Archive pour janvier, 2015

JEAN-PAUL II, LES DROITS DE L’HOMME ET LA FOI EN DIEU

22 janvier, 2015

http://www.revue-kephas.org/11/2/editorial.html

JEAN-PAUL II, LES DROITS DE L’HOMME ET LA FOI EN DIEU

Bruno le Pivain

Avril–Juin 2011

On a coutume de rappeler le fort engagement du Bienheureux Jean-Paul II pour la défense et la promotion des droits de l’homme, sur tous les fronts, dans tous les continents. À n’en pas douter, ce fut en effet un souci permanent dans son pontificat, maintes fois réaffirmé.
On a pu souvent cependant confondre cette insistance avec un blanc-seing ferme et définitif accordé sans sourciller à la théorie qui verrait dans l’assomption de ces droits la divinisation de la Raison affranchie de la loi naturelle et coupée de la foi en Dieu, certains pour s’y engouffrer jusqu’à transformer le catholicisme en une sorte d’humanisme horizontal, un humanisme contre l’homme puisqu’il est sans Dieu, où le mot « tolérance » devient la clé de voûte de tous les dogmes, d’autres pour fustiger ce pape des « droits de l’homme sans Dieu » qui désertait son premier devoir et introduisait une rupture dans la Tradition de l’Église. Défaut de compréhension ? Dans le premier cas, c’est comme si l’on n’aimait pas vraiment Dieu, un peu encombrant par ce qu’il pourrait contrarier notre vie mondaine et consumériste ; dans le deuxième cas, c’est comme si l’on n’aimait pas l’homme et cette enveloppe charnelle dont on voudrait se dispenser pour n’avoir pas su l’apprivoiser. Dans l’un et l’autre cas, c’est la grâce reçue sous le régime de l’Incarnation qui n’est pas reçue en vérité, matérialisme individualiste ou spiritualisme orgueilleux.
Étrange interprétation de toute façon – la même en l’un et l’autre cas – qui contredit visiblement le témoignage éclatant de la sainteté d’un homme fidèle à la grâce – ou il faudrait trouver au lutteur de Dieu une incohérence profonde, lui dont toute la vie fut un doigt levé vers le ciel – et ignore son enseignement constant sur la primauté de Dieu dans la vie des hommes.
Est-ce bien le même qui affirmait le 10 octobre 1980, dès les premiers mots d’un discours au Congrès international sur évangélisation et athéisme, pour situer le cours de son propos : « Comme il est facile de le constater, l’athéisme est sans conteste l’un des phénomènes majeurs, et il faut même dire, le drame spirituel de notre temps » ? Constat que l’on peut facilement rapprocher des premières lignes de l’un des ouvrages majeurs du Cardinal de Lubac, Le drame de l’humanisme athée :
Sous les innombrables courants de surface qui portent dans tous les sens la pensée de nos contemporains, il nous a semblé en effet qu’il existait un courant profond, ancien déjà, ou plutôt une sorte d’immense dérive : par l’action d’une partie considérable de son élite pensante, l’humanité occidentale renie ses origines chrétiennes et se détourne de Dieu. […] De plus en plus, l’athéisme contemporain se veut se veut positif, organique, constructif.1
Jean-Paul II le situe quant à lui de façon précise dans l’histoire : « Voici que, en un gigantesque défi, l’homme moderne, depuis la Renaissance, s’est dressé contre ce message de salut, et s’est mis à refuser Dieu au nom même de sa dignité d’homme. » Poursuivant le raisonnement et l’adaptant à l’époque – trente ans après –, il constate l’évolution des sociétés occidentales, à partir de ces influences idéologiques. Celles-ci, d’une certaine manière, ont disparu dans leur expression formelle, faute aussi de serviteurs suffisamment instruits ou aguerris. C’est aussi ce que constatait, non sans humour, Etienne Gilson, dans ce remarquable opuscule qui faisait suite aux Constantes philosophiques de l’être, L’athéisme difficile. Au sortir des années 70, celles du déclin des idéologies d’après-guerre et de la montée en puissance du matérialisme… d’après-guerre – le deuxième est moins astreignant et plus flatteur, plus sûr aussi à première vue –, l’athéisme n’est plus seulement réservé à une aristocratie de la pensée ; il s’est diffusé dans toutes les couches de la société occidentale via les moyens de communication, « l’opinion publique » et le mode de vie consumériste. Mais plus encore, parce que les chrétiens sont dans le monde et ne sont pas toujours armés, spirituellement, intellectuellement ou moralement pour y faire face, cet état d’esprit va se répandre chez eux, être même véhiculé par les baptisés, cette fois avec plus d’autorité puisqu’ils sont sensés connaître les chemins du Royaume des cieux :
D’abord réservé à un petit groupe d’esprits, l’intelligentsia qui se considérait comme une élite, l’athéisme est aujourd’hui devenu un phénomène de masse qui investit les Églises. Bien plus, il les pénètre de l’intérieur, comme si les croyants eux-mêmes, y compris ceux qui se réclament de Jésus-Christ, trouvaient en eux une secrète connivence ruineuse de la foi en Dieu, au nom de l’autonomie et de la dignité de l’homme. C’est d’un « véritable sécularisme » qu’il s’agit, selon l’expression de Paul VI dans son Exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi : « Une conception du monde d’après laquelle ce dernier s’explique par lui-même sans qu’il soit besoin de recourir à Dieu ; Dieu devenu ainsi superflu et encombrant. Un tel sécularisme, pour reconnaître le pouvoir de l’homme, finit donc par se passer de Dieu et même par renier Dieu ». Tel est le drame spirituel de notre temps.
La conséquence est inévitable, à cause de la tendance incoercible de l’être humain vers le bonheur : l’homme va se tromper de ciel, ou d’espérance – c’est ce que relevait Benoît XVI dans sa deuxième encyclique en appelant à entrer dans la « grande espérance », Dieu n’étant plus qu’une projection de ses désirs ou des fantasmes. C’est le drame ici, non seulement de l’humanisme athée, mais d’un catholicisme aplati en humanisme, qui justifie toutes les démissions et encourage tous les compromis, jusqu’à dénaturer la charité elle-même.
