Archive pour janvier, 2015

MÉMOIRE JUIVE ET ÉDUCATION – A VIE QUOTIDIENNE DANS LE CAMP D’AUSCHWIT

27 janvier, 2015

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/matin.htm#2

(Il ya des notes sous la forme de liens)

MÉMOIRE JUIVE ET ÉDUCATION – A VIE QUOTIDIENNE DANS LE CAMP D’AUSCHWITZ.

Il est difficile de se rendre compte de ce qu’était la vie quotidienne dans le camp d’Auschwitz. Voici le témoignage de Charlotte Delbo sur seulement un moment de cette vie : le lever et l’appel du matin:

LE MATIN
Du bord de l’obscurité une voix criait « Aufstehen (1) ». De l’obscurité une voix en écho criait «Stavache », et il y avait un remuement noir d’où chacune tirait ses membres. Nous n’avions qu’à trouver nos chaussures pour sauter en bas. Sur celles qui ne surgissaient pas assez vite des couvertures, la lanière sifflait et cinglait. La lanière, à la main de la stubhova (2) debout dans l’allée, volait jusqu’au troisième étage, volait jusqu’au milieu des carrés, fouettait les visages, les jambes endolories de sommeil. Quand tout remuait et bougeait, quand les couvertures partout se secouaient et se pliaient, on entendait un bruit de métal qui s’entrechoque, la vapeur brouillait le clignotement de la bougie au centre de l’obscurité,on découvrait les bidons pour servir le thé. Et celles qui venaient d’entrer s’appuyaient au mur, la respiration accélérée, aidant leur coeur de la main sur la poitrine. Elles revenaient des cuisines qui étaient loin, loin quand on porte un bidon énorme dont les poignées tranchent les paumes. Loin dans la neige, dans le verglas ou dans la boue où on avance de trois pas, reculant de deux, avançant et reculant, tombant et se relevant et retombant sous la charge trop lourde à des bras sans force. Lorsqu’elles ont repris baleine, elles disent : « II fait froid ce matin, plus froid que cette nuit.» Elles disent « ce matin ». Il est pleine nuit, passé trois heures à peine.
Le thé fume en odeur écœurante. Les stubhovas (2) le servent chichement à nos soifs de fièvre. Elles en gardent la plus grande part pour leur toilette. C’est la meilleure utilisation qu’on en puisse faire, certes, et le désir nous vient de nous laver nous aussi dans une bonne eau chaude. Nous ne nous sommes pas lavées depuis notre arrivée, pas même les mains à l’eau froide. Nous prenons le thé dans nos gamelles qui sentent la soupe de la veille. Il n’y a pas d’eau pour les gamelles non plus. Prendre son thé, c’est l’emporter de haute lutte, dans une mêlée de coups de bâton, de coups de coude, de coups de poing, de hurlements. Dévorées par la soif et la fièvre, nous tourbillonnons dans la mêlée. Nous buvons debout, bousculées par celles qui craignent de n’être pas servies et par celles qui veulent sortir, parce qu’elles doivent sortir tout de suite, dès qu’elles sont debout il faut qu’elles sortent tout de suite. Le sifflet siffle le dernier coup. Alles raus. (3)
La porte est ouverte aux étoiles. Chaque matin il n’a jamais fait aussi froid. Chaque matin on a l’impression que si on l’a supporté jusqu’ici, maintenant c’est trop, on ne peut plus. Au seuil des étoiles on hésite, on voudrait reculer. Alors les bâtons, les lanières et les hurlements se déchaînent. Les premières près de la porte sont projetées dans le froid. Du fond du block, sous les bâtons, une poussée projette tout le monde dans le froid.
Dehors, c’est la terre à découvert, des tas de pierres, des tas de terre, autant d’obstacles à contourner, des fossés à éviter, avec le verglas, la boue ou la neige et les excréments de la nuit. Dehors, le froid saisit, saisit jusqu’aux os. Nous sommes transpercées de froid. En lames glacées. Dehors, la nuit est claire de froid. Les ombres de lune sont bleues sur le verglas ou sur la neige.
C’est l’appel. Tous les blocks (4) rendent leurs ombres. Avec des mouvements gourds de froid et de fatigue une foule titube vers la Lagerstrasse (5). La foule s’ordonne par rangs de cinq dans une confusion de cris et de coups. Il faut longtemps pour que se rangent toutes ces ombres qui perdent pied dans le verglas, dans la boue ou dans la neige, toutes ces ombres qui se cherchent et se rapprochent pour être au vent glacé de moindre prise possible.
Puis le silence s’établit.
