Archive pour janvier, 2015

Agneau de Dieu, en particulier de la crucifixion de Matthias Grünewald

16 janvier, 2015

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http://it.wikipedia.org/wiki/Agnus_Dei

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 18 JANVIER – Samuel 3, 3b-10. 19

16 janvier, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 18 JANVIER

PREMIERE LECTURE – Premier Livre de Samuel 3, 3b-10. 19

En ces jours-là,
3 le jeune Samuel était couché dans le temple du SEIGNEUR à Silo ,
où se trouvait l’arche de Dieu.
4 Le SEIGNEUR appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
5 Il courut vers le prêtre Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L’enfant alla se coucher.
6 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
7 Samuel ne connaissait pas encore le SEIGNEUR,
et la parole du SEIGNEUR ne lui avait pas encore été révélée.
8 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Alors Eli comprit que c’était le SEIGNEUR qui appelait l’enfant,
9 et il lui dit :
« Va te recoucher,
et s’il t’appelle, tu diras :
Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute. »
Samuel alla se recoucher à sa place habituelle.
10 Le SEIGNEUR vint, il se tenait là
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
19 Samuel grandit.
Le SEIGNEUR était avec lui,
et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.

DE LA VOCATION DE SAMUEL…
Il faut relire tout le début du premier livre de Samuel : c’est presque un roman, tellement l’histoire est belle… mais comme toujours, le texte biblique n’est pas là seulement pour l’anecdote ; il faut lire entre les lignes. On connaît l’histoire de Samuel ; c’est un enfant du miracle car sa maman, Anne, était désespérément stérile ; un jour de grand chagrin, elle a fait un voeu : si j’ai un fils, il sera consacré au service de Dieu. Et Samuel est né ; Anne, bien sûr, a tenu sa promesse et voilà l’enfant confié au vieux prêtre Eli qui est le gardien du sanctuaire de Silo (à ne pas confondre avec le prophète Elie qui a vécu beaucoup plus tard).
Où est Silo ? Ce n’est plus aujourd’hui qu’un petit hameau à une trentaine de kilomètres au Nord de Jérusalem ; mais ce fut un lieu de rassemblement important pour les tribus d’Israël pendant toute une période. Qui dit lieu de rassemblement à cette époque-là dit surtout lieu de culte : et c’est dans ce sanctuaire de Silo qu’un petit garçon, Samuel, reçoit vers 1050 av.J.C. sa vocation de prophète. A partir de là, il deviendra l’une des figures les plus marquantes de l’histoire d’Israël, le dernier des Juges. A tel point que plus tard, Jérémie l’a comparé à Moïse lui-même (Jr 15, 1) et le psaume 98/99 en fait autant : « Moïse et Aaron et Samuel faisaient appel au SEIGNEUR et il leur répondait » (Ps 98/99, 6).
Comme Moïse également, Samuel a été visiblement un chef à la fois spirituel et politique : on le voit exerçant une fonction de prêtre, chargé d’offrir les sacrifices, mais aussi rendant la justice ; c’est lui encore qui sera chargé de couronner les deux premiers rois d’Israël, Saül et David ; à ce titre, il a vécu lui-même et fait vivre au peuple d’Israël un véritable tournant de son histoire ; il joue sûrement (aussi) un rôle important à la cour : on le voit transmettre aux rois les décisions de Dieu, et dans ces occasions, il est présenté comme un véritable prophète.
Les deux phrases qui encadrent le récit de la vocation de Samuel insistent justement sur ce point ; les voici : le début du chapitre 3 précise : « La parole du SEIGNEUR était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante. » (1 S 3, 1). Et à la fin du récit, l’auteur conclut : « Samuel grandit. Le SEIGNEUR était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles sans effet. Tout Israël, de Dan à Béer-Shéva, sut que Samuel était accrédité comme prophète du SEIGNEUR. Le SEIGNEUR continua d’apparaître à Silo. Le SEIGNEUR, en effet, se révélait à Samuel, à Silo, par la parole du SEIGNEUR, et la parole du SEIGNEUR s’adressait à tout Israël. » (1 S 3, 21s).
Une telle insistance laisse penser que ce texte a été écrit à une époque où il était urgent de mettre le peuple en garde contre les faux prophètes, ceux qui se désignaient eux-mêmes au lieu de répondre à un appel de Dieu. Un vrai prophète, au contraire, c’est quelqu’un comme Samuel qui transmet au peuple toute la parole du Seigneur et seulement la parole du Seigneur. Peut-être l’auteur veut-il également raffermir la foi du peuple à une période difficile : en rappelant que même quand le Seigneur est silencieux, il ne nous oublie pas et son appel résonne… manière de dire : « La parole du SEIGNEUR était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante », eh bien justement c’est à ce moment de silence apparent que Dieu a appelé l’un de vos plus grands prophètes.
… A LA VOCATION DES BAPTISES
Enfin, bien sûr, ce récit nous propose un exemple pour le temps présent ; le récit de la vocation de Samuel est un modèle de réponse à l’appel de Dieu, un modèle d’acceptation d’une vocation prophétique. Voici donc quelques remarques sur la vocation de Samuel et à travers elle sur toute vocation prophétique ; on peut noter trois points :
Sur l’appel, d’abord : Samuel n’est encore qu’un enfant ; pas besoin d’être âgé, fort, puissant, compétent ! On retrouve une fois de plus le paradoxe habituel : c’est dans la faiblesse humaine que Dieu se manifeste.
Alors que Jérémie disait : « Ah, SEIGNEUR Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune ! » Dieu lui a répondu : « Ne dis pas je suis trop jeune !… N’aie peur de personne, car je suis avec toi pour te libérer » (Jr 1, 7).
A propos de l’appel encore, ce n’est pas Samuel qui a compris le premier qu’il était appelé par Dieu ; c’est le prêtre Eli. Il a su au bon moment aider Samuel à discerner la voix de Dieu.
Là aussi sans aucun doute, l’auteur de ce texte propose un exemple à suivre : Eli s’efface ; il n’interfère pas dans ce qu’il reconnaît comme une initiative de Dieu ; il éclaire l’enfant et lui permet de répondre à l’appel.
Sur la réponse enfin : elle est bien simple ! « Me voici » répété quatre fois et enfin « Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute ». Elle est le reflet de la totale disponibilité, la seule chose que Dieu recherche pour poursuivre son projet d’alliance avec l’humanité. La dernière phrase de ce texte est encore une leçon pour chacun d’entre nous. « Samuel grandit, le SEIGNEUR était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. » Dans le cadre de notre vocation propre, nous sommes assurés à chaque instant de la présence et de la force de Dieu.
Enfin, il est vrai, et c’est presque une vérité de La Palice, que Samuel a pu répondre à l’appel parce qu’il l’a entendu ! Et il l’a entendu parce qu’il était dans le sanctuaire : Anne, sa mère, l’y avait conduit et Eli prenait soin de lui. Peut-être faut-il se donner et donner à ceux dont nous avons la charge des occasions de franchir les portes des sanctuaires pour y entendre l’appel de Dieu ?

