LE BONHEUR… À LA MANIÈRE DE JÉSUS

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LE BONHEUR… À LA MANIÈRE DE JÉSUS

Introduction
Dans la vie de chaque jour
Le bonheur, annoncé dans les béatitudes
Le bonheur, chemin de Dieu
Temps d’intégration

Introduction
Le bonheur ! Le mot lui-même fait rêver…! La plupart des téléromans au petit écran, les films au cinéma, les romans… sont construits autour de ce rêve de bonheur… Le bonheur : toujours recherché, jamais pleinement possédé… Parfois, il nous apparaît comme trop grand pour nous, ou trop étroit, d’autres fois nous sentons qu’il nous irait comme un gant. Nous pleurons sur lui quand nous l’avons perdu, nous l’espérons quand nous ne l’avons plus…
Certains disent le bonheur inaccessible, et pourtant que de gens avouent l’avoir rencontré ! Le bonheur ! Pas facile à définir tellement il est fait d’ingrédients divers. Mais une chose est sûre : tous, nous cherchons à être heureux… tous nous avons soif de bonheur. L’idée de bonheur nous aide à traverser le désert de la vie ?
Le bonheur est-il une chimère ? Le bonheur est-ce une chose à obtenir, ou un don à accueillir ? Écoutons-nous parler… On parle volontiers du bonheur comme s’il était derrière nous ou devant nous, mais souvent c’est tout près de nous qu’il est… Il aime marcher à nos côtés, sans se faire voir, sans dire un mot.
Et si le bonheur était à l’intérieur de nous ? Il y a de petits et de grands bonheurs, comme de petites et de grandes joies. Savoir discerner et savourer les petits bonheurs prépare à l’accueil des grands. Il se pourrait même que le plus grand bonheur ne soit formé que d’une multitude de petits.

Dans la vie de chaque jour
L’expérience nous apprend que dans la vie de chaque jour, bonheur et malheur cohabitent. Notre vie est faite d’ombre et de lumière, de progrès et de recul; de jours heureux et de jours moins heureux… L’œil et le cœur semblent moins sensibles au bonheur qu’au malheur. Cette attitude est la source de beaucoup de nos tristesses, de nos mélancolies, de nos insatisfactions.
Notre malheur, c’est de ne pas voir nos petits bonheurs… < La pire tentation, a écrit Jean Bastaire, est de désespérer du BONHEUR.> (Paraboles d’Orient et d’Occident). La pire tentation pourrait être aussi de ne pas voir le bonheur qui est déjà dans notre maison. Tagore écrit : « Ne va pas au jardin des fleurs, (bonheur) mon ami, … en toi est le jardin des fleurs…du Bonheur … » Nous n’avons pas à nous déplacer très loin… le bonheur prend racine au-dedans… Robert Lebel chante : « Je te cherchais dehors tu étais au-dedans…» Nous avons à redécouvrir les voies d’accès au bonheur…
Si le malheur a ses prophètes – et ils sont nombreux – le bonheur doit pouvoir compter sur ses prophètes de bonheur. Ce serait une grâce pour l’humanité entière, qui a besoin d’air frais, de lumière et d’espérance. Le bonheur est une aspiration profonde de tout être humain, un désir vital de la personne, le grand besoin de notre cœur… Sommes-nous condamnés au malheur ou promis au bonheur ? Ce bonheur est-il pour aujourd’hui ou pour demain ? Sommes-nous convaincus que Dieu nous veut heureuses…heureux…? Et si c’était Dieu lui-même qui avait chevillé, ancré bien solidement ce désir, ce besoin de bonheur ! Et s’il avait quelque chose à nous dire à ce propos…! Dieu ne veut pas que tous les jours de notre vie soient des Vendredis Saints… même si nous avons la possibilité de passer du Vendredi Saint ou jour de Pâques …

