Archive pour février, 2015

LA VISITATION – AMBROISE DE MILAN,

11 février, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20011209_ambrogio_fr.html

LA VISITATION

AMBROISE DE MILAN, Traité sur l’Évangile de S. Luc, II, 19. 24-26.

« « Et Marie se levant en ces jours-là partit en hâte pour la montagne, pour la cité de Juda, et entra dans la demeure de Zacharie et salua Élisabeth. »

19. Il est normal que tous ceux qui veulent être crus fournissent les raisons de croire. Aussi l’ange qui annonçait les mystères, pour l’amener à croire par un précédent, a-t-il annoncé à Marie, une vierge, la maternité d’une femme âgée et stérile, montrant ainsi que Dieu peut tout ce qui lui plaît. Dès qu’elle l’eut appris, Marie, non par manque de foi en la prophétie, non par incertitude de cette annonce, non par doute sur le précédent fourni, mais dans l’allégresse de son désir, pour remplir un pieux devoir, dans l’empressement de la joie, se dirigea vers les montagnes. Désormais remplie de Dieu, pouvait-elle ne pas s’élever en hâte vers les hauteurs? Les lents calculs sont étrangers à la grâce de l’Esprit Saint.
« Bénie êtes-vous parmi les femmes, et béni le fruit de votre sein! Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? »
24. L’Esprit Saint connaît sa parole; Il ne l’oublie jamais, et la prophétie se réalise non seulement dans les faits miraculeux, mais en toute rigueur et propriété de termes. Quel est ce fruit du sein, sinon Celui de qui fut dit: « Voici que le Seigneur donne pour héritage les enfants, récompense du fruit du sein » (Ps. 126, 3)? Autrement dit: l’héritage du Seigneur, ce sont les enfants, prix de ce fruit qui est issu du sein de Marie. C’est Lui le fruit du sein, la fleur de la tige, dont Isaïe prophétisait bien: « Une tige, disait-il, va s’élever de la souche de Jessé, et une fleur jaillir de cette tige » (Is., XI, 1): la souche, c’est la race des Juifs, la tige Marie, la fleur de Marie le Christ, qui, comme le fruit d’un bon arbre, selon nos progrès dans la vertu, maintenant fleurit, maintenant fructifie en nous, maintenant renaît par la résurrection qui rend la vie à son corps.
« Et comment m’est-il donné que la Mère de mon Seigneur vienne à moi? »
25. Ce n’est point l’ignorance qui la fait parler – elle sait bien qu’il y a grâce et opération du Saint-Esprit à ce que la mère du prophète soit saluée par la Mère du Seigneur pour le profit de son enfant – mais elle reconnaît que c’est le résultat non d’un mérite humain mais de la grâce divine; aussi dit-elle: « Comment m’est-il donné », c’est-à-dire: quel bonheur m’arrive, que la Mère de mon Seigneur vienne à moi! Je reconnais n’y être pour rien. Comment m’est-il donné? par quelle justice, quelles actions, pour quels mérites? Ce ne sont pas là démarches accoutumées entre femmes « que la Mère de mon Seigneur vienne à moi ». Je pressens le miracle, je reconnais le mystère: la Mère du Seigneur est féconde du Verbe, pleine de Dieu.
« Car voici qu’au moment où votre salut s’est fait entendre à mes oreilles, l’enfant a tressailli de joie dans mon sein. Et bienheureuse êtes-vous d’avoir cru! »
26. Vous voyez que Marie n’a pas douté, mais cru, et par là obtenu le fruit de la foi. « Bienheureuse, dit-elle, qui avez cru! » Mais vous aussi bienheureux, qui avez entendu et cru! car toute âme qui croit, conçoit et engendre la parole de Dieu et reconnaît ses oeuvres. Qu’en tous réside l’âme de Marie pour glorifier le Seigneur; qu’en tous réside l’esprit de Marie pour exulter en Dieu. S’il n’y a corporellement qu’une Mère du Christ, par la foi le Christ est le fruit de tous. »

Ambroise de Milan, Traité sur l’Évangile de S. Luc, II, 19. 24-26.

Notre Dame de Lourdes

10 février, 2015

Notre Dame de Lourdes dans images sacrée Lourdes-apparitions
http://www.medaille-miraculeuse.fr/priere/neuvaine-a-notre-dame-de-lourdes.html

LE MESSAGE DE LOURDES

10 février, 2015

http://fr.lourdes-france.org/approfondir/le-message-de-lourdes

LE MESSAGE DE LOURDES

On appelle «Message de Lourdes» les gestes et les paroles échangés entre la Vierge Marie et Bernadette Soubirous, à la Grotte de Massabielle, au cours de dix-huit apparitions. Ce message peut se résumer ainsi : Dieu est Amour et Il nous aime tels que nous sommes.
A Lourdes, en 1858, la famille de Bernadette Soubirous, ruinée, a trouvé refuge au cachot. Le 11 février 1858, Bernadette, sa sœur Toinette et leur amie Jeanne Abadie, vont chercher du bois. Elles se dirigent vers « l’endroit où le canal rejoint le Gave ». Elles arrivent devant la Grotte de Massabielle. Toinette et Jeanne traversent l’eau glaciale du canal. Bernadette, en raison de son asthme chronique, hésite à faire autant. C’est alors qu’elle « entend un bruit comme un coup de vent », mais « aucun arbre ne bouge ». Levant la tête, elle voit, dans le creux du rocher, une petite demoiselle, enveloppée de lumière, qui la regarde et lui sourit ». C’est la première apparition de Notre Dame.
Au temps de Bernadette, la Grotte était un lieu sale, obscur, humide et froid. On appelait cette Grotte la « Tute aux cochons », parce que c’était le lieu où l’on conduisait les porcs. C’est là que Marie, toute blancheur, toute pureté, signe de l’Amour de Dieu, c’est-à-dire signe de ce que Dieu veut faire en chacun de nous, a voulu apparaître. Il y a un immense contraste entre cette Grotte obscure, humide, et la présence de la Vierge Marie, « l’Immaculée Conception ». Cela nous rappelle l’Évangile : la rencontre entre la richesse de Dieu et la pauvreté de l’homme. Le Christ est venu chercher ce qui était perdu.
A Lourdes, le fait que Marie soit apparue dans une grotte sale et obscure, dans ce lieu qui s’appelle Massabielle, le vieux rocher, c’est pour nous dire que Dieu vient nous rejoindre là où nous sommes, en plein cœur de nos misères, de toutes nos causes perdues.
La Grotte n’est pas seulement le lieu de l’événement, un lieu géographique, c’est aussi un lieu où Dieu nous fait signe pour nous dévoiler son cœur et notre propre cœur. C’est un endroit où Dieu nous laisse un message qui n’est autre que celui de l’Évangile. Dieu vient pour nous dire qu’il nous aime : voilà tout le contenu du « Message de Lourdes »… et Dieu nous aime tels que nous sommes.

