Archive pour le 26 février, 2015
SAINT IGNACE BRIANTCHANINOV : DE L’UTILITÉ ET DES DANGERS DE L’ASCÈSE CORPORELLE
26 février, 2015http://www.pagesorthodoxes.net/metanoia/jeune-ecrits.htm#dorothee
SAINT IGNACE BRIANTCHANINOV : DE L’UTILITÉ ET DES DANGERS DE L’ASCÈSE CORPORELLE
Au Paradis, après la transgression du commandement de Dieu par nos ancêtres, la malédiction de la terre figure parmi les punitions auxquelles l’homme fut soumis. Maudit soit le sol à cause de toi dit Dieu à Adam. À force de peines tu en tireras subsistance, tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons, et tu mangeras l’herbe des champs. À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain (Gn 3, 17-19).
Cette malédiction pèse jusqu’à présent sur la terre, comme chacun peut s’en rendre compte. La terre ne cesse de produire de l’ivraie bien qu’elle ne serve de nourriture pour personne. La terre est arrosée par la sueur du paysan, et ce n’est qu’au prix d’un labeur ardu, qui souvent même fait couler le sang, qu’elle produit ces herbes dont les graines nourrissent l’homme, ce blé dont est fait pain.
Le châtiment prononcé par Dieu a aussi un sens spirituel. En effet, le décret divin punissant l’homme s’accomplit tout aussi rigoureusement sur le plan spirituel que sur le plan matériel (Cf. (1) Cf. Marc l’Ascète, Traités, 70, Sur le jeûne et l’humilité ; Isaac le Syrien Discours ascétiques 19 ; Macaire le Grand, Homélies, XXVI, 21). Les saints Pères comprennent le mot « terre » dans le sens de « cœur ,i En raison de la malédiction qui l’a frappée, la terre ne cesse produire d’elle-même, de par sa nature corrompue, des épines et des chardons ; de même le cœur, empoisonné par le péché, ne cesse d’engendrer de lui-même, de par sa nature corrompue, des sentiments et des pensées pécheurs. De même que personne ne se soucie de semer ou de planter de l’ivraie mais que la nature pervertie la produit spontanément, de même les pensées et les sentiments pécheurs sont conçus et croissent d’eux-mêmes dans le cœur de l’homme. Si le pain matériel s’obtient à la sueur du front, c’est par un labeur ardu de l’âme et du corps qu’est semé dans le cœur de l’homme le blé céleste qui nous procure la vie éternelle ; c’est encore par intense effort qu’il croît, qu’on le moissonne, qu’on le rend propre à la consommation et qu’on le conserve.
Le blé céleste, c’est la Parole de Dieu. Le travail pour semer la parole de Dieu dans le cœur exige de tels efforts qu’on l’appelle « exploit ascétique ». L’homme est voué à manger de la terre au milieu des afflictions tous les jours de sa vie terrestre et son pain à la sueur de son front. Ici, par le mot « terre », on doit comprendre la sagesse charnelle par laquelle l’homme séparé de Dieu se dirige habituellement durant sa vie sur terre ; guidé par elle, il est soumis à de continuels soucis et réflexions concernant les choses terrestres, à d’incessantes afflictions et déceptions, à une constante agitation. Seul un serviteur du Christ se nourrit durant sa vie sur terre du pain céleste à la sueur de son front, en luttant continuellement contre la sagesse charnelle et en travaillant sans cesse à cultiver les vertus.
Pour cultiver la terre, on a besoin de divers outils de fer – charrues, herses et bêches – avec lesquels le sol est retourné, ameubli et amolli ; de même notre cœur, siège des sentiments et de la sagesse charnels, a besoin d’être travaillé par le jeûne, les veilles, les agenouillements et autres accablements du corps pour que la prédominance des sentiments charnels et passionnels cède le pas à celle des sentiments spirituels, et que l’influence des pensées charnelles et passionnelles sur l’esprit perde cet irrésistible pouvoir qu’elle a chez ceux qui rejettent l’ascèse ou la négligent.
Qui aurait l’idée de semer dans une terre non travaillée ? Ce serait tout simplement perdre ses semences, sans en retirer le moindre profit, et se causer un dommage certain. Tel est celui qui, avant d’avoir refréné les impulsions charnelles de son cœur et les pensées charnelles de son esprit par une ascèse corporelle adéquate, s’aviserait de vaquer à l’oraison mentale et de planter dans son cœur les commandements du Christ. Non seulement il ferait des efforts vains, mais il courrait encore le risque de subir un désastre psychique, de tomber dans l’aveuglement spirituel et dans l’illusion démoniaque, et de s’attirer la colère divine, comme l’homme qui était allé à un festin nuptial sans porter le vêtement de noce (cf. Mt 22, 12).
