Archive pour le 31 mars, 2015

Station IV – Jesus meets His Mother

31 mars, 2015

Station IV – Jesus meets His Mother dans images sacrée

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CHEMIN D’EXODE (3) – LES SAGES-FEMMES D’ÉGYPTE/3

31 mars, 2015

http://combonianum.org/2015/03/16/chemin-dexode-3/

CHEMIN D’EXODE (3)

LES SAGES-FEMMES D’ÉGYPTE/3

RÉFLEXION DE LUIGINO BRUNI SUR LE LIVRE DE L’EXODE.

Les libérations et les épines :
Moïse n’est pas parfait, mais il sait écouter Dieu et se reconnaître frère.
Seigneur, envoie encore des prophètes, des hommes certains de Dieu, des hommes au cœur de feu. C’est toi qui parles de leurs buissons ardents sur les cendres de nos paroles, dans le désert des temples : tu dis aux pauvres d’espérer encore. (David Maria Turoldo)

La rencontre décisive dans la vie de Moïse advient au cours d’un jour de travail ordinaire. “Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madian ; il l’emmena par-delà le désert et parvint à la montagne de Dieu, l’Horeb.” (Ex 3, 1). Moïse était un immigré qui travaillait pour vivre. Comme Jacob au pays de Laban, comme tant d’hommes de son temps et du notre. Et c’est dans son humble travail de salarié que survient l’événement qui changera son histoire et la nôtre.
Les usines, les bureaux, les salles de cours, les champs, les maisons… peuvent être et sont le lieu des rencontres fondamentales de la vie, y compris des théophanies. Les rendez-vous décisifs nous rejoignent dans les lieux de la vie quotidienne, et donc au travail (c’est aussi pourquoi il est important de travailler). Nous pouvons participer à mille liturgies, faire cent pèlerinages et des dizaines de retraites spirituelles, et vivre ainsi des expériences splendides, mais les événements qui vraiment nous changent adviennent au quotidien, quand, sans qu’on s’y attende, une voix nous appelle par notre nom dans nos humbles lieux de vie : la vaisselle, la correction d’un devoir, la conduite d’un bus… ou quand nous faisons paître un troupeau, près des buissons qui brûlent dans nos périphéries.
La première partie de la vie de Moïse est sous le signe de la normalité. Les vocations bibliques ne sont pas spectaculaires, ni liées au caractère extraordinaire des appelés, ni à leur mérite (dans la Bible, qui aime la ‘méritocratie’ ne trouve aucun allié). Moïse n’est pas choisi parce qu’il est bon ou meilleur que les autres hommes. Comme Noé, il est appelé à construire une arche de salut : “Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse, Moïse ! » Il répondit : « Me voici. » Il reprit : « N’approche pas d’ici, retire tes sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte. » Et il dit : « Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. » (3, 4-6).
C’est un autre cri, de Dieu cette fois, que Moïse sait écouter ; une voix à laquelle il croit, et qu’il reconnaît sans la connaître. Moïse, en effet, n’avait pas été éduqué parmi les siens. Il avait grandi chez les égyptiens (de qui venait son nom), et puis il avait vécu auprès d’un peuple étranger et idolâtre. Il n’avait pas entendu raconter les histoires des patriarches au cours des longues soirées sous la tente. Il se peut même que les noms d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ne lui disaient pas grand chose. De qui donc était cette voix qui lui parlait du buisson ? Comment la distinguer de celle de ces nombreux dieux qui peuplaient la terre de Madian ? À la différence des patriarches, Moïse dialogue directement avec Dieu, discute avec lui, lui demande son nom (JHWH), réclame des signes, se rebelle, et finalement part : “Va ! Je t’envoie auprès de pharaon, fais sortir d’Égypte mon peuple, les Israélites.” Moïse dit à Dieu : “Qui suis-je pour aller trouver Pharaon et faire sortir d’Égypte les Israélites ?… Ils ne me croiront pas, ils n’écouteront pas ma voix” (3, 9-11 ; 4,1). Et Moïse met en discussion son aptitude à remplir cette mission. Il ne sait pas parler, peut-être bégaye-t-il (“je ne suis pas doué pour la parole, ma bouche et ma langue sont pesantes”) ; il lui manque donc le principal instrument du prophète. Dieu le convainc en lui disant que le premier vrai instrument du prophète n’est pas la bouche, mais sa propre personne : la voix, c’est son frère Aaron qui la lui prêtera : “tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche“. Et Moïse partit. (4, 18).
Ce dialogue révèle une dimension essentielle de toute authentique vocation prophétique (toute vocation authentique est aussi prophétique). Ce ne sont pas l’éloquence ni les techniques de communication qui donnent contenu et force à la prophétie. Il y a des prophètes qui ont sauvé et qui sauvent beaucoup de gens sans savoir ni parler ni écrire : ils ont prononcé et écrit des paroles de vie. La prophétie est gratuité, et sa première expression est la reconnaissance que la vocation est un don entièrement reçu, et non une œuvre personnelle. Elle est donnée de surcroît, et qui est appelé n’est pas l’auteur de la voix. La seule parole nécessaire au prophète est ‘Me voici’.
