Archive pour février, 2015
PRIÈRE DE SAINT JEAN DAMASCÈNE À LA SAINTE VIERGE
5 février, 2015http://site-catholique.fr/index.php?post/Priere-de-Saint-Jean-de-Damas-a-Marie-2
PRIÈRE DE SAINT JEAN DAMASCÈNE À LA SAINTE VIERGE
Voici la Prière « Ô fille du roi David et Mère de Dieu » de Saint Jean Damascène (676-749), surnommé aussi Saint Jean de Damas parce que né à Damas, déclaré Père et Docteur de l’Église Catholique du VIIème siècle par le pape Léon XIII en 1890.
La Prière de Saint Jean Damascène « Ô fille du roi David et Mère de Dieu » :
« Ô fille du roi David et Mère de Dieu, roi universel. Ô divin et vivant objet dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l’âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers Celui-là seul qui mérite qu’on le cherche et qui est digne d’amour ; vous n’avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature mais vous ne l’aurez pas pour vous, vous qui n’avez pas été créée pour vous. Vous l’aurez consacrée tout entière à Dieu qui vous a introduite dans le monde afin de servir au salut du genre humain, afin d’accomplir le dessein de Dieu, l’Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre coeur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l’olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l’arbre planté au bord des eaux vives de l’Esprit, comme l’arbre de vie qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n’auront d’autre objet que ce qui profite à l’âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d’en avoir senti le goût. Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et au son de la harpe de l’Esprit par qui le Verbe est venu assumer notre chair. Ô Vous qui êtes à la fois fille et souveraine de Joachim et d’Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur : il n’est qu’un pécheur, et, pourtant, de tout son cœur, il vous aime et vous honore. C’est en vous qu’il veut trouver la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage assuré de son salut. Délivrez-moi du poids de mes fautes, dispersez l’obscurité accumulée autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse boue, arrêtez mes tentations, gouvernez ma vie avec bonheur et conduisez-moi au bonheur du ciel. Accordez la paix au monde. Donnez à tous les chrétiens de cette ville la joie parfaite et le salut éternel. Nous vous en supplions, obtenez-nous d’être sauvés, d’être délivrés des passions de nos âmes, d’être guéris des maladies de nos corps, d’être délivrés de nos difficultés ; obtenez-nous une vie tranquille dans la lumière de l’Esprit. Enflammez-nous d’amour pour votre Fils. Que notre vie lui soit agréable, pour que, établis dans la béatitude du ciel, nous puissions vous voir un jour resplendir dans la gloire de votre Fils, pour que nous puissions chanter, dans une joie sans fin, des hymnes saintes d’une manière digne de l’Esprit, au milieu de l’assemblée des élus, en l’honneur de Celui qui, par vous, nous a sauvés, le Christ, Fils de Dieu et notre Dieu. A lui soient la puissance et la gloire, avec le Père et l’Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. Amen. . »
DIEU PÈRE, DIEU DE TENDRESSE
5 février, 2015http://www.croire.com/Definitions/Bible/Dieu-Pere/Dieu-pere-Dieu-de-tendresse
DIEU PÈRE, DIEU DE TENDRESSE
Dieu, ce Père inaccessible, correspond-il aux pères humains dont nous avons l’expérience ? Il faut répondre oui et non. Oui parce que l’être humain est image et ressemblance de la divinité.
Père, Dieu ? Oui, mais… Nous ne savons pas bien ce que nous disons quand nous disons « père », et encore moins quand nous disons « Dieu ». La conjonction des deux termes produit un effet nouveau : le Père devient « le Père tout-puissant ». Tout-puissant selon l’image que nous nous faisons spontanément de la puissance.
Non car cette image et ressemblance ne s’obtient que moyennant un long parcours ; c’est notre vérité ultime. Sur ce chemin, certains s’arrêtent et la paternité humaine peut prendre des visages effrayants. Vraie paternité et vraie maternité ne sont pas données d’entrée de jeu. Comme le dit 1 Jean 3, 1-2, « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté » et « nous lui deviendrons semblables quand nous le verrons tel qu’il est ». En attendant, nous disons que Dieu est Père pour signifier une immense tendresse, au-delà de tout ce que nous pouvons mettre sous ce mot, donc une paternité qui surclasse tout ce que nous pouvons concevoir de la paternité.