En germe, l’on retrouve aussi dans cette puissante intervention tout le fil de la réflexion de la grande encyclique Fides et Ratio, où le pasteur reste le philosophe :
Qu’est-ce que la vie ? Qu’est-ce que l’amour ? Qu’est-ce que la mort ? Depuis qu’il y a des hommes qui pensent, ces questions fondamentales n’ont cessé d’habiter leur esprit. Depuis des millénaires, les grandes religions se sont efforcées d’y apporter leurs réponses. L’homme lui-même n’apparaissait-il pas, au regard pénétrant des philosophes, comme étant, indissociablement, homo faber, homo ludens, homo sapiens, homo religious ?
Le raisonnement qui suit entre en plein cœur d’un débat qui a beaucoup agité les théologiens sur l’interprétation du Concile et sur la doctrine même de Paul VI : quelle place tient l’homme dans le monde ? Par rapport à Dieu ? Est-il à lui-même sa propre fin ? N’a-t-on pas absolutisé la dignité de l’homme, jusqu’à rendre inutile le salut et l’intervention divine ? Il convient ici de reprendre soigneusement les explications de Jean- Paul II, qui procède étape par étape. Voici tout d’abord la citation maintes fois reprise de Paul VI lors de la clôture du Concile :
L’humanisme laïque et profane, a dit Paul VI lors de la clôture du Concile, est apparu dans sa terrible stature et a en un certain sens défié le Concile. La religion du Dieu qui s’est fait homme s’est rencontrée avec la religion – car c’en est une – de l’homme qui se fait Dieu. Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver, mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du Samaritain a été le modèle de la spiritualité du Concile.
Voici ensuite ce commentaire qui reprend à son compte le constat de son prédécesseur, et qui, lu sans lunettes déformantes, apporte la réponse entière au dilemme apparent :
Telle est la conviction de notre humanisme plénier, qui nous porte au-devant même de ceux qui ne partagent pas notre foi en Dieu, au nom de leur foi en l’homme – et c’est là le tragique malentendu à dissiper. À tous, nous voulons dire avec ferveur : nous aussi, autant et plus que vous, s’il est possible, nous avons le respect de l’homme. Aussi voulons-nous vous aider à découvrir et à partager avec nous la joyeuse nouvelle de l’amour de Dieu, de ce Dieu qui est la source et le fondement de la grandeur de l’homme, lui-même fils de Dieu, et devenu notre frère en Jésus-Christ.
On le constate : il est bien question de dissiper un « tragique malentendu », celui qui mettrait en concurrence la dignité de l’homme et la nécessité du salut, donc de la grâce, et arrêteraient ceux qui « ne partagent pas notre foi en Dieu au nom de leur foi en l’homme ». Malentendu contraire en effet aussi bien à l’Évangile qu’à la Tradition de l’Église tout entière, au bon sens tout simplement. Si Dieu s’est incarné en son Fils, c’est bien par amour pour l’homme, et par amour infini, jusqu’à la mort sur la Croix. On sait la clé de l’Évangile : « Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3, 17). Ce n’est pas péché que de servir l’homme (« Le Fils de l’Homme n’est pas venu dans le monde pour être servi, mais pour servir » (Mc 10, 45), que d’aimer l’homme, que de professer un « humanisme plénier », c’est- à-dire une doctrine de la Rédemption qui permette à l’homme de vivre en plénitude, racheté de ce qui le diminue ou le tue, dans sa vocation d’image de Dieu et d’enfant adoptif.
Si l’on doutait encore, voici la suite, qui vient confirmer le paragraphe précédent :
Qu’y a-t-il apparemment de commun, en effet, entre des pays où l’athéisme théorique, pourrait-on dire, est au pouvoir, et d’autres au contraire dont la neutralité idéologique professée recouvre un véritable athéisme pratique ? Sans doute la conviction que l’homme est, à lui seul, le tout de l’homme. Certes, le psalmiste déjà allait, répétant : « Insensés, ceux qui disent qu’il n’y a pas de Dieu ». Et l’athéisme n’est pas d’aujourd’hui. Mais il était comme réservé à notre temps d’en faire la théorisation systématique, indûment prétendue scientifique, et d’en mettre en œuvre la pratique à l’échelle de groupes humains et même d’importants pays.
Cette conviction profonde habitait le Bienheureux Jean-Paul II, qui a pu à loisir étayer son raisonnement, au-delà des heures de prière où apparaît le juste rapport entre l’homme et Dieu, aussi bien sous les régimes nazi ou communiste que dans l’Occident sécularisé contre lequel il mit en garde les pays de l’est tout de suite après la chute du mur de Berlin. Il n’est ici que de reprendre les discours ou homélies prononcés en Tchécoslovaquie en avril 1990, qui ne sont qu’une application pratique et un rappel des enseignements délivrés lors de ce Congrès, ou d’une autre manière la grande encyclique Laborem exercens (14 septembre 1981) qui renvoie dos à dos communisme et capitalisme matérialistes.
Suit alors, après cet état des lieux sans concession, l’exhortation de l’homme de foi et d’espérance, du pasteur. Si l’on cherche quelque part une clé pour discerner les chemins de la Nouvelle évangélisation, si l’on veut savoir le pourquoi du discours de Benoît XVI aux Bernardins, l’initiative du Parvis des Gentils – sur laquelle nous reviendrons dans le prochain numéro de Kephas –, la création du Conseil Pontifical pour la Nouvelle évangélisation, il suffit de lire ces quelques mots :