De quoi est-il fait ?
Mais de quoi est-il fait, ce bonheur ? En regardant le monde dans lequel nous vivons, cette question demeure actuelle, elle est peut-être plus pressante en ces temps d’inflation, de chômage, d’incertitude politique, d’inquiétude au sujet de l’avenir de nos ressources de toutes sortes, des tensions internationales etc. … Le bonheur, en ces temps modernes, est mis à rude épreuve …
Les propositions « de bonheur éphémère » ne manquent pas. Chaque jour nous sommes sollicitées par des « marchands de bonheur » qui prétendent combler tous nos désirs (publicité, consommation, voiture performante, voyage dans le sud, gros lot… etc.) Le bonheur, proclamé par la publicité, se réduit souvent à l’argent, à l’accumulation de biens, à la recherche de prestige, d’influence.

Le bonheur des Béatitudes
Nous savons très bien que le bonheur, dont il est question dans le texte évangélique des béatitudes, ne correspond pas à la vision du bonheur véhiculée et étalée dans toutes les formes de propagandes modernes caractérisées par l’absence de souffrances, de problèmes etc.… Le bonheur des béatitudes n’exclut pas nécessairement la souffrance et la privation.
Si nous nous questionnons sur le bonheur, d’autres avant nous l’ont fait : entre autre, l’auteur du psaume 4,7 s’interroge « Qui nous fera voir le bonheur ». Dans le livre des Lamentations 3, 17 « Je ne sais plus ce qu’est le bonheur ». Et dans Job 7,7 « Ma vie est une corvée… le soir n’en finit pas… mes yeux ne verront plus le bonheur »
Les béatitudes nous présentent le bonheur, à la manière de Jésus, comme une forme de félicitations qui suppose la constatation d’un bonheur déjà réalisé ou entrain de se réaliser.
Les béatitudes selon Luc et Matthieu viennent de plus loin que les Évangiles. Elles plongent leurs racines dans l’Ancien Testament. À travers toute la Bible , on compte une cinquantaine de ces béatitudes, dont vingt-cinq pour le seul livre des psaumes.

En voici quelques-unes:
- Ps 1er « Heureux l’homme qui ne prend pas le parti des méchants »
- Ps 83 ou 84, 5-6 « Heureux les habitants de ta maison, ils te loueront sans cesse »
« Heureux les hommes dont la force est en toi, Seigneur »
- Ps 94,7 « Heureux l’homme que tu corriges… »
- Ps 106, 3 « Heureux ceux qui observent tes commandements… »
- Ps 112, 1 « Heureux l’homme qui s’appuie sur le Seigneur… »

La réalité
La réalité de ces proclamations de BONHEUR ne sont pas nécessairement vécues dans le monde présent mais dans le monde à venir… (Cf. Texte des béatitudes). La prière de Jésus était nourrie de ces psaumes, proclamant le bonheur; et naturellement, à l’occasion de ses rencontres et prédications, selon l’inspiration, il en créait d’autres. S’adressant à ses disciples il leur dit : « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez… » (Lc 10,23). Et lorsque cette femme du peuple, elle-même nourrie d’Ancien Testament, s’exprime dans le langage des béatitudes: « Heureuses les entrailles qui t’ont porté et les seins qui t’ont nourri » (Lc 11,27). Jésus reprend en employant le présent : « Heureux plutôt ceux et celles qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent » (Lc 11,28), à Thomas… « Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. » (Jn 20,29)
Et encore, après Jésus, les béatitudes ont continué à fleurir jusqu’à nous : « Heureux les invités au repas du Seigneur » Jésus en nous présentant le programme des béatitudes a répondu à cette question que les personnes de tous les temps et de tous les âges se posent : « Qui nous fera voir le bonheur ? » Remarquez le pronom QUI (personne) employé par le psalmiste et non le pronom QUOI (chose). Jésus nous a donné la façon, les moyens, selon Lui, de réussir sa vie, de posséder le bonheur pour que notre vie et notre existence humaine aient un sens.
En disant « Heureux » Jésus constate et proclame le bonheur de la personne… que la béatitude décrit. N’oublions pas qu’au coeur de la vie de Jésus, au coeur de son message et de ses gestes, il y a la personne. Pour Jésus la personne passe avant tout, avant la loi, avant les institutions : la personne est sacrée. Les béatitudes ne se comprennent qu’à partir de ce centre – qu’est la personne -. Rappelons-nous que Jésus, nouveau Moïse, en gravissant la montagne, proclame la Loi nouvelle. La béatitude est une déclaration de bonheur dans le présent, (le Royaume des cieux est à eux) ou en raison de l’avenir (car ils auront la terre en héritage).