L’éloquence accompagne souvent les faux prophètes, les sophistes qui usent de talents et de techniques pour manipuler les autres et les promesses. Cymbales retentissantes. Le sentiment et la perception objective de la propre inadéquation à la mission sont le premier signe de l’authenticité d’une vocation. Douter de sa propre voix est essentiel pour croire à la vérité de la Voix qui nous appelle. Il faut donc considérer avec défiance celui qui attend d’être envoyé comme sauveur parce qu’il s’est préparé à ce rôle, parce qu’il a appris le ‘métier de prophète’ et qu’il se sent prêt à l’exercer.
Moïse reconnaît que la voix exigeante qui l’appelle est bonne pour le salut. Dans tout son dialogue, il ne met jamais en question la vérité de la voix qui l’appelle. L’homme est capable de reconnaître ‘la voix’ qui lui parle dans les rencontres décisives de la vie. Elle est bien reconnaissable cette voix quand on l’entend. Nous pouvons ne pas lui répondre, la nier parce qu’elle nous dérange, nous boucher les oreilles et celles de l’âme, mais toujours nous la reconnaissons.
Ce dialogue nous dit beaucoup de choses aussi sur le Dieu de la Bible : il n’est pas un monarque qui donne des ordres à ses sujets. C’est le Dieu de l’Alliance, qui dialogue, convainc, se fâche, argumente. C’est un logos. Et il a besoin du ‘oui’ de Moïse pour agir dans l’histoire ; comme au temps du déluge, il a besoin de la réponse d’un homme pour sauver son peuple. Il lui faut devenir ami et compagnon de l’homme. Sans les grandes vocations bibliques, et sans les vocations qui continuent de peupler la terre, Dieu serait bien loin.
La grande vocation de Moïse nous dit aussi que pour redevenir libres, il ne suffit pas de crier avec force et avec foi notre souffrance du fond de nos esclavages. Il ne suffit même pas que ce cri de douleur soit entendu du Ciel (“J’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte et j’ai entendu son cri”. 3,7). Pour sortir des esclavages personnels et collectifs, il faut que quelqu’un réponde “oui” à un appel à libérer les autres.
Moïse est le plus grand exemple de celui qui est appelé à libérer les autres de l’esclavage, sans être lui-même esclave. Moïse n’est pas aux travaux forcés en Égypte ; il est un travailleur immigré, salarié au pays de Madian. Mais il fait partie du peuple opprimé, en tant que fils et frère. Il est hors du ‘trou’ où sont tombés les autres, et il peut donc les libérer. Il n’est pas esclave, mais il souffre de la condition d’esclave de ‘ses frères’, au point de tuer un égyptien qui avait frappé l’un d’eux. Nous ne libérons personne si nous ne ressentons d’abord en notre propre chair la douleur de la souffrance d’autrui. Gandhi, Mère Teresa, Don Oreste, et des milliers d’autres ‘libérateurs’, ont su répondre un jour “Me voici” à un appel à libérer les autres, parce qu’ils avaient auparavant souffert de l’esclavage de leur ‘peuple’. Ils étaient hors de la fosse, mais ils souffraient avec ceux qui s’y trouvaient, et pour eux ; ils se sentaient du même peuple, ils compatissaient vraiment à leur souffrance.
Ce ne sont pas les pharaons qui nous libèrent des travaux forcés. La libération des opprimés vient des opprimés : du peuple, d’un fils du peuple, d’un ‘frère’ de sang ou de qui devient frère par vocation – on peut devenir frères. Sans s’indigner et souffrir du sort des frères soumis à toute forme d’’esclavage’, sans s’exiler loin des pharaons, sans risquer de finir au tribunal à cause des puissants, on ne libère personne. On finit plutôt par découvrir que les ‘libérateurs’ sont salariés des pharaons. Les entrepreneurs et les politiques qui ont libéré et qui libèrent vraiment les pauvres des trappes qui les enserrent, sont ceux qui ont compati aux souffrances des habitants des faubourgs du monde, en les rencontrant, en les embrassant. Ils se sont sentis solidaires, parfois même sont devenus leurs frères, et quand ils ont entendu une voix les interpeller, ils ont été capables de répondre et de partir. Sans ces souffrances, ces étreintes, ces écoutes fraternelles, on peut faire un peu de philanthropie ou lancer une campagne médiatique. Mais les vraies libérations naissent d’un cri, d’une écoute, d’une douleur, et d’un “Me voici“.
Nous voyons peu de libérations parce que nous ne crions pas assez, ou parce que nous ne parvenons pas à crier à la place de celui qui n’en a plus la force. Mais le monde souffre surtout du manque de personnes qui savent compatir à la douleur de leur peuple opprimé, écouter ‘la’ voix, se laisser convertir, et puis répondre. Souffrir des injustices qui nous entourent est une forme élevée d’amour-agapè, la base de toute libération.
Beaucoup de buissons épineux brûlent dans les alentours de nos pâturages. Cela fait des années qu’ils brûlent, sans jamais se consumer. De leur foyer des voix nous appellent ; elles attendent notre “Me voici“.