Et pourtant, comment ne pas le reconnaître avec admiration, l’homme résiste devant ces assauts répétés et ces feux croisés de l’athéisme pragmatiste, néopositiviste, psychanalytique, existentialiste, marxiste, structuraliste, nietzscheen… L’envahissement des pratiques et la déstructuration des doctrines n’empêchent pas, bien au contraire, parfois même elles suscitent, au cœur même des régimes officiellement athées, comme au sein des sociétés dites de consommation, un indéniable réveil religieux. Dans cette situation contrastée, c’est un véritable défi que l’Église doit affronter, et une tâche gigantesque qu’il lui faut réaliser, et pour laquelle elle a besoin de la collaboration de tous ses fils : réacculturer la foi dans les divers espaces culturels de notre temps, et réincarner les valeurs de l’humanisme chrétien.
Et de citer Pascal, en cette phrase jamais vraiment explorée qui renvoie elle aussi dos à dos les critiques des deux bords : « l’homme passe infiniment l’homme ». Cela suppose une attitude d’âme hardie, résolue, lucide, une conscience droite et sans faux-fuyants :
L’athéisme proclame la disparition nécessaire de toute religion, mais il est lui-même un phénomène religieux. N’en faisons pas, pour autant, un croyant qui s’ignore. Et ne ramenons pas ce qui est un drame profond à un malentendu superficiel. Devant tous les faux dieux sans cesse renaissants du progrès, du devenir, de l’histoire, sachons retrouver le radicalisme des premiers face aux idolâtres du paganisme antique, et redire avec saint Justin : « Certes, nous l’avouons, nous sommes les athées de ces prétendus dieux. »
Pourtant, la nature a horreur du vide, et la vie entière de Jean-Paul II l’illustre à sa manière, avec cette foi qui soulève les montagnes, mais aussi germe en silence et se développe sans bruit, ainsi que le relève encore Henri de Lubac à la lecture de L’idiot de Dostoïevski :
En ce siècle, l’Europe est devenue savante. L’Europe perd la foi. Versillov, cet homme plein de songes, contemple avec effroi ce crépuscule, et il entend sonner sur elle un glas d’enterrement. Il pleure sur « la vieille idée qui s’en va. Mais l’athéisme occidental n’aura qu’un temps. Car « l’homme ne peut vivre sans Dieu » (L’Adolescent), et les pauvres femmes du peuple l’emporteront sur les savants, parce qu’en elles s’exprime, plus simplement mais plus complètement aussi que par la voix de l’homme souterrain, l’élan incoercible de l’âme faite à l’image de Dieu.2
C’est d’ailleurs le Père de Lubac, précisément, que cite Jean-Paul II :
Il n’est pas vrai que l’homme ne puisse organiser la terre sans Dieu. Ce qui est vrai, c’est que, sans Dieu, il ne peut en fin de compte que l’organiser contre l’homme. L’humanisme exclusif est un humanisme inhumain.
Qu’on nous pardonne ici de citer le long extrait qui va suivre. À sa petite place, c’est très exactement l’objectif qui a présidé à la naissance de la revue Kephas. Il reste aujourd’hui d’une singulière actualité pour tous les catholiques ; il est même d’une urgence renouvelée, à l’heure où tant de forces se dispersent dans des arguties byzantines, dans des discussions de salon qui se concluent sur le constat amer – mais rassurant par son unanimité et le sérieux appliqué de son argumentation – des dérives du monde moderne et des dangers qui le guettent, dans des heures passées à courir sur internet et ses magistères virtuels – quoiqu’il s’y trouve aussi beaucoup de bon, voire de très bon, et de très utiles outils de discernement ou d’information – ou dans des foliocules à la quête de la dernière information croustillante. Rarement le devoir du catholique dans le monde moderne aura-t-il été décrit avec autant de précision, de lucidité et de force, d’intelligence et de foi :
Quelle invitation à revenir au cœur de notre foi : « Le Rédempteur de l’homme, Jésus-Christ, est le centre du cosmos et de l’histoire ». L’écroulement du déisme, la conception profane de la nature, la sécularisation de la société, la poussée des idéologies, l’émergence des sciences humaines, les ruptures structuralistes, le retour de l’agnosticisme, et la montée du néopositivisme technicien ne sont- ils pas autant de provocations pour le chrétien à retrouver dans un monde vieillissant toute la force de la nouveauté de l’Évangile toujours neuf, source inépuisable de renouvellement : « Omnem novitatem attulit, semetipsum afferens ? ». Et saint Thomas d’Aquin, à onze siècles de distance, prolongeait le mot de saint Irénée : « Christus initiavit nobis viam novam. »
C’est au chrétien qu’il appartient d’en donner témoignage. Il porte certes ce trésor dans des vases d’argile. Mais il n’en est pas moins appelé à placer la lumière sur le candélabre, pour qu’elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. C’est le rôle même de l’Église, dont le Concile nous rappelait qu’elle est porteuse de Celui qui, seul, est Lumen Gentium. Ce témoignage doit être à la fois un témoignage de pensée et un témoignage de vie. Puisque vous êtes des hommes d’étude, j’insisterai en terminant sur la première exigence, la seconde en effet nous concerne tous.
Apprendre à bien penser était une résolution que l’on professait hier volontiers. C’est toujours une nécessité première pour agir. L’apôtre n’en est pas dispensé. Que de baptisés sont devenus étrangers à une foi qui jamais peut-être ne les avait vraiment habités parce que personne ne la leur avait bien enseignée ! Pour se développer, le germe de la foi a besoin d’être nourri de la parole de Dieu, des sacrements, de tout l’enseignement de l’Église et ceci dans un climat de prière. Et, pour atteindre les esprits tout en gagnant les cœurs, il faut que la foi se présente pour ce qu’elle est, et non pas sous de faux revêtements. Le dialogue du salut est un dialogue de vérité dans la charité.
Qui s’y dérobera ? Il est bien question de l’homme, et de Dieu.