 

HOMÉLIE 2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

16 janvier, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,4083.html

2E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 18 JANVIER 2015

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Le thème de l’appel du Seigneur est au cœur des lectures de ce dimanche. La première lecture nous relate le récit de celui du jeune Samuel, un appel gratuit et éminemment personnel de la part du Seigneur : « Samuel, Samuel ! »
Dans l’évangile, il est aussi question du Seigneur qui appelle. Mais cette fois, l’appel fait suite à la recherche. Jean-Baptiste a désigné à deux de ses disciples, André et un autre qui n’est pas nommé, l’Agneau de Dieu et cette désignation a force d’envoi pour eux. C’est Lui, l’Agneau qu’il faut maintenant suivre. Alors sans dire un mot les disciples quittent celui qui avait été leur maître pour suivre Jésus. Dans leur quête du Messie, ils sont guidés par le Précurseur qui les met sur le chemin, oriente leur recherche. Ils s’approchent du Seigneur mais, à proprement parler, ils ne l’ont toujours pas rencontré.
Jésus les entend s’approcher. C’est alors qu’il s’arrête, se retourne et les regarde, littéralement les contemple. Quelle ne dut pas être la joie du Seigneur à la vue de ses deux premiers disciples qui venaient à lui ! Il est beau de voir comment le Seigneur est ému de nous voir nous engager à sa suite. Ici le silence sur le nom du deuxième disciple qui accompagnait André est précieux. Il nous permet de nous reconnaître en lui et d’accueillir pour nous ce regard d’émerveillement, regard qu’il pose sur nous lorsque chaque jour nous refaisons le choix de mettre nos pas dans les siens.
C’est alors que Jésus interroge André et son compagnon, les rejoignant dans leur quête : « Que cherchez-vous ? » Jésus les invite à exprimer le désir qui les a mis en mouvement vers lui. L’appel du Seigneur invite toujours à une réponse libre, à travers laquelle l’homme s’engage à sa suite. A la question du Maître, les disciples répondent par une autre question qui exprime leur désir d’une proximité avec lui. Le dialogue est instauré, l’appel du Seigneur a rejoint l’homme dans sa soif de vivre avec son Dieu dans une communion d’amour.
« Rabbi, où demeures-tu ? Venez et vous verrez. » Jésus ne dit pas explicitement où il demeure. Il invite à une démarche d’abandon confiant, à une réponse de foi qui consiste à se confier pleinement à lui.
Cette obéissance de la foi apparaît clairement dans la réponse du jeune Samuel (Cf. 1ère lecture). En effet, le Seigneur ne lui dit pas quelle mission il veut lui donner, il l’appelle simplement par son prénom et Samuel lui répond : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Autrement dit : « Parle Seigneur, et je me laisserai toucher intérieurement par ta Parole pour qu’elle me conduise où tu désires. »
Si nous revenons à l’évangile, saint Jean ne nous rapporte rien de ce qui se passa en cette fin d’après-midi entre Jésus et les deux disciples de Jean ; mais une chose est sûre, l’échange a suffi pour convaincre André. Plein d’enthousiasme, il témoigne auprès de son frère par une belle profession de foi, qui relève déjà d’un autre « voir » que la perception sensible : « Nous avons trouvé le Messie ».
Chacun de nous porte en lui le désir de voir Dieu, un « voir » d’un autre ordre que celui des sens, un « voir » de l’ordre de l’adhésion de foi, permettant de s’unir à Jésus reconnu comme Seigneur et Sauveur. Ce désir, l’homme l’éprouve en même temps qu’il découvre le monde créé. Notre monde est merveilleux et riche. Il séduit et attire la raison autant que la volonté. Mais, en fin de compte, il ne comble pas. L’homme se rend compte que ce monde, dans la diversité de ses richesses, est superficiel et précaire. Aujourd’hui, il est clair que nous prenons davantage conscience de la fragilité de notre terre, trop souvent dégradée par la main même de l’homme à qui le Créateur l’a confiée. Mais où rencontrer celui qui seul pourra donner sens à notre vie et combler les attentes de notre être ? «Rabbi, où demeures-tu ?»
En réponse à cette question, l’Eglise nous enseigne que le Christ est présent dans l’Eucharistie, le sacrement de sa mort et de sa résurrection, en laquelle nous reconnaissons la demeure du Dieu vivant dans l’histoire de l’homme. Chaque jour, Jésus nous appelle à venir le rencontrer à la messe et à le « voir », le contempler dans la foi dans le Saint Sacrement pour nous laisser transformer par sa présence.
La deuxième lecture, tirée de la 1ère lettre aux Corinthiens, suggère une autre réponse qui vient s’ajouter à la précédente : le Christ habite en chaque homme sauvé par sa mort et sa résurrection et en qui demeure l’Esprit Saint. Saint Paul nous dit en effet : « Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ». Le Rédempteur du monde, le Maître qui a les paroles de la vie éternelle, « la Tête du peuple nouveau et universel des fils de Dieu » (Lumen gentium, n.13), nous a donné d’avoir part, par le baptême, à son Esprit, qui étant un et le même dans la Tête et dans les membres, vivifie le corps tout entier (ibid., n.7). Grâce à l’Eglise, le corps du Christ dont nous sommes les membres, nous pouvons donc participer à la vie même du Seigneur. L’Eglise se révèle ainsi comme le lieu privilégié où nous pouvons rencontrer le Christ.
La fin de l’évangile le confirme à sa manière. Voyant s’approcher Simon, Jésus « pose son regard sur lui » et lui signifie sa vocation propre : il sera la pierre sur laquelle il édifiera son Église. Cette dénomination n’est sans doute pas étrangère à la demande initiale des deux disciples de Jean Baptiste : Jésus montera vers le Père, mais restera présent parmi les siens dans la demeure qu’il construira sur la foi de Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 18).
« Seigneur, fais-nous la grâce en ce jour d’ouvrir les yeux de notre cœur. Que nous puissions dans la foi « voir » dans ton Église ta présence cachée et devenir ces témoins qui proclamerons aussi résolument qu’André : ‘Nous avons trouvé le Messie’. »

Frère Elie

Icone Annonciation Couvent du Sinaie Ste Catherine

15 janvier, 2015

Icone Annonciation Couvent du Sinaie Ste Catherine dans images sacrée 12%20ICONE%20ANNONCIATION%20SINAIE%20STE%20CATHERINE

http://www.artbible.net/3JC/-Luk-01,26_Annunciation_L%20Annonce%20a%20Marie/slides/12%20ICONE%20ANNONCIATION%20SINAIE%20STE%20CATHERINE.html

PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE – 2. MÈRE

15 janvier, 2015

https://translate.google.com/?source=gtx_m#it/fr/La%20Famiglia%20-%202.%20Madre

PAPE FRANÇOIS – LA FAMILLE – 2. MÈRE

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI

Mercredi 7 janvier 2015

Chers frères et sœurs, bonjour. Aujourd’hui, nous poursuivons les catéchèses sur l’Église et nous réfléchirons sur l’Église mère. L’Église est mère. Notre Sainte Mère l’Église.
En ces jours, la liturgie de l’Église a placé devant nos yeux l’icône de la Vierge Marie Mère de Dieu. Le premier jour de l’année est la fête de la Mère de Dieu, à laquelle succède l’Épiphanie, avec le souvenir de la visite des Mages. L’évangéliste Matthieu écrit : « Entrant alors dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage » (Mt 2, 11). C’est la Mère qui, après l’avoir engendré, présente le Fils au monde. Elle nous donne Jésus, elle nous montre Jésus, elle nous fait voir Jésus.
Nous poursuivons les catéchèses sur la famille et dans la famille, il y a la mère. Chaque personne humaine doit la vie à une mère, et presque toujours, elle lui doit une grande partie de son existence successive, de sa formation humaine et spirituelle. Mais la mère, bien qu’étant très exaltée du point de vue symbolique — beaucoup de poésies, beaucoup de belles choses qui nous parlent de façon poétique de la mère — est peu écoutée et peu aidée dans la vie quotidienne, peu considérée dans son rôle central dans la société. Souvent, on profite même de la disponibilité des mères à se sacrifier pour les enfants pour « économiser » sur les dépenses sociales.
Il arrive également que dans la communauté chrétienne, la mère ne soit pas toujours considérée, qu’elle soit peu écoutée. Pourtant, au centre de la vie de l’Église, il y a la Mère de Jésus. Peut-être les mères, prêtes à tant se sacrifier pour leurs enfants, et souvent également pour ceux des autres, devraient-elles recevoir davantage d’écoute. Il faudrait comprendre davantage leur lutte quotidienne pour être efficaces au travail et attentives et affectueuses en famille ; il faudrait mieux comprendre à quoi elles aspirent pour exprimer les fruits les meilleurs et les plus authentiques de leur émancipation. Une mère avec des enfants a toujours des problèmes, toujours du travail. Je me souviens, à la maison, nous étions cinq enfants et tandis que l’un d’entre nous faisait une bêtise, l’autre pensait déjà à en faire une autre, et notre pauvre mère courait de l’un à l’autre, mais elle était heureuse. Elle nous a beaucoup donné.
Les mères sont l’antidote le plus fort à la diffusion de l’individualisme égoïste. « Individu » signifie « qui ne peut pas se partager ». Les mères, en revanche, se « partagent », à partir du moment où elles portent un enfant pour le mettre au monde et l’élever. Ce sont elles, les mères, qui détestent le plus la guerre qui tue leurs enfants. Si souvent j’ai pensé à ces mamans lorsqu’elles ont reçu la lettre : « Je vous informe que votre fils est mort en défendant sa patrie… ». Pauvres femmes ! Comme une mère souffre ! Ce sont elles qui témoignent de la beauté de la vie. L’archevêque Oscar Arnulfo Romero disait que les mères vivent un « martyre maternel ». Dans l’homélie pour les funérailles d’un prêtre assassiné par les escadrons de la mort, il dit, faisant écho au Concile Vatican ii : « Nous devons tous être disposés à mourir pour notre foi, même si le Seigneur ne nous accorde pas cet honneur… Donner la vie ne signifie pas seulement être tués ; donner la vie, avoir un esprit de martyre, cela signifie donner dans le devoir, dans le silence, dans la prière, dans l’accomplissement honnête du devoir, dans ce silence de la vie quotidienne, donner sa vie peu à peu ? Oui, comme la donne une mère qui, sans crainte, avec la simplicité du martyre maternel, conçoit en son sein un fils, lui donne le jour, l’allaite, l’élève, et s’occupe de lui avec affection. C’est donner la vie. C’est le martyre ». Voilà pour la citation. Oui, être mère ne signifie pas seulement mettre au monde un fils, c’est également un choix de vie. Que choisit une mère, quel est le choix de vie d’une mère ? Le choix de vie d’une mère est le choix de donner la vie. Et cela est grand, cela est beau.
Une société sans mères serait une société inhumaine, parce que les mères savent témoigner toujours, même dans les pires moments, de la tendresse, du dévouement, de la force morale. Les mères transmettent souvent également le sens le plus profond de la pratique religieuse : dans les premières prières, dans les premiers gestes de dévotion qu’un enfant apprend, est inscrite la valeur de la foi dans la vie d’un être humain. C’est un message que les mères croyantes savent transmettre sans beaucoup d’explications : celles-ci arriveront après, mais la semence de la foi réside dans ces premiers, très précieux instants. Sans les mères, non seulement il n’y aurait pas de nouveaux fidèles, mais la foi perdrait une bonne partie de sa chaleur simple et profonde. Et l’Église est mère, avec tout cela, c’est notre mère ! Nous ne sommes pas orphelins, nous avons une mère ! La Vierge, la mère Église, est notre maman. Nous ne sommes pas orphelins, nous sommes fils de l’Église, nous sommes fils de la Vierge, et nous sommes fils de nos mères.
Très chères mamans, merci, merci pour ce que vous êtes dans la famille et pour ce que vous donnez à l’Église et au monde. Et à toi, bien-aimée Église, merci, merci d’être mère. Et à toi, Marie, mère de Dieu, merci de nous faire voir Jésus. Et merci à toutes les mamans ici présentes : nous les saluons par un applaudissement !
Je salue cordialement les pèlerins francophones, en particulier la délégation d’imams français engagés dans les relations islamo-chrétiennes, ainsi que le groupe venant de divers médias français. En ce temps de Noël, je souhaite à tous de poursuivre avec courage votre engagement au service de la paix, de la fraternité et de la vérité.

Que Dieu vous bénisse.

 

