Archive pour le 12 mars, 2015

DUC DE BERRY, HEURES, UN TEMPS POUR PLANTER

12 mars, 2015

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« SI JE T’OUBLIE, JÉRUSALEM », PAR LE CARD. ETCHEGARAY

12 mars, 2015

http://www.zenit.org/fr/articles/si-je-t-oublie-jerusalem-par-le-card-etchegaray

« SI JE T’OUBLIE, JÉRUSALEM », PAR LE CARD. ETCHEGARAY

Un cri pour la paix au consistoire du 20 octobre

Rome, 24 octobre 2014 (Zenit.org) Cardinal Roger Etchegaray

«Nous devons prouver que nous sommes capables de sanctifier Jérusalem par la paix dans ses murs et de l’ouvrir » : dans une méditation spirituelle, le cardinal Etchegaray lance un « cri » pour la paix, pour que l’Occident n’oublie pas « Jérusalem ».
Le cardinal français Roger Etchegaray, 92 ans, vice-doyen du collège des cardinaux, est intervenu devant le pape François et les cardinaux réunis en consistoire, lundi 20 octobre, sur la situation des chrétiens d’Orient et l’aide à leur apporter.
Cardinal des missions délicates pendant le pontificat de Jean-Paul II – en Chine ou au Proche Orient -, il a notamment été son envoyé spécial en Irak, dans une tentative d’empêcher l’offensive américaine de 2003.

Voici le texte intégral de son discours, publié par Radio Vatican :

A.B.

« Si je t’oublie, Jérusalem » … (Ps 137,6)

Père François, Frères et Sœurs,
Je n’ai qu’un cri à vous lancer, ce cri c’est le mien ! Il vient, avec quelque saveur pimentée, se faufiler parmi les échos d’un Synode dont la vigueur a ravi un vieux cardinal. Mon cri partage l’analyse du cardinal Parolin sur le Moyen-Orient qui a un besoin dramatique et urgent de définir son propre avenir.
Dans le puzzle des conflits, le meilleur stratège a du mal à se retrouver. Jérusalem, c’est la terre résumant la vocation et le destin de l’humanité, Jérusalem, la terre trois fois sainte, à des titres divers, pour les fils d’Abraham, juifs, chrétiens et musulmans. Comprendre Jérusalem, c’est prendre en mains la clef d’interprétation de toute l’histoire de Dieu parmi les hommes. D’elle, chacun de nous peut dire, avec le psalmiste: « Voilà ma mère, en toi tout homme est né » (Ps. 87).
Mais quelle distance, culturelle encore plus que géographique entre Occident et Orient ! À Jérusalem, les forces en faveur de la paix sont plus pressantes que partout ailleurs parce que nourries d’une vision messianique décrite par Isaïe. Tout chercheur de paix doit être un prophète, un pionnier lucide et intrépide qui va jusqu’au bout d’une marche tortueuse vers la paix. A Jérusalem, la responsabilité des Églises est plus grande que partout ailleurs, parce qu’illuminés par la mémoire glorieuse du Christ qui, en mourant sur la croix, comme dit Saint Paul, a détruit le mur de la haine et a créé dans sa propre chair, à partir des frères ennemis, un seul homme tout neuf (Ep 2,11-17).
A chaque pèlerinage, j’ai célébré la messe dans le sanctuaire du « Dominus flevit » face à la cité avec ses remparts, comme Jésus l’a contemplée si souvent depuis le mont des Oliviers au point de verser des larmes par amour pour ses habitants. Ah, ces larmes : « Jérusalem, Jérusalem, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants à la manière dont une poule rassemble ses poussins » (Mt 23,37-40). Maintenant j’ai devant moi une ville encore plus complexe qu’il y a deux mille ans avec les trois familles issues de notre père commun. Toutes peuvent se réclamer de Jérusalem, mais aucune ne peut la réclamer en excluant les autres. Elle n’est pas un lieu qu’on possède, mais un lieu qui nous possède ; elle est une cité où chacun doit se dévêtir de ses allégeances humaines pour être tout entier à la seule allégeance qui compte, celle de Dieu.
Ce drame du Proche-Orient ne peut avoir d’autre issue que spirituelle. Faire le compte des violences réciproques serait vain. Nous devons dépasser les solidarités opposées qui parfois nous divisent jusqu’à la haine. Après 66 ans de tâtonnements et de malentendus, il est grand temps qu’Israéliens et Palestiniens se reconnaissent pleinement et s’acheminent vers une paix dont Jérusalem porte le nom. Abraham, qui fonde notre commune lignée religieuse, risque parfois d’estomper ce qui nous distingue les uns des autres dans l’adoration d’un Dieu unique. Cette convivance à Jérusalem, plus difficile que celle qui fait vivre diverses générations sous un seul toit, exige d’abord la paix à l’intérieur même de chacune des trois familles. Nous devons prouver que nous sommes capables de sanctifier Jérusalem par la paix dans ses murs et de l’ouvrir.
Père François, comme le Bienheureux Paul VI, vous avez osé regarder le monde en lui-même, non plus seulement à partir de l’Église, mais comme le monde se voit lui-même, avec ses audaces, ses risques et ses chances. Qu’on relise son discours tout frémissant à la clôture du Concile : « Je ferme les yeux sur cette terre des hommes, douloureuse, dramatique et magnifique ».