Bienheureux Jean-Paul II : le pape des droits de l’homme et l’athlète de Dieu. C’est tout comme, si l’on sait lire et voir.

Henri de Lubac, Le drame de l’humanisme athée, Spes 1950, p. 7.
Henri de Lubac, Le drame de l’humanisme athée, p. 336–337

la prière de Jésus

21 janvier, 2015

 la prière de Jésus dans images sacrée jesus-prayer-7

https://citydesert.wordpress.com/

PRIÈRE DANS LA SOUFFRANCE

21 janvier, 2015

http://pastoralesante.aix.free.fr/pr_souffrance.html

 PRIÈRE DANS LA SOUFFRANCE

J’ai mal, Seigneur, j’ai mal !
Comment dire :  » Que Ta volonté soit faite « 
Alors que tout en moi
Est révolte et blasphème ?
Mes frères s’agitent à mes côtés,
Mais leurs paroles sont sans échos chez moi
Et leur pitié attise ma souffrance.

A qui parler ? A qui crier ma détresse
Quand personne ne peut la comprendre ?

Si encore, Tu pouvais m’expliquer,
Me dire le  » pourquoi  » ?
Mais tu Te tais, Tu Te caches,
Comme un coupable…
Et pourtant, je le sais, Tu es là,
Tapi dans un creux de mon âme.

A travers ces cris de révolte,
Découvre, Seigneur, ma prière.
Je ne suis pas un Saint,
Capable de porter sa croix de Rédemption.
Je ne suis qu’un enfant déchiré par la vie
Et qui a perdu l’espérance.
Alors, si Tu m’entends, réveille ta puissance.
N’es-tu pas Dieu, mon Dieu ?

Si l’épreuve, hélas, me fait douter de Toi,
Elle m’apprend aussi que tout est vanité,
Que rien n’a d’importance
Quand ta Face se cache.

J’ai mal Seigneur, j’ai mal !
Veux-tu donc, en plus m’obliger à Te dire :
 » Non pas ma volonté… la tienne ! « 

H. Léonard – Etienne

“LE TRAVAIL EST UNE BÉNÉDICTION DE DIEU”

21 janvier, 2015

http://www.opusdei.fr/fr-fr/dailytext/le-travail-est-une-benediction-de-dieu/

“LE TRAVAIL EST UNE BÉNÉDICTION DE DIEU”

(Opus Dei)

Le travail est la vocation initiale de l’homme; c’est une bénédiction de Dieu, et ceux qui le considèrent comme un châtiment se trompent lamentablement. Le Seigneur, qui est le meilleur des pères, a placé le premier homme au Paradis, « ut operaretur » — pour qu’il travaille. (Sillon, 482)

Le travail est l’inévitable compagnon de la vie de l’homme sur terre. Il s’accompagne d’effort, de lassitude, de fatigue, manifestations de la douleur et de la lutte, qui font partie de notre vie présente et qui sont les signes de la réalité du péché et de la nécessité de la Rédemption. Mais le travail en soi n’est ni peine, ni malédiction, ni châtiment. Ceux qui le prétendent n’ont pas bien lu la Sainte Ecriture.
Il est temps que nous, les chrétiens, nous proclamions bien haut que le travail est un don de Dieu, et qu’il n’est pas sensé de diviser les hommes en diverses catégories selon le travail qu’ils réalisent, en considérant certaines tâches plus nobles que d’autres. Le travail — tout travail — est témoignage de la dignité de l’homme et de son emprise sur la création. C’est une occasion de perfectionner sa personnalité. C’est un lien qui nous unit aux autres êtres, une source de revenus pour assurer la subsistance de sa famille, un moyen de contribuer à l’amélioration de la société et au progrès de l’humanité tout entière.
Pour un chrétien, ces perspectives s’élargissent et s’amplifient, car le travail lui apparaît comme une participation à l’œuvre créatrice de Dieu, qui, en créant l’homme, le bénit en lui disant: Soyez féconds, multipliez-vous, emplissez la terre et soumettez-la; dominez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, et tous les animaux qui rampent sur la terre. (Quand le Christ passe, 47)

