Archive pour février, 2015

MAURICE ZUNDEL – LA PRÉSENCE…

24 février, 2015

http://chemins.eklesia.fr/cdh/zundel2.php

MAURICE ZUNDEL

LA PRÉSENCE…

« Les Minutes étoilées de M. Zundel », d’Emmanuel Latteur. (page 40-42, Editions Anne Sigier)

« Notre «mission» peuvent se résumer dans le mot «présence à la Présence ».

Puisque Dieu lui-même n’est pas un pouvoir, puisque Dieu lui-même est l’amour, puisque Dieu lui-même ne possède rien, puisqu’il ne peut nous toucher que par son coeur, comme nous ne pouvons l’atteindre que par le nôtre, comment l’Église-Christ pourrait-elle être un pouvoir ? Elle ne peut être qu’un lavement des pieds pour introduire l’homme dans l’univers de l’Esprit.
Par notre seule présence, nous pouvons susciter la vie, faire tomber les murs de séparation, être un évangile vivant. Et c’est le plus persuasif. Davantage ! la seule action vraiment humaine, irremplaçable, qu’aucune machine ne pourra jamais accomplir à notre place, c’est celle-là : une présence toute recueillie en son amour et qui le laisse transparâõtre, et qui, en créant un espace de respect, comme Jésus au lavement des pieds, suscite en l’autre le sentiment qu’il y a quelque chose en lui qu’il n’a pas encore découvert et qu’il va découvrir maintenant parce que, à votre approche, à travers votre visage, il a vu luire le Visage déjà imprimé dans son coeur.
C’est cela qui est l’âme de tout apostolat. Nous n’avons pas à prêcher, nous n’avons pas à parler de Dieu ; moins on en parle, mieux ça vaut. Nous n’avons pas à faire un prosélytisme qui amène les autres à penser comme nous, puisque nous n’avons pas à penser quelque chose, mais à vivre Quelqu’un. Il s’agit de communiquer une Présence qui ne fait pas de bruit, une Présence qui est au cÏur du silence et que le silence seul peut transmettre.
Le témoignage que nous avons à donner, le témoignage de notre vie : apporter à tous ces hommes pourvus des techniques les plus parfaites la révélation de l’amour par la lumière et l’amour du Christ. C’est pourquoi il faut apprendre à baisser les yeux devant les âmes. Il ne s’agit pas de convertir les êtres en leur jetant des paquets d’arguments, mais de baisser les yeux avec tant d’amour qu’ils comprennent qu’il y a en eux une valeur tellement grande et tellement belle. Les êtres ne croiront en lui, le Dieu vivant, que lorsqu’ils découvriront en nous une source de vie. C’est cela, être missionnaire, prêtre, saint. Si souvent, la religion s’est réduite à un ensemble de rites, d’exclusivismes étroits, parce qu’on ne l’a pas comprise comme l’ouverture à la vie. Comment pourront-ils résister à la religion, quand elle sera la vie, la vie qui chante, qui assume toute créature pour la porter à l’appel du Christ ?…
Dire les mots avec cette plénitude intérieure qui les rend efficaces. Ne jamais prendre soin de soi-même.
Il faut que le sourire commence à luire dans les ténèbres. C’est cela, la merveille de la parole: c’est que nous pouvons vraiment engendrer le Christ sans le nommer, sans qu’il soit jamais question de lui, sans qu’il soit jamais fait allusion à la religion ou à l’Église, car il remplit tous les mots, dès lors que la parole est ouverte sur lui. Le son devient l’harmonique de l’éternelle Musique qui fait lever dans la parole le rayonnement de l’Amour.
Notre vocation ? C’est d’être le sacrement collectif d’une Présence qui est la liberté dans sa source, un sacrement de silence où toute l’humanité contemporaine subira l’attraction de cette Présence qu’il est inutile de nommer si l’on n’en vit pas, car on ne fait que l’abîmer, la défigurer, la limiter et la rendre odieuse. Il nous faut vivre (de) cette liberté, vivre (de) cette Présence qui est universelle et en chacun de nous, la vie de tout l’univers. Car si nous sommes axés sur le Dieu vivant, nous sommes au coeur des autres. C’est la seule manière d’atteindre les autres, d’atteindre leur intimité sans la violer, c’est d’aller, justement, nous-mêmes, jusqu’à la racine de notre être, c’est la même racine que les autres plongent dans le coeur de Dieu. Nous pouvons agir sans prosélytisme, sans indiscrétion. Nous pouvons agir les yeux baissés, à condition que nous écoutions cet appel, que nous soyons atteints et fascinés par un Amoureux, un Dieu qui est totalement engagé dans notre vie, (…) un Dieu qui ne peut pas s’exprimer dans cette création, si nous ne sommes pas translucides à sa Présence.

 

