Archive pour le 13 janvier, 2015

The earliest crucifixion in an illuminated manuscript, from the Syriac Rabbula Gospels, 586

13 janvier, 2015

 The earliest crucifixion in an illuminated manuscript, from the Syriac Rabbula Gospels, 586  dans images sacrée 1280px-Meister_des_Rabula-Evangeliums_002

http://en.wikipedia.org/wiki/Crucifixion_in_the_arts

IL NE ME SUFFIT PAS D’AIMER DIEU, SI MON PROCHAIN NE L’AIME PAS DE MÊME – ST VINCENT DE PAUL

13 janvier, 2015

http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010821_vincenzo-paoli_fr.html

IL NE ME SUFFIT PAS D’AIMER DIEU, SI MON PROCHAIN NE L’AIME PAS DE MÊME – ST VINCENT DE PAUL

« Notre vocation est d’aller enflammer le coeur des hommes,de faire ce que fit le Fils de Dieu, Lui qui vint porter le feu dans le monde pour l’enflammer de son amour. Que pouvons-nous désirer d’autre sinon qu’il brûle et consume tout?

Il est donc vrai que je suis envoyé non seulement pour aimer Dieu, mais pour le faire aimer.

Il ne me suffit pas d’aimer Dieu, si mon prochain ne l’aime pas de même. Je dois aimer mon prochain, fait à l’image de Dieu et objet de son amour, et tout faire, pour qu’à leur tour, les hommes aiment leur Créateur qui les reconnaît et les considère comme ses frères, qu’il a sauvés; et faire en sorte que, par la charité réciproque, ils s’aiment les uns les autres par amour de Dieu, qui les a aimés jusqu’à abandonner à la mort son propre Fils pour eux. C’est cela mon devoir.
Et bien, s’il est vrai que nous sommes appelés à porter au loin et à proximité l’amour de Dieu, que nous devons en enflammer les nations, si notre vocation est d’aller répandre ce feu divin dans le monde entier, s’il en est ainsi, dis-je, s’il en est vraiment ainsi, mes frères, combien me faut-il moi-même brûler de ce feu divin!
Comment donner la charité aux autres, si nous ne l’avons pas entre nous? Observons si nous l’avons, non pas en général, mais si chacun l’a en soi, s’il l’a à la mesure nécessaire; parce que si elle n’est brûlante en nous, si nous ne nous aimons pas les uns les autres comme Jésus Christ nous a aimés et si nous n’accomplissons pas d’actes semblables aux siens, comment pourrions-nous espérer diffuser un tel amour sur toute la terre? Il n’est pas possible de donner ce que l’on n’a pas.
Le devoir de la charité consiste précisément à faire aux autres ce que l’on voudrait raisonnablement qu’ils nous fassent. Est-ce que je fais vraiment pour mon prochain ce que je voudrais qu’il me fasse?
Observons le Fils de Dieu. Il n’y a que Notre Seigneur, qui soit si épris de l’amour pour les créatures qu’Il a laissé le trône de son Père, pour venir prendre un corps soumis à l’infirmité.
Et pourquoi cela? Pour établir entre nous, par sa parole et son exemple, la charité prochain. C’est cet amour qui l’a crucifié et a accompli l’oeuvre admirable de notre rédemption.
Si nous avions un peu de cet amour, resterions-nous les bras croisés? Oh! non, la charité ne peut pas rester désoeuvrée, elle nous pousse à procurer le salut et le soulagement aux autres. »

De “Conférence aux Prêtres de la Mission” de St Vincent de Paul (Conférence 207).

Prière
O Sauveur, qui nous a donné pour loi d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, toi qui l’a exercée si parfaitement envers les hommes, sois Toi-même, Seigneur, ton remerciement éternel.
O Sauveur, que je suis fortuné d’être en disposition d’amour envers le prochain! Accorde-moi la grâce de reconnaître ma chance, d’aimer cette heureuse disposition, et de pouvoir contribuer à ce que cette vertu se manifeste maintenant, demain et toujours. Amen. (de St. Vincent de Paul)

 

AIMER SON PROCHAIN? AIMER SES ENNEMIS?

