel glaive n’est autre que celui de la Parole de Vérité qui ne souffre pas le mensonge.
Or aujourd’hui encore et toujours, la Terre Sainte est au coeur des violences des hommes, et encore et toujours, le prince du mensonge se sert des passions politiques humaines pour semer la division là même où Jésus, Prince de la paix, est venu acheter de Son propre sang et une fois pour toutes, le salut du monde, sur la Croix du Golgotha.
Ce salut, Dieu le propose à tous les hommes de bonne volonté, depuis que sur le mont des Oliviers, à Jérusalem de Judée, en terre d’Israël et pour l’éternité, l’Amour a vaincu la haine, parce que Dieu est venu racheter le monde, en Son Fils, Jésus-Christ, livré librement sur la Croix, mort et ressuscité le Troisième Jour…
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