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9 janvier, 2015La liberté sera toujours plus forte que la barbarie. Notre meilleure arme, c’est notre unité.
La liberté sera toujours plus forte que la barbarie. Notre meilleure arme, c’est notre unité.
COMMENTAIRES DE MARIE NOËLLE THABUT, 11 JANVIER – BAPTÊME DU SEIGNEUR – ISAÏE 55, 1 – 11
PREMIERE LECTURE – LIVRE DU PROPHÈTE ISAÏE 55, 1 – 11
Ainsi parle le Seigneur :
1 Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau !
Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer,
venez acheter du vin et du lait sans argent, sans rien payer.
2 Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas,
vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ?
Ecoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses,
vous vous régalerez de viandes savoureuses !
3 Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Ecoutez, et vous vivrez.
Je m’engagerai avec vous par une alliance éternelle :
ce sont les bienfaits garantis à David.
4 Lui, j’en ai fait un témoin pour les peuples,
pour les peuples, un guide et un chef.
5 Toi, tu appelleras une nation inconnue de toi ;
une nation qui ne te connaît pas accourra vers toi,
à cause du SEIGNEUR ton Dieu,
à cause du Saint d’Israël, car il fait ta splendeur.
6 Cherchez le SEIGNEUR tant qu’il se laisse trouver ;
invoquez-le tant qu’il est proche.
7 Que le méchant abandonne son chemin,
et l’homme perfide, ses pensées !
Qu’il revienne vers le SEIGNEUR, qui lui montrera sa miséricorde,
vers notre Dieu, qui est riche en pardon.
8 Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et vos chemins ne sont pas mes chemins,
- oracle du SEIGNEUR.
9 Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre,
autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins,
et mes pensées, au-dessus de vos pensées.
10 La pluie et la neige qui descendent des cieux
n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre,
sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer,
donnant la semence au semeur
et le pain à celui qui doit manger ;
11 ainsi ma parole, qui sort de ma bouche,
ne me reviendra pas sans résultat,
sans avoir fait ce qui me plaît,
sans avoir accompli sa mission.
UNE ETONNANTE REVELATION
Vous avez entendu au milieu de ce texte la petite phrase « oracle du SEIGNEUR ». Quand un prophète l’emploie, c’est toujours pour signaler une révélation importante ou difficile à accepter : une sorte de précaution, en somme. De quoi s’agit-il ici ?
« Mes pensées ne sont pas vos pensées, dit Dieu… Vos chemins ne sont pas mes chemins »… et l’image utilisée par Isaïe est forte : « Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » Il est bien vrai que les cieux sont hauts par rapport à la terre. Eh bien les pensées de Dieu sont aussi loin des nôtres, paraît-il !
Si je comprends bien, pour nous ajuster aux pensées de Dieu, il va falloir opérer une véritable révolution de nos pensées spontanées. Pour nous y préparer, Isaïe a commencé par un petit discours un peu surprenant : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer ». C’est un discours sur la gratuité. Le prophète, ici, cherche à nous faire comprendre que notre relation avec Dieu n’est pas de l’ordre du commerce, du calcul, du donnant-donnant ; et il continue : « Que le méchant abandonne son chemin, que l’homme pervers abandonne ses pensées ! Qu’il revienne vers le SEIGNEUR, qui aura pitié de lui, vers notre Dieu, qui est riche en pardon. CAR mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins ». Ce petit mot « Car » nous dit en quoi consiste cette si grande distance qui nous sépare de Dieu, qui sépare nos pensées de ses pensées : Lui, il a pitié, Lui, il est riche en pardon.
Au fond, cela ne devrait pas nous étonner, puisque, comme dit Saint Jean, Dieu est Amour ; et donc, Il est sur le registre de la gratuité, on dit « la grâce ».
CHANGER DE REGISTRE
Nous, nous sommes parfois sur le registre du calcul, du donnant-donnant. Nous voulons que les bons soient récompensés et les méchants punis. Nous calculons nos mérites et ceux des autres à notre égard ; nous disons « je ne mérite pas » le pardon de Dieu, ou celui qui m’a offensé ne « mérite » ni mon pardon ni celui de Dieu ; sans nous apercevoir qu’en disant cela, c’est comme si nous calculions à la place de Dieu !