 

Santa Inês (Saint Agnes) by Francisco de Zurbarán

20 janvier, 2015

 Santa Inês (Saint Agnes) by Francisco de Zurbarán dans images sacrée Francisco_de_Zurbar%C3%A1n_-_Santa_In%C3%AAs

http://en.wikipedia.org/wiki/Agnes_of_Rome#mediaviewer/File:Francisco_de_Zurbar%C3%A1n_-_Santa_In%C3%AAs.jpg

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS DE ROME – Martyre († v. 304)

20 janvier, 2015

http://nominis.cef.fr/contenus/saint/471/Sainte-Agnes-de-Rome.html

21 JANVIER : SAINTE AGNÈS DE ROME

Martyre († v. 304)

Il est certain qu’il y eut à Rome vers cette date, une fillette de treize ans qui mourut volontairement pour la foi en Jésus-Christ. La nouvelle s’en répandit très vite chez les chrétiens de l’Empire. On s’indigna de la cruauté des bourreaux, on s’apitoya sur la jeune victime, dont le nom se perdit au fur et mesure que la distance était lointaine de Rome. Et comme on ne savait pas exactement son nom, elle est devenue Agnès(*). Sainte Agnès de Rome, mosaïque Elle devint un personnage légendaire, chacun imaginant le comment de sa mort. En Occident, on transmit la tradition qu’elle eut la tête coupée; en Orient, on dit qu’elle aurait été enfermée dans un lupanar où personne n’osa la toucher avant d’être brûlée vive. Quoi qu’il en soit des détails de son martyre, gardons présent à notre mémoire comme un exemple, ce fait historique qu’une jeune romaine de treize ans n’hésita pas à sacrifier la vie terrestre qui s’ouvrait à elle, pour se donner à la vie du Dieu qu’elle adorait. Saint Ambroise, évêque de Milan, dira d’elle qu’elle sût donner au Christ un double témoignage : celui de sa chasteté et celui de sa foi. (de virginitate. II. 5 à 9)
Illustration: Mosaïque de la basilique.
(*)Agnë, est un adjectif grec, le latin a ajouté le s. En 300 après JC le peuple parlait encore grec à Rome, où vivaient bien des étrangers.
Agnê veut dire « pur », « net », « intègre » de corps et d’âme, donc pure, chaste. Saint Ambroise nous a transmis son martyre, 70 ans après, De Virginibus, Livre I, Chapitre 2, et il explique bien ce rapprochement: Agnès, pure de corps et d’âme a pu offrir à Dieu sa promesse de virginité et le sacrifice de sa vie qu’elle a accepté. (d’autres sources indiquent qui donne sa vie comme l’agneau de Dieu, d’où son nom d’Agnès)
Catacombes de Sainte-Agnès: la célèbre et très jeune martyre romaine, fut ensevelie dans cette catacombe, sur le versant gauche de la Via Nomentana…
Le catacombe di S. Agnese (site en italien)
Selon la tradition en la fête de sainte Agnès le Pape a béni ce matin, 21 janvier 2013, les agneaux dont la laine servira à tisser les palliums, que les nouveaux Archevêques métropolitains recevront le 29 juin prochain, en la solennité des apôtres Pierre et Paul. Le pallium est un ornement porté par dessus la chasuble, qui symbolise l’union privilégiée d’un pasteur, à la tête d’une région ecclésiastique, avec le Souverain Pontife. Les agneaux, symbole de sainte Agnès, sont élevés par les trappistes de l’abbaye des Trois Fontaines, et les palliums tissés par les religieuses de Ste Cécile au Transtévère. (VIS)
Mémoire de sainte Agnès, vierge et martyre. Au début du IVe siècle, encore jeune fille, elle offrit à Rome le témoignage suprême de la foi et consacra par le martyre la marque de sa chasteté; car elle triompha tout ensemble et de son jeune âge et du tyran, elle acquit l’admiration générale des peuples et emporta une gloire encore plus grande auprès de Dieu. Elle fut mise au tombeau en ce jour sur la voie Nomentane.