13 janvier, 2015

http://home.scarlet.be/amdg/pn/pn99-3d.html

AIMER SON PROCHAIN? AIMER SES ENNEMIS?

Un prochain différent

Au risque d’énoncer une énorme évidence, je dirai que ce qui est le plus insupportable dans le prochain, c’est d’abord qu’il soit différent de moi. Si je voulais aller au fond de ce que je pense vraiment, je devrais bien l’avoue, il n’y a d’intéressant à mes yeux que moi-même; je ne fais qu’un avec moi-même; je suis à moi-même mon milieu naturel le plus immédiat, et lorsque je porte le regard autour de moi, c’est moi-même à n’en pas douter que je veux y retrouver: je n’admets, tout compte fait, que ce qui m’apparaît comme un prolongement de mon propre moi.
C’est déjà merveille que dans de nombreuses occasions l’amour s’éveille spontanément entre des êtres humains: l’amour des gens mariés, l’amour des parents pour leurs enfants, l’amour d’un maître pour son disciple. Mais, à y regarder de près, et loin de toute illusion, ces formes en apparence les plus désintéressées de l’amour sont parfois entachées par le fait que dans le penchant même qui nous porte vers les autres, c’est encore et toujours nous-mêmes que nous recherchons.
Ainsi, combien de fois l’amour des époux ne souffre-t-il pas de ce que, dans leur conjoint, ce n’est qu’une extension d’eux-mêmes qu’ils veulent retrouver? De jeunes mariés se réjouissent, par exemple, de ce qu’ils ne peuvent se passer l’un de l’autre, de ce que leurs sorties sont communes, de ce que les mêmes goûts les unissent. C’est fort beau; peut-être même est-ce touchant. Mais ce n’est là encore qu’une forme inférieure de l’amour, où l’autre ne m’apparaît
que comme le miroir qui me renvoie ma propre image. Il faudra souvent de longues années, et bien des conflits, pour que l’amour de deux époux devienne à ce point profond et calme que chacun laisse exister l’autre dans ce qu’il a de différent, voire d’opposé, et, pour tout dire, dans cette qualité d’étranger dont un être humain ne cesse jamais de porter la marque vis-à-vis d’un autre.
Il en va de même de l’amour spontané des parents à l’égard de leurs enfants. De quels dévouements, de quels renoncements les parents ne sont-ils pas capables en faveur de leurs enfants tant que ceux-ci se trouvent sous leur dépendance? Mais quand vient le moment où les premiers signes de l’autonomie se manifestent chez eux, combien de parents, sans abdiquer d’ailleurs leurs responsabilités, sont capables de comprendre ces éveils subits de la liberté? Combien de parents ne cèdent pas alors à la tentation de vouloir que leurs enfants leur présentent, dans leurs tendances et dans leur choix de vie, la copie conforme de ce qu’eux-mêmes sont ou ont été?
Et on pourrait en dire autant d’un maître dans son rapport à son disciple: il lui sera parfois bien difficile d’admettre que celui-ci s’engage dans d’autres voies que celles qu’il lui aura inculquées.
Le Père Teilhard de Chardin, ce savant qu’il serait difficile de taxer de pessimisme, écrit dans son livre intitulé Le Milieu divin: « Mon Dieu, je vous l’avoue, j’ai bien longtemps et, et je suis encore, hélas, réfractaire à l’amour du prochain… Ce qui, dans l’Univers, est au-dessus ou au-dessous de moi…, je l’intègre facilement dans ma vie intérieure: la matière, les plantes, les animaux, et puis les Puissances, les Dominations, les Anges, – je les accepte sans peine. Mais ‘l’autre’, mon Dieu, non pas seulement le pauvre, le boiteux, le tordu, l’hébété…., mais l’autre simplement, l’autre tout court – celui qui par son Univers en apparence fermé au mien semble vivre indépendamment de moi… – serais-je sincère si je vous disais que ma réaction instinctive est de le repousser…?1.i