LE 18 FÉVRIER 1858 : DES PAROLES EXTRAORDINAIRES
Lors de la troisième apparition, le 18 février, la Vierge parle pour la première fois. A Bernadette qui lui tend une feuille de papier et un crayon pour qu’elle inscrive son nom, « la Dame » réplique : « Ce que j’ai à vous dire, ce n’est pas nécessaire de le mettre par écrit ». C’est une parole extraordinaire. Cela veut dire que Marie veut entrer avec Bernadette dans une relation qui est de l’ordre de l’amour, qui se situe au niveau du cœur. Le cœur, dans la Bible, signifie le centre même de la personnalité, de ce qu’il y a de plus profond en l’homme. Bernadette est d’emblée invitée à ouvrir les profondeurs de son cœur à ce message d’Amour.
Lourdes : gemmail représentant une apparition de la Vierge Marie à Bernadette SoubirousA la deuxième parole de la Vierge : « Voulez-vous me faire la grâce de venir ici pendant quinze jours? », Bernadette est bouleversée. C’est la première fois qu’on lui dit « vous ». Elle illustrera cette parole en disant: « Elle me regarde comme une personne regarde une autre personne ». L’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, est une personne. Bernadette, se sentant ainsi respectée et aimée, fait l’expérience d’être elle- même une personne. Nous sommes tous dignes aux yeux de Dieu. Parce que chacun est aimé par Dieu.
Troisième parole de la Vierge : « Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde, mais dans l’autre ». Nous connaissons le monde de la violence, du mensonge, de la sensualité, du profit, de la guerre. Mais nous connaissons aussi le monde de la charité, de la solidarité, de la justice. Quand Jésus, dans l’Évangile, nous invite à découvrir le Royaume des cieux, il nous invite à découvrir, dans le monde tel qu’il est, un « autre monde ». Là où il y a l’Amour, Dieu est présent. Cette réalité n’occulte pas l’horizon du message qui est le Ciel. La Vierge Marie transmet à Bernadette la certitude d’une terre promise qui ne pourra être atteinte que par delà la mort. Sur terre, ce sont les fiançailles ; les noces sont pour après, pour le Ciel.

DIEU EST AMOUR
Faire l’expérience de Dieu, ce n’est pas autre chose que de faire l’expérience de l’amour sur cette terre. A celui qui a su découvrir cela, Jésus déclare : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu ». Malgré sa misère, sa maladie, son inculture, Bernadette a toujours été profondément heureuse. C’est cela le Royaume de Dieu, le monde du vrai Amour.
Pendant les sept premières apparitions de Marie, Bernadette a montré un visage rayonnant de joie, de bonheur, de lumière. Mais, entre la huitième et la douzième apparition, tout change : le visage de Bernadette devient dur, triste, douloureux et surtout elle accomplit des gestes incompréhensibles… Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte; embrasser le sol, pourtant sale et dégoûtant, de cette Grotte; manger quelques herbes amères; gratter le sol et, par trois fois, essayer de boire de l’eau boueuse, en aspirer un peu, puis la rejeter; prendre de la boue entre ses mains et se barbouiller la figure. Puis, Bernadette regarde la foule en écartant ses bras. Alors, tous disent : « Elle est folle ». Pendant quatre apparitions, Bernadette reproduira les mêmes gestes. Qu’est-ce que cela signifie ? Personne n’a rien compris ! Nous sommes pourtant au cœur du « Message de Lourdes ».

LE SENS BIBLIQUE DES APPARITIONS
Les gestes de Bernadette sont des gestes bibliques. Parce que « la Dame » le lui a demandé, Bernadette exprimera l’Incarnation, la Passion et la Mort du Christ. Marcher à genoux jusqu’au fond de la Grotte: c’est le geste de l’Incarnation, de l’abaissement de Dieu fait homme. Et Bernadette embrasse la terre pour signifier que cet abaissement est bien le geste de l’Amour de Dieu pour les hommes. Manger les herbes amères rappelle la tradition juive que l’on trouve dans les textes anciens. Lorsque les juifs voulaient signifier que Dieu avait pris sur lui toutes les amertumes, tous les péchés du monde, ils tuaient un agneau, le vidaient, le remplissaient d’herbes amères et prononçaient sur lui la prière : « Voici l’Agneau de Dieu qui prend sur lui, qui enlève toutes les amertumes, tous les péchés du monde ». Cette prière est évoquée à la messe. Se barbouiller la figure: le prophète Isaïe, lorsqu’il parle du Messie, du Christ, il le montre sous les traits du Serviteur souffrant. « Parce qu’il portait sur lui tous les péchés des hommes, son visage n’avait plus figure humaine », précise Isaïe. Il poursuit : « Il était comme un mouton que l’on conduit à l’abattoir et, sur son passage, les gens se moquaient de lui ». Voilà, à la Grotte, Bernadette défigurée par la boue, et la foule qui crie : « Elle est devenue folle ».