VOUS PUISEREZ AVEC JOIE AUX SOURCES DU SALUT – Frédéric Manns

24 février, 2015

http://www.christusrex.org/www1/ofm/sbf/dialogue/fetes.html

VOUS PUISEREZ AVEC JOIE AUX SOURCES DU SALUT

Frédéric Manns

Dans le calendrier juif le mois de Tishri, qui correspond à notre mois de septembre/octobre, est le mois par excellence des fêtes. Le premier du mois la fête du nouvel an commémore la création de l’homme, le jugement final et la royauté de Dieu. Evoquer dans un même regard le début et la fin de l’humanité, c’est méditer sur le sens de l’aventure humaine. La corne de bélier qu’on sonne à la synagogue en souvenir du bélier qu’Abraham sacrifia à la place de son fils Isaac fait mémoire des mérites des Pères qui intercèdent aujourd’hui pour leurs enfants.
Le nouvel an est suivi de dix jours de pénitence au cours desquels on demande pardon à tous ceux qu’on a offensés. La réconciliation avec les frères prépare ainsi le don de la miséricorde de Dieu. « Confessez vos péchés les uns aux autres » recommandait Saint Jacques aux premiers chrétiens issus de la Synagogue.
Le dix du mois la fête des Expiations se déroule dans le jeûne, la prière et l’aveu des péchés. Le pardon de Dieu est accordé seulement pour les péchés commis contre Dieu. Les péchés commis contre le prochain ne sont pardonnés que si on se réconcilie avec eux. « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons » enseigne Jésus.
A l’époque du Temple le grand prêtre entrait dans le Saint des Saints pour en faire l’aspersion avec le sang des taureaux et des boucs. « Notre grand prêtre n’est pas dans la nécessité d’offrir des victimes d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux de son peuple. Il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même », affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux.
Du quinze au vingt-deux les juifs célèbrent la fête des Tentes sous le signe de la joie. Ils habitent dans des tentes pour faire mémoire du passage au désert après la sortie d’Egypte. Ils prennent en main un bouquet formé d’une branche de palmier, d’un rameau de myrte, d’un rameau de saule et d’un cédrat (etrog). Ces quatre « espèces » symbolisent le peuple: en effet, de même que certaines sont parfumées, des fidèles se distinguent par leurs bonnes oeuvres. De même que d’autres n’ont ni odeur ni beauté, certains pèlerins sont dépourvus de tout mérite. Mais Dieu considère le peuple dans son entier lorsqu’il le juge et le parfum des uns se communique aux autres. Ainsi le peuple expérimente la communion des saints.
Dans le Temple de Jérusalem chaque jour les prêtres descendaient à Siloé pour y puiser de l’eau qu’on versait en libation sur l’autel. Ce rite impliquait une supplication pour la pluie. C’est dans ce contexte que Jésus s’est écrié: « Que celui qui a soif vienne à moi et qu’il boive. De son sein couleront des fleuves d’eau vive ». Chaque soir, on allumait quatre chandeliers dans la cour des femmes au Temple. La cérémonie était appelée « joie du puisage de l’eau ». L’évangile de Jean situe dans ce contexte la déclaration de Jésus: « Je suis la lumière du monde ».
La liturgie des Tentes comportait un autre élément important. Au chant du Hosanna les pèlerins tournaient sept fois autour de l’autel tenant les palmes à la main. Ces cercles concentriques des pèlerins évoquaient l’expérience spirituelle de Dieu qui entoure son peuple et l’étreint: « Sa gauche, sous ma tête et sa droite m’étreint » chantait l’auteur du Cantique des cantiques. C’est aussi la prise de Jéricho, la ville des palmes, qu’évoquent ces cercles autour de l’autel. Jéricho symbolise les puissances du mal qui s’opposent à la prise de possession de la terre promise. Même si le mal est vaincu, il faut actualiser chaque année sa destruction pour évoquer le victoire eschatologique.
Enfin lors de la fête on offrait soixante-dix sacrifices pour toutes les nations du monde. Pour Israël c’était la promesse de l’intimité des nations et de la concorde universelle.
Les premières générations chrétiennes n’hésiteront pas un instant à montrer que la liturgie juive trouve son achèvement dans le Christ. C’est lui qui est roi, juge et grand prêtre. C’est lui qui donne l’eau vive de l’Esprit aux croyants et qui illumine le monde. C’est lui « notre paix » qui réconcilie juifs et païens.

SAINT POLYCARPE

23 février, 2015

 SAINT POLYCARPE dans images sacrée polycarp

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RÉCIT DU MARTYRE DE SAINT POLYCARPE

23 février, 2015

http://www.patristique.org/Recit-du-martyre-de-saint.html

RÉCIT DU MARTYRE DE SAINT POLYCARPE

Nous sommes à Smyrne en l’an 156. La persécution, sous les Antonins, était modérée et venait moins d’une politique systématique que des dénonciations de païens, qui répandaient force calomnies sur les cultes nouveaux. Les autorités, sans être dupes, mettaient à mort les chrétiens arrêtés ; à leurs yeux, ils commettaient au moins un crime de lèse-majesté en ne sacrifiant pas aux dieux, c’est-à-dire en ne reconnaissant pas la souveraineté absolue des Césars.
Le martyre de Polycarpe émane ainsi de pressions populaires, et des autorités locales, mues par un esprit de démagogie et la volonté de faire un exemple. Ce supplice représente cependant un cas relativement isolé à cette période.
Polycarpe, qui nous a laissé une épître (peut-être deux) aux Philippiens, était, dit-on, un disciple de saint Jean. Évêque de Smyrne, il avait fréquenté Ignace d’Antioche et Irénée de Lyon. À une telle école, le martyr ne se contente pas d’être un témoin du Christ, il veut être son imitateur, jusqu’à revivre lui-même les souffrances et la mort de son Maître qui le mettront en communion étroite avec son corps. Entre l’Évangile et la passion de Polycarpe, les coïncidences affluent, de noms, de lieux, de circonstances, mais plus profondément retentissent les grands mots évangéliques de la Passion, les « il faut », les « je suis », les métaphore du « pain » que dore le feu du supplice.
C’est le plus ancien récit de martyre qui nous soit parvenu. Il fut diffusé dans toute la chrétienté et servit de modèle à d’autres « imitateurs du Christ ».