Le cou dans les épaules, le thorax rentré, chacune met ses mains sous les bras de celle qui est devant elle. Au premier rang, elles ne peuvent le faire, on les relaie. Dos contre poitrine, nous nous tenons serrées, et tout en établissant ainsi pour toutes une même circulation, un même réseau sanguin, nous sommes toutes glacées. Anéanties par le froid. Les pieds, qui restent extrémités lointaines et séparées, cessent d’exister. Les godasses étaient encore mouillées de la neige ou de la boue d’hier, de tous les hiers. Elles ne sèchent jamais.
Il faudra rester des heures immobiles dans le froid et dans le vent. Nous ne parlons pas. Les paroles glacent sur nos lèvres. Le froid frappe de stupeur tout un peuple de femmes qui restent debout immobiles. Dans la nuit. Dans le froid. Dans le vent.
Nous restons debout immobiles et l’admirable est que nous restions debout. Pourquoi ? Personne ne pense « à quoi bon » ou bien ne le dit pas. A la limite de nos forces, nous restons debout. [...]
C’est l’appel du matin. Le ciel se colore lentement à l’est. Une gerbe de flammes s’y répand, des flammes glacées, et l’ombre qui noie nos ombres se dissout peu à peu et de ces ombres se modèlent les visages. Tous ces visages sont violacés et livides, s’accentuent en violacé et en livide à proportion de la clarté qui gagne le ciel et on distingue maintenant ceux que la mort a touchés cette nuit, qu’elle enlèvera ce soir. Car la mort se peint sur le visage, s’y plaque implacablement et il n’est pas besoin que nos regards se rencontrent pour que nous comprenions toutes en regardant Suzanne Rose qu’elle va mourir, en regardant Mounette qu’elle va mourir. La mort est marquée à la peau collée aux pommettes, à la peau collée aux orbites, à la peau collée aux maxillaires. Et nous savons qu’il ne servirait de rien à présent d’évoquer leur maison ou leur fils ou leur mère. Il est trop tard. Nous ne pouvons plus rien pour elles.
L’ombre se dissout un peu plus. Les aboiements des chiens se rapprochent. Ce sont les SS qui arrivent. Les blockhovas crient « Silence !» dans leurs langues impossibles. Le froid mord aux mains qui sortent de sous les bras. Quinze mille femmes se mettent au garde-à-vous.
Les SS passent — grandes dans la pèlerine noire, les bottes, le haut capuchon noir. Elles passent et comptent. Et cela dure longtemps.
Quand elles sont passées, chacune remet ses mains aux creux des aisselles de l’autre, les toux jusque-là contenues s’exhalent et les blockhovas crient « Silence! » [...]. Il faut attendre encore, attendre le jour.
L’ombre se dissout. Le ciel s’embrase. On voit maintenant passer d’hallucinants cortèges. [...] Ce sont les mortes de la nuit qu’on sort des revirs (6) pour les porter à la morgue. Elles sont nues sur un brancard de branches grossièrement assemblées, un brancard trop court. Les jambes — les tibias — pendent avec les pieds au bout, maigres et nus. La tête pend de l’autre côté, osseuse et rasée. Une couverture en loques est jetée au milieu. Quatre prisonnières tiennent chacune une poignée du brancard et c’est vrai qu’on s’en va les pieds devant, c’était toujours dans ce sens-là qu’elles les portaient. Elles
marchent péniblement dans la neige ou dans la boue, vont jeter le cadavre sur le tas près du 25 (7), reviennent la civière vide à peine moins lourde et passent de nouveau avec un autre cadavre. C’est tous les jours leur travail de tout le jour.
Je les regarde passer et je me raidis. Tout à l’heure je cédais à la mort. A chaque aube, la tentation. Quand passe la civière, je me raidis. Je veux mourir mais pas passer sur la petite civière. Pas passer sur la petite civière avec les jambes qui pendent et la tête qui pend, nue sous la couverture en loques. Je ne veux pas passer sur la petite civière. (6) revir ou Revier : infirmerie du camp, en réalité plutôt un mouroir.
La mort me rassure : je ne le sentirais pas. « Tu n’as pas peur du crématoire (8), alors pourquoi? » [...]. La répugnance l’emporte. Je ne veux pas passer sur la petite civière.
[...]
L’ombre se dissout tout à fait. Il fait plus froid. [...] Le rouge du ciel s’éteint et tout le ciel blêmit et au loin du ciel blême apparaissent les corbeaux qui fondent noirs sur le camp, en vols épais. Nous attendons la fin de l’appel. Nous attendons la fin de l’appel pour partir au travail.