Martyrologe romain
A moi aussi, Dieu veuille m’accorder de ne condamner personne et de ne pas prétendre que je suis seul à être sauvé. Je préfère mourir plutôt que de sentir ma conscience tourmentée pour avoir trahi ma foi en Dieu, en quelque façon que ce soit.
Saint Maxime le Confesseur, que les Eglises d’Orient fêtent aujourd’hui

VOUS COMMENCEREZ PAR LE RESPECT

20 janvier, 2015

http://plestang.free.fr/respect.htm

VOUS COMMENCEREZ PAR LE RESPECT

… Car vous commencerez par le respect. Vous ne direz pas : la vieille, qui brûle un cierge et marmonne, est une superstitieuse. Ou: cet homme amoureux d’un enfant n’est qu’un pédéraste. Ou : ce révolutionnaire aigri est un aigri. Ou: cette femme acariâtre et dévoreuse de ses enfants est une malade. Vous ne direz rien de tel. Vous ne mettrez pas votre propre frère et semblable dans une prison.
TU NE TUERAS PAS.
Vous commencerez par le respect. Vous ne direz pas : Dieu est ceci et cela, Il existe ou Il n’existe pas (c’est-à-dire il est comme je l’imagine ou comme je ne l’imagine pas). Vous ne me ferez pas dire ce qui vous convient. Vous ne tirerez pas à vous ce qui, de moi, parvient très lointainement à vos oreilles, pour en faire justification de vos crimes.
TU NE FERAS PAS D’IMAGE DE MOI.

Vous saurez que vérité comme justice ne sont pas vôtres et que rien ne me fait tant horreur que le fanatisme, l’odieuse confiscation des biens sans prix. Vous n’aurez en vénération ni l’argent, ni la violence, ni les pouvoirs, ni vos plaisirs, ni quelque seigneur ou maître, ni vous-mêmes. Vous serez libres.
TU N’AURAS D’AUTRES DIEUX QUE MOI SEUL.

Vous commencerez par le respect. Vous quitterez père et mère, afin de mener votre propre vie, sous mon soleil. Vous ne remplacerez pas votre père ou votre mère par quelqu’un d’autre, pas même et surtout pas, sous le prétexte de mieux me servir. Vous les quitterez, vous irez assez loin pour les reconnaître tels qu’ils sont, pour les reconnaître homme et femme, bien semblables à ce que vous êtes, et pour leur donner gratitude de vous avoir donné la vie. Car même s’ils ne vous ont rien donné de plus, et même s’ils ne vous pas voulu et désiré, – ou s’ils vous ont transmis leur mal et leur misère -, ils vous ont donné la vie, quelque chose de ce qui les dépasse et vient de moi est passé par eux, et vous êtes nés, vous qui, sans eux, ne seriez pas.
TU HONORERAS TON PERE ET TA MERE.

Vous commencerez par le respect. Vous ne prendrez pas à l’autre ce qui est son bien, ce qui fait partie de sa propre vie, ce qui le fait vivre, ce qui le soutient dans son existence. Vous ne lui prendrez pas son travail, vous ne lui prendrez pas sa maison, vous ne lui prendrez pas ceux qu’il aime : sa femme, ses enfants, ses frères, ses amis. Vous ne lui prendrez pas ses certitudes, son espoir, son désir, l’oeuvre où il met son esprit, son coeur et ses mains. Vous ne lui arracherez par force rien de ce qui le tient en vie.
TU NE PRENDRAS PAS LE BIEN D’AUTRUI.

Vous commencerez par le respect. Vous ne traiterez personne de lâche, vaurien, voyou, vous ne traiterez personne de bourgeois, de nègre, de raton, de moricaud, de flic, de bolchevik, – sachant d’ailleurs que ce qui dans votre bouche est injure peut être pour lui dignité -. De qui que ce soit vous ne ferez le simple objet de votre plaisir. Vous ne souillerez pas la parole humaine, où je suis, vous ne souillerez pas votre parole par le déni de justice, l’invitation trompeuse, le mépris insultant, l’entortillement de la vérité, le chantage ou quoi que ce soit qui induise autrui à l’erreur et au malheur. Si vous parlez mal de moi, je ne vous en tiendrai pas rigueur, car vous ne sauriez, de moi, parler bien: je saurai entendre vos cris, vos imprécations, vos murmures, et même je saurai comprendre que, ne me connaissant pas, ou conduits malheureusement à me voir tout autre que je suis, vous veniez jusqu’à me maudire, ou à vous désintéresser de moi. Mais je ne vous pardonnerai jamais, si vous vous obstinez, d’écraser ce qui témoigne de moi là où vous êtes, le respect de la vérité, le respect de la vie, et, signe entre les signes, le respect de celui qui vous est semblable et face à face, l’autre homme.
TU NE BLASPHEMERAS PAS, TU NE FERAS PAS DE FAUX SERMENT.

Vous ne vivrez pas seulement pour le travail, ou pour l’argent, ou pour vos jeux, ou pour accroître votre pouvoir, ou pour vous assurer l’établissement et le profit des vôtres. Vous commencerez par réserver dans vos vies la place du grand repos où vous serez disponibles à ce qui vient, attentifs à ce qui est sans prix. vous réserverez soigneusement la place où je suis.
AINSI DEVRAS-TU RESPECTER MON JOUR.

Vous commencerez par le respect. Alors vous sera donné d’entrer dans ce chemin de l’impossible, où vous souffrirez peut-être, et où nul ne vous ravira votre joie. Telle est la porte de mon bonheur.