RÉCIT DU MARTYRE DE POLYCARPE
L’Église de Dieu qui réside à Smyrne à l’Église de Dieu qui est à Philomélion et à toutes les communautés que l’Église sainte et universelle a partout établies. Que Dieu notre Père et notre Seigneur Jésus-Christ vous remplissent de miséricorde, de paix et d’amour !
Frères, c’est pour vous que nous rédigeons les actes des martyrs et du bienheureux Polycarpe, dont le supplice sembla achever la persécution en la frappant de son sceau.
En presque tous les événements qui précédèrent sa mort, le Seigneur nous montre un martyre tout entier évangélique. Polycarpe a attendu d’être livre, comme le Seigneur, afin qu’imitant son exemple, nous regardions moins notre intérêt que celui de notre prochain. L’amour, quand il est vrai et fort, n’incline pas à se sauver seul, il aspire au salut de tous les frères.
Bienheureux et vaillants, tous ces martyrs qui firent honneur à Dieu ! Ayons en effet assez de foi pour attribuer à Dieu cette liberté au sein de tant d’épreuves ! Qui n’admirerait le courage de ces hommes, leur patience, l’amour qu’ils portaient à leur Maître ? Lacérés par les fouets qui mettaient à vif leurs veines et leurs artères, ils ne fléchissaient pas, alors que les assistants ne pouvaient réprimer des cris de douleur et de pitié. Mais chez eux, l’on n’entendait ni gémissement ni soupir, et leur vaillance prouva qu’à l’heure où on les suppliciait, ces admirables témoins du Christ avaient déjà quitté leur corps, ou plutôt que le Seigneur était là et s’entretenait avec eux.
Ravis par la grâce du Christ, ils n’avaient que mépris pour les tortures infligées, puisqu’une heure leur gagnait la vie éternelle. Le feu de leurs bourreaux inhumains leur semblait froid. Un autre feu les inquiétait, qu’ils voulaient fuir, éternel celui-là, destiné à ne jamais s’éteindre. Ils considéraient avec leurs yeux du cœur les bienfaits que Dieu réserve au courage, que l’oreille n’a pas entendus, que l’œil n’a pas vus, et qui ne sont pas montés au cœur de l’homme (1 Co 2, 9). Mais le Seigneur les leur découvrait puisqu’ils n’étaient plus des hommes mais déjà des anges.
Ceux que l’on avait condamnés aux bêtes supportèrent aussi d’abominables tourments : on les étendait sur des coquillages hérissés de pointes, on les soumettait aux tortures les plus raffinées, espérant, par la variété et la longueur de ces supplices, qu’ils finiraient par renier leur foi.
Le Diable contre eux déploya toutes sortes de ruses. Grâce à Dieu, il n’en vainquit aucun. L’un des plus résolus, Germanicus, fortifiait les plus faibles par son intrépidité : son combat avec les bêtes fut admirable. Le proconsul essayait de le convaincre, il le suppliait d’avoir pitié de sa jeunesse, mais lui, impatient d’en finir avec ce monde d’injustice et de cruauté, provoqua le fauve qui se jeta sur lui. Alors la foule, déchaînée par le courage des chrétiens et par la foi de cette race ardente, hurla : « A mort, les impies, qu’on cherche Polycarpe ! »
Un seul défaillit, à la vue des bêtes. C’était un Phrygien, arrivé depuis peu de son pays ; il se nommait Quintus. Il s’était de lui-même dénoncé, entraînant avec lui quelques compagnons. Le proconsul, à force d’insister, réussit à le faire abjurer et il sacrifia. Aussi n’y a-t-il pas lieu de féliciter ceux qui vont au-devant du martyre ; un tel zèle n’est pas évangélique.
Polycarpe, le plus admirable de tous, ne se laissa pas d’abord émouvoir par les rumeurs de persécution. Il voulait rester en ville. Mais comme son entourage le pressait d’aller se mettre à l’abri, il gagna une petite maison non loin de Smyrne et il l’habita avec quelques amis, ne faisant qu’y prier jour et nuit, pour tous les hommes et toutes les Églises de ce monde, selon la coutume.
C’est au cours de sa prière que, trois jours avant d’être arrêté, il eut une vision : son oreiller prenait le feu et était entièrement consumé. Alors il se tourna vers ses compagnons : « Il faut que je sois brûlé vif. »
Cependant on le recherchait activement. Il dut gagner une seconde cachette ; à peine y arrivait-il que les gens lancés à sa poursuite firent irruption dans la première maison. Ne l’y trouvant pas, ils saisirent deux jeunes esclaves, en torturèrent un, qui parla. Polycarpe désormais ne pouvait plus leur échapper, puisqu’il avait été dénoncé par un des siens. L’irénarque qui répondait au nom d’Hérode, était pressé de le conduire au stade. Ainsi Polycarpe accomplirait-il sa destinée, en ne faisant qu’un avec le Christ, tandis que ceux qui l’avaient livré subiraient le châtiment de Judas.
Ils emmenèrent le jeune esclave. C’était un vendredi, vers l’heure du dîner. Les policiers, à pied et à cheval, armés jusqu’aux dents, se mirent en chasse, comme s’ils couraient après un brigand. Tard dans la soirée, les voilà qui trouvent la maison et se lancent à l’assaut. Il était couché à l’étage supérieur. Une fois encore, il aurait pu s’échapper, mais il refusa : « Que la volonté de Dieu soit faite », dit-il.
Quand il sut qu’ils étaient là, il descendit et engagea la conversation. Son âge et sa sérénité les frappèrent et ils ne comprenaient pas qu’on ait mis tant de police sur le pied de guerre pour arrêter un si noble vieillard. Mais lui, malgré l’heure tardive, les invita aussitôt à manger et à boire à satiété, il leur demanda seulement de lui laisser une heure pour prier en paix. Ils le lui accordèrent. Alors, debout, il se mit à prier, si intensément pénétré de la grâce de Dieu que deux heures durant il ne cessa de parler et d’impressionner ceux qui l’écoutaient. Beaucoup se repentaient d’être venus arrêter un vieillard aussi saint.
Quand il eut achevé sa prière, où il avait fait mémoire de tous ceux qu’il avait rencontrés dans sa vie, petits ou grands, illustres ou obscurs, et de toute l’Église catholique, répandue dans le monde entier, l’heure du départ était arrivée. On le jucha sur un âne et on le conduisit à la ville : c’était le jour du grand sabbat. L’irénarque Hérode, ainsi que son père Nicétès, vinrent au-devant de lui et le firent monter dans leur carrosse. Assis à ses côtés, ils essayèrent de le fléchir, disant : « Quel mal y a-t-il à dire Seigneur César, à sacrifier et à observer notre religion pour sauver sa vie ? »
Mais lui ne leur répondit d’abord pas et, comme ils insistaient, il leur déclara : « Je ne suivrai pas vos conseils ». Humilés par leur échec, ses interlocuteurs l’accablèrent d’injures et le poussèrent si brutalement de la voiture qu’en descendant il s’écorcha la jambe. Mais il n’en parut pas troublé, et il marcha d’un pas résolu, comme s’il ne sentait rien, vers le stade où on le conduisait.
Du stade montait une énorme rumeur et nul ne pouvait s’y faire entendre. Quand Polycarpe en franchit les portes, une voix retentit du ciel : « Courage, Polycarpe, et sois un homme ». Nul ne vit qui avait parlé, mais ceux des nôtres qui étaient présents entendirent la voix. On fit entrer Polycarpe. Quand la foule apprit qu’il avait été arrêté, les clameurs redoublèrent.
Le proconsul le fit comparaître devant lui et lui demanda s’il était Polycarpe. « Oui », répondit celui-ci. Alors il essaya de le faire abjurer : « Respecte ton âge », disait-il.Suivaient toutes les paroles que l’on tenait en pareil cas : « Jure par la fortune de César, rétracte-toi, crie : à mort les impies ! »
Alors Polycarpe jeta un œil sombre sur cette populace de païens massée dans le stade, et pointa sa main vers elle. Puis il soupira, et, les yeux levés au ciel, il dit : « A bas les impies ! » Le proconsul le pressait de plus belle : « Jure donc et je te libère, maudis le Christ ! »
Polycarpe répondit : « Si tu t’imagines que je vais jurer par la fortune de César, comme tu dis, en feignant d’ignorer qui je suis, écoute-le donc une bonne fois : je suis chrétien. Voilà quatre-vingt-six ans que je le sers et il ne m’a fait aucun mal. Comment pourrais-je insulter mon roi et mon sauveur ? Si le christianisme t’intéresse, donne-toi un jour pour m’entendre ». Le proconsul lui dit : « Essaie de convaincre le peuple ». Mais Polycarpe répliqua : « Avec toi, je veux bien m’expliquer. Dieu nous demande de respecter comme elles le méritent les autorités et les hautes fonctions qu’il a lui-même instituées, du moment que cela ne nous porte pas préjudice. Mais ces gens-là ont trop peu de dignité pour que je défende ma foi devant eux ».
Le proconsul reprit : « J’ai des fauves, je t’y ferai jeter si tu ne changes pas d’opinion ».
- Fais-les venir ! Quand nous changeons, nous, ce n’est pas pour aller du bien au mal. Nous ne consentons à changer que pour devenir meilleurs.
Le magistrat s’irritait : « Je t’envoie au bûcher si tu ne crains pas les fauves. Apostasie donc ».
Polycarpe répliqua : « Tu me menaces d’un feu qui brûle une heure, puis s’éteint rapidement. Tu ignores donc le feu du jugement à venir et du châtiment éternel gardé pour les impies. Mais pourquoi tardes-tu ? Va, donne tes ordres ».