Une terre très soigneusement cultivée, bien fumée, finement ameublie, mais laissée non ensemencée, produira de l’ivraie avec une vigueur redoublée. De même un cœur cultivé par, des pratiques ascétiques corporelles mais qui ne s’est pas assimilé les commandements évangéliques, fera pousser encore plus vigoureusement l’ivraie de la vanité, de l’orgueil et de la luxure. Plus la terre est cultivée et fumée, plus elle est capable de produire de l’ivraie touffue et pleine de sève. Plus intense est l’ascèse corporelle du moine qui néglige les commandements de l’Évangile, plus grande et plus incurable sera la présomption.
Un paysan qui possède de nombreux et d’excellents outils agricoles et qui en est enchanté, mais qui ne les utilise pas pour cultiver la terre, ne fait que s’aveugler et se leurrer, sans en retirer le moindre profit ; de même l’ascète qui pratique le jeûne, les veilles et d’autres observances corporelles, mais qui néglige de s’examiner et de se guider à la lumière de l’Évangile, se trompe en fondant vainement et à tort tous ses espoirs sur ses labeurs ascétiques. Il ne récoltera aucun fruit, n’amassera aucune richesse spirituelle.
L’homme qui se mettrait dans la tête de cultiver sa terre sans utiliser ses outils agricoles aurait à fournir un grand travail, et le ferait en vain. De même celui qui prétend acquérir les vertus sans efforts ascétiques corporels, travaille en vain ; il perd irrévocablement son temps qui ne reviendra plus, épuise ses forces psychiques et physiques, et il ne gagnera rien du tout. L’homme qui est toujours en train de labourer sa terre sans jamais rien y semer ne récoltera rien. De même celui qui ne s’occupe que de l’ascèse d – corps perd la possibilité de vaquer à celle de l’âme, de planter dans son cœur les commandements évangéliques qui, en leur temps produiraient des fruits spirituels.
L’ascèse corporelle est nécessaire pour rendre la terre du cœur apte à recevoir les semences spirituelles et à produire des fruits de 1a même espèce. Abandonner ou négliger les labeurs ascétiques, c’est rendre le sol impropre à être ensemencé et à produire du fruit : Les exagérer ou placer son espérance en eux est tout aussi nuisible ou même davantage que de les abandonner. L’abandon des observances ascétiques corporelles rend l’homme semblable à un animal, donnant libre cours et offrant un vaste champ d’action aux passions du corps, mais leur exagération le rend semblable aux démons, car elle favorise et renforce la prédisposition aux passions de l’âme. Ceux qui relâchent l’ascèse corporelle s’asservissent à la gloutonnerie, à la luxure et à la colère dans ses formes grossières. Ceux qui pratiquent une ascèse corporelle excessive, qui en font un usage déraisonnable ou qui mettent en elle toute leur espérance avec l’idée qu’elle leur confère mérite et dignité au regard de Dieu, tombent dans la vanité, la présomption, la fierté, l’orgueil, l’endurcissement, dans le mépris de leur prochain, le dénigrement et la condamnation des autres, dans la rancune, la haine, dans le blasphème, dans le schisme, dans l’hérésie, dans l’aveuglement spirituel et l’illusion démoniaque.
Estimons à leur juste valeur les pratiques ascétiques corporelles – elles sont des instruments indispensables pour acquérir les vertus – mais gardons-nous de prendre ces outils pour des vertus, de peur de tomber dans l’aveuglement et de nous priver de progrès spirituels par une fausse conception de l’agir chrétien.
L’ascèse corporelle est nécessaire même aux saints qui sont devenus les temples du Saint-Esprit, afin que, laissé sans frein, leur corps ne revienne à des mouvements passionnels et ne soit la cause de l’apparition chez un homme sanctifié de sentiments et de pensées obscènes, si malséants pour un temple spirituel de Dieu, « non fait de main d’homme ». C’est ce dont a témoigné le saint apôtre Paul lorsqu’il dit de lui-même : Je traite durement mon corps et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir proclamé le message aux autres je ne sois moi-même éliminé (1 Co 9,27).
Saint Isaac le Syrien dit que la dispense, c’est-à-dire le fait d’abandonner le jeûne, les veilles, le silence de la solitude et les autres observances corporelles – ces aides pour la vie spirituelle – et de s’accorder constamment du repos et du plaisir, nuit même aux vieillards et aux parfaits (Discours ascétiques, 90).
Extrait de saint Ignace Briantchaninov,
Introduction à la tradition ascétique
de l’Église d’Orient : Les miettes du festin.
Éditions Présence, 1978.
SYRIAQUES CATHOLIQUES: LES VOEUX DU PATRIARCHE YOUNAN (sois voeux de Noël, il me semble beau!)
