L’HOMÉLIE DE PAUL VI AUX ARTISTES EN 1964 ET L’INAUGURATION DE LA COLLECTION D’ART RELIGIEUX MODERNE EN 1973 (1- 2008)
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L’HOMÉLIE DE PAUL VI AUX ARTISTES EN 1964 ET L’INAUGURATION DE LA COLLECTION D’ART RELIGIEUX MODERNE EN 1973 (1- 2008)
«Nous avons besoin de vous»
par Paolo Mattei
«Nous avons besoin de vous». Par ces mots, Paul VI s’adressait en 1964 aux artistes pendant la messe de l’Ascension dans la Chapelle Sixtine. Ce fut une homélie aux accents émouvants, pendant laquelle le Pape reconnut les fautes de l’Église pour la fracture qui s’était créée au cours des temps entre elle et les artistes, et il leur demanda pardon. «Nous pouvons le dire: il nous est arrivé de vous couvrir d’une chape de plomb, pardonnez-nous!». De cette manière, le Pape entendit rétablir avec ces hommes «créateurs, toujours vivaces, jaillissant de millle idées et de mille nouveautés» un lien qui s’était distendu parce que, expliquait-il, «nous ne vous avons pas eu comme élèves, comme amis, comme interlocuteurs; parce que vous ne nous avez pas connus».
L’allocution de Paul VI survenait un an après la rédaction de la constitution concilaire sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, qui abordait la question de l’art sacré dans le chapitre VII. Ce document, qui proclame la totale liberté de l’art dans l’Église, recommande en même temps que l’on privilégie la «noble beauté» par rapport à une «simple somptuosité», fixe une série de règles et de recommandations adressées aux artistes dans leur fonction de créateurs d’œuvres sacrées, et aux évêques et aux prêtres dans leur tâche de contrôle et de vigilance.
Les vœux pour un renouvellement du dialogue formulés dans l’homélie de Paul VI seront accueillis en 1965 dans la constitution Gaudium et spes qui exhorte qu’on s’engage «afin que les artistes se sentent compris par l’Église dans leur activité et, jouissant d’une liberté ordonnée, établissent des rapports plus faciles avec la communauté chrétienne».
Il y a trente-cinq ans, en juin 1973, Paul VI fit un autre geste d’ouverture envers le monde de l’art en inaugurant dans les Musées du Vatican la Collection d’Art Religieux Moderne, qui commença par accueillir des compositions picturales et scupturales d’artistes italiens et internationaux, et qui a continué à s’enrichir avec l’acquisition, depuis les années Quatre-vingt, d’environ quatre cents autres pièces.
Dans l’Église post-conciliaire, on a vu émerger des orientations et des tendances qui manifestent des visions et des exigences différentes par rapport à la fonction et à la valeur des œuvres d’art sacré. La présence de plus en plus envahissante des images dans la vie quotidienne des individus – à travers la télévision, le cinéma et surtout, la publicité – a donné lieu à différentes réactions, par exemple la prédilection nostalgique pour l’imagerie saint-sulpicienne du dix-neuvième siècle (qui tend à multiplier des images dévotionnelles à travers des schémas figuratifs stéréotypés) ou, d’un autre côté, un fort rappel à une forme de culte dépourvu d’images figurées, à un silence figuratif qui serait, selon les rares partisans de ce courant, un témoignage efficace d’un christianisme attentif aux valeurs de la personne. À côté de ces orientations “passéistes” (la grande diffusion en Occident des icônes de l’Église russe ou grecque – qui est d’ailleurs accueillie sans enthousiasme dans certains milieux orthodoxes – doit elle-même être comprise, selon certains observateurs, comme une orientation nostalgique) il existe, à l’inverse, des tendances qui encouragent l’usage de tout instrument plus moderne de communication visuelle pour trandmettre le message chrétien.
Enfin il existe une large propension à ne commencer ni par une dialectique exacerbée entre le présent et le passé ni par une attitude d’opposition au monde contemporain déchristianisé. Dans les milieux qui ressentent cette urgence, on souhaite une rencontre profitable entre les communautés chrétiennes locales et les artistes les plus représentatifs de leurs cultures figuratives respectives et l’on soutient la mise en valeur de rapports avec des sculpteurs et des peintres qui seraient peut-être peu connus, mais qui partagent histoire et tradition avec les Églises locales.
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