Charlotte Delbo, rescapée d’Auschwitz,
Auschwitz et après, tome I, Aucun de nous ne reviendra,
Editions de Minuit, 1970

LE JARDIN D’EDEN

27 janvier, 2015

http://prof-themes.blogspot.it/2010/02/le-jardin-deden.html

LE JARDIN D’EDEN

Qu’est ce que le Jardin d’Eden ?
Il s’agit d’un lieu où les âmes méritantes ayant quitté ce monde jouissent de la lumière de la présence divine en attendant d’accéder au monde futur, c’est-à-dire l’époque post-messianique
(Talmud Chabbat 152 b ; Derekh Hachem 1 :3 :11)

Éden abritait l’Arbre de la Vie, l’Arbre de la connaissance du bien et du mal , ainsi qu’une végétation luxuriante et variée, suffisant à pourvoir aux besoins d’Adam et Ève.
Les versets 2:10-14 semblent contenir un indice assez vague quant à la localisation :

Un fleuve sortait d’Éden pour arroser le jardin, et de là il se divisait en quatre bras.
Le nom du premier est Pishôn; c’est celui qui entoure tout le pays de Havilah, où se trouve l’or.
L’or de ce pays est pur; on y trouve aussi le bdellium et la pierre d’onyx.
Le nom du second fleuve est Guihôn; c’est celui qui entoure tout le pays de Coush (Éthiopie ? Hindi Kush ).
Le nom du troisième est Hiddèkel; c’est celui qui coule à l’orient d’Ashour (l’Assyrie, donc le Tigre). Le quatrième fleuve, c’est l’Euphrate.

Dire de RABBI ELIÉZER,
« Dieu aima le premier homme d’un amour excessif… Il l’introduisit dans Son palais…Adam flânait tranquillement dans le jardin d’Éden comme l’un des anges du Service.Dieu Se dit : je suis unique en Mon monde et l’homme est unique dans le sien. Il n’y a devant Moi ni fructification, ni accroissement et l’homme connaît la même situation. par la suite, les créatures pourraient se dire, désignant l’homme : Puisque celui – là n’a devant lui ni fructification, ni accroissement, c’est lui qui nous a créés.
C’est pourquoi il n’est pas bon que l’homme soit seul selon le verset : « YHVH Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide face à lui »(GEN. 2.18). Rabbi Juda dit : ne lis pas « face à lui » (kenégdo) mais « contre lui » (lenagdo) – si l’homme est méritant, elle sera une aide pour lui, sinon elle sera contre lui, pour lui faire la guerre ».

Que faisait Adam au jardin d’Eden?
Et Elokim prit l’homme et il le fit reposer dans le jardin d’Eden pour le travailler et pour le garder (Genèse II, 15). Quel travail y avait-il donc à faire dans le jardin,puisqu’il est dit: pour le travailler et le garder? Peut-être diras-tu qu’il y avait à y travailler, comme, par exemple, tailler les vignes, labourer et herser la terre, faire les gerbes et moissonner. Tous les arbres, cependant, ne croissaient-ils pas d’eux-mêmes? Tu diras sans doute qu’il y avait tout de même du travail, par exemple, arroser. Mais un fleuve s’y répandait et en sortait. N’est-il pas écrit en effet: Et un fleuve sortait de l’Eden (Genèse II, 10)? Pourquoi alors: le travailler et le garder?
C’était vaquer aux paroles de la Torah et garder le chemin de l’arbre de vie. Et il n’y a pas d’autre arbre de vie que la Torah elle-même, selon qu’il est écrit: C’est l’arbre de vie pour ceux qui la saisissent (Proverbes III, 18)12.»