Tout Paul VI est dans cette phrase qui figure à la fin de son testament.

† Card. Roger ETCHEGARAY

Rome, le 20 octobre 2014

LA SAGESSE AUX MILLE VISAGES

12 mars, 2015

http://www.ipastorale.ca/bibliovirtuelle/textes/mars-13.htm

LA SAGESSE AUX MILLE VISAGES

(Cette étude couvre deux pages que je ai mis le premier et ci-dessous le lien du titre à la seconde, donc si vous aimez lire tout
http://www.ipastorale.ca/bibliovirtuelle/textes/mars-13a.htm )

Francine Robert,

Appoint, vol. XLVII, no 246 (fév. 2012), p. 41-48

À la mémoire de Viateur Yelle
On imagine assez spontanément le “vieux sage”, oeil averti et regard profond, rides témoins de la longue expérience, calme tranquille des traits, sourire bienveillant de qui connaît la vie et la nature humaine. On peut même transposer tout ceci sur “la vieille sage”… peut-être avec des traits amérindiens. Que diriez-vous plutôt d’une jeune fille qui danse, dont la grâce éveille la joie de Dieu lui-même ?
La sagesse biblique nous offre mille et un visages. Les visages de la quête humaine du bonheur. Surtout, elle manifeste que la capacité d’adaptation est le ressort fondamental de toute sagesse, et peut-être même la clef du bonheur. Étalées sur plusieurs siècles, les traditions de sagesse de la Bible ne s’érigent jamais en dogmes définitifs, mais témoignent plutôt d’une étonnante diversité, fruit d’une adaptation constante aux défis posés par la vie qui change. Visitons cette galerie de visages. Plusieurs ressemblent à nos contemporains, nos voisins, peut-être nous-mêmes.

Du concret et du quotidien
Voici la tisserande et la fileuse, le tailleur de pierres et le charpentier ; au Moyen-Âge on ajouterait le forgeron, que tous considéraient comme un sage. En effet, la plus ancienne sagesse biblique est le savoir-faire, et les artisans sont appelés des sages, de la racine hébraïque HoKMa (Ex 35,25s ; 36,8 ; 1Ch 22,15). La traduction fréquente “habile” ne leur rend pas justice. Ils et elles savent d’abord s’adapter aux matériaux qu’ils travaillent, ils en connaissent les possibilités et peuvent en tirer le meilleur parti, pour produire “du bel et bon ouvrage”. Cet usage biblique du vocabulaire de la sagesse évoque la capacité d’affronter et de maîtriser les tâches concrètes de la vie quotidienne de manière satisfaisante, source d’un bonheur tranquille.
Dans toutes les sociétés anciennes et modernes, la sagesse populaire prend la forme de proverbes semblables aux nôtres. « Aide-toi et le ciel t’aidera » ; « Rien ne sert de courir, il faut partir à point », etc. Le livre des Proverbes reflète la plus ancienne sagesse populaire biblique. On y voit défiler les pères tâchant de mettre leurs fils sur la bonne voie, les scribes des écoles de sagesse et les conseillers des rois. Voici le visage plutôt conservateur de la sagesse, comme partout. L’expérience des aînés doit guider les plus jeunes : écoute et apprends ! C’est aussi le visage d’hommes attentifs et observateurs, intéressés par les aléas de la vie quotidienne des gens, pauvres et riches, couples et commerçants, enfants et gouvernants. Tout peut leur devenir source d’enseignement :