Telles furent ses paroles, et bien d’autres encore. Il rayonnait de courage et de joie, et la grâce inondait sa face. Il ne s’était pas laissé démonter par cette confrontation, c’était au contraire le proconsul qu’elle plongeait dans le désarroi.
Cependant, ce dernier envoya son héraut au milieu du stade pour claironner trois fois : « Polycarpe a avoué qu’il est chrétien ! » La déclaration du héraut mit en fureur toute la foule des païens et des Juifs qui résidaient à Smyrne. Les cris éclatèrent : « C’est lui, le maître de l’Asie, le père des chrétiens, le fossoyeur de nos dieux, c’est lui qui incite les foules à ne plus sacrifier ni adorer ! »
Au milieu de leurs hurlements, ils demandaient à l’asiarque Philippe de lâcher un lion sur Polycarpe. Mais il objecta qu’il n’en avait plus le droit, parce que les combats de fauves étaient clos. Alors d’une seule voix, ils réclamèrent que Polycarpe pérît par le feu. Il fallait en effet que s’accomplît la vision qui lui avait montré son oreiller en flammes, tandis qu’il priait, et qui lui avait arraché devant ses amis ce mot prophétique : « Il faut que je sois brûlé vif ».
Les événements se précipitèrent. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, la foule se rua dans les ateliers et dans les bains pour ramasser du bois et des fagots. Les Juifs s’acquittaient de la besogne avec leur zèle habituel. Quand le bûcher fut prêt, le martyr retira lui-même tous ses vêtements, il détacha sa ceinture, puis commença à se déchausser, geste dont les fidèles le dispensaient toujours : dans l’impatience où ils étaient de toucher son corps, tous se précipitaient pour l’aider. Bien avant son martyre, la sainteté de sa conduite inspirait cette unanime révérence.
Rapidement, on disposa autour de lui les matériaux rassemblés pour le feu. Mais, quand les gardes voulurent le clouer au poteau : « Laissez-moi comme je suis, leur dit-il. Celui qui m’a donné la force d’affronter ces flammes me donnera aussi, même sans la précaution de vos clous, de rester immobile sur le bûcher. » Ils ne le clouèrent donc pas et bornèrent à le lier. Les mains derrière le dos, ainsi attaché, il ressemblait à un bélier magnifique, pris dans un grand troupeau pour être offert en sacrifice à Dieu et à lui seul destiné. Alors, il leva les yeux au ciel et dit : « Seigneur, Dieu tout-puissant, Père de Jésus-Christ, ton Fils béni et bien-aimé, à qui nous devons de te connaître, Dieu des anges, des puissances, de toute la création et du peuple entier des justes qui vivent sous ton regard, je te bénis parce que tu m’as jugé digne de ce jour et de cette heure, et que tu me permets de porter mes lèvres à la coupe de ton Christ, pour ressusciter à la vie éternelle de l’âme et du corps dans l’incorruptibilité de l’Esprit Saint. Accueille-moi parmi eux devant ta face aujourd’hui ; que mon sacrifice te soit agréable et onctueux, en même temps que conforme au dessein que tu as conçu, préparé et accompli. Toi qui ne connais pas le mensonge, ô Dieu de vérité, je te loue de toutes tes grâces, je te bénis, je te glorifie au nom du Grand Prêtre éternel et céleste, Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé, par lequel la gloire soit à toi comme à lui et à l’Esprit Saint, aujourd’hui et dans les siècles futurs. Amen ! »
Quand il eut prononcé cet « amen », qui achevait sa prière, les valets allumèrent le feu. Une gerbe immense s’éleva et nous fûmes les témoins d’un spectacle extraordinaire qui ne fut donné à voir qu’à ceux qui avaient été choisis pour ensuite faire connaître ces événements. La flamme s’arrondit. Semblable à la voilure d’un navire que gonfle le vent, elle entoura comme d’un rempart, le corps du martyr. Ce n’était plus une chair qui brûle, c’était un pain que l’on dore, c’était un or et un argent incandescents dans le creuset, et nous respirions un parfum aussi capiteux qu’une bouffée d’encens ou quelque autre aromate de prix.
À la fin, voyant que le feu ne pouvait consumer son corps, les scélérats ordonnèrent au bourreau de l’achever d’un coup de poignard. Il s’exécuta. Un flot de sang jaillit de la plaie et éteignit le feu. Toute la foule s’étonna de la grande différence qui sépare les incroyants des élus.
L’admirable Polycarpe était l’un de ces élus, maître de notre temps, apôtre, prophète, évêque de l’Église catholique de Smyrne. Toute parole sortie de sa bouche s’est vérifiée et se vérifiera.
Le Diable, le jaloux, l’ennemi de la race des justes, voyant la grandeur de son martyre, l’irréprochable conduite qui fut la sienne dès son enfance, la couronne d’incorruptibilité posée sur son front, et la récompense incontestée qu’il remporta, essaya de nous empêcher de retirer son corps que beaucoup étaient, en effet, impatients de reprendre, ne fût-ce que pour toucher cette chair sacrée. Il souffla donc à Nicétès, le père d’Hérode et le frère d’Alcé, de persuader le magistrat de ne pas rendre le corps. Car, disait-il, ils vont oublier leur crucifié pour se mettre à adorer celui-ci. Les Juifs appuyaient frénétiquement ces discours. Ils nous avaient épiés quand nous avions tenté de le reprendre sur le bûcher. Ils ne savaient pas que jamais nous ne pourrons renoncer au Christ qui a souffert pour le salut du monde entier, immolant son innocence à nos péchés ; Nous n’en adorerons jamais un autre. Nous vénérons le Christ parce qu’il est le Fils de Dieu, et nous aimons les martyrs parce qu’ils sont les disciples et les imitateurs du Seigneur. Leur ferveur incomparable envers leur roi et leur maître mérite bien cet hommage. Puissions-nous aussi être leurs compagnons et leurs condisciples.
Quand il vit la querelle que déchaînaient les Juifs, le centurion exposa le corps au milieu de la place, comme c’est l’usage, et le fit brûler. C’est ainsi que nous revînmes plus tard recueillir les cendres que nous jugions plus précieuses que des pierreries et qui nous étaient plus chères que de l’or. Nous les déposâmes en un lieu de notre choix. C’est là que le Seigneur nous donnera, autant que cela se pourra, de nous réunir dans la joie et la fête, pour y célébrer l’anniversaire de son martyre et pour nous souvenir de ceux qui ont combattu avant lui, fortifiant et épaulant ceux qui le feront après.
Telle est l’histoire du bienheureux Polycarpe. Il fut le douzième d’entre nos frères de Philadelphie à souffrir à Smyrne. Son souvenir reste plus vivant que tous les autres et il est le seul dont les païens chantent partout les louanges. Il fut un maître prestigieux, un martyr hors pair, dont tous aimeraient imiter la passion, si fidèle à l’Évangile du Christ. Son courage a eu raison d’un magistrat inique et lui a mérité la couronne d’incorruptibilité. Il partage désormais la joie des apôtres et de tous les justes, il glorifie dieu, le Père tout-puissant, et bénit notre Seigneur Jésus-Christ, le sauveur de nos vies et le guide de nos corps, le pasteur de l’Église catholique répandue dans le monde.
Vous désiriez avoir un rapport détaillé de ces événements. Nous nous bornons ici au récit succinct qu’en a fait notre frère Marcion. Quand vous aurez lu cette lettre, transmettez-là) de proche en proche à nos frères, afin qu’eux aussi rendent gloire au Seigneur, qui choisit ses élus parmi ses serviteurs.
À celui qui, par sa grâce et sa bonté, a le pouvoir de nous conduire tous à son Royaume éternel, par son Fils unique Jésus-Christ, gloire, honneur, puissance, grandeur dans les siècles !
Saluez tous les chrétiens. Ceux qui sont avec nous vous envoient leurs salutations, j’ajoute les miennes et celles d’Évariste le scribe, ainsi que de sa famille.