LA GROTTE CACHE UN TRÉSOR IMMENSE, INCOMMENSURABLE
Lourdes : la source qui coule dans la Grotte des ApparitionsLes gestes que Bernadette accomplit sont des gestes de libération. La Grotte est désencombrée de ses herbes, de sa boue. Mais pourquoi faut-il ainsi libérer cette Grotte ? Parce qu’elle cache un trésor immense, incommensurable, qu’il faut absolument mettre à jour. Ainsi, à la neuvième apparition, « la Dame » demandera à Bernadette d’aller gratter le sol, au fond de cette « Tute aux cochons », en lui disant : « Allez à la source, boire et vous y laver ». Et voici qu’un peu d’eau boueuse commence à couler, suffisamment pour que Bernadette puisse en boire. Et voilà que cette eau devient, petit à petit, transparente, pure, limpide.
Par ces gestes, nous est dévoilé le mystère même du cœur du Christ : « Un soldat, de sa lance, lui transperça le cœur et, aussitôt, jaillit du sang et de l’eau ». Mais aussi les profondeurs du mystère du cœur de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu : « L’eau que je te donnerai, deviendra en toi source jaillissant en vie éternelle ». Le cœur de l’homme, blessé par le péché, est signifié par les herbes et la boue. Mais au fond de ce cœur, il y a la vie même de Dieu, signifiée par la source. On demande à Bernadette: « Est-ce que « la Dame » te disait quelque chose ? ». Elle répondra : « Oui, de temps à autre elle disait : « Pénitence, pénitence, pénitence. Priez pour les pécheurs ». Par « pénitence », il faut comprendre conversion. Pour l’Église, la conversion consiste, comme le Christ l’a enseigné, à tourner son cœur vers Dieu, vers ses frères. Prier fait entrer dans l’Esprit de Dieu. Ainsi nous pouvons réaliser que le péché ne fait pas le bonheur de l’homme. Le péché, c’est tout ce qui s’oppose à Dieu.
Lors de la treizième apparition , Marie s’adresse ainsi à Bernadette : « Allez dire aux prêtres qu’on bâtisse ici une chapelle et qu’on y vienne en procession ». « Qu’on vienne en procession », signifie marcher, dans cette vie, toujours auprès de nos frères. « Qu’on bâtisse une chapelle ». A Lourdes, des chapelles ont été construites, pour accueillir la foule des pèlerins. Mais ces chapelles ne sont que les signes de cette communion basée sur la charité, à laquelle tous sont appelés. La chapelle, c’est  » l’Église » que nous devons construire, là où nous sommes, dans notre famille, sur notre lieu de travail, dans notre paroisse, dans notre diocèse. Tout chrétien passe sa vie à construire l’Église, en vivant la communion avec Dieu et ses frères.

LA DAME DIT SON NOM : « QUE SOY ERA IMMACULADA COUNCEPTIOU »
notre dame de lourdes
Le 25 mars 1858, jour de la seizième apparition, Bernadette se rend à la Grotte où, à l’initiative de l’abbé Peyramale, curé de Lourdes, elle demande à « la Dame » de dire son nom. Par trois fois, Bernadette pose la question. A la quatrième demande, « la Dame » lui répond en patois : « Que soy era Immaculada Counceptiou », ce qui veut dire en français « Je suis l’Immaculée Conception ». Bernadette n’a pas compris immédiatement le sens de cette parole. L’Immaculée Conception, tel que l’enseigne l’Église, c’est « Marie conçue sans péché, grâce aux mérites de la Croix du Christ » (définition du dogme promulgué en 1854). Bernadette se rend aussitôt chez Monsieur le Curé pour lui transmettre le nom de « la Dame ». Il comprend que c’est la Mère de Dieu qui apparaît à la Grotte. Plus tard, l’évêque de Tarbes, Mgr Laurence, authentifiera cette révélation.

Tous appelés à devenir immaculés
La signature du message – quand la Dame dit son nom – intervient après trois semaines d’apparitions et trois semaines de silence (du 4 au 25 mars). Le 25 mars est le jour de l’Annonciation, de la « conception » de Jésus dans le sein de Marie. La Dame de la Grotte dit sa vocation : elle est la mère de Jésus, tout son être est de concevoir le Fils de Dieu, elle est toute pour lui. Pour cela, elle est immaculée, habitée par Dieu. Ainsi, l’Église et tout chrétien ont à se laisser habiter par Dieu pour devenir immaculés, radicalement pardonnés et graciés de façon à être, eux aussi, témoins de Dieu. Ce sera la vocation de Bernadette. Le 7 avril, pour l’apparition suivante, la flamme du cierge passera entre ses doigts sans la brûler. Elle devient transparente de la lumière, elle peut, elle aussi, communiquer la lumière de Dieu. Marie nous dit qu’elle est ce que nous devons devenir. Le jour de sa première communion (3 juin 1858), Bernadette prolonge cette expérience en s’unissant au don de Dieu.

PAPE FRANÇOIS – INSTRUCTIONS POUR LES MOMENTS SOMBRES

10 février, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2014/documents/papa-francesco-cotidie_20140203.html

PAPE FRANÇOIS

MÉDITATION MATINALE EN LA CHAPELLE DE LA MAISON SAINTE-MARTHE

Lundi 3 février 2014

(L’Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 8 du 20 février 2014)