Paru dans Avvenire le 24/08/2014

LES EXCELLENTS EFFETS DE LA MÉDITATION DE LA PASSION (PAUL DE LAGNY)

31 mars, 2015

http://www.freres-capucins.fr/Les-excellents-effets-de-la.html

LES EXCELLENTS EFFETS DE LA MÉDITATION DE LA PASSION (PAUL DE LAGNY)

Mais après tant de témoignages, d’exemples et de Prophéties, qui prouvent que la volonté de Dieu est que nous nous appliquions à la continuelle méditation de la douloureuse Passion de notre Seigneur Jésus Christ, que nous reste-t-il à faire, sinon de nous y appliquer en effet, et de dire avec l’Apôtre :
C’est pourquoi, ayant une telle quantité de témoins irréprochables, déposons tous les fardeaux des affections de la terre, avec toutes les mauvaises habitudes du péché qui nous retiennent, pour courir par la patience dans la lice du combat qui nous est proposé ; et pour nous y animer, considérons Jésus-Christ, le principe de notre foi et le consommateur de toutes les vertus, lequel s’étant proposé la gloire qui lui en devait arriver, a supporté les tourments de la Croix, sans se soucier de l’ignominie qu’il en souffrait alors puisque enfin il se trouve maintenant assis à la droite de Dieu son Père. Repassez en votre mémoire celui qui a souffert tant de tourments de la part des pécheurs, afin que vos esprits ne se lassent pas dans les fatigues qui leur faut prendre pour acquérir la vertu. Qu’il vous ressouvienne donc que vous n’avez pas encore résisté au péché jusqu’au sang, mais que vous avez oublié la consolation que Dieu vous donne comme à ses enfants bien-aimés, par ces paroles : Ne vous lassez pas de souffrir lorsqu’il vous reprendra, d’autant que le Seigneur châtie celui qu’il aime et mortifie le fils qu’il adopte. Et pour vous, persévérez en la souffrance.
De tout ce discours de l’Apôtre, je recueille de très excellents effets, qui proviennent à l’âme de la méditation de la sainte Passion de Jésus-Christ.
Le premier est que nous devons demeurer convaincus par l’exemple de notre Seigneur, que Dieu nous propose en cette vie des souffrances continuelles, afin de nous donner occasion de mériter, et d’arriver au point de gloire qu’il nous a préparé au Ciel, en gardant une patience invincible parmi toutes les contradictions qui nous arrivent, ainsi que dit l’Apôtre par ces paroles : courir par la patience dans la lice du combat qui nous est proposé.
Le second est que nous ne pouvons de nous-mêmes endurer les adversités de la vie, sans envisager Jésus-Christ souffrant et mourant pour nous en Croix ; afin que son exemple anime notre courage, et sa grâce nous donne la force de souffrir, conformément à ces paroles du saint Apôtre : Considérons le principe de notre foi.
Le troisième est que la perfection des vertus s’acquiert que dans l’excès de la peine et de la patience, lorsque l’âme se trouvant puissamment attaquée, elle redouble son courage pour résister à ses ennemis, non en leur rendant le mal, mais en souffrant celui qu’ils lui font, sur le modèle de Jésus-Christ, lequel est appelé par l’Apôtre Consommateur, parce que, en effet, ce fut en Croix que toutes ses héroïques vertus furent dans leur dernière consommation.