JE VOUS SALUE, MARIE : UNE LONGUE HISTOIRE

15 janvier, 2015

http://www.revue-kephas.org/02/2/Guillaume127-133.html

AVRIL–JUIN 2002

JE VOUS SALUE, MARIE : UNE LONGUE HISTOIRE

MGR PAUL-MARIE GUILLAUME

Comparée à l’histoire du « Notre Père », celle du « Je vous salue, Marie » est beaucoup plus complexe. Pour le Pater, il n’y a pas de problème, même si les Évangiles de Luc et de Matthieu nous en donnent deux expressions un peu différentes, reflets probables des diverses façons dont les communautés chrétiennes primitives l’ont récité.
L’histoire de l’Ave Maria dure quinze siècles environ, et nous ne pouvons la suivre pas à pas car nous la connaissons mal. Mais nous avons assez de points de repère pour nous en faire une idée exacte, même si elle reste incomplète.
Il nous faut d’abord distinguer nettement les deux parties de la prière : la première sous forme de louange et la deuxième sous forme de supplication. La première a existé longtemps toute seule. C’est d’elle qu’il va d’abord être question.
La première partie de l’Ave Maria : sa genèse
À première vue, elle se compose de deux petits extraits de l’Évangile de Luc : la salutation de l’ange (1, 28) et la réponse d’Élisabeth à Marie (1, 42). Seuls les noms de Marie et de Jésus ont été ajoutés. À y regarder de plus près, les références semblent plus complexes !
Vous êtes bénie entre toutes les femmes : qui parle ?
Ces mots sont-ils à mettre dans la bouche d’Élisabeth ou dans celle de l’ange, ou dans l’une et l’autre ?
La plupart des éditions actuelles de l’Évangile les attribuent à Élisabeth. Mais l’édition du Nouveau Testament du Père Merk les introduit en Lc 1, 28, en les mettant toutefois entre parenthèses. Dans son commentaire de saint Luc, le Père Lagrange écrivait que l’attribution à Gabriel avait « d’excellentes autorités, mais qui sont suspectes d’avoir harmonisé avec v. 42. »1
Quelles sont ces autorités qui mettent la bénédiction dans la bouche de l’ange ? Dès le milieu du IIe siècle, le Protévangile de Jacques (11,1) et le Diatessaron de Tatien. Au tournant des IIe et IIIe siècles, Tertullien dans Le Voile des vierges2, puis, au IVe siècle, Eusèbe de Césarée3. Au IVe siècle, en commentant Tatien, Ephrem le Syrien souligne la double bénédiction de l’ange et d’Élisabeth : « Et Élisabeth confirma cette parole, disant une nouvelle fois : Tu es bénie parmi les femmes. »4 Saint Ambroise connaît lui aussi l’attribution à l’ange.5 Cette leçon (= version) se trouve aussi dans le Codex Ephraemi du Ve siècle, dans le Codex Bezae des Ve–VIe siècles, ainsi que dans le Syriaque et la Vulgate. On la retrouve plus tard dans la liturgie en usage à Sainte-Marie Antique à Rome (en 650), ainsi que dans la liturgie byzantine.6
Que conclure ? Il est certain que, même si cette leçon n’est pas originale, elle est « très ancienne ».7 On a souligné que « ce mécanisme de mémoire traduit l’ancienneté plus grande encore du rapprochement de versets évangéliques pour la construction d’une formule de prière ». 8
Le nom de Marie : des usages variables
Dans le salut de l’ange, le nom de Marie n’est pas mentionné. C’est « pleine de grâce » qui est le nom de Marie sur les lèvres de Dieu. Il est bien difficile de saisir à quel moment de l’histoire ce nom a été introduit. Il est probable que, dès l’instant où l’on a utilisé le salut de l’ange comme prière, l’on a ajouté « Marie ».
Le premier témoignage semble être le graffito « Salut, Marie », écrit en grec sur un mur auprès de la grotte de l’Annonciation à Nazareth et datant du IIIe–IVe siècles. Le nom de Marie se trouve aussi sur deux ostraca égyptiens des VIe–VIIe siècles, chez Ildefonse de Tolède au VIIe siècle et chez Pierre Damien au XIe siècle. En revanche, au VIIIe siècle, Jean Damascène prêche longuement sur l’Annonciation en répétant sans cesse : « Salut, pleine de grâce », mais sans jamais y ajouter « Marie ». De même, l’Hymne acathiste (= à chanter sans s’asseoir), si important dans la liturgie byzantine à partir du VIIIe siècle au moins, qui chante plus de cent cinquante fois « Salut », suivi d’un titre marial – une véritable litanie –, ne dit jamais : « Salut, Marie », ni d’ailleurs : « Salut, pleine de grâce », même si toute la prière est un développement de la salutation de Gabriel. Le nom de Marie apparaît une seule fois dans une antienne d’introduction.
L’usage liturgique précoce
C’est dans la liturgie que l’on décèle les premières formules annonciatrices de la première partie de l’Ave Maria.
En Orient, la Liturgie de saint Jacques des IVe–Ve siècles chante « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie parmi les femmes et béni le fruit de ton sein, car tu as engendré le sauveur de nos âmes » (même texte dans la Liturgie de saint Marc).
Les deux ostraca égyptiens sont les humbles témoins de ce qui devait être entendu dans les liturgies. L’un d’eux commence par « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » et porte, dans les dernières lignes, « Salut, Marie ». Le second commence par « Salut, Marie, pleine de grâce » et porte au verso « Salut, pleine de grâce, Marie; le Seigneur avec toi; tu es bénie parmi les femmes et béni est le fruit de ton sein, car tu as conçu le Christ, le Fils de Dieu, le rédempteur de nos âmes ».
La fête byzantine de l’Annonciation (aux VIe–VIIe siècles), « qui nous fait sans aucun doute entrer le plus avant dans la grande mariologie byzantine » (L. Bouyer9), contient plusieurs textes qui expriment la foi de l’Église dans le rôle de Marie :
« Salut, toute bénie et remplie de la grâce de Dieu. Béni soit le fruit divin et immortel de vos entrailles, Lui qui par vous accorde au monde entier sa grande pitié.
« Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; vous enfanterez le Fils qui procède du Père avant les siècles et qui sauvera son peuple de ses offenses.
« Salut, toute pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; salut, pure Vierge; salut, épouse non épousée; salut, Mère de vie; béni est le fruit de vos entrailles ! »10
Au VIIIe siècle, Jean Damascène a la formule liturgique : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es béni entre les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. »11 Il ne manque plus que les noms de Marie et de Jésus.
En Occident, la première partie de l’Ave Maria est introduite dans la liturgie latine aux VIe–VIIe siècles, par le pape saint Grégoire le Grand, ou par quelqu’autre personnage moins célèbre. On la trouve en effet au chant d’offertoire du IVe dimanche de l’Avent : Ave Maria, gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui. Il peut s’agir d’un remploi de l’antienne d’offertoire du mercredi des Quatre-Temps d’hiver, le jour où l’on lisait l’Évangile de l’Annonciation (les Messes des Quatre-Temps sont parmi les plus anciennes de la liturgie romaine). Quelle qu’en soit l’origine, il convient de remarquer que cette antienne ne s’est jamais terminée par « Jésus ».12
La première partie de l’Ave Maria devient une prière usuelle au Moyen-Âge
Malgré son introduction précoce dans la liturgie, l’Ave Maria met du temps à se populariser13. Certes, au VIIe siècle, Ildefonse, évêque de Tolède, récite plusieurs fois l’Ave Maria lors d’une vision, en se mettant à genoux. Mais il s’agit d’un témoignage exceptionnel. En fait, il faut attendre le XIe siècle pour être assuré, avec le témoignage de saint Pierre Damien († 1072), que l’Ave Maria devient une prière populaire en faveur. Il rapporte d’un clerc qu’il récitait chaque jour l’Ave Maria jusqu’à benedicta tu in mulieribus14.