INSTRUCTIONS POUR LES MOMENTS SOMBRES

Dans les moments difficiles de la vie il ne faut pas « négocier Dieu » en utilisant les autres pour se sauver soi-même : l’attitude juste est de faire pénitence, en reconnaissant ses péchés et en s’en remettant au Seigneur, sans céder à la tentation de « se faire justice de ses propres mains ». Le Pape François a reproposé le témoignage du roi David, « saint et pécheur », au « moment sombre » de la fuite de Jérusalem à cause de la trahison de son fils Absalon. Au terme de la célébration, le jour de la mémoire liturgique de Saint Blaise, deux prêtres ont donné au Pape puis à toutes les personnes présentes la traditionnelle bénédiction avec deux cierges posés sur la gorge en forme de croix. Pour sa méditation, le Pape s’est appuyé sur la première lecture, tirée du second livre de Samuel (15, 13-14.30 ; 16, 5-13a). « Nous avons entendu — a-t-il dit — l’histoire de ce moment si triste de David, quand il a dû fuir parce que son fils l’a trahi ». « Dans les mauvais moments de la vie — a noté le Pape — il arrive que, peut-être, dans le désespoir on cherche à se défendre comme l’on peut », même « en utilisant Dieu et les personnes ». En revanche, David nous montre que sa « première attitude » est précisément « celle ne pas utiliser Dieu et son peuple ». La seconde est une « attitude pénitentielle », que David assume tandis qu’il fuit de Jérusalem. On lit dans le passage du livre de Samuel : « Il gravissait en pleurant » la montagne « et il marchait la tête voilée et les pieds nus ». Mais, a commenté le Pape, « pensez à ce que signifie gravir la montagne pieds nus ». Il s’agit d’« un chemin pénitentiel ». Peut-être, a poursuivi le Pape, David, à ce moment-là, « dans son cœur » pensait à « toutes les mauvaises choses » et aux « nombreux péchés qu’il avait commis ». Et probablement se disait-il à lui-même : « Mais moi je ne suis pas innocent ! Il n’est pas juste que mon fils me fasse cela, mais moi je ne suis pas saint ! ». Avec cet esprit, David « choisit la pénitence : il pleure, il fait pénitence ». Et cette montagne qu’il gravit, a encore souligné le Pape, « nous fait penser à la montée de Jésus. Lui aussi, dans la douleur et les pieds nus, avec sa croix, gravissait la montagne ». David vit donc une « attitude pénitentielle ». Quand, en revanche, a dit le Pape, « il nous arrive une chose de ce genre dans notre vie, nous cherchons toujours — c’est un instinct que nous avons — de nous justifier ». Au contraire, « David ne se justifie pas. Il est réaliste. Il essaie de sauver l’arche de Dieu, son peuple. Et il fait pénitence » en gravissant la montagne. Le long de son chemin pénitentiel, le roi rencontre un homme du nom de Shiméï, qui « lançait des pierres » contre lui et contre ceux qui l’accompagnaient. C’est « un ennemi » qui maudissait et « proférait des insultes » contre David. Ainsi Abishaï, « un des amis de David » propose-t-il au Roi de le capturer et de le tuer : « Celui-ci est un chien crevé » lui-dit avec le langage de son temps et pour souligner combien Shiméï était « une personne mauvaise ». Mais David l’en empêche et « au lieu de choisir la vengeance contre tant d’insultes, il choisit de s’en remettre à Dieu ». On lit en effet dans le texte biblique : « Voyez : le fils qui est sorti de mes entrailles en veut à ma vie. À plus forte raison maintenant ce Benjaminite — ce Shiméï ! Laissez-le maudire, si le Seigneur le lui a commandé. Peut-être le Seigneur considérera-t-il ma misère et me rendra-t-il le bien au lieu de sa malédiction d’aujourd’hui ». Voici la troisième attitude : David « s’en remet au Seigneur ». Justement « ces trois attitudes de David dans le moment d’obscurité, au moment de l’épreuve, peuvent tous nous aider » lorsque nous nous trouvons dans des situations difficiles. Il ne faut pas « négocier notre appartenance ». 

CHMAKOFF, 7 JOUR DE LA CREATION

9 février, 2015

CHMAKOFF, 7 JOUR DE LA CREATION  dans images sacrée 21%20CHMAKOFF%207%20JOUR%20DE%20LA%20CREATION

http://www.artbible.net/1T/Gen0201_7rest_Shabbat/pages/21%20CHMAKOFF%207%20JOUR%20DE%20LA%20CREATION.htm

HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

9 février, 2015

http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/gregoiredenysse3.htm

HOMÉLIES SUR LES BÉATITUDES (EXTRAITS) DE ST GRÉGOIRE DE NYSSE (V. 335-395)

CELUI QUI PURIFIE SON COEUR VOIT EN LUI-MÊME L’IMAGE DE DIEU

« La santé du corps est un bien pour la vie humaine. Or, on est heureux non seulement de connaître la définition de la santé, mais de vivre en bonne santé. Car si un homme fait l’éloge de la santé et prend une nourriture malsaine qui lui gâte le sang, quel profit trouvera-t-il à ces éloges tandis qu’il est tourmenté par la maladie ? Comprenons de la même manière l’affirmation que nous avons discutée. Le Seigneur Jésus ne dit pas qu’on est heureux de savoir quelque chose au sujet de Dieu, mais qu’on est heureux de le posséder en soi-même. En effet, heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu. Il ne pense pas que Dieu se laisse voir face à face par celui qui aura purifié le regard de son âme. Mais peut-être la noblesse de cette parole nous suggère-t-elle ce qu’une autre parole exprime plus clairement : Le Royaume de Dieu est au-dedans de vous. Voici ce qu’elle nous enseigne : celui qui a purifié son coeur de toute créature et de tout attachement déréglé voit l’image de la nature divine dans sa propre beauté.
Il me semble que dans cette brève formule le Verbe fait tenir l’exhortation suivante : « Hommes qui avez quelque désir de contempler le vrai Bien, vous avez entendu dire que la majesté divine est élevée au-dessus des cieux, que sa gloire est incompréhensible, sa beauté inexprimable et sa nature infinie. Mais ne désespérez pas de parvenir à contempler l’objet de votre désir. »
[...]
Si tu purifies par un effort de vie parfaite, les souillures attachées à ton coeur, la beauté divine brillera de nouveau en toi. C’est ce qui arrive avec un morceau de fer, lorsque la meule le débarrasse de sa rouille. Auparavant il était noirci, et maintenant il brille et rayonne au soleil.
De même l’homme intérieur, que le Seigneur appelle « le coeur », lorsqu’il aura enlevé les taches de rouille qui altéraient et détérioraient sa beauté, retrouvera la ressemblance de son modèle, et il sera bon. Car ce qui ressemble à la Bonté est nécessairement bon.
Donc celui qui se voit lui-même découvre en soi l’objet de son désir(1). Et ainsi celui qui a le coeur pur devient heureux parce que en découvrant sa propre pureté, il découvre, à travers cette image, son modèle. Ceux qui voient le soleil dans un miroir, même s’ils ne fixent pas le ciel, voient le soleil dans la lumière du miroir aussi bien que s’ils regardaient directement le disque solaire. De même vous, qui êtes trop faibles pour saisir la lumière, si vous vous retournez vers la grâce de l’image établie en vous dès le commencement, vous possédez en vous-même ce que vous recherchez.
La pureté, en effet, la paix de l’âme, l’éloignement de tout mal, voilà la divinité, Si tu possèdes tout cela, tu possèdes certainement Dieu. Si ton coeur est exempt de tout vice, libre de toute passion, pur de toute souillure, tu es heureux, car ton regard est clair. Purifié, tu contemples ce que les yeux non purifiés ne peuvent pas voir. L’obscurité qui vient de la matière a disparu de tes regards et, dans l’atmosphère très pure de ton coeur, tu distingues clairement la bienheureuse vision. Voici en quoi elle consiste : pureté, sainteté, simplicité, tous les rayons lumineux jaillis de la nature divine, qui nous font voir Dieu. »

(Grégoire de Nysse, Homélie sur les Béatitudes, 6).
(1) De façon très semblable Augustin dit dans Les Confessions :
« Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors, et c’est là que je te cherchais. » (Conf. X, , xxvii, 38).
- phrase qui devrait être méditée par les élèves de prépas scientifiques qui en 2008-09 travaillent sur le chapitre X des Confessions en relation avec le thème « les énigmes du moi » ! L’homélie de Grégoire de Nysse peut les y aider.