Maurice BELLET
(Le lieu du combat, Desclée 1976)

 

 

Jésus à Gethsémani

19 janvier, 2015

Jésus à Gethsémani dans images sacrée

https://carmelitani.wordpress.com/prayer/via-crucis/#jp-carousel-262

PSAUME 95 – JE VEUX TE DIRE : JE T’AIME PAPA

19 janvier, 2015

http://batschalom.canalblog.com/archives/2010/12/18/19909649.html

PSAUME 95 – JE VEUX TE DIRE : JE T’AIME PAPA

1 Venez, chantons à l’Éternel, Jetons des cris de réjouissance au rocher de notre salut.
2 Allons au-devant de lui avec la louange, Par des psaumes célébrons-le.
3 Car l’Éternel est un grand Dieu Et un grand roi par dessus tous les dieux !
4 Dans sa main sont les lieux profonds de la terre, Et les sommets des montagnes sont à lui.
5 A lui la mer, c’est lui qui l’a faite ; La terre aussi, ses mains l’ont formée.
6 Venez, prosternons- nous, inclinons-nous, Ployons les genoux devant l’Éternel qui nous a faits !
7 Car il est notre Dieu, Et nous, le peuple qu’il paît, le troupeau que sa main conduit… Si aujourd’hui vous écoutiez sa voix !
8 N’endurcissez pas votre cœur, comme à Mériba, Comme aux jours de Massa, au désert,
9 Où vos pères m’ont tenté Et m’ont éprouvé, quoiqu’ils vissent mes œuvres.
10 Quarante ans j’ai eu en dégoût une telle génération ! Et j’ai dit : C’est un peuple dont le cœur s’égare, Et ils n’ont point connu mes voies.
11 Aussi ai-je juré dans ma colère : Qu’ils n’ entrent dans mon repos !…

Ce psaume est partagé en plusieurs parties, dabord c’est une explosion de joie, les fidèles se réjouisseent dans la présence de D., ils le reconnaissent comme la source de leur salut, celui qui les a délivrés, et ils chantent sa grandeur, sa toute puissance.
Ils le louent comme le Créateur unique, le grand architecte de l’univers, celui qui nous générés pour vivre dans ce monde, modelé par sa main, parfait artisan, qui a su niveler les terrains, faire jaillir des sources d’eau, tendre poète qui a crée le verbe, pour nous donner la Parole, peintre au talent inestimable, qui a su jouer avec les couleurs et les formes.
Comment ne nous prosternerons pas devant celui par qui toutes choses a pris naissance, et qui nous donne chaque jour de vivre ses bénédictions?
A lui appartiennent ciel, terre et mer, il en est le seul Roi, et nous lui rendons grâce parce qu’il est notre berger qui sait d’une main sûre, affermir nous conduire dans des chemins bons pour nous. Nous sommes sont peuple aimé et choisi.
Mais il aime que notre coeur soit à lui également, il aime nos louanges quand elles sont pures, sincères, venant du plus profond de notre être, c’est pourquoi le psalmiste nous recommande de ne pas endurcir nos coeurs, quand nos coeurs sont endurçis, nous ne sommes plus capablels d’entendre la voix de celui que se veut notre Père.
Et le psamiste nous rappelle, en citant les eaux amères, et le passage du désert, nos périodes, où nous étions bénis, mais où, en enfants ingrats nous n’avons pas reconnu ses bienfaits comme venant de lui, où nos pensées nous conduisaient toujours vers des ce qui n’allait pas encore, alors que patient et amoureux, notre Seigneur nous ouvrait des portes.
Aussi comme un amant éconduit, D. attristé et irrité nous a retiré la paix, cette paix dont nous sommes pourtant si friands, car la véritable paix ne vient que de Jésus lui même, le repos de D. est un cadeau merveilleux, n’attristons pas son coeur, comme des enfants orgueilleux et capricieux, sachons reconnaitre ce qui vient de lui, pour que son coeur de Père soit également comblé, comme il comble le notre. Il le mérite par dessus tout, et ce que le réjouit le plus c’est quand on lui murmure : je t’aime Papa.

Corinne.

LA THÉOLOGIE À GENOUX – PAPE BENOÎT XVI

19 janvier, 2015

http://www.totus-tuus.fr/article-25493706.html

LA THÉOLOGIE À GENOUX – PAPE BENOÎT XVI

Vendredi 5 décembre 2008

Extrait du discours prononcé par le Pape Benoît XVI à l’abbaye de Heiligenkreuz (Autriche), le 9 septembre 2008.

le texte intégral du discours du Pape Benoît XVI:
http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/speeches/2007/september/documents/hf_ben-xvi_spe_20070909_heiligenkreuz_fr.html