— As-tu trouvé du miel ? Manges-en à ta faim ;
garde-toi de t’en gorger, tu le vomirais.
— Dans la maison du prochain fais-toi rare, de crainte que,
fatigué de toi, il ne te prenne en grippe.
— Le moral de l’homme surmonte la maladie ;
mais si ce moral est brisé, qui le relèvera ? (Pr 25,16-17 ; 18,14)

Une pensée plurielle et universelle
Comme la vraie vie est remplie de contradictions, le sage consent aux paradoxes :
Ne réponds pas au sot selon sa folie de peur que tu ne lui ressembles toi aussi.
Réponds au sot selon sa folie de peur qu’il ne s’imagine être sage (26,4-5).
Notre sagesse loge à même enseigne : Un ‘je tiens’ vaut mieux que deux ‘tu l’auras’, mais Qui ne risque rien n’a rien. Le truc est de choisir la bonne maxime au bon moment. Dans la sagesse biblique, pas de système dogmatique. Le bon sens, l’intelligence et l’adaptation aux circonstances, voilà qui est sage. Et la confiance : la sagesse traditionnelle est optimiste. Elle a confiance en l’être humain, capable de rationalité et d’une conduite correcte. Il y a des insensés, bien sûr, mais tout le monde peut apprendre à devenir sage ; il suffit de s’y appliquer. Nul besoin d’une révélation particulière de Dieu. C’est le visage du raisonnable, tout ce qui est conseillé est à la portée de tous. Le ton est calme et assuré, sans les envolées lyriques typiques des prophètes.
Le Credo du sage postule avant tout la confiance en Dieu. Le Dieu créateur du monde et de l’humanité. Un monde solide et en ordre, dont Dieu assure la stabilité. Comprendre et respecter cet ordre du monde, y trouver sa place et s’y adapter le mieux possible, voilà le chemin du bonheur. Cela s’appelle “la crainte de Dieu”, i.e. la reconnaissance qu’Il est la source de tout ordre et de tous les bons chemins de vie. C’est la Loi de Moïse, entre autres, mais on la nomme peu dans les livres de sagesse. D’ailleurs on ne parle jamais du Dieu de l’Exode ni de l’Alliance avec Israël. L’intérêt se porte moins sur l’histoire sainte d’un peuple de Dieu, que sur la vie quotidienne, personnelle et sociale. On rencontre donc dans cette galerie de visages curieux et rationnels quelques visages égyptiens et autres étrangers. Car tous les sages de l’Antiquité partagent cette même conviction : l’ordre du monde, fondé par la création divine, est un livre à déchiffrer pour s’y adapter et être heureux.

Deux problèmes
Portrait un peu rose, d’accord. Je signale deux aspects plus problématiques de la sagesse traditionnelle. Le premier : cet ordre du monde intègre évidemment la société. Il y a des pauvres et des riches, des faibles et des puissants, c’est dans l’ordre des choses et la stabilité est une valeur sûre. Donc une tendance que nous qualifierions aujourd’hui d’assez conservatrice : la sagesse n’encourage pas les révolutions ! Mais lisons bien la compassion sur le visage des sages anciens, et leur souci de la justice. Ils appellent très souvent à prendre soin des pauvres et à ne pas exploiter les faibles, car Dieu se soucie d’eux (22,22). Et pour eux la justice est un pilier fondamental pour maintenir l’ordre social. Ils rejoignent ici les prophètes, par les idées sinon par le ton : conseils de générosité et de parole honnête, refus des abus de pouvoir et des privilèges dus à l’argent. Une perle ironique encore d’actualité : Un cadeau ouvre toute les portes et vous mène en présence des puissants (18,16). Qohélet dirait devant nos bulletins de nouvelles : Rien de nouveau sous le soleil !
Le second problème de la sagesse traditionnelle a été perçu plus tard et vivement dénoncé par Job et Qohélet. C’est une dérive logique de la confiance en l’ordre du monde : si je m’y conforme, je serai heureux, ma vie sera longue et sans tragédie. Si je m’en détourne, j’attire mon malheur. Et si la vie ne se charge pas de récompenser ou de punir selon les actes (comme Qui sème le vent récolte la tempête), Dieu lui-même s’en chargera – dans cette vie, car il n’y a pas encore de foi en une vie après la mort. Il faut voir ici quelques visages du genre “bien-pensant”, sévères et figés : la confiance est devenue presqu’un dogme, nul doute que tout se passe comme on le dit depuis toujours et pour toujours. C’est trop beau pour être vrai… et trop rigide pour être encore sagesse biblique.