 

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA XXIIIe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2015

9 février, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/messages/sick/documents/papa-francesco_20141203_giornata-malato.html

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA XXIIIe JOURNÉE MONDIALE DU MALADE 2015

Sapientia cordis
“J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux” (Jb 29,15)

Chers frères et sœurs,
À l’occasion de la XXIIIème Journée mondiale du Malade, instaurée par saint Jean-Paul II, je m’adresse à vous tous qui supportez le fardeau de la maladie et êtes unis, de diverses manières, à la chair du Christ souffrant, et à vous également, professionnels et bénévoles de la santé.
Le thème de cette année nous invite à réfléchir sur une phrase du Livre de Job : « J’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux » (29,15). Je voudrais le faire dans la perspective de la « sapientia cordis », la sagesse du cœur.
1. Cette sagesse n’est pas une connaissance théorique, abstraite, fruit de raisonnements. Elle est plutôt, comme le décrit saint Jacques dans son épître, « pure, puis pacifique, indulgente, bienveillante, pleine de pitié et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie » (3,17). Elle est donc un comportement inspiré par l’Esprit Saint dans l’esprit et le cœur de celui qui sait s’ouvrir à la souffrance des frères et reconnaît en eux l’image de Dieu. Faisons donc nôtre l’invocation du psaume : « Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de cœur à la sagesse ! » (Ps 90,12). Dans cette sapientia cordis, qui est don de Dieu, nous pouvons résumer les fruits de la Journée mondiale du Malade.
2. La sagesse du cœur veut dire servir le frère. Dans le discours de Job qui contient les paroles « j’étais les yeux de l’aveugle, les pieds du boiteux », est mise en évidence la dimension du service à ceux qui en ont besoin, de la part de l’homme juste qui jouit d’une certaine autorité et a une place importante parmi les anciens de la ville. Sa stature morale se manifeste dans le service du pauvre qui demande de l’aide, et également en prenant soin de l’orphelin et de la veuve (v. 12-13).
Que de chrétiens rendent témoignage aujourd’hui encore, non par leurs paroles mais par leur vie enracinée dans une foi authentique, d’être « les yeux de l’aveugle » et les « pieds du boiteux » ! Des personnes qui sont proches des malades ayant besoin d’une assistance permanente, d’une aide pour se laver, s’habiller, se nourrir. Ce service, surtout lorsqu’il se prolonge dans le temps, peut devenir fatigant et pénible. Il est relativement facile de servir pendant quelques jours, mais il est difficile de soigner une personne pendant des mois, voire des années, également si celle-ci n’est plus à même de remercier. Et pourtant, voilà un grand chemin de sanctification ! Dans ces moments, on peut compter de manière particulière sur la proximité du Seigneur, et on est également un soutien spécial à la mission de l’Église.
3. La sagesse du cœur, c’est être avec le frère. Le temps passé à côté du malade est un temps sacré. C’est une louange à Dieu, qui nous conforme à l’image de son Fils, qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mt 20,28). Jésus lui-même a dit : « Et moi je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,27).
Avec une foi vive, nous demandons à l’Esprit Saint de nous donner la grâce de comprendre la valeur de l’accompagnement, si souvent silencieux, qui nous conduit à consacrer du temps à ces sœurs et à ces frères qui, grâce à notre proximité et à notre affection, se sentent davantage aimés et réconfortés. En revanche, quel grand mensonge se dissimule derrière certaines expressions qui insistent tellement sur la « qualité de la vie », pour inciter à croire que les vies gravement atteintes par la maladie ne seraient pas dignes d’être vécues !
4. La sagesse du cœur, c’est la sortie de soi vers le frère. Notre monde oublie parfois la valeur spéciale du temps passé auprès du lit d’un malade, parce qu’on est harcelé par la hâte, par la frénésie de l’action, de la production et on oublie la dimension de la gratuité, de l’acte de prendre soin, de se charger de l’autre. En réalité, derrière cette attitude se dissimule souvent une foi tiède, oublieuse de cette parole du Seigneur qui déclare : « C’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25,40).
Voilà pourquoi je voudrais rappeler à nouveau « la priorité absolue de “la sortie de soi vers le frère” comme un des deux commandements principaux qui fondent toute norme morale et comme le signe le plus clair pour faire le discernement sur un chemin de croissance spirituelle en réponse au don absolument gratuit de Dieu » (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, n. 179). De la nature missionnaire même de l’Église jaillissent « la charité effective pour le prochain, la compassion qui comprend, assiste et encourage » (idem).
5. La sagesse du cœur c’est être solidaire avec le frère sans le juger. La charité a besoin de temps. Du temps pour soigner les malades et du temps pour les visiter. Du temps pour être auprès d’eux comme le firent les amis de Job : « Puis, s’asseyant à terre près de lui, ils restèrent ainsi durant sept jours et sept nuits. Aucun ne lui adressa la parole, au spectacle d’une si grande douleur » (Jb 2,13). Mais les amis de Job cachaient au fond d’eux-mêmes un jugement négatif à son sujet : ils pensaient que son malheur était la punition de Dieu pour une de ses fautes. Au contraire, la véritable charité est un partage qui ne juge pas, qui ne prétend pas convertir l’autre ; elle est libérée de cette fausse humilité qui, au fond, recherche l’approbation et se complaît dans le bien accompli.
L’expérience de Job trouve sa réponse authentique uniquement dans la croix de Jésus, acte suprême de solidarité de Dieu avec nous, totalement gratuit, totalement miséricordieux. Et cette réponse d’amour au drame de la souffrance humaine, spécialement de la souffrance innocente, demeure imprimée pour toujours dans le corps du Christ ressuscité, dans ses plaies glorieuses, qui sont un scandale pour la foi mais sont également preuve de la foi (cf. Homélie pour la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, 27 avril 2014).
De même, lorsque la maladie, la solitude et l’incapacité l’emportent sur notre vie de don, l’expérience de la souffrance peut devenir un lieu privilégié de la transmission de la grâce et une source pour acquérir et renforcer la sapientia cordis. Donc, on peut comprendre que Job, à la fin de son expérience, en s’adressant à Dieu, peut déclarer : « Je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant mes yeux t’ont vu » (42,5). Et les personnes plongées dans le mystère de la souffrance et de la douleur, accueilli dans la foi, peuvent également devenir des témoins vivant d’une foi qui permet d’habiter la souffrance elle-même, bien que l’homme, par son intelligence, ne soit pas capable de la comprendre en profondeur.
6. Je confie cette Journée mondiale du Malade à la protection maternelle de Marie, qui a accueilli dans son sein et a donné naissance à la Sagesse incarnée, Jésus-Christ, notre Seigneur.
Ô Marie, Siège de la Sagesse, intercède comme notre Mère pour tous les malades et pour ceux qui en prennent soin. Fais que, dans le service du prochain qui souffre et à travers l’expérience même de la souffrance, nous puissions accueillir et faire croître en nous la véritable sagesse du cœur.