Dieu, lui, ne demande à personne de mériter quoi que ce soit ! « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes », comme dit Jésus dans le sermon sur la montagne (Mt 5, 45). Nous parlons de « gagner » notre ciel, Lui, nous propose de vivre une relation d’amour, donc gratuite par définition.
Et c’est pour cela qu’Isaïe insiste tellement dans le début de ce texte sur la gratuité : « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. »
Et voilà la révolution de la pensée qui nous est demandée : Isaïe nous invite à emprunter à notre tour ce chemin-là, ces pensées-là, de gratuité, de pitié, de pardon. Pourquoi ne pas admettre une fois pour toutes que nous sommes sans argent (je veux dire sans titres à faire valoir) devant Dieu et qu’il n’attend de nous qu’un coeur offert, une « oreille ouverte » : « Ecoutez et vous vivrez », dit Isaïe.
Vous allez peut-être me dire : « si nous n’avons pas besoin de gagner des mérites, alors nous allons nous conduire n’importe comment … » Je ne le crois pas du tout ; le jour où nous serons vraiment convaincus, et donc éblouis de l’amour de Dieu, alors notre coeur changera et nous commencerons à lui ressembler : le feu prendra et nous entrerons petit à petit dans le registre de la gratuité.
Notre Eglise a une tâche redoutable, il me semble : elle est une institution humaine, elle vit dans une société bâtie sur le commerce plus que sur le service ; et c’est au coeur même de cette société qu’elle doit faire germer le royaume de la gratuité. Notre mission de baptisés, c’est de témoigner au milieu des hommes non pas d’un AILLEURS, mais d’un AUTREMENT.
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Complément
« Cherchez le SEIGNEUR tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche » : là, malheureusement, notre traduction risque de nous induire en erreur ; la conjonction traduite ici par « tant que » veut dire également « puisque » ; il faut comprendre « Cherchez le SEIGNEUR puisqu’il se laisse trouver. Invoquez-le puisqu’il est proche. » Et rien d’autre ne nous est demandé parce qu’avec Lui, tout est gratuit. Seulement, voilà, nos chemins sont si éloignés des siens que nous risquons de faire un contresens ; pourtant, il n’existe pas de temps où Dieu ne se laisserait pas trouver, il n’existe pas de temps où Dieu ne serait pas proche !
http://www.homelies.fr/homelie,,4076.html
HOMÉLIE – BAPTÊME DU SEIGNEUR – DIMANCHE 11 JANVIER 2015
Nous célébrons aujourd’hui la première manifestation publique de Jésus ; nous pourrions dire son entrée dans la vie publique. Pourtant la solennité du baptême du Seigneur appartient encore au temps de Noël. Certes c’est un adulte qui descend dans le Jourdain : trente ans se sont écoulés depuis les événements de Bethléem. Mais avant de clore ce temps liturgique, l’Eglise veut compléter la révélation de l’identité de celui que les bergers et l’étoile désignaient comme le Messie. Aujourd’hui, le Père le reconnaît comme son Fils. La tradition orientale ajoutera même le miracle de Cana, où Jésus « manifeste – pour la première fois – sa gloire » (Jn 2, 11), et se révèle comme l’Epoux de l’humanité rachetée.
« Jésus arrive de Galilée » c’est-à-dire d’une terre semi-païenne aux yeux de l’orthodoxie. Ce qui s’annonçait par la visite des mages, commence à se réaliser concrètement : certes, « le salut vient des juifs » (Jn 4, 22), mais le Christ de Dieu est solidaire de tous les hommes ; il est venu « rassembler dans l’unité tous les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52).