La tendresse du père
Une tendresse qui nous veut, qui veut que nous soyons. Cette tendresse est là, au plus profond de nous-mêmes, pour nous faire exister. Nous croyons que la source et le cœur de toute chose est l’Amour, un amour qui, là encore, dépasse toutes les idées que nous pouvons nous faire de l’amour. Si paternité et maternité humaines sont fécondité, c’est qu’ils participent de cette Paternité que nous écrivons avec une majuscule parce que d’elle « toute paternité aux cieux et sur la terre tire son nom » (Éphésiens 3, 15). Toute la Bible nous raconte comment l’Origine, en nous et avec nous, se fait histoire, pour que nous puissions la rejoindre au pas de notre liberté.
Au long de cette route, la Tendresse nous accompagne et nous construit. Si le père et la mère humains sont recours à l’heure de nos détresses et de nos faux-pas, bien plus, jusqu’à l’inimaginable, la Tendresse qui est la source inaccessible de leur tendresse. « Une femme peut-elle oublier son enfant, n’ayant pas pitié du fruit de ses entrailles ? Et même si elle l’oubliait, moi je ne t’oublierai pas » (Isaïe 49,15). La tendresse du Père, ce sont aussi ces bras qui se referment pour serrer l’enfant prodigue sur le cœurde Dieu, ce sont aussi les bras du Christ crucifié qui s’ouvrent pour embrasser le monde. Accueil toujours offert, au fil de nos déboires.
Appelés à la filiation
« Enfants de Dieu, déjà nous le sommes… » (1 Jean 3,1). Mais comme nous ne lui serons semblables (images à sa ressemblance) qu’à la fin, quand nous le verrons tel qu’il est, nous avons maintenant à tenter « d’imiter Dieu », comme nous le pouvons et bien imparfaitement, au jour le jour. Comment ?
En mettant nos pas dans les pas du Christ, le Fils unique en qui nous sommes fils. Il est la visibilité de l’Invisible. « Qui me voit voit le Père », dit-il à Philippe en Jean 15,9. De même que Jésus a passé sa vie à venir en aide à toute détresse, de même nous avons à faire vivre ceux que nous trouvons sur notre chemin. Faire vivre : par là nous recopierons la paternité de Dieu, source de toute vie, et nous deviendrons semblables au Fils, « l’image du Dieu invisible ».
En devenant comme le Fils, nous devenons comme le Père. En fin de compte nous naissons, car alors nous adhérons au mouvement qui nous conduit à notre création achevée. Engendrés et animés par l’incommensurable tendresse, nous avons à nous abandonner au flux de ces eaux qui coulent du commencement à la fin. Nous abandonner est décision de notre liberté. Chacune des décisions dans le sens du « faire vivre » nous rend plus libres. Chemin de liberté donc, jusqu’au jour où nous rejoindrons la liberté totale, la liberté divine et paternelle. L’une des fonctions du père et de la mère humains n’est-elle pas d’acheminer leur fils ou leur fille depuis les multiples liens de l’enfance jusqu’à la liberté de l’adulte ?
Renaître
Le chemin de liberté passe par les portes étroites de morts multiples. Mort à ce que nous étions hier encore, mort à la recherche de nous-mêmes pour revivre en choisissant de faire vivre l’autre, les autres. Ce choix ne peut se faire une fois pour toutes, il est à réinventer en chaque circonstance nouvelle. De cette façon, chaque fois, Dieu-origine nous engendre, nouveaux : « Sans cesse le Père travaille » dit Jésus. Sans cesse il accomplit en nous son travail de Père. Parce que cela passe par la mort, comme il vient d’être dit, notre existence se déroule sous le signe de la Pâque, par laquelle Dieu engendre sans cesse un homme nouveau, l’Homme Nouveau.