Source :
Bruno Chenu, Claude Prud’homme, France Quéré, Jean-Claude Thomas, Le livre des martyrs chrétiens, Centurion, Paris 1988, p. 42-49.

TOUT FAIRE REMONTER À DIEU… SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX

23 février, 2015

http://voiemystique.free.fr/tout_faire_remonter_a_dieu.htm

TOUT FAIRE REMONTER À DIEU…

SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX, « SUR LA CANTIQUE DES CANTIQUES », SERMON XIII.

«La source des fontaines et des fleuves, c’est la mer ; et la source des vertus et des sciences, est notre Seigneur Jésus-Christ. Car, qui est le Seigneur des vertus, sinon le roi de gloire ? Il est encore le Seigneur des sciences, selon le cantique d’Anne la prophétesse (Reg. II, 3). La continence de la chair, la pureté de cœur, la rectitude de la volonté, procèdent de celte source divine. C’est peu, mais la vivacité de l’esprit, la grâce de la parole, la sainteté des moeurs ont la même source. C’est de là que les discours de la science et de la sagesse tirent leur origine. Car tous les trésors de la sagesse et de la science y sont renfermés (Col. 11, 3). Que dirai-je des conseils purs, des jugements équitables, et des saints désirs, ne sont-ce pas encore des ruisseaux de cette source ? Si toutes les eaux retournent sans cesse à la mer par des conduits cachés et souterrains, afin d’en sortir ensuite par un cours perpétuel et infatigable pour servir à l’usage des hommes, pourquoi ces ruisseaux spirituels ne retourneront-ils pas aussi à leur propre source, sans intermittence et sans diminution, pour ne cesser point d’arroser le champ de nos âmes ? Que les fleuves des grâces retournent au lieu d’où ils partent, pour couler de nouveau. Que cet écoulement céleste remonte à son principe, peur se répandre ensuite sur la terre avec plus d’abondance. Comment l’entendez-vous, me dira-t-on ? Je l’entends selon ces paroles de l’Apôtre : « Rendant des actions de grâces à Dieu en toutes choses » (I. Thess. V, 18). Tout ce que vous croyez avoir de sagesse et de vertu, attribuez-le à la vertu et à la sagesse de Dieu, qui est Jésus-Christ.
Et qui serait assez fou, dites-vous, pour présumer les tenir d’ailleurs ? Personne assurément, et le Pharisien même rend grâces à Dieu (Luc. XVIII, 1). Néanmoins Dieu ne le loue pas de sa justice ; et cette action de grâces, si vous vous souvenez bien de l’Évangile, ne le lui rend pas agréable. Pourquoi ? C’est que quelque dévotion qui paraisse au dehors cela ne suffit pas pour excuser l’enflure du cœur devant celui qui voit de loin ceux qui s’élèvent par l’orgueil (Ps. CXXXVII, 6). On ne se moque pas de Dieu, ô Pharisien. Croyez-vous avoir quelque chose que vous n’ayez point reçu ? Rien, dites-vous, et c’est pour cela que je rends grâces à celui qui m’a donné ce que j’ai. Si vous n’avez rien du tout, vous n’avez eu aucun mérite précédent, pour recevoir les choses dont vous vous glorifiez. Si vous en demeurez aussi d’accord, c’est donc en vain d’abord, que vous vous élevez avec présomption au dessus du Publicain ; car s’il n’a pas ce, que vous avez, c’est parce qu’il ne l’a pas reçu comme vous. De plus, prenez garde que vous ne rapportiez pas pleinement à Dieu tous ses dons, et que, détournant pour vous, quelque chose de sa gloire et de son honneur, vous ne soyez justement accusé de fraude, et de fraude envers Dieu. Car si vous vous attribuiez quelque chose des vertus dont vous vous vantez, comme venant de vous, je croirais que c’est parce que vous vous trompez vous-même, non pas que vous vouliez tromper ; et je corrigerais cette erreur. Mais comme en rendant des actions de grâces, vous montrez que vous ne vous attribuez rien à vous-même, et que vous reconnaissez prudemment que vos mérites sont des dons de Dieu; et de plus, comme en méprisant les autres, vous vous trahissez vous-même, et faites voir que vous parlez avec un coeur double; d’un côté vous faites servir votre langue au mensonge, et de l’autre vous usurpez la gloire de dire la vérité. En effet, vous ne jugeriez pas le Publicain méprisable. au prix de vous, si vous n’estimiez pas que vous êtes plus que lui. Mais que répondez-vous à l’Apôtre qui nous prescrit cette règle, et vous dit : « A Dieu seul soit honneur et gloire ? » (I. Tim. I, 9) Que répondez-vous de même à l’ange qui distingue et apprend ce qu’il plaît à Dieu de se réserver, et ce qu’il daigne départir aux hommes quand il s’écrie : « Gloire à Dieu dans le ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté ? » (Luc. II, 14) Voyez-vous maintenant que le Pharisien, en rendant grâces, honore Dieu des lèvres, et que dans son coeur ce n’est que lui-même qu’il honore. Ainsi nous en voyons plusieurs, dans la bouche desquels retentissent des actions de grâces ; mais plutôt par habitude que par un sentiment véritable ; c’est au point même que des scélérats à chacun de leurs crimes rendent souvent grâces à Dieu de ce qu’ils ont réussi, du moins ils le pensent ainsi, dans l’accomplissement de leurs désirs déréglés. Vous entendrez par exemple un voleur, après avoir exécuté son mauvais dessein, et dévalisé quelqu’un, se réjouir secrètement en lui-même, et dire : Dieu soit loué, je n’ai pas veillé en vain, et je n’ai pas perdu ma peine. De même celui qui a tué un homme, ne s’en glorifie-t-il pas, et ne rend-il pas grâces à Dieu de ce qu’il a été plus fort que son adversaire, ou s’est vengé de son ennemi ? Un adultère de même saute de joie, et loue Dieu de ce qu’il a joui enfin d’un plaisir qu’il avait longtemps désiré.
Toute sorte d’actions de grâces n’est donc pas agréable à Dieu, il n’y a que celle qui part d’un cœur pur et simple».

