COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 18 JANVIER – Samuel 3, 3b-10. 19

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COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 18 JANVIER

PREMIERE LECTURE – Premier Livre de Samuel 3, 3b-10. 19

En ces jours-là,
3 le jeune Samuel était couché dans le temple du SEIGNEUR à Silo ,
où se trouvait l’arche de Dieu.
4 Le SEIGNEUR appela Samuel, qui répondit :
« Me voici ! »
5 Il courut vers le prêtre Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. »
L’enfant alla se coucher.
6 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Eli répondit :
« Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »
7 Samuel ne connaissait pas encore le SEIGNEUR,
et la parole du SEIGNEUR ne lui avait pas encore été révélée.
8 De nouveau, le SEIGNEUR appela Samuel.
Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Eli, et il dit :
« Tu m’as appelé, me voici. »
Alors Eli comprit que c’était le SEIGNEUR qui appelait l’enfant,
9 et il lui dit :
« Va te recoucher,
et s’il t’appelle, tu diras :
Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute. »
Samuel alla se recoucher à sa place habituelle.
10 Le SEIGNEUR vint, il se tenait là
et il appela comme les autres fois :
« Samuel ! Samuel ! »
et Samuel répondit :
« Parle, ton serviteur écoute. »
19 Samuel grandit.
Le SEIGNEUR était avec lui,
et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.

DE LA VOCATION DE SAMUEL…
Il faut relire tout le début du premier livre de Samuel : c’est presque un roman, tellement l’histoire est belle… mais comme toujours, le texte biblique n’est pas là seulement pour l’anecdote ; il faut lire entre les lignes. On connaît l’histoire de Samuel ; c’est un enfant du miracle car sa maman, Anne, était désespérément stérile ; un jour de grand chagrin, elle a fait un voeu : si j’ai un fils, il sera consacré au service de Dieu. Et Samuel est né ; Anne, bien sûr, a tenu sa promesse et voilà l’enfant confié au vieux prêtre Eli qui est le gardien du sanctuaire de Silo (à ne pas confondre avec le prophète Elie qui a vécu beaucoup plus tard).
Où est Silo ? Ce n’est plus aujourd’hui qu’un petit hameau à une trentaine de kilomètres au Nord de Jérusalem ; mais ce fut un lieu de rassemblement important pour les tribus d’Israël pendant toute une période. Qui dit lieu de rassemblement à cette époque-là dit surtout lieu de culte : et c’est dans ce sanctuaire de Silo qu’un petit garçon, Samuel, reçoit vers 1050 av.J.C. sa vocation de prophète. A partir de là, il deviendra l’une des figures les plus marquantes de l’histoire d’Israël, le dernier des Juges. A tel point que plus tard, Jérémie l’a comparé à Moïse lui-même (Jr 15, 1) et le psaume 98/99 en fait autant : « Moïse et Aaron et Samuel faisaient appel au SEIGNEUR et il leur répondait » (Ps 98/99, 6).
Comme Moïse également, Samuel a été visiblement un chef à la fois spirituel et politique : on le voit exerçant une fonction de prêtre, chargé d’offrir les sacrifices, mais aussi rendant la justice ; c’est lui encore qui sera chargé de couronner les deux premiers rois d’Israël, Saül et David ; à ce titre, il a vécu lui-même et fait vivre au peuple d’Israël un véritable tournant de son histoire ; il joue sûrement (aussi) un rôle important à la cour : on le voit transmettre aux rois les décisions de Dieu, et dans ces occasions, il est présenté comme un véritable prophète.
Les deux phrases qui encadrent le récit de la vocation de Samuel insistent justement sur ce point ; les voici : le début du chapitre 3 précise : « La parole du SEIGNEUR était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante. » (1 S 3, 1). Et à la fin du récit, l’auteur conclut : « Samuel grandit. Le SEIGNEUR était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles sans effet. Tout Israël, de Dan à Béer-Shéva, sut que Samuel était accrédité comme prophète du SEIGNEUR. Le SEIGNEUR continua d’apparaître à Silo. Le SEIGNEUR, en effet, se révélait à Samuel, à Silo, par la parole du SEIGNEUR, et la parole du SEIGNEUR s’adressait à tout Israël. » (1 S 3, 21s).
Une telle insistance laisse penser que ce texte a été écrit à une époque où il était urgent de mettre le peuple en garde contre les faux prophètes, ceux qui se désignaient eux-mêmes au lieu de répondre à un appel de Dieu. Un vrai prophète, au contraire, c’est quelqu’un comme Samuel qui transmet au peuple toute la parole du Seigneur et seulement la parole du Seigneur. Peut-être l’auteur veut-il également raffermir la foi du peuple à une période difficile : en rappelant que même quand le Seigneur est silencieux, il ne nous oublie pas et son appel résonne… manière de dire : « La parole du SEIGNEUR était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante », eh bien justement c’est à ce moment de silence apparent que Dieu a appelé l’un de vos plus grands prophètes.
… A LA VOCATION DES BAPTISES
Enfin, bien sûr, ce récit nous propose un exemple pour le temps présent ; le récit de la vocation de Samuel est un modèle de réponse à l’appel de Dieu, un modèle d’acceptation d’une vocation prophétique. Voici donc quelques remarques sur la vocation de Samuel et à travers elle sur toute vocation prophétique ; on peut noter trois points :
Sur l’appel, d’abord : Samuel n’est encore qu’un enfant ; pas besoin d’être âgé, fort, puissant, compétent ! On retrouve une fois de plus le paradoxe habituel : c’est dans la faiblesse humaine que Dieu se manifeste.
Alors que Jérémie disait : « Ah, SEIGNEUR Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune ! » Dieu lui a répondu : « Ne dis pas je suis trop jeune !… N’aie peur de personne, car je suis avec toi pour te libérer » (Jr 1, 7).
A propos de l’appel encore, ce n’est pas Samuel qui a compris le premier qu’il était appelé par Dieu ; c’est le prêtre Eli. Il a su au bon moment aider Samuel à discerner la voix de Dieu.
Là aussi sans aucun doute, l’auteur de ce texte propose un exemple à suivre : Eli s’efface ; il n’interfère pas dans ce qu’il reconnaît comme une initiative de Dieu ; il éclaire l’enfant et lui permet de répondre à l’appel.
Sur la réponse enfin : elle est bien simple ! « Me voici » répété quatre fois et enfin « Parle, SEIGNEUR, ton serviteur écoute ». Elle est le reflet de la totale disponibilité, la seule chose que Dieu recherche pour poursuivre son projet d’alliance avec l’humanité. La dernière phrase de ce texte est encore une leçon pour chacun d’entre nous. « Samuel grandit, le SEIGNEUR était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. » Dans le cadre de notre vocation propre, nous sommes assurés à chaque instant de la présence et de la force de Dieu.
Enfin, il est vrai, et c’est presque une vérité de La Palice, que Samuel a pu répondre à l’appel parce qu’il l’a entendu ! Et il l’a entendu parce qu’il était dans le sanctuaire : Anne, sa mère, l’y avait conduit et Eli prenait soin de lui. Peut-être faut-il se donner et donner à ceux dont nous avons la charge des occasions de franchir les portes des sanctuaires pour y entendre l’appel de Dieu ?

 

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