Le Premier Sabbat
«Et Il chassa l’homme (Genèse III, 24). Chassé, il sortit du jardin d’Eden et il se reposa au Mont Moriah, car la porte du jardin d’Eden s’appuie sur le Mont Moriah. De là Il l’avait pris, et là, Il le fit revenir, c’est-à-dire, au lieu d’où il avait été pris, selon le verset disant: Et Elokim prit l’homme (Genèse II,15). Et de quel lieu le prit-Il? Du lieu du Temple dont il est dit: Pour travailler la terre d’où il avait été pris (Genèse III, 23)

Le Paradis selon le Talmud
Ce jardin dl’Éden, disent les talmudistes, est soixante fois plus grand que l’Égypte; il est placé dans la septième sphère du firmament II a deux portes où entrent soixante myriades d’anges dont les figures brillent comme le firmament. Au moment où le juste arrive devant eux, ils le dépouillent de ses vêtements, placent sur sa tête deux couronnes, l’une d’or et l’autre de pierres précieuses, lui donnent huit bâtons de myrte, et dansent devant lui, en lui disant : mange ton pain en te réjouissant. Alors, ils le font entrer dans un lieu entouré d’eau; quatre fleuves y coulent, un de miel, un de lait, un de vin, et un d’encens; il y a aussi des tables de pierres précieuses; quatre-vingts myriades d’arbres s’élèvent de chacun des angles; dans chacun de qes angles sont placés soixante myriades qui chantent continuellement d’une voix agréable, des louanges à Dieu; au milieu du jardin, est planté, l’arbre de la vie; son feuillage ombrage tout le jardin.

Au sujet du Jardin d’Eden, le Zohar (Tikouné 14) nous enseigne :
le Jardin (le Gan) c’est la Torah. Les âmes du peuple d’Israël qui étudient et comprennent la Torah, ce sont les herbes et les fleurs qui poussent dans ce Jardin, grandissent et se développent grâce au fleuve, qui est la Source, la Sagesse comme il est dit:  » la Source des Jardins, une Source d’eaux vives…  » (Cantique des Cantiques 4:15). Et comment puiser à cette Source, à cette Sagesse? grâce à la prière, comme il est écrit
« …et une Source jaillit de la Maison de l’Eter-nel…  » (Joël 4) qui est « …la maison de prières…  » (Isaïe 56). L’essentiel du Jardin d’Eden (Gan Eden) réside donc dans le fait de lier l’étude à la prière.
Il en résulte qu’il faut comprendre le verset du chapitre 2 de la Génèse de la manière suivante: un fleuve (la Sagesse) sortait d’Eden (la prière) pour arroser le Jardin (la Torah) dans lequel les âmes juives grandissent, se développent et acquièrent la compréhension de la Torah. De là, il (le fleuve) se divisait (les âmes peuvent alors distinguer le permis de l’interdit, le pur etc… et séparer ainsi le bien du mal), et formait quatre bras (qui sont les quatre lettres du Nom de D-ieu qui sont la sainte racine des 4 éléments fondamentaux voir IV-5 et note 64,66). C’est pourquoi, il faut multiplier les prières afin de parvenir à l’interprétation authentique des Textes sacrés. Il est donc interdit de s’appuyer uniquement sur ses capacités intellectuelles et sur son érudition dans la Torah, car une pareille étude peut mener à une interprétation erronée des Textes et ne plait pas du tout à D-ieu..! (Etsoth mévouharoth Téfilah 14) 

Les bêtes et les Bienheureux

26 janvier, 2015

Les bêtes et les Bienheureux dans images sacrée beasts-01
http://www.all-creatures.org/living/beasts.html

LE SENS DU TRAVAIL DANS L’ANCIEN TESTAMENT

26 janvier, 2015

http://www.cenaclesauges.ch/diary9/37LeTravailDansAT.htm

LE SENS DU TRAVAIL DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Maret Michel, Communauté du Cénacle au Pré-de-Sauges

Contrairement à un préjugé, le travail dans la bible est une valeur positive, il n’est pas la conséquence du péché : Dans le 2ème récit de la création, dans la Genèse, il est dit que « Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ». (Gn 2, 15)
Plus encore, la présentation de la création en six jours, avec le repos le septième jour, fait un parallèle avec le cycle humain : 6 jours de travail, un jour de repos. L’homme créé à l’image de Dieu, reproduit dans son travail le schéma de la création divine. C’est une manière de dire que Dieu a voulu associer l’être humain à son œuvre de création. Autrement dit, l’homme est co-créateur en ce monde. Cette vocation co-créatrice du travail de l’être humain est exprimée encore à un autre endroit dans le texte de la Genèse : « Au temps où le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver la terre. » (2, 4b)
Donc, ce n’est pas le travail qui est la conséquence du péché, mais la manière de le faire, la manière aliénante, violente, non respectueuse de la création. Et retrouver le jardin d’Eden, c’est peut-être retrouver cette harmonie originelle entre l’homme et la terre dont il a été tiré.
Ainsi, le travail dans la Bible est une valeur positive. Il est participation à l’action créatrice de Dieu, reflet de l’action du créateur. Selon le livre de la Genèse, le travail n’est pas une conséquence du péché. Mais dans le récit de la chute en Gn 3, la première conséquence pour Adam est une perturbation dans la manière de vivre le travail, une perturbation dans le rapport à la terre dont il a été tiré. « Parce que tu as mangé de l’arbre que je t’avais interdit de manger, maudit soit la terre à cause de toi. A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu fus tiré. » (Gn 3, 17-19)
(On peut remarquer qu’aussi bien l’homme que la femme sont touchés, en ce qui concerne les conséquences de la faute originelle, dans un domaine qui a rapport à la vie : l’homme travaille pour vivre, la femme enfante la vie dans la douleur.)
Après la chute, le travail se vit dans la disharmonie avec la terre dont l’homme a été tiré, terre qui lui est maintenant hostile. Le travail, qui était participation à l’œuvre créatrice de Dieu, est vécu de manière aliénante, un lieu plutôt de décréation.
Encore aujourd’hui, le travail est un lieu majeur d’oppression de l’homme. Esclavage à peine camouflé, condition de travail inhumaines, même pour les enfants, violence, injustice, convoitise. Et lorsque l’être humain est son propre maître, il est encore un maître plus dur et plus impitoyable. Il est difficile pour l’homme de vivre le travail dans l’harmonie.
Il y a un lieu biblique qui exprime et concentre cette perversion du travail : la servitude du Peuple de Dieu en Égypte. Et en le libérant d’Égypte, Dieu montre qu’il ne veut pas que l’être humain soit ainsi aliéné dans son travail.
L’homme est appelé à la liberté. Il travaille pour vivre ; il ne doit pas vivre pour le travail, se laisser aliéner par lui. Le sabbat est précisément donné à l’homme pour le lui rappeler. Dans le Décalogue, dans le livre du Deutéronome, le commandement de faire sabbat est lié au fait que le peuple a été libéré d’Egypte : « Observe le jour du sabbat, comme te l’a demandé Yahvé ton Dieu. (…) Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte et que Yahvé ton Dieu t’en a fait sortir d’une main forte et d’un bras étendu : c’est pourquoi Yahvé ton Dieu t’a commandé de garder le sabbat. » (Dt 5, 12.15)
Pour retrouver cette harmonie, cette liberté dans le travail, pour qu’il soit vraiment collaboration à l’œuvre créatrice de Dieu, c’est un long chemin, un combat de chaque jour ; car il y a un maître impitoyable qui sans cesse nous harcèle et veut nous asservir.