 

Église Jésus Miséricordieux Lavarone (TN)

21 février, 2015

GesùMisericordioso_diLavarone

 

http://www.adim.it/index.php?option=com_docman&task=cat_view&gid=66&limit=5&order=name&dir=ASC&Itemid=116

 

L’ESPÉRANCE – QUELLE EST LA SOURCE DE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

21 février, 2015

http://www.taize.fr/fr_article1080.html

L’ESPÉRANCE

QUELLE EST LA SOURCE DE L’ESPÉRANCE CHRÉTIENNE ?

Lettre de Taizé : 2003/3

Dans un temps où l’on a souvent du mal a à trouver des raisons d’espérer, ceux qui mettent leur confiance dans le Dieu de la Bible ont plus que jamais le devoir de « justifier leur espérance devant ceux qui [leur] en demandent compte » (1 Pierre 3,15). À eux de saisir ce que l’espérance de la foi contient de spécifique, pour pouvoir en vivre.
Or, même si, par définition, l’espérance vise l’avenir, pour la Bible elle s’enracine dans l’aujourd’hui de Dieu. Dans la Lettre 2003, frère Roger le rappelle : « [La source de l’espérance] est en Dieu qui ne peut qu’aimer et qui nous cherche inlassablement. »
Dans les Écritures hébraïques, cette Source mystérieuse de la vie que nous appelons Dieu se fait connaître parce qu’il appelle les humains à entrer dans une relation avec lui : il établit une alliance avec eux. La Bible définit les caractéristiques du Dieu de l’alliance par deux mots hébreux : hesed et emet (par ex. Exode 34,6 ; Psaume 25,10 ; 40,11-12 ; 85,11). En général, on les traduit par « amour » et « fidélité ». Ils nous disent, d’abord, que Dieu est bonté et bienveillance débordantes pour prendre soin des siens et, en deuxième lieu, que Dieu n’abandonnera jamais ceux qu’il a appelés à entrer dans sa communion.
Voilà la source de l’espérance biblique. Si Dieu est bon et s’il ne change jamais son attitude ni ne nous délaisse jamais, alors, quelles que soient les difficultés – si le monde tel que nous le voyons est tellement loin de la justice, de la paix, de la solidarité et de la compassion – pour les croyants ce n’est pas une situation définitive. Dans leur foi en Dieu, les croyants puisent l’attente d’un monde selon la volonté de Dieu ou, autrement dit, selon son amour.
Dans la Bible, cette espérance est souvent exprimée par la notion de promesse. Quand Dieu entre en rapport avec les humains, cela va de pair en général avec la promesse d’une vie plus grande. Cela commence déjà avec l’histoire d’Abraham : « Je te bénirai, dit Dieu à Abraham. Et par toi se béniront toutes les familles de la terre » (Genèse 12,2-3).
Une promesse est une réalité dynamique qui ouvre des possibilités nouvelles dans la vie humaine. Cette promesse regarde vers l’avenir, mais elle s’enracine dans une relation avec Dieu qui me parle ici et maintenant, qui m’appelle à faire des choix concrets dans ma vie. Les semences de l’avenir se trouvent dans une relation présente avec Dieu.
Cet enracinement dans le présent devient encore plus fort avec la venue de Jésus le Christ. En lui, dit saint Paul, toutes les promesses de Dieu sont déjà une réalité (2 Corinthiens 1,20). Bien sûr, cela ne se réfère pas uniquement à un homme qui a vécu en Palestine il y a 2000 ans. Pour les chrétiens, Jésus est le Ressuscité qui est avec nous dans notre aujourd’hui. « Je suis avec vous tous le jours, jusqu’à la fin de l’âge » (Matthieu 28,20).
Un autre texte de saint Paul est encore plus clair. « L’espérance ne déçoit point, parce que l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné. » (Romains 5,5) Loin d’être un simple souhait pour l’avenir sans garantie de réalisation, l’espérance chrétienne est la présence de l’amour divin en personne, l’Esprit Saint, courant de vie qui nous porte vers l’océan d’une communion en plénitude.
omment vivre de l’espérance chrétienne ?
L’espérance biblique et chrétienne ne signifie pas une vie dans les nuages, le rêve d’un monde meilleur. Elle n’est pas une simple projection de ce que nous voudrions être ou faire. Elle nous porte à voir les semences de ce monde nouveau déjà présentes aujourd’hui, à cause de l’identité de notre Dieu, à cause de la vie, la mort et la résurrection de Jésus Christ. Cette espérance est en plus une source d’énergie pour vivre autrement, pour ne pas suivre les valeurs d’une société fondée sur le désir de possession et de compétition.
Dans la Bible, la promesse divine ne nous demande pas de nous asseoir et d’attendre passivement qu’elle se réalise, comme par magie. Avant de parler à Abraham d’une vie en plénitude qui lui est offerte, Dieu lui dit : « Quitte ton pays et ta maison pour la terre que je te ferai voir » (Genèse 12,1). Pour entrer dans la promesse de Dieu, Abraham est appelé à faire de sa vie un pèlerinage, à vivre un nouveau commencement.
De même, la bonne nouvelle de la résurrection n’est pas une manière de nous détourner des tâches d’ici-bas, mais un appel à nous mettre en route. « Gens de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ?… Allez par le monde entier, proclamer l’Évangile à toutes les créatures… Vous serez mes témoins… jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,11 ; Marc 16,15 ; Actes 1,8).
Sous l’impulsion de l’Esprit du Christ, les croyants vivent une solidarité profonde avec l’humanité coupée de ses racines en Dieu. Écrivant aux Romains, saint Paul évoque les souffrances de la création en attente, les comparant aux douleurs de l’enfantement. Puis il continue : « Nous aussi, qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons intérieurement. » (Romains 8,18-23). Notre foi ne nous met pas dans un état privilégié, hors du monde, nous « gémissons » avec le monde, partageant sa douleur, mais nous vivons cette situation dans l’espérance, sachant que, dans le Christ, « les ténèbres passent et que déjà luit la lumière véritable » (1 Jean 2,8).
Espérer, c’est donc d’abord découvrir aux profondeurs de notre aujourd’hui une Vie qui va de l’avant et que rien ne peut arrêter. C’est encore accueillir cette Vie par un oui de tout notre être. En nous lançant dans cette Vie, nous sommes conduits à poser, ici et maintenant, au milieu des aléas de notre existence en société, des signes d’un autre avenir, des semences d’un monde renouvelé qui, le moment venu, porteront leur fruit.
Pour les premiers chrétiens, le signe le plus clair de ce monde nouveau était l’existence des communautés composées de gens d’origines et de langues diverses. À cause du Christ, ces petites communautés surgissaient partout dans le monde méditerranéen. Dépassant les divisions de toutes sortes qui les tenaient loin les uns des autres, ces hommes et femmes vivaient comme des frères et des sœurs, comme la famille de Dieu, priant ensemble et partageant leurs biens selon les besoins de chacun (cf. Actes 2,42-47). Ils s’efforçaient d’avoir « un même amour, une seule âme, un seul sentiment » (Philippiens 2,2). Ainsi ils brillaient dans le monde comme des foyers de lumière (cf. Philippiens 2,15). Dès ses débuts, l’espérance chrétienne a allumé un feu sur la terre.

