Archive pour le 20 mars, 2015

DOUZIÈME STATION, Jésus sur la Croix, la Mère et le disciple

20 mars, 2015

 DOUZIÈME STATION, Jésus sur la Croix, la Mère et le disciple dans images sacrée stazione12
http://www.vatican.va/news_services/liturgy/2007/via_crucis/fr/station_12.html

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 22 MARS 2015 – DEUXIEME LECTURE – LETTRE AUX HÉBREUX : 5. 7 – 9

20 mars, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 22 MARS 2015

DEUXIEME LECTURE – LETTRE AUX HÉBREUX : 5. 7 – 9

Le Christ,
7 pendant les jours de sa vie dans la chair,
offrit, avec un grand cri et dans les larmes,
des prières et des supplications
à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ;
et il fut exaucé
en raison de son grand respect.
8 Bien qu’il soit le Fils,
il apprit par ses souffrances l’obéissance
9 et, conduit à sa perfection,
il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent
la cause du salut éternel.

La lettre aux Hébreux s’adresse à des Chrétiens d’origine juive. L’auteur cherche à éclairer leur foi chrétienne toute neuve à partir de leur foi juive et de leur connaissance de l’Ancien Testament. Son objectif est de montrer que l’histoire humaine a franchi avec le Christ une étape décisive : il y avait eu le régime de l’Ancienne Alliance, désormais il y a l’Alliance Nouvelle, annoncée par Jérémie ; cette Alliance Nouvelle est réalisée dans la personne même du Christ. Parce qu’il est à la fois Dieu et homme, pleinement Dieu et pleinement homme, il est l’Homme-Dieu, celui qui unit intimement, irrévocablement Dieu et l’humanité jusque dans sa personne même.
Et c’est ainsi que s’accomplit la prophétie de Jérémie « Voici venir des jours où je conclurai avec la Maison d’Israël et avec la Maison de Juda une Alliance Nouvelle ».
Donc très normalement, l’auteur insiste à la fois sur l’humanité et sur la divinité du Christ ; pleinement homme, il est mortel, il connaît la souffrance et l’angoisse devant la mort : « Pendant les jours de sa vie mortelle, le Christ a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort… »
L’expression « Pendant les jours de sa vie mortelle » dit bien qu’il est homme, mortel…
Devant la perspective de la persécution, de la Passion, il a prié et supplié Dieu qui pouvait le sauver de la mort. Jusque-là, nous comprenons ; mais l’auteur ajoute « il a été exaucé » ; affirmation plutôt surprenante ! Car, en définitive, malgré sa prière et sa supplication, il est mort… Donc on peut se demander en quoi il a été exaucé…
Il faut croire que sa prière ne signifiait pas ce que nous imaginons à première vue. Je m’arrête un peu là-dessus : ici, visiblement, l’auteur fait allusion à Gethsémani :
le grand cri et les larmes du Christ, sa prière et sa supplication disent son angoisse devant la mort et son désir d’y échapper.
Cet épisode de Gethsémani est rapporté par les trois évangiles synoptiques à peu près dans les mêmes termes ; les trois évangélistes notent la tristesse et l’angoisse du Christ, en même temps que sa détermination. Saint Luc dit « Jésus priait, disant : Père, si tu veux, éloigne cette coupe loin de moi ! Cependant, que ta volonté soit faite, et non la mienne ! » (Lc 22, 42). Que Jésus ait désiré échapper à la mort, c’est clair ; et il a dit à son Père ce désir ; mais sa prière ne s’arrête pas là ; sa prière, justement, c’est « Que ta volonté soit faite… et non la mienne ». Dans sa prière, le Christ fait passer le désir de son Père avant le sien propre. Voilà déjà une formidable leçon pour nous !
Le Christ a cette confiance absolue dans son Père : ce que l’auteur de la lettre aux Hébreux traduit par : « Il s’est soumis en tout ». Le mot « soumission » ou « obéissance » dans la Bible, signifie justement cette confiance totale ; parce qu’il sait que la volonté de Dieu n’est que bonne. Dans la prière qu’il nous a enseignée, s’il nous invite à répéter après lui « Que ta volonté soit faite », c’est pour que nous apprenions à souhaiter la réalisation du projet de Dieu parce que Dieu n’a pas d’autre projet que notre bonheur !
Comme dit Saint Paul dans sa première lettre à Timothée : « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. » (1 Tm 2, 4).
Cette prière du Christ a été doublement exaucée : parce que le salut du monde a été accompli et parce qu’il est ressuscité. En ce sens-là, il a été « sauvé de la mort ».
L’auteur n’hésite pas non plus à dire que Jésus a aussi, comme tout homme, connu un apprentissage : « Il a appris l’obéissance par les souffrances de sa passion ». Ce mot d’apprentissage signifie qu’il a eu, comme tout homme, un chemin à parcourir : celui de la souffrance et de l’angoisse devant la mort ; et là, l’humanité connaît deux attitudes, la peur de Dieu ou la confiance en Dieu. Et parce qu’il n’a pas quitté la confiance dans le Dieu de la vie, son chemin l’a conduit à la résurrection. On ne peut pas ne pas penser ici à l’épisode de Césarée ; quand Jésus avait commencé à prévenir ses apôtres de ce qu’il lui faudrait affronter, Pierre s’était insurgé : « Jésus-Christ commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des Anciens, des grands-prêtres et des scribes, être mis à mort, et, le troisième jour, ressusciter. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander en disant : Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! Mais lui, se retournant, dit à Pierre : Retire-toi ! Derrière moi, Satan ! Tu es pour moi occasion de chute, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » (Mt 16, 21-23 ; Mc 8, 31-33). A Gethsémani, Jésus a résolument fait passer les vues de Dieu avant les siennes.
« Et ainsi, continue le texte, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel ». Le « salut », c’est précisément connaître Dieu tel qu’il est, le Dieu dont l’amour nous fait vivre. « Obéir » au Christ, c’est, à notre tour, lorsque nous traversons la souffrance, lui faire confiance, suivre son exemple, et donc faire confiance à la volonté du Père. A ses disciples, Jésus a donné son secret : « Veillez et priez afin de ne pas tomber au pouvoir de la tentation ». (Mc 14, 38). Il ne s’agit pas de je ne sais quelle arithmétique du genre « si vous priez bien, Dieu vous évitera la tentation »… Il s’agit de la grande réalité de la prière : prier, c’est rester en contact avec Dieu, lui faire confiance ; c’est tout le contraire de la tentation, celle à laquelle pense Jésus : la tentation de soupçonner les intentions de Dieu, de penser qu’il nous veut du mal et donc de nous révolter. Suivre l’exemple du Christ, semble-t-il, c’est premièrement, oser dire à Dieu notre désir, et deuxièmement, lui faire assez confiance pour ajouter aussitôt « Cependant, que ta volonté soit faite, et non la mienne ! »
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Compléments
- Le mot « perfection » (verset 9) ici a également un autre sens : il s’agit de la « consécration » du grand prêtre ; l’objectif majeur de la Lettre aux Hébreux étant de démontrer que le Christ est vraiment le grand prêtre de la Nouvelle Alliance.
- Les psychologues qui analysent notre comportement religieux comptent trois étapes dans la croissance spirituelle : première étape, celle de l’enfant, qui ne connaît que son désir ; il tape des pieds en disant « Que ma volonté se fasse ». Deuxième étape, lorsque nous avons pris conscience de notre impuissance à combler par nous-mêmes tous nos désirs, alors on prie Dieu pour qu’il nous y aide : la prière devient « Que ma volonté se fasse avec ton aide ». (Il me semble qu’un certain nombre de nos prières ressemblent à celle-là…) Troisième étape, celle de la foi, c’est-à-dire de la confiance absolue dans le projet de Dieu : « Que ta volonté se fasse et non la mienne ».