C’est pourquoi l’Écriture cite trois fois le psaume 2 verset 7, « toi tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré » non pas à propos de la naissance de Jésus à Bethléem mais à propos de la résurrection : Actes 13,33 ; Hébreux 1,5 ; 5,5. C’est là que nous est vraiment révélée la paternité de Dieu : comme il nous a tirés du néant, toute l’humanité et chacun d’entre nous, il nous arrache à la mort pour une vie nouvelle, transfigurée. Une vie qui reproduit, vis-à-vis de tous, l’attitude paternelle, qui redit à chacun le « je veux que tu sois » qui nous met au monde. C’est pourquoi nous ne pouvons dire en vérité « Notre Père » tant que nous excluons quelque homme que ce soit de notre fraternité. C’est ensemble que nous sommes Fils de Dieu. Cet ensemble dit Dieu qui est Amour.
P. Marcel Domergue sj ; octobre 2012
L’ANNONCE DE L’ANGE À MARIE
4 février, 2015DANS TOUTE LA BIBLE, L’ÉTOILE PARLE DE DIEU…
4 février, 2015http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/1497.html
L’ÉTOILE DANS LA BIBLE
DANS TOUTE LA BIBLE, L’ÉTOILE PARLE DE DIEU…
Au temps de Noël, il y a des étoiles partout : elles font, en quelque sorte, partie de la fête et rares sont ceux qui s’en étonnent. L’étoile de la crèche vient, en fait, de la Bible, et c’est toute une histoire.
On a souvent voulu savoir ce qu’était réellement l’étoile de Bethléem, qui d’ailleurs, au dire des mages, est d’abord apparue en Orient. Des savants ont fait des calculs compliqués pour essayer de faire coïncider la date présumée de la naissance de Jésus et l’apparition de quelque comète ou étoile nouvelle. Aucune conclusion ne s’est imposée de façon définitive. Sans doute ne faut-il pas trop le regretter, car le message de l’étoile en Matthieu est d’un autre ordre : dans toute la Bible, l’étoile parle de Dieu,
Étoiles des idolâtres
Les auteurs bibliques condamnent sévèrement tous ceux, païens ou Israélites, qui font des astres leurs idoles. Ainsi le Deuxième Livre des Rois dénonce les fils d’Israël qui « ont abandonné tous les commandements du Seigneur, leur Dieu, et…se sont prosternés devant toute l’armée des cieux et ont servi le Baal » (2 R 17,16). Pire, le roi Manassé « bâtit des autels à toute l’armée des cieux dans les deux parvis de la maison du Seigneur » (2 R 21,5), ce qui constituait le plus grand sacrilège. Ils imitaient tout simplement les peuples environnants, surtout l’Égypte et la Babylonie, qui rendaient un culte au soleil, à la lune appelée « reine du ciel » et aux étoiles désignées comme « l’armée des cieux ». L’astronomie se confondait avec l’astrologie et entretenait la crainte des astres et de leur influence sur les destinées humaines.
Comme toutes les idoles, les étoiles sont mises à leur juste place par les croyants de la Bible. Ainsi le Deuxième Isaïe ironise en s’adressant à Babylone: « Qu’ils se présentent et qu’ils te sauvent, ceux qui compartimentent les cieux, lisent dans les étoiles et font connaître à chaque nouvelle lune ce qui doit t’arriver ! » (Is 47,13). Jérémie supplie : « Devant les signes du ciel, ne vous laissez pas accabler ! » (Jr 10,2). Bien plus tard Paul doit rappeler aux Galates qu’ils ne sont plus « des enfants soumis aux éléments du monde » que sont, entre autres, les astres ( Ga 4, 3 ).
Oeuvres du créateur
Dans l’Écriture, loin d’être des divinités, les étoiles sont vues comme œuvres du Créateur. C’est lui qui les a faites pour servir de luminaires et de repères dans le calendrier. Ainsi parlent avec une belle unanimité le début de la Genèse, le livre de Job, les psaumes 8 et 19, et des prophètes comme Amos ou Baruch. De même le Livre de la Sagesse parle de « luminaires du ciel réglant le cours du monde », dont « la grandeur et la beauté conduisent à contempler leur Créateur » (Sg 13,2.5). Le Seigneur dispose à son gré de ses oeuvres: « Les étoiles ont brillé en leurs veilles, et se sont réjouies, il les a appelées et elles ont répondu: nous voici » (Ba 3,33). Isaïe exalte, lui aussi, l’autorité divine: « Voyez, qui a créé ces êtres ? Celui qui mobilise au complet leur armée et qui les convoque tous par leur nom: si amples sont ses forces et si ferme son énergie que pas un n’est porté manquant » ( Is 40,26). Les astres peuvent donc cesser de briller sur son ordre, « pour punir le monde de sa méchanceté » (Is 13,10-11). En tout temps leur splendeur chante la louange de Dieu: « Louez-le, vous toute son armée, louez-le, soleil et lune, louez-le, vous toutes, les étoiles brillantes » (Ps 148,2-3). Oeuvres de ses mains, les astres sont soumis au Seigneur, serviteurs fidèles et reflets de sa gloire.