L’évangéliste est discret sur le baptême en lui-même. Toute l’attention se porte plutôt sur ce qui se passe au moment où Notre-Seigneur « sort de l’eau ». Jésus « voit le ciel se déchirer et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe ». Saint Marc suggère que Notre-Seigneur est le seul à avoir vu l’Esprit, vision dont il a dû témoigner par la suite auprès des Apôtres. Par contre tous les assistants ont pu entendre la voix qui du ciel se fit entendre, et qui en s’adressant à Jésus, révèle son identité : « C’est toi mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai mis tout mon amour ». Le baptême de Jésus se situe bien dans le prolongement de l’épiphanie que nous avons célébrée hier : comme à la crèche avec les mages, ou comme à Cana avec la transformation de l’eau en vin, quelque chose de décisif nous est manifesté de l’identité de Jésus, et cette fois par l’action de l’Esprit et par la voix du Père lui-même. Certes c’est à son Fils que le Père s’adresse, mais le caractère public de ce dialogue d’amour trahit son intention : manifester aux yeux de tous celui dont Dieu « a fait un témoin pour les nations, un guide et un chef pour les peuples » (1ère lect.).
Saint Jean pour sa part annonce trois témoins : « l’Esprit, l’eau et le sang, qui tous trois se rejoignent en un seul témoignage » (2nd lect.). Au baptême, ils ne sont encore que deux à témoigner : l’eau et l’Esprit ; ou plutôt l’Esprit reposant sur les eaux, « couvant » la création nouvelle (cf. Gn 1, 1) qui surgit du Jourdain en la personne du Christ. Au Golgotha Jésus témoignera lui-même, en versant son « sang » (troisième témoin) pour nous, c’est-à-dire en descendant dans notre mort afin que nous puissions vivre de sa vie. Nous retrouvons d’ailleurs les trois témoins au pied de la Croix : Jésus « remet l’Esprit » (Jn 19, 30), un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; « et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau » (Jn 19, 34). Ce triple témoignage, c’est celui que « Dieu lui-même rend à son Fils » (2nd lect.), afin que nous croyions « que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu », et qu’ainsi nous soyons « vainqueur du monde », en étant « vraiment né de Dieu » (Ibid.).
Pourquoi l’Esprit devait-il descendre sur Jésus au Jourdain ? N’était-il pas le Fils bien-aimé depuis toute éternité ? Certes, confirme Saint Cyrille d’Alexandrie, Notre-Seigneur « est le Fils de Dieu le Père, engendré de sa substance, et cela avant l’incarnation et avant tous les siècles ». Le baptême n’ajoute rien à la filiation divine du Verbe incarné, mais il est la confirmation de cette filiation pour la conscience humaine de Jésus. Comme le précise encore saint Cyrille : « Si l’on dit que le Christ a reçu l’Esprit Saint, c’est en tant qu’il s’est fait homme et en tant qu’il convenait à l’homme de le recevoir ». Pour le dire autrement avec Saint Irénée : « En Jésus, l’Esprit Saint s’habituait à demeurer en l’homme et à se reposer parmi les hommes ». C’est donc pour nous que Jésus s’immerge aujourd’hui dans les eaux du Jourdain et dans les grandes eaux de la mort, afin de nous ressusciter avec lui dans la puissance de l’Esprit que le Père envoie sur tous ceux qui par la foi, entrent dans « l’Alliance nouvelle et éternelle » (1ère lect.) qu’il a scellée avec nous dans le sang de l’Agneau, et qu’il renouvelle pour nous à chaque Eucharistie.
« Seigneur nous le croyons : ta Parole, qui sort de ta bouche, ne t’est pas revenue sans résultat ; elle a pleinement accompli sa mission : elle a abreuvé notre terre de la rosée de l’Esprit Saint, elle l’a fécondée et fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain eucharistique à ceux qui croient en toi. Accorde-nous de te chercher, car tu te laisses trouver ; de t’invoquer, car tu t’es fait proche. Nous voulons abandonner nos chemins de perversion et revenir vers toi Seigneur, car tu as pitié de nous et tu es riche en pardon” (cf. 1ère lect.). Nous pourrons alors “te rendre grâce et proclamer ton nom ; jubiler et crier de joie, car tu es grand au milieu de nous, Saint d’Israël” (Ct Is) ».
Père Joseph-Marie