Au XIIe siècle, qui connaît un grand essor de la piété mariale, Amédée de Lausanne, abbé de l’abbaye cistercienne de Hautecombe († vers 1159), est, semble-t-il, le premier à ajouter le nom de « Jésus ». Cette addition est peut-être due à l’intention d’introduire la doxologie finale de l’homélie qui s’achève ainsi : « Je te salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein, Jésus Christ, qui est par dessus toutes choses le Dieu béni dans les siècles des siècles. »15 À la même époque, un ermite du Hainaut, saint Albert, disait l’Ave Maria en faisant cent fois par jour des génuflexions.
C’est à Paris que la Salutation angélique est prescrite pour la première fois : en 1198, l’évêque exhorte à la récitation de l’Ave Maria avec le Pater et le Credo. Vers 1210, les statuts synodaux de Paris – qui préparent les décisions du grand concile de Latran IV de 1215 – invitent tous les chrétiens à apprendre et à réciter l’Ave Maria.
Désormais, à partir du XIIIe siècle donc, les points de repère se multiplient. En voici quelques exemples. Vers 1230, un chapitre général des Chartreux demande aux prieurs d’apprendre aux novices convers l’Ave Maria, en plus du Pater et du Credo. En 1261, un chartreux du diocèse de Nevers « avait résolu au fond de son cœur d’offrir à la Vierge, le jour comme la nuit, cent fois l’Ave angélique suivi de la béatification du fruit de son sein. »16 C’est dans un bréviaire des Chartreux de la première moitié du XIVe siècle qu’on aura la première apparition de la récitation de l’Ave Maria avant les Heures.
Un compagnon de saint Dominique était mort en tenant en main une cordelette de nœuds qui lui servait à compter ses Ave. Il en récitait des milliers par jour17. En 1266, le chapitre général des Dominicains demande aux frères convers de dire chaque jour l’Ave Maria en nombre égal à celui du Pater dans leur office. Saint Thomas d’Aquin († 1274) compose un court commentaire de l’Ave Maria jusqu’à benedictus fructus ventris tui. Il n’est donc pas étonnant que, dès 1277, les béguines de Gand, dirigées par les Dominicains, récitent chaque jour trois fois cinquante Ave Maria18. Sainte Mechtilde de Magdebourg († 1280), profondément attachée à l’Ordre dominicain, récite chaque jour trois Ave Maria en l’honneur du Père, du Fils et du Saint Esprit. Au même moment, entre 1200 et 1250, dans les pays du nord de l’Europe, certaines cloches portaient des inscriptions comme celle-ci : « Maître Jacques m’a faite. Il m’a donnée à … pour l’âme de sa chère épouse… Que Dieu bénisse celui qui m’a érigée. Je te salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes. »19
Le témoignage de sainte Gertrude d’Helfta (1256–1302/3) est particulièrement intéressant, car on voit comment la dévotion à la Vierge Marie prépare l’usage du Rosaire et inclut déjà la supplication de la seconde partie de l’Ave Maria.
À la fête de l’Annonciation, au cours de la récitation de l’Invitatoire Ave Maria, « Gertrude vit trois ruisseaux impétueux jaillir de leur source du Père, du Fils et du Saint Esprit, et couler dans le cœur de la Vierge-Mère pour remonter avec la même rapidité à leur source divine (…) À chaque Ave Maria récité dévotement par les fidèles, ces trois ruisseaux venaient cerner de toutes parts la bienheureuse Vierge, traverser son cœur très saint et remonter vers leur source première en produisant d’admirables effets (…) Les fidèles, en répétant cette salutation, sentent se renouveler en eux tout le bien qui leur est venu par le mystère de l’Incarnation. »20 Gertrude apprend de Marie à réciter chaque jour de l’octave de l’Annonciation quarante-cinq Ave Maria, « en mémoire des jours que le Seigneur mit à croître dans son sein. » (p. 143)
Déjà, en récitant cette première partie de l’Ave Maria, Gertrude comprend qu’il faut prier pour les souffrants, pour la persévérance des pénitents, pour le pardon des pécheurs (p. 143). À chaque Ave Maria, il fallait ajouter ces mots, tirés de la Lettre aux Hébreux (1, 3) : « Jésus splendeur de la clarté paternelle et figure de sa substance ». (p. 145)
À la fête de l’Assomption, Gertrude, malade, « ne pouvait malgré son désir réciter autant d’Ave Maria que la bienheureuse Vierge avait passé d’années sur la terre. »21 Pour la Nativité de Marie, elle récite autant d’Ave Maria que de jours de la présence de Marie dans le sein de sa Mère22. À Complies, « elle offrit à la bienheureuse Vierge 150 Ave Maria (…) lui demandant de daigner l’assister à l’heure de la mort avec toute sa tendresse maternelle. » (p. 431) Pour une jeune fille défunte, toutes les Sœurs récitent le Psautier en ajoutant après chaque psaume un Ave Maria.23
La récitation de la première partie de l’Ave Maria s’est donc généralisée en Occident à partir du XIe siècle. Au XIVe siècle, plusieurs synodes des pays nordiques prennent la même mesure que le synode parisien de 1210. Il s’agit peut-être de contraindre des récalcitrants; il s’agit plus sûrement d’entériner une pratique bien enracinée. On avait l’habitude d’entendre les prédicateurs la réciter avant le sermon, on la gravait sur les pierres et sur les cloches des églises, surtout celle destinée à sonner le glas, tout particulièrement dans les pays nordiques.24
Sauf exception (on a vu celle d’Amédée de Lausanne), la prière s’arrête à ventris tui. Le nom de Jésus est omis. Selon de vieux documents, c’est le pape Urbain IV (1261–1264) qui a accordé une indulgence pour l’addition du nom de Jésus Christ. Ensuite cette clausule se répandra assez vite, à la fin du XIVe et au XVe siècle.25
La seconde partie de l’Ave Maria : le cri de la supplication
Dom Capelle écrit : « Incoerciblement, vers la toute-puissance suppliante le peule chrétien pousse son cri lorsqu’il s’adresse à Marie. Il ne saurait se contenter de la louer. C’est lui qui a fait de l’Ave Maria l’appel des pécheurs. »26
Dès le IIIe siècle, le Sub tuum, découvert en grec sur un papyrus, est une prière de supplication à Marie, Mère de Dieu. Au IVe siècle, saint Augustin achève un sermon en priant Marie pour les différentes catégories de chrétiens.27
Dans la liturgie byzantine de l’Annonciation, louange et supplication se mêlent : « Salut, pleine de grâce ! C’est de vous que nous vient le salut, le Christ notre Dieu qui, ayant assumé notre nature, l’a élevée à la hauteur de la sienne. Priez-le de sauver nos âmes. »28 Au VIIIe siècle, saint André de Crète parle de Marie « par laquelle, pécheurs, nous recevons la faveur de la divinité. »29
Dans la Divine Comédie, Dante († 1321) écrit : « …et le fruit de vos entrailles que je prie de nous garder du mal, Jésus-Christ (…) Priez Dieu pour nous de nous pardonner et de nous donner la grâce de vivre de telle sorte ici-bas qu’il nous donne le paradis à notre mort. » Un peu plus tard, un bréviaire cartusien de 1350 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis, Amen30 et, au siècle suivant, saint Bernardin de Sienne, dans un sermon sur la Passion, est le témoin de la formule : « Sainte Marie, priez pour nous pécheurs. »31
Vers la fin du XIVe siècle on récite donc l’Ave Maria dans sa version longue, au moins dans certaines régions de l’Europe.32 Ce sont les bréviaires du XVIe siècle (celui des Trinitaires de 1514, des Franciscains de 1525, des Chartreux de 1562) qui donnent la formule complète encore en usage aujourd’hui. Elle est introduite dans le bréviaire romain révisé, édité par le pape saint Pie V en 1568.
Entre la salutation de l’ange Gabriel et la consécration officielle de l’Ave Maria, il y a donc une longue histoire de plus de 1500 ans. C’est le lent développement de la prière mariale que nous exprimons lorsque, à longueur de vie, nous égrenons nos « Je vous salue, Marie ». Un mot de saint Grégoire de Nysse (IVe siècle) peut servir de conclusion. Dans une homélie de Noël, il définit la salutation de l’ange comme « les paroles de la mystagogie », c’est-à-dire de l’initiation au mystère de Dieu.33 C’est dire combien la prière de l’Ave Maria n’est pas simplement un acte de piété mais un acte de foi dans le mystère de Dieu avec les hommes, inauguré au jour de l’Annonciation.

