LA LOI DE L’AMOUR DIVIN – de saint Thomas d’Aquin

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LA LOI DE L’AMOUR DIVIN

Des Opuscules théologiques de saint Thomas d’Aquin

« Il est bien évident que tous les hommes ne peu­vent pas consacrer leur vie entière à l’étude, et c’est pourquoi le Christ a donné une loi brève, pour que tout le monde puisse la connaître et que personne ne puisse être dispensé de l’observer pour cause d’ignorance: parole abrégée que le Seigneur fera venir sur la terre. Cette loi doit être celle de tous les actes humains. Dans les activités artisanales on dit qu’un produit est bon et loyal quand il est conforme aux règles, de même toute activité humaine est droite et vertueuse quand elle est conforme à la règle de l’amour divin, mais quand elle s’éloigne de la règle de la charité elle n’est ni droite, ni bonne, ni parfaite.
Cette loi de l’amour divin produit en l’homme quatre effets grandement désirables. D’abord elle produit en lui la vie spirituelle. Il est évident que ce qui est aimé en vertu de la nature existe en celui qui aime. Celui qui demeure dans la charité de meure en Dieu, et Dieu en lui. La nature de l’amour veut encore que celui qui aime se transforme en l’être aimé: Celui qui est uni à Dieu ne fait qu’un esprit avec lui. C’est ainsi que, selon saint Augustin,“de même que l’âme est la vie du corps, ainsi Dieu est la vie de l’âme”.Ainsi encore l’âme agit ver­tueusement et parfaitement quand elle agit par la charité, puisque c’est par celle-ci que Dieu habite en elle. Mais sans la charité elle n’opère pas: Celui qui n’aime pas demeure dans la mort. Quelqu’un peut bien avoir tous les charismes donnés par l’Esprit Saint, sans la charité il n’a pas la vie. Qu’il s’agisse du don des langues, du don de la foi héroïque ou de n’importe quel don comme le dôn de prophétie, sans la charité ces dons n’apportent pas la vie. Car on peut bien couvrir un cadavre d’or et de pierres précieuses, il n’en demeure pas moins un corps mort.
Le deuxième fruit de la charité, c’est l’observance des commandements divins. Saint Grégoire dit en effet que la charité n’est pas inactive. Si elle existe, elle fait de grandes choses, mais si elle n’agit pas, c’est qu’elle est absente. Nous voyons en effet celui qui aime accomplir de grands et difficiles exploits pour l’être aimé. C’est pourquoi le Seigneur dit: Celui qui m’aime gardera ma parole. Celui qui ob­serve le commandement et la loi de l’amour divin accomplit toute la loi.
Le troisième fruit de la charité, c’est la protection qu’elle nous donne contre l’adversité. A celui qui possède la charité, l’adversité ne fait aucun mal, au contraire elle tourne à son avantage: Pour ceux qui aiment Dieu, tout contribue à leur bien, et même l’adversité et les difficultés paraissent douces à celui qui aime, comme nous le voyons clairement parmi nous.
Le quatrième fruit de la charité, c’est qu’elle conduit à la béatitude. En effet la béatitude éternelle est promise à ceux-là seulement qui possèdent la charité. Tout le reste, en l’absence de la charité, n’y suffit pas. Et il faut savoir que, s’il y a des différences dans la béatitude, elles correspondent à des différences selon la charité, et non selon aucune autre vertu. Beaucoup de saints ont mené une vie plus austère que les Apôtres, mais ceux-ci dépassent tout le monde en béatitude à cause de l’excellence de leur charité. »

Préparé par l’Université Pontificale URBANIANA,
avec la collaboration des Instituts Missionnaires

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