Symboles des humains
Lorsque le Seigneur veut donner à Abraham une idée de sa descendance à venir, il l’invite à lever les yeux vers le fourmillement du ciel nocturne: « Compte les étoiles si tu peux les compter…, telle sera ta descendance ». Dans ses songes d’adolescent prédestiné, Joseph voit ses onze frères sous l’image de onze étoiles; or ils seront les pères des tribus d’Israël. Isaïe compare le roi de Babylone à « un astre brillant, fils de l’aurore ». Dans le Livre de Daniel, nous lisons que ceux qui « ont rendu la multitude juste », resplendiront « comme les étoiles à tout jamais » (Dn 12,3). Et le Siracide fait l’éloge du grand-prêtre Simon II en le présentant « comme l’étoile du matin au milieu d’un nuage » (Si 50,6).
Jésus, étoile brillante du matin
Quand Isaïe écrit que « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière », il évoque la lumière que Dieu apporte et qu’il est lui-même. L’Apocalypse est tout à fait explicite: « La cité n’a besoin ni du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, et son flambeau c’est l’Agneau » (Ap 21,23 ). Un peu plus loin on lit: « Moi, Jésus…, je suis le rejeton et la lignée de David, l’étoile brillante du matin » (Ap 22,16). Même langage en Luc 1,78 : « C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu; grâce à elle nous a visité l’astre levant venu d’en haut, il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort ».
C’est clair pour les auteurs du Nouveau Testament: quand Jésus est venu, une étoile est apparue. Non seulement un astre s’est levé pour lui et pour mener à lui, mais c’est lui l’étoile par excellence de notre humanité. Devant cette étoile-là des hommes pouvaient se prosterner.
MARIE, ÉTOILE DE L’ESPÉRANCE (BENOÎT XVI)
4 février, 2015http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/marie-etoile-de-la-mer-etoile-de-lesperance-benoit-xvi
MARIE, ÉTOILE DE L’ESPÉRANCE (BENOÎT XVI)
Par une hymne du VIIe-IXe siècle, donc depuis plus de mille ans, l’Église salue Marie, Mère de Dieu, comme « étoile de la mer »: Ave maris stella.
La vie humaine est un chemin. Vers quelle fin? Comment en trouvons-nous la route?
La vie est comme un voyage sur la mer de l’histoire, souvent obscur et dans l’orage, un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route.
Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d’espérance.
Certes, Jésus Christ est la lumière par antonomase, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l’histoire. Mais pour arriver jusqu’à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière en la tirant de sa lumière et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée.
Et quelle personne pourrait plus que Marie être pour nous l’étoile de l’espérance – elle qui par son « oui » ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde; elle qui devint la vivante Arche de l’Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l’un de nous, planta sa tente au milieu de nous (cf. Jn 1, 14)? C’est ainsi que nous nous adressons à elle:
Sainte Marie, tu appartenais aux âmes humbles et grandes en Israël qui, comme Syméon, attendaient « la consolation d’Israël » (Lc 2, 25) et qui, comme Anne, attendaient « la délivrance de Jérusalem » (Lc 2, 38). Tu vivais en contact intime avec les Saintes Écritures d’Israël, qui parlaient de l’espérance – de la promesse faite à Abraham et à sa descendance (cf. Lc 1, 55).
Ainsi nous comprenons la sainte crainte qui t’assaillit quand l’ange du Seigneur entra dans ta maison et te dit que tu mettrais au jour Celui qui était l’espérance d’Israël et l’attente du monde. Par toi, par ton « oui », l’espérance des millénaires devait devenir réalité, entrer dans ce monde et dans son histoire.
Toi tu t’es inclinée devant la grandeur de cette mission et tu as dit « oui »: « Voici la servante du Seigneur; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Lc 1, 38).