Le bonheur, annoncé dans les béatitudes
Le bonheur provient de la certitude : que la personne est bénéficiaire de la présence amoureuse de Dieu; mais aussi de la promesse que la personne est pleinement comblée lors de la réalisation totale et définitive de ce Royaume. Le bonheur, annoncé dans les béatitudes, est une véritable joie, parce que fondée sur une foi;
- en l’accompagnement bienveillant de Dieu;
- et sur une espérance en la pleine réception des biens du Royaume.
Cette joie résulte d’un état d’harmonie avec Dieu, avec les autres et avec soi-même. Mon bonheur je le fais – je ne l’attends pas des autres… ni de Dieu que j’accuse parfois… Je suis « équipée » pour vivre heureux, heureuse.
En Matthieu, les béatitudes supposent un appel à se mettre dans les dispositions nécessaires pour bénéficier du don et de la promesse et, par le fait même, goûter à la joie des béatitudes. Les destinataires sont heureux parce qu’ils se laissent transformer intérieurement par les valeurs du Royaume. Matthieu cherche à améliorer les dispositions intérieures des chrétiens. Il veut les assurer de la présence et de la promesse de Dieu dans la réalité qu’ils vivent.
Le bonheur dont parlent les béatitudes est un bonheur qui vient à nous, non un bonheur produit par nous. Il n’exclut pas la privation et la souffrance. Que veut dire exactement Jésus en disant : « Heureux » ? Extirpons de ce terme « heureux » toute connotation moralisante; donc ne plus nous représenter Jésus comme donnant d’en haut d’une chaire, des conseils ou des impératifs. Dans les Évangiles, lorsque ce terme « heureux » est employé, ce n’est pas pour dire « Heureux serez-vous si vous faites ceci ou cela… », mais pour exprimer un accord, une joie. BRAVO ! vous qui êtes doux, vous avez le bon filon, le secret du bonheur ? « Vive celle qui t’a porté » crie une femme dans la foule. (Lc 11,27) Ou encore Elisabeth dont l’enfant tressaille dans son ventre et qui s’écrie, voyant Marie ; « Bravo à toi qui as cru ! » (Luc 1,45) « Tu as eu bien raison d’y croire ».
Jésus regarde bien plus loin que les apôtres ou les disciples qui sont là – et qui auraient tellement tendance à quitter ce chemin des béatitudes pour le pouvoir! Jésus s’adresse à tous les pauvres, à tous les affamés et assoiffés de Justice, à tous les doux, à tous les coeurs purs de l’histoire et proclame que ce sont eux qui donnent au monde le sel et la lumière, la saveur et le sens.
Ainsi Jésus proclame que tous ceux-là qui vivent des béatitudes, détiennent à la fois;
- le secret du bonheur de la personne ;
- et la vraie solution de la vie collective (communautaire).
Le bonheur vrai et durable
Le bonheur vrai et durable qui s’inscrit au plus profond de nos vies (personnes) est fait aussi du BONHEUR DES AUTRES… COMMUNAUTAIRE. La question de mon bonheur ne saurait se poser sans celle du bonheur des autres et à l’inverse la question du bonheur des autres ne saurait se poser sans celle de mon bonheur… Il nous faut lire les béatitudes selon ces deux registres (en regard des personnes et en regard des collectivités); y trouver, non pas des principes moraux externes, mais une impulsion de vie pour l’existence personnelle et pour l’existence sociale.
Avec les béatitudes Jésus est explicite. « Heureux êtes-vous ! ». On rendrait peut-être mieux sa pensée en disant:  » Chanceux êtes-vous  » Comme s’il nous félicitait de ce que nous avons compris pour vivre son message de bonheur, pour vivre l’Évangile. Les béatitudes sont une invitation à un bonheur possible qui nous initie tous les jours à un chemin de bonheur, simple, à la portée de tous.
Effectivement, nous avons tout pour être heureux. Encore faut-il savoir ce qu’est le bonheur et ce qu’il procure. Est-ce que je peux nommer les petits bonheurs que je cueille aujourd’hui ? À ce moment – ci de mon histoire sainte ? Les béatitudes sont une invitation à un BONHEUR POSSIBLE qui nous initie tous les jours à un chemin de bonheur, simple et efficace, à la portée de tous.