Le quatrième est que l’âme qui médite la sainte Passion de notre Seigneur, méprise tous les tourments et toutes les confusions de cette vie, qu’elle endure de bon cœur dans l’envisagement des joies ineffables et du bonheur éternel qui l’attendent au Ciel, à l’exemple de notre divin Sauveur : Il a supporté les tourments de la Croix, sans se soucier de l’ignominie qu’il en souffrait alors puisque enfin il se trouve maintenant assis à la droite de Dieu son Père.
Le cinquième est que l’âme juste ne s’étonne pas si elle est persécutée par les méchants, après avoir considéré l’épouvantable attentat des Juifs sur la sacrée Personne de Jésus-Christ, selon cette réflexion que donne l’Apôtre quand il dit : Repassez en votre mémoire celui qui a souffert tant de tourments de la part des pécheurs, afin que vos esprits ne se lassent pas dans les fatigues.
Le sixième est que le juste se console quand il se voit affligé ou persécuté en ce monde, parce qu’il croit que Dieu le traite en Père et qu’il devient son Fils par grâce, si à l’imitation de Jésus-Christ son Fils unique il souffre avec beaucoup de patience, ainsi que le saint Apôtre nous donne à entendre par ces paroles : Qu’il vous ressouvienne donc que vous n’avez pas encore résisté au péché jusqu’au sang, mais que vous avez oublié la consolation que Dieu vous donne comme à ses enfants bien-aimés, par ces paroles : Ne vous lassez pas de souffrir lorsqu’il vous reprendra, d’autant que le Seigneur châtie celui qu’il aime et mortifie le fils qu’il adopte.
Le septième est la persévérance dans les douleurs et dans la patience jusqu’à la mort, quand on voit que c’est dans ce pénible exercice que le divin Sauveur a fini sa vie, ainsi que le grand Apôtre nous veut insinuer par ces beaux mots : Persévérez dans la souffrance jusqu’à la fin.
Saint Bonaventure ajoute un huitième effet, que produit la Méditation de la Passion de notre Seigneur dans les bonnes âmes, à savoir de les enflammer en l’amour divin : Vous pouvez recueillir de tout ce discours, ô Épouse de Jésus-Christ, ô fille de Dieu, combien ignominieuse, combien douloureuse, combien méprisée, combien longue a été la Mort et Passion de votre très aimable Époux Jésus-Christ. Mais remarquez qu’il a voulu souffrir toutes ces choses afin de vous embraser de son amour et que, pour toutes ces choses, vous l’aimassiez de tout votre cœur, de toute votre âme, de toute votre pensée. Car quoi de plus obligeant que de voir le Seigneur prendre la forme de serviteur, pour sauver son serviteur ? Quoi de plus puissant pour nous adresser dans les voies de salut que l’exemple qu’il nous donne de souffrir la mort pour la justice et pour obéir à Dieu ? Mais quoi de plus efficace pour exciter l’homme à aimer Dieu que cette excessive bonté par laquelle le Fils du Très-Haut a voulu donner sa vie pour nous, sans que nous l’eussions mérité et, ce qui est inconcevable, quoique nous eussions commis des crimes qui nous rendaient indignes de cette grâce ?

Paul de Lagny
Méditations religieuses pour le soir (1663)
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