Quand remplie d’une sainte joie tu as traversé en hâte les monts de Judée pour rejoindre ta parente Élisabeth, tu devins l’image de l’Église à venir qui, dans son sein, porte l’espérance du monde à travers les monts de l’histoire.
Mais à côté de la joie que, dans ton Magnificat, par les paroles et par le chant tu as répandue dans les siècles, tu connaissais également les affirmations obscures des prophètes sur la souffrance du serviteur de Dieu en ce monde. Sur la naissance dans l’étable de Bethléem brilla la splendeur des anges qui portaient la bonne nouvelle aux bergers, mais en même temps on a par trop fait en ce monde l’expérience de la pauvreté de Dieu. Le vieillard Syméon te parla de l’épée qui transpercerait ton cœur (cf. Lc 2, 35), du signe de contradiction que ton Fils serait dans ce monde.
Quand ensuite commença l’activité publique de Jésus, tu as dû te mettre à l’écart, afin que puisse grandir la nouvelle famille, pour la constitution de laquelle Il était venu et qui devait se développer avec l’apport de ceux qui écouteraient et observeraient sa parole (cf. Lc 11, 27s.).
Malgré toute la grandeur et la joie des tout débuts de l’activité de Jésus, toi, tu as dû faire, déjà dans la synagogue de Nazareth, l’expérience de la vérité de la parole sur le « signe de contradiction » (cf. Lc 4, 28ss). Ainsi tu as vu le pouvoir grandissant de l’hostilité et du refus qui progressivement allait s’affirmant autour de Jésus jusqu’à l’heure de la croix, où tu devais voir le Sauveur du monde, l’héritier de David, le Fils de Dieu mourir comme quelqu’un qui a échoué, exposé à la risée, parmi les délinquants. Tu as alors accueilli la parole: « Femme, voici ton fils! » (Jn 19, 26).
De la croix tu reçus une nouvelle mission. À partir de la croix tu es devenue mère d’une manière nouvelle: mère de tous ceux qui veulent croire en ton Fils Jésus et le suivre. L’épée de douleur transperça ton cœur.
L’espérance était-elle morte? Le monde était-il resté définitivement sans lumière, la vie sans but?
À cette heure, probablement, au plus intime de toi-même, tu auras écouté de nouveau la parole de l’ange, par laquelle il avait répondu à ta crainte au moment de l’Annonciation: « Sois sans crainte, Marie! » (Lc 1, 30). Que de fois le Seigneur, ton fils, avait dit la même chose à ses disciples: N’ayez pas peur! Dans la nuit du Golgotha, tu as entendu de nouveau cette parole. À ses disciples, avant l’heure de la trahison, il avait dit: « Ayez confiance: moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). « Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés » (Jn 14, 27). « Sois sans crainte, Marie! » À l’heure de Nazareth l’ange t’avait dit aussi: « Son règne n’aura pas de fin » (Lc 1, 33). Il était peut-être fini avant de commencer ?
Non, près de la croix, sur la base de la parole même de Jésus, tu étais devenue la mère des croyants. Dans cette foi, qui était aussi, dans l’obscurité du Samedi Saint, certitude de l’espérance, tu es allée à la rencontre du matin de Pâques.
La joie de la résurrection a touché ton cœur et t’a unie de manière nouvelle aux disciples, appelés à devenir la famille de Jésus par la foi. Ainsi, tu fus au milieu de la communauté des croyants qui, les jours après l’Ascension, priaient d’un seul cœur pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac 1, 14) et qui le reçurent au jour de la Pentecôte.
Le « règne » de Jésus était différent de ce que les hommes avaient pu imaginer. Ce « règne » commençait à cette heure et n’aurait jamais de fin. Ainsi tu demeures au milieu des disciples comme leur Mère, comme Mère de l’espérance.
Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi. Indique-nous le chemin vers son règne! Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route!
Encyclique Spe salvi § 49-50
Christ dépeint comme le créateur du monde, mosaïque byzantine dans Monreale , Sicile
3 février, 2015THÈME 6 – LA CRÉATION
3 février, 2015http://opusdei.fr/fr-fr/article/la-creation/
THÈME 6 – LA CRÉATION
La doctrine de la Création constitue la première réponse aux interrogations fondamentales sur notre origine et notre but final
Introduction
L’importance de la vérité de la création découle de sa qualité de « fondement de tous les projets divins de salut […] commencement de l’histoire du salut, qui culmine avec le Christ » ( Compendium , 51). Autant la Bible (Gn 1, 1) que le Credo commencent par la confession de foi en un Dieu Créateur.