J’accompagne cette invocation pour vous tous de ma bénédiction apostolique.

Du Vatican, le 3 Décembre 2014

Memorial de Saint François Xavier

FRANCISCUS

Jésus guérit la belle-mère de Pierre

6 février, 2015

Jésus guérit la belle-mère de Pierre dans images sacrée CY74-6-09

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COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 8 FÉVRIER – 1 Corinthiens 9, 16 … 23

6 février, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 8 FÉVRIER

DEUXIEME LECTURE – 1 Corinthiens 9, 16 … 23

Frères,
16 annoncer l’Evangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté,
c’est une nécessité qui s’impose à moi.
Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile !
17 Certes, si je le fais de moi-même,
je mérite une récompense.
Mais je ne le fais pas de moi-même,
c’est une mission qui m’est confiée.
18 Alors, quel est mon mérite ?
C’est d’annoncer l’Evangile
sans rechercher aucun avantage matériel,
et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Evangile.
19 Oui, libre à l’égard de tous,
je me suis fait l’esclave de tous
afin d’en gagner le plus grand nombre possible.
22 Avec les faibles, j’ai été faible
pour gagner les faibles.
Je me suis fait tout à tous
pour en sauver à tout prix quelques-uns.
23 Et tout cela, je le fais à cause de l’Evangile,
pour y avoir part, moi aussi.

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Il apparaît dans plusieurs lettres de Saint Paul qu’il se fait une gloire de travailler de ses mains pour ne pas être financièrement à la charge de la communauté chrétienne. Il semble que, dans l’Eglise de Corinthe, certains de ses adversaires aient trouvé dans ce comportement un argument contre lui :
puisque Paul n’use pas de son droit d’être rétribué, c’est qu’il veut échapper à tout contrôle. Est-il authentiquement l’apôtre qu’il prétend être ?
Paul présente ici les raisons profondes de sa conduite. S’il se montre à ce point désintéressé, c’est pour que l’on sache bien qu’il « ne roule pas pour lui » ; il ne considère pas l’annonce de la Bonne Nouvelle comme l’exercice d’un métier dont il pourrait tirer quelque avantage que ce soit, mais l’accomplissement de la mission qui lui est confiée. Il est en « service commandé » et c’est cela qui le rend libre.
« J’annonce l’Evangile, c’est une nécessité qui s’impose à moi » : Paul n’a pas choisi d’annoncer l’évangile, on le sait bien ; ce n’était pas prévu au programme, pourrait-on dire ! Il était un Juif fervent, cultivé, un Pharisien : tellement fervent qu’il a commencé par persécuter la toute nouvelle secte des Chrétiens. Et puis sa conversion imprévisible a tout changé ; désormais, il a mis son tempérament passionné au service de l’évangile. Pour lui, la prédication est une fonction qui lui a été imposée lors de sa vocation : comme si, à ses yeux, on ne pouvait pas être Chrétien sans être apôtre. Il sait bien que s’il a été appelé par Dieu, c’est POUR le service des autres.
(ceux qu’il appelle les « païens » ; il le dit dans la lettre aux Galates : « …Celui qui m’a mis à part depuis le sein de ma mère et m’a appelé par sa grâce, a jugé bon de révéler en moi son Fils afin que je l’annonce parmi les païens… » Ga 1, 15).
Comment ne pas penser à la vocation de certains prophètes ; Amos, par exemple : « Je n’étais pas prophète, je n’étais pas fils de prophète, j’étais bouvier, je traitais les sycomores ; mais le Seigneur m’a pris de derrière le bétail et le Seigneur m’a dit : Va, prophétise à Israël mon peuple. » (Am 7, 14). Ou encore Jérémie : « La Parole du Seigneur s’adressa à moi : Avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu sortes de son ventre, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. (Jr 1, 4-5).
Un prophète, par hypothèse, est toujours un homme POUR les autres. Dans l’évangile de Marc, que nous lisons dans cette même liturgie, Jésus dit bien que c’est POUR annoncer la Bonne Nouvelle qu’il est venu.
Cette conscience de sa responsabilité fait dire à Paul une phrase très forte qui nous surprend peut-être : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’évangile ! » Cela ne veut pas dire qu’il a peur d’une sanction quelconque ou qu’il ressent une menace extérieure pour le cas où il ne remplirait pas sa mission ; mais quelque chose comme « Si je n’annonçais pas l’Evangile, je serais le plus malheureux des hommes » : cette passion nouvelle pour l’évangile est devenue une seconde nature. Parce que cette découverte qu’il a faite, il brûle de la partager.
Elle est là sa joie et sa récompense : simplement savoir qu’il a accompli sa mission. Paul n’est pas un prédicateur itinérant qui vend ses talents d’orateur en faisant des conférences payantes ici ou là ; il est en service commandé : « C’est une nécessité qui s’impose à moi… Je ne le fais pas de moi-même, je m’acquitte de la charge que Dieu m’a confiée. »
Cette dernière expression était celle qu’on employait pour les esclaves ; si bien qu’on pourrait résumer ainsi les versets 17-18 : si j’avais choisi ce métier moi-même, je me ferais payer comme pour tout autre métier ; mais en réalité, je suis devenu l’esclave de Dieu, et un esclave n’est pas payé, comme chacun sait !
Mais pourtant ma récompense est grande, car c’est un grand honneur et une grande joie d’annoncer l’évangile : traduisez « Ne recevoir aucun salaire, voilà mon salaire » ; cet apparent paradoxe est la merveilleuse expérience quotidienne de tous les serviteurs de l’évangile. Car la gratuité est le seul régime qui s’accorde avec le discours sur la gratuité de l’amour de Dieu. Bien sûr, il faut vivre et assurer sa subsistance ; mais Paul nous dit très fort ici que la prédication de l’Evangile est une charge, une mission, une vocation et non un métier. En accomplissant de tout coeur la tâche qui lui est imposée, l’apôtre est gratifié de la joie de donner : en cela il est à l’image de celui qu’il annonce.