 

PRIÈRE POUR LA JOURNÉE MARIALE À L’OCCASION DE L’ ANNÉE DE LA FOI – PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

26 janvier, 2015

http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/october/documents/papa-francesco_20131012_preghiera-mariana.html

PRIÈRE POUR LA JOURNÉE MARIALE À L’OCCASION DE L’ ANNÉE DE LA FOI

PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre

Samedi 12 octobre 2013

Chers frères et sœurs,

Cette rencontre de l’Année de la foi est consacrée à Marie, Mère du Christ et de l’Église, notre Mère. Sa statue, venue de Fatima, nous aide à sentir sa présence au milieu de nous. Il y a une réalité : Marie nous conduit toujours à Jésus. Elle est une femme de foi, une vraie croyante. Nous pouvons nous demander : comment a été la foi de Marie ?
1. Le premier élément de sa foi est celui-ci : la foi de Marie dénoue le nœud du péché (cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 56). Qu’est-ce que cela signifie ? Les Pères conciliaires [de Vatican II] ont repris une expression de Saint Irénée qui dit : « Le nœud noué par la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la vierge Marie l’a délié par sa foi » (Adversus Haereses III, 22, 4).
Voilà. Le « nœud » de la désobéissance, le « nœud » de l’incrédulité. Quand un enfant désobéit à sa maman ou à son papa, nous pourrions dire que se forme un petit « nœud ». Cela arrive si l’enfant agit en se rendant compte de ce qu’il fait, particulièrement s’il y a un mensonge ; dès lors il n’a confiance ni en sa maman ni en son papa. Vous savez que de fois cela arrive ! Alors la relation avec les parents a besoin d’être assainie de cette faute et, en effet, il s’excuse, pour qu’il y ait de nouveau harmonie et confiance. Quelque chose de semblable advient dans notre relation avec Dieu. Quand nous ne l’écoutons pas, ne suivons pas sa volonté, nous accomplissons des actions concrètes par lesquelles nous manifestons un manque de confiance en lui – et c’est le péché – il se forme comme un nœud dans notre être intime. Et ces nœuds nous ôtent la paix et la sérénité. Ils sont dangereux, car de plusieurs nœuds peut se former un enchevêtrement, qui est toujours plus douloureux et toujours plus difficile à dénouer.
Mais à la miséricorde de Dieu – nous le savons – rien n’est impossible ! Même les nœuds les plus emmêlés se dénouent avec sa grâce. Et Marie, qui, par son « oui », a ouvert la porte à Dieu pour dénouer le nœud de l’ancienne désobéissance, est la mère qui, avec patience et tendresse, nous conduit à Dieu, afin qu’il dénoue les nœuds de notre âme avec sa miséricorde de Père. Chacun de nous en a quelques-uns, et nous pouvons nous demander dans notre cœur : quels nœuds y-a-t-il dans ma vie ? « Père, les miens ne peuvent pas se dénouer ! » Mais c’est une erreur ! Tous les nœuds du cœur, tous les nœuds de la conscience peuvent être dénoués. Est-ce que je demande à Marie de m’aider à avoir confiance en la miséricorde de Dieu, pour les dénouer, pour changer ? Elle, femme de foi, nous dira sûrement : « Avance, va chez le Seigneur : lui te comprend ». Et elle nous conduit par la main, Mère, Mère, vers la tendresse du Père, du Père de la miséricorde.
2. Deuxième élément : la foi de Marie donne chair humaine à Jésus. Le Concile dit : « Par sa foi et son obéissance, elle a engendré sur la terre le propre Fils du Père, et cela sans connaître d’homme, mais couverte de l’ombre du Saint-Esprit » ( Const. Dogm. Lumen gentium n. 63). C’est un point sur lequel les Pères de l’Église ont beaucoup insisté : Marie a conçu Jésus dans la foi et ensuite dans la chair, quand il a dit « oui » à l’annonce que Dieu lui a adressée par l’intermédiaire de l’Ange. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’il n’a pas voulu se faire homme en ignorant notre liberté, il a voulu passer par le libre assentiment de Marie, à travers son « oui ». Il lui a demandé : « Es-tu disposée à cela ? ». Et elle a dit : « Oui ».
Mais ce qui s’est produit dans la Vierge Mère de manière unique, se réalise aussi sur plan spirituel en nous quand nous accueillons la Parole de Dieu avec un cœur bon et sincère et que nous la mettons en pratique. C’est comme si Dieu prenait chair en nous, il vient habiter en nous, car il prend demeure en ceux qui l’aiment et observent sa Parole. Il n’est pas facile de comprendre cela, mais, oui, c’est facile de le sentir dans le cœur.
Pensons-nous que l’incarnation de Jésus est seulement un fait du passé, qui ne nous engage pas personnellement ? Croire en Jésus signifie lui offrir notre chair, avec l’humilité et le courage de Marie, pour qu’il puisse continuer d’habiter au milieu des hommes ; croire en Jésus signifie lui offrir nos mains pour caresser les petits et les pauvres ; nos pieds pour aller à la rencontre de nos frères ; nos bras pour soutenir celui qui est faible et travailler dans la vigne du Seigneur ; notre esprit pour penser et faire des projets à la lumière de l’Évangile ; et, surtout offrir notre cœur pour aimer et prendre des décisions selon la volonté de Dieu. Tout cela se réalise grâce à l’action de l’Esprit Saint. Et ainsi nous sommes les instruments de Dieu pour que Jésus agisse dans le monde à travers nous.
3. Et le dernier élément est la foi de Marie comme une marche : le Concile affirme que Marie « avança dans son pèlerinage de foi » (ibid. n. 58). C’est pourquoi elle nous précède dans ce pèlerinage, elle nous accompagne, nous soutient.
Dans quel sens la foi de Marie a été une marche ? Dans le sens que, toute sa vie, elle a suivi son Fils : c’est lui – lui Jésus – la route, c’est lui le chemin ! Progresser dans la foi, avancer dans ce pèlerinage spirituel qu’est la foi, n’est autre que suivre Jésus ; l’écouter et se laisser guider par ses paroles ; voir comment il se comporte et mettre nos pieds dans ses pas, avoir ses sentiments et ses attitudes mêmes. Et quels sont les sentiments et les attitudes de Jésus ? Humilité, miséricorde, proximité, mais aussi ferme refus de l’hypocrisie, de la duplicité, de l’idolâtrie. Le chemin de Jésus est celui de l’amour fidèle jusqu’au bout, jusqu’au sacrifice de sa vie, c’est le chemin de la croix. C’est pourquoi le chemin de la foi passe par la croix et Marie l’a compris dès le début, quand Hérode voulait tuer Jésus qui venait de naître. Mais ensuite, cette croix est devenue plus profonde, quand Jésus a été rejeté : Marie était toujours avec Jésus, elle suivait Jésus au milieu du peuple, et elle entendait les bavardages, les paroles odieuses de ceux qui n’aimaient pas le Seigneur. Et cette croix, elle l’a portée ! Alors la foi de Marie a fait face à l’incompréhension et au mépris. Quand est arrivée l’« heure » de Jésus, l’heure de la passion : alors la foi de Marie a été la petite flamme dans la nuit, cette petite flamme en pleine nuit. Dans nuit du samedi-saint Marie a veillé. Sa petite flamme, petite mais claire, a été allumée dès l’aube de la Résurrection ; et quand elle a appris que le tombeau était vide, dans son cœur a débordé la joie de la foi, la foi chrétienne en la mort et résurrection de Jésus Christ. Parce que la foi nous conduit toujours à la joie, et elle, elle est la Mère de la joie : qui nous enseigne à aller par ce chemin de la joie et à vivre cette joie ! C’est le point culminant – cette joie, cette rencontre de Jésus et de Marie, mais imaginons comment cela a été… Cette rencontre est le point culminant de la marche de la foi de Marie et de toute l’Église. Comment est notre foi ? Est-ce que nous la tenons allumée, comme Marie, même dans les moments difficiles, les moments de ténèbres ? Ai-je ressenti la joie de la foi ?
Ce soir, Mère, nous te remercions pour ta foi, de femme forte et humble ; nous renouvelons notre confiance en toi, Mère de notre foi. Amen.