Musicians, ca 1600

14 janvier, 2015

Musicians, ca 1600 dans images sacrée 1280px-Gerard_van_honthorst_-_the_concert_-_1623

http://en.wikipedia.org/wiki/Renaissance_music

 

LOUEZ DIEU DANS SES SAINTS ! (Ps 150, 1)

14 janvier, 2015

http://www.monastere-transfiguration.fr/synaxaire/introduction_synaxaire.html

LOUEZ DIEU DANS SES SAINTS !

(Ps 150, 1)

Lorsqu’il fut transporté en esprit devant le trône de Dieu préparé pour le jugement de toute chose à la fin des temps, l’Apôtre saint Jean dit : Puis j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse et comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de puissants tonnerres qui disaient : Alléluia, car le Seigneur, notre Dieu le Tout-Puissant, a pris possession de la royauté. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et rendons lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, son Épouse est parée, et il lui a été donné de se vêtir de lin fin d’une blancheur éclatante – le lin fin, ce sont les œuvres des saints (Ap 19, 6-8). Cela n’arrivera pas seulement à l’aube de la Résurrection, mais aujourd’hui déjà, la sainte Église, l’Épouse du Christ, s’est revêtue, comme d’un habit de pourpre et de lin fin, du sang des martyrs, des larmes des ascètes, de la tempérance des vierges, de la proclamation des apôtres, des écrits des docteurs, de la miséricorde des justes… Elle est ornée de toutes les vertus et de toutes les grâces que le Saint-Esprit a fait éclore dans les saints, en tout temps et en tout lieu. Qui pourrait dénombrer cette nuée de témoins (Hbr 12, 1) qui nous entoure ? Qui pourrait nommer chacun de ces vivants qui, avec le Christ, par le Christ et dans le Christ ont triomphé de la mort, se sont approchés du trône de Dieu, eux en qui Dieu se réjouit (cf. Is 62, 5) et trouve son repos (ibid. 57, 15) ?
Ils sont devenus concitoyens des anges et frères du Christ. Et lui, tel le soleil se reflétant sur les eaux, apparaît en eux, multiple et unique à la fois. Les saints qui habitent aujourd’hui la Jérusalem céleste, la Terre des Vivants, la Cité du grand Roi, sont les astres innombrables d’un firmament spirituel qu’éclaire le Christ, Soleil de Justice (Mal 4, 2). À mes yeux tes amis ont beaucoup de prix, ô Dieu – chante David le roi-prophète –, je les compte et ils sont plus nombreux que le sable (Ps 138, 17). Les milliers de saints commémorés dans tous les synaxaires et martyrologes d’Orient et d’Occident ne représentent qu’une infime partie de cette grande assemblée (Ps 39, 10). Ce sont les saints qui font l’objet d’un culte public. Mais combien plus nombreux sont ceux qui cachèrent Dieu dans le secret de leur cœur, restant humblement ignorés de tous et protégés de la vaine gloire des hommes. Il y en eut de toutes conditions, en tous temps et en tous lieux : patriarches, prophètes, apôtres, martyrs, confesseurs, évêques, prêtres, diacres, moines et vierges, hommes et femmes, enfants et vieillards, riches et pauvres, princes, prostituées, brigands… Ils ont, par amour de Dieu et au prix de souffrances volontaires, fait éclore en notre nature humaine les fleurs variées de la grâce du Saint-Esprit. À l’un en effet, c’est le discours de sagesse qui est donné par l’Esprit, à un autre, le discours de science selon le même Esprit ; à un autre, la foi dans le même Esprit ; à un autre les dons de guérison dans cet unique Esprit ; à un autre le pouvoir d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie, à un autre le discernement des esprits ; à un autre diverses sortes de langues : à un autre l’interprétation des langues. Mais tout cela, c’est l’œuvre de l’unique et même Esprit qui distribue ses dons à chacun en particulier selon son gré. (1 Cor 12, 8-11).
En unissant en sa Personne, par son Incarnation, notre nature humaine, mortelle et pécheresse à sa nature divine, le Seigneur Jésus-Christ nous a ouvert les cieux et nous appelle à l’y suivre, lorsque nous aurons manifesté la gloire de sa divinité dans notre vie, dans les conditions où il nous a placés. Tout chrétien est appelé à la sainteté, en Christ et par le Christ : Soyez saints, car Je suis saint, disait déjà le Seigneur dans la Loi ancienne (Lv 11, 44 ; 1 Pt 1, 16). Tout chrétien, né à la vie nouvelle de l’Esprit par le baptême, est appelé à l’accomplissement de la vocation d’Adam : faire régner ici-bas la gloire de Dieu. Voilà pourquoi il n’est pas un endroit du monde qui ne doive être aspergé du sang des martyrs, baigné des larmes des moines, ou qui ne doive résonner de la prédication de la Bonne Nouvelle. C’est en tout temps et en tout lieu que s’est élevée, que s’élève et que s’élèvera la prière des saints pour le salut du monde. Car, selon le témoignage des premiers Pères, c’est par la prière des chrétiens que le monde peut subsister 1.
Le monde est sanctifié, sauvé, racheté par la présence des saints qui, comme le levain faisant lever la pâte (Mt 13, 33), préparent l’humanité à l’ultime révélation du Seigneur Jésus-Christ. Il viendra dans sa gloire, pour que la lumière de sa divinité resplendisse sans ombre aucune sur son Corps, l’Église. Alors, le nombre des saints devant apparaître sur la terre et dont Dieu seul connaît les noms, qu’il garde mystérieusement inscrits dans le livre de vie de l’Agneau (Ap 21, 27), sera complet. Le monde d’en haut sera consommé 2 et les saints de tous les temps seront réunis dans le Corps unique du Christ. Son union à l’Église-Épouse aura atteint sa plénitude, et l’humanité sera pour toujours la Demeure de Dieu, la Jérusalem céleste (Ap 22). Le Christ, qui se tient présentement caché dans ses saints, rayonnera en eux avec l’intensité de la gloire que, de toute éternité, il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit : Afin que tous soient un, comme toi. Père tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi soient en nous (Jn 17, 21), dit-il, au moment de s’offrir en sacrifice pour notre salut.
Mais jusqu’à ce jour, la maison de Dieu est encore en cours d’édification. Le Seigneur patiente et temporise, attendant que tous les saints entrent dans la construction, telles des pierres vivantes (1 Pt 2, 4), adhérant, chacun à son tour, au Christ, la Pierre angulaire (ibid. et Is 28, 16), selon la grâce et les qualités qui lui ont été données. Les saints sont tout à la fois un et multiple, et chacun contribue de manière irremplaçable à la constitution du Corps du Christ, comme autant de membres. On pourrait encore les comparer à l’or et aux pierreries ornant la robe de la Reine se tenant à la droite du Seigneur, en vêtements tissés d’or, parée de couleurs variées (Ps 44, 10). Tels des diamants et des pierres précieuses, ils renvoient partout, en rayons multicolores, l’unique lumière du triple Soleil. Mais pour être ainsi pénétrés de lumière, il a fallu auparavant qu’ils soient taillés, ciselés, dégagés de la matière et de ses lourdeurs par le ciseau et le marteau des souffrances, des persécutions, des afflictions de toutes sortes. Ils ont dû passer, comme l’or encore grossier, dans la fournaise des tentations, afin d’être affinés et de resplendir comme nobles joyaux sur la robe de l’Église-Épouse.
Les saints brillent de la lumière de Dieu, ils sont devenus dieux par la grâce du Saint-Esprit, dans la mesure même où, baptisés dans le Christ, ils ont revêtu le Christ (Gal 3, 27). Dans la mesure où, avec le Christ, ils se sont chargés de leur croix (Mt 16, 24) pour crucifier en eux le vieil homme plein de passions, de péchés et d’impuretés, ils peuvent participer aussi à la gloire de sa Résurrection. En communiant à la Passion du Christ par le martyre, l’ascèse, les larmes et la pratique de toutes les vertus évangéliques, les saints ont vaincu la mort avec lui. Ils sont désormais vivants en Dieu, car le Christ a établi en eux sa demeure. Je suis crucifié avec le Christ, nous crient-ils ; ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi… (Gal 2, 20). Le Christ est monté au ciel, mais il n’a pas quitté l’Église terrestre. Le Christ est monté au ciel, mais il nous a envoyé le Saint-Esprit, qui fait de tous les saints autant de christs, de dieux par la grâce. L’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ, et sa Personne elle-même, divine et humaine, sont à la fois répétées et prolongées par la vie des saints dans l’Église, sous l’action du Saint-Esprit.