LES EXIGENCES DE LA VIE FRATERNELLE
Cette prédication n’est pas seulement paroles mais aussi tout un comportement : « J’ai partagé la faiblesse des faibles, pour gagner les faibles » ; de quelle sorte de faiblesse parle-t-il ? Je m’explique : cette phrase traduit le contexte dans lequel Paul écrit : les membres de la communauté de Corinthe n’ont pas tous eu le même parcours, comme on dit. Certains sont d’anciens Juifs, devenus Chrétiens, comme Paul ; mais les autres sont d’anciens non-Juifs ; ils n’étaient pourtant pas des païens, à proprement parler ; ils avaient une religion, des dieux, des rites… Leur Baptême et leur entrée dans la communauté chrétienne leur ont imposé des changements d’habitudes parfois radicaux. Par exemple, dans leur ancienne religion, ils offraient des sacrifices à leurs idoles et mangeaient ensuite la viande des animaux sacrifiés, dans une sorte de repas sacré. En adhérant à la foi chrétienne, ils ont évidemment abandonné ces pratiques : on sait que l’entrée en catéchuménat imposait des exigences très strictes.
Mais il peut leur arriver d’être invités par des proches ou des amis païens.
Par exemple, on a retrouvé des cartes d’invitation à une réception dans un Temple à Corinthe, dont voici le libellé : « Antoine, fils de Ptolémée, t’invite à dîner avec lui à la table du Seigneur Sarapis (l’une des nombreuses divinités de Corinthe), dans les locaux du Sarapeion de Claude… » suivent le jour et l’heure.
Quand on est un Chrétien sûr de sa foi (Paul dit « fort ») on n’a aucun cas de conscience à accepter ce genre d’invitations : puisque les idoles n’existent pas, on peut bien leur immoler tous les animaux que l’on voudra, ces sacrifices n’ont aucun sens et donc ces repas ne sont pas un blasphème à l’égard du Dieu des Chrétiens. Un Chrétien sûr de sa foi est assez libre pour cela. Et il préfère ne pas peiner sa famille ou ses amis en refusant une invitation.
Mais il y a des Chrétiens moins sûrs d’eux, ceux que Paul appelle les faibles : ils savent bien, eux aussi, que les idoles ne sont rien… Mais ce genre de problème les trouble encore* ; il ne faudrait ni les choquer ni les inciter à retomber dans leurs anciennes pratiques. Les plus forts devront donc toujours veiller à respecter les plus faibles. C’est le B.A. BA d’une véritable vie fraternelle.
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Note
D’une part, ils risquent d’être choqués en voyant certains Chrétiens participer à ces banquets. D’autre part, s’ils suivent cet exemple, ils risquent de vivre ensuite dans une épouvantable culpabilité. Paul donne alors des conseils de prudence à ceux qui n’ont pas ce genre de scrupules : « Prenez garde que cette liberté même, qui est la vôtre, ne devienne une occasion de chute pour les faibles. Car si l’on te voit, toi qui as la connaissance, attablé dans un temple d’idole, ce spectacle risque de pousser celui dont la conscience est faible à manger lui aussi des viandes sacrifiées… » (1 Co 8, 9-10). Et il conclut « Si un aliment doit faire tomber mon frère, je renoncerai à tout jamais à manger de la viande, plutôt que de faire tomber mon frère » (1 Co 8, 13). Ici, il dit la même chose dans d’autres termes : « J’ai partagé la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les faibles. »

Complément
Dans les chapitres 14 et 15 de la lettre aux Romains, Paul reprendra le même thème : « Le Règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint… Recherchons donc ce qui convient à la paix et à l’édification mutuelle… Tout est pur, certes, mais il est mal de manger quelque chose lorsqu’on est ainsi occasion de chute… C’est un devoir pour nous, les forts, de porter l’infirmité des faibles et de ne pas rechercher ce qui nous plaît » (Rm 14, 17-20 ; 15, 1).

 

