DÉCOUVRIR DIETRICH BONHOEFFER († 9 avril 1945)
DÉCOUVRIR DIETRICH BONHOEFFER († 9 avril 1945)
Vers un christianisme «non religieux»
«Comment être croyant dans une société qui ne semble pas avoir besoin de Dieu?», la question sonne d’actualité. Dietrich Bonhoeffer, théologien visionnaire, l’avait déjà posée à la moitié du XXe siècle.
Constatant l’incapacité des religions instituées à lutter contre la barbarie hitlérienne, Dietrich Bonhoeffer avance dans «Résistance et soumission», le recueil des lettres qu’il a écrit en prison, que Dieu n’est plus la réponse à toutes les questions que se posent les hommes.
«Nous vivons sans Dieu»
A ses yeux, le monde est devenu «majeur» , «adulte», c’est-à-dire capable de penser par lui-même. Dans cette mesure, les chrétiens vont devoir désormais penser et agir sans tutelle, pour «constater ce qu’ils croient eux-mêmes», sans «se retrancher derrière la foi de l’Église».
Bonhoeffer va même jusqu’à écrire : «Dieu nous fait savoir qu’il nous faut vivre en tant qu’hommes qui parviennent à vivre sans Dieu». D’en tirer sa fameuse formule : «Devant Dieu et avec Dieu, nous vivons sans Dieu».
C’est en prison que le théologien réalise l’absence totale de Dieu dans la conscience des hommes. Sa vision des rapports entre la foi et le monde s’en trouve bouleversée. Dans ses lettres, Bonhoeffer raconte que le langage religieux de ses co-détenus le met mal à l’aise. Il préfère le langage humain, séculier, même pour leur parler du Christ.
Il en vient ainsi à remettre en cause la notion même de religion et écrit, dans sa lettre du 30 avril 1944 : «Les gens religieux exploitent toujours la faiblesse et les limites des hommes». Il n’en renie pas pour autant sa source spirituelle -l’évangile-, il dénonce seulement la forme sacramentelle dont on l’a enveloppée.
Il ne faut pas perdre de vue que Bonhoeffer a sous ses yeux la «religiosité» nazie, avec des millions de gens qui se mettent littéralement à adorer le Führer. Sa critique est donc tout autant politique que théologique.
«Qui est le Christ aujourd’hui ?»
Bonhoeffer, visionnaire, prédit que les générations futures auront à «parler de Dieu sans religion». Déjà en son temps, il s’interroge : «Comment être croyant dans une société qui ne semble pas avoir besoin de Dieu?», «Quelle peut-être l’action de l’Église dans le monde?», «Qui est le Christ aujourd’hui?».
Penseur «multidimensionnel», à la fois homme de prières et prophète d’un monde «devenu adulte» et «non religieux», prédicateur contre une Église sécularisée et précurseur de la théologie dite «d’après la mort de Dieu», militant politique et poète philosophe, voilà qui fait toute la «modernité» de Bonhoeffer.
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