 

Saint-Jean-Baptiste

23 janvier, 2015

Saint-Jean-Baptiste dans images sacrée battista_novgdorod_fine_xv%20sec

http://www.polia.info/Ikona/Krikstytojas.htm

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 25 JANVIER – JONAS 3, 1-5. 10

23 janvier, 2015

http://www.eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/le-dimanche-jour-du-seigneur/commentaires-de-marie-noelle-thabut/

COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 25 JANVIER

PREMIERE LECTURE – JONAS 3, 1-5. 10

1 La parole du SEIGNEUR fut adressée de nouveau à Jonas :
2 « Lève-toi, va à Ninive, la grande ville païenne,
proclame le message que je te donne sur elle. »
3 Jonas se leva et partit pour Ninive,
selon la parole du SEIGNEUR.
Or, Ninive était une ville extraordinairement grande :
il fallait trois jours pour la traverser.
4 Jonas la parcourut une journée à peine
en proclamant :
« Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ! »
5 Aussitôt, les gens de Ninive crurent en Dieu.
Ils annoncèrent un jeûne,
et tous, du plus grand au plus petit,
se vêtirent de toile à sac.
10 En voyant leur réaction,
et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise,
Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.

Le livre de Jonas est très court : il doit faire quatre pages, tout au plus. Il a été écrit très tard vers le quatrième ou troisième siècle av.J.C. Il prétend raconter une histoire qui serait arrivée à un prophète du nom de Jonas, cinq cents ans auparavant ; mais en réalité c’est une fable, un conte plein d’humour mais surtout de leçons pour ses contemporains et pour nous. Encore faut-il savoir lire entre les lignes.
Voici le conte : il était une fois, en Israël, un petit prophète plein de bon sens qui s’appelait Jonas. Dieu lui dit : Il ne suffit pas que tu cherches à convertir mon peuple dans ton pays minuscule. Je t’envoie en mission à Ninive (sur les cartes d’aujourd’hui, les ruines de Ninive sont tout près de Mossul au nord de l’Irak actuel). Jonas aurait bien voulu obéir à Dieu, mais le bon sens a parlé, plus fort que Dieu lui-même ; car Ninive à l’époque, (au huitième siècle), c’était l’ennemi juré, déjà, la capitale de l’empire le plus dangereux pour Israël, une grande ville très puissante et assoiffée de conquêtes. Un empire païen, bien sûr, et chez qui un petit prédicateur juif ne pouvait que risquer inutilement sa vie. Quand on voit comme il est dur, déjà, d’essayer de convertir Israël… non vraiment c’est trop demander… mission impossible… courir des risques, se fatiguer pour son propre peuple, passe encore… mais pour ces païens !… Et puis, Ninive était une très grande ville ! Il fallait trois jours pour la traverser sans s’arrêter. Que serait-ce s’il fallait s’arrêter pour prêcher à chaque coin de rue…
Jonas fait donc la sourde oreille et embarque sur la Méditerranée, à Jaffa (près de l’actuelle Tel Aviv), sur un bateau à destination de Tarsis (autant dire l’autre bout du monde, vers l’ouest… c’est-à-dire le plus loin possible de Ninive qui, elle, est plein Est, au bord du Tigre). Le voilà tranquille, mais pas pour longtemps. Pendant que Jonas dort à fond de cale dans le bateau, la tempête se lève… et comme il est un homme de son époque, il ne peut pas s’empêcher de penser que sa désobéissance y est pour quelque chose… et comme il est un honnête homme, quand même, il avoue à ses compagnons qu’il a mécontenté le ciel. Bien sûr, les matelots n’ont plus qu’une idée en tête : se débarrasser de Jonas pour apaiser les éléments et prier ce Dieu inconnu que Jonas a mis en colère… On jette le prophète à la mer.
Mais Dieu n’abandonne pas Jonas et dépêche un gros poisson qui l’avale pour le mettre à l’abri. Bien au chaud dans le ventre du poisson Jonas prie… et, bien sûr, cela le convertit. Si bien que quand le poisson le recrache sur la terre ferme, trois jours plus tard, Dieu n’a plus qu’un mot à dire… et Jonas part pour Ninive, cette fois sans discuter. Et le miracle se produit… La ville était immense, il fallait au moins trois jours pour la parcourir ; eh bien, en moins d’une journée, du plus petit jusqu’au plus grand, tous les Ninivites sont convertis. Même les animaux font pénitence !
Seulement voilà, il n’en restait plus qu’un à convertir (et c’est tout le sel de ce petit livre !)… c’était Jonas lui-même… Jonas n’était pas du tout content… à son idée, la justice aurait voulu que Dieu exerce sa colère contre ces païens, ces pécheurs. Et Jonas, écoeuré, va s’installer à l’écart de la ville. Mais on est en plein été, il étouffe au grand soleil. Alors Dieu, qui ne l’oublie décidément pas, fait pousser un arbuste (on dit que c’est un ricin) au-dessus de sa tête pour le protéger. Jonas va déjà mieux… pas pour longtemps. Le lendemain, Dieu s’en mêle encore et le ricin crève. Alors là, Jonas est vraiment en colère… Et Dieu l’attendait là. Il lui dit : « Quelle histoire pour un arbre qui crève à peine poussé !… Mais ces Ninivites qui allaient se perdre… tu ne crois pas que cela aurait été plus grave ? Ils sont mes enfants tout de même ! »
Ce conte apparemment léger est en fait plein de leçons : d’abord, et c’est la pointe du récit, c’est d’ailleurs pour cela qu’il nous est proposé ce dimanche, « Dieu aime tous les hommes » et il n’attend qu’un geste d’eux pour leur pardonner ; c’est le sens de la dernière phrase de la lecture liturgique : « En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés ». Il n’attendait que cela : les menaces du prophète « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » étaient un cri d’alarme ; quand la fable de Jonas a été écrite, l’Ancien Testament savait déjà très bien qu’on n’est jamais définitivement condamné, que Dieu pardonne toujours ; encore faut-il que nos oreilles et nos coeurs soient ouverts à sa parole de pardon.
Deuxième leçon : Dieu est le Dieu de l’univers ; on peut le prier partout, bien au-delà des frontières d’Israël, sur un bateau et même jusque dans le ventre d’un poisson. La présence de Dieu n’est pas limitée à un lieu, un pays, un parti, ou une religion…
Troisième leçon : ceux que nous considérons comme des païens ou des pécheurs sont souvent plus prêts que nous à écouter la Parole ;
Jésus dira bien « les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume ». Sur ce thème, l’auteur du livre de Jonas, visiblement, se plaît à en rajouter, comme on dit : sur le bateau, déjà, on voit les matelots prier avec ferveur et offrir un sacrifice d’action de grâce. Quant aux Ninivites, leur conversion totale et instantanée est un défi à tout effort pastoral. « Jonas parcourut la ville une journée à peine… Aussitôt les gens de Ninive crurent en Dieu ». Quand Jésus parlait plus tard du « signe de Jonas », il rappelait le séjour de Jonas pendant trois jours dans le ventre du poisson, mais surtout il posait une question à ses contemporains : sauraient-ils voir dans le Fils de l’Homme le « signe » que les Ninivites ont su voir en Jonas ?
Quatrième leçon : cette fable a été inventée, après l’Exil à Babylone, à une époque où les prophètes voulaient rappeler que Dieu veut sauver l’humanité tout entière et pas seulement le peuple élu ; un peu comme dans une famille, il faut faire comprendre à l’aîné qu’il n’est pas fils unique. Nos prophètes à nous pourraient nous en dire autant.
Cinquième leçon : la petite histoire du ricin est une véritable pédagogie ; manière de faire comprendre à Jonas « tu n’es pas un bon prophète si tu n’aimes pas comme moi tous les hommes ».
Décidément, Dieu est plus grand que notre coeur !
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Compléments
« Maintenant, Seigneur, prends ma vie car mieux vaut pour moi mourir que vivre ! » Le cri de désespoir de Jonas (4, 3) ressemble à celui d’Elie (1 R 19, 4).
La conversion de Ninive contraste avec le refus de conversion des habitants de Jérusalem au temps de Jérémie : « Ni le roi, ni aucun de ses serviteurs, à entendre toutes ces paroles, ne furent effrayés et ne déchirèrent leurs vêtements » (Jr 36, 24).