HOMÉLIE 5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

6 février, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,4104.html

5E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 8 FÉVRIER 2015

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

« La vie de l’homme est une corvée ! ». Ce genre d’affirmation dérange. Parce qu’elle sonne vrai. Parce qu’elle est nôtre. Parce qu’elle est dans la Bible. Parce que la liturgie prétend qu’elle peut nourrir notre prière de ce jour…
Job a le sens de l’image qui touche. Il compare l’homme à un esclave qui ne subsiste que par un travail forcé, qui peine sous la charge sans qu’elle ne lui apporte de sécurité pour l’avenir ni de satisfaction pour le présent. Il travaille pour un autre et sait que dans sa vie, il n’y a plus de place pour le bonheur. Il n’espère même plus la guérison qui le soulagerait de ses maux ni le repos qui apaiserait son sommeil : il sait que la mort emporte bientôt tout cela, tout répit est vain. Bref, une seule solution réaliste : le « zéro espérance » !
Pourtant, au milieu de cette nuit de l’absurde, une lumière jaillit : « Souviens-toi ! », « Souviens-toi, Seigneur » ! Ce sont les premiers mots de la prière d’Israël… « Souviens-toi Israël, le Seigneur est Un ». Ce sont les mots qu’on retrouve dans bon nombre de psaumes. Au cœur de sa détresse, Job tutoie donc Dieu et lui demande de se souvenir de son amour, de son Alliance. « Souviens-toi, ma vie n’est qu’un souffle », c’est-à-dire « Seigneur, vois ma faiblesse, souviens-toi aujourd’hui car demain il sera trop tard ».
Quelle espérance ! Job nous rappelle que le Seigneur est proche, que Dieu est présent au fond de nos abîmes. Il est bon de se le rappeler. En effet, notre souffrance peut être telle que tout le champ de notre conscience soit tout occupé par elle, au point que notre regard sur Dieu est marqué par cette souffrance. Il nous est méconnaissable. Notre souffrance défigure Dieu.
Dans une telle impasse, Job nous révèle qu’il reste toujours une issue, il existe un chemin vers Dieu, dont la porte d’entrée est notre sens inné de l’absurdité de la souffrance. Notre être qui s’insurge contre la souffrance est justement celui que Dieu atteint. Le cœur en révolte contre le mal subi est celui qui a un passé en commun avec le Bon-Dieu et qui peut lui dire dans l’intimité : « Souviens-toi de ton amour ».
Il n’est pas possible en effet qu’il nous laisse sombrer dans le non-sens du mal. Le Créateur a en effet ordonné magnifiquement le monde où nous vivons. Il déborde de sens. Il indique sa source et son terme. Le psalmiste le reconnaît quand il s’écrit : « Il compte le nombre des étoiles, il donne à chacune un nom ». C’est en-soi une vraie bonne nouvelle. L’univers a été par Dieu, et ça change tout. « Alleluia », clame-t-il encore, vive le Dieu qui libère son peuple, vive le Dieu qui « guérit les cœurs brisés et soigne les blessures » ! C’est un cri de victoire et reconnaissance qui fait taire la plainte de la souffrance. Dieu a toujours le dernier le mot, qui est l’amour.
La preuve nous en est donnée dans l’évangile. Jésus se penche vers les malades, et les guérit tous. En les libérant, il montre que qu’il ne veut pas la maladie et la souffrance qui accablent l’homme. Elles ne sont jamais bonnes en elles-mêmes, même s’il est possible d’en faire un chemin de croissance spirituelle.
Le seul état que Dieu désire pour nous est celui de ressuscité. C’est ce qu’atteste la guérison de la belle-mère de Simon. Jésus la prend par la main et la fait se lever, montrant ainsi qu’il veut pour l’humanité malade du péché et de ses conséquences, la gloire de la résurrection. Il nous montre aussi combien Job visait juste. Jésus qui guérit est un Dieu proche. Dans cette scène que nous rapporte saint Marc, pas de grand discours, pas de considérations sur l’origine de la maladie, sur la façon dont elle a pu être contractée. Il n’y a pas, cette fois-ci, de public qui se presse à la porte, il n’y a pas de question qui oppose les témoins, aucun étonnement. Tout est simple et naturel. Dans l’intimité d’une maison, dans le calme d’un foyer, Dieu donne sa réponse aux cris de Job, elle se dit dans le silence de la main tendue de Jésus, qui relève et rend la vie.
Bien entendu, les nouvelles vont vite. Entre amis, entre voisins, on ne se cache pas ces choses-là, au contraire. Aussi, le soir venu, c’est-à-dire lorsque la prescription sabbatique de compter ses pas arrive à son terme, tous accourent, tous demandent la guérison, la fin de leur souffrance. Et, avec la même simplicité, Jésus guérit, Jésus chasse les démons.
Et Jésus impose le silence aux démons qu’il chasse. Il les fait taire parce qu’ils disent que Jésus est le Messie. En effet, en divulguant une information qui pourrait être mal comprise, Jésus pourrait être pris pour un autre. Il ne suffit pas de dire que Jésus est le Messie pour découvrir le Père qu’il révèle, il faut accueillir de lui quel Messie il dit être. Là est la raison profonde de son ordre de silence. Jésus à autre chose à nous dire et il doit être entendu.
Sans faire passer le disciple avant le maître, nous entendons cette détermination de Jésus en écho dans le cri de saint Paul : « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’évangile ». « C’est pour cela que je suis sorti » dit Jésus. Les deux expressions sont équivalentes. Jésus n’est pas venu pour attirer les foules autour d’un thaumaturge mais pour les enseigner, les rassembler et les conduire à la maison du Père. S’il fait taire les démons, s’il ne répond pas à l’appel pressant de la foule au petit matin, c’est pour que son propre enseignement soit entendu. Et en se mettant en marche, il nous enseigne que lui, le Dieu qui se fait proche, il est ailleurs. Il est au-delà de nos attentes, car elles sont trop petites pour le contenir.
Au terme de l’évangile, Jésus se remet ouvre un chemin où nous sommes tous invités à le suivre. Là est sans doute le plus grand enseignement à mettre en œuvre pour notre semaine à venir. Tout ce que Jésus a fait est destiné à être imité par ses disciples. Les demandes que nous lui adressons sont sans doute légitimes, notre attente d’être relevés comme la belle-mère de Simon est grande, mais nous ne vivrons de la joie de la résurrection que lorsque nous saurons modeler l’emploi du temps de nos journées sur cette journée ordinaire de Jésus que saint Marc vient de nous raconter. On ne peut pas vivre de lui sans vivre comme lui. Nous n’aurons sans doute pas à marcher à travers le pays ni à résister aux assauts de la ville entière, mais nous reconnaîtrons la présence du ressuscité quand à tout instant de nos journées nous serons tout tournés vers Dieu et vers nos frères, Dieu rencontré dans la prière, nos frères aidés à se mettre debout et à retrouver la dignité des fils de Dieu, la joie de servir notre maître. Car ce dont nous avons le plus besoin n’est pas d’être soulagés de nos souffrances, mais d’être sauvés. Or voici qu’il vient en nos maisons celui qui porte le salut, accueillons-le.

Frère Dominique

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