À la différence des autres grands mystères de notre foi (Trinité, Incarnation), la création est « la première réponse aux interrogations fondamentales de l’homme sur son origine et sur sa fin » ( Compendium , 51), que l’esprit humain se pose, et en partie y répond, comme le montre la réflexion philosophique, ainsi que les récits des origines appartenant à la culture religieuse de tant de peuples (cf. Catéchisme , 285), même si la spécificité de la notion de création n’a été saisie de fait qu’avec la révélation judéo-chrétienne.
La création est donc un mystère de foi aussi bien qu’une vérité accessible à la raison naturelle (cf. Catéchisme , 286). Cette particulière situation entre raison et foi fait de la création un bon point de départ dans la tâche de l’évangélisation et du dialogue que les chrétiens, toujours mais spécialement dans l’actualité [1] , sont appelés à mener à bien, comme jadis saint Paul à l’Aréopage d’Athènes (Ac 17, 16-34).
On distingue habituellement entre l’acte créateur de Dieu (la création active sumpta ) et la réalité créée, effet de cette action divine (la création passive sumpta ) [2] . C’est suivant ce schéma que sont exposés ci-après les principaux aspects dogmatiques de la création.
1. L’acte créateur 1.1 « La création est l’œuvre commune de la Sainte Trinité » ( Catéchisme , 292) .
La Révélation présente l’action créatrice de Dieu comme le fruit de sa toute-puissance, de sa sagesse et de son amour. Ordinairement, on attribue la création plus particulièrement au Père (cf. Compendium , 52), la rédemption au Fils et la sanctification à l’Esprit Saint. En même temps, les œuvres ad extra de la Trinité (la première d’entre elles étant la création) son communes à toutes les Personnes, et c’est pourquoi l’on peut se poser la question du rôle spécifique de chaque Personne dans la création. En effet, « chaque personne divine opère l’œuvre commune selon sa propriété personnelle » ( Catéchisme , 258). C’est là le sens de l’appropriation, également traditionnelle, des attributs essentiels de toute-puissance, sagesse et amour respectivement à l’agir créateur du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.
Dans le Symbole de Nicée-Constantinople, nous confessons notre foi « en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre » ; « en un seul Seigneur, Jésus-Christ […] par qui tout a été fait » ; et en l’Esprit Saint « qui est Seigneur et qui donne la vie » (DH 150, liturgie de la messe). La foi chrétienne parle donc non seulement d’une création ex nihilo , à partir du néant, mais aussi d’une création faite avec l’intelligence, la sagesse de Dieu (le Logos par lequel tout a été fait (Jn 1, 3)) et d’une création ex amore (GS 19), fruit de la liberté et de l’amour qui est Dieu, l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils. Par conséquent, les processions éternelles des Personnes sont à la base de leur action créatrice [3] .
De même qu’il n’y a pas de contradiction entre l’unicité de Dieu et son être en trois Personnes, il n’y a pas d’opposition entre l’unicité du principe créateur et les diverses manière d’agir de chacune des Personnes.
« Créateur du ciel et de la terre »
« » Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre » (Gn 1, 1) : trois choses sont affirmées dans ces premières paroles de l’Écriture : le Dieu éternel a posé un commencement à tout ce qui existe en dehors de lui. Lui seul est créateur (le verbe » créer » – en hébreu bara – a toujours pour sujet Dieu). La totalité de ce qui existe (exprimé par la formule » le ciel et la terre « ) dépend de Celui qui lui donne d’être » ( Catéchisme , 290).
Seul Dieu peut créer au sens propre [4] , ce qui implique produire les choses à partir du néant ( ex nihilo ) et non pas à partir de quelque chose de préexistant. Il faut pour cela une puissance active infinie, qui n’appartient qu’à Dieu (cf. Catéchisme , 296-298). Il est logique, dès lors, d’attribuer la toute-puissance créatrice au Père, étant donné qu’au sein de la Trinité, il est, selon une expression classique, fons et origo , c’est-à-dire la Personne de laquelle procèdent les deux autres, principe sans principe.
