Archive pour le 3 avril, 2015

The Three Marys at the Tomb by Peter von Cornelius, c. 1820

3 avril, 2015

The Three Marys at the Tomb by Peter von Cornelius, c. 1820 dans images sacrée Peter_von_Cornelius_-_The_Three_Marys_at_the_Tomb_-_WGA05274

http://www.catholicvote.org/the-culture-of-life-is-a-culture-of-motherhood/

ÉPHREM DE NISIBE: QUATRIÈME HYMNE SUR LA RÉSURRECTION

3 avril, 2015

http://www.patristique.org/Ephrem-de-Nisibe-Resurrection.html

ÉPHREM DE NISIBE : RÉSURRECTION

QUATRIÈME HYMNE SUR LA RÉSURRECTION

par François Cassingena

Éphrem le Syrien (306-373) a composé de nombreuses hymnes doctrinales, polémiques et liturgiques. Les collections liturgiques célèbrent les grandes fêtes chrétiennes. À cette catégorie appartiennent les Hymnes pascales qui réunissent en réalité trois recueils distincts : les Hymnes sur les Azymes, les Hymnes sur la Crucifixion et les Hymnes sur la Résurrection. Vous découvrirez ci-dessous la quatrième hymne sur la Résurrection.
On sait peu de chose sur la vie d’Éphrem le Syrien (306-373). Son ministère d’allânâ (diacre ?) et d’hymnographe a eu d’abord pour cadre Nisibe, puis Édesse, deux villes de Mésopotamie, l’actuel Iraq. Il a composé un corpus considérable de pièces métriques (madrâ_é) dont la tradition manuscrite est loin de nous laisser, malheureusement, l’intégralité. La thématique de cette vaste activité littéraire est à la fois doctrinale, polémique et liturgique.
Éphrem est un champion de la théologie apophatique au IVe siècle, à la fois contre les gnostiques Marcion, Mani, Bardesane et contre les ariens qu’il appelle « scrutateurs », nous dirions volontiers « inquisiteurs » du mystère trinitaire.
Les collections liturgiques célèbrent les grandes fêtes chrétiennes. À cette catégorie appartiennent les hymnes éditées et traduites en allemand par Edmund Beck (CSCO fasc. 248-249) sous le titre générique d’ Hymnes pascales, collection qui réunit en réalité trois recueils distincts : les Hymnes sur les Azymes, les Hymnes sur la Crucifixion et les Hymnes sur la Résurrection. Pareille séquence ne doit pas donner l’illusion d’un triduum pascal rigoureux, tel qu’il se constituera plus tard. Ce qui se dégage surtout des Hymnes pascales, c’est une double célébration : celle de la Passion du Seigneur et celle du renouveau printanier.
La note anti-judaïque, très présente, s’explique par la préoccupation pastorale du poète : empêcher la communauté chrétienne de « judaïser » dans une région où la communauté juive jouissait d’un certain establishment auprès des autorités de l’Empire perse, régulièrement persécuteur de la première.

Sur la mélodie : « Voici le jeûne du Premier-né… »
Ô mon Seigneur béni, baille-nous un peu de la richesse d’Avril le tout-libéral !
En Avril Ta générosité s’étend sur tout :
De par elle les montagnes se parent de regain,
Les sillons de semences, la mer de riches nefs,
La terre de troupeaux ; là-haut des luminaires
Qui sourient ! En bas des fleurs ! Avril orne la terre
Et la fête d’Avril orne la sainte Église !

Avril, ce babillard, m’a soufflé la hardiesse :
J’ai demandé, j’ai dit : « Seigneur, si les bouches fermées
Du serpent meurtrier par Avril furent ouvertes,
- il a ouvert la bouche de ce maudit reptile qui ment et qui tue ! –
Ouvre, Seigneur, en Ta bonté la bouche de Ton serviteur ; fais-en
Une cithare de vérité ! Qu’elle chante un chant sain et plein de certitude,
Une bénédiction pour tous ceux qui l’écoutent !

Si l’air d’Avril bruit de chants et de tonnerres, sonore tout entier,
Quelle ne sera pas, au jour de Ta Pâque sonore, la liesse de l’Église volubile !
Tout entière elle résonne, vraie cithare, en cette Fête Tienne, la grande,
Compagne et jumelle de l’autre Fête
Qui, dedans Bethléem, mit les Veilleurs en liesse ;
Que l’Église en Avril Te tresse la louange
Qu’avaient tressée pour Toi les Anges de Janvier !

Oh ! regardez : Avril tisse à la terre un vêtement !
De toutes les couleurs la création s’atourne :
C’est tablier de fleurs, c’est sarrau de corolles !
La Mère d’Adam se pare, en la Fête d’Avril,
D’un habit que mains n’ont point tissé ; elle exulte :
Son Seigneur est descendu, faisant monter son fils ! Deux fêtes pour la terre,
Deux noces d’un seul coup, du Seigneur et du fils !