26 février, 2015http://www.zenit.org/fr/articles/syriaques-catholiques-les-voeux-du-patriarche-younan
SYRIAQUES CATHOLIQUES: LES VOEUX DU PATRIARCHE YOUNAN
LE JOUR DE LA DÉLIVRANCE NE TARDERA PAS À VENIR
Rome, 1 janvier 2015 (Zenit.org) Patriarche Ignace Youssef III Younan
Le patriarche d’Antioche de l’Eglise syriaque catholique, Ignace Youssef III Younan, adresse ses voeux de Noël aux chrétiens syriaques catholiques: il dit sa communion avec ceux qui ont tout perdu et avec ceux qui ont tout quitté, et il « implore le Divin Enfant de combler leurs cœurs de la richesse de Ses dons, et leur accorder la paix et le bonheur avec la Nouvelle Année 2015″.
Un message de confiance: « le jour de la délivrance ne tardera pas à venir, où ils rentreront dans leur patrie et la terre de leurs ancêtres pour porter à nouveau le témoignage de l’Amour du Christ et de son Evangile de Paix ».
Voici le message dans son intégralité, publié en français par le patriarcat.
A.B.
A nos vénérables frères Archevêques et Evêques bien-aimés
Aux révérends Pères, Diacres, religieux, religieuses et séminaristes
Et à tous nos fidèles au Liban, en Orient et dans la Diaspora
Paix et amour dans le Seigneur:
A l’occasion de la sainte fête de Noël et au seuil du Nouvel An 2015, nous adressons de tout cœur nos vœux les meilleurs à nos fils et filles de notre Eglise Syriaque d’Antioche, ainsi qu’aux communautés de toutes les Eglises Orientales et aux hommes de bonne volonté des pays du Proche-Orient et de la diaspora, implorant le Divin Enfant de combler leurs cœurs de la richesse de Ses dons, et leur accorder la paix et le bonheur avec la Nouvelle Année 2015.
Nous pensons particulièrement à ceux qui sont expulsés de leurs maisons en Syrie et en Iraq, et qui souffrent du manque de logement et des premiers moyens de vie les plus élémentaires. Privés de la joie de célébrer en familles les saintes fêtes de Noël et l’entrée du Nouvel An 2015, ils endurent la douleur de l’exil, acceptant avec Jésus et à cause de lui l’amertume de la privation et l’incertitude de l’avenir.
Avec toute la sollicitude de notre cœur, nous communions à leurs souffrances, et nous leur assurons tout notre soutien, en les exhortant à mettre leur Espérance en Jésus venu au monde annoncer aux exilés la délivrance. Qu’ils prennent confiance car le jour de la délivrance ne tardera pas à venir, où ils rentreront dans leur patrie et la terre de leurs ancêtres pour porter à nouveau le témoignage de l’Amour du Christ et de son Evangile de Paix.
A nos fils dans le Seigneur relevant de notre Diocèse Patriarcal du Liban, nous souhaitons d’heureuses fêtes de la Nativité du Seigneur et du Nouvel an. Puisse l’Enfant Dieu les bénir et accorder au peuple libanais la grâce de résoudre dans la concorde les problèmes sociopolitiques dans lesquels le Liban se débat.
A nos fils et filles de Terre Sainte et de Jordanie, ceux d’Egypte et de Turquie, et ceux qui sont nous ont quittés pour l’étranger, en Europe, l’Amérique ou l’Australie, nous leur adressons également nos vœux très sincères, en les engageant à préserver fidèlement leur foi chrétienne et resserrer les liens qui les attachent à leur Eglise d’origine, l’Eglise Syriaque d’Antioche, dans laquelle ils ont été baptisés.
Nous ne perdons pas de vue les familles qui ont perdu un des leurs dans la tourmente qui déchire depuis quelques années la Syrie et l’Iraq. Nous leurs exprimons toute notre sympathie, en les soutenant de nos ferventes prières, afin qu’ils persévèrent dans l’Espérance et soient nonobstant la dure épreuve qui les touche, artisans de paix et de charité chrétienne.
O Verbe Eternel venu dans notre monde assumant notre humanité déchue, sois parmi nous le Prince de Paix et Soleil de justice. O Emmanuel, Dieu parmi nous, augmente en nous la Foi et l’Espérance. Accorde-nous la grâce de pouvoir vivre l’Amour et la Paix dans notre terre si troublée par les dissensions et les rivalités. Fais de chacun de tes disciples témoin de ton Evangile et artisan de paix, de justice et de libération.
Avant de terminer, nous vous accordons de tout cœur, fils et filles bien-aimés dans le Seigneur, notre bénédiction apostolique, gage de notre affection paternelle et des faveurs divines, implorants sur vous, sur vos familles et vos enfants, les bénédictions célestes et les grâces divines.
Que la grâce de la Sainte Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, descende sur vous, vous bénisse et vous garde de tout mal. Amen.
Le Christ est né, Alléluia!
Ignace Youssef III YOUNAN
Patriarche d’Antioche de l’Eglise Syriaque Catholique