LE SENS DU TRAVAIL DANS L’ANCIEN TESTAMENT
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LE SENS DU TRAVAIL DANS L’ANCIEN TESTAMENT
Maret Michel, Communauté du Cénacle au Pré-de-Sauges
Contrairement à un préjugé, le travail dans la bible est une valeur positive, il n’est pas la conséquence du péché : Dans le 2ème récit de la création, dans la Genèse, il est dit que « Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder ». (Gn 2, 15)
Plus encore, la présentation de la création en six jours, avec le repos le septième jour, fait un parallèle avec le cycle humain : 6 jours de travail, un jour de repos. L’homme créé à l’image de Dieu, reproduit dans son travail le schéma de la création divine. C’est une manière de dire que Dieu a voulu associer l’être humain à son œuvre de création. Autrement dit, l’homme est co-créateur en ce monde. Cette vocation co-créatrice du travail de l’être humain est exprimée encore à un autre endroit dans le texte de la Genèse : « Au temps où le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il n’y avait encore aucun arbuste des champs sur la terre et aucune herbe des champs n’avait encore poussé, car Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre et il n’y avait pas d’homme pour cultiver la terre. » (2, 4b)
Donc, ce n’est pas le travail qui est la conséquence du péché, mais la manière de le faire, la manière aliénante, violente, non respectueuse de la création. Et retrouver le jardin d’Eden, c’est peut-être retrouver cette harmonie originelle entre l’homme et la terre dont il a été tiré.
Ainsi, le travail dans la Bible est une valeur positive. Il est participation à l’action créatrice de Dieu, reflet de l’action du créateur. Selon le livre de la Genèse, le travail n’est pas une conséquence du péché. Mais dans le récit de la chute en Gn 3, la première conséquence pour Adam est une perturbation dans la manière de vivre le travail, une perturbation dans le rapport à la terre dont il a été tiré. « Parce que tu as mangé de l’arbre que je t’avais interdit de manger, maudit soit la terre à cause de toi. A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta vie. A la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes à la terre dont tu fus tiré. » (Gn 3, 17-19)
(On peut remarquer qu’aussi bien l’homme que la femme sont touchés, en ce qui concerne les conséquences de la faute originelle, dans un domaine qui a rapport à la vie : l’homme travaille pour vivre, la femme enfante la vie dans la douleur.)
Après la chute, le travail se vit dans la disharmonie avec la terre dont l’homme a été tiré, terre qui lui est maintenant hostile. Le travail, qui était participation à l’œuvre créatrice de Dieu, est vécu de manière aliénante, un lieu plutôt de décréation.
Encore aujourd’hui, le travail est un lieu majeur d’oppression de l’homme. Esclavage à peine camouflé, condition de travail inhumaines, même pour les enfants, violence, injustice, convoitise. Et lorsque l’être humain est son propre maître, il est encore un maître plus dur et plus impitoyable. Il est difficile pour l’homme de vivre le travail dans l’harmonie.
Il y a un lieu biblique qui exprime et concentre cette perversion du travail : la servitude du Peuple de Dieu en Égypte. Et en le libérant d’Égypte, Dieu montre qu’il ne veut pas que l’être humain soit ainsi aliéné dans son travail.
L’homme est appelé à la liberté. Il travaille pour vivre ; il ne doit pas vivre pour le travail, se laisser aliéner par lui. Le sabbat est précisément donné à l’homme pour le lui rappeler. Dans le Décalogue, dans le livre du Deutéronome, le commandement de faire sabbat est lié au fait que le peuple a été libéré d’Egypte : « Observe le jour du sabbat, comme te l’a demandé Yahvé ton Dieu. (…) Tu te souviendras que tu as été esclave en Egypte et que Yahvé ton Dieu t’en a fait sortir d’une main forte et d’un bras étendu : c’est pourquoi Yahvé ton Dieu t’a commandé de garder le sabbat. » (Dt 5, 12.15)
Pour retrouver cette harmonie, cette liberté dans le travail, pour qu’il soit vraiment collaboration à l’œuvre créatrice de Dieu, c’est un long chemin, un combat de chaque jour ; car il y a un maître impitoyable qui sans cesse nous harcèle et veut nous asservir.
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