La foi chrétienne affirme que la distinction fondamentale dans la réalité est celle qu’il y a entre Dieu et ses créatures. Cela signifie une nouveauté dans les premiers siècles durant lesquels la polarité entre matière et esprit donnait lieu à des façons de voir inconciliables entre elles (matérialisme et spiritualisme, dualisme et monisme). Le christianisme rompit ces moules, surtout en affirmant que la matière aussi est, tout comme l’esprit, créée par le Dieu unique et transcendant. Plus tard, saint Thomas d’Aquin développera une métaphysique de la création, décrivant Dieu comme l’Être Subsistant ( Ipsum Esse Subsistens ). En tant que cause première, il est absolument transcendant au monde et, tout à la fois, en vertu de la participation de son être par les créatures, il est intimement présent en elles, lesquelles dépendent en tout de celui qui est la source de l’être.
« Par qui tout a été fait »
La littérature sapientielle de l’Ancien Testament présente le monde comme le fruit de la sagesse de Dieu (cf. Sg 9, 9) « Il n’est pas le produit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard » ( Catéchisme , 295). Il possède une intelligibilité que la raison humaine, participant de la lumière de l’intelligence divine, peut capter, non sans effort et dans un esprit d’humilité et de respect envers le Créateur et son œuvre (cf. Jb 42, 3 ; cf. Catéchisme , 299). Ce développement arrive à son expression plénière dans le Nouveau Testament : en identifiant le Fils, Jésus-Christ, avec le Logos (cf. Jn 1, 1 et suiv.), il affirme que la sagesse de Dieu est une Personne, le Verbe incarné, par qui tout a été fait (Jn 1, 3). Saint Paul formule cette relation du créé avec le Christ en déclarant que toutes les choses ont été créées en lui, par lui et pour lui (Col 1, 16-17).
Il y a donc une raison créatrice à l’origine du cosmos (cf. Catéchisme , 284) [5] . Le christianisme a toujours eu une grande confiance en la capacité de la raison de connaître, et une énorme sécurité que jamais la raison (scientifique, philosophique, etc.) ne pourra aboutir à des conclusions contraires à la foi, car foi et raison ont une origine commune.
Nous savons que certains voient une incompatibilité entre, par exemple, la création et l’évolution. En réalité, une épistémologie adéquate sait distinguer les domaines propres, d’un côté, de la science naturelle, et de l’autre, de la foi. En outre, elle reconnaît la philosophie comme un élément nécessaire de médiation, car les sciences, avec leur méthode et leur objet propres, ne couvrent pas toute l’ampleur de la raison humaine ; et la foi, en ce qui concerne le monde dont nous parlent les sciences, a besoin de formuler ses assertions, dans son dialogue avec la rationalité humaine, en faisant usage de catégories philosophiques [6] .
Dès lors, il est logique que l’Église, depuis toujours, ait cherché le dialogue avec la raison : une raison consciente de son caractère créé, ne s’étant pas donné à soi-même son existence, ne disposant pas entièrement de son futur ; une raison ouverte à ce qui la transcende, à la Raison originelle, en somme. Paradoxalement, une raison repliée sur elle-même, qui croit pouvoir trouver seule la réponse à ses interrogations les plus profondes finit par affirmer que l’existence n’a pas de sens, et que le réel est inintelligible (nihilisme, irrationalisme, etc.).
« Qui est Seigneur et qui donne la vie »
« Nous croyons qu’il [le monde] procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté : » Car c’est toi qui créas toutes choses ; tu as voulu qu’elles soient, et elles furent créées » (Ap 4, 11) […] » Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses œuvres » (Ps 145, 9) » ( Catéchisme , 295). Par conséquent, « issue de la bonté divine, la création participe à cette bonté ( » Et Dieu vit que cela était bon (…) très bon » : Gn 1, 4. 10. 12. 18. 21. 31). Car la création est voulue par Dieu comme un don » ( Catéchisme , 299).
Ce caractère de bonté et de don libre permet de découvrir dans la création l’action de l’Esprit – qui « planait sur les eaux » (Gn 1, 2) – la Personne-Don dans la Trinité, l’Amour subsistant entre le Père et le Fils. L’Église confesse sa foi en l’œuvre créatrice de l’Esprit Saint, qui donne la vie et qui est source de tout bien [7] .