Un prochain proche
Il n’est donc pas naturel d’aimer son prochain pour cette première raison que nous venons de voir, et qui est tout simplement qu’il est différent de nous.
Il n’est pas naturel non plus d’aimer son prochain dans la mesure, précisément, où il est proche de nous. Dans son roman Les frères Karamazov, Dostoievski met dans la bouche d’lvan Karamazov ces paroles qu’il adresse a son frère Aliocha: « Je dois t’avouer une chose… Je n’ai jamais pu comprendre comment on peut aimer son prochain. C’est précisément, à mon idée, le prochain qu’on ne peut aimer: du moins ne peut-on l’aimer qu’à distance ». Et Ivan ajoute ce propos terrible: « J’ai 1u quelque part, à propos d’un saint, ‘Jean le Miséricordieux’, qu’un passant affamé et transi vint un jour le supplier de le réchauffer: le saint se coucha sur lui, le prit dans ses bras et se mit à insuffler son haleine dans la bouche purulente du malheureux, infectée une horrible maladie. Je suis persuadé qu’il fit cela avec effort, en se mentant à lui-même, dans un sentiment d’amour dicté par le devoir, et par esprit de pénitence. Il faut qu’un homme soit caché pour qu’on puisse l’aimer: dès qu’il montre son visage, l’amour disparaît » 2.
C’est à moi que vous l’avez fait…
On dira peut-être que de telles considérations ne sont guère optimistes. Ne seraient-elles pas simplement réalistes? Lorsque dans l’Ancien Testament déjà, au Livre du Lévitique, nous lisons ce précepte: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lv 19, 18), nous devons bien . avouer que ce commandement se situe à la limite du possible. « …comme toi-même… »: il nous faut tenter de réaliser avec précision à quel arrachement de nous-mêmes une telle exigence peut nous conduire; car le prochain, redisons-le, n’est pas toujours de soi immédiatement aimable.
Comme on pouvait s’y attendre, Jésus n’apporte aucune restriction à ce précepte de l’Ancien Testament. Au contraire. Un scribe s’approche de lui pour lui demander quel est le premier de tous les commandements. Le premier, lui répond-il, le voici: Ecoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute
ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Mais à ce premier commandement, Jésus en accole immédiatement un second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Et il ajoute:
Il a n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là (Mc 12, 28-32). Un commandement un et double, donc: l’amour de Dieu est inséparable de celui du prochain. Pas question d’oser dire qu’on aime Dieu si l’on n’aime pas aussi les autres comme soi-même. Comme soi-même,
toujours …
Saint Jean, dans sa première épître, renforcera encore le lien entre ces deux amours: l’un ne peut aller sans l’autre. Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. Et voici le commandement que nous avons reçu de lui: celui qui aime Dieu, qu’ ’il aime aussi son frère. (1 Jn 4 , 20-21).
Mais pourquoi ce caractère indissociable des deux amours? Il tient en fait à la volonté qu’a eue Jésus de s’identifier à nous. Chacun de nos frères, si étranger qu’il nous paraisse? c’est lui, Jésus. Les « justes » (en sommes-nous?), lorsque le Roi; viendra dans sa gloire et qu’il leur donnera en héritage le royaume préparé pour eux depuis la création du monde, s’étonneront de ce que cet héritage leur revienne. Mais, leur répondra le Fils de l’homme, il vous revient parce que chaque fois que vous aurez fait du bien à votre prochain, à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 34-40).