Des gens, dont le cœur et l’esprit sont insensibles à la vie spirituelle, trouvent les Vies des saints ennuyeuses. « C’est toujours la même histoire », disent-ils. Martyrs, confesseurs, ascètes, vierges et saints laïcs ; qu’ils aient vécu dans les premiers siècles ou hier, en Asie, en Palestine, en Égypte, en Italie, en Afrique ou en Amérique, c’est en effet toujours la même histoire. Tous ont eu un cœur brûlant d’amour pour le Seigneur et ont participé à son sacrifice, s’offrant volontairement à la mort pour avoir part à sa Résurrection. Tous ont été baptisés dans sa mort par le baptême d’eau, par le baptême de sang, par le baptême des larmes, pour que la vie nouvelle de l’Esprit pénètre en eux et que la gloire de Dieu, qui resplendit sur le visage du Christ, demeure dans leur cœur et rejaillisse sur leur corps.
Les saints vivent dans le Christ Jésus et le Christ vit en eux. Dans les saints, Il répète inlassablement, jusqu’à la fin du monde, le mystère unique de sa mort et de sa résurrection, de l’incarnation de Dieu et de la déification de l’homme. Sur les fresques représentant les martyrs et les saints militaires – celles de certains réfectoires du Mont Athos notamment – on constate que si les saints ont des postures, des vêtements et des attributs différents, ils ont à peu près tous le même visage, et ce visage est celui du Christ. Tels sont en effet les saints : identiques en Christ, mais infiniment divers dans leurs caractères personnels et les conditions dans lesquelles ils ont reproduit l’œuvre du Sauveur, dans un lieu et à un moment donnés. Chez les saints toutefois cette reproduction de la Passion du Seigneur n’est pas morne répétition. Elle est toujours nouvelle, toujours originale, toujours unique et contribue de manière irremplaçable à l’édification de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur Jésus a ouvert la voie, il a sauvé la nature humaine en mettant à mort dans son propre corps la mort, mais il faut maintenant que chaque personne participe librement à cette œuvre de salut. Ce qui manque aux tribulations du Christ, écrit saint Paul, je le complète dans ma chair au profit de son corps qui est l’Église (Col 1, 24). Ces paroles de l’Apôtre ne signifient pas qu’il manque quoi que ce soit à l’œuvre du Christ et à notre Rédemption, mais seulement que chacun d’entre nous doit communier volontairement et de manière personnelle à sa Passion, pour avoir part à l’héritage des saints dans la lumière de Dieu (ibid.).
Unis au Christ par la foi et la grâce, les saints accomplissent les œuvres du Christ (Jn 14, 12). Habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ lui-même qui accomplit par eux des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que l’Évangile ne cesse d’être écrit jusqu’aujourd’hui par les œuvres évangéliques des saints 3. Voilà pourquoi les saints, proches et lointains, anciens et nouveaux, sont pour nous des guides sûrs nous conduisant au Christ qui habite en eux. Devenez mes imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ (1 Cor 11, 1), nous disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous l’image du Christ, nous devons donc souvent tourner nos regards vers les saints pour avoir des exemples vécus et pratiques de la marche à suivre. Le peintre qui désire faire le portrait d’une personne qu’il ne voit pas devant lui, se sert de reproductions, les regarde attentivement, les compare pour s’en inspirer, de même nous faut-il regarder vers les saints, lire leurs Vies, les comparer, pour savoir comment progresser dans la vie en Christ.
Mais, dira-t-on, comment donc imiter ces martyrs qui ont souffert de si terribles tourments, alors qu’il n’y a plus de persécutions ? Comment suivre la voie de ces ascètes qui se sont retirés au fond des déserts pour soumettre leur corps à des privations que personne ne pourrait supporter aujourd’hui ? Cela n’est pas possible. Certes, les conditions géographiques, historiques, sociologiques, etc. qui sont les nôtres sont fort différentes de celles dans lesquelles vécurent nombre de saints dont nous lisons les Vies. Mais est-ce vraiment là une raison pour dire que la sainteté n’est plus possible et succomber à la négligence ou réduire l’Évangile à un simple code moral ? Le Seigneur n’a-t-il pas dit que le Royaume des cieux est objet de violence et que ce sont les violents qui s’en emparent (Mt 11, 12) ? Le langage de la Croix n’a-t-il pas rendu folle la sagesse du monde (1 Cor 1, 20) ? De tels arguments, si raisonnables qu’ils paraissent, ne reviennent-ils pas à réduire à néant la Croix du Christ (idem, 17) en justifiant notre paresse et nos passions ? Les exploits des martyrs et des ascètes sont des réalités historiques, la gloire et l’ornement de l’Église ; et ils ne nous paraissent inaccessibles ou exagérés qu’à cause de notre manque de foi et d’amour de Dieu. Il nous est facile d’écouter l’enseignement de l’Évangile, d’assister à la divine Liturgie, de prier dans notre chambre, mais croyons-nous vraiment que le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance (idem 4, 20), et que, par la grâce de Dieu, notre nature humaine peut être élevée au-dessus d’elle-même et accomplir des œuvres qui semblent impossibles à ceux qui sont prisonniers de ce monde ? La lecture des exploits des saints ne porte au découragement que les orgueilleux qui se confient en leurs propres forces ; tandis que, pour les humbles, elle est une occasion de voir leur propre faiblesse, de pleurer sur leur impuissance et d’implorer le secours de Dieu 4. Lisons donc les Vies des saints en psalmodiant avec David : Dieu est admirable dans ses saints, lui le Dieu d’Israël (Ps 67, 35). Tout comme eux, nous n’avons que notre faiblesse à offrir au Seigneur (2 Cor 11, 30). C’est lui qui agit et nous donne la victoire. Ceux qui sont prisonniers de la vaine gloire de ce monde mettent tout leur soin, nous dit saint Jean Chrysostome 5, à orner leur demeure de fresques, de peintures et d’objets précieux; de même, en lisant les Vies des saints, nous faut-il, à nous les fils de la Résurrection, orner la maison de notre âme par le souvenir de leurs souffrances et de leurs exploits, pour la préparer à recevoir le Christ et à être à jamais la demeure du Roi du Ciel.
En lisant assidûment les Vies des saints, en vivant avec tous les saints (Eph 3, 18), en nous promenant chaque jour dans ce jardin spirituel qu’est le Synaxaire, nous trouverons peu à peu certains saints qui attirent davantage notre sympathie, notre émotion, notre affection. Ils deviendront pour nous comme des amis intimes à qui nous aimerions confier nos joies et nos peines, à qui nous demanderions plus spécialement le secours de leurs prières, dont nous aimerions souvent relire la Vie, chanter les tropaires et vénérer l’icône. Ces amis intimes seront pour nous une puissante consolation et des guides privilégiés sur la route étroite qui nous mène au Christ (Mt 7, 14). Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et dans ce combat, nous avons avec nous notre Mère, la Toute-Sainte Mère de Dieu, notre Ange Gardien, le saint dont nous portons le nom et ces quelques amis que nous aurons choisis parmi la grande Assemblée des témoins de l’Agneau. Et si nous trébuchons sous l’effet du péché, ils nous relèveront ; lorsque nous serons tentés par le désespoir, ils nous rappelleront qu’avant nous, et plus que nous, ils ont souffert pour le Christ et goûtent désormais à la joie éternelle. Ainsi, sur le chemin rocailleux de cette vie, ces saints amis nous feront voir un peu de la lumière de la Résurrection. Cherchons donc dans les Vies des saints ces quelques amis intimes et, avec tous les saints, marchons vers le Christ.
Un jour, un moine doux et simple de l’Athos – un de ceux à qui le Christ a promis la terre en héritage (Mt 5, 5) – se préparait, comme d’habitude, à prier le saint du jour avec d’abondantes larmes et de nombreuses prosternations. Mais au moment de regarder son calendrier, il constata qu’il l’avait égaré et n’avait plus aucun moyen de savoir quel était le saint commémoré ce jour-là. Aussi commença-t-il sa prière en disant : « Saint du jour, intercède pour nous ! » Après quelques instants, le saint apparut devant lui et lui révéla son nom : Lucillien [3 juin]. Sans guère s’étonner, le bon vieillard compléta donc sa prière par le nom du saint, mais comme il était un peu sourd et qu’il n’avait pas bien compris le nom, il dit : « Saint Lucien, intercède pour nous ! ». Le saint apparut alors de nouveau et lui dit sur un ton de reproche : « Je ne suis pas Lucien, mais Lucillien », et il disparut, laissant le moine continuer paisiblement sa prière 6.
Un frère demanda à un autre athonite, le Père Abrahamios de Néa-Skitie († 1989) : – « Père, est-ce que tu ne te lasses pas de lire ainsi continuellement le synaxaire du saint du jour ? » L’Ancien lui répondit en souriant : – « Mon enfant, tous les saints, et spécialement les martyrs, il nous faut les aimer et les honorer, car “l’honneur rendu aux saints, c’est l’imitation des saints” 7. Puisque nous sommes incapables et pécheurs et que nous ne pouvons pas les imiter, étudions donc au moins leur Vie, pour ne pas passer notre temps en bavardage. De plus, par la lecture de leur Vie, nous nous les concilions en quelque sorte, pour qu’ils soient nos intercesseurs et nos aides, ici-bas comme lors de notre grand voyage vers les cieux. En outre, en étudiant les Vies des saints, nous voyons nos propres passions dans notre cœur, et il nous est donné l’occasion de lutter contre elles et d’utiliser pour cela les mêmes moyens qu’eux-mêmes ont utilisés. » 8
Ces deux anecdotes illustrent la familiarité que nous devons avoir avec les saints et montrent combien ils sont proches de nous, interviennent dans notre vie quotidienne, nous écoutent dans nos prières, nous reprennent dans nos chutes et nous montrent par d’innombrables signes de leur présence, que notre vie n’est pas vraiment de ce monde, que nous vivons comme des étrangers et des voyageurs entre ciel et terre.
Dans notre vie spirituelle, nous pouvons communiquer quotidiennement avec les saints de trois façons : en chantant leurs hymnes et leur office liturgique, en vénérant leur icône et en lisant leur Vie dans le Synaxaire. S’il est difficile à ceux qui vivent dans le monde de se rendre chaque jour à l’église pour chanter les louanges des saints, tous les chrétiens peuvent cependant chez eux, seuls ou en famille, chanter le tropaire des saints du jour, tous peuvent vénérer leur icône, tous peuvent consacrer quelques instants à lire ou à relire leur Vie dans le Synaxaire. Toutefois, la lecture quotidienne de ces résumés des Vies des saints ne nous sera vraiment profitable que si nous nous approchons d’eux avec les mêmes dispositions que lorsque nous vénérons une icône. Si imparfaites soient-elles, les notices du Synaxaire sont, en effet, dans le domaine du récit ce que sont les icônes dans le domaine de l’image : elles nous rendent le saint présent et peuvent nous apporter autant de grâce que les saintes icônes. Tout dépend de la simplicité de notre cœur. Ainsi, où que nous nous trouvions, quel que soit l’état de notre avancement spirituel, quel que soit notre désir de consacrer notre vie à Dieu, nous trouverons dans le Synaxaire un renouvellement de nos forces et comme un avant-goût de la vie éternelle, où tous les saints danseront avec les anges autour du trône de Dieu en disant :