L’Autriche est, comme on le dit, véritablement « Klosterreich » : au double sens de royaume des monastères et riche de monastères. Vos très anciennes abbayes, dont l’origine et les traditions remontent à plusieurs siècles, sont des lieux de la « préférence donnée à Dieu ». Chers confrères, vous rendez tout à fait évidente cette priorité donnée à Dieu! Comme une oasis spirituelle, un monastère indique au monde d’aujourd’hui la chose la plus importante, et c’est même en fin de compte la seule chose décisive : il existe une ultime raison pour laquelle il vaut la peine de vivre, qui est Dieu et son amour impénétrable.
Et je vous demande, chers fidèles, de considérer vos abbayes et vos monastères toujours pour ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent être : pas seulement des lieux de culture et de tradition, voire de simple entreprises économiques. Structure, organisation et économie sont nécessaires dans l’Eglise également, mais ce ne sont pas des choses essentielles. Un monastère est surtout ceci : un lieu de force spirituelle. En arrivant dans l’un de vos monastères ici en Autriche, on a la même impression que lorsque, après une longue marche dans les Alpes qui a coûté beaucoup d’effort, on trouve finalement un ruisseau d’eau de source où se rafraîchir… Profitez donc de ces sources de la proximité de Dieu dans votre pays, ayez de l’estime pour les communautés religieuses, les monastères et les abbayes et recourez au service spirituel que les personnes consacrées sont prêtes à vous offrir!
Ma visite, enfin, s’adresse à l’Académie désormais pontificale qui fête le 205e anniversaire de sa fondation et qui, dans son nouveau statut, a reçu de l’Abbé le nom supplémentaire de l’actuel Successeur de Pierre. Pour autant que soit importante l’intégration de la discipline théologique dans l’universitas du savoir à travers les facultés de théologie catholiques dans les universités d’Etat, il est toutefois tout aussi important qu’il y ait des lieux d’études aussi spécifiques que le vôtre, où est possible un lien profond entre la théologie scientifique et la spiritualité vécue. Dieu, en effet, n’est jamais simplement l’Objet de la théologie, il en est toujours dans le même temps également le Sujet vivant. La théologie chrétienne, du reste, n’est jamais un discours uniquement humain sur Dieu, mais elle est toujours dans le même temps le Logos et la logique à travers lesquels Dieu se révèle. C’est pourquoi l’intellectualité scientifique et la dévotion vécue sont deux éléments de l’étude qui, dans une complémentarité indispensable, dépendent l’une de l’autre.
Le père de l’Ordre cistercien, saint Bernard, a lutté en son temps contre la séparation entre une rationalité qui objective et le courant de la spiritualité ecclésiale. Notre situation actuelle, bien que différente, présente toutefois aussi de remarquables similitudes. Dans le souci d’obtenir la reconnaissance de rigueur scientifique au sens moderne, la théologie peut perdre le souffle de la foi. Mais comme une liturgie qui oublie de regarder vers Dieu vit, en tant que telle, ses derniers moments, de même, une théologie qui ne respire plus dans l’espace de la foi, cesse d’être théologie ; elle finit par se réduire à une série de disciplines plus ou moins reliées entre elles. Là où l’on pratique en revanche une « théologie à genoux », comme le demandait Hans Urs von Balthasar, elle sera féconde pour l’Eglise en Autriche et même au-delà.
Cette fécondité apparaît dans le soutien et dans la formation aux personnes qui portent en elles un appel spirituel. Pour qu’aujourd’hui, un appel au sacerdoce et à l’état religieux puisse être conservé fidèlement tout au long de la vie, il faut une formation qui intègre la foi et la raison, le cœur et l’esprit, la vie et la pensée. Une vie à la suite du Christ nécessite l’implication de toute la personnalité. Lorsque l’on néglige la dimension intellectuelle, naît trop facilement une forme de pieux sentiment d’amour qui vit presque exclusivement d’émotions et d’états d’âme qui ne peuvent pas durer toute la vie. Et lorsque l’on néglige la dimension spirituelle, on crée un rationalisme raréfié, qui sur la base de la froideur et du détachement, ne peut jamais déboucher sur un don enthousiaste de soi à Dieu. On ne peut pas fonder une vie à la suite du Christ sur une telle vision unilatérale ; avec les demi-mesures on resterait personnellement insatisfait et, par conséquent, peut-être aussi spirituellement stérile. Tout appel à la vie religieuse ou au sacerdoce est un trésor si précieux que les responsables doivent faire tout leur possible pour trouver les chemins de formation adaptés afin de promouvoir ensemble fides et ratio – la foi et la raison, le cœur et l’esprit.
Saint Léopold d’Autriche – nous venons de l’entendre – sur le conseil de son fils, le Bienheureux Evêque Otton de Freising, qui fut mon prédécesseur sur le siège épiscopal de Freising (à Freising on célèbre aujourd’hui sa fête) fonda en 1133 votre abbaye, en lui donnant le nom de « Unsere Liebe Frau zum Heiligen Kreuz » – Notre Dame de la Sainte Croix. Ce monastère n’est pas dédié à la Vierge uniquement par tradition – comme tous les monastères cisterciens –, mais ici brûle le feu marial de saint Bernard de Clairvaux. Bernard qui entra au monastère avec 30 compagnons, est une sorte de Patron des vocations spirituelles. Peut-être avait-il un ascendant si enthousiasmant et si encourageant sur les nombreux jeunes de son époque appelés par Dieu, parce qu’il était animé par une dévotion mariale particulière. Là où est Marie, on trouve l’image primordiale du don total et de la sequela du Christ. Là où est Marie, on trouve le souffle pentecostal de l’Esprit Saint, on trouve l’élan et le renouveau authentique.
Depuis ce lieu marial sur la Via Sacra, je souhaite à tous les lieux spirituels en Autriche fécondité et capacité de rayonnement. Ici, je voudrais avant mon départ, comme déjà à Mariazell, demander encore une fois à la Mère de Dieu d’intercéder pour toute l’Autriche. Avec les paroles de saint Bernard, j’invite chacun à se faire avec confiance « enfant » devant Marie, comme l’a fait le Fils de Dieu lui-même. Saint Bernard dit et nous disons avec lui : « Regarde l’étoile, invoque Marie ».

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