 

HOMÉLIE 3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

23 janvier, 2015

http://www.homelies.fr/homelie,,4090.html

3E DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE

DIMANCHE 25 JANVIER 2015

FAMILLE DE SAINT JOSEPH

HOMÉLIE – MESSE

Les trois lectures de la liturgie de ce jour sont traversées par une urgence : Jonas proclame que Ninive sera détruite si elle ne se convertit pas dans les plus brefs délais. Saint Paul rappelle aux chrétiens de Corinthe que « le temps est limité, car ce monde tel que nous le voyons est en train de passer » ; en d’autres termes : demeurons libres de toute attache afin d’être prêts à partir à chaque instant. Le Psalmiste demande à Dieu de lui « enseigner ses voies, de lui faire connaître sa route, de lui montrer son chemin », témoignant par cette triple insistance qu’il n’attend qu’un signe pour prendre le départ. Le crescendo au fil des lectures culmine dans l’Evangile, aussi est-ce à partir de lui que nous approfondirons cette liturgie de la Parole.
Chaque évangéliste a sa grâce propre, son charisme personnel au service de la rencontre avec le Seigneur. Saint Marc nous transmet le témoignage de l’apôtre Pierre, qui ne nous livre pas de grandes considérations théologiques, mais nous partage le choc existentiel de son cheminement avec celui qui allait devenir son Maître, en attendant qu’il le reconnaisse comme le Christ, puis comme son Sauveur et son Dieu. C’est à ce même itinéraire que nous sommes invités en tant que lecteurs ; aussi resterons-nous tout proches de la parole de l’Evangile, en demandant la grâce de pouvoir faire nous aussi cette même rencontre bouleversante qui change notre vie.
Le Baptiste est arrêté ; il n’est pas prudent de rester en Judée : Jésus rentre dans sa Galilée natale. Il va centrer son activité sur les bords du lac de Génésareth, plus précisément sur la rive nord-ouest. C’est là, dans ce cadre paradisiaque, que commence l’histoire de notre salut. La Galilée des nations est le lieu privilégié de l’activité de Jésus ; il ne la quittera que pour vivre sa Passion à Jérusalem. Puis au matin de Pâques, c’est à nouveau dans cette région ouverte sur le monde, que le Ressuscité donnera rendez-vous à ses disciples (Mc 16, 7).
L’évangéliste précise d’amblée que la proclamation faite par Jésus est une « Bonne Nouvelle » venant de la part « de Dieu ». Le résumé de sa prédication se résume en deux sentences. La première éveille l’attention : « Les temps (kairos) sont accomplis », c’est-à-dire le temps de l’attente est terminé, le bon moment, l’heureux événement que vous attendiez, est enfin arrivé. « Le Règne de Dieu est tout proche » : voilà le message de grâce que Jésus est venu apporter aux hommes : la Basileia tou Theou s’est approchée de l’humanité. L’accès au Royaume dont l’homme se trouvait exclu par le péché, lui est à nouveau offert. La seconde sentence tire les conséquences de cet événement sous forme de deux verbes actifs, qui représentent le programme à réaliser pour accéder à cette réalité divine : « Convertissez-vous » ; ou encore : « tournez-vous vers la réalité nouvelle qui s’annonce, fût-ce au prix de ruptures avec le monde ancien, voué à disparaître. Et : « croyez à la Bonne Nouvelle » ; s’il s’agit de « croire », c’est donc que la venue du Règne, ne s’impose pas avec l’évidence d’une réalité sensible. Il faudra discerner son avènement aux signes que Jésus en donne, et adhérer à la nouveauté radicale qui s’annonce dans le secret. Ce qui suppose de se tenir à proximité du Maître, de l’écouter, de l’observer, d’épier ses moindres faits et gestes, afin de ne pas gâcher cette occasion unique de réintégrer le dessein de Dieu au-delà de la fracture du péché, qui nous avait aliénés de notre condition filiale. Vu l’importance de l’enjeu, il n’y a pas de temps à perdre, car « il est limité » (2nd lect.).
Aussi, sans transition, Saint Marc nous invite-t-il à emboîter le pas au Rabbi qui commence sa vie itinérante. Sa première initiative consiste à former le noyau du futur groupe de ses disciples. Première surprise : contrairement à la tradition, c’est le Maître qui appelle ses disciples. De plus, il ne les choisit pas dans le cercle des scribes ou autres spécialistes de la Loi qui résident à Jérusalem, mais parmi les pécheurs du lac de Galilée. La sobriété du style du premier Evangile souligne le caractère paradoxal de la situation : un homme passe sur la grève, appelle deux pêcheurs « en train de jeter leurs filets » ; il leur intime brièvement de le suivre, leur faisant une vague promesse dont le lecteur – comme sans doute les pêcheurs – se demande ce qu’elle veut dire. Rien ne nous est dit sur une éventuelle rencontre préalable entre les personnages, ni sur les sentiments des appelés ; nous savons seulement qu’« aussitôt, laissant là leurs filets, ils le suivirent ».
Sans doute ce comportement illustre-t-il l’attitude que nous sommes tous appelés à adopter en réponse à l’annonce faite au verset précédent : la conversion ne consiste pas d’abord en œuvres ascétiques, mais dans la promptitude à suivre celui qui chemin faisant, va nous révéler le visage du Père.
Le verset suivant est construit dans un stricte parallélisme à celui que nous venons de lire : Jésus passe, voit deux frères préparant leurs filets pour la pêche, les appelle « aussitôt », et ceux-ci tout comme leurs collègues, « partent derrière lui, laissant dans la barque leur père avec ses ouvriers ».
Qui sont ces hommes ? Nous le découvrirons chemin faisant. Pour le moment nous connaissons déjà leur nom : Simon et son frère André ; Jacques fils de Zébédée et Jean son frère. André sera plus discret dans la suite du récit ; les trois autres constitueront le noyau du groupe des disciples : le Maître leur attribuera un rôle particulier dans la vie et dans la mission du groupe. Mais tous, les Douze et ceux qui tout au long de l’histoire entendront l’appel du Seigneur et lui emboîteront le pas, auront à « se lever et à partir » (1ère lect.) à sa suite. Avons-nous encore une telle disponibilité ? La seconde lecture veut nous aider à répondre à cette question en nous proposant un examen de conscience sur la manière dont nous réagissons aux événements qui nous affectent, sur notre attachement aux biens de ce monde, voire même sur nos relations avec nos proches : « Tout est à vous, mais vous êtes au Christ » (1 Co 3, 22-23).
L’appel des premiers disciples constitue l’action inaugurale du ministère public de Jésus, qui résume toute sa mission : Notre-Seigneur est venu nous appeler à sa suite pour nous arracher à « ce monde qui est en train de passer » (2nd lect.) et conduire nos pas au chemin d’éternité. Le chrétien se définit avant tout comme un disciple du Christ, qui met toute sa vie dans le rayonnement de sa lumière, se nourrissant de son Pain eucharistique, afin de lui être configuré dans une existence semblable à la sienne.
« “Dirige-moi Seigneur, par ta vérité, enseigne-moi, car tu es le Dieu qui me sauve. Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse” (Ps 24), et accorde-moi la force d’une sincère conversion. Fais que j’entende ta voix qui m’appelle : “Viens derrière moi ; je ferai de toi un pêcheur d’hommes”. Donne-moi de discerner la présence de ton Règne au milieu de notre monde meurtri par la violence et accablé de tristesse, et fait de moi un artisan de ta paix et un témoin de la joie de ton Esprit.»