 

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DE CARÊME

20 mars, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,4146.html

5E DIMANCHE DE CARÊME

DIMANCHE 22 MARS 2015

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Le chapitre 12 de Jean conclut la première partie de l’Evangile, qu’il est convenu d’appeler « le livre des signes ». Six événements y ont été rapportés, six signes, en attente de leur accomplissement dans un septième signe : celui du passage de la mort à la vie que Jésus s’apprête à accomplir. L’Evangile de ce jour nous introduit à « l’heure » de cet ultime signe qui donne leur sens à tous les autres.
Nous sommes dans les derniers jours avant la fête de la Pâque à Jérusalem ; Jésus vient de faire une entrée triomphale dans la ville, aux cris de « Hosanna » proférés par la foule – comme le demandait la liturgie dans les cérémonies préfigurant la venue du Messie. Aussi les autorités religieuses sont-elles inquiètes devant le succès populaire grandissant du Rabbi de Nazareth : « Vous le voyez, se disent-ils entre eux dans les versets précédant notre péricope, vous n’arriverez à rien : voilà que le monde se met à sa suite. »
Comme pour confirmer cette remarque, des Grecs cherchent à entrer en relation avec Jésus. Ces païens devenus demi-juifs par leur pratique religieuse, sont « montés à Jérusalem » en pèlerins, pour « adorer Dieu durant la Pâque ». C’est à cette occasion qu’ils souhaitent approcher Jésus ; ils sollicitent une entrevue par l’intermédiaire des disciples les plus grecs, André et Philippe, originaires de la contrée fortement hellénisée de Bethsaïde. Au moment où s’achève la mission de Jésus auprès des Juifs, la présence de ces païens annonce la mission universelle à venir.
Notre-Seigneur interprète sans hésitation la venue de ces étrangers comme le signe annonciateur de l’avènement de son « heure » – l’heure de sa glorification par sa mort et sa résurrection. Une lecture attentive nous fait découvrir la séquence suivante :
- Jésus révèle d’abord le sens de sa mort prochaine par l’image du « grain de blé tombé en terre », qui doit accepter de mourir pour « donner beaucoup de fruit ».
- Puis il prononce une courte prière qui trahit son angoisse devant sa Passion prochaine.
- Au consentement du Fils qui parvient à dominer sa frayeur et choisit résolument d’accomplir sa mission quoi qu’il lui en coûte, répond la voix du Père – c’est la première fois qu’elle se fait entendre dans le quatrième Evangile.
- Fort de cette confirmation Notre-Seigneur se tourne vers la foule pour prophétiser solennellement la défaite des forces du mal qui vont se déchaîner contre lui, et annoncer son triomphe à travers le rassemblement des croyants.