Sein maternel, giron que la terre pour tous les vivants,
Couverture pour les morts… Ô terre ! par tes soins sont habillés tous les nus,
Et personne n’est capable de te couvrir ! Avril a eu de la pudeur pour toi ;
Tu étais à découvert comme Noé : il a caché ta nudité.
Deux frères ont couvert d’un vêtement le Père universel,
Et la terre, Mère universelle,
Avril la vêt tout seul dans des livrées de fleurs !

La frêle-ailée aussi sort en ce mois des fleurs, elle s’empresse ;
Regardez cette toute-fragile, et comme elle empressez-vous !
Elle est porteuse de mystères et son pollen est de symboles ;
Sur toutes les fleurs elle ramasse sa provende ;
Son trésor bien caché ne paie guère de mine,
Mais quand on l’ouvre, ah ! c’est merveille de voir comme elle a travaillé :
Elle a construit, rempli. Béni, son Créateur !

La douceur se répand : sa bouche la recueille ;
Toute-pure, elle est le miroir de l’Église
Qui butine dans les Livres la douceur du Saint-Esprit ;
Au désert, le Ramassis récoltait la manne, la ramassait avec avidité,
Dans un esprit sordide. Venez ! Cueillez le pur amour
Au lieu de la manne jolie ! Une fois conservée, la manne se gâtait ;
Mais l’amour conservé, lui, n’en est que plus doux.

Les glaces de l’hiver, les dards piquants du froid,
Avril les a brisés ! Symbole de l’amour
Qu’Avril ! Ses ardeurs triomphent des rigoureux frimas ;
Voyez : ils dansent, les pieds qu’Hiver enchaînait !
Libres, les mains qu’engourdissait l’inertie !
Diligence est sortie pour décorer la terre : que l’âme regarde, rivalise,
Et qu’au lieu de la terre elle s’orne elle-même !

Sa Majesté Avril, semblable au Libérateur universel,
Élargit les marchands que l’hiver entravait ;
Sitôt devenu roi, il les a libérés : ils s’évadent, ils trépignent !
Ainsi son Seigneur avait-il libéré en Avril les détenus d’Enfers
Qui brisèrent leurs tombes. Ah ! que liberté se libère elle-même,
Elle qui s’est enchaînée ! Qui libérerait celui qui met
Ses liens, si grands soient-ils, dessous sa volonté ?

Aimable Avril, en Toi le Très-Haut modère Son fracas pour nos oreilles ;
Oui, en Avril, le Seigneur de l’Orage
Mitige Sa vigueur par amour : Il descend habiter dans le sein de Marie ;
En Avril derechef, revigoré,
Il habite le sein du Shéol et en remonte ;
En Avril mêmement, Il entre et prend une voix douce pour persuader
Ses ouailles sans espoir en Sa résurrection.

Ce glorieux Avril ouvre tous les dépôts : toute richesse en sort ;
…………………………………………………………………..
En ce mois le dépôt souterrain de l’En bas
restitue, quant à lui, le Corps tout-vivifiant.

Encensoir à senteurs que ce charmant Avril !
Il exhale tous les parfums ! Dieu est descendu pour marcher sur la terre :
Avril L’a vu, comme un grand prêtre il s’est fait beau ;
Il Lui a présenté l’encensoir à senteurs, le fumet des fragrances ;
Il a prophétisé : « Voici que le Grand Prêtre pour nous descend d’En Haut !
Son sacrifice : l’amour de la vérité ! Son encensoir : la miséricorde !
Et Son hysope encor : l’absoute des péchés !

C’est en Avril que d’En Haut Notre-Seigneur descend,
Que Marie le reçoit ; c’est encore en Avril
Qu’Il ressuscite et monte, que Marie Le revoit ;
Elle L’avait senti descendre : la première, elle Le voit Resurgi !
Voir l’En haut et l’En bas : c’est renom de Marie !
Heureux Avril ! Tu as vu la Conception
De ton Seigneur, Sa Mort et Sa Résurrection !

En Avril, l’Élu s’ébranle, Il descend de Là-haut, atourné de tendresse ;
Avril Le couronne de triomphes en foule ;
Il remonte d’En bas : les morts Te font une couronne de ressuscités,
Les disciples une couronne de consolés,
Les Anges une couronne de ravis, à la vue de Ton Duel.
À la place de la couronne d’épines,
C’est la gloire, en couronne, que le Créé Te tresse !

Intendant des symboles, Avril a couru vers Notre-Seigneur, à Sa venue ;
Car ce sont symboles cachés que, pour Avril,
Moïse emmi l’Égypte déposait ;
Avril a présenté ses symboles………………
………………………………………………
Heureux Avril ! Tu as vu les deux Pâques radieuses :
Et celle de Moïse et celle du Seigneur !