Père Joseph-Marie

l’artisan saint joseph

22 janvier, 2015

l'artisan saint joseph dans images sacrée pag23

http://www.piaunionedeltransito.org/piaunione/index.php?option=com_content&view=article&id=258:lartigiano-san-giuseppe&catid=42:devozioni

PROPHÈTES DE MALHEUR, PROPHÈTES DE BONHEUR

22 janvier, 2015

http://www.interbible.org/interBible/ecritures/exploration/2015/exp_150120.html

PROPHÈTES DE MALHEUR, PROPHÈTES DE BONHEUR

(Source : par Pierre Gilbert, adaptation de Yves Guillemette, ptre, Parabole, janvier-février 1998).

Un Dieu courroucé dont la colère ne connaît aucune limite. Voilà le portrait scandaleux qui se dégage d’un premier contact avec les livres prophétiques de l’Ancien Testament. Cependant, affirmer que YHWH annonce le malheur n’est pas tout dire. Le lecteur attentif constatera que les livres prophétiques attribuent également à Dieu des promesses de salut. Malgré cela, certains problèmes demeurent. Par exemple, les prophètes juxtaposent des promesses de délivrance et des paroles de malheur sans expliquer ni comment, ni pourquoi leur discours change aussi abruptement. Les prophètes nous décrivent-ils un Dieu schizophrène qui, ayant aimé son peuple un jour, se déclare prêt à le détruire le lendemain? Bien naïf celui qui serait tenté de ne voir en ce Dieu des prophètes qu’un personnage capricieux et immoral.
Encore, faut-il que ce lecteur soit averti. En effet, il serait périlleux d’interpréter les textes bibliques sans tenir compte de leur contexte littéraire, historique et culturel. Il s’ensuivrait de graves malentendus sur le caractère des jugements attestés chez les prophètes. L’annonce du malheur (la malédiction) est également attestée à l’extérieur d’Israël. Chez les autres peuples du Proche-Orient ancien, la malédiction joue un double rôle: elle met en garde contre certaines actions et elle annonce la mort de quiconque transgresse l’interdit. Toute perspective pédagogique en est absente. Dès qu’on enfreint les prescriptions, on devient l’objet d’un jugement irrévocable.
Dans leur recours à la malédiction, les prophètes reflètent, à bien des égards, les pratiques du Proche-Orient ancien. Tout d’abord, ils n’en font jamais un usage aléatoire. Le jugement découle toujours de la transgression d’une prescription. Les prophètes annoncent le jugement pour deux raisons fondamentales: l’injustice et l’idolâtrie. Si la malédiction prophétique suivait exactement le modèle répandu chez les peuples voisins d’Israël, nous serions en présence de l’annonce exclusive du malheur. Cependant, ce n’est pas le cas! Dans les livres prophétiques, l’objectif ultime du jugement semble être le rétablissement plutôt que la destruction du peuple. Malgré la sévérité des paroles de malheur énoncées, le salut du peuple constitue la préoccupation première des prophètes.
Pour qu’Israël puisse survivre en tant que peuple de Dieu à l’époque des prophètes, une conversion radicale s’impose. Les prophètes ont recours à différents moyens, dont la malédiction, pour susciter un tel changement. Dans les textes prophétiques, la malédiction a un double but: alors que les ­jugements sur l’avenir sont dissuasifs, on attribue une fonction pédagogique aux malheurs anciens. À ce titre, Amos 4, 4-12 est particulièrement révélateur. Dans les versets 6 à 11, Amos évoque une série de catastrophes qui ont frappé Israël dans le passé. Ces malheurs sont le résultat de l’infidélité du peuple envers YHWH. Mais le texte est clair : si Dieu prononce ces jugements, ce n’est pas pour anéantir le peuple, mais pour lui rappeler son infidélité. L’expression mais vous n’êtes pas revenus jusqu’à moi (vv. 6.8.9.10.11) reprise cinq fois dans ce passage exprime cette intention rédemptrice de Dieu.
Cependant, le texte biblique ne se limite pas à noter les jugements du passé. Le prophète en constate l’échec et évoque l’assurance d’une rencontre ultime entre YHWH et son peuple. Cet affrontement laisse planer la menace d’une destruction finale et irrévocable : Prépare-toi à rencontrer ton Dieu, Israël (v. 12). Le prophète pressent ce point de non-retour; tout n’est pas que rhétorique et pédagogie. Si le peuple refuse de retourner à YHWH, malgré les avertissements et les jugements, Israël sera anéanti.
Cette tension entre l’annonce de malheurs et la promesse de salut attestée dans le texte prophétique n’est-elle pas à l’image de Dieu lui-même? YHWH est déchiré entre le désir profond de sauver son peuple et la nécessité d’agir pour le discipliner. Dieu est comme un médecin qui doit traiter une personne atteinte du cancer; plus la maladie est grave, plus le traitement risque de perturber voire de tuer le patient.
L’annonce du malheur chez les prophètes, c’est beaucoup plus que l’expression de la colère de Dieu. C’est avant tout l’expression de sa souffrance. Le Dieu de l’Ancien Testament est un Dieu dont la préoccupation rédemptrice oriente l’action. Le salut de l’homme et de la femme est au cœur de son projet. Cependant, malgré son désir intense de relation avec l’être humain, Dieu ne s’impose pas au cœur de l’homme. Il emploie tous le moyens possibles pour amener l’humanité a`se tourner vers lui, mais son appel demeure une invitation. La liberté, cette image de Dieu au plus profond de notre être, nous permet d’accueillir ou de rejeter cette invitation.

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