LE DÉSERT FLEURI
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LE DÉSERT FLEURI
Mochè, peu avant la conquête de Kénaâne, retrace toutes les étapes du désert. Chacune raconte son histoire. Des événements s’y sont déroulés. Israël connut des tribulations, passant d’un endroit à l’autre, parfois s’attardant longtemps, souvent le temps de camper quelques jours, quelques nuits.
Mais durant tout le séjour au désert, Israël eut à camper dans quarante-deux places. Ce nombre n’est pas fortuit. Pour de nombreux commentateurs, il correspond à la valeur d’un des Noms Saints de D’ieu. Leur présence dans le désert est de réparer ce Nom divin.
Pour Rachi, rapportant Rabbi Mochè ha-Darchane, Israël, pendant trente-huit ans, n’eut à faire que vingt stations. C’est dire la bonté de D’ieu qui ne cherche pas à fatiguer inutilement les Bénè Yisraèl.
Mais le Midrache(1), utilise la parabole suivante :
« Un roi avait un fils malade. Il le conduit dans un endroit éloigné pour le soigner. Au retour, le roi énumère tous leurs arrêts : « Ici, nous avons dormi, ici, nous nous sommes rafraîchis, ici, tu avais des maux de tête. »
Ainsi, dit le Saint béni soit-Il : Mochè énumère les endroits où ils m’ont irrité. C’est, pourquoi il est dit(2) :
« Voici l’itinéraire des enfants d’Israël. »
Pour le Tanhouma, la guérison d’Israël de l’impureté contractée en Égypte nécessite un traitement de choc. Le séjour au désert, bien que pénible à supporter, sera le traitement souhaité. Israël aura le bonheur, à travers des épreuves et des situations dramatiques, de connaître D’ieu et de prendre conscience de la Providence.
Cependant, le passage d’Israël avait marqué le désert tout comme le désert avait laissé son impression sur Israël.
Citant le texte :
« Voici l’itinéraire des enfants d’Israël », le Midrache(3) rapporte : Pourquoi toutes ces étapes méritent-elles d’être consignées dans la Tora? Parce qu’elles accueillirent Israël. Le Saint béni soit-Il leur accorde Sa récompense tel qu’il est écrit(4) :
« Que le désert et le sol brûlé se réjouissent! Que la plaine aride exulte et fleurisse comme la rose! Qu’ils se couvrent de fleurs, que leur joie délirante se traduise par des chants!… » Si le désert recevant Israël est ainsi récompensé, a fortiori quiconque accueille dans sa maison un Talmid hakham, un sage! Il se trouve qu’un désert est appelé à devenir un lieu habité et une ville se transformer en désert. D’où tire-t-on qu’une ville est appelée à devenir un désert? Tel qu’il est dit(5) :
« Mais Êssaw, Je l’ai haï si bien que J’ai livré ses montagnes à la dévastation et son héritage aux chacals du désert. » D’où tire-t-on que le désert est appelé à devenir une ville habitée? Tel qu’il est dit(6) :
« Du désert Je ferai un lac. » Pour l’instant, le désert n’a pas d’arbres mais il en aura dans l’avenir tel qu’il est dit(7) :
« Dans le désert, Je ferai croître le cèdre, l’acacia, le myrte et l’olivier. » Pour l’instant, point de chemin dans le désert puisqu’il est entièrement sable; mais à l’avenir il en aura tel qu’il est dit(8) :
« Oui, Je vais établir un chemin dans le désert et des cours d’eau dans l’aride solitude. » Et il est dit(9) :
« [Dans le désert] s’ouvrira une chaussée, une route qui sera appelée la route sacrée; aucun impur n’y passera; elle est réservée à eux. Ceux qui la suivront, même les imprudents, ne pourront s’égarer. »
Ainsi, pour le midrache, le désert est-il destiné à connaître une transfiguration. Israël y avait soigné son impureté. Il y laisse toutes ses imperfections pour guérir, s’élever et atteindre le divin. Alors D’ieu exprime Sa reconnaissance au désert pour l’accueil réservé à Israël.
L’aridité du désert, son hostilité permettent à Israël d’atteindre le divin. Il n’est que justice de le voir transformé, appelé à devenir une terre habitée et non terre abandonnée. L’eau jaillira et fleurira le désert.
Mais comme D’ieu aime à récompenser le désert pour les soins mis à accueillir les Bénè Yisraèl, ainsi châtiera-t-Il les peuples qui, au cours de l’histoire, les avaient fait souffrir. Leurs villes se transformeront en désert. Le châtiment divin les frappe car ils ont tout fait pour les tenir éloignés de la perfection et de D’ieu.
Êssaw, à l’idéal pétri de matérialisme, est le type même du peuple hostile à Israël. Tout au long de son existence, Israël se heurte à son incompréhension, à sa haine implacable. Êssaw est la tête de file de tous les ennemis d’Israël. Cette haine ne prendra fin qu’à l’avènement du Messie. Alors son territoire deviendra désert et désolation.
Le Messie vise, certes, à ramener l’harmonie dans le monde. Mais cela ne devient possible que si tous les peuples reconnaissent l’idéal d’Israël. Telle une eau bienfaisante, la Tora agira sur le désert de l’humanité pour l’épanouir et le fleurir.
Pendant quarante ans, le désert fut témoin des efforts d’Israël pour parvenir à la perfection. De l’aridité des cœurs et des esprits, Israël s’élève à l’harmonie et à la joie de communiquer avec D’ieu. Ainsi l’aridité et la désolation du désert feront place à la transfiguration mettant en valeur toute la beauté de ce lieu.
Le désert accueille Israël, participe à ses joies, à ses peines, riche des échos de tout un peuple. Aussi est-il naturel qu’il rejoigne Israël dans son bonheur.
La transfiguration future du désert consiste à y ouvrir une route, un chemin appelé la route sacrée, menant droit à D’ieu. Celui qui s’y engage, même imprudent, ne sera jamais égaré car l’impur n’y passera pas. À l’avenir, le désert répondra à l’idéal divin.
1. Tanhouma sur la Sidra paragr. 3.
2. Bé-midbar 33, 1.
3. Bé-midbar Rabba chap. 23, paragr. 3.
4. Yéchâya 35,1 et 2.
5. Mal’akhi 1, 3.
6. Yéchâya 41, 18.
7. id. 19.
8. ibid. 43, 19.
9. Yéchâya 35, 8.
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