L’arche de Noé et l’alliance cosmique

20 février, 2015

L'arche de Noé et l'alliance cosmique  dans images sacrée 13%20NOAH%20AND%20THE%20ARK
http://www.artbible.net/1T/Gen0601_Noah_flood/pages/13%20NOAH%20AND%20THE%20ARK.htm

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 22 FÉVRIER: Première lettre de Pierre 3, 18 – 22

20 février, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 22 FÉVRIER

DEUXIEME LECTURE – 

Bien-aimés,
18 le Christ, lui aussi,
a souffert pour les péchés,
une seule fois,
lui, le juste, pour les injustes,
afin de vous introduire devant Dieu ;
il a été mis à mort dans la chair,
mais vivifié dans l’Esprit.
19 C’est en lui qu’il est parti proclamer son message
aux esprits qui étaient en captivité.
20 Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir,
au temps où se prolongeait la patience de Dieu,
quand Noé construisit l’arche,
dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes,
furent sauvées à travers l’eau.
21 C’était une figure du baptême
qui vous sauve maintenant :
le baptême ne purifie pas de souillures extérieures,
mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite,
et il sauve par la résurrection de Jésus Christ,
22 lui qui est à la droite de Dieu,
après s’en être allé au ciel,
lui à qui sont soumis les anges,
ainsi que les Souverainetés et les Puissances.

LE CHRIST A ACCEPTE DE SOUFFRIR
On sait peu de choses sur les circonstances de la rédaction de cette lettre, adressée par saint Pierre à des Chrétiens d’Asie Mineure, ce que nous appelons aujourd’hui la Turquie ; on suppose qu’il s’agit d’une période de persécution, puisque Pierre dit « le Christ a souffert lui aussi. »
Ce qui explique les encouragements prodigués à plusieurs reprises par l’apôtre ; par exemple : « Au cas où vous auriez à souffrir pour la justice, heureux êtes-vous… Soyez toujours prêts à justifier votre espérance devant ceux qui vous en demandent compte (sous-entendu devant les tribunaux). » (1 P 3, 14-15). Et c’est là que commence notre texte d’aujourd’hui par les mots « Car le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes… » Traduisez : votre espérance s’appuie sur la mort et la résurrection du Christ, c’est cet événement pascal qui doit vous donner toutes les audaces.
En évoquant la souffrance du Christ, Pierre applique à Jésus l’image du Serviteur souffrant d’Isaïe (Is 53) : « Lui, le juste, il a souffert pour les injustes… » Pierre n’a pas besoin d’en dire plus :
car, un peu plus haut, dans cette même lettre, il a longuement développé ce thème : « Le Christ a souffert pour vous, vous laissant un exemple afin que vous suiviez ses traces. Lui qui n’a pas commis de péché et dans la bouche duquel il ne s’est pas trouvé de tromperie ; lui qui, insulté, ne rendait pas l’insulte, dans sa souffrance ne menaçait pas, mais s’en remettait au juste Juge ; lui qui, dans son propre corps a porté nos péchés sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice ; lui dont les meurtrissures vous ont guéris. Car vous étiez égarés comme des brebis, mais maintenant vous vous êtes tournés vers le berger et le gardien de vos âmes. » (1 P 2, 21-24).
Ses lecteurs, visiblement familiers de l’Ancien Testament, comprennent très bien l’allusion. Celui que le prophète Isaïe appelle le « Serviteur » est un envoyé de Dieu : il est persécuté, mais la vision de ses souffrances convertit le cœur de son peuple. Alors ce Serviteur éliminé injustement est reconnu juste et connaît un véritable triomphe : « Il est haut placé, élevé, exalté à l’extrême » disait Isaïe (53, 1). Là encore, Pierre fait l’application à Jésus-Christ : « Dans sa chair, il a été mis à mort, dans l’esprit (c’est-à-dire par l’Esprit), il a été rendu à la vie… (il est ressuscité), il est monté au ciel, au-dessus des anges et de toutes les puissances invisibles, à la droite de Dieu. »
Et tout ceci, c’était pour nous, « afin de nous introduire devant Dieu » comme dit Pierre. Et l’expression « pour nous » est à entendre au sens le plus large possible : c’est-à-dire que, tous, qui que nous soyons, pouvons bénéficier de cette oeuvre du Christ : « Il est mort pour les injustes ». Même ceux qui, au temps de Noé, n’avaient pas été dignes de monter dans l’Arche, même ceux-là ont entendu désormais le message du salut : « Il est allé proclamer son message à ceux qui étaient prisonniers de la mort. Ceux-ci, jadis, s’étaient révoltés au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche. »

SON EXEMPLE PEUT TRANSFORMER NOS COEURS
Donc, s’il fallait résumer le début de ce passage, on pourrait dire : le Christ est mort pour tous une fois pour toutes. Reste à savoir comment nous entrons dans ce salut offert : en acceptant de nous attacher au Christ, de nous greffer sur lui pour qu’il nous transforme à son image. Concrètement, Pierre nous dit que cette transformation s’opère « par le Baptême ». Reprenant l’exemple de Noé, il dit : « Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre de personnes, huit en tout, furent sauvées à travers l’eau. C’était une image du Baptême qui vous sauve maintenant… » Il veut dire ici que les baptisés sont comme Noé sortant à l’air libre après le Déluge ; Noé, parce qu’il était un homme au coeur droit, a pu entendre et accepter la proposition d’Alliance de Dieu : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous… » (Gn 9, 9 : notre première lecture). A notre tour, sortant des eaux du Baptême, nous pouvons entrer dans la Nouvelle Alliance : il nous suffit d’être prêts à nous « engager envers Dieu avec une conscience droite ». « Etre baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite, et participer ainsi à la résurrection de Jésus Christ. »
On retrouve ici en filigrane un autre thème cher à Pierre, celui de la pierre d’achoppement : pour celui qui croit, Jésus-Christ est un rocher sur lequel il s’appuie ; pour celui qui refuse de croire, Jésus-Christ est la pierre d’achoppement, le rocher qui fait tomber. L’eau joue le même rôle : cause de mort pour ceux qui refusent de croire, cause de vie pour les baptisés. L’eau a noyé les contemporains de Noé… elle a noyé les Egyptiens (au temps de Moïse) ; la même eau a porté le bateau de Noé et a protégé le peuple en se retirant devant lui et en faisant des remparts de part et d’autre de son passage. La même eau peut faire de nous des frères de Jésus-Christ, par le Baptême : il nous suffit de croire, avec une « conscience droite ».
Désormais, nous sommes comme Noé : il a été sauvé, mis à part, en quelque sorte, pour être le signe et le témoin de la volonté de Dieu de faire Alliance avec l’humanité tout entière ; à notre tour, baptisés, nous sommes signes et témoins de l’Alliance universelle. Pierre insiste sur cette universalité de la proposition d’Alliance de Dieu : c’est pour cela qu’il note le chiffre « huit » : « Quand Noé construisit l’arche… un petit nombre de personnes, huit en tout, furent sauvées à travers l’eau. » Huit, dès l’Ancien Testament, était le chiffre de la Création nouvelle, puisque la première Création (Gn 1) se déroulait en sept jours. Ces huit personnes (Noé, sa femme, et les trois couples de ses enfants) étaient ceux par qui Dieu reprenait son projet de création. Ce n’était encore qu’une image : la véritable re-création commence avec la résurrection du Christ, la nouvelle humanité naît dans les eaux du Baptême : c’est pour cela que de nombreux baptistères chrétiens des premiers siècles ou des clochers d’églises sont octogonaux.