L’affirmation chrétienne de la liberté divine créatrice permet de surmonter les étroitesses d’autres visions qui, voyant une nécessité en Dieu, finissent par soutenir un fatalisme ou déterminisme. Il n’y a rien, ni « au-dedans » ni « au-dehors » de Dieu qui l’oblige à créer. Quel est donc le but qu’il poursuit ? Que s’est-il proposé en nous créant ?
NOTE SUR LE SITE
LA LOI DE L’AMOUR DIVIN – de saint Thomas d’Aquin
3 février, 2015http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010116_thomas-aquinas_fr.html
LA LOI DE L’AMOUR DIVIN
Des Opuscules théologiques de saint Thomas d’Aquin
« Il est bien évident que tous les hommes ne peuvent pas consacrer leur vie entière à l’étude, et c’est pourquoi le Christ a donné une loi brève, pour que tout le monde puisse la connaître et que personne ne puisse être dispensé de l’observer pour cause d’ignorance: parole abrégée que le Seigneur fera venir sur la terre. Cette loi doit être celle de tous les actes humains. Dans les activités artisanales on dit qu’un produit est bon et loyal quand il est conforme aux règles, de même toute activité humaine est droite et vertueuse quand elle est conforme à la règle de l’amour divin, mais quand elle s’éloigne de la règle de la charité elle n’est ni droite, ni bonne, ni parfaite.
Cette loi de l’amour divin produit en l’homme quatre effets grandement désirables. D’abord elle produit en lui la vie spirituelle. Il est évident que ce qui est aimé en vertu de la nature existe en celui qui aime. Celui qui demeure dans la charité de meure en Dieu, et Dieu en lui. La nature de l’amour veut encore que celui qui aime se transforme en l’être aimé: Celui qui est uni à Dieu ne fait qu’un esprit avec lui. C’est ainsi que, selon saint Augustin,“de même que l’âme est la vie du corps, ainsi Dieu est la vie de l’âme”.Ainsi encore l’âme agit vertueusement et parfaitement quand elle agit par la charité, puisque c’est par celle-ci que Dieu habite en elle. Mais sans la charité elle n’opère pas: Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quelqu’un peut bien avoir tous les charismes donnés par l’Esprit Saint, sans la charité il n’a pas la vie. Qu’il s’agisse du don des langues, du don de la foi héroïque ou de n’importe quel don comme le dôn de prophétie, sans la charité ces dons n’apportent pas la vie. Car on peut bien couvrir un cadavre d’or et de pierres précieuses, il n’en demeure pas moins un corps mort.
Le deuxième fruit de la charité, c’est l’observance des commandements divins. Saint Grégoire dit en effet que la charité n’est pas inactive. Si elle existe, elle fait de grandes choses, mais si elle n’agit pas, c’est qu’elle est absente. Nous voyons en effet celui qui aime accomplir de grands et difficiles exploits pour l’être aimé. C’est pourquoi le Seigneur dit: Celui qui m’aime gardera ma parole. Celui qui observe le commandement et la loi de l’amour divin accomplit toute la loi.
Le troisième fruit de la charité, c’est la protection qu’elle nous donne contre l’adversité. A celui qui possède la charité, l’adversité ne fait aucun mal, au contraire elle tourne à son avantage: Pour ceux qui aiment Dieu, tout contribue à leur bien, et même l’adversité et les difficultés paraissent douces à celui qui aime, comme nous le voyons clairement parmi nous.
Le quatrième fruit de la charité, c’est qu’elle conduit à la béatitude. En effet la béatitude éternelle est promise à ceux-là seulement qui possèdent la charité. Tout le reste, en l’absence de la charité, n’y suffit pas. Et il faut savoir que, s’il y a des différences dans la béatitude, elles correspondent à des différences selon la charité, et non selon aucune autre vertu. Beaucoup de saints ont mené une vie plus austère que les Apôtres, mais ceux-ci dépassent tout le monde en béatitude à cause de l’excellence de leur charité. »
Préparé par l’Université Pontificale URBANIANA,
avec la collaboration des Instituts Missionnaires