 

HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES 2015

3 avril, 2015

http://parolesdudimanche.blogs.lalibre.be/archive/2009/04/07/homelie-du-jour-de-paques-b.html

HOMÉLIE DU JOUR DE PÂQUES, B

Ac 10, 34a. 37-43 ; Col 3, 1-4 ou 1 Co 5, 6b-8 ; Jn 20, 1-9

Rêve déçu, intensément tristes, découragées, trois femmes de la première compagnie de Jésus (pas celle des jésuites, mais des premiers disciples) se rendaient au cimetière avec des fleurs et du parfum. Mais le récit de Marc n’est pas un reportage pris sur le vif. Il n’y a pas eu de scène filmée ni de micro tendu. Ces pages de catéchèse sont déjà un écho de l’expérience spirituelle d’une communauté de croyants, où se mêlent les souvenirs, les faits et les symboles. Par contre, la peur, elle, est bien là. Le choc de l’émotion religieuse, la stupeur de ceux et celles qui s’approchent de Dieu et qui découvrent tout d’un coup à l’endroit la surprenante réalité que l’on voit d’habitude à l’envers. C’est-à-dire le monde des réalités spirituelles.
Le Christ de chair et d’os n’est plus là. Mais bien le Christ de la foi. C’est le message du Christ, et le Christ messager qui est au centre du récit : Le Nazaréen, Dieu l’a ressuscité. La mort est donc renversée, elle a changé de sens. Le crucifié mort est vivant.
Voilà une affirmation tranchante, sans preuves, sans explications. Une vérité exorbitante, présentée comme un fait accompli. Mais où est-il ? Ni là, ni ici, mais ailleurs. Dans un univers nouveau qu’elles devront découvrir. Une présence et un message qui les envoient en mission. Elles reçoivent un ordre de marche : Allez dire aux disciples, allez dire à Pierre… Mais elles s’enfuirent bouleversées, toutes tremblantes et en claquant des dents. Il est vrai qu’il y avait de quoi. Révélations et manifestations divines ont toujours provoqué l’effroi, la crainte et le tremblement. Mais, souligne Marc, elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. C’est ici que se termine son évangile.
Les spécialistes sont d’accord pour affirmer que la suite, l’épilogue, n’est pas de la plume de l’évangéliste, mais un « appendice » ajouté après coup pour offrir une finale heureuse. Car, en fait, elles ont finalement transmis leur message, comme on le voit chez Matthieu, Luc et Jean. Heureusement. Sinon, les disciples n’auraient rien su de l’événement et nous non plus. Mais il ne suffira pas de le dire et le redire avec des mots, il faudra en témoigner. Autrement dit, le mettre au monde dans la communauté des croyants, accoucher de son corps mystique. Elles vont donner corps à la Parole, enfanter des humains à la vie nouvelle, par la foi au Ressuscité.
Peut-on se fier à des femmes, se disaient les disciples ? Ainsi, des femmes, à qui la Loi juive déniait la capacité juridique de témoigner, vont témoigner de la résurrection du Christ et les sortir de leurs préoccupations terre-à-terre dont ils étaient prisonniers. C’est elles qui vont les ramener à tout ce que Jésus leur avait promis et confié, mais qui fut balayé par le désarroi et les abandons à l’heure de la Passion.
De fait, elles ont parlé aux Onze et à tous les autres, précise Luc. Résultat ? Elles furent mal reçues. Ils n’ont pas cru un mot de ce qu’elles racontaient et ont pris leurs paroles pour du délire… Des radotages de bonnes femmes !
Mais quand des hommes viendront faire part de leur rencontre et de leur expérience du Ressuscité, ils ne seront pas mieux reçus. Ce qui veut dire que l’incrédulité est plus spontanée que la foi. Ce n’est d’ailleurs que lentement et péniblement que la foi au Ressuscité s’est imposée aux apôtres comme venant de Dieu… Ce n’est pas plus facile pour nous ni plus rapide.
Quant à la preuve, car on réclame toujours des preuves, ce ne sera pas un tombeau vide, ni un saint suaire, ni un rapport de police, mais la transformation surprenante et profonde d’une poignée de poltrons en croyants audacieux. Un miracle ! « Les événements de la Pâque de l’an 30, écrit un exégète, ont transformé des femmes craintives en messagères et des lâches ou traîtres en témoins confessants ».
C’est d’ailleurs ce que l’on attend aujourd’hui de notre foi. Il nous faut mettre au tombeau notre esprit du monde et notre incrédulité, pour mener une vie nouvelle, une vie de ressuscité. Faire mourir ce qu’on appelle le vieil homme et laisser vivre un être nouveau, renouvelé.
Il n’empêche que nous rêvons facilement, jusqu’à en être avides, de signes venus du ciel, de preuves palpables, tangibles, visibles, indiscutables. Des témoignages irrésistibles, un raisonnement parfait, qui puissent nous rendre la foi plus facile ou plus claire. Voyez la course aux révélations, aux secrets, aux apparitions… Or, nous n’aurons pas de preuves en dehors de la foi. Par contre, la foi transforme les relations entre les êtres et les rapports entre les choses. C’est là que l’on attend aujourd’hui des témoins et des acteurs, heureux et fiers d’être des disciples du Ressuscité. On doit pouvoir les reconnaître à leur tête, des têtes de sauvés. Non pas simplement à leurs chants, ou à la saveur de leurs alleluias, mais à leur manière de vivre, de se comporter, de parler, de pardonner, d’être solidaires et de partager. D’authentiques artisans de paix. Des témoins crédibles.

P. Fabien Deleclos, franciscain (T)

1925 – 2008