 

HOMÉLIE 1E DIMANCHE DE CARÊME

20 février, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,4119.html

1E DIMANCHE DE CARÊME

DIMANCHE 22 FÉVRIER 2015

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Carême. Le temps du désert pour Jésus et pour nous. Le temps de mettre les choses au clair. Le temps de se retirer dans le désert où seul brille le soleil de Dieu.
Il y a bien des mises au point dont nous avons besoin. Les lectures que nous avons entendues en soulignent quelques unes. L’histoire de Noé rescapant avec sa famille du déluge meurtrier fait partie de celles qui laissent un arrière-goût d’amertume. Dieu a en effet envoyé une catastrophe considérable. Dieu a punit durement. Dieu n’est pas commode, s’il n’était pas Dieu on pourrait même dire qu’il se montre dur, à ses heures.
Voilà un des lieux où nous avons à effectuer un retournement radical. Où nous avons à nous convertir. Se convertir ne veut pas dire « se convaincre du contraire de l’évidence pour être en accord avec sa foi ». Se convertir veut dire « regarder le monde avec les yeux de Dieu et se mettre en accord avec ce qui nous a été révélé ». Cela demande du travail, cela demande des efforts, mais c’est pour nous un chemin de liberté.
Dieu en effet n’a pas frappé aveuglément l’humanité au temps de Noé. Il a constaté que l’homme s’était détourné de lui et de sa destinée et qu’il s’était complu dans le mal. L’homme courrait à sa perte et en était pleinement responsable. Mais Dieu a aussi remarqué qu’il y avait des hommes qui persévéraient dans le bien. Noé et les siens. Le Seigneur les a préservé du malheur et les a introduits dans une nouvelle alliance. Quand à ceux qui ont été emporté par la mort, saint Pierre nous rappelle dans la deuxième lecture qu’ils n’ont pas été oubliés de Dieu puisque le Christ les a rejoints pour leur annoncer la Bonne Nouvelle du salut. Personne n’est donc exclu a priori de l’alliance.
C’est le sens du mystère auquel nous nous préparons pendant ce temps de carême. Dieu scelle une nouvelle alliance avec l’humanité, il fait une nouvelle création. Que ferons-nous concrètement pour y avoir part ? Le mot concrètement a son poids. Nous ne choisissons pas de faire des efforts pour échapper à la punition ni pour calmer le courroux de la divinité. Nous sommes venus ce matin parce que nous avons entendu l’appel à une vie nouvelle, à une alliance nouvelle, et nous nous disons prêts à mettre en œuvre tout ce qu’il convient pour y adhérer.
La tâche nous est facilitée par le Seigneur qui nous donne des moyens concrets de nous rappeler notre engagement mutuel. Pour Noé ce fut un arc dans le ciel. Pour nous, ce fut un signe dans le ciel au jour du baptême de Jésus, qui a eu lieu juste à la veille de son retrait au désert.
Voilà qui doit nous remettre en question. Le baptême de Jésus marquait son entrée dans la vie publique. Or, sitôt son ministère inauguré, Jésus s’efface, il se dérobe à notre attente, il part au désert. Jésus nous enseigne ainsi que la solitude est la clé et le tournant de la vie spirituelle. On ne peut en faire l’économie si l’on veut fonder sur de saines bases. Ainsi, au désert, Jésus est seul face à Dieu, seul face à lui-même. Le Verbe de Dieu y fait l’expérience de l’homme, et elle va marquer tout son ministère public.
Certes, il ne faut pas en dire trop, car nous avons peu idée de ce qu’a pu être le désert de Jésus, l’évangile nous le raconte à peine. Mais il est certain qu’il y rencontra le Tentateur, il est certain que Jésus est allé aux confins de lui-même, là où seul l’Esprit pouvait le conduire. Il a ainsi exploré de l’intérieur le fin-fond de notre fragile humanité, il a traversé de part en part tous nos enfermements, et il en a été vainqueur. Jésus a éprouvé la faim du fils prodigue, il a souffert de la terrible angoisse d’être loin de la maison du Père, pour nous y ramener.
S’il reste mystérieux, le désert de Jésus est donc lié au nôtre. Jésus s’est enfoncé dans nos isolements, ceux qui nous séparent de Dieu et de nos frères, pour nous remettre en relation. A nous donc de nous enfoncer en lui car c’est à présent en lui que nous trouvons la porte de sortie de nos impasses. Jésus est notre désert, celui qui nous fait passer de l’isolement à la solitude, celui qui nous fait goûter la joie d’être seul à seul avec Dieu. Notre péché rend nécessaire ce passage au désert, sous peine que ce soit Jésus qui nous déserte. Nous resterions dans nos déserts de désolation alors que nous sommes invités à un désert de plénitude.
Notre péché en effet a dispersé notre âme. La contemplation de Jésus au désert nous aide à l’unifier, à retrouver le sens de l’utile. Nous perdons trop de temps en futilités. Le Tentateur le sait et provoque toujours à des actes gratuits, sans but réel. Jésus, lui, se met en route sans perdre de temps. Pour lui tout est utile, tout sert à sa mission, il ne se laisse pas distraire de son but.
En somme, le passage au désert nous rend enfin capables d’être autrement que pour nous-mêmes. C’est la fin de la promotion de soi et le premier pas vers la filiation, l’apprentissage qu’on ne devient pleinement homme que par humiliation de soi. En somme, exactement ce que l’esprit du monde veut nous faire oublier en nous convainquant que nous sommes des héros ou des demi-dieux. Non, nous ne le sommes pas. Nous sommes des fils dans le Fils.
Ainsi, par la pratique de la prière, du jeûne et de l’aumône, qui sont les ressorts de notre marche vers Pâques, nous nous construisons l’arche de Noé qui fait passer au travers des eaux de la mort. Il s’agit d’une authentique expérience baptismale.
Que l’Esprit qui poussa Jésus au désert s’empare radicalement de nous et nous fasse prendre résolument la direction que Jésus a prise avant nous et pour nous. Que chaque jour de notre carême soit un jour où le Tentateur recule, jusqu’à ce qu’aucune pensée « des hommes » ne nous séduise plus, jusqu’à ce que nous soyons capables de toujours préférer les pensées de Dieu. Parce qu’il est notre Père, parce qu’il a décidé, par amour pour nous, de faire toutes choses nouvelles.

Frère Dominique

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