LES EXCELLENTS EFFETS DE LA MÉDITATION DE LA PASSION (PAUL DE LAGNY)

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LES EXCELLENTS EFFETS DE LA MÉDITATION DE LA PASSION (PAUL DE LAGNY)

Mais après tant de témoignages, d’exemples et de Prophéties, qui prouvent que la volonté de Dieu est que nous nous appliquions à la continuelle méditation de la douloureuse Passion de notre Seigneur Jésus Christ, que nous reste-t-il à faire, sinon de nous y appliquer en effet, et de dire avec l’Apôtre :
C’est pourquoi, ayant une telle quantité de témoins irréprochables, déposons tous les fardeaux des affections de la terre, avec toutes les mauvaises habitudes du péché qui nous retiennent, pour courir par la patience dans la lice du combat qui nous est proposé ; et pour nous y animer, considérons Jésus-Christ, le principe de notre foi et le consommateur de toutes les vertus, lequel s’étant proposé la gloire qui lui en devait arriver, a supporté les tourments de la Croix, sans se soucier de l’ignominie qu’il en souffrait alors puisque enfin il se trouve maintenant assis à la droite de Dieu son Père. Repassez en votre mémoire celui qui a souffert tant de tourments de la part des pécheurs, afin que vos esprits ne se lassent pas dans les fatigues qui leur faut prendre pour acquérir la vertu. Qu’il vous ressouvienne donc que vous n’avez pas encore résisté au péché jusqu’au sang, mais que vous avez oublié la consolation que Dieu vous donne comme à ses enfants bien-aimés, par ces paroles : Ne vous lassez pas de souffrir lorsqu’il vous reprendra, d’autant que le Seigneur châtie celui qu’il aime et mortifie le fils qu’il adopte. Et pour vous, persévérez en la souffrance.
De tout ce discours de l’Apôtre, je recueille de très excellents effets, qui proviennent à l’âme de la méditation de la sainte Passion de Jésus-Christ.
Le premier est que nous devons demeurer convaincus par l’exemple de notre Seigneur, que Dieu nous propose en cette vie des souffrances continuelles, afin de nous donner occasion de mériter, et d’arriver au point de gloire qu’il nous a préparé au Ciel, en gardant une patience invincible parmi toutes les contradictions qui nous arrivent, ainsi que dit l’Apôtre par ces paroles : courir par la patience dans la lice du combat qui nous est proposé.
Le second est que nous ne pouvons de nous-mêmes endurer les adversités de la vie, sans envisager Jésus-Christ souffrant et mourant pour nous en Croix ; afin que son exemple anime notre courage, et sa grâce nous donne la force de souffrir, conformément à ces paroles du saint Apôtre : Considérons le principe de notre foi.
Le troisième est que la perfection des vertus s’acquiert que dans l’excès de la peine et de la patience, lorsque l’âme se trouvant puissamment attaquée, elle redouble son courage pour résister à ses ennemis, non en leur rendant le mal, mais en souffrant celui qu’ils lui font, sur le modèle de Jésus-Christ, lequel est appelé par l’Apôtre Consommateur, parce que, en effet, ce fut en Croix que toutes ses héroïques vertus furent dans leur dernière consommation.
Le quatrième est que l’âme qui médite la sainte Passion de notre Seigneur, méprise tous les tourments et toutes les confusions de cette vie, qu’elle endure de bon cœur dans l’envisagement des joies ineffables et du bonheur éternel qui l’attendent au Ciel, à l’exemple de notre divin Sauveur : Il a supporté les tourments de la Croix, sans se soucier de l’ignominie qu’il en souffrait alors puisque enfin il se trouve maintenant assis à la droite de Dieu son Père.
Le cinquième est que l’âme juste ne s’étonne pas si elle est persécutée par les méchants, après avoir considéré l’épouvantable attentat des Juifs sur la sacrée Personne de Jésus-Christ, selon cette réflexion que donne l’Apôtre quand il dit : Repassez en votre mémoire celui qui a souffert tant de tourments de la part des pécheurs, afin que vos esprits ne se lassent pas dans les fatigues.
Le sixième est que le juste se console quand il se voit affligé ou persécuté en ce monde, parce qu’il croit que Dieu le traite en Père et qu’il devient son Fils par grâce, si à l’imitation de Jésus-Christ son Fils unique il souffre avec beaucoup de patience, ainsi que le saint Apôtre nous donne à entendre par ces paroles : Qu’il vous ressouvienne donc que vous n’avez pas encore résisté au péché jusqu’au sang, mais que vous avez oublié la consolation que Dieu vous donne comme à ses enfants bien-aimés, par ces paroles : Ne vous lassez pas de souffrir lorsqu’il vous reprendra, d’autant que le Seigneur châtie celui qu’il aime et mortifie le fils qu’il adopte.
Le septième est la persévérance dans les douleurs et dans la patience jusqu’à la mort, quand on voit que c’est dans ce pénible exercice que le divin Sauveur a fini sa vie, ainsi que le grand Apôtre nous veut insinuer par ces beaux mots : Persévérez dans la souffrance jusqu’à la fin.
Saint Bonaventure ajoute un huitième effet, que produit la Méditation de la Passion de notre Seigneur dans les bonnes âmes, à savoir de les enflammer en l’amour divin : Vous pouvez recueillir de tout ce discours, ô Épouse de Jésus-Christ, ô fille de Dieu, combien ignominieuse, combien douloureuse, combien méprisée, combien longue a été la Mort et Passion de votre très aimable Époux Jésus-Christ. Mais remarquez qu’il a voulu souffrir toutes ces choses afin de vous embraser de son amour et que, pour toutes ces choses, vous l’aimassiez de tout votre cœur, de toute votre âme, de toute votre pensée. Car quoi de plus obligeant que de voir le Seigneur prendre la forme de serviteur, pour sauver son serviteur ? Quoi de plus puissant pour nous adresser dans les voies de salut que l’exemple qu’il nous donne de souffrir la mort pour la justice et pour obéir à Dieu ? Mais quoi de plus efficace pour exciter l’homme à aimer Dieu que cette excessive bonté par laquelle le Fils du Très-Haut a voulu donner sa vie pour nous, sans que nous l’eussions mérité et, ce qui est inconcevable, quoique nous eussions commis des crimes qui nous rendaient indignes de cette grâce ?

Paul de Lagny
Méditations religieuses pour le soir (1663)
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