Le bonheur, chemin de Dieu
La b éatitude , le bonheur, c’est le chemin de Dieu vers la personne humaine et le chemin de la personne humaine vers Dieu, vers le prochain, vers lui-même. Les béatitudes : chemin de la rencontre de Dieu, donc du vrai bonheur. Que disons-nous quand on est heureux : ÇA MARCHE … Pierre Talec, dans son livre l’Annonce du bonheur écrit : « L’amour, voilà le sens et le fondement des béatitudes. Curieux ! Il n’y a pas de béatitude de l’AMOUR à proprement parler. On aurait pu s’attendre à cette béatitude :  » Heureux ceux qui aiment, ils sont de Dieu. » »
L’amour est la base de chaque béatitude… Pourquoi ? De la pauvreté à la persécution en passant par la miséricorde, la douceur et la pureté de coeur, chacune des béatitudes apporte sa note au chant de l’amour pour toujours, au chant de la joie à jamais:  » Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse. »
Avant d’être un enseignement, un programme, une exigence, les béatitudes sont, sur les lèvres de Jésus, l’annonce du don de Dieu, dans les termes mêmes de la promesse. C’est la Bonne Nouvelle , qui ne peut être reçue « que dans la joie « . Les béatitudes, un message de joie, puisqu’elles sont proclamation d’une BONNE NOUVELLE, dont parle le prophète d’Isaïe (Is 61,1-2)
Quand Jésus invite au bonheur, c’est au prix d’un retournement profond de nos attitudes et de la conversion à un bonheur différent. Jésus n’a pas triché avec la condition humaine : il en connaît toutes les pauvretés et toutes les inquiétudes. Il n’a pas cherché à nous endormir avec des promesses d’un bonheur acquis à bon marché. Le bonheur qu’il propose passe par des chemins difficiles. Mais il est déjà offert et donné à tous ceux et celles pour qui le Royaume existe : les pauvres, les purs, les affligés, les faiseurs de paix, les ajustés à Dieu… les humbles, les miséricordieux… C’est pour eux que Dieu a inventé un bonheur à la mesure de son cœur.

IL Y A UN BONHEUR…
À se libérer de soi-même… afin d’être plus dépendant de Dieu, notre Père.
À être authentique et vrai… afin de contempler son Visage en l’autre et dans les événements.
À accueillir la souffrance… afin d’y découvrir l’appel à un dépassement sur le chemin de l’Amour.
À couper les chaînes de ses petits esclavages… afin d’occuper notre place aux repas fraternels.
À se réconcilier entre nous… afin d’actualiser dans l’aujourd’hui le pardon que Dieu nous a donné en Jésus-Christ.
À vivre en paix avec soi-même… afin de véhiculer le germe d’amitié dans les relations humaines.
À créer un climat de paix dans notre milieu… afin de vivre en sœurs et frères dans le Royaume qui nous a été donné.
À acquérir une bienveillance intérieure… afin que l’autre grandisse dans ce qu’il est et qu’il a reçu du Père.

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