La sagesse en crise – Job
En 587 av. JC, l’histoire bascule et balaie tous les repères traditionnels. Jérusalem est conquise, le Temple détruit, la dynastie de David abolie, les leaders civils et religieux exilés. On reviendra d’Exil en 538, mais plus rien ne sera comme avant. La Judée et la Galilée, dominées par des étrangers Perses et ensuite Grecs, se découvrent un tout petit territoire dans un vaste monde cosmopolite et polythéiste, aux règles du jeu complexes et déroutantes. Dans tout ce chaos, quel est donc l’ordre du monde ?
Ces épreuves font naître d’autres visages de sages : visages de révolte et de doute. L’auteur du livre de Job manifeste la capacité de la sagesse biblique à suivre sa propre règle : s’adapter – ce qui n’est pas synonyme de “se résigner”. Il campe, non sans ironie, le visage de ces sages bien-pensant qui, refusant de s’adapter, ont fini par inverser leur dogme. On pourrait résumer leurs discours ainsi : s’il est vrai que Le mal poursuit les pécheurs et le bien récompense les justes (Pr 13,21), alors celui dont la vie bascule dans le malheur est sûrement un pécheur et le voilà puni. Traduisons : s’il a des problèmes, c’est sûrement sa faute ! qu’il change et ça ira mieux…
Job a tout perdu : argent, famille, santé. Ses amis prennent la défense d’une sagesse traditionnelle sclérosée. Sur leur visage sensé être sage, pas une ombre de compassion. Pour défendre l’honneur du Dieu qui garantit l’ordre du monde, ils détruisent l’honneur du malheureux : Job est déclaré fautif. Mais plus ils discourent, plus Job résiste à leur logique. Il proclame son innocence et sa certitude d’avoir mené une vie droite, dans les chemins de Dieu. (Voir son “examen de conscience” Job 31,1-11).
Job et ses amis ne s’accordent que sur un point : le malheur, comme le bonheur, est donné par Dieu. Convaincu de son innocence, Job se révolte donc contre Dieu et l’accuse d’agir en bourreau sans raison. En véritable sage, Job prend acte de la réalité de son expérience et tente d’en rendre compte ; même si la réalité contredit ce qu’il croit. Il assume la contradiction de manière originale. Il la place en Dieu lui-même, implorant le Dieu juste de le défendre contre ce même Dieu auquel il reproche de l’accabler : mes yeux pleurent vers Dieu. Lui, qu’il défende l’homme contre Dieu, comme un humain en défend un autre (16,20s). Écrasé de malheurs, Job cherche moins à retrouver le bonheur qu’à comprendre ce qui se passe avec Dieu. Cet aspect de Dieu source de nos malheurs le scandalise : Dans la ville les gens se lamentent, le râle des blessés hurle, et Dieu reste sourd à ces infamies ! (24,12) Bien éloigné du visage calme et serein des sages, ce Job hurlant, pleurant et jetant ses questions désespérées à la face de Dieu ! Pourtant, le livre validera ce visage torturé de la sagesse, et Dieu dira à ses amis : Ma colère flambe contre vous parce que vous n’avez pas parlé de moi avec justesse comme l’a fait mon serviteur Job (42,8).