Saint, Saint, Saint est le Seigneur
le Dieu Tout-Puissant,
Celui qui était, qui est et qui vient ! (Ap 4, 8).

BENOÎT XVI – (LA «VOIE DE LA BEAUTÉ»)

14 janvier, 2015

http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/audiences/2011/documents/hf_ben-xvi_aud_20110831_fr.html

BENOÎT XVI – (LA «VOIE DE LA BEAUTÉ»)

AUDIENCE GÉNÉRALE

Castel Gandolfo

Mercredi 31 août 2011

Chers frères et sœurs,

Ces derniers temps, j’ai rappelé à plusieurs reprises la nécessité pour chaque chrétien de trouver du temps pour Dieu, pour la prière, parmi les nombreuses préoccupations qui remplissent nos journées. Le Seigneur lui-même nous offre de nombreuses occasions pour que nous nous souvenions de Lui. Aujourd’hui, je voudrais m’arrêter brièvement sur l’une des voies qui peuvent nous conduire à Dieu et nous aider également à le rencontrer: c’est la voie des expressions artistiques, qui font partie de la via pulchritudinis — «voie de la beauté» — dont j’ai parlé à plusieurs reprises et dont l’homme d’aujourd’hui devrait retrouver la signification la plus profonde.
Il vous est sans doute parfois arrivé, devant une sculpture ou un tableau, les vers d’une poésie ou en écoutant un morceau de musique, d’éprouver une émotion intime, un sentiment de joie, c’est-à-dire de ressentir clairement qu’en face de vous, il n’y avait pas seulement une matière, un morceau de marbre ou de bronze, une toile peinte, un ensemble de lettres ou un ensemble de sons, mais quelque chose de plus grand, quelque chose qui «parle», capable de toucher le cœur, de communiquer un message, d’élever l’âme. Une œuvre d’art est le fruit de la capacité créative de l’être humain, qui s’interroge devant la réalité visible, s’efforce d’en découvrir le sens profond et de le communiquer à travers le langage des formes, des couleurs, des sons. L’art est capable d’exprimer et de rendre visible le besoin de l’homme d’aller au-delà de ce qui se voit, il manifeste la soif et la recherche de l’infini. Bien plus, il est comme une porte ouverte vers l’infini, vers une beauté et une vérité qui vont au-delà du quotidien. Et une œuvre d’art peut ouvrir les yeux de l’esprit et du cœur, en nous élevant vers le haut.
Mais il existe des expressions artistiques qui sont de véritables chemins vers Dieu, la Beauté suprême, et qui aident même à croître dans notre relation avec Lui, dans la prière. Il s’agit des œuvres qui naissent de la foi et qui expriment la foi. Nous pouvons en voir un exemple lorsque nous visitons une cathédrale gothique: nous sommes saisis par les lignes verticales qui s’élèvent vers le ciel et qui attirent notre regard et notre esprit vers le haut, tandis que, dans le même temps, nous nous sentons petits, et pourtant avides de plénitude… Ou lorsque nous entrons dans une église romane: nous sommes invités de façon spontanée au recueillement et à la prière. Nous percevons que dans ces splendides édifices, est comme contenue la foi de générations entières. Ou encore, lorsque nous écoutons un morceau de musique sacrée qui fait vibrer les cordes de notre cœur, notre âme est comme dilatée et s’adresse plus facilement à Dieu. Il me revient à l’esprit un concert de musiques de Jean Sébastien Bach, à Munich, dirigé par Leonard Berstein. Au terme du dernier morceau, l’une des Cantate, je ressentis, non pas de façon raisonnée, mais au plus profond de mon cœur, que ce que j’avais écouté m’avait transmis la vérité, la vérité du suprême compositeur, et me poussait à rendre grâce à Dieu. A côté de moi se tenait l’évêque luthérien de Munich et, spontanément, je lui dis: «En écoutant cela, on comprend que c’est vrai; une foi aussi forte est vraie, de même que la beauté qui exprime de façon irrésistible la présence de la vérité de Dieu. Mais combien de fois des tableaux ou des fresques, fruit de la foi de l’artiste, dans leurs formes, dans leurs couleurs, dans leur lumière, nous poussent à tourner notre pensée vers Dieu et font croître en nous le désir de puiser à la source de toute beauté. Ce qu’a écrit un grand artiste, Marc Chagall, demeure profondément vrai, à savoir que pendant des siècles, les peintres ont trempé leur pinceau dans l’alphabet coloré qu’est la Bible. Combien de fois, alors, les expressions artistiques peuvent être des occasions de nous rappeler de Dieu, pour aider notre prière ou encore la conversion du cœur! Paul Claudel, célèbre poète, dramaturge et diplomate français, ressentit la présence de Dieu dans la Basilique Notre-Dame de Paris, en 1886, précisément en écoutant le chant du Magnificat lors de la Messe de Noël. Il n’était pas entré dans l’église poussé par la foi, il y était entré précisément pour chercher des arguments contre les chrétiens, et au lieu de cela, la grâce de Dieu agit dans son cœur.
Chers amis, je vous invite à redécouvrir l’importance de cette voie également pour la prière, pour notre relation vivante avec Dieu. Les villes et les pays dans le monde entier abritent des trésors d’art qui expriment la foi et nous rappellent notre relation avec Dieu. Que la visite aux lieux d’art ne soit alors pas uniquement une occasion d’enrichissement culturel — elle l’est aussi — mais qu’elle puisse devenir surtout un moment de grâce, d’encouragement pour renforcer notre lien et notre dialogue avec le Seigneur, pour nous arrêter et contempler — dans le passage de la simple réalité extérieure à la réalité plus profonde qu’elle exprime — le rayon de beauté qui nous touche, qui nous «blesse» presque au plus profond de notre être et nous invite à nous élever vers Dieu. Je finis par une prière d’un Psaume, le psaume 27: «Une chose qu’au Seigneur je demande, la chose que je cherche, c’est d’habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, de savourer la douceur du Seigneur, de rechercher son palais» (v. 4). Espérons que le Seigneur nous aide à contempler sa beauté, que ce soit dans la nature ou dans les œuvres d’art, de façon à être touchés par la lumière de son visage, afin que nous aussi, nous puissions être lumières pour notre prochain. Merci.

The earliest crucifixion in an illuminated manuscript, from the Syriac Rabbula Gospels, 586

13 janvier, 2015

 The earliest crucifixion in an illuminated manuscript, from the Syriac Rabbula Gospels, 586  dans images sacrée 1280px-Meister_des_Rabula-Evangeliums_002

http://en.wikipedia.org/wiki/Crucifixion_in_the_arts

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