Saint Jean ne raconte ni l’agonie ni la transfiguration du Christ, mais il s’inspire de ces deux épisodes dans le récit que nous venons d’entendre. Nous pourrions dire que l’évangile de ce dimanche constitue le récit de l’agonie de Jésus – le « Gethsémani » – du 4ème Evangile, interprété par Notre-Seigneur lui-même. L’heure de Jésus est l’heure du grain qui meurt, et cet abaissement est paradoxalement aussi l’heure de son élévation – élévation sur la Croix d’où il attirera à lui tous les hommes, prélude de son élévation au plus haut des cieux, à la droite du Père. Le Seigneur nous a ouvert ce passage au prix d’amères souffrances, dont nous pressentons l’horreur dans les termes très réalistes de la lettre aux Hébreux : « Le Christ, pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et des larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort » (2nd lect.). La raison de ces épreuves nous est sobrement explicitée : « Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa passion ; et ainsi conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent, la cause du salut éternel ». Le Fils éternel est bien sûr parfaitement obéissant au Père dont il est l’expression parfaite et auquel il est parfaitement uni dans une même volonté de salut. Mais le Verbe incarné, le « Fils de l’homme », a du consentir jusque dans sa volonté humaine, à descendre dans la mort, et la mort sur la Croix, pour y déverser le baume de la vie éternelle qui nous procure le salut.
Nous pressentons que l’intériorisation de l’Alliance ne pouvait se faire qu’au prix de l’incarnation rédemptrice : le Verbe s’est fait chair, il a assumé pleinement notre humanité meurtrie par le péché, afin que désormais l’Alliance ne soit plus un pacte écrit sur des tables de pierre qui nous demeurent extérieures, mais qu’elle soit inscrite « dans nos cœurs, au plus profond de nous-mêmes » (1ère lect.). Si nous entrons dans cette Alliance nouvelle et éternelle – ce qui implique que nous consentions comme le Christ à obéir au dessein du Père – alors « il nous pardonnera nos fautes ; il sera notre Dieu, et nous serons son peuple » (Ibid.) ; « il nous donnera un cœur nouveau, mettra en nous en esprit nouveau » (Ps 50) conformément à la promesse faite à ses saints les prophètes. Telle est la condition pour « voir » Jésus, conformément au souhait exprimé par les Grecs. La réponse de Notre-Seigneur à ces hommes, exprime précisément cette difficulté à le « voir » ; car la manifestation ou glorification du Fils n’est visible que dans la foi, et celle-ci implique une traversée de la mort. La vision ne s’ouvre en effet qu’au-delà de la mort à l’orgueil de la chair, pour qui la croix demeure un scandale opaque et inadmissible, dont seule une foi humble et sincère peut triompher.
Cette exigence demeure vraie pour tous les temps de l’Eglise jusqu’à la Parousie, c’est-à-dire jusqu’à la pleine manifestation du Fils de l’Homme dans sa gloire divine. Jusqu’à cet ultime accomplissement du dessein de Dieu, tous ceux qui veulent « voir » le Christ, sont renvoyés au signe de son Corps, c’est-à-dire à son Eglise ; mais il leur faut regarder plus loin que la faiblesse de ce paraître encore marqué par le péché, pour découvrir l’Epouse bien-aimée, qui ne sera pleinement manifestée qu’au-delà de sa propre Pâques. Cette Pâques, c’est à chacun de nous de la réaliser jour après jour dans notre propre vie, en consentant comme le grain de blé tombé en terre, à mourir à nous-mêmes, pour vivre de la vie de celui en qui nous avons mis notre foi.

« Seigneur, “l’heure” de ton Eglise n’est pas séparable de la tienne, mais hélas ce sont mes résistances à entrer dans la logique du don total qui freinent la glorification de ton Epouse. Oui je le reconnais : j’aime encore ma vie d’un amour de convoitise ; ou pour le dire autrement, j’y suis attaché en ce monde pour d’autres motifs que le service de ceux que tu me confies. Apprends-moi à ne rien te préférer, de manière à chercher à te servir en toutes choses et à demeurer avec toi en toutes circonstances. Si j’accepte ainsi de mourir à moi-même, je suis sûr de “donner beaucoup de fruits” dans l’amour que toi et ton Père me portent. C’est pourquoi je te supplie : “Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle-moi dans ton Esprit Saint. Qu’il me soutienne chaque jour de ma vie, afin que je puisse enseigner aux pécheurs tes chemins et que reviennent vers toi les égarés”, selon ton dessein d’amour sur tout homme. »

Père Joseph-Marie