Et si l’on veut comprendre le fin fond des exigences de Jésus au sujet du prochain ainsi que l’identification qu’il établit entre ce prochain et lui-même, il faut remonter jusqu’à l’amour dont lui, le Fils fait homme, a donné la preuve à notre égard. dans la situation désespérée où nous nous trouvions. Car, alors que nous n’étions encore capables de rien, écrit saint Paul, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions. – Accepter de mourir pour un homme de bien, c’est déjà difficile: peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien.- Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs (Rm 5, 6-8).
On ne peut aller plus loin. Le Christ nous a aimés jusqu’à la mort, nous, pécheurs séparés de lui. C’est dans cet amour qui vient du plus haut qui soit que s’inscrit l’amour du prochain auquel il a voulu, comme à nous, s’identifier.
Aimer ses ennemis?
Mais Jésus va plus loin encore. Dans le prochain à aimer, il inclut l’ennemi. Il fallait s’y attendre: Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les coupables que nous étions… Alors…
Soit, mais il n’y a là plus rien de « naturel ». Il faut bien en convenir. Voici que quelqu’un nous gifle, par exemple. Nikita Khrouchtchev, l’homme d’Etat soviétique bien connu de la fin des années cinquante et du début des années soixante, disait un jour que, si par hasard quelqu’un en venait à le gifler, il lui rendrait une gifle telle que sa tête volerait en éclats. Voilà la façon naturelle d’agir. Or Jésus, lui, nous dit: Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui
encore l’autre (Mt 5, 39). Mais où va le sentiment bien légitime de la dignité personnelle si l’on capitule de la sorte? Et Jésus donne encore un autre exemple: Si quelqu’un veut te faire un procès et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau (Mt 5. 40). Il faut savoir que la tunique, c’est. chez les Anciens,. le vêtement dont on ne peut absolument se passer. C’est le vêtement qu’on enlève à quelqu’un au moment où on le vend comme esclave: nus voyons ainsi les frères de Joseph. dans le Livre de la Genèse (Gn 27, 31-37), lui ôter sa tunique pour le livrer aux marchands madianites. Celui qui me réclame ma tunique va donc vraiment trop loin. C’est un ennemi. Eh bien, dit Jésus, il faut le laisser aller plus loin encore en lui cédant même son manteau, le manteau qui est l’habit indispensable dont on se sert pour se couvrir la nuit.
Vraiment, de telles exigences de la part de Jésus ne sont pas naturelles, et elle constituent sans aucun doute une menace pour le bon sens le plus élémentaire. Mais voilà, être chrétien, l’être à la manière de Jésus qui, lorsqu’on l’a crucifié, a abandonné ses vêlements tout en pardonnant à ses bourreaux, c’est littéralement ne pas être dans son bon sens. Un chrétien ne peut apparaître, aux yeux du monde, que comme un anormal. Il est dans le monde, mais ii n’est pas du monde, et c’est pourquoi le monde ne peut que le prendre en haine (Jn 17, 11-17). Un chrétien qui l’est vraiment procède de la folie de l’amour divin. Dieu construit pour lui une demeure dans les cieux (2 Co 5, 1) et, tout en demeurant sur la terre, le chrétien y répand cette folie qui est la bonne odeur du Christ (2 Co 15).
Beaucoup de chrétiens, et nous en faisons peut-être partie, ne sont pas encore prêts à suivre Jésus dans une telle aventure. Seuls les saints risquent le tout pour le tout. Il est vrai que pour ce faire ils ont renoncé à toute mesure humaine.

Chanoine Jean LEONARD,
Notes:
1 Seuil, Paris, 1975, pp. 184-185.
2 Coll. La Pléiade, Gallimard, Paris, 1952, pp. 256.

(article reposté avec l’aimable autorisation de la rédaction)
Pâque Nouvelle est une revue trimestriele de formation catholique-romaine.
Le rédacteur en chef est le chanoine M. Dangoisse (professeur au Grand Séminaire à Namur et à l’école de la Foi du diocèse de Namur-Luxembourg, doyen des chanoines du diocèse)